Bo Bae crispe ses doigts sur ses genoux en l’écoutant. Elle se sent perdue, désolée aussi … parce qu’elle sait qu’elle fait un choix égoïste. Elle serre ses jambes contre elle en fixant le sol. Elle aime Shin, plus que tout et c’est peut-être pour cette raison qu’elle perd les pédales. Ils se sont rencontrés trop jeunes, retrouvés trop tard … Bae réalise au fil des jours qu’ils ont chacun un passé à régler. Ils doivent encore apprendre à se libérer de leur propre démon et malgré tout l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ils sont encore blessés, incapable de tenir. Bae est mise de côté dans cette vie de tourment que vie Shin. Il sombre et elle est dévastée de voir qu’elle n’arrive pas à l’aider. Elle ne sait pas comment l’aider. Les secrets les étouffent et Bae perd pied. Elle l’écoute en silence. Réponds à peine à ses remarques. L’air si grave qu’elle arbore trahis ses sentiments. Elle finit par se relever et s’avance vers lui, l’enlace pour venir écraser sa joue contre le dos du garçon … elle retient ses larmes en le serrant fort. « Shin ... » murmure-t-elle dans un sanglot contenu. « Je t’aime tellement que j’ai l’impression de crever toute seule … j’en peux plus de la vie qu’on a aujourd’hui, il faut qu’on avance … toi et moi faut qu’on se retrouve bébé … » elle le tourne vers elle en caressant sa joue « Je n’insiste pas quand tu veux garder tes secrets, je sais que tu veux me protéger il n’y a que cette raison de plausible … mais je ne suis pas fait de sucre même si je suis fragile … je veux pouvoir t’aider mon amour … pas seulement te voir tout partager avec Eri qui semble connaitre si bien le Shin du Japon … » ce n’était pas un reproche, loin de là, elle voulait juste se rapprocher encore plus de son homme … « Et je sais que je suis la première à te repousser inconsciemment pour me protéger … tu le sais toi aussi à quel point c’est douloureux quand on est séparé pas vrai ? » souffle-t-elle en laissant une larme roulée sur sa joue. « J’ai l’impression de te … retenir Shin, de t’empêcher de faire ce que tu as à faire … » elle renifle et ajoute « Dis-moi que j’ai tort … Dis-moi que je t’aide vraiment même si j’ai l’impression de n’être que cette fille de ton passé que t’attends à la maison et qui fait semblant de ne pas voir quand tu lui mens. » elle sent l’inquiétude et l’empressement lui serrer le cœur. « J’ai peur de faire n’importe quoi Shin … Tu sais comment je suis Je n’ai pas envie de te perdre en te laissant ta liberté … Alors peut-être que si je m’occupe de lui pendant un moment ça te laissera le temps toi de régler ce que tu dois régler … » Elle avait l’impression d’être de trop sur son chemin, qu’elle aurait dû revenir plus tard. Puis craignant qu’il se méprenne sur ses mots ajoutent « Hé je te quitte pas hein ! » ajoute-t-elle précipitamment. « Je dis juste que si j’arrive à m’occuper l’esprit … je ne ferais pas n’importe quoi en t’attendant … » elle souffle ces derniers mots en baissant la tête coupable. Elle ne voulait pas tout gâcher Bae, elle voulait juste partir d’ici et recommencer à 0  avec lui … mais c’était impossible pas vrai ? Elle renifle à nouveau en se serrant contre lui. « Je ne peux pas vivre sans toi Shin … tu le sais ça ? »


 

charney

Je sentais que même si je me battais pour la retenir, j’avais déjà perdu d’avance cette bataille. J’avais déjà tant à me battre dans cette vie, tant de gens à qui tenir tête, que je n’avais aucune envie de rentrer en conflit avec Bo Bae aussi. Elle était censé être ma source, la maison où je revenais me reposer, où je pouvais être moi-même sans faux semblant. Elle était mon coin de paradis d’innocence dont je ne voulais pas qu’elle soit souillée par les mains sales de mon père. Ni même par les miennes. Les temps avaient changé. Elle aussi elle voulait vivre, et sans doute ne devais-je plus lui suffire. J’avais sans aucun doute ma part de responsabilité dans son choix. Mes absences répétés, Eri, ma vengeance, mes cachoteries… ses mots me blessaient. Il n’y avait que la vérité qui blessait disait-on. Ce n’était pas tout à fait juste, mais elle avait au moins le mérité d’agir telle une gifle. Et mon cœur se serrait alors qu’elle étouffait un sanglot contre mon dos. Je souris, amer, baissant la tête sur le bento que je refermais. « Sais-je faire autre chose que te faire pleurer, Bo Bae ? » murmurais-je tout en fermant les yeux, prenant appuis sur le plan de travail, j’arrêtais ce que j’étais entrain de faire. Je détournais le regard alors que me forçait à me tourner vers elle, évitant ses caresses, car au fond de moi, je connaissais déjà comment allait finir cette discussion. Je la laissais me lacérer le cœur de ses mots. Si mon corps pouvait encaisser la plupart des coups sans flancher, ce n’était pas le cas de mon cœur. Sans m’en rendre compte, plus elle parlait, et plus je me refugiais dans cette coquille que j’avais su construire ces cinq dernières années, cette façade qui renfermait mes véritables sentiments. « Tu ne t’es jamais demande que si j’étais si secret, c’était peut-être pour me protéger moi ? Si tu savais tout de moi, Bo Bae, je doute que tu veuilles encore de moi. » Finis-je par murmurer un peu cinglant tout en gardant un sang-froid contrôlé. Mon regard se tournait vers elle alors qu’elle me déballait son argumentation, expliquant ses sentiments. Mes yeux brillaient sans vraiment que je ne m’en aperçoive, elle avait réussi à percer ma carapace malgré tout avec ses mots aussi tranchants qu’une lame. « C’est donc ma faute si tu prends la décision de t’éloigner pour prendre soin d’un autre ? » la questionnais-je presque dans un cri plaintif. « Merde » murmurais-je alors que je repoussais une larme coulée sur ma joue d’un revers de main, détournant à nouveau les yeux. « Si tu ne peux pas vivre sans moi, pourquoi tu pars ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse, Bo Bae ? » Je lui jetais un regard noir donc elle n’avait pas l’habitude. « Tu veux quoi au juste ? Tu veux connaitre la vérité ? La vérité, c’est que je suis un minable sans toi, et que je vais sans doute foutre ma vie en l’air pour toi au point que je n’aurais plus rien à te donner.» hurlais-je presque, la repoussant vers l’arrière pour me dégager de son étreinte, me dirigeant vers le salon. Je m’arrêtais vers la fenêtre, fixant l’horizon un instant avant de soupirer, reprenant mon calme. « Fais ce que tu veux, Bo Bae. De toute façon, il me semble que ta décision soit déjà prise quoi que je puisse dire. Désolé de m’être emporté. »

charney