❥ Elle n’a pas d’autre mot à la bouche que paysan, alors Na Young s’est faite à l’idée de n’être qu’une vulgaire éleveuse de vaches à ses yeux, et elle s’en fiche pas mal. Faut dire que ces deux-là ont l’esprit tellement étriqué que si on ne fait pas partie du même monde qu’elles, on est tout de suite réduit à une sale condition de pauvresse à la ramasse. « Sois pas bête, tout le monde ne m’aime pas ! Mais moi au moins, tout le monde ne me déteste pas. » Elle accompagne ça d’un sourire faux, continue de déverser la haine accumulée des derniers jours et finit par se manger une gifle sévère dans la tronche. Ca résonne jusque dans les chaumières, elle sent sa joue rougir et sa peau brûler à l’endroit où Yuna a crashé sa main. Les mots, tous aussi vulgaires les uns que les autres, inondent jusqu’à ses pensées les plus douces et innocentes. Sa mâchoire se crispe, la main collée sur les lieux du crime pour en supporter la douleur avec dignité (tu parles de dignité, ça fait tellement mal qu’elle sait même plus si les larmes au coin de ses yeux sont dues à la douleur ou à l’immense colère qu’elle refoule au plus profond de son âme.) Elle n’entend même pas la tirade véhémente et réprobatrice de Mo Yeon qui la défend avec un intérêt et une sympathie qu’elle lui a rarement trouvé depuis qu’elle a emménagé dans la chambre. « Et t'avise pas de toucher à Na Young, où je te jure que tu finis la tête au sol, » qu’elle scande, son alliée. Mais Na Young est beaucoup plus fougueuse que ça, tellement plus sauvage. « Très bonne idée, »et tout naturellement sa main accroche la chevelure de Yuna, bien à la racine pour ne rien louper d’une fabuleuse grippe qui n’arrive probablement qu’une seule fois dans une vie. « YAH ! Tu veux mourir ? Non mais sérieusement elle se prend pour qui celle-là ? Tu m’agresses, je dois m’incliner et t’as le droit de me gifler ?! Michinnyeon-ya !! » Elle crache ses mots comme un venin. Yuna en faisait des caisses sur ses cheveux si précieux que personne ne doit effleurer mais franchement, au toucher, Na Young n’y voit pas de différence particulière avec ses cheveux à elle. Peut-être que Yuna refuse qu’on les lui touche parce qu’elle a des cheveux de paysans, elle aussi. Dans son emportement, Na Young se surprend à esquisser un petit sourire sadique à cette simple pensée. Et alors qu’elle ne relâche pas sa prise, qu’elle sent Yuna se défiler et s’agiter pour s’en défaire, elle se met à faire le tour de la chambre en lui tenant la tête bien abaissée et en la traînant avec elle pour lui faire passer l’envie de le gifler à nouveau. « Tu pourris l’air ambiant dès que tu passes quelque part, ce qui en fait mon problème dès que tu l’ouvres dans la chambre qu’on partage, » ce à quoi elle rajoute, « et t’avises surtout pas de me dire ce que j’ai le droit de faire ou de dire, même ta morale est pourrie jusqu’à la moelle ! »

❥ Chung Ah sentait que ça allait mal finir. Elle connaissait par cœur sa cousine et savait parfaitement qu’elle avait du caractère, et surtout, qu’elle ne se laissait pas faire. Sauf qu’en face d’elles, il y avait Mo Yeon et Na Young, deux jeunes femmes qui, elles non plus, ne se laissaient pas faire. Alors que la sango observait la scène, avec un léger recul et ne prêtait absolument pas attention aux paroles de ses deux colocataires, Na Young agrippa vivement la chevelure de sa cousine et là… Chung Ah vit rouge. Mais, bien trop choquée par ce que la demoiselle faisait, Chung Ah ne bougea pas pendant plusieurs longues secondes, tandis qu’elle entendait Yu Na râler et se débattre. Avant même que puisse bouger Mo Yeon, Chung Ah se retrouvait face à Na Young et lui attrapa brusquement les cheveux à l’arrière du crâne, ses doigts entourant fortement le poignet de celle-ci et serrant le plus fort possible pour qu’elle lâche sa cousine. Elle tirait sa tête en arrière, fermement. « Ferme ta gueule. Et lâche la. » Ordonna-t-elle, sèchement, fermement, plantant son regard glacial dans ses yeux. « Tu te prends pour qui, pétasse ? Tu penses être mieux que nous ? Mais ne te fais pas d’illusions ma belle. Tu ne nous arrives même pas à la cheville, et toi non plus, la dépressive. Alors maintenant, tu vas la lâcher, retourner sagement dans ton coin et nous foutre la paix. On ne vous avait absolument rien demandé quand on est arrivé. On est rentré dans la chambre et elle, là-bas, nous a directement agressé. Alors peut-être qu’on était un peu bruyante mais demander de baisser d’un ton gentiment, ça n’allait pas la tuer à ce que je sache. Vous avez cherché la merde, vous l’avez trouvé. Venez pas pleurer maintenant. » Continua-t-elle, toujours sur le même ton. Elle lança un regard à Mo Yeon, puis à Na Young. Ses doigts se resserraient toujours autour du poignet de la sango. Elle attendait qu’elle lâche sa cousine.