10 ans, fin de journée, un parc dans la ville de Busan

D'humeur joueuse tu bouscules un peu ton petit frère de cinq ans ton cadet, un sourire taquin aux lèvres. Il ne lui faut pas longtemps pour se relever et te courir après, pour essayer de t'attraper. Vous vous chamaillez ainsi souvent, comme une rengaine, sans que ce soit bien méchant. C'est un peu votre façon à vous de vous montrer votre affection. Votre père vous surveille de loin bienveillant, du coin de l’œil, fatigué de sa journée de travail. Il se demande où vous puisez toute votre énergie. Ton petit frère abandonne et finit par bouder en allant se plaindre à votre paternel, celui-ci met un terme à votre petite querelle.

Vous venez souvent à la fin de la journée dans ce parc tous les trois, un petit rituel bien à vous. Comme à chaque fois quand vous rentrez dans la maison familiale, l'odeur du repas vient effleurer vos narines et ton petit frère s'empresse de courir dans les jupons de votre mère et de lui raconter sa journée. Bien nichés dans votre cocon vous aspirez à une vie simple, sans histoire, sans recherche de gloire ou d'argent.

Tu es un garçon insouciant Jun Han, très sociable et extraverti. Un peu tombeur déjà auprès des filles : on te recense quelques ''amoureuses'' à ton école primaire. Tes parents t'ont inscris il y'a peu dans un club de boxe et bien que les débuts soient un peu difficile, tu adores ça.


Some people got the real problems
Some people out of luck
Some people think I can solve them

12 ans, Busan, appartement des Hyuk et collège de Jun Han

Votre père ayant perdu son travail depuis plusieurs mois, vous avez dû vous résoudre à déménager dans un appartement à la périphérie de la ville. Le quartier est un peu sordide, l'immeuble dans lequel vous vivez aussi. Tes parents essaient tant bien que mal de vous laissez en dehors des problèmes. Mais tu le sens bien Jun Han, que ton père est lasse de ne pas avoir réussir à retrouver un travail, qu'il a honte de lui aussi et qu'il s'est éloigné de tout le monde. Tu le sens bien que la relation entre tes parents bat de l'aile, qu'il y a de la tension dans l'air. T'as senti aussi que ton oncle et les autres amis de tes parents se font de plus en plus absents. Vous vous retrouvez seuls. Tu vois bien l'air fatiguée de ta mère, casée, car elle multiplie les petits boulots mal payés. Même ton petit frère de 7 ans se pose des questions et ça te fais un peu mal au cœur. Tu te bagarres moins avec lui en ce moment, t'essaies de le rassurer en lui répétant que ça va s'arranger, de le guider, de le protéger. Mais t'as un peu peur toi aussi. Et tu vois même pas que tu prends un peu le rôle de votre père auprès de lui.

Personne n'est au courant de tes petits tracas au collège. C'est même un refuge quelque part et tu as envie que cela reste ainsi. Tu as ta bande d'amis bien soudée, t’arrive à être le chouchou de quelques profs. Sociable, sportif, gentil, bon élève, tu deviens un peu populaire.



14 ans, un soir, appartement des Hyuk

Il y'a des moments, des scènes qui vous marque à vie.
En l’occurrence, ici, ce sera l'une des pires scènes auxquelles tu as assisté.

Ton père n'a pas retrouvé de travail et de ce que tu en voyais, il ne cherchait plus non plus. Vous ne vous parlez plus et par instinct, tu as même tendance à l'éviter, à mettre une distance entre vous. Tu le sens instable, près à dérailler et il arrive régulièrement que ton père rentre tard, complétement saoul. Tu ne le reconnais plus, il te fait même peur. Avec ça, l'ambiance à l'appartement n'a fait que se dégrader ces deux dernières années. L'atmosphère est étouffante parfois. Seul point positif, tu t'es drôlement rapprocher de ton frère. Votre mère travaillant tard, tu l'aides à faire ses devoirs presque tous les soirs.

