Une dernière brume froide s’échappe de ses lèvres avant de disparaître sous la chaleur ambiante qui souffle sur elle alors qu’elle ouvre la porte. La clochette de la porte retentit signale l’entrée de la jeune femme dans le petit café et pendant un quart de seconde tous les regards se tournent sur elle. Nullement intimidée par ce flot d’attention subitement sur elle, ses yeux noisettes vient regarder la photo de profil de son téléphone avant de venir naviguer sur chaque visage. Elle les analyse rapidement, cherchant à reconnaitre dans chacun d’entre eux la personne qu’elle doit rencontrer. En vain. Elle hausse les épaules intérieurement et se dirige vers une table pour l’y attendre. Elle s’assoit, frotte ses mains gelées pendant un instant pour profiter de cette chaleur mille fois plus agréable que le froid glacial qu’il fait dehors avant de se dévêtir presque à contre cœur. Si elle s’écoutait, elle restera en position latérale de sécurité près d’un chauffage et enveloppée dans tous les manteaux des clients. Sûrement qu’elle passerai pour une grosse tarée mais au moins, elle n’aurait plus froid.

La serveuse étant légèrement débordée avec les commandes des autres clients, Haru attend calmement en envoyant un message au jeune homme qu’elle attend pour lui signaler sa position dans la pièce afin qu’il n’ait pas trop à chercher. Pour une fois, elle ne ressent pas l’angoisse d’être en retard. Pour une fois,  elle a le temps, pour une fois depuis longtemps elle n’est pas pressée par le temps. Aujourd’hui elle ne travaillait pas, n’avait eu aucun cours et avait déjà étudié le dossier de son père pendant de longue heures dans la matinée. Elle avait ensuite pu prendre un peu soin d’elle, se prélasser dans un bain inondé de bulles tranquillement avant de sortir. La seule chose qui animait son après-midi était cette séance photo sur le thème de la danse. Initialement, Haru n’aurait jamais répondu à une recherche de modèle : parce que cela ne la tente pas trop, parce qu’elle ne pense pas être physiquement exceptionnelle. Mais celle-ci l’avait attirée par ce thème qui lui parle bien trop pour qu’elle ferme les yeux. Elle avait alors foncée, tête baissée et contacté le jeune homme par mail en lui déclarant qu’elle était intéressée joignant une photo au cas où. Après tout, qu’avait-elle à y perdre ? Absolument rien, d’autant plus que quelques heures après il l’appelait.

Tenue | J'étais à la bourre. GRAVE à la bourre. Tout ça parce que Hee Yeon avait dû me lâcher au dernier moment pour garder Bobby cet après-midi. Déjà que je détestais ça, voilà que je me retrouvais contraint à passer dix bonnes minutes à convaincre ma colocataire de garder un oeil sur lui pour quelques heures, mon capucin étant malade. Les dernières vérifications dans mes affaires de faites pour être sûr de n'avoir rien oublié, j'étais finalement parvenu à enfiler ma veste et partir plus vite que l'éclair au café où on m'attendait.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas organisé de shooting photo, pour des projets personnels qui ornaient les books que je gardais précieusement dans ma bibliothèque. Je faisais toujours le maximum pour mes cours, mais faire de la photographie pour moi, avec mes idées, ça m'avait manqué. J'étais à un stade ou je recommençais tout à zéro, et j'étais surtout bien décidé à trouver une galerie qui accepterait d'exposer mes clichés un jour. Pour ça, j'avais décidé de choisir un thème sur lequel j'avais réfléchis plusieurs fois, durant mes séjours à l'hôpital, la danse. Désormais sans contrainte pour mener à bien un projet, j'étais à la fois heureux, et anxieux, de me remettre dans le bain.

Le message d'Haru me fit presser le pas, même si j'étais quasiment arrivé. Un léger soupir, et je m'engoufrais dans le petit café, profitant de la chaleur de l'endroit à peine entré. Sans difficulté, j'avais reconnu la demoiselle avec qui j'avais rendez-vous et m'étais présenté devant elle. "Bonjour, Chae Evan, enchanté. Désolé pour le retard, j'espère que je t'ai pas trop fait attendre." Un léger sourire gêné sur le visage, je m'installais en face d'elle, posant délicatement mon sac par terre. "Merci d'être venue en tout cas. Ca va, pas trop stressée ?" Même si au fond de moi, je l'étais, je faisais tout pour ne pas le montrer. Passer par la recherche de modèles, l'organisation des shootings, ... Cette simple idée laissait traîner un petit sourire sur mes lèvres sans que je m'en apperçoive réellement.

