Wearing. | Jusque-là, Woori avait l’espoir d’être accompagnée de traverser cette épreuve main dans la main avec son petit-ami. Mais suite à la façon dont il la regarda et surtout dont il s’adressa à elle, la jeune femme se sentit complètement abandonnée. Elle était déjà trahie par son corps qui portait cet enfant dont ni Min Soo ni elle ne voulaient, et à cela se rajoutait une profonde solitude. Elle se sentait seule, irrémédiablement seule. Elle voulait des mots réconfortants de la part de Min Soo, elle aurait voulu l’entendre lui dire que tout irait bien, qu’ils allaient trouver une solution et avec un peu de chance, il l’aurait serré dans ses bras ou au moins prit sa main dans la sienne. Mais elle était laissée seule, avec seulement ses propres bras pour se protéger du froid qui la rongeait. « Ça fait neuf semaines... » Dit-elle d’une voix encore tremblante et chargée de larmes. C’était aliénant de se dire que depuis neuf semaines quelque chose grandissait en elle, quelque chose qu’elle ne voulait pas, qu’elle ne sentait pas (encore). C’était terrifiant, comme si son corps ne lui appartenait plus. Alors que ces pensées la submergeaient, elle vint inconsciemment poser sa main sur son ventre, ce traître qui osait abriter un étranger. « Je n’ai pas les moyens pour... » Pour avorter. Le mot l’effrayait tant qu’elle n’osait le dire. Mais leur pays n’ayant pas légaliser l’avortement, à moins de graisser largement la patte à un praticien, elle n’aurait jamais la possibilité de subir une intervention. D’ailleurs, comment ça se passait tout ça ? On allait lui ouvrir le ventre ou... Ou quoi ? Elle n’avait jamais parlé de ça avec qui que ce soit, ni ne savait comment ça se passait. « Il faudra que tu m’aides. Et trouver un médecin. » Dit-elle en relaissant son bras tomber et en fronçant légèrement les sourcils, son désespoir prenant une tournure amère, sa solitude la poussant à se raccrocher à Min Soo de toutes les façons possibles de façon presque agressive. Elle avait tellement peur qu'il la laisse. D’un geste tremblant, elle vint essuyer ses joues humides, ses pleurs s’étaient calmés maintenant qu’elle se concentrait sur ce qu’ils pouvaient faire à présent.

Tenue. | Lorsque la jeune femme m'annonce que cela fait neuf semaines qu'elle est enceinte, je reste muet plusieurs longues secondes, le regard dans le vide. Et ces secondes me paraissent durer une éternité alors que mon cerveau se met à réfléchir à toute allure. 9 semaines ? Est-ce que c'est trop tard ? Je serais bien incapable de répondre à cette question. Faut dire que je n'ai jamais eu à me la poser avant aujourd'hui. Laissant d'ailleurs échapper un soupir à ce constat, je suis finalement arraché à mes pensées par la voix de la jeune femme et une grimace vient tirer les traits de mon visage alors que mon regard se pose sur sa main. Celle là même qui se trouve, à présent, sur son ventre. Et soudain, pour je ne sais quelle raison, je suis comme pris d'un doute. Je n'entends même pas... En fait, pour être honnête, je n'écoute même pas ce que me dit la jeune femme, bien trop occupé à tenter de mettre de l'ordre dans mes pensées. En vain, cependant, et une nouvelle fois, c'est les paroles de Woori qui me ramènent à la réalité. « J'ai besoin de temps... » que je laisse alors échapper dans ce qui ressemblerait presque à un murmure. Pour autant, à l'expression que je peux lire sur le visage de la jeune femme, celle-ci semble m'avoir entendu et je reprends alors : « J'ai besoin de temps pour réfléchir... » Et, qu'on se le dise, je n'ai jamais été aussi peu sûr de moi qu'en cet instant. Pourtant, quand elle m'a annoncé être enceinte, il y a tout juste quelques minutes, cela semblait parfaitement clair dans ma tête. Je ne veux pas être papa... Et je ne veux toujours pas l'être, à vrai dire. Mais il y a cette petite voix qui ne cesse de résonner dans ma tête... Qu'est-ce qu'on doit faire ? Qu'est-ce que JE dois faire ? Je n'en sais rien. Mais ce dont je suis certain c'est que j'ai besoin de temps... « Rentre chez toi, Woori. » que je finis donc par lâcher. Et le ton de ma voix est sec. Légèrement autoritaire, alors que je lui intime de rentrer. De toute façon, à part se regarder dans le blanc des yeux, qu'est-ce que l'on peut bien faire d'autre, dans l'immédiat ? Il n'y a rien à dire de plus. Pour l'instant, en tout cas...

