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Tenue ✻✻✻ Depuis que je suis toute petite, il y a une chose que mes parents ont toujours mis un point d'honneur à m'inculquer, c'est la tolérance. Envers moi-même mais aussi, et surtout, envers les autres. Et force est de constater que, malgré tous leurs efforts, je ne suis pas encore totalement au point à ce niveau. La preuve étant, je fus bien trop prompt à juger Su Ah, alors que je ne la connaissais pas personnellement. Et même si la jeune femme ne semble pas m'en vouloir – ou, en tout cas, elle n'en laisse rien paraître – je ne peux m'empêcher de culpabiliser un peu et resserre ma poigne autour de ma tasse bien chaude, avant de finalement acquiescer à ses paroles. « Certes... » Car elle n'a pas tort... Que son père ait décidé de couper les ponts avec le mien ne veut pas dire que de son côté elle ne peut pas vouloir faire sa connaissance. Cela dit, bien que pas forcément méfiante – quoique peut-être un tout petit peu – je demeure quelque peu curieuse quant à ses intentions. Alors je l'écoute... Je l'écoute m'avouer que, jusqu'à maintenant, elle aussi était totalement dans l'ignorance. Et je l'écoute m'avouer qu'au début elle a douté, s'est questionnée sur le pourquoi son père avait fini par renier totalement le mien. D'ailleurs, bien que j'arque d'abord un sourcil, je ne peux retenir un rire lorsqu'elle se met à plaisanter à propos de mon paternel, évoquant quelques pratiques pour le moins sanguinaires, et je me permets même d'en rajouter une couche. « Qui sait ?! Tu n'as sûrement jamais eu l'occasion d'aller jeter un p'tit coup d'oeil du côté de la chambre froide, n'est-ce pas ?! On peut y trouver toutes sortes de choses surprenantes, parfois... » Et je ris encore une fois, avant d'hocher la tête, amusée par ma propre bêtise. Cependant, mon visage se charge de nouveau d'une expression un peu plus sérieuse, tandis que la jeune femme reprend la parole, et je bois une gorgée de mon café, avant de finalement re-déposer ma tasse sur la table à sa question. « Hm... » Ai-je déjà trouvé cette situation bizarre ? « Au début, c'était le cas... Car, moi aussi, je ne comprenais pas pourquoi ton père ne voulait plus rien avoir à faire avec le mien. Surtout le mien, à vrai dire, car comme tu l'as si bien dit, il est assez difficile de croire qu'il ait pu faire quelque chose de mal, au point que son propre frère ne veuille plus lui adresser la parole. D'ailleurs, je te rassure tout de suite, nos clients sont extrêmement bien traités... » Esquissant un fin sourire, suite à ces mots, je laisse s'écouler un court instant, avant de finalement reprendre : « M'enfin... Au début, je trouvais ça bizarre, c'est vrai. Mais ensuite... Disons que j'ai arrêté de me poser des questions. » Ce qui, qu'on se le dise, est assez étonnant de ma part. « Je n'avais pas envie de perdre mon temps à tenter d'en apprendre plus sur quelqu'un qui, de toute évidence, ne voulait pas de nous – et en particulier de mon père - dans sa vie. D'autant plus que, même s'il ne le montre pas forcément, je sais que c'est quelque chose qui peine beaucoup mon père... » En même temps, être ainsi rejeter par son propre frère, ça ne doit pas être facile... « Alors j'ai abandonné l'idée de le questionner à ce propos, d'essayer de savoir le pourquoi du comment... » Peut-être aurais-je dû le faire, je n'en sais rien... Mais le fait est que je n'avais pas envie de remuer plus encore le couteau dans la plaie. « Mais, du coup, tu dis que tu as découvert par toi-même que ton père avait un frère... ?! Je peux savoir comment ? »