Une fois son message envoyé, la jeune femme eut à peine le temps de croiser les jambes sous la table et de poser son téléphone portable qu’une silhouette s’approchait d’elle.  Instinctivement intriguée, elle levait les yeux vers cette dernière pour y découvrir le jeune homme qu’elle attendait. Un sourire s’étirait automatiquement sur ses lèvres tandis qu’il se  présentait et s’excusait pour son retard. « Bonjour, Bang Haru. » Elle se lève légèrement pour lui offrir une légère courbette polie, doutant qu’il soit nécessaire qu’elle se présente mais préférant le faire au cas où. Elle s’installe à nouveau sur sa chaise, reprenant sa position initiale. «  Non ne t'en fais pas c’est pas grave, je suis arrivée il n’y a pas longtemps non plus de toute façon. » Un léger rictus reste inscrit sur ses lèvres pour lui prouver qu’il n’y avait pas de mal. Elle était même un peu surprise qu’il soit arrivé aussi vite : après son message elle aurait imaginé qu’il débarquerait peut-être vingt ou trente minutes après, le temps avant lequel elle ne commence à s’énerver très légèrement en soi. Car oui, la Haru qui passe sa vie à sourire, discuter, s’occuper de tout le monde et rire aux blagues les plus nulles de l’univers s’agace, s’énerve aussi parfois, n’en doutez pas !  Il lui faut du temps, relativement important selon son humeur c’est vrai, mais lorsqu’elle atteint sa limite c’est l’ouragan. Plus moyen d’en placer une sous son avalanche de reproches qu’elle aura trop longtemps contenus et d’insultes que même le diable serait outré d’entendre. Mais bon, ce genre de situation n’arrive que très très rarement un peu à la même fréquence que les solaires, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut venir la titiller avec un bâton.

Néanmoins, toutes ces pensées sont tellement loin des siennes à ce moment présent puisque elle ne pense à rien, se contentant seulement de le regarder s’installer avant qu’il ne reprenne la parole. Si elle se sentait stressée ? Elle a maintenant l’habitude de danser devant des salles de concerts pleines à craquée, une séance photo avec pour seul "  public " une seule personne ne devrait pas l’angoisser mais pourtant, elle stress un peu. « Un peu … » Avoua-t-elle avec une petite moue avant de sourire doucement en haussant un peu les épaules. « C’est la première fois que j’en fais un, je ne sais absolument pas ce que je vaux alors si au cours de la séance cela ne ressort pas bien ou ne donne pas ce que tu veux, n'hésite pas à me le dire. » Elle ne saurait même pas dire si elle est photogénique alors peut-être qu’elle ne ferait pas une bonne modèle, peut-être qu’elle n’arrivera pas à faire ce qu’il lui demande ou à faire ressortir les choses comme il l’imagine. Ce genre de chose est tout nouveau pour elle, cela lui est totalement inconnu et c’est même pour cette raison qu’elle avait répondu à son annonce mais elle ne voulait cependant pas lui faire perdre de temps.

La jeune femme a un milliard de questions qui lui brûlent la langue, poussée par sa curiosité qui se montre parfois très insistante mais par crainte de le voir assommé de question, mal à l’aise ou quoique ce soit de négatif pour sa personne, elle préfère se retenir pour l’instant. Au pire, elle passera pour une psychopathe plus tard … Comme ayant entendu son appel à l’aide intérieur, la serveuse vient bousculer ses pensées et ces questionnements qui ne demandent qu’à être assouvis en venant prendre leurs commandes.

Tenue | Ca fait si longtemps que l'idée de travailler avec de nouveaux modèles traîne dans ma tête que je suis réellement heureux de pouvoir à nouveau organiser des shootings photos. Bien sûr, il y a ce léger stress qui reste bien présent, cette peur incontrôlable de mal faire les choses, de me retrouver en face de quelqu'un pas du tout réceptif à ce que je voudrais faire passer comme émotion, de ne pas être assez attentif à ce que je fais ... La liste de ces petits détails qui m'angoissent serait bien longue, mais je tente de mettre tout ça de côté et me concentrer au maximum pour que tout soit fait le mieux possible. J'esquisse un léger sourire en apprenant qu'Haru n'a pas attendu trop longtemps, ça me rassure un peu et m'aide à me détendre. "Tant mieux." Je m'installe rapidement, le sentiment que tout est en train de redevenir comme avant. C'est pas comme si je n'avais fait aucune photo en un an, j'ai quand même fait de mon mieux pour pouvoir encore vivre un peu de ma passion. Mais il faut dire que Bobby et Hana ont été mes modèles principaux durant tout ce temps, simplement parce que j'étais incapable de tenir debout par moi-même. Ce shooting finalement, c'est aussi un peu un test pour moi. J'espère que ça va me conforter dans l'idée que je suis toujours capable de vivre capturant ces secondes de vie qui ont un réel sens pour moi.

