date the sugar daddy

seyun & jaeduk

 

J’ai faim. J’sais pas depuis combien d’temps j’ai pas bouffé. Deux jours ? Peut-être trois ?
Une semaine ?
J’crois qu’j’ai perdu l’compte au moment où j’ai bouffé ma dernière portion d’riz. J’crois même qu’j’ai perdu l’compte au moment où j’ai fermé la porte d’mon appart, pour plus en sortir. Ça fait combien d’temps qu’j’ai pas mis l’pied dehors ? Deux jours ? Peut-être trois ?
Une semaine ?
Sûrement ouais. Voire plus. Depuis l’jour où c’connard de médecin m’a annoncé qu’j’étais malade, l’jour où j’ai compris qu’j’allais crever. J’ai cru qu’ce serait mieux d’me laisser mourir maintenant. Une seringue plantée dans l’bras, et puis la fin. Comme papa. Et au moins ce serait fini, et au moins ce serait fait. Mais non j’pouvais pas, non c’était pas possible. J’veux vivre encore, j’veux vivre un peu.
J’veux vivre pour toujours.
Alors j’m’extraie d’mon appart, après un sms envoyé à mon sugar daddy. C’mec j’sais pas c’que j’ai fait pour l’mériter, peut-être que c’est l’karma qui m’a offert une compensation pour s’être tant foutu d’ma gueule. J’sais pas pourquoi il est là, j’sais pas pourquoi il s’occupe de moi, j’sais juste qu’il est là, j’sais juste qu’il s’occupe de moi (j’sais juste qu’il m’paie tout c’que j’veux, parfois sans même que j’prenne l’temps d’lui demander). Alors ça m’va. S’il est là, j’sais qu’j’vais vivre encore un peu. Parce qu’il a les poches pleines de pognon, et la main bien trop légère.
Alors j’traverse Séoul, j’rejoins la Digital City. J’ai l’ventre complètement vide, j’ai l’ventre qui fait du bruit, qui s’agite un peu, mais qui se tait aussi. Qui se tait beaucoup, qui se tait beaucoup trop. Il a compris qu’ça servait à rien d’se manifester, il a compris qu’c’était moi l’maître, qu’c’était moi qu’avais l’contrôle. Alors ouais il est plus silencieux. Mais moi j’ai faim. Et quand j’vois la bouille du pote devant l’bar, j’peux pas m’empêcher d’lui adresser un sourire. J’sens déjà l’odeur d’la bouffe.
« Salut mec, t’attends depuis longtemps ? Désolé askip les divas doivent toujours se faire attendre. J’aime bien me faire désirer. » J’lui adresse un clin d’œil, j’lui souffle un baiser. Y a un mec pas loin qui s’retourne, qui m’lance un sale regard, alors j’cligne de l’œil pour lui aussi. J’suis pas un pd, ça m’fait rire c’est tout. J’sais pas pourquoi, j’sais pas quand ça a commencé – sûrement quand j’me suis rendu compte que c’était quand même bien drôle d’faire chier les gens. « Bon on rentre ? J’ai la dalle là. »
J’ai quand même sacrément faim.

