elle s'étire bruyamment, faisant craquer ses doigts tout en baillant, la bouche nonchalamment grande ouverte. encore une chose qui avait changé chez la jeune femme. elle éprouvait ce besoin de marquer sa peau, comme si il s'agissait d'ancrer une période de sa vie sur sa peau, à travers son corps, son âme. beaucoup de jeunes femmes de son âge et ayant vécu des événements complexes avaient tendance à se scarifier; seul moyen pour elles de faire connaître leur désespoir. sana n'avait ni l'envie ni le courage de s'infliger une telle punition, elle aimait la vie et ce quand bien même celle-ci ne l'avait pas réellement gâtée. les piercings, tatouages c'était son désir d'extérioriser son être, la jeune femme qu'elle était à présent et par la même occasion d'embellir son corps, parce que oui, elle trouvait cela beau, joli et parfois même sexy. " on va se faire un piercing à l'hélix " murmure t-elle un sourire dessiné sur ses lèvres tandis qu'elle tapote son oreille. " j'aurais aimé la langue mais j'ai bien trop peur pour tenter puis il paraît qu'avec le temps, la langue finit par se diviser en deux. " elle grimace de manière exagérée tout en tirant la langue avant de se tourner de nouveau vers lui, bien décidé à répondre aux questions du jeune homme et à lui en dire bien plus qu'il n'en demande. " tu devrais rencontrer yindee, elle est adorable et elle est l'une des seule à m'avoir soutenus pendant ces dernières années, elle ne m'a pas jugée une seule fois. en plus elle est très jolie je suis sure qu'elle te plairait c'est une thaïlandaise ! " elle sourit, taquine avant de venir lui pincer les joues tout en rigolant. sana n'avait plus beaucoup d'amis pour ne pas dire qu'elle ne possédait que yindee en dehors de ses frères et soeurs. cela expliquait probablement pourquoi elle était autant attachée à la jeune femme et souhaitait la présenter à tout le monde ! " les gumihos ? mmh ça veut dire que je serais avec jasun, yongsun, chaemi et les jumeaux ? ça pourrait être sympa mais aussi problématique surtout si les autres fratries font un background checking avant d'attaquer ... puis jsuis pas sur que ce soit une bonne idée de m'incruster dans leur vie comme ça. " surtout dans celle de jasun, en fait elle craignait clairement de découvrir sa vie, les gens qu'il fréquentait, et les filles qui pouvaient bien l'entourait. elle craignait de ne plus pouvoir nier ce qu'elle ressentait et de mettre en péril le bien être de leur famille à nouveau. " c'est vraiment nul de ne pas pouvoir directement entrer chez les jeongal ... mais j'avoue que reprendre des études me ferait le plus grand bien possible, reste à savoir quelles études. je crois que beaucoup de portes me sont fermées donc tout métiers en relation avec la sécurité et la santé d'autrui est à oublier. " les conséquences d'un acte irréfléchi, son rêve de devenir policière puis éventuellement membre du fbi s'était évaporé à l'instant même où elle s'était emparée du couteau. les métiers accessibles à présent se révélait très peu nombreux , hors de question de la laisser être médecins, enseignante, avocate, militaire, policière ... et bien d'autre encore. " tu crois que je peux faire des études vétérinaires ? " elle pose son index sur ses lèvres, réfléchissant aux possiblités s'offrant à elle. " pourquoi tu es chez les jeongal naru ? t'étais dans quelle fratrie avant, pourquoi tu as quitté ? " elle se retourne à quatre pattes sur le lit, le surplombant légèrement, ses yeux pétillants de curiosité. " puis tu veux faire quoi plus tard ? j'ai jamais pris le temps de te demander, jsuis nulle " elle parle tel un moulin à parole, tellement et si rapidement qu'elle en serait presque ennuyante, presque.

« Elle me plairait… parce qu’elle est thaïlandaise ? » J’arque un sourcil, j’hausse les épaules. « T’auras qu’à nous présenter. » Moi aussi, j’veux découvrir sa vie, à Sana. Rencontrer cette fille qui lui est si importante, même si j’suis pas sûr de l’apprécier – et puis au pire tant pis, j’ferai semblant, au moins pour elle. Elle lui fait du bien, alors y a pas de raisons que j’sois méchant avec elle. Puis comme ça, peut-être que j’pourrai la remercier, de tout c’qu’elle fait, même si j’suis sûr que Sana se foutrait de moi si j’lui disais tout ça. « Tu t’incrustes pas, tu fais c’que tu veux. Si ça te fait plaisir d’être avec eux, alors vas-y. » Et j’hausse une nouvelle fois les épaules. J’suis pas très causant, on me le dit souvent. Et puis j’ai pas toujours les réactions qu’il faut, ça aussi on me le dit – pas réconfortant, pas chaleureux (ou alors juste un peu, juste ce qu’il faut). « Moi j’crois que tu peux tout faire. » J’en ai rien à foutre de la loi qui te dit le contraire. « Et si tu veux devenir vétérinaire, alors vas-y. » J’le sais bien, que c’est pas aussi facile que ça. Mais maman me dit toujours que j’suis trop pessimiste (réaliste), que j’vois tout en noir et que c’est pas bien, que j’devrais pas partager ça avec les autres. Alors pour Sana, j’veux bien le cacher. Pour Sana, j’veux bien lui laisser une lueur d’espoir, lui faire que ça va, que tout ira