Aujourd'hui, tu as eu deux cours d'annulés et tu rentres plus tôt chez toi. Une fois arrivé sur le pas de la porte, tu sens que quelque chose ne va pas. Qu'il y a un danger. T'entends des pleurs, des paroles étouffées dont une qui te parais suppliante, angoissée : celle de ta mère. La peur te paralyse quelques instants et tu te décides à aller voir, par toi même. Et ce que tu découvres t’effraies au premier abord. Une scène de violence conjugale : la position humiliante de ta mère au sol, recroquevillée, pleurant, qui vient de se prendre plusieurs coups au visage et dans le ventre. La cuisine est sans dessus-dessous, des débris du verre jonche le sol. Ton père hors de lui, tangue sur l'effet de la colère et de l'alcool.

C'est un monstre.
Il te fait pitié, il te fait honte.
T'as beau être encore un peu candide, tu le sens cet acharnement, cette jouissance qu'il veut ressentir en mettant à terre quelqu'un de plus fragile que lui.

Tu le déteste.
C'est à ce moment là que tu as considéré ton père comme étant quelqu'un de nuisible, quelqu'un dont on doit se débarrasser.

Plus tard dans la soirée, après que ton petit frère soit parti couché, tes parents t'ont pris a parti. Ils t'ont expliqué que tu devais gardé cela pour toi. T'as compris alors que c'était une scène qui s'était déjà passée et qui recommencerait. T'as pas compris pourquoi. Pourquoi ta mère et toi devriez accepter une telle situation. Tu voyais déjà ton père faire ses bagages, toi. Tu savais pas comment gérer la situation. Tes parents t'ont évoqué le fait que tu serais surement placé en foyer, que tu ne les reverrais plus jamais, que tu serais éloigné de ton frère, que tu déménagerais peut-être loin de tes amis et de ton club de boxe si tu parlais. Alors tu t'es tût.... et t'as gardé ce secret là, pesant sur tes épaules encore trop jeunes.

T'as appris à jouer la comédie, à faire celui qui ne savait pas quand ton petit frère était dans les parages. Tu ne voulais pas que ton frère soit seul avec ton père, du coup, tu accaparais souvent son attention. Ou tu devenais infernal, le fils chiant et reloue auprès de ton père, le faisant payer à ta façon. Tu provoquais maintenant ton père, par petites piques, animant toi aussi les tensions au sein de la maison. Et tu le voyais, dans le regard de ton frère, qu'il ne comprenait pas.

Ton petit frère tenait à ce que vos parents se réconcilient, que vous redeveniez une famille unie. Il aimait bien vos petites soirées où tu l'aidais à faire ses devoirs, ça lui donnait un peu de stabilité dans tout ce bordel qu'était votre famille dorénavant... et te voir ainsi dérailler l'a déçu. Il t'en a voulu, sans comprendre pourquoi tu agissais ainsi.

T'as réussi à garder ça pour toi, mais ça te prenais la tête de savoir que ta mère se faisait battre quand tu n'étais pas là. T'as réussi à te taire, mais ça te bouffais. T'as commencé à te refermer sur toi même au collège, t'as commencé à manquer de concentration aussi et tes notes ont chuté.



Un mois plus tard, collège de Jun Han

Tu souris, essayant de prendre au sérieux la proposition de Hyun Ah, une de tes amies. Belle, très populaire (et riche aussi) elle te propose de faire ''semblant'' d'être en couple avec elle. T'es populaire, tu complimentes souvent les filles sans jamais avoir eu de relations sérieuses et elle sait que vous formeriez ''LE'' couple du collège, qu'on envierez. T'acceptes, pensant que ça t'amuserais. Et c'était plutôt le cas oui, ça te changeais bien les idées, cette petite comédie. Ça t'as même rendu encore plus populaire, ça et aussi le fait que tu décroches des cours bizarrement... faut croire que les intellos n'ont pas la côte auprès des filles.  

Votre jeu a duré plusieurs semaines, tu as dragué, complimenté ponctuellement d'autres filles, comme tu avais l'habitude de le faire auparavant. Hyun Ah n'y voyait pas d'inconvénient au début, elle t'as même certifié qu'elle était d'accord. Mais tu n'as pas vu, Jun Han, qu'elle a finit par vraiment s'attacher à toi, alors que toi tu continuais de jouer. De la considérer comme une amie avec qui tu ne faisais que t'amuser. Que ça l'a blessé à chaque fois qu'elle te voyais les yeux braquer sur une autre fille. Et elle devenue de plus en plus distante et sèche jusqu'à ''rompre'' sans te donner aucune explication. Alors qu'elle était devenue une de tes meilleures amies, Hyun Ah t'a tourné le dos. Malgré plusieurs tentatives, tu n'as jamais réussi à renouer le contact avec elle. Acerbe, elle te snobait, te clashait dès que tu essayais quoique ce soit. Sûrement juste un jeu, tu t'es dis, comme votre couple. Tu n'as pas cherché plus loin. Surtout que les ennuies à l'appartement t’obnubilais énormément à ce moment là.

Lord heavens above
I'm only human after all, I'm only human after all
Don't put the blame on me
Don't put the blame on me

Tu as passé le stade où tu ne supportes plus la situation, tu provoques désormais ouvertement ton père, t’engueulant avec. Et inévitablement, tu as fini par te prendre des coups. Comme tu fais de la boxe, tu pensais être assez solide, mais être sur un ring en entrainement et se faire battre par un de ses proches sont deux choses différentes. Tu l'as malheureusement appris à tes dépends. Et ce fût sans doute, l'expérience la plus humiliante de ta vie. Tu l'as haïe davantage. Au moins, maintenant ta mère n'était plus la seule qui se prenait des coups et tu culpabilisais moins de te taire. Alors que tu étais de nature solide tu te sentais divaguer, complètement impuissant sur ta situation. Ton petit frère s'est éloigné de toi, te fusillant parfois du regard : la personne que tu as le plus déçu.

Le garçon sage et gentil que tu étais autrefois est maintenant parfois orné d'un ou deux bleus, tu es souvent en retrait, le regard dans le vague et le sourire faible. On ne te reconnais plus dans les couloirs du collège. Tu tournes mal et les gens doivent penser que c'est contagieux car certains commencent à t'éviter. La solidarité, le soutient inexistant des autres, en voilà, une belle désillusion que tu t'es pris. Heureusement, même s'ils ne te reconnaissaient plus, tes amis les plus proches sont encore là pour toi.

Bientôt, des rumeurs circulent à ton sujet. Tu serais un véritable obsédé. Tu aurais demandé des faveurs à des filles de façon grotesque. Voir tu en aurais touché certaines. Tu en as d'abord rigolé, parce que franchement, la plupart des gens qui te connaissent savent que tu ne cherches pas avoir de relation sexuelle. Tu vas seulement avoir 15 ans, tu es encore puceau et cela te vas très bien. Il est vrai que tu aimes faire des compliments aux filles, les séduire un peu, les faire sourire mais tu as toujours eu un comportement correct.



15 ans, bureau du principal, collège de Jun Han

Le principal et un surveillant te demandent des comptes. Les rumeurs étaient visiblement sérieuses, ils ont récolté différents témoignages, tu tombes alors des nues. T'essayes de te justifier, mais que dire si plusieurs filles attestent les rumeurs ? Tu ne vois pas quelle fille ait pu se sentir agressée ou harcelée par toi. Tu démens tout. T'apprend à ce moment là qu'on te soupçonnes aussi de prendre de la drogue. Tu t'offusques. Tu démens, ne comprenant même pas d'où cette information sort. On pointe la dégringolade de tes notes. On pointe les coups que tu as au visage en pensant que tu te bats régulièrement alors qu'on te bat. Tu plies. On t'accuse, on te pointe du doigt au moment où tu as besoin d'aide. Tu serres les dents, alors qu'une boule se crée dans ta gorge, comme si tu allais pleurer. Tu jures de ne plus approcher les filles, de ne plus les draguer et on te laisse sortir avec des avertissements et des heures de colle sur le dos.

Un peu sonné, tu continues de mener ta vie autant que tu le peux. Mais tu sens bientôt que tes amis les plus proches s'éloignent de toi. Visiblement tu leurs causerais du tort, on ne sait comment, en balançant toi même des rumeurs à leurs sujet. Foutaise. Ne supportant plus la situation tu commences à sécher, par tout laisser tomber. Et ça ne fait qu'accentuer les rumeurs. En moins d'un an tu es passé du mec populaire adulé au pariât qu'on évite.

