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KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE
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KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 12:56 Citer EditerSupprimer
nom : Khan, le genre de nom royal qui claque quand tu restes en Mongolie mais quand t'en pars... tout le monde s'en fout prénom : Sati, l'un des seuls prénoms mongols prononçables c'est une espèce en voie de disparition âge : 21 ans date et lieu de naissance : le 1 mai 1995 à Oulan Bator en Mongolie origines : mongole pure souche nationalité : elle a la bi-nationalité mongole et coréenne cursus universitaire : en troisième année de géographie option tourisme national métier : elle travaille pendant les vacances dans l'hotel de son père mais en dehors de ça elle se concentre sur ses études pour faire la fille studieuse quand même orientation sexuelle : Evanaddict classe sociale : Moyenne, son père gère un petit hotel qui marche pas trop mal sur l'île de Jeju code du règlement : Ariel et ses cheveux de fausse roucmoute tu veux t'investir ? fidèle à mon clan de renards
Khan Sati
Ecoutez Thérèse, je n'aime pas dire du mal des gens, mais effectivement elle est gentille
Volontaire (★★✰✰✰) | Lâche (★★★✰✰) | Curieuse (★★★★✰) | Empathique (★★★★★) | Persévérante (★★★★✰) |
Sarcastique (★★✰✰✰) | Généreuse (★★★★✰) | Trouillarde (★★★★★) | Spontanée (★★★✰✰) | Loyale (★★★★✰) |
Rumour has it... Elle serait du genre à chauffer tous les mecs en leur faisant des clins d’œil super insistants et pas du tout discrets (FAUX : c'est pas pour chauffer qui que ce soit qu'elle cligne de l’œil, c'est juste un truc qu'elle contrôle pas, c'est nerveux. Faut dire aussi que Sati et ses yeux, c'est toute une histoire...) Survole l'avatar, petit coquin. | My character Une tasse de chocolat froid dans une main, je regarde Yuki installé à la table de la salle à manger du dortoir, occupé à lire un magasine sur... sur les cailloux je crois. Nerveusement, je gratte du bout de l'ongle la peau de mon pouce avant d'aller m’attabler face à lui pour enfin lui demander : « Dis moi Yuki... Est ce que je peux te poser une question ? » « Évidemment ! » Il pose son journal et me sourit en focalisant toute son attention sur moi. Je pince les lèvres avant de poursuivre : « Comment tu réussis à déterminer si une personne est bonne ou mauvaise ? » Il fronce les sourcils, visiblement interloqué par ma question avant de plonger sa main dans l'une de ses poche pour en sortir une pièce qu'il me montre. « Tu vois Sati, les gens ont toujours deux côtés, comme une pièce : face, c'est la partie que ceux qui les entourent peuvent voir, celle qu'ils acceptent de dévoiler au monde. Pile, c'est ce qu'ils gardent en eux, souvent le plus mauvais pour se faire bien voir. Personne n'est tout blanc ou tout noir, toute la question est de savoir ce que tu veux mettre du côté face et ce que tu veux conserver pour toi côté pile. » « Mais alors comment on peut déterminer si on se trouve face à une mauvaise personne ? » je demande en observant la pièce entre ses doigts. « Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise personne, il y a juste des gens. Des êtres humains qui font des choix, saisissent des opportunités et sont modelés par l'environnement dans lequel ils se trouvent et ceux qu'ils côtoient. Tu veux savoir si tu es une bonne personne Sati ? Alors il faut que tu saches qu'est ce que tu exposes dans ta partie face et qu'est ce que tu caches dans ton pile. Face, moi je peux te le dire. Tu es une fille gentille, bonne vivante qui fait tout pour fuir les conflits. Tu essaies d'aider les gens comme tu peux, tu veux être présente pour eux même si parfois tu ne sais pas trop comment faire. Tu es docile aussi et tu ne cherches pas à t'imposer. D'ailleurs je ne suis pas sûr de t'avoir déjà entendu directement reprocher à quelqu'un quoi que ce soit... Côté face, tu es une bonne personne Sati. Une très bonne personne. » Mon corps est tendu à l'extrême. J'ai cette boule dans le ventre qui grandit, celle qui est toujours présente et qui essaie de sortir mais que je contiens depuis plus de 20 ans maintenant. Yuki hausse un sourcil en me regardant et me demande « Et côté pile, ça donne quoi ? » Je serre les poings sous la table en baissant la tête, parce que je ne suis pas sûre de pouvoir garder un visage neutre ou souriant. En fait, j'ai envie de hurler, parce qu'il vient de mettre le doigt, peut être même sans s'en rendre compte, sur mon problème. Mon face est bon, mais mon pile... « C'est de la frustration. » je lâche d'un coup. Et immédiatement, j'ai l'impression de me libérer d'un petit poids, parce que je ne me confis pas souvent sur ce qu'il se passe à l'intérieur. Pourtant c'est pas faute de le vouloir, parce que j'espère toujours qu'à défaut de tout libérer en m'énervant un bon coup, au moins parler de ce qu'il se passe au fond de moi pourrait me faire du bien. Mais on ne m'a jamais posé la question et je me voyais mal aborder le sujet comme un cheveux sur la soupe. « Une énorme boule de frustration qui grossit chaque jour un peu plus. Je me sens faible et lâche, constamment, parce que j'ai pas la force de dire ce que je pense vraiment. Pourtant, j'en pense des choses ! Quand on m'attaque, quand on me fait des réflexions déplaisantes, voir méchantes parfois, je dis rien, mais je l'ai la répartie, je sais ce que j'ai envie de répondre ! Seulement, j'ai tellement peur de blesser les autres, qu'il m'en veuillent et me laissent seule que je préfère tout garder au fond de moi. Tu as raison, je fuis les conflits parce que je veux pas prendre le risque de ne pas dire ce qu'il faut au moment où il faut. Mais tu vois, y'a... une haine, une colère qui a ressurgi de tout ce que j'ai retenu et ça me fait peur. J'ai peur de ne plus pouvoir contenir mes vrais sentiments plus longtemps et d'exploser en disant tout ce que j'ai sur le cœur à toutes les personnes qui un jour m'ont faite du mal, parfois sans même s'en rendre compte. J'ai tellement de ressentiment accumulé contre certaines personnes, tellement de... de... colère enfouie, qui aurait pu ne jamais exister si au bon moment j'avais eu le courage de dire ce que je pensais ! Ça me dévore c'est atroce... » Je cale une mèche de cheveux derrière mon oreille en essayant de calmer les battements saccadés de mon cœur par de longues inspirations. Puis je relève la tête et demande à Yuki : « Est ce qu'une personne qui se contient autant, qui a l'impression d'être un bombe humaine peut réellement être une bonne personne ? » Yuki me regarde et me sourit d'une façon qui me ferait presque pleurer. Parce que j'ai pas l'impression de mériter ça, moi je me sens sale à l'intérieur de penser toutes ces choses sans pouvoir les faire sortir. En voulant ménager les autres, je me fais du mal et ça même en le sachant, j'arrive pas à le changer. « Une bombe ça peut être désamorcé Sati, mais la seule personne qui est capable d'y parvenir, c'est toi. Maintenant tu peux décider de te mettre au travail, ou alors attendre d'exploser en prenant le risque de ne pas savoir qui sera victime de toute cette colère que tu as accumulé. » Je hoche la tête en sachant pertinemment que je vais opter pour la seconde solution. Parce que c'est la plus simple, même si elle a une date de péremption. C'est celle qui me fait à priori prendre le moins de risque. C'est celle que j'ai toujours adopté. « Merci Yuki. » je dis avant de me lever, ma tasse de chocolat toujours dans la main. « Mais Sati... » me retient mon ami. Je me retourne pour lui faire face et sens mon cœur se réchauffer lorsqu'il m'affirme « Peu importe ton choix, peu importe la façon dont tu décides de gérer les choses, tu es et tu resteras une bonne personne. » |
This is my story
Qui fait l'âne ne doit pas s'étonner si les autres lui montent dessus.
