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Lovely time, Valentines in Singapore ♥
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Re: Lovely time, Valentines in Singapore ♥ | Jeu 13 Avr - 18:23 Citer EditerSupprimer
ft. Hyera ♥
The eternal ephemeral love
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Lovely time,
Valentines in Singapour ♥
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Tenue Jour 1 ~ Le vent marin soufflant encore sur la peau de leurs visages, les aléas de leurs émois étaient semblables aux flots d’un océan apaisé. Nulle tempête mais d’incessant remous. Une once d’hésitation, léger sursaut d’incompréhension et un petit pincement au coeur, comme chaque fois qu’elle ne savait comment prendre ses mots. Hyeon et sa sincérité aussi touchante que maladroite. Avait-elle commis un excès en l’embrassant ainsi ? Était-ce le message qu’il essayait de lui faire comprendre ? Ses paroles semblaient reflet d’un amour à l’état pur. Était-ce subjuguant à en suffoquer ou blessant ? La jeune femme n’aurait guère su le définir, alors elle n’en creusa pas plus loin et se laissa emporter gaiement dans son souhait de photographier un nouveau souvenir d’eux deux. Parce qu’ils se dressaient en cet endroit si symbolique dans son esprit, parce que Hyeon en avait été l’initiateur, assurément, elle chérirait tout particulièrement ce cliché. Elle ne put qu’en sourire radieuse et bien heureuse, éperdument amoureuse, avec cette étincelle dans le regard dirigé vers lui. Peut-être n’avait-elle pas besoin non plus de plus que sa seule présence, rien de plus en ce monde, cependant, elle n’en désirait pas moins. Malheureusement ou non pour lui, la jeune femme resterait un esprit indomptable qui ne se contraignait guère à réfréner ses envies. Oh, Hera le faisait ! Certainement s’y était-elle encore plus appliquée avec lui qu’avec quiconque, exprimant ses pulsions par la parole comme il lui avait fait promettre de partager toutes ses pensées mais lui assurant de réprimer ses gestes, cependant, même avec une aile blessée, Hera ne saurait rester un oiseau en cage. Que ton coeur soit bien accroché Lee Hyeon car il se pourrait que je m’adonne quelques fois à la tentation de mes pulsions au risque de le faire chavirer à l’instar qu’un seul de tes regards peut renverser le mien… Il était beau son Hyeon. Il l’avait toujours été. Il avait un charme qui faisait tomber de nombreuses femmes, sans le connaitre. Pour Hera s’était différent. Parce qu’au fond, même s’ils ne s’étaient vus que par deux fois dans l’enfance, elle avait conservé une perception différente de lui. Une impression de le connaitre. Alors, indéniablement, ils restaient des parts ombres entre eux. Ils ne pouvaient lire encore dans le coeur l’un de l’autre comme dans un livre ouvert. D’autant plus que tous deux n’étaient certainement pas les plus habiles maitres en matière de sentiments. Derrière cette façade qui la faisait paraître d’une grande simplicité prévisible, Hera s’avérait bien plus complexe. Quant à Hyeon… Cette belle énigme que peut-être elle ne saurait résoudre mais qui néanmoins semblait s’extirper peu à peu du labyrinthe brumeux où ses émotions avaient été faites prisonnières. La singapourienne ne pouvait rétorquer afin de poser la carte de la modestie. Certes Hyeon n’avait pas besoin d’elle pour être la représentation d’un parfait prince charmant, néanmoins, il était vrai qu’il se dégageait de lui désormais, en ce jour, quelque chose de plus, quelque chose de nouveau. N’était-il plus un séduisant jeune homme de façade mais un bel homme rayonnant car heureux ?
Puis, au gré de leur promenade dans les jardins, la belle lui avait témoigné que s’il n’aspirait à plus que de la savoir à ses côtés, il ne pourrait l’empêcher de s’accorder quelques petits péchés comme ce léger baiser sur sa joue déposé. Sans doute comprenait-il lorsque sa main lui échappa que telle marée qui s’avance et se retire, insaisissable, la jeune femme était incontrôlable. Petite princesse à papa en apparence, son esprit s’envolait bien plus libre que les préjugés ne laissaient imaginer. Hyeon le savait très certainement. Hera ne supportait pas les chaines, mais il avait la douceur, la retenue peut-être de ne pas en être une. Son appel à ne pas s’éloigner l’amusa bien que sur le moment, elle ne l’écouta pas. Jusqu'à ce qu’elle se retrouve à nouveau face et tout près de lui, victime d’un papillon facétieux. Cette douce coïncidence, messagère du destin, sembla l’amuser et pour une fois, ce fut la demoiselle qui en fut la plus gênée. Les joues empourprées, elle baissa les yeux. Par embarras et aussi aveuglée par la vue de son visage si rayonnant lorsqu’il souriait de la sorte. Plus Hyeon changeait, plus il s’épanouissait et plus son coeur à elle s’emballait. Son charme décuplé la désemparait. Alors ses yeux légèrement fuyant trouvèrent parade en se posant sur un panneau d’indications du parc :
« Lequel d’entre nous est un grand enfant pour qu’il ne faille que nous ne nous lâchions ? » le taquina-t-elle subtilement, tachant de recouvrir sa contenance souriante et malicieuse.
D’un léger mouvement de tête, accompagné d’un infime glissement du regard, elle l’incita à tourner le sien faire le fameux panneau qui parmi les nombreux rappels d’interdiction affichait quelques conseils à figure d’obligation dont celle de tenir les enfants par la main. Singapour et sa singularité ! Il existait en cette cité des sigles que n’apparaissaient certainement nulle part ailleurs. Amusée, lèvres légèrement pincées et nez quelque peu retroussé, elle le laissa bien docilement reprendre sa main pour poursuivre cette agréable balade, emprunte elle aussi de nombreux souvenirs.
« Je suis souvent venue ici, en famille, avec l’école ou mes prétendus amis lorsque nous étions plus grands. Je me souviens que se tenir la main n’était pas une mince affaire, rit-elle doucement à ce souvenir. À tel point que ni ma mère, ni les gouvernantes ne voulaient plus nous emmener en l’absence de mon père. Quand il était là, pas de risque que je lâche sa main, je m’y accrochai fermement. À deux mains s’il le fallait, et ainsi refuser ma seconde à Iwan qui essayait de sauter sur la moindre occasion pour la tenir, alors que ma mère ne demandait qu’à le garder avec elle, tenant Sunny de son autre main, tandis que Liwei se tenait sagement de l’autre côté de notre père. Et ce ne fut guère mieux bien que nous ayons grandi la première fois où nous sommes venues avec Jaehwa. Trois soeurs pour un seul frère, c’était une bataille de tous les instants. »
Ironiquement dans le combat incessant de qui monopoliserait le seul garçon de la famille, si Sunny et Hera menaient les hostilités l’une envers l’autre, ce fut l’évincée Liwei qui les coiffa magistralement sur le poteau. Une histoire bien compliquée que la petite dernière avait mis du temps à digérer.
« Tu es le troisième et seul homme qui n’est pas de ma famille auquel je permets de me tenir la main aussi docilement, » émit-elle ce constat à haute voix avec douceur. Il était vrai que peut-être, Hera tendait à se montrer de plus en plus avenante, quelque peu entreprenante avec son petit ami, mais de nature, elle était bien plus farouche que ce que son instinct lui dictait à l’égard de ce cas à part.
Il était vrai, qu’à l’exception de ces quelques questions pour s’assurer de son confort, inconsciemment grâce au détour du barrage et au fil de cette promenade apaisante, la singapourienne s’était progressivement relaxée. Elle ne se faisait plus autant de mouron à se préoccuper de ne pas commettre la moindre erreur, de s’assurer de ne rien faire pour lui déplaire. Ses nerfs s’étaient relâchés et elle s’était davantage laissée porter par chaque instant partagé avec lui. Quand bien même le crépuscule s’annonçait, le programme de ce jour s’avérait encore loin d’être fini. Ils montèrent au somme du Super Trees où évidemment, ils furent placés à l’une des meilleures tables – peut-être parce que Hera avait pris soin de réserver à l’avance afin de s’assurer qu’il n’y ait aucune faille dans son organisation si bien définie. Leur commande fut prestement servie, agréable rafraichissement sucrée, touche de gourmandise pour se désaltérer. Se reposer après une longue marche de plusieurs heures n’était pas de refus non plus. Entourant son verre de ses doigts, elle trinqua, subtil tintement du contact entre les deux contenants, puis de ses yeux captivés par son regard, elle l’écouta, bercée par le son de sa voix.