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Tenue ✻✻✻ Pendant très longtemps, une multitude de questions se sont bousculées dans mon esprit. Et, pendant très longtemps, je n'ai eu de cesse de me demander pourquoi je n'avais jamais rencontré cet oncle que ma mère et mon père évoquaient à diverses occasions... Pourquoi faire la connaissance de cette partie de ma famille était quelque chose de complètement proscrit. Parce qu'au début, je ne comprenais pas trop bien pourquoi mon père refusait de retrouver ce frère qui, pourtant, semblait lui manquer tant... Mais, avec le temps, de l'eau a coulé sous les ponts et, finalement, j'ai cessé de me poser des questions. De toute façon, je savais que je n'obtiendrais pas de réponses. Pas de la part de mon père, et encore moins de la part de ma mère qui, maintenant que j'y pense - et contrairement à mon paternel - semblait totalement être en phase avec la situation. D'ailleurs, ce point me fait quelque peu tilter. Je n'y avais jamais fait attention jusqu'à maintenant. Cependant, je me garde d'en faire part à ma cousine et hoche légèrement la tête quand elle m'avoue avoir été assez décontenancée en apprenant que certains membres de sa famille, dont elle ignorait totalement l'existence, se trouvaient finalement tout prêt d'elle. Petite remarque qui réveille d'ailleurs en moi de nouvelles réflexions et je ne peux alors m'empêcher d'imaginer ce qu'aurait pu être mon enfance si j'avais pu faire la connaissance de ma cousine un peu plus tôt. C'est que j'ai toujours rêvé d'avoir un frère ou une soeur, et bien que j'ai fini par comprendre que le train de vie que nous menions, mes parents et moi, n'était pas forcément des plus favorable à la conception d'une famille nombreuse, c'est quelque chose qui m'a toujours un peu manqué. Car, on aura beau dire, à la longue, être enfant unique c'est quand même sacrément triste. En tout cas pour moi car il semblerait que certaines personnes préfèrent, quant à elles, s'autoproclamer enfant unique. Un peu à l'image du père de Su Ah qui, apparemment, a vraiment tout fait pour cacher l'existence du mien. Ce que, bien évidemment, je ne comprends pas puisqu'encore une fois j'ai du mal à concevoir le fait que mon père ait pu faire quelque chose de mauvais, au point d'être totalement effacé de l'arbre généalogique. Cela dit, et à la réponse quelque peu évasive que me pond Su Ah, je devine que ce n'est pas aujourd'hui que j'en saurais un peu plus, et je n'ai pas non plus envie d'insister, au risque de la mettre mal à l'aise. Qui plus est, et après de telles révélations, il est clair que je compte bien en toucher deux/trois mots à mon père pour lui tirer les vers du nez. Hochant donc la tête, je finis moi-aussi par laisser échapper un soupir à sa conclusion, un brin sceptique, je dois l'avouer, de découvrir ce que ces fameuses histoires de famille nous réservent pour la suite. Cela dit, rien ne sert de se torturer l'esprit, pour l'instant. Au contraire, je préfère profiter de ce petit moment pour en apprendre un peu plus sur ma cousine. Je ne peux d'ailleurs retenir un petit sourire à ses paroles. « T'inquiète... Maintenant que je suis certaine que tu n'es pas une de ces jeunettes un peu trop en kiffent sur les hommes marié et d'âge mûr, ça devrait aller ! » Je ris, je ris, mais en vrai je me sens toujours un peu honteuse d'avoir si rapidement jugé Su Ah. « Encore désolée pour ça... » que je finis donc par lâcher, avant de rajouter, une petite moue accrochée au visage : « Tu me pardonnes ? » Laissant ensuite échapper un léger rire, je jette un coup d'oeil à la tasse de la Sango et, en voyant que celle-ci est pratiquement vide, je demande : « Tu veux un autre café ? Ou quelque chose à manger, peut-être ? Ma mère a fait des cookies ! » Sur ces mots, je me dirige sans plus tarder vers le bocal à biscuits qui se trouve à côté de la machine à café et le rapporte à la table sur laquelle nous nous sommes installées. « Goûte ! Ils sont excellents ! » Et je ne dis pas ça parce que c'est ma mère qui les a fait...