Tout ça mis à part, je garde mon sourire et observe Haru. J'ai choisi un thème bien précis, ça me complique un peu la tâche sur ma recherche de modèle, mais j'ai toujours confiance en mes choix, espérant à chaque fois secrètement ne pas me tromper malgré tout. Si pour moi, c'est un nouveau défi, il semble que ce soit la même chose pour la demoiselle, ce qui me fait esquisser un léger sourire. "On va faire en sorte que tout se passe bien alors. S'il y a quoi que ce soit qui te gène, ou n'importe quoi, n'hésite surtout pas à me le dire pendant le shooting." J'essaie de garder un ton rassurant, même si je sais bien que ça ne suffira pas à la faire stresser un peu moins. Je suis pas vraiment doué pour ça, mais je fais de mon mieux, tout en ressentant moi aussi un léger stress. Au fond, je serais incapable de ressentir la même chose qu'elle. Je n'ai jamais été modèle, seulement lorsque je m'amuse, rarement, à faire des auto-portraits - qui sont souvent ratés. Je n'ai pas vraiment le temps de penser à quoi que soit qu'une serveuse s'approche de nous. Je laisse Haru commander la première avant de choisir un cappucino et reposer mon regard sur elle lorsque la serveuse repart en direction du bar. "Lorsque je rencontre un modèle pour la première fois, je préfère toujours passer un moment à discuter avec elle. J'espère que ça te dérange pas. Si t'as la moindre question, n'hésite surtout pas à la poser. C'est fait pour ça." Mon visage traduit très certainement le bonheur que je ressens de faire un nouveau shooting, mais aussi cette légère angoisse dont je n'arrive jamais à me défaire dans ce genre de moment.

« Je n’hésiterai pas alors. » La jeune femme laisse un sourire gagner ses lèvres. Haru était agréablement surprise qu’il s’intéresse un peu à son ressenti et qu’il la rassure ainsi. Elle aurait imaginé qu’il viendrait en terrain conquis, à vérifier seulement sans la moindre discrétion qu’elle n’ait pas photoshopé ses photos avant de vouloir passer directement dans le vif du sujet, lui dicter tout ce qu’elle sera obligée de faire sans pouvoir s’y opposer. Il n’était rien de tout cela et fort heureusement. Il se montrait agréable et souriant, c’était apaisant et cela lui ôtait un poids considérable. Peut-être que lorsqu’ils passeront aux choses sérieuses il aura réussi à lui faire envoler le peu de stress qui la fait vibrer. Elle s’appliquera pour ôter ce sentiment elle aussi. Après tout, la photographie est une capture d’émotions, de sentiments et même si cela ne sera clairement pas visible sur les traits de son visage, le papier pourrait le faire ressentir.

Très vite, une serveuse vint un peu interrompre ses pensées pour prendre leur commande. La gumiho n’était pas certaine qu’il souhaite rester un moment ici mais si cela ne serait pas le cas, pourquoi se donner rendez-vous ici ? Elle prend l’initiative de commander. Au pire, elle boira sa commande en troisième vitesse et puis c’est tout. La jeune femme partie, Evan reprit la parole. Faire connaissance ? Décidemment, il était bien loin de ce qu’elle avait pu imaginer mais de manière très positive. De nature très sociable, Haru ne pouvait refuser. Elle aime beaucoup rencontrer du monde, faire connaissance même si ces derniers temps, cela lui restait difficile. Entre son travail de danseuse et ses efforts pour trouver une solution pour faire sortir son père de prison, elle avait du mal à trouver du temps pour alimenter sa vie sociale. « Non ça ne me dérange pas. » Elle laisse un nouveau sourire déborder de ses lèvres avant de demander, remplie de curiosité. « Tu fais des photos depuis longtemps ? »

Tenue | Ca peut paraître bizarre, d'inviter son modèle à boire un café avant de faire le shooting, mais c'est important pour moi. J'ai toujours eu cette sensation que si le photographe et la personne en face de lui se connaissent un minimum, il est plus facile de faire ressortir certaines émotions. Et puis, ça permet aussi de diminuer le stress, de ne finalement pas être en face d'un pur étranger. Ca reste quand même une partie du boulot à faire avant shooting. Avec de simples conversations, j'arrive plus facilement à cerner la personne, et savoir quelle partie d'elle je peux dévoiler sur papier. On peut trouver ça anodin, mais dans le fond, j'ai toujours trouvé que c'était un bon début de collaboration.