« À nous, Hyeon, lui répondit-elle le timbre emprunt de la tendresse de l’émotion. Je ne pourrais être plus heureuse que de partager mon monde avec toi, et je ne peux que te remercier de vouloir être à mes côtés même en apprenant à me connaitre, même si je suis bien différente de cette image qu’on peut se faire de ma personne. Pour ta patience et ta tolérance à mon égard, je ne peux t’être qu’infiniment reconnaissante. »
Quelques gorgées de ce nectar, la lumière du soleil qui s’étendait vers la ligne d’horizon. Un paysage à couper le souffle que Hyeon l’emmena admirer depuis les rambardes. Ses iris s’y perdirent, l’éclat doré du ciel caressant la mer, effleurant les cimes de la ville bordé d’un voile aux doutes orange-violacé. Jamais, jamais un tel spectacle ne saurait devenir banalité et son coeur suspendu sur cet instant se remémora à quel point la beauté de son pays lui avait manqué. La voix de Hyeon vint à nouveau effleurer ses tympans. Son coeur à elle oscillait entre bonheur présent et vague de nostalgie. Sans détourner son attention du couché de soleil se reflétant sur leurs iris, d’une voix légère comme un souffle, elle répondit :
« Je voudrais te dire que tu m’accordes une importance plus grande que je ne le mérite et que tu te sous-estimes certainement à te défaire toi-même de tes chaines, mais… »
Infime battement de cils, Hera se tourna vers lui, plaisir des yeux tout aussi beau et unique. Un nouveau sourire tendre et aimant s’épanouit.
« J’ai envie de croire aussi que tu puisses dire vrai et que j’ai pu exaucé mon voeu de te rendre plus heureux. »
Subtil frisson, elle accueille le contact des mains du pianiste qui épousent la forme de ses épaules. Discrète lueur dans son regard, elle n’ose y croire. Imperceptible mouvement de ses lèvres, que s’apprête-il à dire ? Rien, car il ose. Promesse d’amour et voeu d’éternité que de sa bouche il dépose sur la sienne. Sublime tableau, instant figé à graver dans la mémoire. Le temps coule et jamais ne s’arrête. En cet instant, il semble s’emballait dans une roue infinie, cycle éternel qui jamais ne prend fin. Du goût de ce baiser, lèvres humectées, doucement pincées, coeur papillonnant, intimidée ses yeux se baissent tandis que la distance se rétablit, jamais très loin pour autant. Du bout de ses dents, elle la mordille légèrement, cette lèvre qui ne saurait être rassasié de ses baisers. Les yeux brillants, fondants d’émois, Hera les releva lentement vers lui. Elle savait à quel point, ce n’était pas anodin pour lui.
« Nous ne devrions pas… » lui murmura-t-elle discrètement, ses yeux indiquant timidement le monde qui les entourait.
Audacieux, il l’avait été encore plus qu’elle précédemment. Il la surpassait, lui donnant l’impression malgré tout, de faire toujours un peu de plus en avant. Un pas d’avance ? Jeu grisant de la surenchère, jeu dangereux à insuffler à une âme intrépide, séduite par le goût du dépassement des limites. Elle qui étrangement prenait les règles tant à coeur, elle n’en préférait pas moins dicter les siennes. Paradoxe d’un esprit sauvage né au pays des interdits.
« Que nous soyons dans un rêve ou dans la réalité, je veux profiter de chaque instant avec toi, toujours un peu plus intensément afin que si jamais nous devions nous réveiller, nous n’ayons rien à regretter. »
C’est vrai que c’était peut-être surréaliste. C’est vrai que c’était peut-être trop beau, trop parfait. Mais quand le bonheur est là, il faut savoir le saisir, le chérir dans l’espoir de jamais ne le laisser s’enfuir.
La nuit était tombée sur l’excentrique Cité du Lion, et tandis que l’obscurité d’un ciel étoilé se répandait, les lumières de la ville fleurissaient, tel des bougeons scintillants de toutes les couleurs. Des fleurs de lumières, sans doute n’auraient-ils de meilleures définitions pour les ampoules qui illuminaient désormais les troncs des gigantesques arbres artificiels de Garden By the Bay. Une fois le soleil caché par-delà l’horizon, Hera avait quelque peu hâté Hyeon de redescendre. Telle une enfant face aux guirlandes clignotantes, l’éclat du jeu de lumières se reflétait à la surface de ses yeux, maintenant qu’il se tenait à nouveau au pied des Super Trees. La singapourienne lui expliqua que chaque soir avait lieu un spectacle de son et lumière. C’était un bonheur simple, féérique parade aux mélodies enchantées qui se dévoilaient à leur yeux levés vers les sommets. C’était une foule de souvenirs de son enfance, lorsque pour la première fois, elle l’avait admiré ses petits bras entourant le cou de son papa qui la portait dans ses bras. C’était la magie aussi basique que démesurée de Singapour. C’était l’un de ses moments à partager où les paroles précédentes de Hyeon prenaient tout leur sens. Captivée par le spectacle, elle ne ressentait le besoin ni de lui parler, ni de chercher un contact plus prononcé, plus démonstratif. Elle le savait, elle le sentait là, à côté d’elle, et c’était tout ce qui comptait. Ils y restèrent un temps à contempler un monde de lumière dans l’obscurité chaude et vivifiante de la Cité de Lion. Son regard, elle finit par l’en décrocher pour le reporter sur son petit ami, tenter brièvement de déceler les expressions révélatrices de ses pensées. Puis, dans un doux enthousiasme, elle lui demanda :
« Ça te plait ? »
Néanmoins, la représentation se perpétuant pendant une heure et le soir avançant, elle l’invita à quitter ensemble le parc aux jardins avant la fin.
De nouveau, elle s’enquit de savoir s’il n’était pas trop affamé. Après tout, ils avaient beaucoup marché au cours de cette journée. Se rendre au restaurant, plus raffiné cette fois, s’avérait bien être la prochaine étape du programme, cependant, le jeune couple devait encore s’y rendre à pied. La balade sur le bord de rive en valait la peine. Peu après avoir quitter le parc de Garden By the Bay, leurs pas ne tardèrent pas à le mener sur une place où se dressait un bâtiment aussi emblématique que original. Hera présenta à son petit ami l’ArtScience Museum dont l’architecture si particulière représentait une fleur de lotus aux pétales illuminés d’élégants motifs à cette heure.
« L’an dernier au début du printemps, les lumières sur le pétale principal du Muséum représentait un papillon. Je suis passée ici et l’ai vu la veille de mon départ pour la Corée du Sud. Si nous souhaitons accorder foi en le destin, n’était-ce pas un signe de nos retrouvailles ? »
Elle sourit à ce souvenir qui sur le moment ne lui avait suscité rien d’agréable. Elle avait tant fulminé à l’idée d’être exilée dans cette université, et surtout dans ce pays. Pourtant la voila de retour, l’âme bien plus en paix, en ce même lieu, se tenant auprès d’un tout autre papillon, bien réel. Ne s’éternisant pas d’une poignée de minutes, ils continuèrent leur cheminent le long du bord de baie. Un peu plus loin, Hera s’arrêta au pied d’un immense bâtiment à l’architecture encore une fois unique.
« Tu as sans doute déjà entendu parler du Marina Bay Sands et de son incontournable piscine à chute qui surplombe la ville ? »
De son regard montant le long de l’impressionnant hôtel, elle le désigna. L’impression vue d’en bas était si vertigineuse.
« C’est une expérience mais honnêtement, il y a plus magique à découvrir. »
Son attention redescendit sur son interlocuteur, esquissant une légère moue.
« Je n’aime pas vraiment me baigner devant tout le monde, sous les yeux de dizaines d’inconnus. »
Déposant délicatement une main sur son bras, la jeune femme incita naturellement son aimé à rependre leur marche, tout en ajoutant.