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Tenue ✻✻✻ Je suis heureuse en ménage... À l'entente de ces quelques mots, un léger sourire vient doucement prendre possession de mon visage. Effectivement, j'avais ouïe dire que la jeune femme était maquée. Et pas à n'importe qui... Un certain Park Jin Hyun que j'avais pu croiser dans les dortoirs des Sangos, à quelques occasions. Et, de ce que j'ai entendu, il semblerait que cela fasse un petit moment que tous les deux sont ensemble. Pour autant, cela ne m'a pas empêché de me faire des idées concernant Su Ah et mon père, et si je ne craignais pas que la jeune femme me pense plus bizarre encore après ça, je me serais certainement frappée en guise de punition. Je ne peux d'ailleurs retenir un rire un brin  forcé à sa réponse, encore gênée par la scène que j'ai faite un peu plus tôt. Mais, au clin d'oeil que ma cousine m'adresse et au ton qu'elle emploie, je comprends très vite que la jeune femme est seulement d'humeur taquine. « Ne réfléchis pas trop longtemps, quand même... » que je laisse alors échapper, amusée, avant de finalement me lever de ma chaise pour aller récupérer un bocal remplie de plusieurs cookies. Cookies tout frais que ma maman a préparé pas plus tard que ce matin et je me réjouis clairement de pouvoir les faire goûter à ma cousine. Un fin sourire accroché aux lèvres, je ne peux d'ailleurs retenir un rire, avant de finalement m'exclamer, le regard rieur : « Pourquoi crois-tu que je t'en propose ?! Tout était calculé depuis le début... » Revenant ensuite auprès de Su Ah, le sourire aux lèvres, je reprends place en face d'elle, la gratifiant simplement d'un « Goûte, tu verras bien ! » quand elle me demande à quoi sont les gâteaux et, devant la vitesse à laquelle elle engloutit son premier cookie, je ne peux m'empêcher d'esquisser une moue satisfaite. « Tu vois, je te l'avais dit ! Et non, ma mère n'est pas pâtissière de profession mais, d'aussi loin que je m'en souvienne, elle a toujours adoré faire des gâteaux. » C'est d'ailleurs en grande partie pour ça qu'elle rêvait de créer son petit café, une fois de retour en Corée. « C'est un peu son exutoire... Quand elle a besoin de décompresser, elle pâtisse. Et puis, entre nous, je pense aussi que ça lui permet de compenser le fait qu'elle est une vraie quiche quand il s'agit de cuisiner autre chose...» A mon tour, cette fois, d'adresser un clin d'oeil à ma cousine. « Mais, surtout, ça reste entre nous. Ne lui dis jamais que je t'ai dit ça !» Non, vaut mieux pas. D'autant plus que, je peux bien parler, mes skills derrière un fourneau sont pas beaucoup plus exceptionnels. D'ailleurs, tout comme ma mère, je suis bien plus à l'aise quand il s'agit de cuisiner du sucré. Certainement mon côté gourmand. Pour autant, je suis loin de pouvoir sortir des cookies aussi délicieux que ceux de ma maman. Je ne suis d'ailleurs pas très étonnée de voir Su Ah re-piocher dans le bocal, aussitôt son premier biscuit terminé, et je l'imite sans plus tarder, avant de froncer légèrement un sourcil à ses paroles. « Ah ouais, il t'a raconté des choses sur moi ? Pourtant y'a pas grand chose à dire... J'étais une enfant exceptionnellement sage !» Laissant échapper un rire, amusée, je croque dans mon petit cookie, avant de reprendre la parole : « Plus sérieusement, je risque de te décevoir, chère cousine, parce que je n'ai vraiment rien de compromettant à te raconter sur moi.» Pas à ma connaissance, en tout cas. « Par contre, je pourrais te conter tous nos petits voyages mais ça prendrait des heures et des heures...» Parce que, ça peut paraître cliché dit comme ça mais, pour moi, tous les moments que j'ai pu passer avec mes parents lorsque nous en étions encore à aller et venir de pays en pays, figurent parmi mes bons souvenirs. « Peut-être qu'on pourrait s'organiser une soirée, un jour, que je puisse tout te raconter de mon enfance, et toi de la tienne ?!» Ma façon à moi, plus ou moins subtile, de lui dire que ça me ferait plaisir de pouvoir passer du temps avec elle pour apprendre à la connaître ? Totalement !

