Tenue | Haru constatait que lui aussi, il avait su réussir à mener à bien de nombreux projets. Exposer dans une galerie, elle imaginait que c’était vraiment quelque chose pour un photographe. C’est dévoiler au monde son travail, lever un voile sur son univers, sûrement ouvrir son cœur et risquer également des critiques pouvant se montrer dérangeantes ou fatales. Elle, elle n’y connaissait sincèrement rien mais elle se disait que si une telle opportunité s’était présentée à lui, c’est pour une bonne raison. Pourtant, elle voulait bien le croire lorsqu’il disait que l’art est quelque chose de subjectif. « Tu me préviendras si tu viens à exposer à nouveau ? Ça me plairait vraiment de passer voir. » Elle laisse un rictus déborder de ses lèvres.

Elle espérait, elle aussi rester aussi longtemps possible à la YG. « On ne sait jamais, une blessure est si vite arrivée. Si je voudrais éviter tous les risques même au quotidien je crois qu’il faudrait que je sorte entourée de papiers bulles ou de cotons mais franchement, de quoi j’aurai l’air ? »  Elle laisse un léger rire s’échapper de ses lèvres avant de poursuivre. « Et puis, c’est beaucoup de pression, même si la probabilité que le public remarque un de tes faux-pas est proche du zéro absolu on n’a pas vraiment le droit à l’erreur. Une fois ça va mais j’ai connu des filles à qui on a gentiment montré la porte après en avoir accumulée quelques unes. » Malgré le stress, la pression et quête de la perfection constante, cela n’était pas toujours évident. Beaucoup trop de danseuse avaient d’énormes coups de moues, c’était un travail aussi physique que mental.  

Après avoir parlé d’elle, Haru revenait très vite sur Evan. Beaucoup trop curieuse, elle l’assommait littéralement de question. Pourtant plutôt que de le faire fuir, elle fut heureuse de constater que cela le faisait en réalité rire. Mieux encore, il n’hésitait pas à entrer dans son jeu ce qui eut le don de faire naître un sourire immense sur ses lèvres. « Êtes-vous sûr de vouloir prendre le risque de devoir me dévoiler un tel secret ? » Elle rit légèrement à son tour.
A l’entente de son nom, la jeune femme se questionne soudainement sur l’origine du sien. Chae Evan … Pourtant à première vue, il n’avait absolument rien d’un occidental. Si on lui aurait demandé de deviner son prénom et en dehors du fait qu’elle est totalement nulle en devinette, elle ne l’aurait sûrement jamais trouvé. Peut-être qu’un de ses parents est américain car l’américaine qu’elle est pensé immédiatement à sa nation ? Ou peut-être d’une autre ? Peut-être qu’il n’est pas né en Corée du Sud ? Ou peut-être qu’il ne s’agit là simplement d’un pseudonyme ? Un nom d’usage utilisé ailleurs qu’il aurait conservé ? Elle trouvait cela tout de même vraiment amusant. Elle, elle ne se présentait jamais par son réel prénom. Lors de son arrivée elle fut contrainte d’utiliser un prénom d’usage. Kelsey étant beaucoup trop compliqué à prononcer pour les coréens et sûrement son ouïe encore beaucoup habituée à l’anglais, elle n’arrivait pratiquement jamais à comprendre qu’on l’appelait, qu’on lui adressait la parole ou ce genre de choses. En soit, une situation très problématique à l’école. Alors, ses parents lui donnaient un prénom d’usage. Bien sûr les débuts furent difficiles, elle oubliait un peu trop souvent qu’elle était Haru en Corée ou pire, oubliait littéralement son prénom. Mais au fur et à mesure du temps et l’apprentissage de la langue elle s’y est faite. Cela était simplement une habitude à prendre. « Evan c’est ton vrai prénom ou un pseudonyme, un prénom d’usage ? » Elle se permet de lui demander malgré sa tentative de brûler toutes ces questions qui lui piquent la gorge avec sa boisson chaude. Après tout, ne venait-il pas de lui dire qu’ils répondraient à toutes ses questions ?