Le 7 juillet 2004, île de Jeju Corée du Sud
Coucou mamie !
C'est l'été à la maison, il fait très chaud et tout va bien. Papa et maman ont beaucoup de travail parce qu'il y a beaucoup de gens dans l’hôtel et Nambui et moi on peut pas faire la course avec les dames de ménage à cause de ça. Je vais souvent dans la piscine et je fais la sirène comme Ho Nah elle m'a appris. Ho Nah c'est ma super copine à l'école, elle sait tout faire et elle m'a montré comment on fait des tresses (je t'en ferai quand on ira te voir avec papa maman et Nambui et j'en ferai aussi aux chevaux). Elle est trop gentille et des fois on va chez elle et on joue à la Game Cube dans la chambre de son grand frère en cachette pendant qu'il est pas là. La Game cube c'est des jeux vidéos sur la télé, c'est trop bien mais maman et papa ils veulent pas qu'on en achète parce sinon ils pensent qu'on passera notre vie dessus. Nambui elle a râlé très fort en disant que c'est trop nul parce que tout le monde en a sauf nous et moi aussi je pensais comme elle mais j'ai rien dit parce que je voulais pas que papa et maman ils se fâchent.
A l'école, la maîtresse elle m'a donné un beau cahier bleu pour que je puisse écrire plein de trucs dedans, tout ce que j'ai dans ma tête. Elle me l'a donné parce que des garçons m'ont embêtée dans la cour de récré en se moquant de moi parce que j'ai une cicatrice sur l'épaule de quand je suis tombée de cheval quand j'étais toute petite. Ho Nah, elle leur a dit qu'ils étaient trop nuls et qu'en plus ils avaient tous des faces de thons, après elle est allée tout dire à la maîtresse pour qu'elle les punisse. Moi je voulais pas qu'elle y aille, parce que je veux pas qu'ils se fassent gronder à cause de moi et qu'ils m'en veuillent après mais elle a pas écouté Ho Nah. Et c'est pour ça que la maîtresse elle m'a donné le cahier. Au début je savais pas trop quoi écrire dedans alors j'ai fait des listes de plein de trucs : de ce que je préfère manger à la cantine, des chanteurs que j'aime le plus, de ceux que je trouve les plus beaux, de mes meilleures copines à l'école... Plein plein de listes comme ça. Et j'ai aussi fait un plan de l’hôtel, mais comme c'était super moche, j'ai demandé à papa de m'aider et c'est devenu encore plus moche. Mais au moins j'ai toujours mes listes.
J'ai hâte de te voir, maman a dit qu'on ira dans la step le mois prochain alors j'ai fait une liste de tout ce que je devais faire avant de venir et il y a plein de trucs alors je te laisse !
Je t'aime et tu me manques !
Sati
Le 25 décembre 2008, île de Jéju
Joyeux Noël Mamie ! J'espère que tout va bien dans la step et que tu n'as pas trop froid. Ici ça va, l'hôtel est bien rempli pour la saison et papa et maman ont organisé une belle soirée pour le réveillon. Nambui et moi avons aidé pour le service, c'était marrant, ça m'a permis de me changer les idées.
Parce que je n'ai pas vraiment le cœur à la fête en ce moment. En fait, on peut même carrément dire que j'ai le cœur à rien. Je n'ai qu'une envie, c'est de retourner en Mongolie pour me couper un peu du monde et ne plus avoir à penser à rien, juste m'occuper des chevaux avec toi, faire des balades dans les plaines et attendre que ça aille un peu mieux.
Ho Nah est partie en Chine il y a deux mois pour un échange de six mois au total. Je te l'ai déjà dit, mais depuis que nous sommes au collège, nous nous sommes un peu éloignées, surtout à cause du fait que nous ne soyons pas dans les mêmes classes. Elle s'est faite de nouveaux amis et moi pareil, c'est normal, mais elle reste ma meilleure amie malgré tout, ce n'est pas parce que je passe moins de temps avec elle que les choses ont changé de ce point de vu là ! Quoiqu'il en soit, je n'ai pas eu beaucoup de nouvelles d'elle à partir du moment où elle est partie, seulement quelques mails par ci par là pour me dire que tout allait bien mais sans plus. Et puis il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre d'elle dans laquelle elle me disait clairement que toutes ces années d'amitié ne signifiaient plus rien à ses yeux, que de toute façon elle avait toujours préféré être avec Amaé qu'avec moi et qu'elle ne voulait plus qu'on se voit.
Tu sais mamie, à la fin de la primaire, Ho Nah, Amaé et moi, on était tout le temps toutes les trois, le meilleur trio de l'école, et je pensais que ça se poursuivrait au collège, mais il faut croire que non. Cette lettre, elle m'a vraiment faite du mal, parce que c'est toute une période de ma vie que Ho Nah vient de bazarder et le pire, c'est qu'elle ne me donne aucune explication ! Qu'est ce que j'ai fait ? Est ce que j'ai eu une attitude qui l'a blessée ? Est ce que j'ai dit quelque chose de mal ? Je sais que je ne suis pas parfaite, loin de là et j'ai forcément mes tords dans cette affaire, mais j'aurai au moins voulu qu'elle me dise lesquels pour au moins avoir de quoi pouvoir me défendre !
Je n'ai pas osé parler de cette lettre à Amaé, parce que je ne veux pas qu'elle ait l'impression que je lui demande de choisir entre Ho Nah et moi. Et surtout, j'ai horriblement peur de connaître son choix justement. Parce que Ho Nah aura les arguments pour la retenir, mais pas moi. Enfin je les ai, mais je serai incapable de les dire à haute voix, parce que certains pourraient discréditer mon ancienne meilleure amie et malgré tout je refuse de faire ça. Alors je vais attendre. J'angoisse déjà, j'ai trop peur de recevoir un appel d'Amaé qui me dira que Ho Nah lui a tout dit. Mais je vois pas trop ce que je pourrai faire d'autre sans envenimer les choses. Nambui m'a traité de trouillarde, mais elle peut pas comprendre, elle elle a pas peur de dire les choses alors que moi, ça me terrifie. J'ai même pas eu le courage de dire à Baek Yeol que je veux rompre avec lui alors que ça fait déjà 1 mois que j'y pense ! Mais j'ai trop peur qu'il m'en veuille, qu'il monte tout le monde contre moi et de me retrouver seule. Surtout maintenant que je ne suis même plus sûre de pouvoir compter sur mes meilleures amies.