Deux semaines plus tard...

La nouvelle plus ou moins encaissée, Woori avait commencé à songer à l’après, à l’étape suivante. Les échanges qu’elle avait eu avec Min Soo étaient compliqués. Elle ne pouvait ignorer la distance qui semblait s’être installée entre eux. Elle espérait sincèrement qu’il ne s’agissait que d’une phase, son petit ami avait sans doute besoin de temps... Elle ne voulait pas croire que cet accident de parcours marque la fin de leur relation. Parce qu’elle l’aimait. Rien n’y changeait, Woori l’aimait toujours autant, éperdument. Elle allait essayer de prendre la meilleure solution pour eux, elle avait donc passé des heures sur internet à chercher des témoignages de jeunes femmes qui avaient vécu la même chose, n'oubliant jamais d'effacer son historique de navigation après. Elle avait noté les noms de médecins et gynécologues cités, ces personnes qui avaient accepté d’exécuter un acte médical encore interdit dans leur pays. Puis les jours étaient passés. « J’ai trouvé un médecin. » Avait-elle envoyé bien des jours auparavant à Min Soo. Puis le surlendemain : « J’ai pris rendez-vous. » Elle avait tremblé en tapant ces mots, sa voix aussi avait tremblée quand elle avait téléphoné à la clinique privée, mais il fallait faire ce qui se devait d’être fait, non ?  

Les mains dans les poches de son jean, perdue dans un sweatshirt gris foncé beaucoup trop grand pour elle, la jeunesse de Woori sautait aux yeux. Elle avait l’air presque trop juvénile pour être là. Postée devant l’entrée de la clinique, elle attendait Min Soo, n’osant lever les yeux lorsque quelqu’un osait passer devant elle, laissant ses longs cheveux décolorés tomber devant son visage comme pour se cacher. Finalement, son petit-ami arriva, elle ne s’en rendit compte que lorsqu’il se plaça devant elle et qu’elle osa enfin regarder autre chose que ses pieds. Malgré la situation, un sourire étira ses lèvres, mais la gorge nouée, elle ne parvint pas à dire plus qu’un « hey » essoufflé pour le saluer. Mais elle ne se laissa pas aller à ses émotions, se reprenant rapidement. Elle hocha doucement la tête, prenant la main du jeune homme dans la sienne pour l’entraîner à l’intérieur sans pour autant oser nouer ses doigts aux siens comme l’aurait fait habituellement. « On est pile à l’heure. » Lui dit-elle avant de se diriger vers le comptoir d’accueil. « J’ai rendez-vous à 15h25 avec le Docteur Choi. Au nom de Nah Woori. » Elle espérait simplement que la secrétaire allait la diriger vers la salle d’attente sans souligner le léger tremblement de sa voix. Malgré elle, la jeune femme rougit sous le regard de l’employée en face d’elle, et elle baissa de nouveau la tête en prenant la direction des sièges où ils furent invités à s’asseoir. Une fois assise, Woori posa ses mains tremblantes sur ses genoux, grattant la peau autour de ses ongles dans un geste terriblement nerveux. « Je crois que c’est rare que les femmes viennent accompagnées... » Constata-t-elle en lançant de brefs coups d’œil autour d’eux, ou peu de présence masculine était à détecter.  

Deux semaines que tu y penses. Que tu te repasses la scène en boucle dans ta tête. Et ça te rend fou… Parce que t'as pas eu une seule seconde de répit depuis que Woori t'a annoncé être enceinte de toi. Pas même pendant la nuit. A vrai dire, c'est même pire la nuit parce qu'une fois dans ton lit il n'y a littéralement plus rien pour te changer les idées. T'es tout seul, dans le noir, avec tes pensées. Incapable de dormir... Cette nuit n'a d'ailleurs pas fait exception à la règle et les cernes que tu te traînes sont clairement là pour en témoigner. Car t'as beau avoir eu deux semaines pour réfléchir, c'est toujours aussi flou dans ton esprit. Tu ne sais pas quoi faire... Ô, bien sûr, ton avis n'a pas changé quant au fait de devenir papa. Tu n'en as pas envie. Pas maintenant, en tout cas... Mais tu ignores pourquoi, depuis que tu as reçu ce message de Woori t'annonçant qu'elle avait pris rendez-vous avec un médecin, tu ressens comme un sentiment bizarre. Pourtant, c'est ce que tu voulais, non ? Qu'elle avorte... Alors pourquoi es-tu si stressé, si angoissé à l'approche de la date fatidique ?