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Tenue ✻✻✻ Durant tous ces voyages que j'ai fait avec mes parents, j'ai largement eu le temps de m’en créer des souvenirs. Une multitude… Mais, malgré cela, je n'ai pas le souvenir de quelques moments gênants. Pas durant mon enfance, en tout cas… Oh, bien sûr, il y a bien cette fois où, alors que mon papa cuisinait, j'ai discrètement shippé le verre de vin blanc qu’il comptait utiliser dans son plat, croyant qu’il s’agissait de jus de pomme. Tout s’est passé extrêmement vite et j'ai alors finis par engloutir d’une traite la dite boisson. Mes parents racontent d’ailleurs qu’ils ne m’avaient jamais vu manger aussi vite que ce jour-là. Mais peut-on vraiment parler de moment gênant, pour le coup ? C’est plus l’anecdote « mignonne » que l’on aime bien ressortir à chaque repas de famille quand je refuse catégoriquement de boire ne serait-ce qu’une goutte d’alcool, moi, l’alcoolique pourtant précoce… Alors, très franchement, je me demande bien ce que mon très cher père a bien pu raconter à ma cousine me concernant. C’est qu’il peut être un brin trop bavard parfois. Un peu comme moi, à vrai dire, et parler pendant des heures de mes voyages ne m’aurait clairement pas dérangée. Toutefois, j'ai bien conscience que tout le monde n’a pas forcément envie ou même le temps de m’entendre jacter pendant des heures, quand bien même mes récits sont tout ce qu’il y a de plus passionnants… « Oh, ne t’en fais pas pour ça ! Niveau action, tu seras servie ! » finis-je d’ailleurs par m'exclamer. Certes, cela dépend des pays où je suis allée mais, des péripéties, j'en ai vécu pas mal et certaines méritent clairement d’être contées. D’ailleurs, et pour mon plus grand bonheur, Su Ah accepte que nous nous revoyons un autre jour pour que je lui raconte tout ça et je laisse alors échapper un rire à ses paroles. « Dommage, j’aurais bien voulu te voir à l’âge des bavoirs. Je suis certaine que tu étais toute pipou quand tu étais petite ! » Dégainant ensuite mon portable – parce que je ne connais toujours pas mon numéro de téléphone par cœur –  je donne ce dernier à la jeune femme qui l’enregistre dans son répertoire et j'acquiesce de la tête quand elle évoque l’idée de se voir en dehors de la fraternité. « Ce sera beaucoup mieux, oui… »  Non pas que la présence de mes chers camarades requins me dérange mais nous passons limite notre vie au dortoir. Et puis, je ne dis clairement pas non à une petite conversation entre filles autour d’un bon café, comme actuellement, ou devant un bon petit plat. « Ça ne devrait pas être difficile de trouver un endroit cool pour se poser, ici, à Séoul. » Les coréens sont forts pour ça et les petits cafés, restaurants en tout genre fleurissent aussi vite qu’ils disparaissent parfois. Heureusement, ça ne risque pas d’arriver au café de mes parents qui a su trouver une clientèle fidèle. D’ailleurs, je ne peux une nouvelle fois retenir un rire quand Su Ah relève le caractère bavard de mon père que l’on peut, effectivement, entendre depuis l’arrière-boutique et, après avoir jeté un coup d’œil sur la pendule de la pièce, je finis par hausser légèrement les épaules. « Oh, ça c’est sûrement parce que Monsieur Kim est arrivé ! » Oui… Certains clients sont même tellement fidèles que je connais par cœur leurs petites habitudes de fréquentation. « On dit que les femmes sont de vraies pipelettes mais quand lui et mon père sont ensemble… » Je laisse ma phrase en suspens, un fin sourire venant légèrement étirer mes lèvres, avant de finalement reprendre la parole à la question de ma cousine. « C’est exact ! Je suis en 4ème année de stylisme. Mais non, malheureusement, je n’ai pas encore eu la chance de travailler pour de grands noms… » Je ne suis encore qu’une newbie, après tout. Et même si j'aime présenter mes créations, que ce soit sur mes réseaux sociaux ou même lors de quelques petits défilés amateurs, ces dernières n’ont pour l’instant pas encore su attirer l’œil d’un quelconque grand styliste. Toutefois, je ne désespère pas… « Cela dit, j’ai déjà envoyé certaines de mes créations par-ci et par-là. J’aimerais bien pouvoir faire un stage dans une grande maison, ne serait-ce que pour voir si cela me plairait vraiment... » Pas le stylisme.  Ça, je sais que j'adore ça et que je veux en faire mon métier. Mais à quel niveau ? Car si mon rêve de petite fille a toujours été de pouvoir voir mes vêtements défiler sur les plus grands podiums du monde, je sais néanmoins que c’est loin d’être un milieu facile. « Bon, je me fais pas trop d’illusions concernant certaines candidatures mais au moins j’aurais essayé… » Parce que oui… Je suis bien consciente que certaines grandes maisons françaises ou italiennes que j'affectionne tout particulièrement doivent crouler sous les candidatures et que des candidats meilleurs que moi, il doit y en avoir un paquet. « Et toi ? Tu étudies quoi ? »