Tenue | si j'en suis là aujourd'hui, je le dois aussi à ceux qui ont cru en mon travail. que ce soit mon frère et ma soeur, ou bien mes amis, des professeurs, chacun à leur manière m'ont aidé à avancer dans cette voie qui m'a toujours fascinée. après tout, je volais déjà les appareils photos de ma mère étant petit pour pouvoir immortaliser tous les moments possibles de notre quotidien. bien que ça ne m'ait jamais quitté, le chemin a été long pour que je me décide à ne pas suivre ce qu'on a voulu tracer pour moi. je n'ai pas beaucoup d'expositions à mon actif, mais chacune d'entre elle me conforte dans l'idée que je pourrais y arriver un jour. et c'est aussi des personnes aussi curieuses qu'haru qui me poussent à continuer. "avec plaisir ! bon, je t'avoue que j'ai aucune idée de quand ça arrivera, mais je te dirais ça." j'affiche un nouveau sourire, me confortant chaque minute un peu plus dans l'idée que ce shooting se passera bien.

j'avoue ne pas être un très grand connaisseur dans le domaine de la danse, mais je n'ose imaginer le boulot que ça doit être lorsqu'on évolue à haut niveau. au fond, chaque passion est différente, et demande une implication autre, mais tellement similaire à la fois. c'est fabuleux de voir à quel point chaque personne le vit d'une manière aussi opposée. "effectivement, ça doit pas être très pratique." je lâche un rire, reposant rapidement mon regard sur la demoiselle, l'observant alors qu'elle parle. la danse et la photographie sont deux arts à l'opposé, et pourtant j'aime à penser que les deux réunis peuvent faire des merveilles. je ne pensais cependant pas que la danse pratiquée à cette échelle pouvait être aussi rude. mes sourcils se relèvent légèrement, une moue presque étonnée sur le visage. "ah oui. la pression doit être bien présente quand même. en tout cas chapeau, c'est pas donné à tout l'monde d'en arriver là." un sourire admirateur prend forme sur mon visage sans que je ne puisse le contrôler.

il faut croire qu'haru a beaucoup de questions en tête, ce qui a le don de me faire sourire davantage. l'air sérieux, je croise mes bras me redressant. "oh, je pourrais, qui sait." son rire est communicatif, et je fais de même, essayant malgré tout de ne pas paraître trop distrait. la question qu'elle finit par me poser me fait légèrement redresser la tête, ce rictus ne me quittant pas. "c'est mon vrai prénom. je sais que ça peut paraître un peu inhabituel pour un coréen. c'était une lubie de ma mère pour tout te dire." je ris un peu avant de boire une gorgée de ma boisson. même si ce n'est pas tout à fait exact, c'est la réponse que j'ai toujours donné quand on me l'a demandé. après tout, je peux comprendre que les gens se posent la question. pour moi, j'ai toujours été coréen ; non pas que je rejette mes origines de par mon père, mais j'ai arrêté de penser à ces histoires il y a bien longtemps. et à en parler aussi. ça ne veut pas dire que je cache la vérité, je suis né à séoul et me suis toujours considéré comme pur séoulite. ce sang américain en moi n'est qu'une erreur de ma mère au final.