« En revanche, même si le point de vue n’est pas aussi haut, il n’en est pas moins agréable, nous avons la même en plus petite évidemment à la maison. Le spectacle nocturne de la cité y est féérique. »
À l’image de la ville, sa propre demeure regorgeait de trésors et de surprises dont elle comptait bien faire découvrir, au moins en partie à son invité. Par ailleurs, effectuer un séjour à Singapour, aussi court soit-il, sans se baigner serait inadmissible ! La demoiselle avait bien en tête d’en savourer les vertus apaisante et décontractante pour conclure une journée si bien remplie. Qu’importait l’heure tardive de la nuit, cette dernière se faisait si chaude et douce en cette soirée qu’il serait gâchis de s’y refuser. Ils poursuivirent alors leur marche paisible enveloppée dans l’atmosphère nocturne si agréable et au cours de laquelle, Hera réfléchit un peu à cette journée qu’ils venaient de passer, aux mots que Hyeon avait pu prononcer. De ses pensées, elle lui fit partager :
« Découvrir de nouveaux horizons nous permet de changer, d’apprendre à mieux nous connaitre nous-même, je crois. Tu as parlé tout à l’heure, d’illusion et d’éphémère, peut-être as-tu raison. Avec toi, je redécouvre un Singapour encore plus paradisiaque que dans mes souvenirs. Mais ce monde si merveilleux n’est pas la réalité. Je l’ai appris en étudiant à la Yonsei, en faisant mon expérience de la vie, loin de chez moi. Je me sens différente aussi depuis quelques temps, au fil des mois, dans cette nouvelle vie dont tu fais partie intégrante. »
Au fil de leur cheminement, un peu avant de d’atteindre le restaurant, ils passèrent devant le Promontory. Rapide détour, Hera emmena Hyeon à s’engager sur la pelouse de ce lieu de rassemblement et manifestation. Au bout de sa pointe, elle s’arrêta pour contempler cette vue dont elle ne se lasserait jamais, celle de lumières de la ville se reflétant à la surface des flots. Elle inspira profondément, cet air plus calme que le vent qui soufflait sur le barrage. Elle était chez elle, bel et bien, chez elle. Ce pays où elle était née, cette mer qui l’avait depuis toujours bercée. Et peut-être plus que tout encore, la « Cité de son père » :
« Peut-être dois-tu me trouve étrange, voire incompréhensible à me mettre autant de pression toute seule, sans que au contraire de tes parents, les miens ne m’imposent une telle rigueur. Ma mère est convaincue que je suis parfaite et supérieure à quiconque, tandis que mon père… J’ai toujours été beaucoup envié dans mon enfance, notamment parce que j’étais la fille du Président Tsai Shen. Pas tant pour sa fortune et son influence mais parce qu’il est différent de bon nombre de père dans notre milieu. Quoique je fasse, il est fier de moi. Je sais que si j’échouai un jour, il me soutiendrait. Que son amour ne se conjugue pas avec mes réussites. J’ai conscience de ma chance. Je l’ai longtemps pensé dû, je révise mon jugement, et surtout, je lui suis infiniment reconnaissante, chaque jour un peu plus. Beaucoup de choses sont arrivés parce qu’il m’a envoyé à la Yonsei. Il m’a puni pour mon bien. Il a eu raison et j’aimerai tant pouvoir le rendre encore plus fier. Je veux devenir cette grande femme qui se reflète dans ses yeux quand il me regarde. Il ne me demande que d’être respectable et heureuse, en retour, je voudrais être tellement plus. Que jamais personne ne puisse blessé son amour par ma faute. »
La jeune femme ne sut pas vraiment pourquoi elle prononça ces mots. Renouer avec son univers, contempler à nouveau l’horizon infini qu’offrait cette cité ouverte sur l’océan, se laisser envouter par le ronronnement des flots, tout ceci suscitait en elle beaucoup de réflexion. Ses retrouvailles avec son pays mais aussi, les moments et les mots partagés avec Hyeon. Puisqu’il lui en avait un jour demander la promesse, puisqu’il disait l’aimait l’entendre alors spontanément, elle laissait ses pensées s’exprimer au gré des élans de son coeur.
Puis, un regard sur sa montre, elle coupa ce moment en pressant un peu. L’heure de sa réservation approchait. Le Clifford Pier n’était pas un de ces restaurants où on pouvait se permettre de débarquer à l’improviste, et fidèle à elle-même, Hera avait anticipé avec minutie. Après cinq dernières minutes de marche, les deux amoureux se présentèrent à l’entrée du prestigieux établissement de restauration.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
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Re: Lovely time, Valentines in Singapore ♥ | Lun 17 Avr - 18:46 Citer EditerSupprimer
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Tenue Jour 1 ~ Encore à l'heure actuelle, Hyeon se demande comment est-ce que le papillon qui se trouve face à lui a pu toucher de nouveau, et autant, son âme. Quel est donc son pouvoir ? Quel est ce sortilège qui le rend prisonnier de ses griffes ? Mais peut-il réellement parler de prison ? N'est-ce pas bien au contraire le signe de son envol vers le ciel, de son développement personnel ? Il s'envole Hyeon, vers ce qui semble être son désir, effleurant la douceur des nuages, découvrant ce vaste monde. Il y a tant de choses à découvrir, tant de choses à faire, sera t-il capable d'y arriver, jusqu'au bout ? Sera t-il capable de continuer son vol jusqu'à atteindre l'ivresse de son âme ? Il ne sait pas, mais il avance, progressivement. Et aux côtés de sa bien-aimée, ce papillon enchanteur. Même dans l'obscurité elle est son astre d'argent. Il esquisse alors un sourire lorsqu'elle évoque un certain côté enfantin dû au panneau qui exige de garder les enfants sous haute surveillance, les gardant en main. « Je pense que tous les deux nous pouvons redevenir des enfants, pour quelques minutes. Et qu'importe si les adultes ne sont pas là, puisqu'il y a toi et il y a moi. A nous deux, nous pouvons affronter le monde ». Il se revoit de nouveau petit, veillant sur Hera de son regard protecteur et se voulant sécurisant. Il se souvient aussi de la promesse faite à lui même, de toujours la protéger quoiqu'il advienne. En grandissant, il en a oublié les prémisses mais il se souvient désormais. Il se souvient de tout. Il compte bien tenir cette promesse maintenant qu'il est en possibilité de le faire. Il n'est plus l'enfant d'avant. Il l'écoute alors raconter un de ses souvenirs d'enfance, se demandant lui-même quand était la dernière fois qu'il avait pris la main de ses parents, avait-il même déjà tenu une seule fois la main de son père ou même de sa mère. Il a pourtant souvenir d'avoir tenu la main d'une autre personne, mais il ne s'en souvient plus. A part celle de sa cousine il a le sentiment de ne l'avoir jamais fait vis à vis d'un membre de sa famille, mais peut-être est-ce trop loin pour lui ou est-ce de son propre ressort que de les refouler. Il inspire profondément, chassant ces quelques pensées, et se centrant de nouveau sur les souvenirs de la jeune femme, imaginant totalement la scène. « Tu as vraiment une famille extraordinaire Hera, du moins à t'entendre ça semble être le cas. Tu as dû avoir une enfance bien joyeuse ». Il caresse doucement ses cheveux, d'un geste pensif et chaleureux. Il arque néanmoins un sourcil lorsqu'elle évoque le fait d'avoir déjà tenu la main de deux autres hommes, avant lui. « Vraiment ? ». Il ne sait pas s'il a le droit de la questionner concernant les deux autres hommes ou s'il est préférable de ne pas aborder le sujet,et de taire sa curiosité malvenue. Il faut dire que Hyeon n'a pas pour habitude d'être jaloux, et surtout pas jaloux d'hommes qu'il ne connaît pas, et qui font partie de son passé. « J'espère avoir la main la plus chaleureuse entre les trois » se contente t-il de dire finalement, le visage presque neutre, manquant peut-être d'émotions, mais reprenant rapidement le dessus un sourire amusé sur les lèvres.
Ils s'en vont alors vers un bar aux lumières multiples et au paysage féerique, le ciel devenant de plus en plus coloré, prenant des teintes plus chaudes mais aussi plus sombres. Assis sur cette tablée, Hyeon se sent quelque peu nerveux et les mots de la jeune femme viennent faire trembler son cœur, le remplissant d'une douceur chaleur. Son cœur est comme un oiseau dans ses mains, qui s’effarouche et qui frissonne. Sa voix l'enlace comme une chère étreinte, et son cœur brûle tranquillement. Il esquisse donc un sourire, touché par ses paroles,se sentant soudainement plus léger. Il ressent un infime amour qui émane de la jeune femme mais de lui aussi. Jamais ô grand jamais il ne se serait imaginé dans une telle posture, si assoiffé d'affection, dans le besoin de la voir, de l'entendre, de humer son odeur si particulière mais si enivrante. « Tu n'as pas à être reconnaissante Hera, pas avec moi. Il est de mon rôle d'être ainsi, et bien plus qu'un rôle, c'est ce que je désire ». Il l'amène ensuite au plus près du paysage, pour se délecter de ce moment si unique. Ce n'est pas à Séoul qu'ils vont avoir la chance de se retrouver ainsi, face à face, devant ce paysage si vaste, avec le soleil qui se couche de plus en plus, un verre en main, et cette atmosphère aux airs romantiques. Ce lieu,ce moment, fait partie des témoins de leur amour, il entend leurs innocentes et tendres promesses soufflées à l’aube de leurs naissantes romances juvéniles. Il est le témoin de leur idylle. Ce voyage va rester ancrer en lui, semblant être le serment d'une fidélité sans précédant, illuminant son chemin d'une douce lumière. Sur les dernières paroles de Hera il finit par l'embrasser, pour l'éternité. Et le seul moyen de survivre à l'éternité est d'apprécier chaque minute. Ses lèvres l'emportent dans un rêve de douceur et de bonheur. Elles ont le goût du soleil, la senteur des fleurs au réveil, le miel et le sel, un goût d'interdit. Complexité de tendresse, sensualité d'une caresse. Il se réveille néanmoins brusquement de ce rêve lorsqu'il ressent une petite décharge électrique au niveau de sa lèvre, Hera ayant profité de cet instant pour les mordiller avec malice. Il s'écarte de lui, réalisant alors les circonstances dans lesquelles ils se trouvent, ses joues prenant une teinte rosée. « Oh pardon. Je me suis laissé entraîner par ma spontanéité », mais surtout par le contexte qui pousse le jeune homme à goûter au nectar de ses lèvres. Il caresse alors du bout de ses doigts les joues de la jeune femme et se contente d’apposer un simple baiser sur son front. « Tu as raison. Profitons de ces quelques moments, avant qu'il ne soit trop tard, avant que le temps ne nous rattrape. On a encore tant de choses à faire, tant de choses à partager. N'ayons aucun regret ». Et c'est sur ces dernières paroles que le soleil finit par disparaître, finissant ainsi cette première journée en toute gaieté.
Ils s'en vont alors observer la danse de couleurs et de sons qu'Hera évoque, lui donnant presque des étoiles dans les yeux. Décidément, cette ville propose de biens nombreuses choses, toutes aussi merveilleuses les unes des autres. Et alors qu'il regarde ce spectacle, aux côtés de Hera, Hyeon se rappelle d'une citation qu'il a récemment entendu et qui dit que c'est peut-être cela finalement, aimer vraiment. Apprendre à pardonner, sans réserve et surtout sans regrets. Poser son doigt sur la touche d'un clavier, effacer les pages grises pour tout réécrire en couleur. Mieux encore, se battre pour que tout finisse bien. « Oui ça me plaît énormément » dit-il en gardant les yeux plongés vers ce spectacle, ses pensées s'en allant jusqu'à la jeune femme, repensant alors à tous ces échanges et cette douceur. Malheureusement, le soir tombant de plus en plus et le temps passant trop vite, ils finissent tous les deux par s'en aller, quittant cet endroit si paisible. Il suit alors la jeune femme qui le propose alors d'aller manger quelque part, marchant tout le long de la rive, l'atmosphère étant particulièrement apaisante. Il ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'elle dit croire au destin. « Le destin dis-tu », ses yeux se fondent dans le paysage, ne sachant pas quoi en penser, ni même quoi dire. Il est vrai qu'il commence à y croire, de plus en plus. « Alors dans ce cas-là, si ce que tu dis s'avère être vrai, cela signifierait que tu es mon destin Hera ». Ses yeux descendent jusqu'aux prunelles de sa partenaire, inspirant profondément et calmement. Est-elle réellement sa destinée ? Est-elle le papillon de son destin ? Il l'espère, du moins aujourd'hui et peut-être encore demain. « Tu sais Hera, je pense que nous ne choisissons pas d'où nous venons, mais nous choisissons où nous souhaitons aller donc où nous souhaitons être ». Ce qui signifie qu'il souhaite être à ses côtés et nulle part ailleurs. Il continue simplement sa marche, sourire aux lèvres, s'arrêtant quelques mètres plus bas. « Oh mais ne t'en fais pas Hera. Je ne suis guère intéressé par l'idée d'y aller de nouveau, si c'est ce que tu sembles dire. Ayant voyagé ici auparavant, mais juste pour quelques passages, je m'y suis rendu de nombreuses fois, même si pour tout t'avouer je n'ai jamais eu l'idée d'aller me baigner. Je n'aime pas me baigner devant les autres non plus », par pudeur mais aussi parce qu'il ne l'a jamais fait. « Et puis, ta maison est de toute manière plus chaleureuse que cet endroit. Par contre je dois t'avouer que . . . je ne sais pas si je vais être en capacité de me baigner en ta présence, mais nous verrons bien le moment venu », puisqu'il a compris, Hyeon, qu'elle souhaite s'y rendre en sa compagnie, mais il ne sait pas. Hyeon s'arrête quelques secondes de marcher alors qu'elle lui tient des propos quelque peu flous pour lui. Que veut-elle dire par-là ? Est-ce le monde qui n'est pas paradisiaque ou est-ce Singapour qui ne l'était pas, auparavant du moins? Que veut-elle dire par différence ? Est-ce dans le bon sens ou dans le mauvais sens ? Il ne sait pas trop. Il a peur de n'être qu'une épine pour la jeune femme. Il a peur de n'être qu'un poids, d'apporter un trop plein de choses, qui la pousse à être différente. Il ne la veut pas différente, il la veut telle qu'elle est et telle qu'elle a toujours été. « Est-ce bien ? Je veux dire, ton sentiment, est-ce positif ? Je ne veux pas être l'auteur de tes maux ou même d'un quelconque changement qui ne serait pas bon pour toi ». Parce que lui il a changé, mais dans le bon sens et sûrement que toutes les personnes l'ayant connu ont ce sentiment étrange qu'il a évolué.
De manière surprenante, Hera évoque alors son désir profond de rendre fier son père, de, certainement, l'éblouir, dans le bon sens. Peut-être ressent-elle une certaine pression, peut-être qu'elle a peur d'échouer dans ce rôle qu'elle s'impose. « Crois en l'avenir Hera » dit-il en se rapprochant lentement d'elle, tendant alors sa main pour qu'elle puisse l'attraper. « Je serai là pour t'aider à rendre fier ton père. Je serai là si tu tombes et que tu te dévalorises. Je serai là pour t'accompagner vers cette évolution. Crois en toi Hera, tout comme je crois en toi ». Il attrape la main de la jeune femme pour l'amener jusqu'à lui, la prenant quelques secondes dans ses bras. Quelques secondes où il ne dit plus rien, désireux juste de la protéger mais aussi de la soutenir dans sa démarche, lui faire comprendre qu'il est là et tant qu'il est là alors tout ira bien. Il s'éloigne ensuite d'elle, la lâchant totalement. « Le simple fait de te questionner, d'avoir cette crainte de ne pas le rendre fier le rend forcément fier de toi. Tu as très certainement mûrie Hera et je suis certain que ton père est fier de toi. Je l'ai vu l'autre fois lors de notre rencontre. Je l'ai vu dans ses yeux que tu étais sa fierté. Tu as peut-être encore du chemin à parcourir, je ne sais pas, mais il n'y a pas de lumière sans ombre. Malgré tout, tu sauras vaincre ces points sombres de ta vie et tu en ressortiras encore plus forte ». Il inspire profondément, se demandant tout de même s'il est capable de lui donner assez de bonheur pour que son père soit fier. A t-il toutes les armes pour le faire ? Peut-il vraiment lui offrir ce bonheur sans faille ? Mais il sait qu'il va devoir se battre, pour le bonheur de Hera. « Je crois en nous Hera, en cette passion qui coule dans nos veines, en ce que nous pouvons construire à deux. C'est maintenant que l'aventure commence, à nous de saisir cette chance » dit-il simplement, d'une voix presque tremblante, doutant quand même mais étant plus assuré qu'autre chose.
Hera s'empresse alors de l'amener jusqu'au restaurant qui les attend déjà, ne désirant pas être en retard. On les installe immédiatement sur une table près d'une grande vitre. Hyeon se sent plus à l'aise, mais son côté bourge ressort immédiatement en lui et il se tient droit, observant l'environnement avec une grande minutie. Puis il regarde ses vêtements et enlève immédiatement le chapeau posé sur sa tête, se sentant quand même mal à l'aise. « Je me serai sûrement mieux habillé si j'avais su qu'on se rentrait dans un tel restaurant ». Il s’éclaircit la voix et avant de rajouter quelque chose un homme vient à leur tablée, leur donnant la carte des boissons. « Souhaites-tu que nous commandons une bouteille de vin ? Je ne sais pas s'ils en vendent ici ? Ou peut-être souhaites-tu un cocktail ? ». Il parcourt rapidement la carte, « je vais quand même commander une bouteille de vin, sait-on jamais », et c'est surtout par habitude qu'il le fait. Il commande celle que le serveur lui conseille et d'autres boissons non alcoolisées à la demande de Hera et à sa propre demande. « J'espère que ça te convient ? J'avoue avoir pris l'habitude de boire un verre de vin à chaque repas dans des restaurants de grands prestiges. Je crois que mon palet a fini par être un habitué ». Et puis il réalise qu'il est sûrement parti trop vite, sans demander l'avis de Hera. « Enfin, tu n'aimes peut être pas le vin ? On peut changer si tu souhaites prendre autre chose ? ». A force de prendre certaines initiatives il risque de faire quelques erreurs.
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
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Re: Lovely time, Valentines in Singapore ♥ | Sam 22 Avr - 14:17 Citer EditerSupprimer
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Tenue Jour 1 ~ Si le destin existait bel et bien quelle signification pouvaient-ils mettre sur le leur ? Comme Hyeon le disait, nul ne choisit d’où il vient. Tous deux sont nés en terres éloignées. Tous deux auraient parfaitement pu être amenés à ne jamais se rencontrer. Il en eut été même plus probable ainsi. Pourtant, ils sont nés dans ces familles qui ont amené leurs chemins à se croiser. Même la nature, l’ironie des cieux avaient joués à la faveur de leur rencontre. De rencontre en retrouvailles, jamais par eux-même, mais toujours par des forces extérieures, pures, intéressées ou damnées, ils ont été poussé l’un vers l’autre. Par trois fois. Jamais deux sans trois. Cela signifiait-il qu’une prochaine séparation leur serait fatale ? Cependant, à présent, il ne semblait plus envisageable, dans le coeur ni de l’un, ni l’autre, de s’éloigner. Que le vent souffle, petits papillons accorderont leurs battements d’ailes. Elle y croit, veut y croire et ne pas laisser ses doutes ébranler la vigueur de son espoir. Le coeur empli de confiance, elle se détourna donc du Muséum où un an auparavant se dessinait un papillon de lumière sur la façade. Une assurance néanmoins déconfite par la sensation étrange née de la pensée que Hyeon avait pu venir à cette ville sans qu’elle ne le sache. Souvenirs de ces années où ils « s’étaient oubliés ». Sans doute bien plus nombreuses dans la mémoire du jeune homme que dans la sienne. Pouvait-elle en revendiquer un sentiment d’injustice alors qu’il était dans la logique tandis qu’elle… Dans les moments de troubles et de chagrin, Hera s’était rattachée à son souvenir, comme un échappatoire pour fuir la réalité, pour s’insuffler une force qu’elle ne trouvait pas, qu’elle ne trouvait plus dans son quotidien. Quand était-ce ? En quelle année Hyeon avait-il pu venir à Singapour ? Combien de temps ? Pourquoi n’avoir même pas essayé de la contacter ? Sans doute pour la même raison que plusieurs mois s’étaient écoulés avant leur retrouvailles en Corée du Sud bien que tous deux fréquentaient la même université. Les questions ne manquèrent pas dans son esprit, cependant, l’étonnement agrémenté d’une légère gêne les dissipa pour se concentrer sur la suite. En capacité de se baigner en sa présence ? La jeune femme arqua légèrement un sourcil. Qu’entendait-il par là ? Un éclat malicieux naquit. Serait-il pudique ? Certes, Hera l’était aussi particulièrement, mais se baigner lui apparaissait tellement incontournable, quitte à le faire tout habillée si dévoiler leurs corps leur était trop difficile.
« Tu es en partie responsable de cette impression de changement Hyeon, mais je crois que c’est une bonne chose. Les illusions tombent et le vrai visage de la vie se révèle, mais n’est-ce pas ainsi qu’on grandit ? »
Avancer vers l’avenir ou fuir le passé ? Parfois, la jeune femme doutait un peu de la nature véritable de cette voie sur laquelle elle souhaitait s’engager.
« Peut-être que par moment, je me perds un peu entre qui je suis moi-même, qui je pense être, qui je voudrais être… »
Une personne digne d’admiration, respectée et peut-être même un peu redoutée, mais surtout, une personne aimée. Celle qu’elle fut un temps ne put s’attiser que l’affection de sa famille, le reste n’était que façade, hypocrisie, tromperie voire cruauté. Celle qui avait cru être aimée malgré tout, tous ses travers, tous ses péchés, avait été trompé. Objet d’une haine et d’une vengeance aussi perfide qu’insoupçonnable, alors, elle avait peur. Peur qu’un jour, les ailes de son papillon se teignent aussi de rouge et de noir. Que son touché ne soit plus une tendre caresse mais une griffure empoisonnée. Un deuxième coup fatal et elle abandonnerait son âme à la noirceur des ténèbres. Mais pour l’heure, l’obscurité s’ornait encore de multiples étoiles, et un phare pour la guider, cet homme à son bras accrochée, au rythme des pas berçant les siens dans une nuit suave.
Des pas qui la menèrent jusqu’au promontoire. Des pas, une vue, une pensées qui s’éleva au son de sa voix. Une main tendue, un voeu de foi, un voeu d’espoir. Doucement ses doigts s’y déposent tandis que, et de ses yeux, et de ses mots, il la captive et l’envoute. Puis, une étreinte. Vertige fébrile, elle qui ne se laissait guère que des plus rarement prendre dans les bras, lui qui probablement n’accordait qu’exceptionnellement ce geste. Mais en cet instant, l’esprit de Hera se ne préoccupa pas de la rareté de cette intention, terrassée par la tempête de sentiments. Ses yeux humides, elle s’accrochait autant qu’elle voudrait fuir cette étreinte. S’abandonner dans des bras, y trouver refuge et protection. En devenir vulnérable et dépendant aussi, et ça, son coeur en tremblait d’effroi. Un soutien total, un abandon, puis, le néant, cette chute dans le vide, comme lorsqu’il la lâcha, rompant tout contact. Pourtant, au son de sa voix un fil raccrocheur se tisse. Jamais, il ne l’abandonnerait dans le gouffre ? Pas lui, n’est-ce pas ? Rêve d’un avenir conjugué à deux. « Et toi, Hyeon, auras-tu un jour cette étincelle de fierté dans le regard chaque fois que tes yeux se poseront sur moi ? » Léger battement de cil, esprit enclin à une infime incertitude, Hyeon pouvait-il véritablement parler de passion ? Parlait-il avec son coeur ouvert à la sincérité, ou n’était-ce encore que son esprit si bien instruit qui avait mémorisé les plus belles tirades de la littérature ? Discret tremblement de la voix, éclat dans le regard qui pour lui témoignèrent de cette franchise et cette ardeur qui lui étaient encore nouvelle. Du moins fut-ce ainsi que sa belle décida de croire en ses paroles. D’y croire elle-aussi, comme elle croit en lui, croire en eux et cet avenir radieux qui se dessinait sur la cime des cieux. Un mot, un murmure, un « Merci… »
À leur arrivée, au restaurant, le jeune couple fut placé sans attendre. Les yeux de Hera pétillaient tandis qu’elle observait cet environnement ô combien familier. L’embarras de son compagnon lui vola un nouveau sourire :
« Ne t’en fais pas, nous sommes ici à ce que nous pourrions appeler "la table Zhang", » en s’en amusa-t-elle doucement. Effectivement en plus de sa vie exceptionnelle par delà la grande vitre, la table s’avérait relativement isolée et à distance des autres, ainsi que particulièrement grande pour deux personnes.
« Tu sais, mon père est connu de presque tout le monde dans la ville et nous sommes des habitués de ce restaurant. Sauf que ma fratrie au complet cela n’a jamais été… de tout répit. Alors, ils en ont vu par ici des diners improbables. Mais qu’importe, puisque tu es avec moi, tu pourrais être un jogging que personne n’oserait te jeter un regard de travers. »
Sûre d’elle, renouant avec ses racines souveraines, elle se tenait droite et fière, mais avec aisance et naturel, digne sans être figée. Ce monde était le sien et elle y avait grandi en tant que précieuse princesse.
« Ou seulement par jalousie ! » ajouta-elle néanmoins, feignant de jeter un coup d’oeil innocent, en biais en direction du plafond.
Nez en l’air, ses iris glissèrent à nouveau avec malice sur son interlocuteur.
« D’une part parce que tu es beau et élégant au naturel, quoique tu portes. D’autre part, parce que tu dines en tête à tête avec la fille du Président Tsai Shen et qu’elle n’a d’yeux que pour toi. »
Le serveur spécialisé dans la carte de vins vint à leur table et Hera laissa Hyeon faire, doucement amusé de le voir prendre les décisions en main de la sorte. Oh la question d’avoir fait le bon choix vint bien après. Il concerta son avis, néanmoins, il n’était plus en attente que sa petite amie tranche à sa place. Le jeune homme n’en demeurait pas moins terriblement craquant. Il devenait plus homme qu’il n’était auparavant statut de cire, malléable pour satisfaire les caprices et les exigences. Finalement, peut-être était-ce mieux qu’ils n’eurent partager leur enfance, sinon aurait-elle vraiment toujours eu ce regard à la fois si tendre et admiratif pour lui ? Sinon, ne l’aurait-elle pas manipulé comme un jouet, comme les autres, alors qu’elle était encore cette enfant-objet ayant pour désir de renverser le rapport de domination ? Objet de convoitise, elle avait eu longtemps dans le coeur, le voeu de tous les soumettre. Éloigné, préservé, le papillon possédait-il alors le pouvoir de la sauver ? Balayer la poussière sur son coeur pour en révéler la pureté. D’un doux hochement de tête, elle lui adressa son acquiescement.
« Ne t’en fais pas, et fais à ta guise. Mon père aussi a pour habitude de commander du vin à table et de ses dires, ils ont de très bonnes bouteilles. »
Elle ne buvait que rarement. Son petit ami pouvait se douter qu’elle n’était pas grande consommatrice d’alcool, cependant, outre la bienséance, peut-être ne soupçonnait-il pas non plus la véritable raison de sa modération. En vérité, Hera n’avait guère jamais gouter de vin. Ses parents comme ses grands-parents ou même son frère et ses soeurs ne la servaient jamais, parce qu’elle était la plus jeune, la petite dernière et aussi notamment parce qu’en ce pays, la demoiselle était encore mineure. Cependant, Hyeon avait pris cette décision si naturellement, Hera ne voulait pas le renvoyer à ses doutes et hésitations à lui manifestant ses réticences. De plus, un peu de vin au cours d’un repas ne devrait pas lui grand effet ? Du moins l’espérait-elle lorsqu’une fois servi, le nectar contenu dans son verre vint effleurer ses lèvres. Infime rictus, elle s’efforça de ne rien laisse paraitre, bien que le goût fut loin d’exalter ses papilles tout au contraire.
Commandes formulées, commandes apportées, le diner se déroulait paisiblement dans une atmosphère doucereuse, la fatigue de la journée passée commençant peut-être à se faire ressentir. De son assiette, l’attention de la jeune se détourna en direction de la grande fenêtre. Par delà la vitre, elle y vit la vue certes, mais aussi leurs propres reflets à la surface des carreaux. Elle s’observa. Elle l’observa lui, et elle se souvint, parallèle de leur tout premier rendez-vous. Ce jour où l’avait confié à diner en sa compagnie après des années d’absence à distance, des mois de silence à proximité. Regard indirect, elle fixa son image tandis que sa voix exprima sa pensée :
« Comme nombre qui savaient qui j’étais, tu m’as invité et t’es présentée devant moi afin de demander de sortir avec toi. Tu es venu, comme les autres, en quête de ma fortune, du prestige de mon nom et de ma beauté, un bel ornement à accrocher à ton bras sur commande de tes parents. »
Ses yeux se détachèrent du miroir de verre pour se poser directement sur l’homme de chair et de sang en face d’elle.
« Mais à toi, j’ai dit oui. Parce que c’était toi, j’ai accepté. »
Parce que la situation lui rappelait à la fois aussi cruellement que chaleureusement ce premier tête à tête, parce que cette promesse qu’elle lui avait fait, n’était pas qu’engagement à son égard mais aussi support pour s’oser à formuler, et ses ressentis, et ses pensées, Hera éprouvait le besoin d’énoncé ses mots :
« Dis-moi, Hyeon… Je… Combien il y en a-t-il eu avant moi ? À combien de femmes as-tu formulé une telle demande ? »
Ses yeux se baissèrent. Il fut un temps où la jeune femme préférait l’ignorance, mais désormais leur relation a pris un tout autre sens. Elle a besoin de savoir, de connaitre le terreau sur lequel ils s’apprête à bâtir cet avenir qu’ils espèrent à deux. Pas deux fois. Pas deux fois, elle ne voulait ériger un château de cartes sur les sables mouvants d’un monde d’illusions.
« Ai-je été un choix par défaut ou mon arrivée en terre sud-coréenne a-t-elle évincé les autres candidates ? »
Elle était consciente que Hyeon n’était pas venu de sa propre volonté. Qu’elle ne représentait probablement plus rien qu’un nom synonyme de faste et de richesse qui un jour passé avait résonné à ses oreilles. Elle ne lui en voulait pas. Elle savait aussi que la nature de son intérêt à son égard avait changé. Elle n’en doutait pas, elle n’en doutait plus. Ou elle voulait y croire, chassant vigoureusement la crainte à nouveau d’être dupée. Elle avait juste besoin de savoir. Ou peut-être pas. Peut-être que la réponse ne saurait la satisfaire. Peut-être qu’elle regretterait d’avoir céder sur l’instant à ce caprice de vérité, mais la question est partie.
Qu’importait la réponse qu’elle avait reçu au cours du diner, Hera avait décidé de l’accepter. Elle qui était si inquiète qu’il la rejette pour ses actes passés, comme pourrait-elle lui tenir rigueur des siens ? Une once fatiguée, mais surtout impatiente de révéler encore ce qu’elle avait pris soin de préparer pour le surprendre à leur retour à la maison, sans hater leur repas, la singapourienne avait manoeuvrer en sorte de ne pas s’y éterniser pendant trois heures. Avant de quitter table, elle envoya un message au chauffeur afin que celui-ci se mette en route pour venir les chercher. Relevant le nez de son écran, elle n’eut que le temps d’interrompre Hyeon avant que celui-ci ne règle l’addition, lui assurant qu’il était l’invité de son père pour ce diner. La jeune femme ne mentait pas. De son petit air mutin, elle lui fit comprendre que son père avait tenu à leur offrir le restaurant, il serait malvenu de refuser ce présent.
Nouvelle marche paisible et digestive vers le point de rendez-vous fixé avec le chauffeur, Hera en était peut-être encore un peu plus guillerette que précédemment. Ou un regain d’énergie, plutôt ? Enthousiasme, impatience ou effet insoupçonné du vin sur son esprit ? Certainement les trois à la fois. Sans doute aussi fut-ce grâce ou à cause du vin que cette question si délicate s’était échappée à ses lèvres au cours de leur tête à tête. Avait-elle gâché la fête ? Si telle fut sa maladresse, elle aurait à coeur de ramener la bonne humeur. Elle, en tout cas, en était emplie ! Son exaltation ne décrut pas à la vue de la célèbre statue qui se dressait à présent dans leur champ de vision et vers laquelle Hera emporta son petit ami, le tirant légèrement par la main avant de le lâcher pour le distancer de quelques foulées.