J'espère que tout ça va se tasser rapidement et que les choses reviendront à la normal, même si j'en doute. Sans Ho Nah, ça pourra jamais plus être totalement normal. Avec tout ça, j'ai mon œil qui cligne tout le temps, maman pense que c'est à cause du stress et que ça bouffe tout mon magnésium. Du coup, elle me fait prendre des vitamines et ça va un peu mieux, mais ça l'embête de voir que des histoires de collège comme ça, ça peut me mettre dans un état pareil.
Comme j'avais besoin de me défouler quelque part, j'ai ressorti un vieux cahier que ma maîtresse en primaire m'avait donné pour me consoler une fois. Il est un peu abîmé et il y a des tonnes de listes avec plein de fautes d'orthographe un peu partout, mais sur les pages vierges, j'ai écrit toutes les réponses, toutes les lettres que j'aurai voulu envoyé à Ho Nah en retour. Au début, je m'excusais, je faisais carpette. Et puis je me suis énervée, jusqu'à dire des choses violentes, presque méchantes, des choses que j'avais gardé en moi pendant des années, des vieilles rancœurs enfouies. L'une de ces lettres fait 4 pages et elle est tellement dégoulinante de sarcasme parfois, tellement pleine de haine contre Ho Nah et même contre moi même pour m'être laissée marcher dessus tout ce temps que j'ai hésité à l'arracher. Mais finalement, je l'ai laissé là. Parce que je crois que je veux me rappeler que ça fait du bien de coucher sur papier ce que j'ai à l'intérieur et que je n'ose pas dire. Ça permet de faire un peu le vide.
Je vais rejoindre papa et maman, on va pas tarder à servir le repas. Désolée de t'envoyer une lettre aussi sombre pendant la période des fêtes mais je devais en parler à quelqu'un et il n'y a qu'à toi que je pouvais le dire. Papa et maman pensent que ce ne sont que des histoires de gamines et que dès que Ho Nah sera rentrée tout s'arrangera comme d'habitude, parce que je ne lui tournerai jamais le dos si elle revient vers moi. Et ils ont raison. Mais moi, je ne ferai pas le premier pas. Je n'irai pas ramper à ses pieds pour retrouver son amitié. Jamais. Je suis docile, mais je ne m'abaisserai pas à ça, pas après avoir reçu une lettre pareille. J'en fais la promesse.
Je t'aime mamie, profite bien du ciel de la step, il me manque à moi, presque autant que toi tu me manques.
Sati
Le 5 mai 2012, Séoul
Salut mamie !
Merci pour ta carte d'anniversaire, elle m'a vraiment faite trop plaisir ! Je suis contente de savoir que tu vas bien et que ta nouvelle jument a accouché sans problème, j'ai vraiment hâte de voir le petit cet été. Moi je suis à Séoul pour la fin de la semaine avec des amies du lycée et ça fait vraiment du bien. Ces derniers jours, mon œil partait de plus en plus en cacahuète, ma paupière s'est carrément mise à gonfler et tout ça, c'est à cause Min Ho.
Je sais pas pourquoi, mais depuis quelques semaines, son nouveau truc c'est de me pousser à bout. Il est désagréable, limite méchant des fois, dès qu'on est entourés de plusieurs personnes, il fait son intéressant en m'humiliant devant tout le monde, il me traite comme si j'étais sa bonniche sous prétexte qu'on se connaît depuis longtemps et qu'il sait quasiment tout de moi et justement, il sait que je ne vais pas moufter quand il me foutra le honte devant tous mes amis. Je déteste ça, je le déteste de me mettre à cran comme ça et comme c'est en continue depuis pas mal de temps maintenant, même aller au lycée c'est presque devenu une épreuve, parce que je sais qu'il va falloir que je me maîtrise pour ne pas risquer de lui dire ma façon de penser, et inutile de te dire mamie, que ma façon de penser elle est beaucoup moins sympathique que ce qu'il a l'air de penser. Beaucoup trop méchante pour que je puisse te l'écrire ici d'ailleurs.
J'en ai parlé à mes parents à table la dernière fois, je leur ai expliqué que j'étais incapable de me défendre contre lui, que je n'arrivais tout bonnement pas à lui rentrer dedans, à lui dire clairement de se calmer parce que sinon ça finira mal. Et là, papa m'a dit quelque chose qui m'a vraiment retournée mamie, quelque chose qui m'a fait remettre plein de choses en question. Il m'a dit qu'il avait peut être été un peu trop sévère avec moi quand j'étais plus petite et que c'est probablement pour ça que je suis aussi... je ne sais pas, docile ? Je pense que c'est ça le mot. En tout cas il s'est excusé pour ça et moi, je ne sais toujours pas ce que je dois faire de ses excuses. Est ce qu'un père est vraiment censé s'excuser d'avoir donner telle ou telle éducation à son enfant ? Je suis un peu perdue mamie, et je sais pas si c'est à cause de cette « confession » de papa que j'ai pété un plomb la dernière fois mais... J'ai vraiment pété un plomb.
Comme tous les mardis, je suis partie manger en ville avec tout mon groupe d'amis (dont Min Ho) après les cours de la matinée. Et pendant qu'on avalait nos sandwichs, Min Ho m'a fait une réflexion, honnêtement je ne serai même pas capable te dire laquelle et je ne suis pas sûre que ça ait réellement de l'importance. En tout cas c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai arrêté de manger, je me suis levée et je l'ai giflé devant tout le monde. Il y a eu un blanc monstrueusement long, un blanc pendant lequel je savais que c'était à moi de parler, pendant lequel j'avais le droit de dire tout ce que j'avais sur le cœur, de lui hurler dessus. Mais il a baissé la tête tellement piteusement que j'en ai pas eu le courage. J'ai juste récupéré mon sac et je suis partie. J'ai pas revu Min Ho depuis mais Su Han m'a raconté après qu'il n'a rien dit de tout le reste du repas. Et tu sais quoi mamie ? Je regrette. Je regrette de l'avoir rendu tout penaud comme ça, mais surtout, surtout, je regrette de ne pas lui avoir dit tout ce que j'avais envie de lui balancer dans la poire. Je regrette de ne pas lui avoir dit que ces derniers temps je le déteste, qu'il est méchant avec moi et que si il veut un souffre douleur, qu'il essaie au moins de ne pas le trouver parmi ses plus vieux amis parce que sinon il finira tout seul et il l'aura pas volé. J'aurai tellement aimé, et ça me frustre de me dire que j'ai raté peut être la seule occasion qui s'offrait à moi pour vider mon sac !