Tenue | Elle plaisantait au sujet de comment elle pourrait s’éviter une blessure car à vrai dire, les risques ne sont pas seulement durant les entrainements mais partout. Dans les escaliers, dans la rue, contre un pied de table sauvage qui apparaît devant le petit orteil … « Un jour je le ferai, je t’enverrai une photo ! » Elle se met à rire, imaginant par avance la dégaine parfaitement ridicule que cela lui ferai. Quoique, peut-être qu’elle pourrait lancer une mode ! Après tout, la plupart des vêtements de grands créateurs sont aussi cher qu’étrange parfois. Lorsqu’on y pense, il y a bien quelqu’un qui a eu l’idée de faire un robe uniquement constituée de viande à Lady Gaga alors pourquoi pas du papier bulle ? Après ce court passage qui trahissait sûrement le côté un peu jeté et trop facilement amusé de sa personnalité, elle reprenait plus sérieusement en lui parlant du grand amour de sa vie : la danse. Enfin du moins, la partie un peu sombre parfois oubliée de sa profession. La pression, le fait de toujours devoir faire mieux et cette nécessité d’être irréprochable afin d’éviter qu’on lui tombe dessus à peine sortie de scène. Quelques points négatifs non négligeable mais qu’elle a toujours accepté car au final, cela en vaut la peine. « C’est vraiment gentil. » La remerciait-elle avec un sourire immense. Elle n’était pas tout à fait sûre d’avoir beaucoup de mérite mais il est vrai qu’elle s’était donnée tous les moyens, avait saisie toutes les opportunités possible pour réussir.

Evan ne prend pas ses jambes à son cou alors qu’elle l’assomme de question, même alors qu’elle le taquinait sur la couleur de son sous-vêtement. Si elle voulait vraiment le savoir ? En soit, cela ne changerai clairement rien à sa vie. A la limite, elle pourrait peut-être chercher la signification de sa personnalité grâce à la chanson string color mais là encore, cela n’était pas une information déterminante. Mais pourtant, c’est le genre de détail insignifiant qu’elle pourrait entendre sans trouver ça complètement bizarre. « Je pourrai te reposer la question sans que tu ne t’en rendes compte, peut-être dans une dix minutes ou dans dix jours mais tu poses trop de mystère pour que je puisse rester dans l’ignorance. » Riait-elle un peu. Et ça, il est certain qu’elle le fera ! Jusqu’où Monsieur Chae Evan ira dans ses confessions ?

Finalement après l’avoir entendu prononcer son nom, elle se questionne sur l’origine de son prénom. Si il s’agit du vrai – ce qu’il confirma – elle trouvait amusant que lui qui semble si coréen porte un prénom américain et elle qui est physiquement si américaine porte un prénom asiatique sur le sol coréen. Elle se questionnait ensuite sur ses origines, peut-être avait-il un parent issu d’un autre pays, mais celui-ci lui expliquait qu’il ne s’agissait là que d’une lubie de sa mère. Rien de plus, rien de moins. « Oooh je vois. C’est vrai que je me suis posée la question mais ce n’est pas choquant. » Elle haussait les épaules avec un léger sourire. Elle, ça l’arrangeait, elle était au moins certaine de ne pas écorcher son prénom et de se prendre un scarface terrible pour cet affront. Elle prit une nouvelle gorgée de sa boisson car elle n’arrêtait pas de parler mais sa boisson refroidissait.

Tenue | quand je vois l'état de ma jambe, je me dis que si je m'étais plutôt tourné vers un domaine plus sportif - comme la danse par exemple - il est certain qu'à l'heure actuelle, j'aurais du tirer un trait dessus. je n'imagine même pas ce que ça doit provoquer à l'intérieur si ça arrive. le simple fait de ne pas avoir pu bouger pendant plusieurs mois, et donc arrêter la photographie pendant ce temps a été une réelle torture, alors je n'essaie même pas de penser à ce que ça serait si c'était définitif, et surtout à cause d'une blessure. ça doit être juste horrible. mais haru me fait oublier tout ça rapidement en s'imaginant enveloppée de papier bulle, me faisant rire rien qu'en tentant de savoir à quoi ça pourrait ressembler. "ah ça, t'y échapperas pas !" je souris de manière amusée, je tiens à savoir ce que le résultat donnerait ! il m'est difficile d'avoir un visage neutre en voyant la demoiselle, encore plus en discutant avec elle, impossible d'effacer ce rictus sur mon visage. en plus d'être admiratif, je suis curieux, et heureux d'en apprendre un peu plus sur le domaine que j'ai imaginé pour ce projet. "c'est rien." je lui fait un petit geste de la tête tout en me reconcentrant un peu sur ce rendez-vous censé être semi-professionnel si on peut dire. après tout, si je suis satisfait du résultat, ces clichés rejoindront le book que je présente dans le but d'exposer de nouveau.

c'est toujours appréciable de parler avec des personnes aussi curieuses que moi. bon j'apprend toujours à me retenir pour pas assomer les gens de questions, ne pas me retrouver dans une situation trop gênante parce que j'ai demandé un truc trop indiscret. mais au moins, je me lâche un peu plus devant quelqu'un qui me ressemble sur ce point. à vrai dire, ça me rassure, je me dis que je suis pas tout seul comme ça. j'apprécie parler, partager un moment avec quelqu'un qui a de nobreuses choses à raconter, c'est semble-t-il le cas d'haru, qui en plus, saupoudre le tout d'humour tel que je l'aime. "on verra bien alors, je me ferais un plaisir d'y répondre pour assouvir ta curiosité." je lâche un rire en baissant légèrement la tête, prenant une gorgée de cappuccino.

ça ne m'étonne pas vraiment qu'haru me demande si j'indique mon vrai prénom ou non, après tout ce n'est pas la première. outre le fait que ce soit une lubie de ma mère, c'est aussi dû au fait que mon géniteur soit américain. ça tombait un peu sous le sens pour elle de choisir un prénom américain. c'est pas commun, mais je ne m'en plains pas, même si ça a souvent le don de me rappeler que c'est ce qui a détruit ma famille. je n'y pense guère, n'étant pas vraiment du genre à plomber les gens avec mes histoires. "t'en fais pas j'ai l'habitude." un nouveau rire s'échappe de mes lèvres alors que mes yeux se reposent sur elle. le fait qu'elle me demande ça ne peut m'empêcher de lui retourner en quelque sorte la question. "et toi, tu es née ici ?" comparé au mien, son prénom est, à s'y méprendre, beaucoup plus asiatique que le mien, pourtant j'ai rapidement remarqué ses traits occidentaux. je ne voudrais pas la froisser en lui demandant ça, me mordillant légèrement l'intérieur de ma joue. après tout, elle pourrait bien avoir l'un de ses parents d'origine étrangère, tout comme moi, et pourtant porter un nom asiatique.

Tenue | Beaucoup trop curieuse, la jeune femme ne put s’empêcher de le questionner au sujet de son prénom. Elle était trop facilement intriguée et n’avait su garder ce questionnement pour elle-même. Alors il lui expliquait qu’il ne s’agissait seulement d’une lubie de sa mère, ce qu’elle crut très facilement. Elle lui sourit davantage alors qu’il lui mentionnait qu’il avait l’habitude. Suite à cela, il lui retournait la question ce qui la surprit un peu mais pas tant. Bien que ces traits soient occidentaux, le prénom sous lequel elle se présentait ne l’était pas et au fur à mesure du temps, elle perdait à chaque fois un peu plus son accent américain. Bien loin est le temps où on la regardait d’un air perplexe lorsqu’elle parlait. Aujourd’hui quelques sons, quelques prononciations la trahissent mais elle fait de son mieux. « Non, je suis née aux Etats-Unis. Je suis arrivée à Séoul il y a sept ans. » Un léger sourire naît sur ses lèvres. « J’utilise Haru que lorsque je suis en Corée mais ce n’est pas mon vrai prénom. Je ne comprenais jamais lorsqu’on m’appelait à cause de l’accent en plus de rien comprendre à tout le reste comme je ne parlais pas coréen. Mes parents ont pensés que je m’intégrerai mieux en me faisant appeler autrement. » Elle hausse les épaules avant de boire une nouvelle gorgée comme pour noyer ces souvenirs qui refaisaient surface. Fatalement, le fait de parler de ses parents lui rappelait son père. Il lui manquait horriblement. Elle avait beau lui rendre souvent visite en prison, cela ne sera jamais pareil. Il n’était pas libre, ils n’étaient jamais seuls et le temps était terriblement limité. Elle avait tellement hâte qu’il sorte, tellement hâte de le faire sortir. Car elle y arrivera, peu importe le temps qu’il lui faudra, le nombre de problèmes qu’elle s’apportera à fouiner là où il ne fait pas, elle le sait innocent et elle le prouvera.

Très vite, elle chassait ces pensées. Elle ne voulait pas se brouiller l’esprit avec des pensées aussi négatives et préféra se reconcentrer sur Evan. Elle avait l’impression que le courant passait vraiment bien entre eux et elle espérait sincèrement qu’ils se reverraient après le shooting. Très loin était le stress qu’elle avait pu avoir en arrivant bien qu’il reviendra sûrement lorsqu’il faudra passer aux choses sérieuses. Il était bien mieux que le meilleur qu’elle imaginait et espérait qu’il ne se transforme pas en tyran derrière son objectif bien qu’elle doute très sincèrement que cela puisse arriver. « Tu as déjà eu des shootings qui se sont mal passés ? » Elle s’inquiète soudainement en se rendant compte qu’elle n’avait rien préparé. Vaux mieux s’inquiéter tard que jamais ? « Comment ça se passe d’ailleurs ? Genre niveau tenue ou je ne sais pas ? Parce que moi j’ai rien ramené, faudra passer au dortoir gumi ? »

Tenue | si certains connaissent toute la vérité à propos de l'origine de mon prénom, je préfère ne pas trop en parler en présence de personnes que je connais peu. déjà parce que ça plombe clairement l'ambiance, mais ça me rappelle aussi l'état actuel de ma famille. on a beau me dire que je n'ai rien à me repprocher, il y a toujours eu une part de moi qui se sentait coupable d'être là, alors que tout ça vient seulement du fait que ma mère était une infidèle. même si j'ai appris à vivre avec, je préfère juste laisser ça de côté, et je me concentre seulement sur ce qu'est ma vie actuellement, non pas ce qu'elle aurait pu être s'il fallait changer certains paramètres. on dit bien qu'on referait le monde avec des si, alors autant se focaliser sur ce qu'on a, c'est déjà pas mal. je me permet malgré tout de demander à haru d'où elle vient. il est vrai qu'à l'entendre parler, je pourrais facilement croire qu'elle est coréenne, mais ses traits m'indiquent des origines dont je me montre curieux. une petite moue, presque étonnée, s'affiche sur mon visage quand elle m'annonce qu'elle est sur le sol coréen depuis seulement sept ans. j'écoute le reste de son histoire - du moins, ce qu'elle a envie de dire, je vais pas non plus la pousser à me raconter tous les détails de sa vie, restant attentif. "en tout cas, ton coréen est parfait ! tu peut te féliciter de le maîtriser aussi parfaitement." j'esquisse un sourire, admiratif devant cette révélation. je n'ose pas vraiment lui demander son vrai prénom, surtout par peur de le répéter et de l'écorcher, ça ne serait pas très bien vu ! je garde mon rictus tout en continuant de savourer mon cappuccino.

rapidement, la conversation retourne vers la photographie. ce n'est pas pour me déplaire, je pourrais passer des heures à en parler ! et même si quelque part on est un peu là pour ça, je me permet de partager un moment de discussion pour m'assurer que le courant passe un minimum bien entre le modèle et moi et pour éviter que ce moment se transforme en catastrophe. je lâche un petit soupir à sa question relevant la tête. "il y a bien un ou deux shootings qui se sont mal passés, mais dans l'ensemble j'ai toujours eu des modèles avec qui ça s'est bien déroulé. j'ai pas à me plaindre là dessus." bien qu'il y ai beaucoup de paramètres à prendre en compte pour que tout se passe au mieux, on ne peut jamais savoir comment va réagir la personne en face. il est déjà arrivé qu'un modèle veuille prendre le pas sur le shooting et imposer ses idées alors que tout était déjà préparé, il est vrai que ce genre de moment est assez frustrant, obligeant l'un et l'autre à faire des concessions pour pas que ça vire au cauchemar. un sourire rassurant se dessine sur mes lèvres en voyant les premières interrogations quant au shooting apparaître. "t'inquiètes pas, je vais tout t'expliquer. toutes les étapes qu'il va y avoir. en ce qui concerne aujourd'hui, ça va se passer dans un théatre, il y a quelques tenues et costumes sur place qu'on peut utiliser, mais t'es libre d'amener tes propres tenues si t'en as envie. et puis, le dortoir des gumiho est sur le trajet pour y aller donc s'il faut y passer, ça posera pas de souci."