✻✻✻

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L'alcool, c'est de l'eau. Il ne cessait de répéter cette phrase depuis qu'il était arrivé dans le kurss, accoudé au bar, essayant d'embarquer quelques autres clients dans sa rengaine, n'ayant pas compris qu'il parlait si peu fort que personne ne l'entendait. Il continua pendant quelques minutes encore, de longues minutes où il perçut énormément de regards interrogatifs sur son être, se questionnant sûrement sur la chose que l'homme soûl marmonnait depuis peut être des heures, ou seulement quelques minutes. Il avait perdu la notion du temps à partir du moment où il n'arriva plus à compter les verres. Tout s'enchaînait, tout s'enfilait, et il ne savait même pas comment il en était arrivé là, ou comment il était arrivé là tout simplement, ses souvenirs s'échappaient de son esprit comme la pisse s'écoulait de son pénis lorsqu'il dû évacuer le trop plein de liquide qu'il avait accumulé. Il se demanda pourquoi on le servait encore, mais la question ne resta pas bien longtemps dans ses pensées. Il remonta sa braguette, retourna s'asseoir au bar, et murmura au serveur (véritablement, ce fut difficile pour ce pauvre homme de le comprendre) de proposer à tout un chacun un verre de ce qui les enchanterait, payé par la maison Min. Il était dans un bon jour, un jour où il avait l'alcool joyeux, et non colère. Son téléphone vibra, et il voulu le regarder avec tant de hâte qu'il manqua de lui glisser des doigts. Un message. Il se concentra du mieux qu'il pu pour y répondre, et continua sa buverie. Un message. Il y répondit, beaucoup moins concentré cette fois-ci, amusé par la réflexion du plus jeune. Il ignorait ce qu'il fit ensuite (sûrement arroser un peu plus son gosier), mais il eut comme l'impression de se réveiller lorsqu'il entendit une voix près de lui. Il s'était endormi, ça y est, on allait le jeter dehors, se dit-il alors, mais lorsqu'il leva difficilement ses yeux lourds, une face familière l'accueillit, et un sourire perça alors l'expression perturbée de Se Yun.  « HEY » il ne contrôlait plus bien le volume de sa voir, et cela se fit sentir quand il passa d'un presque hurlement à un murmure plus bas qu'une brise d'été. « longtemps ? non c'est passé viiiite !! » Il agrandit un peu plus son sourire, contractant ses joues à l'extrême, et lorsque Jae Duk lui proposa de rentrer, l'idée lui sembla soudainement fabuleuse. « mais oui! c'est génial! oh, et je vais cuisiner, j'ai vu une recette de... attend je sais plus, mais c'est pas grave, j'ai vu une fabuleuse recette et je vais cuisiner, même si la suiquine (cuisine) c'est pour les femmes, et que moi je suis un homme, je suis quand même meilleur ! » Il s'accrocha à l'épaule de son ami pour se lever, paya sa note astronomique, ajoutant un « allez, soyons fou!! une dernière tournée, pour la rouuuute »

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seyun & jaeduk

 

« Attends t’es bourré ? » Question conne, bien sûr qu’il est bourré, ça se voit à son comportement, à sa voix tellement basse qu’j’ai as capté un mot. A son haleine qui empeste l’alcool (mais j’aime bien). Ouais il est bourré. Mais ça j’m’en fous, c’pas ça qui me choque. C’qui me choque c’est que… « t’as bu sans moi ? » Depuis quand il boit sans moi, même ?
Attendez.
Depuis quand il a une vie quand j’suis pas là, même ? J’suis tellement outré que j’capte à peine un mot sur deux de c’qu’il me baragouine. Suiquine hein quoi pourquoi il parle de suiquine ? C’est quoi la suiquine ? MAIS QUELLE LANGUE IL PARLE ? J’comprends pas mais quand il propose d’payer une nouvelle tournée, là ça m’semble clair. Parce que c’langage là j’le connais. « Ok mec, va pour une tournée mais j’espère tu m’en paieras deux pour te faire pardonner. » J’lui laisse pas vraiment l’choix en fait, mais de toute manière j’sais qu’il va pas dire non. Parce que c’type, il sait pas dire non. Encore moins à moi.
J’m’assois, j’le regarde galérer à t’nir debout (pourquoi il s’est levé même). Et j’souris. Parce qu’j’ai une idée, qu’j’sais que j’vais bien m’marrer. Avec lui, j’me marre tout le temps bien. Même quand il a un coup dans l’nez. Surtout quand il a un coup dans l’nez. J’chope le verre qu’le serveur m’tends et j’l’avale presque d’une traite. Putain c’que ça m’avait manqué. J’tends l’bras, j’tapote l’épaule du pote et j’lui adresse un sourire. Mon sourire plein d’malice comme elle disait maman (mon sourire d’p’tit con comme elle disait aussi, quand elle était énervée). « Vas-y mec, ça fait longtemps qu’on s’est pas vus non ? » Probablement une semaine. Ou peut-être deux. Avant qu’j’m’enferme ça c’est sûr. En vrai j’fais pas l’compte, j’ai jamais fait l’compte pour ça. « Pour fêter nos retrouvailles t’veux pas m’faire plaisir ? Genre en m’faisant entrer dans ton dortoir ? L’autre fois j’ai vu une meuf elle était trop bonne tu veux pas essayer d’m’arranger l’coup dis ? En plus y a un con qui m’a lancé un défi tout à l’heure vie d’moi j’vais lui prouver j’suis l’meilleur coup d’cette ville. » Ouais j’ai toujours pas digérer les conneries d’cet emmerdeur de sourd là. Bon ok c’est vrai qu’j’ai eu personne d’toute la semaine mais c’pas que j’pouvais pas. C’est que j’voulais pas. Y a une nuance.
Y a une nuance hein ?
Ouais y en a une. Et une grosse. J’tends l’bras pour aller chourer quelques cacahuètes sur la table voisine et j’les engouffre dans ma bouche. Ça m’remplit à peine l’gosier. « Eh pourquoi il est vide mon verre ? » que j’balance avant d’rire un peu. Bon ça, ça risque pas d’atténuer ma faim mais.
J’ai quand même sacrément soif aussi.

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Bourré ? Non, lui, jamais. Il le signifia en bougeant sa tête de gauche à droite vigoureusement, puis arrêta aussi vite qu'il avait commencé lorsqu'il réalisa que la salle se mit à trembler autour de lui. Mon Dieu, un tremblement de terre, il n'avait pas été préparé à ça. Il s'accrocha au bar de toutes ses forces pour rester en équilibre « Juste un verre, j'ai pris juste un verre » lui répondit-il, levant un de ses doigts en l'air comme pour intensifier un peu sa réponse. Il lui fit un grand sourire, fier d'avoir trouvé un si bon mensonge à lui raconter. Sûr qu'il allait le croire, sûr que c'était passé comme une lettre à la poste. Il gloussa un peu, portant ses mains à son visage, comme pour masquer son hilarité venue de nulle part. Les serveurs s'attelèrent à nouveau à servir tout les clients présents, ainsi que lui et son ami récemment arrivé. Il le vit finir son verre d'une seule traite, et, voulant lui aussi se la jouer cool, tenta la même expérience, manqua de s'étouffer, et renversa une bonne partie du liquide sur ses vêtements en tentant de rester en vie. Zut, furent ses pensées. Il passa ses mains sur son t-shirt, essayant de le sécher de cette façon, ne faisant qu'empirer la situation, tout en écoutant Jae Duk. Parfois ses paroles se transformaient, mais il avait compris l'essentiel, il voulait aller chez les gumihos. Etait-ce une bonne idée ? Il n'en savait rien. A vrai dire, il n'était plus sûr de savoir quoi que ce soit. Il fit la moue, puis glissa la main dans la poche de sa veste pour y récupérer son portefeuille, et le posa sur la table, le poussant vers son ami avant de casi laisser tomber sa tête contre la surface fraîche. « commande toi ce que tu veux » glissa-t-il, gloussant une nouvelle fois comme un imbécile ensuite. Puis son cerveau se remit en marche. Il avait parlé de fille. Mais quelle fille ? Y'avait beaucoup de fille. Et quasiment aucune fille chez les gumis valaient la peine qu'on fasse le moindre effort pour elle « c'est qui la fille ? » Il se redressa, perturbé. Si la réponse était Haewon... il ne savait même pas comment il allait réagir. Il allait se mettre en colère, c'était une certitude, mais lui dirait-il quelque chose ? Et si la réponse était Eun Mi ? Certainement que pour cette réponse, il s'emporterait encore plus. Mais il oublia presque d'écouter la réponse à sa question avant d'enchaîner « pis non j'avais prévu de suiquiner à l'appart pis genre j'avais le frigo et les ingrédients partout, pis des couteaux pour découper, et genre j'avais un plat en tête, mais genre peut être je peux cuisiner là bas, mais il est quel heure parce que genre réveiller genre les gens c'est... parce que y'en a la bas ils sont pas sympas non plus » Il finit sa phrase en incorporant sur son visage une moue toute triste. Mais, bon, il ne pouvait rien lui refuser, il était vain de protester, puisqu'à la fin il dirait oui.

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Quand j’vois Seyun m’filer son portefeuille, j’me dis qu’ce type, il aurait carrément pu être mon père. Puis j’me rappelle qu’mon père, mon vrai père, il m’a jamais filé une thune. Mon père, c’tait un peu un voyou, un bandit, un badboy.
Un criminel aussi.
Mon père c’tait pas un gars bien c’est sûr. La seul chose qu’y avait d’bien chez lui, c’était ma mère. Sans elle, il était rien, sans elle il a jamais rien été. Seyun, il est différent. Seyun, c’un gars bien. J’crois. Alors j’choppe son portefeuille avant qu’il change d’avis. J’me dis qu’faut qu’j’en profite pendant qu’il est encore là.
Un jour il s’ra plus là, j’en doute pas.
« J’sais pas. » J’réponds à sa question mais j’vois dans son regard qu’il est déjà passé à autre chose. Il est torché ouais. Et j’me demande pourquoi j’le suis pas encore. « T’inquiète mec, tu pourras kisuiner au dortoir, il est tôt j’suis sûr personne dort. » Ou alors ils dorment tous, mais en vérité, j’en ai juste rien à foutre.
J’lèche la main, j’appelle l’barman, j’lui commande un verre. Puis un deuxième Autant faire le plein, j’sais pas combien d’temps il aura encore du liquide sur lui, avant d’se décider à payer encore une tournée à tout l’monde (et d’être trop bourré pour s’rappeler son code d’carte bancaire).  
J’bois mon premier verre, plus lentement cette fois. J’suis pas une tapette, l’alcool monte pas vite. Mais j’ai faim, j’pas mangé d’puis j’sais pas combien d’temps. Alors j’sais pas combien d’temps j’vais supporter ça, j’sais pas dans combien d’temps j’vais finir la tête dans les chiottes. Après l’autre j’espère. Ou avant. Comme ça j’aurais pas à faire semblant d’le soutenir dans cette dure épreuve.
« Bon t’es chaud pour le dortoir alors. Moi j’suis carrément trop chaud. J’crois qu’j’y suis jamais allé de nuit en plus nan ? J’sais pas pourquoi. » La vérité, j’sais vraiment pas pourquoi. Sûrement parce qu’mes nuits, j’ai tendance à les passer en boîte. Ou à décuver dans l’caniveau. Voire même à faire la teuf avec des potes. Et parfois, j’squatte. Non, souvent, j’squatte. Mon appart, j’veux même plus l’voir. Il m’donne la gerbe, j’y passe suffisamment d’temps quand j’m’enferme. « Si tu veux j’pourrai même en profiter pour t’raconter les histoires qui m’sont arrivées ces derniers jours, t’vas pas m’croire, foi d’moi ! J’vais t’dire pourquoi j’ai disparu, mais juste à toi hein, tu gardes le secret. Et qu’si tu m’fais entrer dans l’dortoir. » Et j’lui fais un clin d’œil complice, avant d’commencer mon deuxième verre.
La vérité, j’ai rien à raconter. Genre, rien d’rien.
A part peut-être lui expliquer qu’j’ai passé la semaine au lit ? Et mon incroyable périple pour rejoindre la cuisine et m’bouffer tout c’que j’pouvais, avant d’plus rien avoir dans mon frigo ? Ouais ça il a pas à l’savoir, et j’vais pas lui dire. Mais dans tous les cas, peu importe c’que j’dis, j’sais qu’il me croira.
Il est trop torché pour réfléchir d’toute manière, alors j’m’en fous.

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Mh. C'était l'envie de dormir qui s'emparait de son corps, c'était ses yeux qui se fermaient tout seul, c'était aussi sa soif qui le faisait continuer de boire encore et encore jusqu'à ce que les verres soient vides et que d'autres apparaissent comme par magie. Il avait la tête qui tournait, il avait des phrases qui se formaient sans son accord, et qui sortait de sa bouche pour raisonner dans l'air, perturbant les gens parce qu'elles ne voulaient rien dire. Ce n'était pas grave, il était quand même bien. Il fit un grand sourire niais à Jae Duk, continuant de l'écouter parler sans en comprendre grand chose. Il était persuadé qu'à un instant, il s'était juste arrêté pour le fixer, la bouche entrouverte, oubliant un peu où il était, et ce qu'il faisait réellement, avant d'avoir à nouveau l'appel de la soif qui lui faisait prendre quelques nouvelles gorgée. Aller au dortoir, c'était une phrase qu'il entendait à répétition. Aller au dortoir. Plus il l'entendait, plus cela sonnait comme une excellente idée... Si bonne idée qu'elle était sûrement la sienne, certainement. Il sourit. Il était un génie. Un regain d'énergie traversa son corps. Il était en forme, à nouveau. Il se redressa, fixa ses yeux grandes ouvertes, et mit deux petites claques sur ses joues (c'était en fait les joues de Jae Duk, mais il ne s'en rendit pas vraiment compte) pour se réveiller, et il était d'attaque.
« aaaah, mais oui mais je veux tout savoir bien sûr ! » Il était curieux, il voulait savoir. Il n'était pas vraiment sûr de s'en souvenir le lendemain, mais au moins il aura été au courant au moins quelques minutes. « d'abord je vais faire pipi ok ? » gloussa-t-il, comme une adolescente (il le niera le lendemain). Il tapota la jambe de Jae Duk (qui était en fait sa propre jambe, mais il ne s'en rendit pas compte), et prit appuie sur lui même pour se relever (il trouva ça extrêmement dur) puis se dirigea vers les commodités. Après quelques minutes (longues, il avait réussis à se perdre), il ressorti, fier de lui, gloussant une nouvelle fois, et se dirigea vers Jae Duk avec l'entrain d'un chiot, l'attrapant par le bras pour l'emmener vers l'extérieur. C'était meilleur, il faisait frais. Ca lui éclaircirait presque les idées.
« ON VA CHEZ LES GUMIS » hurla-t-il. « alors raconte moi déjà euh, s'est passé quoi ? » Il lui fit un grand sourire. Tout grand, plus grand même que lui. Mais ses idées allaient dans tout les sens, et il cru bon, avant de le laisser parler, d'ajouter. « mais avant faut que je te dise. va falloir être silencieux parce que y'a hera qui me déteste, pis faut pas se faire remarquer par d'autres, parce que sinon elle va me taper à nouveau, puis y'a haewon, c'est la plus belle. touche pas. » il le montra du doigt, comme réprimandant un petit enfant, la mine sérieuse, mais toujours un peu ahurie.

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J’suis pas forcément un mec très futé, j’dis pas l’contraire. Ou en tout cas, j’suis pas vraiment intelligent, et j’essaie même pas d’l’être, ça m’intéresse pas. Donc ouais, j’suis pas intelligent. Pourtant j’ai grave l’impression d’l’être, là, à côté de Seyun. J’ai vraiment l’impression qu’c’est un teubé, là, à l’voir m’regarder comme ça.
Et le pire, c’est que j’pense vraiment qu’c’est un teubé.
Même s’il m’fait un peu peur, comme ça, surtout quand il m’tripote les joues. J’espère c’délire de sugar daddy, il l’a pas pris au sérieux, j’vais pas qu’il m’touche (j’suis pas pd putain).
J’l’observe s’lever, aller aux toilettes, et j’me reconcentre sur mon verre, que j’tarde pas trop à finir.
Y a une fille pas loin, j’la regarde, j’réfléchis, j’hésite (première fois d’ma vie qu’j’hésite sûrement). Mais y a l’autre qui r’vient avant qu’j’ai fait quoiqu’ce soit et j’le laisse m’traîner dehors sans rien dire. J’ai suffisamment bu d’toute manière. Par contre c’qu’il m’dit, ça m’plaît pas vraiment. « Attends attends mec attends deux secondes, ralentis. » Il est sérieux là ? Non pas possible. Pas possible, j’veux pas, j’suis pas vraiment d’accord. « C’qui ça, Haewon ? Me dis pas… putain mec non me dis pas qu’t’es amoureux. J’y crois pas putain, pas toi aussi, j’te faisais confiance. »
C’est quoi, ça, l’amour ? Une connerie inventée pour les pigeons sûrement. Et j’savais qu’le pote était un pigeon mais vraiment, j’pensais pas à c’point-là. « Bon écoute, il est pas trop tard, il est jamais trop tard. Fais-moi confiance, on va t’guérir avant qu’tu deviennes un d’ces mecs totalement lobotomisés qui s’croient amoureux là, les p’tits toutous à leur chérie. » Vraiment, ouais, ça m’inquiète.
Les femmes, c’est toutes les mêmes, elle va juste lui voler son fric, et y aura plus rien pour moi. Ouais, nan, c’est hors de question que j’perde mon sugar daddy pour une poufiasse. (J’pensais qu’il aimait pas les femmes en plus putain.) (Mais ça m’rassure, au moins ça m’prouve que c’est pas  un pd.) (Mais j’sais pas vraiment quel cas d’figure j’préfère. Sûrement aucun des deux. Pourquoi il est pas asexuel même ?)
« Promets-moi qu’tu changeras jamais mec steuplé. » Et surtout qu’tu laisses pas cette pute prendre ma place dans ton cœur. Pas qu’j’veuille vraiment avoir une place dans ton cœur mais… j’me suis habitué à toi t’vois. A toi et ton portefeuille.
Ton portefeuille.
Putain.
J’prends même pas l’temps d’le prévenir que j’fonce dans l’bar. Il est toujours là, l’objet du crime, j’vois pourtant un type qui s’dirige l’air de rien vers lui. Connard, tu m’piqueras pas la thune. J’récupère l’portefeuille sous son nez et, avant qu’il fasse un scandale, j’me tire en courant. Et j’choppe le bras d’Seyun au passage, que j’traîne en direction du dortoir. J’sais pas si on m’a pris pour un voleur ou pas mais dans l’doute, j’préfère fuir.
(J’peux pas compte sur le pote pour m’aider en plus.)

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C'était tout juste s'il ne sautillait pas gaiement dans la rue, tout fier de lui, tout fier de rentrer chez lui. Il balançait ses bras de l'avant vers l'arrière avec énergie, et ses pas se faisaient aériens (il en avait l'impression, en vérité, il marchait d'un pas plus lourd que celui d'un éléphant). Il pensait à Haewon. Qu'elle était belle. Il lança un regard rêveur vers le ciel noir, tout noir. Puis sa tête tourna. Il vit des étoiles qui n'étaient pas dans le ciel, et se décida à regarder à nouveau devant lui pour ne pas faire un bisou au goudron. Ralentir ? Non, il n'allait pas le faire. Il faisait bon, dehors, mais il n'avait pas envie de s'éterniser dans les rues, après, ils allaient croiser des gens étranges, et il ne savait pas pourquoi, mais sa tête donnait toujours des envies aux inconnus de le frapper. « Haewon c'est la plus belle » Il se contenta de dire, un nouveau gloussement et un nouveau sourire, très grand, qui montrait toutes ses dents, s'étalant sur ses lèvres. « Haewon c'est la plus belle, et y'a rien qui changera ça ! » Non. Il n'était pas amoureux, pas vraiment. C'était son crush, c'était la plus belle, mais il savait que l'année suivante, il l'aurait oublié. Il ne s'en faisait pas, il laissait simplement ses yeux se gorger de sa vue, se nettoyer un peu aussi après toutes les saloperies qu'il voyait tout les jours. Il se perdit un peu dans ses pensées. « pourquoi je changerais ? » demanda-t-il, un peu penaud. Il n'allait pas changer. C'était quoi changer, d'ailleurs ? « Et comment ça changer ? Genre physiquement ? t'aime bien ma coupe de cheveux c'est ça ? j'avais pensé à changer et à redevenir brun, mais je sais pas le blond c'est plutôt pas mal, puis, peut être que ça plairait plus à Haewon que je devienne brun ? ou bien mes vêtements, ils sont cool ? Non je changerais pas, je devrais ? » Il se retourna pour voir ce qu'en pensait Jae Duk, mais il n'était plus là. Il s'arrêta là, tout net, les bras ballant. Bah il était où ? Il regarda à gauche, à droite, en bas, tenta même se s'allonger sur le sol pour regarder sous une voiture, puis cria : « ON FAIT UN CACHE CACHE C EST CA ? » Il posa ses poings sur ses hanches, regardant toujours tout autour de lui. « T AURAIS PU PREVENIR J AURAIS COMPTER, PIS POURQUOI C EST TOI ET PAS MOI QUI SE CACHE ? » Il continuait de crier, tournant sur lui même jusqu'à en perdre le sens des réalités. Il était vexé. Il commença à bouder lorsqu'il se fit attraper au vol. UNE BAGARRE ? Non. Ce n'était que son ami qui l'avait attrapé. « ON FAIT LA COURSE C EST CA ? » Il commença à rire, et accéléra. On ne le battait jamais à ça. Et il ne se laissera jamais battre. Il se mit à courir plus vite encore, jusqu'à à peine distinguer les bâtiments autour de lui, plus vite encore, si vite encore qu'il crut un moment avoir dépassé la vitesse de la lumière, puis il ralentit. Ah. Il fallait attendre Jae Duk. Il mit les mains de part et d'autre de sa mâchoire, il fit vibrer sa luette :« T'ES NUL, JE PENSE QUE T'AS PERDU ! » Il lâcha encore une fois un rire. Mais ils avaient plutôt bien avancé, grâce à ça. Il.. non. Il ne reconnaissait pas le coin. Il tourna sur lui même, cherchant son chemin, sa route, et il constata avec désespoir qu'il ne savait pas où ils étaient. « ET JE CROIS QU'ON EST PERDU » continua-t-il d'hurler avec force, alors qu'il s'était approché de Jae Duk et que l'autre homme n'était qu'à quelques mètres à peine. « BON EUH ZUT MINCE CHIOTTE. tu connais le chemin toi ? » Il pencha la tête sur le côté. Ils n'étaient pourtant qu'à quelques rues du dortoir gumis, mais il était un peu bête, un peu éméché, et très tête en l'air. « mon téléphone attend je vais appeler quelqu'un, t'inquiète on va trouver » Ouais mais... il était quelle heure déjà... est ce que quelqu'un était encore réveillé ? « non mieux, je vais demander à siri. SIRI IL EST OU LE DORTOIR GUMI ??? »

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Il est con. Non vraiment, il est con. Beaucoup trop con. Et moi j’pas assez d’alcool dans l’sang pour le rejoindre dans sa connerie.
A moins que…
Il m’trace, mais j’me mets à courir derrière lui, d’toutes mes forces. Mais putain, pour un mec complètement bourré, il est sacrément rapide. « C’est toi qu’es trop nul du con, j’suis sûr tu t’es shooté. » Ouais ok, peut-être un peu mauvais perdant, mais c’est lui qui a commencé. Et en plus il continue.
« Attends t’es sérieux là t’sais même pas comment on fait pour rentrer ? Mais j’t’ai suivi moi ! Et c’est qui Siri, j’la connais ? » J’entends parfois parler d’elle c’est ouf elle doit être connue elle a sa p’tite réputation. Mais j’suis choqué d’pas la connaître moi. Même un peu jaloux j’vais pas mentir. Sauf que j’veux pas qu’l’autre il se la pète alors j’sors mon téléphone comme un bg. « Non mais ouais mais j’la connais en fait ouais attends bouge pas j’l’appelle, ça fait des jours qu’on doit s’faire une bouffe. »
Sauf que là j’sais pas quoi faire en fait. J’peux appeler quelqu’un au pif ? Tiens j’vais appeler Kali ça fait un bail. Enfin pas tellement mais j’kiffe l’emmerder (et peut-être qu’elle m’invitera chez elle) (ouais enfin d’compte ça m’tente plus d’aller chez elle qu’chez les gumi). Sauf que cette connasse (non promis Kali j’le pense pas) elle répond pas. Elle dort pas en plus j’suis sûr. A tous les coups elle doit être trop concentrée. Ou elle est sortie. Ou pire, elle filtre mes appels. Nan, elle filtre pas mes appels, hein ? Elle a pas l’droit.
Hein ?
J’raccroche, j’hausse les épaules. « Elle répond pas c’est con, faudra se débrouiller seuls. » Y a une voix qui sort d’son téléphone à lui, j’me demande s’il a réussi à joindre Siri lui, mais j’m’en occupe pas, j’essaie d’détourner son attention. « Vas-y mec raccroche, j’aime pas trop quand t’es au tel alors que j’suis là. Viens on va s’promener, on finira bien par retomber sur l’dortoir. Et c’est romantique. » J’crois qu’si j’avais été une gow j’lui aurais fait les yeux doux.
J’sais même pas pourquoi.
J’ai trop d’énergie, sûrement parce que j’suis pas sorti d’puis trop longtemps. J’ai envie d’faire pleins d’trucs, j’ai envie d’faire chier pleins d’monde. J’ai envie d’bouffer aussi. Ouais j’ai envie d’bouffer. C’pas pour ça que j’suis sorti à la base ?
Ou alors j’suis sorti parce qu’j’avais envie d’sortir.
Ouais c’probablement ça. « Peut-être même qu’on croisera le combini et qu’on pourra le braquer. » J’me demande c’que Seyun il rendrait en cambrioleur. J’me dis qu’ce serait rien d’fameux, voire même dramatique. C’pas qu’le gars est trop gentil, ou même trop doux, c’un vrai sauvage parfois. Mais il est un peu boulet. J’me demande c’que Kali en dirait, si j’le ramenais sur un casse. Sûrement qu’elle tirerait la gueule. Ça m’fait sourire. J’aime bien quand Kali elle est fâchée, ça la rend sauvage.
Et j’aime bien quand Kali elle est sauvage, j’sais pas pourquoi.