Te garant non loin de la clinique, tu coupes le moteur de ta moto et te diriges vers l'entrée devant laquelle Woori est censée t'attendre. Tu ne mets d'ailleurs pas longtemps avant d'apercevoir la jeune femme et, tout comme pour toi, il ne fait aucun doute que cette dernière préférerait sûrement être ailleurs à l'heure actuelle. Te plantant devant elle, tu arques d'ailleurs un sourcil, celle-ci mettant un petit moment avant de lever la tête. « Salut... » Tu ne lui demandes pas si ça va, de toute façon, tu sais déjà quelle serait sa réponse et, sans un mot, tu te laisses entraîner par la jeune femme à l'intérieur de la clinique.

Légèrement en retrait quand Woori s'adresse à la secrétaire, tu glisses tes mains dans les poches de ton pantalon et jettes un rapide coup d’œil autour de toi. Tu n'aimes pas les hôpitaux... La dernière fois que tu y as mis les pieds, c'est quand tes parents ont eu leur accident de voiture. Cependant, tu tentes de ne rien laisser paraître et finis par suivre la jeune femme quand elle en a terminé avec la secrétaire, t'asseyant sur l'un des sièges encore libres. Et toi qui, d'habitude, es plutôt bavard, tu demeures muet, te contentant d'un faible « Hm... » pour seule réponse aux paroles de ta petite amie. Faut dire que tu n'en as pas grand chose à faire de savoir que ta présence en ce lieu est surprenante. Tout ce que tu veux, toi, c'est que ce moment se termine vite... Sortant d'ailleurs ton portable, tu avises rapidement l'heure et laisses échapper un soupir. 15H26. A peine une minute de retard mais c'est suffisant pour commencer à t'agacer. « Génial, il est en retard... » que tu laisses alors échapper, soupirant une nouvelle fois.  « Ça commence bien... » Effectivement, si tu commences déjà à râler, vous n'êtes pas sortis de l'auberge...

En plus d'avoir la sensation que son corps entier l'avait trahie, ce qui était difficile pour Woori, c'était de voir son couple en souffrir autant. Elle n'irait pas jusqu'à dire que Min Soo avait mis fin à leur relation, ce serait lui faire dire des choses qu'il n'avait jamais dites. Mais la froideur avec laquelle il s'adressait à elle était telle que la jeune femme en avait le sang glacé. Comme ce jour-là. L'état de stress dans lequel elle était ne fit qu'augmenter devant le comportement de son petit-ami. Elle n'arrivait pas à lui en vouloir ceci dit, elle imaginait facilement que c'était difficile à vivre pour lui aussi. Si elle était honnête, elle avait du mal à imaginer leur couple survivre à toute cette histoire, c'était d'autant plus terrifiant et triste...Elle l'aimait. Elle se força à ne pas y penser davantage, au risque de se remettre à pleurer, ce qui serait très mal venu.