Tenue | Haru n’était pas certaine d’avoir un coréen parfait il y avait des mots qu’elle peinait à prononcer et qu’elle n’arrivera sûrement jamais à dire correctement du premier coup mais elle prenait avec plaisir ces mots. Elle n’en avait jamais vraiment pris conscience avant qu’il ne le lui dise mais il est vrai que les gens ne la regardaient plus tant avec de gros sourcils froncés pour essayer de la déchiffrer. « Merci, je fais du mieux que je peux pour crever les tympans de personne avec un coréen horrible, mes efforts semblent payer. » L’en remerciait-elle en plaisantant, accompagnant sa voix d’un léger rire.

La jeune femme redirigeait la conversation sur la photographie. Se sentant davantage en confiance, davantage à l’aise, elle n’hésitait pas à la questionner tout d’abord sur de potentiels shooting qui se seraient mal passés. Cela ne sera nullement prit en compte pour le sien et sûrement encore moins sur son avis sur lui car Haru est le genre de personne à ne se fier qu’à elle et nullement aux autres. Seulement, elle était simplement curieuse. Comment avait-il pu gérer un potentiel modèle problématique ? Est-ce que il avait déjà photographié des personnalités connues ? « Tu choisis les meilleurs, ça doit être pour ça. » Déclare-t-elle sous entendant qu’elle en faisait partie allant même jusqu’à passer une main dans ses cheveux pour les lancer dans son dos avant de transformer son éternel sourire en un rire. « Non je plaisante, ne va t’imaginer que je suis prétentieuse ce n’est pas du tout le cas. Quoique …» Elle rit à nouveau. Oh non, Haru avait beau avoir énormément de défaut, prétentieuse elle ne l’était définitivement pas.

Le questionner au sujet des shootings la fit se rendre compte qu’elle ne savait pas comment ça allait se dérouler. Autant elle connaissait le thème, mais sur le comment cela allait se dérouler, elle ignorait absolument tout. Devait-elle faire quelque chose de spéciale ? Signer quelque chose ? Ramener peut-être ? Est-ce qu’elle devra se remaquiller ? Changer de coiffure ? Elle s’inquiétait soudainement parce qu’elle n’avait vraiment rien pris. Evan la rassura quelque peu. « Ah non t’inquiète si il y en a là-bas ça me va, c’est parce que je viens seulement d’y penser et comme j’ai carrément rien ramené je me demandais. » Elle aurait sûrement dû s’en inquiéter avant … Mais cela ne signifie pas qu’elle porte peu d’importance à ce shooting, au contraire seulement Haru est cette grande adepte du Vaux mieux tard que jamais. « C’est toi le grand patron, je te fais confiance et je suis sûre que ça rendra très bien. » Déclare-t-elle avec un large sourire.  

Tenue | ça pourrait être stressant tout ça, pourtant, ça me détend. j'en apprend un peu plus sur la personne que je vais photographier, du moins assez pour en ressortir quelque chose d'intéressant sur des clichés. pour ne pas bâcler le boulot non plus. il ne faut pas croire que tout se fait à la va-vite en photographie. en tout cas, je n'ai jamais aimé ce mode de travail. je préfère prendre le temps, analyser - à ma manière, bien entendu - les choses, pour en montrer le meilleur, la beauté imparfaite des sentiments, des impressions, des attitudes. ce n'est pas rendre la photographie parfaite avec l'aide de tout un tas de filtres et de traitement le plus important, c'est capturer le plus intéressant pour justement, la rendre parfaite. le sujet à beau revenir à chaque fois sur cette passion, on est aussi là pour répondre à toutes les interrogations qu'elle peut avoir. je souris en la regardant. "ça doit être ça." je lâche même un rire en voyant haru lancer ses cheveux dans son dos. "on verra bien..." je souligne ma phrase par un clin d'oeil amusé puis baisse la tête en riant de plus belle.