C'est quand même horrible mamie, la seule façon d’extérioriser ma colère, ça a été de le frapper ! Mais ça m'a fait tellement de bien de le remettre le temps de quelques secondes à sa place que je ne réussi pas à m'en vouloir pour mon geste. Su Han m'a dit de pas m'en faire, que ça lui remettrait un peu les idées en place et que c'est pas plus mal. Il a peut être raison après tout. Je sais pas. En tout cas, j'ai bien l'intention de ne pas me préoccuper de ça pendant mon voyage à Séoul. Je veux en profiter à fond et ne pas penser à ce qui pourrait se passer à mon retour. De toute façon, comme le dit maman, ce genre d'histoire ça ne dure jamais très longtemps et dans quelques temps, on ne s'en souviendra même plus !
Je vais manger au McDo avec mes copines, je te laisse. Bisous ma mamie, profite du printemps et fais attention à toi ! Je t'aime, tu me manques.
Sati
Le 30 février 2016, hôpital de Séoul
Ma respiration est sifflante. J'entends les infirmiers et les docteurs s'agiter autour de moi, je sens le brancard sur lequel on m'a allongée traverser l’hôpital en quatrième vitesse pendant que le chirurgien chargé de s'occuper de moi hurle des ordres à toute son équipe. L'odeur du produit antibactériens m'agresse les narines mais je ne vois rien. Rien du tout. Pourtant je sais que l'un de mes yeux est opérationnel, mais les médecins ont préféré me recouvrir les deux pour ne prendre aucun risque. Je vais peut être finir borgne aujourd'hui.
Mon corps a décidé de se rebeller contre moi, contre ma lâcheté. Trop de pression, trop de stress selon le docteur Shim. Ça a engendré trop de pression dans mon œil droit et maintenant ils doivent m'opérer pour ne pas... qu'il explose. L'idée me fait frissonner de la tête au pied. J'en envie de pleurer, de hurler, de demander pourquoi ça m'arrive à moi ?! C'est une punition ? Un coup du karma ? Je n'arrive pas à m'enlever de la tête l'ironie de la situation. Un jour, je me souviens que Yuki, un garçon de mon dortoir, m'a dit que même si j'étais une bombe humaine à cause de tout ce que je gardais au fond de moi, j'avais toujours la possibilité de me désamorcer moi même en osant enfin affronter les autres. Et que si je ne le faisais pas, je prenais le risque d'exploser sur n'importe qui. Eh bien il faut croire que j'ai choisi l'option du kamikaze en quête de rédemption. La seule chose que tous mes non dits feront exploser, c'est mon œil. Et si j'ai bien compris ce que sous entendaient les médecins, le cerveau lui aussi pourrait être touché, d'autant plus si cette pression a créé un caillot de sang.
J'ai horriblement peur. Peur de me réveiller borgne, peur de ne pas me réveiller du tout... Et si à cause de ça je ne pouvais plus jamais parler ? On sait jamais, si la partie du cerveau en danger était justement celle qui gère la parole ? Ça voudrait dire que je devrais vivre avec tous mes secrets, tous mes regrets, toutes ces choses que je n'ai jamais eu le courage de déballer. Nan nan nan ça peut pas se finir comme ça, je peux pas emporter tout ça avec moi, ça va me rendre folle ! Je commence à m'agiter, le regard toujours perdu dans le noir, lorsqu'une main fraîche se pose sur mon bras : « Calmez vous Sati, tout va bien se passer... Respirez bien fort et ne paniquez pas. » J'ai envie de lui hurler ce que j'en pense de ses conseils à la con. Et comme je ne suis pas sûre de pouvoir le faire un jour, j'éclate : « ET QU'EST CE QUE VOUS EN SAVEZ VOUS ?? VOUS POUVEZ ME GARANTIR QUE JE SORTIREZ D'ICI AVEC MES DEUX YEUX ?? AVEC TOUTE MA TETE ??? QUE J'EN RESSORTIRAI PAS POUR ALLER DIRECTEMENT A LA MORGUE ?? NAN VOUS POUVEZ PAS JE LE SAIS ! VOUS POUVEZ PAS ALORS ARRETEZ DE ME DIRE DE ME CALMER, JE PEUX PAS ÊTRE CALME VOUS COMPRENEZ ? JE PEUX PAS ! JE PEUX... » Une vague de chaleur m'enveloppe subitement et me fait plonger dans une torpeur apaisante. Petit à petit, je sens mon corps se détendre et avant de sombrer dans un sommeil artificiel, je me fais une promesse : si je sors de ce bloc avec mes deux yeux intacts et toute ma tête alors je changerai. Je ne retiendrai plus rien, je serai toujours honnête, avec les autres et avec moi même. Je ne laisserai plus la pression grimper, plus jamais. Je serai plus forte. Et je m'y tiendrai.
Le 26 mars 2016, hôpital de Séoul
Je monte les escaliers de l'entrée de l'hôpital en faisant bien attention à ne pas tomber : à cause de mon bandage sur l’œil droit, j'ai un méchant problème de profondeur et une certaine tendance à me vautrer dans tous les escaliers que je tente de grimper. Au début, même attraper une cuillère c'était difficile. On ne peut pas évaluer la distance de la même façon lorsqu'on a seulement un œil de disponible. Mais heureusement pour moi, mon calvaire va enfin prendre fin : j'ai rendez vous avec mon médecin aujourd'hui pour qu'il puisse faire un petit contrôle avant de m'autoriser à retirer mon cache œil. J'angoisse un peu à l'idée de l'état dans lequel sera ma vue pendant un petit moment. D'après ce qu'on m'a dit, j'aurai l'impression que tout est flou d'un côté pendant une ou deux journées avant de retrouver une vision normale. On m'a également dit que ça me fatiguera tellement que je passerai probablement mon temps à dormir et ça ne m'étonne pas : mettre toute mon attention dans un seul œil, c'est beaucoup plus fatiguant que lorsque le travail est réparti sur les deux yeux. Je n'avais pas dormi aussi profondément depuis des années !
Je m'avance jusqu'à la réception de l'hôpital et attends patiemment que quelqu'un vienne me voir pour me diriger vers le docteur Shim. Au bout de 5 bonnes minutes, un infirmier s'approche enfin de moi d'une démarche traînante et me demande d'une voix à faire crisser les tympans : « Ouaaaais c'est pourquoi ? » Sa question me laisse tellement bouche bée que je ne peux me retenir de hausser un sourcil. Il plaisante là ? Il voit pas que j'ai un énorme bandage sur l’œil ? Et puis c'est quoi cette façon de parler aux gens ? On est dans un hôpital quand même, les personnes qui s'y trouvent ont généralement besoin d'un minimum de réconfort, pas de quelqu'un qui les ignore en mâchouillant son chewing-gum ! Je m'apprête cependant à lui répondre poliment quand je sens tout d'un coup ma paupière droite tressauter. Comme avant l'opération. Et là, je me rappelle de cette promesse que je me suis faite : de dire ce que j'avais sur le cœur, de ne plus me laisser marcher dessus. J'étais trop dans les vapes pour commencer avant aujourd'hui, mais je sens que là, c'est le moment.