Je suis pas le plus doué pour rassurer les gens, mais je fais de mon mieux. Et j'ai bien l'impression que ça fonctionne avec Haru, ce qui me fait esquisser un sourire. "J'ai eu mon premier appareil photos quand je devais avoir treize ou quatorze ans. Mais j'ai réellement commencé il y a six ans, et j'en ai fait mes études." Ca fait un peu résumé de mon cv, mais au moins, elle connait un peu mon parcours et peut juger par elle même ce qu'elle en pense. Je me redresse un peu sur ma chaise et observe la demoiselle. "Tu fais de la danse depuis longtemps ?" Vu que c'est le thème du shooting, ça tombe un peu sous le sens qu'on en parle. Je suis toujours curieux à propos des passions des gens. J'espère juste ne pas trop la brusquer en posant ce genre de question.

J'ai choisis diverses personnes pour des shootings assez différents les uns des autres. J'en ai un de prévu dans quelques jours avec un couple, et c'est organisé au bord de la rivière, un environnement à l'opposé de celui d'aujourd'hui. Mais Haru est la première à poser pour ce projet. C'est un peu comme le début d'une aventure. J'ai déjà hâte de voir ce que ça va donner.

Tenue | Plus elle y réfléchissait, plus faire connaissance lui semblait une très bonne idée. En dehors de son caractère sur-sociable qui l’avait poussée à accepter immédiatement, elle y comprenait un intérêt artistique. Si elle savait à qui elle avait à faire sûrement qu’elle se lâchera davantage, surtout si le courant passe bien et sans aucun doute, le résultat ne sera que meilleur. Alors, sans hésiter une seule seconde et transportée par sa curiosité qui s’exerçait tel un torrent de question en elle, elle commençait à le questionner à propos de sa passion pour la photographie. Depuis quand il en faisait ? Etait-ce une passion ? Une obligation ? Un héritage familial ? Souhaite-t-il en faire son métier ? Pour le moment, la jeune femme s’en tenait seulement à la première. Elle ne voulait pas paraître pour une folle, une psychopathe et le voir se barrer en courant parce qu’il l’aura trouvée tout de suite louche à l’assommer de questions.

Haru acquiesçait alors avec un sourire lorsqu’il lui contait rapidement son parcours. Son âge devait environner le sien alors elle pensait pouvoir affirmer qu’il en est passionné depuis longtemps. Enfin, elle déduisait qu’il en était passionné sinon il serait un peu stupide d’en faire ses études. « C’est une passion de longue date alors. » Elle laisse un sourire déborder de ses lèvres avant de poursuivre. « Tu comptes ouvrir un studio à l’avenir? » Puis elle  l’entendait lui retourner la question. Depuis quand elle faisait de la danse ? Sûrement que déjà dans le ventre de sa mère elle s’entrainait déjà. « Huum, aussi loin que je me souvienne j’ai toujours dansé mais j’ai commencé à prendre des cours aux Etats-Unis à l’âge de sept ans et j’ai continué même après avoir déménagé, jusqu’à il y a deux ans quand la YG m’a engagé. » Lorsqu’elle y repense, c’est un beau parcours qu’elle a fait là et elle n’en est pas peu fière. Pour le coup, il n’y a eu aucun piston comme certaines rumeurs le prétendent, elle ne doit cette embauche qu’à son travail et son talent. « Mais je n’ai pas voulu en faire mes études. » C’était un grand mensonge, mais elle se voyait mal lui expliquer le pourquoi du comment elle avait fini en droit et finir par devoir lui raconter ses problèmes familiaux. La serveuse arrivait avec leur commande, Haru la remerciait rapidement. « Tu as déjà fait des shooting sur ce thème ? » Soudainement, elle se rendait compte qu’elle lui posait peut-être trop de question d’un seul coup. Le naturel revient toujours au galop ! « Oh, si je te pose trop de questions n’hésite pas, j’ai tendance à m’enflammer parfois avec ma curiosité et assommer les gens de questions. » Elle se mit à rire un peu, consciente de ce défaut.