on en vient finalement au sujet du jour, ce qu'il va se passer, comment tout va se dérouler. j'essaie de garder un air rassurant alors que je peux sentir qu'elle s'inquiète de certains points. je n'ai jamais été le genre de photographe à trop imposer de choses lors de shootings. j'ai toujours pensé que laisser le plus de liberté possible aide le modèle à faire ressortir davantage ses expressions. je garde une petite moue sur le visage en l'écoutant parler. "c'est vraiment comme tu sens. si jamais tu as quand même envie de prendre une tenue à toi, y'a pas de soucis. pareil pour tout ce qui est maquillage et coiffure. même si je t'avoue que sur ce point, j'aime quand ça reste assez naturel." je lâche un petit soupir de nervosité, me mordillant l'intérieur de la joue. il n'y a aucune raison que ça se passe mal aujourd'hui, et je peux le sentir. j'aurai de quoi être zen, mais je garde quand même cette légère pointe de stress. "j'en suis sûr aussi."

terminant mon cappuccino, je pousse un peu la tasse puis me reconcentre sur la demoiselle. "bon, je vais t'expliquer brièvement ce qui se passe après le shooting photos, puis des documents à signer. n'hésite pas à poser toutes les questions que tu peux avoir. et après je te dirais comment va se passer le shooting." disons que je préfère que tout soit clair avant que le processus soit en marche. si au début je me suis facilement laissé avoir, pouvant perdre le droit d'image de certains de mes clichés, je préfère maintenant me couvrir pour ne pas avoir de mauvaises surprises. rien de bien méchant, mais important pour moi, et qui fait fuir les plus véreux, une chance pour moi. je lui offre un nouveau sourire tout en tentant de la rassurer. "t'inquiète pas pour les papiers. c'est seulement pour le droit à l'image, je t'expliquerais tout."

Tenue | Haru avait beau paniquer du fait de n’avoir rien amené sur le coup, elle ne s’en faisait pas pour le shooting. Elle craignait davantage de lui faire perdre du temps plutôt que d’imaginer qu’elle rendrait mal. En tant que photographe, elle imaginait qu’il ferait du mieux qu’il peut si elle ne se montre pas si photogénique que cela et que quoiqu’il en soit, il savait ce qu’il voulait et ce qu’il faisait. Elle n’apprécierai certainement pas si quelqu’un venait amener sans grain de sel dans son travail – bien qu’elle n’ait clairement rien à redire – elle lui faisait totalement confiance. Elle le laissera la guider aveuglément, à condition que cela ne soit pas des choses trop bizarres mais elle doutait que des idées pareilles lui arrivent. « Tu aurais peut-être des exemples à me montrer pour le maquillage et la coiffure pour que j’essaye de le reproduire ? » Elle laisse un sourire déborder de ses lèvres. « A moins que ce soit toi qui le fasse ? » Plaisantait-elle à moitié. Ne sait-on jamais, il pourrait la surprendre. Il pourrait bien avoir une passion pour le maquillage et la coiffure, nous ne sommes plus que quinzième siècles. « Je fais confiance aux vêtements déjà sur place. De toute façon ça prendrait des heures de fouiller mes affaires tu n’y survivrais pas et je crois que moi non plus. » Parce que des vêtements, putain qu’est-ce qu’elle en a ! Son armoire du dortoir est pleine à craquer, son casier à la YG peine à se fermer, une extension de son dressing au domicile familiale est nécessaire et elle a même réussi à s’approprier un tiroir chez Il Nam. Non, elle ne voulait définitivement pas traumatiser ce pauvre Evan – déjà qu’il finira par l’être avec son débit de parole qu’elle retient – et de le retrouver en position fœtal dans un coin.

