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sombre comme j'ai sombré

Ses ongles éraflent le papier vierge qui se froisse entre ses doigts. Il soupire, laisse ses orbes détailler le blanc immaculé en quête d'inspiration, et son palpitant s'emballe sous la sentence irrévocable : il est un incapable. il est un président qui ne sait ni faire les comptes, ni apposer sur une feuille les mots nécessaires à plaider leur cause ; et comme toujours, il laissera à une Hera mécontente le soin de faire ce qu'il ne peut entreprendre, masquant son ignorance derrière un masque de flegmatisme. Le syrien inspire lourdement, sa poitrine se compresse lorsqu'elle est confrontée à ses propres faiblesses, et l'angoisse ronge peu à peu son être comme elle le fait souvent ces derniers temps, à la manière d'une amie malsaine mais toujours accueillie sans réticence. L'enfant perdu cherche un échappatoire à cet enfer de responsabilités, le trouve en l'heure indiquée sur le cadran au dessus de sa tête pâle et malade. Il pousse sur ses jambes, le siège recule, il s'en extirpe en posant sur ses épaules sa veste de cuir usée, glisse son téléphone dans sa poche arrière, passe brièvement dans sa chambre pour récupérer son sac en tissus qu'il accroche à son épaule. Il enfile ses chaussures montantes, et en quelques longues minutes, s'enfuit du tube métallique dans lequel il était monté pour rejoindre Insadong. Son ventre crie famine en un atroce chant, convulse lorsqu'il traverse à grandes enjambées les rues parsemées de stands aux odeurs alléchantes. Bien que né syrien, il n'a fallu à tasyr que quelques mois pour gagner un statu de séoulite, et il connaît désormais si bien les bifurcations et les recoins de cette ville que l'hésitation n'a pas fait frémir son épiderme une seule fois ; il s'arrête face au Nym nyam, le nouveau restaurant qui pêche la plupart de ses consommateurs dans la nouvelle vague hippie. son rendez-vous n'étant pas encore arrivé, il s'autorise quelques pas sur le côté pour entrer dans un espace fumeur, y allume sa cigarette volée lors d'une soirée.

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Je ne savais pas si je devais me réjouir de ce rendez-vous. Pour dire la vérité, cela faisait tellement longtemps que Tasyr faisait le mort avec moi que oui, son appel m'avait quelque peu étonné. Il était vivant, jusqu'à preuve du contraire, et quelque chose me disait que je n'allais pas le retrouver en pleine forme. La dernière fois que l'on s'était vu, il m'avait paru fort dynamique, souriant. Qui savait dans quel état allais-je le récupérer ? En général, lorsqu'il m'expulsait de sa vie aussi longtemps, il n'en ressortait jamais indemne. Encore plus si cet enculé de Dewei avait refait surface dans sa vie. Remplacer le bien par le mal, parfois je ne comprenais Tasyr. Enfin. Aujourd'hui c'était le fameux jour où j'allais le retrouver et juger l'ampleur des dégâts. Il n'était pas un saint, Tasyr, il était trop compliqué et moi-même parfois je peinais à le remettre sur pieds. Parce qu'il n'en avait pas, parce qu'il pensait ne pas en avoir besoin. Je sortis du taxi que j'avais pris depuis l'appartement, me fiant au lieu du rendez-vous que le gumiho m'avait donné. Je vissai ma casquette sur ma tête et tournai un peu pour suivre la flèche du GPS, ceci avant de commencer à marcher droit devant, direction le fameux restaurant. Nyam Nyam, ça me disait fortement quelque chose, jusqu'à ce que je tombe sur l'enseigne. Mais oui, évidemment, le restaurant de Eun Hye. Je rangeai mon téléphone, regardant autour de moi. Tasyr était-il encore en retard, comme à son habitude ? C'était en apercevant une silhouette voûtée dans le fumoir à côté que je compris que non, cette fois-ci il était bel et bien à l'heure. Je m'avançai vers lui, pour toquer de l'index contre la vitre. Ca puait de dehors, hors de question que je mette mon nez là-dedans. Je lui fis ensuite signe du menton qu'on devrait entrer. « Arrête de t'intoxiquer les poumons et viens avec moi. » lui fis-je avant de me tourner pour me diriger vers l'entrée. Je n'avais pas vraiment cherché à le regarder, à analyser son corps de gamin. Mais nul doute: le rendez-vous allait être long et tumultueux...

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La tige bicolore se consume fièrement entre ses doigts, la fumée glisse sur sa peau, sous ses pores, s'échappe de par sa bouche, se propage dans l'espace clos. Alors ses yeux s'abaissent (presque timidement) sur ses mains : quand a-t-il cessé de ronger les ongles, eux qui sont désormais capables de s'enfoncer dans le cylindre nocif tant il ne sait les manier ? Un hoquet échappe à sa gorge, embrume un instant ses prunelles tant la réponse est évidente : lorsqu'il a trouvé de nouveaux jeux et jouets pour occuper son esprit et ses mains. il lève son index jusqu'à sa joue sur laquelle menace de déborder le courant de son désespoir. Puis il relève sa lèvre supérieure dans une grimace en songeant qu'il provoque de lui-seul ce qu'il lui arrive, et qu'il ne peut être en mesure de se faire passer pour victime. ses pensées s'agitent et s'entrechoquent avec violence, mais leur tumulte est interrompu par un son accompagné d'un visage bien distinct. Le gamin ne répond que par un hochement de tête, et d'un murmure qu'il perçoit seul, il susurre à ses idées noires qu'il ne s'agit que d'une pause avant qu'il ne s'occupe d'elles à nouveau. Il écrase sa cigarette et quitte la zone, remontant son sac sur son épaule d'un geste vif. « toujours à vouloir étouffer mes mauvaises habitudes, hein ? » ni de bonjour, ni de ça va ? : tasyr a oublié comment faire. Il a oublié comment fréquenter Jihoon, lui qui est pourtant si essentiel dans son cœur ; et par la fatigue qui le fragilise, il ne cherche pas même à faire d'effort, ouvre les portes au courant de ses pensées. « J'espère que t'as la dalle, parce que je pourrai bouffer un éléphant. » Il pousse la porte à son tour pour pénétrer dans le restaurant, retire ses chaussures de quelques gestes précis, et finalement pose ses coudes sur la table, son menton dans ses mains, et détaille son vis-à-vis, lorsque la table leur a été attribuée. « ça fait longtemps, hein ? »

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Oui. Toujours à étouffer ses mauvaises habitudes. Parce que Tasyr était tellement fragile, tellement imprudent, tellement têtu. Il suffisait que je disparaisse de sa vie quelques semaines, quelques mois, pour que tous ses travers reviennent au galop. Comme je m'y attendais, je le retrouvais défiguré psychologiquement. C'était le monde à l'envers, un monde que Tasyr seul pouvait comprendre. Moi, je le dévisageais, je le fourvoyais, et je ne cherchais même pas à me mettre au même niveau que lui. Il était différent, beaucoup trop différent et ça me perturbait. L'époque où il m'écoutait me semblait si loin. Instinctivement, je rejetais la faute sur cet incapable de Dewei. Ce lion à la crinière poisseuse savait si bien manipuler Tasyr qu'il m'était devenu difficile d'accepter leur rapprochement, leur consentement mutuel. Il se trompait, