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am i painting the picture that's in my brain? ▬ hanaxraï
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am i painting the picture that's in my brain? ▬ hanaxraï | Sam 3 Sep - 2:02 Citer EditerSupprimer
we're broken people
so excuse us while we sing to the sky
tenue — Hypnotisé par les volutes de fumée dansant au-dessus de sa tête, les sons des basses lui tambourinaient les tympans alors que les couleurs imposantes des projecteurs lui grillaient les rétines, Raï tentait de rester concentré sur l’homme qui lui faisait face. Peut-être plus grand mais certainement deux fois son poids, le japonais n’en était pas plus impressionné. Autrefois, c’étaient eux qu’il effrayait, qu’il domptait et manipulait. Son sourire ironique aux lèvres et les coups de Renzo résonnaient. Plongé dans une certaine nostalgie face au monde qu’il avait côtoyé, face à ce monde dans lequel il avait été emprisonné. Raï n’avait aucun regret, juste une peine qui flottait trop souvent au creux de sa poitrine, et peut-être un peu plus présente face à son passé qui faisait soudainement surface. Désormais, il était seul, seul face à son destin, seul face à ses propres ambitions, ses propres règles. Raï prenait le contrôle des reines pour une fois dans sa vie, Raï touchait du bout des doigts le domaine dans lequel il était le plus impressionnant, encore plus fort qu’avant. Alors parfois, il lui souriait à cet ingrat, parfois il hochait la tête comme un clébard soumis en quête d’un boulot de rue. Mais Raï en avait plus dans la tête que n’importe qui alors il souriait, courbant parfois la tête, acquiesçait aux instructions de la vermine puis il prit une gorgée de son verre lorsque le molosse et ses deux bêtes féroces vinrent à le laisser. Le téléphone à la main, un simple réflexe pour prendre de ses nouvelles.
Deux ou peut-être trois semaines s’étaient écoulées depuis son emménagement au centre-ville. Une nouvelle vie, une nouvelle ère, un peu trop fleurie, trop hippie, jamais trop Nina. Il s’aérait l’esprit dans ce monde qu’il avait tant connu mais pourtant tant détesté. Lui, c’était le silence et la connaissance, le vide et l’obscurité, il voulait l’un et l’autre, tout mélangé, trouver le juste équilibre peut-être. Il était venu avec le but de reconquérir une terre déjà connue et empruntée des milliers de fois mais sans eux cette fois. Et ce soir-là, il buvait simplement, regardant les femmes danser, leur corps se mouvoir, il regardait les lumières, le bar. Il soupira silencieusement, ni agacé, ni fatigué, presque relaxé. Une bien belle sensation qu’il n’avait pas ressentie depuis si longtemps. Raï restait là, sans bouger, juste à admirer le monde vivre un peu à leur manière, insouciants. Raï n’était pas de ceux-là, lui, il ne dansait pas, il observait souvent, il réfléchissait tout le temps. Pas un moment de répit, juste un verre entre ses doigts fins et masculins qu’il portait à ses lèvres pour se détendre, pour penser que la vie valait peut-être la peine d’être vécue.
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Re: am i painting the picture that's in my brain? ▬ hanaxraï | Sam 3 Sep - 17:48 Citer EditerSupprimer
we're broken people
so excuse us while we sing to the sky
La fumée qui s’échappe de ses lèvres, part à la conquête du ciel, et ce goût âcre qui remonte le long de sa gorge, gorgeant ses poumons de cette noirceur qu’elle révère. Pas effrayée par la mort, Hana, plutôt fascinée. Petite princesse qui rêve de sa fin, la touche du doigt, s’en amuse et s’en joue – sans pour autant la précipiter. Petite princesse désireuse de mourir, pourtant fermement accrochée à la vie. Petite princesse qui combat des deux côtés, qui ne sait plus où regarder – perdue, tout simplement. Elle ferme les yeux, expulse le dernier rond, avant de claquer des talons et de pénétrer dans cette chaleur étouffante, où elle se meut avec la grâce d’un chat, la souplesse féline de celle qui a trop souvent côtoyé ce lieu. Elle passe entre les corps, frôle quelques bras, bassins, torses, mais ne s’y arrête pas. Tel Moïse, elle fend la foule jusqu’au bar, où elle se commande un cocktail. Corsé, le cocktail. Il la connaît, le barman, il a l’habitude. L’habitude de devoir envoyer quelqu’un nettoyé, quand il la voit disparaître dans les toilettes. Elle a l’alcool léger, Hana, elle a l’alcool qui pulse dans ses veines, lui intimant de boire plus – toujours plus. Sans s’arrêter, jamais. Elle boit pas pour s’amuser, Hana, elle boit pour oublier. Oubli qu’elle n’a réussi à trouver que dans la cuvette des toilettes, sur laquelle elle se courbe, les membres tremblants et la tête ballottant en tous sens. Pourtant ce soir, c’est différent. Parce qu’elle le capte, ce regard. Ce regard qui l’attire, ce regard qui l’intrigue – ce regard qu’elle connaît bien. Ce regard qu’elle quitte plus des yeux. Elle fait glisser lentement son verre le long du bar, puis l’élève jusqu’à sa bouche. Elle le fait tourner un instant, savourant le contact du liquide s’écrasant contre les parois, puis savoure sa première gorgée. Et l’oubli sucré dévale le long de sa gorge, apaisant un instant son estomac assoiffé. Mais c’est Hana, et Hana il lui en faut plus – toujours plus. Alors elle continue. Une nouvelle gorgée, encore une autre, une quatrième pour compléter. Et elle s’avance, enfin. Un pas, un second, qui comble les quelques mètres qui les séparent. D’un bond souple, elle prend possession sur un tabouret. Sans plus un regard, elle passe une main dans ses yeux, jette un coup d’œil à l’autre, l’homme qui l’a suivie, mais se décourage devant son regard glacial, devant ses yeux revolvers, qui tirent des balles givrées. Elle reporte son attention, sur lui, mais fixe son verre diminué, incomplet. « Les Armani reprennent du travail ? » Un sourire joue sur ses lèvres, demi-sourire, sourire trompeur, sourire empoisonné – mais surtout sourire moqueur. Elle a entendu des histoires par rapport à eux – les rumeurs circulent vite, surtout pour qui sait écouter. Les oreilles qui traînent, le cerveau qui absorbe tout, elle oublie jamais rien, Hana. Elle emmagasine. Jusqu’au jour où elle sent, qu’elle peut enfin disposer de ses cartes, dévoiler son jeu.
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Re: am i painting the picture that's in my brain? ▬ hanaxraï | Lun 5 Sep - 13:15 Citer EditerSupprimer
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tenue — Accoudé au bar, un regard ni attrayant, ni même vivant, presque perturbant, il regardait la foule d’un air détaché, comme s’il n’était plus l’acteur de sa propre vie mais figurant de celle des autres. Pour une fois dans sa vie, Raï avait réussi à mettre son cerveau sur pause, une pause quoi que limitée, mais surtout abreuvée du liquide alcoolisé dans lequel il trempait ses lèvres. Il n’avait pas l’habitude de boire, Raï, mais il appréciait ressentir cette chaleur brûler son œsophage, comme pour ne pas perdre pied, comme pour se rappeler qu’il était là, bel et bien là autour de ces gens si différents. De façon contradictoire, il se sentait tout aussi vivant qu’absent. Le sentiment de ne pas être comme eux, d’être à part, différent et étrange. Un bon sentiment dans le fond. Raï en comprenait sa chance d’être si étranger à ce monde particulier. Humblement, il se retourna, s’appuyant au bar pour soupirer sereinement. Aucun état d’esprit, juste reposer ses pensées quelques instant, ne penser à rien qu’à un peu de lui.
Il aurait bien pu partir l’ancien mafieux, de cet endroit un peu trop bruyant, avec un peu trop de gens, il aurait bien pu partir après ce rendez-vous qui n’en était finalement pas vraiment un. Raï avait la vie plus embellie, un peu plus brillante, plus vivante. Sans même pouvoir le reconnaître, il était reconnaissant envers Nina de le pousser vers le haut, de le pousser à faire ces efforts, ces efforts qui le rendraient meilleur, qui rendrait son âme un peu plus lumineuse. Pourtant, au fond, vraiment au fond de lui, quelque chose manquait. Ce cynisme, cette obscurité, ce danger. Son malheur lui manquait, alors Raï cherchait un moyen de garder ce qu’il avait construit tout en gardant un équilibre, certes bancal.