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CODES © LITTLE WOLF.

Bah. Siri elle répondait pas. Il regarda son téléphone étrangement, le tournant dans tout les sens pour comprendre ce qui ne fonctionnait pas avec lui. Il y avait Jae Duk qui lui parlait, et il fut surpris d'entendre ce qu'il avait à lui dire. ‹ naaaaaaaaaaaan arrête t'es sérieux ? tu l'as déjà rencontré ? › Comme il était jaloux ! Lui aussi il aurait aimé la voir. Il bouda un petit peu, mais pas le temps de niaiser. Il ressaya, cette fois cliquant sur le bouton central de son téléphone. Ah ! Elle était là ! Il sourit à la belle voix, et lui posa encore une fois la même question. « SIRI IL EST OU LE DORTOIR GUMI ? » Il attendit quelques secondes qu'elle digère les infos. Elle avait beau avoir une belle voix, elle n'était pas très maligne, mais il n'était pas surpris, ce n'était qu'une femme. Il soupira, elle en mettait du temps. Désolée, je n'ai pas compris votre demande. Il n'en fut même pas surpris, il ne fallait pas s'attendre à des miracles venant d'une créature féminine. Il eu une soudaine envie de jeter son téléphone sur le sol par frustration, mais s'en empêcha. Il allait recommencer. ‹ Dis, Siri › commença-t-il, articulant exagérément. ‹ sais. tu. où. se. trouve. le. dortoir. gu. mi. ho. ? › Il avait parlé lentement, avait tout bien articulé, mais la réponse fut la même. Frustré, ça il l'était. Il éteignit son téléphone, et le fourra dans sa poche, reportant son attention sur Jae Duk plutôt que sur la machine inutile. Se balader, oh ouais chouette, il aimait bien ça ! Il sautilla, tout content, et commença à mener la danse. Il marchait, tout fier, la tête bien haute sur ses épaules. S'il avait été un chien, il aurait sûrement remué la queue. Bon, il pouvait toujours le faire là, mais ça ne serait pas du même effet. Il fit balancer ses bras fort de part et d'autre de son corps, et tourna à gauche. ‹ pourquoi tu veux voler ? je peux acheter tu sais ? › Pour prouver son point, il chercha dans toutes ses poches pour en sortir son portefeuille. Les poches de sa veste, les poches avant de son jean, les poches arrières de son pantalon. Rien. Nada. Oh. Il blanchit d'un seul coup. Ah c'était la merde. Cela ne le gênait pas, tout le liquide qu'on pouvait lui prendre. C'était sa carte, qui était embêtant, parce que... il avait si peu de mémoire qu'il avait écrit son code à côté. ‹ JAE DUK › hurla-t-il en se retournant, se trouvant nez à nez avec l'autre homme. ‹ C'EST LA MERDE JE CROIS ! › Il commença à tourner en rond, commençant presque à s'arracher les cheveux de la tête. ‹ COMMENT ON VA FAIRE POUR ACHETER A MANGER ? ON EST PERDU ET SANS LE SOU ? TU CROIS QU'ON DOIT TOUT DE SUITE COMMENCER A FAIRE LA MANCHE ? COMMENT CA MARCHE LA PAUVRETE ? › Oh non. Il n'avait pas mérité ça. Il marcha frénétiquement, faisant des zigzag dans les rues, passant par des ruelles improbables et sombres où des gens bizarres devaient traîner. ‹ j'ai perdu mon portefeuille... › Il était presque devenu inutile maintenant. C'était comme ça qu'on se sentait dans la pauvreté ? Il plaignait les gens. Puis, sans même qu'il ne s'en rende compte, ils se retrouvèrent face au dortoir Gumiho. Il se jeta sur le sol, de façon plus que dramatique, et commença à sangloter. ‹ mon portefeuille... bouhouhou... › Les larmes coulaient sur le côté de son visage, se laissant tomber sur le goudron alors qu'il était sur le côté, sa tête reposant sur ses bras. ‹ je suis devenu pauvre... j'ai plus besoin de vivre › Et il arrêta de respirer. La vie ne valait plus la peine d'être vécu. De toute manière, il était bien trop con pour pouvoir vivre sans être privilégié.