En arrivant un matin très tôt au collège, t'as retrouvé ton casier sans dessus-dessous et tes effets personnels envolés remplacés par une lettre de menace. Tu piges alors (enfin) que quelqu'un en a après toi, que quelqu'un est derrière toutes ces rumeurs. Et il t'as pas fallu longtemps pour trouver que ce quelqu'un, c'était Hyun Ah. Après s'être servi de toi pour être ''la plus populaire'', elle te mettait à terre, voilà Jun Han. Tu t'es bien fais roulé, pas vrai ? Et t'as même plus la force de démentir les rumeurs, de te défendre maintenant. Tu te fais discret, tu t'effaces. Tu te réfugies dans ton club de boxe et dans les jeux vidéos quand tu le peux.

Puis, il y'a eu un jour où tu as eu peur pour ta vie. Ce jour là où tu es sorti du collège un peu tard et que trois mecs qui faisaient une tête de plus que toi t'attendaient de pied ferme. Encore une histoire de harcèlement, des ''on nous a dit que''', ils n'ont même pas vérifié l'information. Hyun Ah a été cherché un frère d'une amie un peu trop impulsif en lui racontant des bobards. Voilà, il en suffisait de peu. Ils t'ont coincé, ils t'ont fais peur en te filant quelques coups.

Cette histoire de harcèlement prenant trop d'ampleur, tu as fini par en parler, complètement casé à ta mère. Tu voulais ne plus jamais retourner dans ce collège. Mais ta mère ne t'as pas vraiment écouté et elle a minimisé les faits. Ne te restant qu'un mois de cours, elle t'as demandé de tenir, t'as dis que vous aviez d'autres soucis plus important que ça. Que tu étais assez grand, assez solide pour supporter tout ça. T'as dis oui alors, par fierté.

Et les rumeurs se sont tues et tu as eu une petite période de répits. Ton ''ex-copine'' a surement jugé par elle même que cela a été trop loin. La situation commençait à tourner chez toi : ton père était moins présent à l'appartement et tu avais vu des papiers de divorce trainer.

Tu te voyais enfin sortir de cet engrenage infernal qui te bouffais depuis tant de mois.
Sauf, que voilà, faut croire que le sort s'est acharné contre toi.

Seven in the morning and I'm lying in my bed
A million ways to hurt you running round and round my head
I won't feel guilty for that
I won't feel guilty for that
no no no

Même sans l'influence de Hyun Ah et de sa bande, les rumeurs continuent de te causer du tort. Un abruti qui doit avoir quelques neurones en moins commence à te coller aux basques. À te provoquer en public, en pleine cours de récréation. Pour faire son intéressant sûrement, parce que c'est vrai que victimiser quelqu'un qui est déjà bien bas, ça le met en un peu valeur ce minable. T'es plus intelligent que lui, plus patient aussi et assez solide pour pas paniquer de suite. T’arrive même à retourner la situation à ton avantage parfois. Mais ces petites scènes où il t'humilie t'agaces au plus au point rapidement.

Et il a eu cette fois de trop.

Cette fois où cet abruti à voulu s'en prendre physiquement à toi. Tu t'étais jamais battu auparavant avec un autre élève, t'étais trop gentil pour ces conneries. Toi tu calmes les tensions ou tu les évites, normalement. Et tu te vois pas Jun Han, perdre complètement le contrôle. Tu pares d'abord ses coups avant de lui décocher un crochet du droit. Il tangue et tu continues. Piqué à vif, fatigué de ses mois harcèlement et d’ennuis familiales, tu craques. Tu continues habité d'une rage qui ne te ressembles pas. Tu frappes, cognes encore et encore jusqu'à t'en faire mal toi même. Le sang coule et ça t'enivres, ça t'animes d'un plaisir malsain. Tu te vois même pas faire, ça te dépasse. C'est à ce moment là où quelque chose s'est brisé en toi. Quand t'as senti que tu ressentais du plaisir à faire du mal à autrui, où tu voulais juste détruire la personne qui te faisais face. Déclic qui te change à jamais, mais tu ne le sais pas encore.

Deux adultes ont dû se mettre sur toi pour t'arrêter. Tu réalises plusieurs minutes après ce que tu as fais. Sonné, choqué. Tu as failli tuer quelqu'un devant une dizaine de personne. T'as les phalanges abimées, l'envie de gerber te tord les entrailles et tu recroquevilles sur toi-même.