Et puis, un regard, ce regard qu’il avait senti tant de fois sur lui qu’il n’avait besoin de tourner la tête pour savoir qu’elle était là. Elle était revenue, revenue de loin. Elle avec qui il avait partagé tout et rien. Un sourire naquit sur son visage de marbre, sourire au coin des lèvres qui fut caché par son verre pendant quelques instants. « Pas vraiment, non. » Pendant de longues secondes, Raï fixa les bouteilles face à lui. Pendant de longues secondes, il inspira comme pour s’encourager à lui faire face. Parce qu’il savait, il comprenait que son passé ne s’était pas totalement perdu dans l’oubli. « Je ne savais pas que tu étais rentrée au pays. » Quelques mots prononcés après s’être enfin tenté à tourner le regard sur celui de la coréenne. Et il avait su, juste en une fraction de seconde, que rien avait été oublié.
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Re: am i painting the picture that's in my brain? ▬ hanaxraï | Lun 5 Sep - 20:47 Citer EditerSupprimer
we're broken people
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Elle plonge son regard dans le sien, voit, sent, palpe les souvenirs. Elle lit dans ses prunelles son histoire, une partie de son vécu. Elle lit dans ses prunelles les mots qu’il retient, mots presque tangibles dans la chaleur moite de ce lieu confiné, bien trop peuplé. Elle lit dans ses prunelles ce qui les a lié autrefois, cette ressemblance presque effrayante, ressemblance invisible et pourtant perceptible. Elle sourit, sourire félin, de celle qui a senti sa proie. Et puis elle détourne ses yeux, les fixe sur le verre à demi-plein, plutôt à demi-vide. Elle joue un instant, glisse le doigt le long de la surface, attrape et avale, laissant le liquide brûler sa gorge, effacer les souvenirs, les présences, le monde entier – tout. Yeux fermés, elle savoure l’oubli liquide et finalement repose le verre sur le bar – vide. Elle claque nonchalamment des doigts, braque ses orbes sombres sur le barman, réclame son dû, sa prochaine dose. Et finalement, toujours assise, elle se tourne souplement, faisant frémir les pans de sa robe. « Ça fait un moment que je suis rentrée. » Son regard se fait inquisiteur, scrutateur – joueur, aussi. Elle joue avec lui, elle se joue de lui, d’elle, de tout. Princesse déchue au comportement mutin, qui aime attirer l’attention, le capturer, le conserver. Princesse déchue ne vivant que pour un regard, l’ombre du désir. Princesse déchue qui se délecte de les voir tomber. « Tu m’avais pas remarquée ? C’est vexant. » Elle tend la main, récupère le verre déposé par l’homme au comptoir. Au passage, un frôlement. Son bras qui touche le sien, comme une brise, un courant d’air. Infime. Passager. Subtile. Guère plus qu’un contact, semblable à un rêve. Jeu à peine commencé, loin d’être fini. « Dommage que vous ayez pas repris le boulot, ça te rendait intéressant. » Et ses dents blanches qui luisent dans la pénombre. Sourire éclatant, chargé de piquant, plutôt moqueur, vaguement farceur. Elle laisse son regard traîner dans sa direction à lui, s’attarder sur ses mains, remonter vers son visage. Elle examine, Hana, note les similitudes, analyse les différences. D’enfant il est devenu homme – et en homme, il a acquis cette lueur dans le regard, si particulière, si reconnaissable. Innocence perdue dans le gouffre de la souffrance. Elle se laisse tomber au pied de son tabouret, adresse un clin d’œil au barman, un peu charmeur, surtout quémandeur. Il lui sourit, elle porte le verre à ses lèvres, avale une gorgée. Elle le sait, Hana, elle a gagné. Elle le sait, Hana, elle gagne toujours. Et elle se sent vivre sous la brûlure de ce regard-ardent. Elle teste ses limites, celle des autres aussi. Princesse joueuse, incapable de savoir quand s’arrêter. Elle se détourne avec souplesse, faisant frémir le bout de ses cheveux, alors qu’elle reporte son attention sur l’homme à ses côtés. Elle pose le coude sur le comptoir, penche la tête, et observe.