Elle en vint à se demander si les médecins et autres personnes qui travaillaient ici étaient habituées à voir des femmes pleurer. Peut-être lorsqu'on leur annonçait la bonne nouvelle d'une grossesse ou alors un problème avec un bébé... Woori était de celles qui croyaient profondément au fait que chaque femme se devait d'être libre de faire les choix qui concernaient son corps. Pourtant, dans la salle d'attente, face à ces femmes aux ventres arrondis ou qui rêvaient de l'avoir, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable et triste. Elle avait rapidement baissé les yeux pour regarder ses mains, trouvant même sa manucure presque trop criarde pour l'événement qu'elle s'apprêtait à vivre. Elle releva le regard vers Min Soo, faisant légèrement la moue face à son impatience qu'elle partageait et à la fois non. « Je pense que certaines interventions prennent plus de temps que d'autres. » Elle se demandait si c'était le cas pour celle qu'elle s'apprêtait à subir. C'était étrange, Woori avait conscience d'être enceinte mais elle ne réalisait pas vraiment. Alors se dire qu'on allait lui enlever ce bébé c'était... Effrayant et aussi quelque chose qu'elle avait la sensation de vivre complètement déconnectée de son corps. Elle força un sourire sur ses lèvres, au moins cela lui permettait d'arrêter de les mordre nerveusement. « Dans un sens, je ne sais pas si je suis pressée d'y être. » Parce qu'elle avait peur d'avoir mal, parce qu'elle avait peur de ce qu'elle allait faire, peur d'assumer, peur de regretter. Une nouvelle fois, elle sentit la panique monter. Machinalement, pour ne pas sombrer, elle prit la main de Min Soo dans la sienne et serra peut-être un peu plus fort que d'habitude. Il était comme son ancre pour qu'elle ne coule pas dans l'angoisse et la panique. « Après qu'il... Quand j'aurais... » Elle marqua une courte pause, le temps de trouver une formulation moins anxiogène. « Quand le rendez-vous sera fini, tu as du temps ? J'irais bien boire un chocolat chaud. » Presque ironique à bien y penser comme cette boisson pouvait être vue comme une boisson d'enfant alors qu'ils étaient en ces lieux pour des raisons tout sauf enfantine. Est-ce que s'ils avaient ce bébé, il ou elle aimerait boire des chocolats avec eux l'hiver ? D'un mouvement de tête, elle chassa cette pensée risquée loin d'elle et releva le regard vers Min Soo, ses yeux le suppliant presque d'accepter. « Je ne suis pas sûre de vouloir être seule. » Souffla-t-elle tout bas, presque inaudible. Peur d'être toute seule après tout ça, peur qu'il la quitte aussi...Une femme sortit d'un des cabinets et on en appela une autre, Woori la regarda s'éloigner devinant que son tour approchait de plus en plus. « Tu vas venir avec moi ? » 

Attendre est certainement l'une des choses que tu détestes le plus au monde. Faut dire que t'as jamais été quelqu'un de très patient, d'aussi loin que tu t'en souviennes. Alors, attendre pour ça, c'est clairement le summum de l'insupportable pour toi. De quoi mettre tes nerfs encore plus à rude épreuve. Parce qu'ils le sont déjà depuis un moment, ça ne fait aucun doute. Chose que ta sœur a d'ailleurs eu la très mauvaise idée de te faire remarquer, un peu plus tôt dans la journée, et tu l'avais alors salement envoyé chier, la laissant complètement sur le cul, elle qui n'est pas du tout habituée à ce que tu t'en prennes à elle de la sorte. Et, pour être totalement honnête, là encore, tu prends beaucoup sur toi pour ne pas tout envoyer chier... Tu ne peux d'ailleurs t'empêcher de laisser échapper un soupir aux paroles de la jeune femme. Parce que, toi, tu te fiches bien de savoir que le médecin est peut-être débordé ou qu'une de ses interventions a peut-être duré plus longtemps que prévu.

Un poil égoïste comme comportement, c'est vrai... Un peu comme cette façon que tu as d'agir avec ta petite amie depuis qu'elle t'a annoncé être enceinte. Pourtant, t'as bien conscience que la situation est également très difficile pour elle, peut-être même bien plus qu'elle l'est pour toi, et tu devrais sûrement faire un effort pour lui rendre ce moment un peu plus... supportable. Mais c'est plus fort que toi. Tu n'es pas d'humeur à faire cet effort. Pas même pour elle. Toi et ton sale caractère... Malgré tout, quand la jeune femme attrape ta main pour la serrer dans la sienne, tu la laisses faire. Tu ne réagis pas. Ce n'est que lorsqu'elle reprend la parole - ou tente de la reprendre du moins - que tu finis par tourner la tête vers elle, et bien que d'abord surpris lorsqu'elle te parle d'aller boire un chocolat chaud après tout ça, ton visage redevient presque impassible dans la seconde qui suit, et tu te contentes alors de répondre, en haussant les épaules : « Si tu veux... » Comme si tout ça t'indifférait. Alors que, non, ça ne t'indiffère pas. Mais c'est tout toi, ça aussi... Faire comme si de rien était. Faire semblant que tu t'en fiches pour ne rien laisser paraître des quelques émotions qui te travaillent en ce moment même. D'ailleurs, sur un ton un peu trop froid, ou en tout cas plus froid que tu ne l'aurais voulu, tu finis par t'exclamer : « Si je comptais te laisser y aller seule, je n'aurais pas pris la peine de venir jusqu'ici. » Cela dit, et devant l'expression qu'affiche le visage de la jeune femme suite au ton quelque peu dur que tu as employé, tu finis par ajouter, contrit : « Excuse moi... Je ne voulais pas te parler comme ça... » Détournant finalement le regard, tu baisses légèrement la tête et laisses de nouveau échapper un soupir. « J'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Je suis fatigué... » Ce qui n'est pas faux. Mais certainement pas une raison pour t'en prendre à la jeune femme comme ça. « Je crois qu'on l'est tous les deux... » Et, très franchement, t'aurais bien besoin de prendre un peu l'air, là, tout de suite. Cependant, une nouvelle fois, tu prends sur toi pour ne pas te lever, le médecin pouvant appeler la jeune femme à tout moment, et tu te contentes alors de lâcher, dans un presque murmure : « Je déteste les hôpitaux... » Mais qui les aime ? That is the question...