« Singa Pura ! La Cité du Lion et son mythique emblème le Merlion ! proclama-t-elle d’une voix enjouée, ouvrant les bras au ciel, et faisant demi-tour sur elle-même pour tourner le dos à la statue et faire face à son petit-ami. N’est-elle pas superbe ? »
Quant à elle, elle souriait de plus belle, inlassablement. Tant et tellement que ses lèvres étirées pourraient sembler finir figée sur son visage au moindre coup de vent. Vent qui soufflait agréablement sur le quai, effleurant les visages de sa caresse salée. Hera incita Hyeon à garder un souvenir de cette statue. Peut-être en avait-il déjà quelques clichés, mais celui de ce soir, serait unique, n’est-ce pas ? Jusqu’à ce que le temps les porte et que fouler ensemble les dalles du bord de la baie ne puisse devenir un rituel de leur quotidien. Vivraient-ils vraiment un jour ici tous les deux ? Tendrement accrochée à son bras, elle l’emmena encore, se poser cette fois-ci sur les marches de pierre à côté de l’immense lion marin légendaire. La vue de la baie, bordée des lumières éclatantes de la ville, ouverture sur l’océan par-delà lequel, on pouvait imaginer la Corée du Sud… Hera se sentait si heureuse de partager de tels instants avec lui. Se tenir juste à ses côtés et regarder dans la même direction. Ce bonheur n’était-il pas trop parfait pour être vrai ? De doigts fins à la peau délicate, elle vint chercher sa main, entrelacer les siens, et le regard rivé vers le lointain, elle murmura :
« Moi aussi, j’ai peur… »
Sa tête se posa contre l’épaule de Hyeon, son coeur ne sachant, tel les flots de l’océan inlassablement balloter, s’il se sentait lourd ou léger. Ses paroles si sûres se perdaient au fur et à mesure que les mots de Hyeon la gonflait d’espoir. Cicatrice fragile d’une blessure inoubliable. Pour lui tout ceci n’est que parenthèse dans sa vie, monde à part, peut-être irréel. Pour elle, cette terre représente son univers, ses attaches, voire sa vie entière. Et demain, de retour à Séoul, reviendrait-il sur ses voeux ? L’amour la faisait se sentir à la fois si forte et si fragile. C’était troublant. C’était effrayant et pourtant, c’était la voie qu’elle désirait suivre.
Instant d’une magie tendre qui se rompit au son de son téléphone. Un message du chauffeur qui l’informait de son avancée sur la route. Il était temps de repartir à sa rencontre. Hera en informa Hyeon, puis se leva. Au bout de quelques minutes, ils atteignirent le lieu de rendez-vous : l’Esplanade au pied du Theatre on the Bay.
« La voiture ne va pas tarder, » dit-elle en jetant un oeil sur l’écran de son smartphone. La singapourienne crut ensuite déceler l’air quelque peu interrogateur de son fiancé à l’observation de l’architecture encore une fois des plus originales du bâtiment.
« C’est un Durian, lui expliqua-t-elle. La forme et le toit du théâtre représente un durian. C’est le fruit roi ici, même si les étrangers l’appellent le fruit de la mort à cause de son odeur. »
Sa propre attention se détourna de leur objet d’observation pour se concentrer sur la route à faible circulation en cette heure tardive. Elle proposa à Hyeon de s’en rapprocher afin que le chauffeur les repère aisément à son arrivée.
« J’ai hâte de rentrer et prendre une bonne douche ! »
La jeune femme se tourna face à son petit, un petit air sûr et espiègle dessiné sur son visage.
« Une baignade dans la piscine pour délaisser les muscles de mes jambes ne sera pas de refus non plus ! Que tu le veuilles ou non, en ce qui me concerne, je n’irai pas me coucher sans m’être baigner ! »
Ses mains s’immiscèrent autour de la taille de Hyeon, l’enlaçant sans trop de proximité, mais juste assez pour saisir de ses doigts le tissu de ses vêtements dans son dos. Les yeux levés vers son si beau visage, elle lui adressa un murmure d’envoutement porté par ce souffle qui effleura ses lèvres étirées et malicieuses :
« Mais avant ça encore, j’ai peut-être une surprise qui t’attend à la maison… »
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Re: Lovely time, Valentines in Singapore ♥ | Sam 6 Mai - 20:07 Citer EditerSupprimer
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Tenue Jour 1 ~ Hyeon se perd quelques secondes dans ses pensées, celles-ci devenant floues et quelque peu angoissantes. Les mots de la jeune femme résonnent en lui mais ricochent contre une paroi qui ne souhaite les laisser passer, comme une barrière invisible qu'il ne peut encore relever. Du moins, il est encore trop tôt pour le faire. Il découvre juste les prémices de la vie, des émotions, du partage, alors il ne préfère pas aller trop vite pour se heurter à un mur dur et froid. Il sait pertinemment qu'il a changé au fil du temps, grâce à sa partenaire. Il sait que cela va dans un sens positif, mais ce qu'il ne sait pas encore c'est qui il est vraiment et surtout, qui il souhaite être. Il est encore manipulé par cette société aux normes bien strictes. Il le sait. Il ne peut pas s'émanciper au bout de quelques mois. Il lui faut du temps, un temps qu'il espère encore avoir, surtout aux côtés de la jeune femme. Mais il sait à quel point la vie peut-être surprenante, à quel point elle peut amener du positif comme du négatif. Malgré son désir permanent de contrôler sa vie, il sait que certaines choses lui échappent. Hera l'a bien échappé. Il pensait pouvoir contrôler ses anciens sentiments, enfantins, il pensait conserver cette parfaite neutralité et pourtant, il est tombé malgré lui dans le piège de l'amour. Enfin qu'importe. Il a encore de nombreuses choses à apprendre, de nombreux obstacles à vaincre. Tant qu'elle est à ses côtés alors tout ira bien. Tant qu'elle est là, alors il pourra tout surmonter. Du moins, c'est ce qu'il se dit aujourd'hui. Il esquisse donc un sourire, regardant en biais la jeune femme, affirmant lui-même ses pensées. Tout ira bien. Il chasse alors toutes ces petites pensées et marche à ses côtés, profitant de cet instant calme et reposant. Il se sent véritablement en vacances, pour la première fois de sa vie. Et alors il se laisse emporter par la douceur du moment, envahissante soit-elle. Parce qu'il veut montrer à sa bien aimée qu'il est particulièrement sincère avec elle, mais aussi qu'il croit en elle, et surtout en eux. Il est vrai qu'il n'est pas encore habile avec les mots ni même avec les gestes, mais cela vient, progressivement, et ce soir en est la preuve concrète de son propre développement de soi.