Elle lui sourit à nouveau avant de se reconcentrer sur lui, prête à écouter attentivement ses explications. Sur le coup lorsqu’il mentionnait des papiers, elle fut un peu surprise. Elle se demandait ce qu’il allait bien lui faire remplir ou signer ne voyant pas en quoi des documents étaient nécessaires pour être prise en photo. Alors lorsqu’il parlait de Droit à l’image elle comprit. Cela lui revenait telle une illumination et elle se sentait un peu honteuse de ne pas avoir compris immédiatement elle qui étudie le droit. Elle n’allait certainement pas le poursuivre en justice dans l’hypothèse où il utiliserai son image sans preuve écrite à moins qu’elle est une envie soudaine de se faire la main ( ce qui ne serai pas arriver). Peut-être avait-il déjà eu des problèmes avec cela par le passé ? « Je vois ne t’en fait pas. » A son tour elle finit sa tasse avant de mimer son geste en la poussant un peu. « Je te suis toute attentive ! »

Tenue | dans le fond, même si les shootings que j'organise sont souvent sur des thèmes précis, j'essaie d'imposer le moins de choses possibles. l'avantage avec la danse, et l'idée que j'en avais, c'est que les tenues ne sont pas imposées. le plus important dans ce shooting, c'est de capturer la beauté de cet art dans un univers qui ne lui est que rarement associé. une fête forraine, une bibliothèque abandonnée, une cours d'école, je ne manque pas de lieux pour créer de nouveaux clichés, mais le théatre est un endroit symbolique, au coeur même de mon projet. j'imagine déjà certains angles pour la photographier en observant ses mimiques, sa façon de bouger. cela peut paraître insignifiant, mais pourtant, je ne loupe pas ces détails pour plus tard. je continue cependant de sourire. "j'ai pas forcément d'exemples, mais un chignon ou les cheveu lâchés iront très bien je pense. si ce n'est pas trop une gêne pour toi ? et puis au niveau du maquillage, je suis pas un expert, mais quelque chose de léger, qui se remarque pas trop on va dire." je lâche un petit rire à sa question tout en me reprenant, me redressant sur ma chaise. "je ne promet pas le résultat si je m'occupe du maquillage et de la coiffure par contre." même en tentant de garder un air sérieux, ma moue amusée m'empêche de l'être réellement. je garde malgré tout mes mains posées sur la table, toujours aussi observateur, mais en restant aussi attentif à ses paroles. "pas de soucis dans ce cas !"

il est temps de passer à la partie la plus sérieuse de cette entrevue : les explications sur les différentes étapes de travail, et les contrats. avec le temps, j'ai appris à me protéger pour ne pas perdre le fruit de mon travail, ce qui m'a aussi aidé à développer une certaine manière de fonctionner. si au tout début, j'organisais des shootings avec des modèles plutôt expérimentés, je me suis facilement fait avoir, et hors de question que ça se reproduise. désormais, que ce soit pour des personnes qui tentent l'expérience pour la première fois, ou d'autres qui ont l'habitude, tout le monde a droit au même traitement, et aux mêmes documents à signer. je croise mes mains sur la table avant d'offrir un sourire à haru. "alors déjà, on va commencer par tout ce qui va se passer après le shooting." je fais une légère pause avant de reprendre. "en une heure de travail comme aujourd'hui, je prend en moyenne entre cent et deux cent clichés. dans un premier temps, je vais faire un tri, et en sélectionner une cinquantaine que je vais traiter." je m'arrête un instant, histoire qu'elle puisse suivre, et surtout, que je n'aille pas trop vite. "une fois que le traitement sera fait, je ferais un second tri, et ressortirais une trentaine de clichés parmi lesquels tu pourras toi même écarter ceux qui ne te plaisent pas. tu pourras ensuite récupérer la sélection finale, que j'utiliserais moi pour mon projet. ... hmm, est-ce que tu as des questions par rapport à ça ?"