Je redresse le menton, regarde le réceptionniste dans l’œil (à défaut d'en avoir deux pour le moment) et lui dis avec une conviction qui m'épate moi même « C'est pour le concours de lancer de bébés sur vitre. On m'a dit qu'on pouvait s'amuser à jeter des petits tétraplégiques dans le coin, c'est pas ici ? » Le type me regarde avec des yeux ronds, visiblement complètement perdu, mais trop gentille, je mets fin à sa confusion en lui disant : « Khan Sati. J'ai rendez vous avec le docteur Shim. Pour mon œil, celui avec le bandage. » « Euh... oui, oui au fond du couloir il vous attend dans son bureau mademoiselle Khan. » « Merci ! » Je m'engouffre dans le couloir que le réceptionniste m'indique du bout du doigt et pousse un long soupir. Holala je suis toute tendue ! Ça fait bizarre de répondre comme ça à quelqu'un ! Et pourtant... pourtant ça m'a fait du bien. Un bien fou même. Je ne pense pas que ça deviendra un automatisme tout de suite d'utiliser le sarcasme comme je viens de le faire, mais au moins, maintenant je sais tous les bienfaits que ça apporte.
Oui, je me sens bien. Je souris. Le premier pas est fait à présent, je n'ai plus qu'à suivre la voie que je me suis tracée. Je n'ai plus qu'à devenir plus forte.
Coucou mamie !
C'est l'été à la maison, il fait très chaud et tout va bien. Papa et maman ont beaucoup de travail parce qu'il y a beaucoup de gens dans l’hôtel et Nambui et moi on peut pas faire la course avec les dames de ménage à cause de ça. Je vais souvent dans la piscine et je fais la sirène comme Ho Nah elle m'a appris. Ho Nah c'est ma super copine à l'école, elle sait tout faire et elle m'a montré comment on fait des tresses (je t'en ferai quand on ira te voir avec papa maman et Nambui et j'en ferai aussi aux chevaux). Elle est trop gentille et des fois on va chez elle et on joue à la Game Cube dans la chambre de son grand frère en cachette pendant qu'il est pas là. La Game cube c'est des jeux vidéos sur la télé, c'est trop bien mais maman et papa ils veulent pas qu'on en achète parce sinon ils pensent qu'on passera notre vie dessus. Nambui elle a râlé très fort en disant que c'est trop nul parce que tout le monde en a sauf nous et moi aussi je pensais comme elle mais j'ai rien dit parce que je voulais pas que papa et maman ils se fâchent.
A l'école, la maîtresse elle m'a donné un beau cahier bleu pour que je puisse écrire plein de trucs dedans, tout ce que j'ai dans ma tête. Elle me l'a donné parce que des garçons m'ont embêtée dans la cour de récré en se moquant de moi parce que j'ai une cicatrice sur l'épaule de quand je suis tombée de cheval quand j'étais toute petite. Ho Nah, elle leur a dit qu'ils étaient trop nuls et qu'en plus ils avaient tous des faces de thons, après elle est allée tout dire à la maîtresse pour qu'elle les punisse. Moi je voulais pas qu'elle y aille, parce que je veux pas qu'ils se fassent gronder à cause de moi et qu'ils m'en veuillent après mais elle a pas écouté Ho Nah. Et c'est pour ça que la maîtresse elle m'a donné le cahier. Au début je savais pas trop quoi écrire dedans alors j'ai fait des listes de plein de trucs : de ce que je préfère manger à la cantine, des chanteurs que j'aime le plus, de ceux que je trouve les plus beaux, de mes meilleures copines à l'école... Plein plein de listes comme ça. Et j'ai aussi fait un plan de l’hôtel, mais comme c'était super moche, j'ai demandé à papa de m'aider et c'est devenu encore plus moche. Mais au moins j'ai toujours mes listes.
J'ai hâte de te voir, maman a dit qu'on ira dans la step le mois prochain alors j'ai fait une liste de tout ce que je devais faire avant de venir et il y a plein de trucs alors je te laisse !
Je t'aime et tu me manques !
Sati
***
Le 25 décembre 2008, île de Jéju
Joyeux Noël Mamie ! J'espère que tout va bien dans la step et que tu n'as pas trop froid. Ici ça va, l'hôtel est bien rempli pour la saison et papa et maman ont organisé une belle soirée pour le réveillon. Nambui et moi avons aidé pour le service, c'était marrant, ça m'a permis de me changer les idées.
Parce que je n'ai pas vraiment le cœur à la fête en ce moment. En fait, on peut même carrément dire que j'ai le cœur à rien. Je n'ai qu'une envie, c'est de retourner en Mongolie pour me couper un peu du monde et ne plus avoir à penser à rien, juste m'occuper des chevaux avec toi, faire des balades dans les plaines et attendre que ça aille un peu mieux.
Ho Nah est partie en Chine il y a deux mois pour un échange de six mois au total. Je te l'ai déjà dit, mais depuis que nous sommes au collège, nous nous sommes un peu éloignées, surtout à cause du fait que nous ne soyons pas dans les mêmes classes. Elle s'est faite de nouveaux amis et moi pareil, c'est normal, mais elle reste ma meilleure amie malgré tout, ce n'est pas parce que je passe moins de temps avec elle que les choses ont changé de ce point de vu là ! Quoiqu'il en soit, je n'ai pas eu beaucoup de nouvelles d'elle à partir du moment où elle est partie, seulement quelques mails par ci par là pour me dire que tout allait bien mais sans plus. Et puis il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre d'elle dans laquelle elle me disait clairement que toutes ces années d'amitié ne signifiaient plus rien à ses yeux, que de toute façon elle avait toujours préféré être avec Amaé qu'avec moi et qu'elle ne voulait plus qu'on se voit.
Tu sais mamie, à la fin de la primaire, Ho Nah, Amaé et moi, on était tout le temps toutes les trois, le meilleur trio de l'école, et je pensais que ça se poursuivrait au collège, mais il faut croire que non. Cette lettre, elle m'a vraiment faite du mal, parce que c'est toute une période de ma vie que Ho Nah vient de bazarder et le pire, c'est qu'elle ne me donne aucune explication ! Qu'est ce que j'ai fait ? Est ce que j'ai eu une attitude qui l'a blessée ? Est ce que j'ai dit quelque chose de mal ? Je sais que je ne suis pas parfaite, loin de là et j'ai forcément mes tords dans cette affaire, mais j'aurai au moins voulu qu'elle me dise lesquels pour au moins avoir de quoi pouvoir me défendre !