Maintenant, tu n'es pas mieux que ton père que détestes tant.
Tu te dégoutes.


16 ans, nouvel appartement, Busan

De l'air, enfin.
Le divorce de tes parents étaient enfin signé, ta mère avait déménagé dans un autre quartier et tu l'avais suivi. Tes notes étant catastrophique, tu étais en train de redoubler ton année dans un autre collège. Ta mère et toi, vous avez repris du poil de la bête, vous réussissez petit à petit à reprendre une vie ''normale'', calme et confortable.

Mais tout n'est pas encore tout rose.

Ton frère, cet idiot, t'as mis le divorce de tes parents sur le dos. Il s'est éloigné de toi, il est belliqueux dès qu'on ose prononcer ton nom et te provoques dès qu'il le peut. Mais tu le sais toi, que c'est juste un gamin blessé au fond. Blessé de voir sa famille se déchirer. De t'avoir vu déchanter et envenimer les tensions familiales, alors que tu lui avais certifié que tout s'arranger. Blessé d'avoir tout compris à la dernière minute aussi. Il lui fallait un coupable et c'était toi.

T'es conscient que jamais il n'aurait pu supporter tout ce que toi, tu as vécu.
Il a toujours été le plus fragile de vous de deux.

Et bien que tu l'aimes beaucoup, tu le trouves pitoyable là, à se la jouer ''grand'', ''fort'' et d'honneur de leçon. Comme le divorce a été signé à l'amiable, vous êtes sensé passer une semaine chez votre mère, puis chez votre père. Toi, tu veux plus le voir ton père, alors t'en fais qu'à ta tête. Quand tu y vas c'est surtout pour semer la zizanie. Et ton frère, par pur esprit de contradictoire, a décidé de passer plus de temps avec votre paternel. Ta mère et toi, vous êtes plus là pour le protéger, pour l'éloigner. Vous savez qu'il risque de voir le mauvais fond de votre père.

L'hygiène de vie de ton frère s'est vite dégradée et t'as assisté à ça de loin, lasse. Tu pouvais pas le protéger éternellement. T'avais envie de vivre ta vie à toi. Égoïste. Il est bonne tête, sûrement plus que toi et il a réussi à trouver son propre équilibre. Tant mieux.


19 ans, Séoul, lycée de Jun Han

Les tensions avec ton frère sont restés, malheureusement.
Envolé pour la capitale depuis un an. T'enchaines maintenant les compétitions de boxe, les bonnes notes, les conquêtes aussi. T'as réussi à te faire de nouveaux amis dans ton lycée, à te faire ta petite place, on parle pas mal de toi même.

Mais t'es plus le Jun Han gentil, sociable et si insouciant d'autrefois.

Le Jun Han extraverti n'existe plus : tu ne sais plus t'ouvrir facilement aux autres, tu sais même plus comment tu faisais auparavant. T'es distant, sur la réserve, tu te méfies. T'as appris à observer les autres et à voir leurs failles, leurs qualités. Calculateur, tu prends ce qui t'intéresse de chacun sans même t'en rendre compte. Tu te rapproches de certains par intérêt, t'en blesses d'autres pour te sentir au dessus d'eux. C'est malsain. T'as redécouvert cette sensation qui t'habitais à chaque fois que tu blessais quelqu'un et ça t'as rendu accro. Tu places des petites piques pour rabaisser des gens qui n'ont pas confiance en eux, tu t'es mis en harceler d'autres plus sérieusement, à en coincer et à les voir tomber. Tu sais bien que c'est mal, t'essayes de rester discret, voir de te contrôler. Et tu le sens bien que certains se méfient de toi.

T'es devenu un bourreau, froid, manipulateur, avec ses victimes préférées.

Ta mère a tenu à ce que tu fasses des études qui te plaisent avant tout, dans une université reconnue. Tu t'es dirigé naturellement vers une filière sportive, le reste t'intéressant peu. Ta demande de bourse a été refusé pour la Yonsei pour ton entrée en licence : l'agression et le renvoi à tes 15 ans faisant tâche dans ton dossier. T'as retenté ta chance pour le master et ce fut gagné. Tu es à l'université de la Yonsei depuis l'année dernière.