Tenue | Si la plupart des photographes ont souvent leurs modèles préférés, j'apprécie toujours travailler avec de nouvelles personnes, développer les horizons que peut proposer cet art. Bien sûr il y a Hana, qui n'a aucune chance d'esquiver mon objectif quand j'ai une idée en tête, et Nora avec qui j'organise dès que possible des shootings. Mais dans le fond, préparer des projets tous aussi différents les uns des autres me fait rencontrer davantage de monde. Il y a toujours ce léger stress supplémentaire lorsque le modèle est débutant, cette peur de mal faire les choses, ou bien de décevoir la personne en face. Cela dit, je trouve surtout que c'est ce qui donne un charme supplémentaire à certains clichés.

Mon parcours est plutôt banal à mes yeux, je n'étais peut être pas destiné à en faire mes études. Je reste malgré tout fier de pouvoir dire qu'en plus d'être une passion, c'est aussi le métier que j'ai décidé d'exercer plus tard. "On peut dire ça oui." Je lâche un petit rire avant de reposer mon regard sur Haru. "Pour le moment, je me contente de mes études, j'ai déjà eu la chance d'exposer des projets dans des galeries, ce qui est une grande étape pour moi. Mais oui, c'est dans mes objectifs à long terme." Mon sourire ne me quitte pas. Il faut dire, c'est toujours comme ça quand on parle de ma passion. J'écoute attentivement ma vis-à-vis, qui semble être tout aussi passionnée dans son domaine.

Ce qui est le plus intéressant dans ce genre de projet, c'est justement de rencontrer des gens qui ont cette lueur dans le regard lorsqu'ils parlent de leur domaine de prédilection, qui vivent de cette passion qu'ils peuvent avoir. Ca a un côté motivant, une envie de rendre le résultat le plus parfait possible. C'est exactement ce que je sens quand je la regarde parler. "C'est un beau parcours. C'est pas donné à tout le monde de faire partie de la YG." Je souris toujours autant, pendant que la serveuse ramène nos boissons. Je la remercie d'un geste de la tête avant de me reconcentrer sur les questions de la demoiselle. Un nouveau rire s'échappe de mes lèvres à la dernière remarque d'Haru. "T'en fais pas, ça me dérange pas. Tu peux me poser toutes les questions que tu veux. C'est la première fois que je travaille sur ce thème. J'ai eu l'idée il y a un moment, il était temps que je mette tout en place."

Tenue | Haru sait ce que c’est que d’être passionné. La danse s’était présentée à elle comme une révélation, une illumination divine. Un amour depuis toujours, dès les premiers pas. Une envie de toujours faire, toujours pratiquer avec ou sans musique, accompagné ou non d’un bruit. Quelque chose d’aussi incontrôlable que l’amour, sûrement plus, un appel irrésistible. Alors elle comprenait son envie d’en faire ses études et puis à l’avenir, son métier. Elle, elle avait fait les choses dans le désordre. Au début en droit par simple hasard il faut le dire, elle est devenue danseuse. Seulement, l’emprisonnement de son père et sa détermination de l’en faire sortir était déjà présente lorsqu’elle voulut changer. Alors elle attendra que son objectif soit atteint.

Ses sourcils s’ôtaient alors qu’il lui expliquait qu’il avait déjà exposé en galerie. « Vraiment ? » Surprise et admiration. Elle se sentait encore plus pressée de poser pour lui. C’est qu’il devait vraiment être doué, bien qu’elle le savait déjà pour avoir regardé un peu son travail sur le net mais cette information le lui confirmait une nouvelle fois. Qui accepterai en sa galerie des clichés peu intéressant ? « Tu dois être vraiment doué alors, j’aurai vraiment aimé voir ça ! Tu n’en as pas en ce moment ? » Elle n’y connaissait pas grand-chose, à vrai dire absolument rien, mais cela l’intéressait. Le gêne de la curiosité la poussait à se renseigner sur à peu près tout, quitte à regarder des reportages animaliers complètement nuls.