bien, qu’elle atteindra son but, et puis qu’elle sera heureuse. Qu’elle sera heureuse toujours, parce que pour moi y a que ça qui compte. Et que j’serais prêt à tout pour que ça se réalise. Et puis j’l’entends poser sa question, se mettre à quatre pattes, j’souris un peu, j’laisse même échapper un petit rire, alors que j’la pousse impatiemment de la paume de la main. C’est peut-être pour ça que j’suis pas bavard au fond ; parce que comme ça j’la laisse parler, elle. J’préfère quand c’est elle qui parle, quand c’est elle qui me raconte sa vie. Parce que la mienne, j’ai pas envie que les autres la connaissent. « J’étais chez les gumi, j’ai juste… suivi le mouvement. Mais c’était pas c’que j’voulais. C’est trop bruyant là-bas, et puis c’est un peu chiant. Alors j’ai rejoint les jeongals, on verra bien. » J’hausse encore une fois les épaules – maman me dit toujours qu’un jour j’vais finir par les décrocher, si j’continue à faire ça. « Et je sais pas c’que j’veux faire plus tard. Sûrement dans le commerce. Pour faire honneur à beau papa. » Pour faire honneur à maman, aussi, lui prouver que j’peux devenir quelqu’un de bien, qui fait de bonnes études, trouve un bon travail – et une place dans la société. C’que je fais, ça me plait pas forcément, ça me plaît pas vraiment. Mais y a rien qui me plaît, à part conduire ma bécane, alors j’me dis que ça ou autre chose, finalement, ça revient au même. Mon avenir, j’ai même pas envie d’y penser (je sais même pas si j’en aurai un, d’avenir). Alors j’secoue la main en l’air, j’essaie de détourner la conversation, changer de sujet, en aborder un plus léger, plus neutre aussi, plus neutre surtout. « Mais bref, ça on s’en fout. T’as envie de faire quoi Sana ? Maintenant, là tout de suite, t’as envie de faire quoi ? T’as tant de choses à rattraper, j’veux bien t’aider. » Et j’ris un peu parce que c’est bien peu dire et que j’me doute que maintenant, elle veut profiter de tout c’qu’elle a raté.

Elle voulait lui présenter yindee, non pas seulement parce qu’elle lui avait permis de tenir le coup de voir le positif alors qu’il n’y en avait guère; de l’avoir maintenus en vie lorsque tout ce qu’elle désirait c’était crever. Non. Elle voulait la lui présenter, parce que c’est la seule chose quelque peu positive qu’elle pouvait actuellement partager avec son frère; parcequ’elle ne désirait plus parler de son emprisonnement ni même de ce qui avait bien pu se passer entre ces quatre murs, parcequ’elle ne voulait pluslire cette pitié dans les yeux de son entourage; elle voulait qu’il voit à quel point elle pouvait être heureuse et à quell point elle était bien entourée; maintenant. “ Oui je te la présenterais. C’est un peu ma seule amie quand j’y pense.” Il n’était pourtant pas bien dur, autrefois d’être amie avec sana; disons simplement qu’il ne le lui permettait guère d’avoir des amies; lui, l’homme qu’elle avait assasiné. “ je vais reprendre les études c’est décidé! À moi la vie universitaire, les soirées et les garcons. “ elle lâche un doux rire tout en remuant ses jambes dans les airs. Oui, elle en avait décidé ainsi; apr!s tout pourquoi pas. Qui ne tente rien n’a rien. Se morfondre et attendre que les choses se déroulent n’améliorerait guère sa situation. Sana; elle avait besoin de retrouver sa joie de vivre; non seulement pour elle mais aussi pour les autres. “ mmh j’aime bien quand c’est bruyant; je me sens vivante. Mais promis si les gumihos m’acceuillent je les quitterais pour te rejoindre toi; t’es plus important! “ naru et elle avait des caractères opposés, lorsque l’un était pessimiste l’autre était naïvement positive. Mais c’est cela qui les rendait justement si complémentaire, cette aisance à se compléter, à faire ressortir le meilleur chez l’autre. “ le commerce ça me semble pas mal, fin de toute manière tu as encore le temps d’y penser, pas de pression.” Elle sentait bien qu’il n’était pas à l’aise avec ce sujet et elle ne désirait pas spécialement l’embêter à ce sujet; les parents étaient déjà plutôt doué à ce niveau là pour qu’elle n’en rajoute en plus une couche. “ des choses que j’ai envie de faire ? “ elle se redresse soudainement excitée. Dieu sait le nombre de choses qu’elle désirait faire, une centaine, un millier peut-être ? “ je veux: sortir en discothèque, me bourrer la gueule, manger jusqu’à m’en faire pêter le ventre, sauter en parachute, faire un roadtrip en Europe, me rendre à Graceland, dépenser l’argent que je n’ai pas, aller jouer au casino à Las Vegas, faire du camping et raconter des histoires qui font peur autour d’un feu de camps, offrir des course de danses et avoir mes propres élèves, me faire tattouer, m’acheter pleins de vêtements – oh oui des vêtements j’en rêve tellement, me teindre les cheveux à chaque fois que j’en éprouve l’envie, faire une photo de famille, faire un shooting photo, adopter un chien – un pitbull. “ elle s’arrête, le souffle court son regard pétillant posé sur son frère. “ Il y a tellement de choses si tu savais! Et toi Naru, tu veux faire quoi? Peut-être qu’on peut faire les choses ensemble, rien que toi et moi? “