Je n'ai pas osé parler de cette lettre à Amaé, parce que je ne veux pas qu'elle ait l'impression que je lui demande de choisir entre Ho Nah et moi. Et surtout, j'ai horriblement peur de connaître son choix justement. Parce que Ho Nah aura les arguments pour la retenir, mais pas moi. Enfin je les ai, mais je serai incapable de les dire à haute voix, parce que certains pourraient discréditer mon ancienne meilleure amie et malgré tout je refuse de faire ça. Alors je vais attendre. J'angoisse déjà, j'ai trop peur de recevoir un appel d'Amaé qui me dira que Ho Nah lui a tout dit. Mais je vois pas trop ce que je pourrai faire d'autre sans envenimer les choses. Nambui m'a traité de trouillarde, mais elle peut pas comprendre, elle elle a pas peur de dire les choses alors que moi, ça me terrifie. J'ai même pas eu le courage de dire à Baek Yeol que je veux rompre avec lui alors que ça fait déjà 1 mois que j'y pense ! Mais j'ai trop peur qu'il m'en veuille, qu'il monte tout le monde contre moi et de me retrouver seule. Surtout maintenant que je ne suis même plus sûre de pouvoir compter sur mes meilleures amies.
J'espère que tout ça va se tasser rapidement et que les choses reviendront à la normal, même si j'en doute. Sans Ho Nah, ça pourra jamais plus être totalement normal. Avec tout ça, j'ai mon œil qui cligne tout le temps, maman pense que c'est à cause du stress et que ça bouffe tout mon magnésium. Du coup, elle me fait prendre des vitamines et ça va un peu mieux, mais ça l'embête de voir que des histoires de collège comme ça, ça peut me mettre dans un état pareil.
Comme j'avais besoin de me défouler quelque part, j'ai ressorti un vieux cahier que ma maîtresse en primaire m'avait donné pour me consoler une fois. Il est un peu abîmé et il y a des tonnes de listes avec plein de fautes d'orthographe un peu partout, mais sur les pages vierges, j'ai écrit toutes les réponses, toutes les lettres que j'aurai voulu envoyé à Ho Nah en retour. Au début, je m'excusais, je faisais carpette. Et puis je me suis énervée, jusqu'à dire des choses violentes, presque méchantes, des choses que j'avais gardé en moi pendant des années, des vieilles rancœurs enfouies. L'une de ces lettres fait 4 pages et elle est tellement dégoulinante de sarcasme parfois, tellement pleine de haine contre Ho Nah et même contre moi même pour m'être laissée marcher dessus tout ce temps que j'ai hésité à l'arracher. Mais finalement, je l'ai laissé là. Parce que je crois que je veux me rappeler que ça fait du bien de coucher sur papier ce que j'ai à l'intérieur et que je n'ose pas dire. Ça permet de faire un peu le vide.
Je vais rejoindre papa et maman, on va pas tarder à servir le repas. Désolée de t'envoyer une lettre aussi sombre pendant la période des fêtes mais je devais en parler à quelqu'un et il n'y a qu'à toi que je pouvais le dire. Papa et maman pensent que ce ne sont que des histoires de gamines et que dès que Ho Nah sera rentrée tout s'arrangera comme d'habitude, parce que je ne lui tournerai jamais le dos si elle revient vers moi. Et ils ont raison. Mais moi, je ne ferai pas le premier pas. Je n'irai pas ramper à ses pieds pour retrouver son amitié. Jamais. Je suis docile, mais je ne m'abaisserai pas à ça, pas après avoir reçu une lettre pareille. J'en fais la promesse.
Je t'aime mamie, profite bien du ciel de la step, il me manque à moi, presque autant que toi tu me manques.
Sati
***
Le 5 mai 2012, Séoul
Salut mamie !
Merci pour ta carte d'anniversaire, elle m'a vraiment faite trop plaisir ! Je suis contente de savoir que tu vas bien et que ta nouvelle jument a accouché sans problème, j'ai vraiment hâte de voir le petit cet été. Moi je suis à Séoul pour la fin de la semaine avec des amies du lycée et ça fait vraiment du bien. Ces derniers jours, mon œil partait de plus en plus en cacahuète, ma paupière s'est carrément mise à gonfler et tout ça, c'est à cause Min Ho.
Je sais pas pourquoi, mais depuis quelques semaines, son nouveau truc c'est de me pousser à bout. Il est désagréable, limite méchant des fois, dès qu'on est entourés de plusieurs personnes, il fait son intéressant en m'humiliant devant tout le monde, il me traite comme si j'étais sa bonniche sous prétexte qu'on se connaît depuis longtemps et qu'il sait quasiment tout de moi et justement, il sait que je ne vais pas moufter quand il me foutra le honte devant tous mes amis. Je déteste ça, je le déteste de me mettre à cran comme ça et comme c'est en continue depuis pas mal de temps maintenant, même aller au lycée c'est presque devenu une épreuve, parce que je sais qu'il va falloir que je me maîtrise pour ne pas risquer de lui dire ma façon de penser, et inutile de te dire mamie, que ma façon de penser elle est beaucoup moins sympathique que ce qu'il a l'air de penser. Beaucoup trop méchante pour que je puisse te l'écrire ici d'ailleurs.
J'en ai parlé à mes parents à table la dernière fois, je leur ai expliqué que j'étais incapable de me défendre contre lui, que je n'arrivais tout bonnement pas à lui rentrer dedans, à lui dire clairement de se calmer parce que sinon ça finira mal. Et là, papa m'a dit quelque chose qui m'a vraiment retournée mamie, quelque chose qui m'a fait remettre plein de choses en question. Il m'a dit qu'il avait peut être été un peu trop sévère avec moi quand j'étais plus petite et que c'est probablement pour ça que je suis aussi... je ne sais pas, docile ? Je pense que c'est ça le mot. En tout cas il s'est excusé pour ça et moi, je ne sais toujours pas ce que je dois faire de ses excuses. Est ce qu'un père est vraiment censé s'excuser d'avoir donner telle ou telle éducation à son enfant ? Je suis un peu perdue mamie, et je sais pas si c'est à cause de cette « confession » de papa que j'ai pété un plomb la dernière fois mais... J'ai vraiment pété un plomb.