Le sujet de discussion virait sur elle. Naturellement, elle lui racontait à son tour son parcours. Un sourire immense naissait sur ses lèvres lorsqu’il lui dit que c’était un beau parcours. Elle avait énormément travaillé pour arriver à son but et elle y est parvenue. « Merci, j’espère y rester le plus longtemps possible. » Ne sait-on jamais, une chute malheureuse, une faute ou autres sont si vite arrivés … Elle ne s’attarda pas bien longtemps sur ce qui pourrait lui arriver de malheureux dans la vie. Elle n’est pas comme ça, Haru est plutôt une force positive. Alors, une nouvelle question franchissait ses lèvres. Soudainement, elle eut peur de trop l’assommer de questions. D’abord au sujet de sa passion puis de ce shooting … Elle ne voulait pas qu’il ait l’impression d’être en plein interrogatoire. Pourtant, il la rassurait premièrement par son rire qui effaçait sa mine craintive puis par ses mots. Un sourire élargit pour la millième fois ses lèvres. « Toutes ? » Demandait-elle en haussant les sourcils. « Même genre, de quel couleur est ton slip ? Est-ce que t’es le genre à sortir avec deux chaussettes pas accordées ? Comment t’appellerai ton poisson si t’en avait un ? Peut-être même que tu en as un, est-ce que tu as un poisson ? Tu mets le lait avant ou après les céréales ? Parce que c’est clairement le genre de question que je pourrai venir à poser et à attendre sincèrement une réponse comme là : alors Chae Evan, de quelle couleur est votre sous-vêtement ? » Elle fit papillonner ses yeux verts quelques instants avant de se mettre à rire. Peut-être qu’elle l’a maintenant traumatisée ou alors qu’il n’a simplement rien compris car en s’enflammant, elle s’est mise à parler vite et son accent à rendu ses mots incompréhensible. « Non sérieusement, c’est un beau projet. » Tentait-elle de redevenir sérieuse en prenant une gorgée de sa boisson comme pour brûler toutes ces questions qui lui chatouillait la gorge.

Tenue | à voir les réaction de haru, je suis déjà impatient de commencer la séance photos. quand j'ai commencé à monter des projets en dehors de mes études, à partir à la recherche de modèles, d'endroits inspirants et insolites, je ne pensais pas que cela me mènerait à autant de rencontres aussi inattendues et appréciables. même si nous discutons depuis peu de temps, j'ai le sentiment que la demoiselle fait partie de ces personnes que j'ai pu cotoyer, et que je cotoie encore. alors j'ai ce sourire qui ne quitte pas mon visage, rougissant presque à ses compliments. je n'ai jamais eu la prétention d'être un grand photographe, précisant toujours dans mes annonces que je ne suis pas un professionnel. mais ça fait toujours chaud au coeur de voir qu'autant de gens puissent apprécier mon travail. une pointe de gêne dans mon sourire, je me mordille l'intérieur de la joue avant de répondre. "l'art reste subjectif, mais sûrement oui." je lâche un petit rire avant de reprendre. "j'expose pas pour le moment mais j'espère pouvoir présenter de nouveau projets rapidement." des étoiles dans les yeux, comme à chaque fois que je repense au sentiment que j'ai ressenti la première fois que j'ai pu montrer mon travail dans une galerie, sans aucun lien avec mes études.

je garde une oreille attentive à haru tout en commençant à boire mon cappuccino. "j'espère aussi. mais je doute pas du fait qu'il y ait aucune raison que ça s'arrête." je lui adresse un léger sourire. je ne doute jamais du potentiel des gens tant que je ne me suis pas fait ma propre idée. de ce qu'elle me dit, il est difficile de croire qu'elle n'est pas douée dans son domaine, sinon elle ne serait pas là ou elle en est aujourd'hui. je suis toujours admiratif de ceux qui osent vivre leur passion. c'est ça qui m'inspire, et qui m'inscite à croire que je peux le faire aussi. après tout, qui ne tente rien n'a rien. en attendant de pouvoir constater du talent de la demoiselle, je l'écoute parler, toutes ses questions me font rire, alors qu'à la dernière je me redresse un peu, prenant un air le plus sérieux possible. "êtes-vous sûre de vouloir savoir cela mademoiselle bang haru ?" je ris de plus belle, ne pouvant pas réellement rester aussi posé à la répartie aussi amusante soit-elle de haru. je me reprend rapidement en posant mes mains sur la table. "merci ! pour le reste, j'essaierais de répondre à toutes tes questions si tu le désires." je lui adresse un nouveau sourire, gardant ce même air légèrement rassurant, voulant réellement faire en sorte que tout se passe le mieu, notamment pour haru.