C'était dans ce genre de moments que le temps se déformait et que les secondes s'étiraient et s'étiraient pour que tout devienne interminable, comme figé. Et à bien y penser Woori ne saurait dire si elle souhaitait que le temps s'étire encore pour que jamais elle n'ait à rentrer dans le cabinet du médecin ou qu'au contraire, le temps s'accélère, qu'ils en finissent au plus vite et que tout soit derrière eux. Elle ne pensait pas, n'espérait pas que tout redevienne normal entre elle et Min Soo une fois que tout serait terminé. Elle avait peur que tout soit abîmé. Elle ne l'aimait pas moins, non, elle était toujours follement amoureuse de lui, elle craignait juste que ce petit truc planté dans son ventre n'ait creusé un fossé entre eux. Pour se rassurer, pour se dire qu'ils pouvaient surmonter cette épreuve, elle lui proposa de passer du temps ensemble après que tout soit terminé. Comme si elle voulait s'assurer que ce mauvais moment serait terminé mais non pas le couple qu'ils formaient. La réponse quelque peu évasive de son petit-ami ne la rassura pas vraiment.

Elle comprenait qu'il soit stressé, qu'il était tendu. Elle voyait bien les regards que les autres patientes leur lançaient aussi. Elle était mal à l'aise, il devait l'être aussi. Et elle avait beau le comprendre, cela ne rendait pas les réponses froides et presque agressives de Min Soo plus faciles à encaisser. Se mordant la lèvre pour ne pas se montrer plus faible qu'elle ne l'était déjà, elle s'était contentée de hocher la tête tout en replaçant ses deux mains sur ses jambes. Elle gratta nerveusement la peau le long de son pouce. « Oui.. » Souffla-t-elle, presque inaudible. « J'ai peur. » Lui répondit-elle honnêtement. « Peur de ce qui pourrait mal se passer. Peur qu'on fasse une erreur. Peur que tu m'en veuilles et ne veuilles pas rester avec moi... » Elle déglutit difficilement, une boule se formant dans sa gorge alors qu'elle s'efforça de ne pas pleurer. Se redressant légèrement, elle vint appuyer sa tête contre le mur derrière elle, tournant sa tête pour regarder son petit-ami. Les hôpitaux n'avaient jamais été sa tasse de thé non plus, bien qu'elle eut peu d'expérience dans ce domaine, juste un bras cassé lorsqu'elle était enfant. La porte du cabinet s'ouvrit, sans décoller sa tête du mur, Woori suivit des yeux le couple qui en sortit. Un grand sourire aux lèvres, ils parlaient avec une excitation palpable, regardant quelque chose dans les mains de la femme. La jeune étudiante reconnu une échographie. Probablement la première car la grossesse n'était pas encore visible sur le corps de cette femme, pourtant, ils étaient visiblement heureux, déjà attachés à ce qui grandissait en elle. Est-ce que dans d'autres circonstances, Min Soo et elle auraient pu vivre un moment similaire ? Une autre femme se leva et entra dans le cabinet, Woori ne la regarda pas, elle ne s'impatienta même pas, son regard fixé sur ce couple jusqu'à ce qu'ils quittent son champ de vision. Elle regarda ensuite son petit-ami qui semblait avoir fait la même chose qu'elle, elle ne s'était pas rendue compte qu'instinctivement, elle avait posé le plat de sa main sur son propre ventre. Finalement, leurs regards se croisèrent, et elle ne pu que lui offrir un sourire humide, espérant que son trouble, ses peurs de ne pas prendre la bonne décision ne soient pas lisibles sur son visage (elles l'étaient). Elle déglutit une nouvelle fois, toujours cette boule dans la gorge. « On est les prochain, il n'y en a plus pour longtemps. » Et ses mains se mirent à trembler, réalisant ce qu'ils s'apprêtaient à faire.