Comme tous les mardis, je suis partie manger en ville avec tout mon groupe d'amis (dont Min Ho) après les cours de la matinée. Et pendant qu'on avalait nos sandwichs, Min Ho m'a fait une réflexion, honnêtement je ne serai même pas capable te dire laquelle et je ne suis pas sûre que ça ait réellement de l'importance. En tout cas c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai arrêté de manger, je me suis levée et je l'ai giflé devant tout le monde. Il y a eu un blanc monstrueusement long, un blanc pendant lequel je savais que c'était à moi de parler, pendant lequel j'avais le droit de dire tout ce que j'avais sur le cœur, de lui hurler dessus. Mais il a baissé la tête tellement piteusement que j'en ai pas eu le courage. J'ai juste récupéré mon sac et je suis partie. J'ai pas revu Min Ho depuis mais Su Han m'a raconté après qu'il n'a rien dit de tout le reste du repas. Et tu sais quoi mamie ? Je regrette. Je regrette de l'avoir rendu tout penaud comme ça, mais surtout, surtout, je regrette de ne pas lui avoir dit tout ce que j'avais envie de lui balancer dans la poire. Je regrette de ne pas lui avoir dit que ces derniers temps je le déteste, qu'il est méchant avec moi et que si il veut un souffre douleur, qu'il essaie au moins de ne pas le trouver parmi ses plus vieux amis parce que sinon il finira tout seul et il l'aura pas volé. J'aurai tellement aimé, et ça me frustre de me dire que j'ai raté peut être la seule occasion qui s'offrait à moi pour vider mon sac !
C'est quand même horrible mamie, la seule façon d’extérioriser ma colère, ça a été de le frapper ! Mais ça m'a fait tellement de bien de le remettre le temps de quelques secondes à sa place que je ne réussi pas à m'en vouloir pour mon geste. Su Han m'a dit de pas m'en faire, que ça lui remettrait un peu les idées en place et que c'est pas plus mal. Il a peut être raison après tout. Je sais pas. En tout cas, j'ai bien l'intention de ne pas me préoccuper de ça pendant mon voyage à Séoul. Je veux en profiter à fond et ne pas penser à ce qui pourrait se passer à mon retour. De toute façon, comme le dit maman, ce genre d'histoire ça ne dure jamais très longtemps et dans quelques temps, on ne s'en souviendra même plus !
Je vais manger au McDo avec mes copines, je te laisse. Bisous ma mamie, profite du printemps et fais attention à toi ! Je t'aime, tu me manques.
Sati
***
Le 30 février 2016, hôpital de Séoul
Ma respiration est sifflante. J'entends les infirmiers et les docteurs s'agiter autour de moi, je sens le brancard sur lequel on m'a allongée traverser l’hôpital en quatrième vitesse pendant que le chirurgien chargé de s'occuper de moi hurle des ordres à toute son équipe. L'odeur du produit antibactériens m'agresse les narines mais je ne vois rien. Rien du tout. Pourtant je sais que l'un de mes yeux est opérationnel, mais les médecins ont préféré me recouvrir les deux pour ne prendre aucun risque. Je vais peut être finir borgne aujourd'hui.
Mon corps a décidé de se rebeller contre moi, contre ma lâcheté. Trop de pression, trop de stress selon le docteur Shim. Ça a engendré trop de pression dans mon œil droit et maintenant ils doivent m'opérer pour ne pas... qu'il explose. L'idée me fait frissonner de la tête au pied. J'en envie de pleurer, de hurler, de demander pourquoi ça m'arrive à moi ?! C'est une punition ? Un coup du karma ? Je n'arrive pas à m'enlever de la tête l'ironie de la situation. Un jour, je me souviens que Yuki, un garçon de mon dortoir, m'a dit que même si j'étais une bombe humaine à cause de tout ce que je gardais au fond de moi, j'avais toujours la possibilité de me désamorcer moi même en osant enfin affronter les autres. Et que si je ne le faisais pas, je prenais le risque d'exploser sur n'importe qui. Eh bien il faut croire que j'ai choisi l'option du kamikaze en quête de rédemption. La seule chose que tous mes non dits feront exploser, c'est mon œil. Et si j'ai bien compris ce que sous entendaient les médecins, le cerveau lui aussi pourrait être touché, d'autant plus si cette pression a créé un caillot de sang.
J'ai horriblement peur. Peur de me réveiller borgne, peur de ne pas me réveiller du tout... Et si à cause de ça je ne pouvais plus jamais parler ? On sait jamais, si la partie du cerveau en danger était justement celle qui gère la parole ? Ça voudrait dire que je devrais vivre avec tous mes secrets, tous mes regrets, toutes ces choses que je n'ai jamais eu le courage de déballer. Nan nan nan ça peut pas se finir comme ça, je peux pas emporter tout ça avec moi, ça va me rendre folle ! Je commence à m'agiter, le regard toujours perdu dans le noir, lorsqu'une main fraîche se pose sur mon bras : « Calmez vous Sati, tout va bien se passer... Respirez bien fort et ne paniquez pas. » J'ai envie de lui hurler ce que j'en pense de ses conseils à la con. Et comme je ne suis pas sûre de pouvoir le faire un jour, j'éclate : « ET QU'EST CE QUE VOUS EN SAVEZ VOUS ?? VOUS POUVEZ ME GARANTIR QUE JE SORTIREZ D'ICI AVEC MES DEUX YEUX ?? AVEC TOUTE MA TETE ??? QUE J'EN RESSORTIRAI PAS POUR ALLER DIRECTEMENT A LA MORGUE ?? NAN VOUS POUVEZ PAS JE LE SAIS ! VOUS POUVEZ PAS ALORS ARRETEZ DE ME DIRE DE ME CALMER, JE PEUX PAS ÊTRE CALME VOUS COMPRENEZ ? JE PEUX PAS ! JE PEUX... » Une vague de chaleur m'enveloppe subitement et me fait plonger dans une torpeur apaisante. Petit à petit, je sens mon corps se détendre et avant de sombrer dans un sommeil artificiel, je me fais une promesse : si je sors de ce bloc avec mes deux yeux intacts et toute ma tête alors je changerai. Je ne retiendrai plus rien, je serai toujours honnête, avec les autres et avec moi même. Je ne laisserai plus la pression grimper, plus jamais. Je serai plus forte. Et je m'y tiendrai.
Le 26 mars 2016, hôpital de Séoul
Je monte les escaliers de l'entrée de l'hôpital en faisant bien attention à ne pas tomber : à cause de mon bandage sur l’œil droit, j'ai un méchant problème de profondeur et une certaine tendance à me vautrer dans tous les escaliers que je tente de grimper. Au début, même attraper une cuillère c'était difficile. On ne peut pas évaluer la distance de la même façon lorsqu'on a seulement un œil de disponible. Mais heureusement pour moi, mon calvaire va enfin prendre fin : j'ai rendez vous avec mon médecin aujourd'hui pour qu'il puisse faire un petit contrôle avant de m'autoriser à retirer mon cache œil. J'angoisse un peu à l'idée de l'état dans lequel sera ma vue pendant un petit moment. D'après ce qu'on m'a dit, j'aurai l'impression que tout est flou d'un côté pendant une ou deux journées avant de retrouver une vision normale. On m'a également dit que ça me fatiguera tellement que je passerai probablement mon temps à dormir et ça ne m'étonne pas : mettre toute mon attention dans un seul œil, c'est beaucoup plus fatiguant que lorsque le travail est réparti sur les deux yeux. Je n'avais pas dormi aussi profondément depuis des années !