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Tenue ✻✻✻ S'il y a bien une chose dont on ne peut point douter me concernant c'est ma détermination à toute épreuve. Parce que je n'en donne peut-être pas l'impression comme ça, les gens ayant plutôt tendance à penser que je suis bien trop gentille et donc bien plus encline à me laisser écraser par les autres. Pour autant, quand je veux vraiment quelque chose, il n'est clairement pas dans mes habitudes d'y renoncer tant que je n'ai pas tout - absolument tout - donné pour tenter de l'obtenir... Alors, bien sûr, il n'est pas non plus question de se bercer de faux espoirs et je sais le reconnaître quand il me faut abandonner. Mais je ne saurais me résoudre à une telle chose tant que je ne suis pas convaincue d'avoir fait tout ce qui est en mon pouvoir pour atteindre mon but. But qui, aujourd'hui, n'est ni plus ni moins que de réussir dans ce milieu qu'est la mode... Et, encore une fois, je sais que ça ne sera pas facile. Qu'il me faudra trimer énormément pour ça. C'est d'ailleurs déjà un peu le cas, quand on voit les nuits blanches que je passe sur certains de mes projets, à m'arracher les cheveux. Mais je suis prête ! Prête à encaisser les coups... D'ailleurs, il semblerait que ce soit de famille de s'orienter vers des voies, ma foi, quelque peu compliquées. « La politique ? Tu es bien courageuse, dis donc... » Pour avoir eu la chance de vivre et voyager dans beaucoup de pays, j'ai eu un petit aperçu du paysage politique dans chacun d'entre eux, et aucunement besoin de préciser que les femmes y sont bien souvent en minorité. Dans certains pays moins que d'autres évidemment mais, justement, la Corée est loin de figurer parmi les bons élèves pour le coup. Alors oui, ma cousine est bien courageuse de se tourner vers le monde de la politique. Un monde très machiste... Ceci étant dit, mon petit doigt me dit que je n'ai pas beaucoup de soucis à me faire la concernant, et pour cause, je sens bien qu'elle aussi n'est pas le genre de personne qui abandonne au moindre petit obstacle. Je ne peux d'ailleurs retenir un petit rire à ses paroles, avant de lâcher sur un ton des plus évident : « Pourquoi vouloir habiller la première dame américaine alors que la future Présidente de Corée se trouve devant moi ?! » C'est vrai, ça ! Surtout que, pour avoir pu observer le style vestimentaire de Su Ah les quelques fois où je l'ai aperçu sur le campus, je trouve que la future Présidente Coréenne a de bien meilleurs goûts en matière de mode – ou, en tout cas, des goûts qui se rapprochent bien plus des miens - que la première dame américaine. « Puis, de toute façon, je ne suis pas très fan des États-Unis… » L'un des rares pays qui ne fait vraiment pas envie à la globe trotteuse que je suis... « La première dame américaine devra se trouver un ou une autre styliste. Mais bon, avec tous les bons stylistes qui existent, je ne m'inquiète pas trop pour elle… » que je finis donc par conclure, avant de croquer une nouvelle fois dans mon cookie. Puis finalement, et alors qu'un silence s'installe peu à peu dans la pièce, Su Ah décide assez rapidement de briser ce dernier et je hoche doucement la tête à sa question. « Pas actuellement, non… » En effet, si du côté de mes passions et de mes ambitions futures il y aurait encore beaucoup à dire, côté cœur c'est plutôt le calme plat en ce moment. Faut dire que ces derniers mois, niveau rencontres, c'était pas trop ça. Et pour cause, quand je ne suis pas en cours ou à mes entraînements, je passe le plus clair de mon temps enfermée dans mon petit « atelier » alors forcément... « Disons que ces derniers temps, j'ai pas trop eu l'occasion de faire des rencontres… » que j'avoue donc à la jeune femme, tout en haussant simplement les épaules. Puis, un fin sourire vient doucement étirer mes lèvres, alors que je reprends : « M'enfin, je ne te retourne pas la question. Tout le monde sur le campus est au courant pour la belle Su Ah et son célèbre danseur... » Lui adressant un clin d’œil, je laisse de nouveau échapper un rire. « D'ailleurs, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Ça fait un p'tit moment, non ? » Oui, je suis bien curieuse. Mais, en même temps, on ne parle pas de n'importe quel couple...