Arrivé au restaurant, Hyeon ne se sent pas forcément à l'aise au vu de son accoutrement bien trop posé pour un tel lieu mais la jeune femme le rassure, faisant référence à la réputation de sa famille. Il pousse alors un soupir de soulagement, malgré une certaine crispation encore présente. Il n'est pas habitué Hyeon et encore moins lorsqu'il est loin de ses repères. A Séoul, cela passerait très certainement mieux même s'il n'oserait jamais franchir les marches d'un restaurant ainsi vêtu, mais comme ici, la famille de Hyeon est connue pour pouvoir passer dans toutes les circonstances. Il fronce alors des sourcils, ne comprenant pas forcément les mots de la jeune femme, qu'elle vient tout juste d'ajouter, « par jalousie ? ». Idiot comme il est il ne comprend pas ce qu'elle veut faire signifier par-là ou alors n'a t-il pas envie d'en savoir le vrai sens. Elle finit par éclairer sa lanterne mais étrangement Hyeon n'aime pas forcément la fin de ses dires, mais se contente d'un simple haussement d'épaule. « S'ils en ont après ta richesse, ils peuvent se servir, du moment qu'ils ne touchent pas à ma plus grande richesse », dit-il en faisant référence à elle, mais sans forcément l'expliciter comme il le faut. Hyeon prend alors les commandes concernant les menus, choisissant de prendre, par habitude du vin. Il ne se doute pas que les normes l'obligent normalement à ne consommer que des boissons alcoolisées, n'ayant pas encore atteint la majorité du pays, mais il ne connaît pas forcément la majorité et croit être encore en Corée qui est de 19 ans. Il se sent juste ravi de savoir que Hera adhère à ses idées, craignant d'avoir bien trop imposé ses propres choix, ou bien ses habitudes, il ne sait pas. Était-ce réellement un choix ou était-ce quelque chose qu'il a pris l'habitude de faire ? Il se le demande, mais ne préfère pas trop y penser. Leurs commandes arrivent rapidement permettant au jeune homme de déguster les saveurs de ce repas qui semble bien plus alléchant qu'il ne l'aurait imaginé. Et alors qu'il apprécie chacun des mets, Hera finit par rompre le mutisme de cette table, en évoquant un passé qui fait autant sourire Hyeon que pas. Son regard se baisse, presque honteux d'avoir eu une telle démarche auprès de la jeune femme. Il est vrai que son intention première n'était pas positive et bien loin d'être charmeuse. Il en voulait à sa fortune, du moins, ses parents l'ont poussé à agir de la sorte. Quelque part, il se sent mal, d'avoir désiré profiter de la jeune femme et de sa notoriété sans forcément penser à elle. Bien sûr, inconsciemment, il l'avait fait, désireux d'agir autrement ou avec une autre. Il aimerait se rattraper sur ce début quelque peu inhabituel et catastrophique. Hyeon écarquille les yeux devant les questionnements de la jeune femme, ne sachant pas quoi répondre, ni comment formuler ses réponses, au risque d'être maladroit. Il ne sait pas si ce qu'il va dire risque de la blesser ou au contraire de soulager une certaine inquiète, très certainement. Peut-être qu'elle a encore des doutes sur ses intentions, ce qui paraît tout à fait normal au vu des circonstances. Il ne peut lui en vouloir pour ça mais ressent un léger petit pincement qu'il ne comprend pas très bien. Il se sent mal mais ne sait comment l'expliquer. Il inspire profondément, déposant alors ses couvercles, regardant la jeune femme d'un air sérieux, presque dur. « Shakespeare a dit un jour, lorsque l'amour est grand les plus petits soupçons deviennent des craintes . . .Tu n'as pas été un choix par défaut Hera, mais je ne vais pas te mentir car je pense que tu le sais tout autant que moi, que ce sont mes parents principalement qui m'ont orienté vers toi. Il est vrai que je ne suis pas venu dans une démarche très . . . romantique, si je peux le dire ainsi. J'ai été plutôt égoïste, sans forcément penser à ce que toi tu pourrais ressentir lors de ma demande. Je pensais que ça n'allait être qu'une formalité, que ça allait être comme les autres ». Il inspire profondément,ne trouvant pas les mots adéquats. « Mais mes intentions ont changé. Tu n'es pas comme toutes ces autres vers qui mes parents tentent vainement de me diriger. Tu n'es pas de celle que je désire rapidement éjecter parce que je ne ressens rien, parce que pour moi ce n'est qu'un rôle qui m'incombe. Pour moi, tu es la seule Hera », et très certainement la dernière a t-il envie d'ajouter sans le dire. « Si c'était à refaire je le referai sûrement, mais peut-être sous un autre format, de ma propre volonté. Au fond, et pour la première fois, je ne regrette pas le désir de mes parents, j'y adhère même. Et je les remercie même de m'avoir amené à toi car je n'aurai jamais su, je n'aurai jamais vécu tout ça ». Et s'il en vient à remercier ses parents c'est que réellement il y a quelque chose derrière de fort. « Ne t'inquiète pas pour les autres. Et ne les compte même pas, puisque cela n'a aucun sens. Il n'y a que toi Hera. . . . J'aimerai juste effacer ces quelques débuts de pages en gris pour les réécrire en couleurs, pour ne pas à t'inquiéter plus et pour te rassurer sur mes intentions actuelles ». Pas aujourd'hui mais demain. Oui demain il va essayer de se rattraper, il va effacer sa première demande pour en faire une plus belle, plus réelle, avec ses véritables sentiments. « Crois juste en moi. Crois juste le présent ». Il tend alors sa main vers elle pour qu'elle puisse la saisir, souriant avec une extrême sincérité. Plus rien ne compte désormais, il n'y a qu'elle. Et puis c'est tout. Il y aura toujours elle.
Le repas prend alors fin, Hera déclarant que c'est son père qui a payé le restaurant pour eux, et il ne peut que suivre le mouvement sans rien dire, et ils s'en vont tous les deux pour une autre marche, alors que la ville est éclairée d'une centaine de lumières, éblouissant les yeux du jeune homme. Ou est-ce parce qu'il a à ses côtés la lumière qui éclaire son chemin. « Oui elle est superbe » dit-il un sourire aux lèvres, en fixant Hera. Réalisant son erreur, il se concentre de nouveau sur les dires de la jeune femme, fronçant des sourcils alors qu'il réalise qu'elle parle de la statue en forme de lion. Il est vrai qu'elle est impressionnante comme statue et très imposante. C'est un peu l'emblème de Singapour. Il regarde plusieurs secondes cette immense statue, réalisant qu'il est véritablement à Singapour en compagnie de Hera pour un séjour agréable. Il détache son regard de cette statue lorsque Hera le prend avec elle, se posant alors sur les marches à côté de la statue. Hyeon inspire profondément lorsqu'elle pose sa tête contre son épaule exprimant une peur commune. « C'est normal d'avoir peur ». Sa gorge se noue quelques secondes, tandis que ses yeux se perdent dans l'obscurité du paysage, humant l'odeur de sa bien-aimée qui l'apaise et le rassure. Il se sent alors nostalgique, nostalgique de ces quelques moments en sa compagnie, désireux d'y retourner, de trouver une capsule temporelle pour pouvoir revivre chaque seconde. Il a peur que ces moments s'effacent un jour. Il a peur de les oublier. Mais surtout il a peur de ce que l'avenir peut leur réserver, parce qu'il ne sait pas. Il marche sur une corde où seul le vide l'attend. Il sait que rien dans ce monde n'est permanent et que tout est éphémère, le seront-ils aussi ? Il doit juste y croire, parce que l'amour domine la crainte.
Le moment est brusquement rompu par la sonnerie de son téléphone, indiquant aux deux jeunes tourtereaux qu'il est temps de plier bagage. Et alors qu'ils attendent patiemment le chauffeur, Hera lui propose de faire une baignade, à cette heure-ci, dans sa piscine. Hyeon grimace peu, très peu, convaincu par cette idée. « Je ne sais pas si c'est une excellente idée. Je n'ai pas pour habitude de me montrer en maillot de bain » dit-il presque gêné. Et puis il n'a pas très envie de prendre un bain de minuit comme le commun des mortels intitule cette idée. Mais il sait néanmoins qu'il ne peut résister aux demandes de Hera et qu'il risque d'avoir quelques difficultés à refuser si elle lui demande une seconde fois en arrivant là-bas. Il verra sur place mais pour le moment il est dubitatif. Certes il pourra très certainement profiter du spectacle, comme pourrait l'insinuer certaines personnes, mais là encore, il n'est pas comme ça Hyeon. Et puis, le fait de se mettre en maillot de bain le rend quelque peu anxieux. Il est loin d'être le mec particulièrement bien formé, avec une silhouette à en faire des jaloux, bien au contraire. Il est simplet. Certes il a un dos particulièrement beau mais il n'a pas très confiance en lui lorsqu'il s'agit de s'exposer, presque nu, devant d'autres et encore moins devant sa petite amie. Il se fait quand même surprendre lorsqu'elle vient soudainement l'enlacer alors que son angoisse commence à monter. Il arque un sourcil lorsqu'elle insinue avoir une surprise. « Une surprise ? » dit-il surpris. Hyeon se sent de nouveau angoissé, parce qu'il ne sait pas de quoi il s'agit. Il ne sait pas à quoi s'attendre. Bien sûr, il a confiance en Hera et sait qu'elle ne va pas lui faire une surprise désagréable, mais il n'aime pas forcément les surprises, surtout quand il sait qu'il y en a une. « J'imagine que je ne peux en savoir le contenu et que je vais devoir attendre notre arrivée ». Il grimace, mais finit quand même par sourire. Il dépose un rapide baiser sur les lèvres de sa compagne, tout en s'écartant doucement alors que la voiture arrive à leur niveau. « Découvrons donc cette merveilleuse surprise qui m'attend ». Il tente de rester serein mais en réalité il se sent particulièrement nerveux de savoir ce qu'elle peut bien cacher. Il espère qu'elle ne va pas lui offrir un cadeau, il n'est pas venu ici pour qu'elle paye tout à chaque fois. Il va se sentir mal à force, quoique c'est déjà le cas. L'imagination de Hyeon tourne alors à pleine vitesse, désireux de savoir le contenu de cette surprise. Qu'est-ce qui peut l'attendre là-bas, dans la maison de Hera ? Telle est la question . . .
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.