Je m'avance jusqu'à la réception de l'hôpital et attends patiemment que quelqu'un vienne me voir pour me diriger vers le docteur Shim. Au bout de 5 bonnes minutes, un infirmier s'approche enfin de moi d'une démarche traînante et me demande d'une voix à faire crisser les tympans : « Ouaaaais c'est pourquoi ? » Sa question me laisse tellement bouche bée que je ne peux me retenir de hausser un sourcil. Il plaisante là ? Il voit pas que j'ai un énorme bandage sur l’œil ? Et puis c'est quoi cette façon de parler aux gens ? On est dans un hôpital quand même, les personnes qui s'y trouvent ont généralement besoin d'un minimum de réconfort, pas de quelqu'un qui les ignore en mâchouillant son chewing-gum ! Je m'apprête cependant à lui répondre poliment quand je sens tout d'un coup ma paupière droite tressauter. Comme avant l'opération. Et là, je me rappelle de cette promesse que je me suis faite : de dire ce que j'avais sur le cœur, de ne plus me laisser marcher dessus. J'étais trop dans les vapes pour commencer avant aujourd'hui, mais je sens que là, c'est le moment.
Je redresse le menton, regarde le réceptionniste dans l’œil (à défaut d'en avoir deux pour le moment) et lui dis avec une conviction qui m'épate moi même « C'est pour le concours de lancer de bébés sur vitre. On m'a dit qu'on pouvait s'amuser à jeter des petits tétraplégiques dans le coin, c'est pas ici ? » Le type me regarde avec des yeux ronds, visiblement complètement perdu, mais trop gentille, je mets fin à sa confusion en lui disant : « Khan Sati. J'ai rendez vous avec le docteur Shim. Pour mon œil, celui avec le bandage. » « Euh... oui, oui au fond du couloir il vous attend dans son bureau mademoiselle Khan. » « Merci ! » Je m'engouffre dans le couloir que le réceptionniste m'indique du bout du doigt et pousse un long soupir. Holala je suis toute tendue ! Ça fait bizarre de répondre comme ça à quelqu'un ! Et pourtant... pourtant ça m'a fait du bien. Un bien fou même. Je ne pense pas que ça deviendra un automatisme tout de suite d'utiliser le sarcasme comme je viens de le faire, mais au moins, maintenant je sais tous les bienfaits que ça apporte.
Oui, je me sens bien. Je souris. Le premier pas est fait à présent, je n'ai plus qu'à suivre la voie que je me suis tracée. Je n'ai plus qu'à devenir plus forte.
About me
Je suis...
Bib encore et toujours
J'avais envie de dire un truc intelligent dans cette partie, genre, vraiment vraiment envie, ça venait du fond des tripes, c'est monté super fort et puis... bah non en fait, c'est parti :bib:
N'insultez pas ma faiblesse s'il vous plaît, c’est assez dur à assumer comme ça, je me fais auto-pitié quand je me mate dans la glace, je me dis "Nan Lélé faire 8 comptes, c'est comme faire caca dans un urinoir, c'est mal m'voyez " et pourtant ... Je suis encore là pour vous faire chier :(
Est ce pour étendre l'influence du bibinisme, cette secte dont je suis l'unique objet de culte ? Oui peut être. Alice finira peut être par succomber à mon influence comme ça...
En tout cas j'ai de l'amour pour vous, beaucoup même
N'insultez pas ma faiblesse s'il vous plaît, c’est assez dur à assumer comme ça, je me fais auto-pitié quand je me mate dans la glace, je me dis "Nan Lélé faire 8 comptes, c'est comme faire caca dans un urinoir, c'est mal m'voyez " et pourtant ... Je suis encore là pour vous faire chier :(
Est ce pour étendre l'influence du bibinisme, cette secte dont je suis l'unique objet de culte ? Oui peut être. Alice finira peut être par succomber à mon influence comme ça...
En tout cas j'ai de l'amour pour vous, beaucoup même
Célébrité prise
- Code:
[url=http://www.shaketheworld.net/u880][b]▲[/b][/url]▼ <taken><upper>SEO YUNA ( YUNA, AOA)</upper></taken> ✎ <lower>khan sati</lower>
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 12:56 Citer EditerSupprimer
PREUMS
MON BEBE DE MOI T'ES ARRIVEEEEEEEEEEEEEEEE
Mon kokoro il fait trop boum boum de fifou là
T'es la plusse belle du monde entier ohlala ! J'espère que t'es prête à me supporter parce que je vais pas te lâcher !
LES AUTRES PAS TOUCHE ELLE EST A MOI RIEN QU'A MOI
J'ai déjà hâte de te couvrir de tout mon love !!
MON BEBE DE MOI T'ES ARRIVEEEEEEEEEEEEEEEE
Mon kokoro il fait trop boum boum de fifou là
T'es la plusse belle du monde entier ohlala ! J'espère que t'es prête à me supporter parce que je vais pas te lâcher !
LES AUTRES PAS TOUCHE ELLE EST A MOI RIEN QU'A MOI
J'ai déjà hâte de te couvrir de tout mon love !!
- Ssssssh:
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 13:08 Citer EditerSupprimer
TERTIO
(encore un compte? olala lélé )
(encore un compte? olala lélé )
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 13:27 Citer EditerSupprimer
QUATRO
(le but est d'arriver à 8 alors je joue aussi )
(le but est d'arriver à 8 alors je joue aussi )
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 13:42 Citer EditerSupprimer
... pourquoi tu romps la chaîne keen?
franchement, choquée déçue :nabilla: j'te pensais pas comme ça :nabilla:
franchement, choquée déçue :nabilla: j'te pensais pas comme ça :nabilla:
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 14:20 Citer EditerSupprimer
pffff aucun humour cette nana
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 17:22 Citer EditerSupprimer
Moi j'dis que je t'aime viteuf :((((((((((((((
Fin Sati, pas toi. Crois pas que y'a de l'amour entre nous
Fin Sati, pas toi. Crois pas que y'a de l'amour entre nous
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Re: KHAN SATI + NIETZSCHE TA MERE | Ven 24 Juin - 18:00 Citer EditerSupprimer
AVOUES TOI AUSSI TU VEUX FAIRE DE LA CONCURRENCE A POUPOU AVEC TOUS TES COMPTES LA ?! poupoumonamourjetaime
puis, t'en as pas marre de jouer des gens beaux stp ? tu peux pas penser au petit peuple qui se sent brusqué et complexé à cause de toi ? aucune sympathie dans ton corps serieux
rebienvenue à la plus blanche des indiennes que la terre n'ait jamais porté amuses toi bien avec ce nouveau compte maybe un jour on arrivera à se trouver un lien tavu
puis, t'en as pas marre de jouer des gens beaux stp ? tu peux pas penser au petit peuple qui se sent brusqué et complexé à cause de toi ? aucune sympathie dans ton corps serieux
rebienvenue à la plus blanche des indiennes que la terre n'ait jamais porté amuses toi bien avec ce nouveau compte maybe un jour on arrivera à se trouver un lien tavu
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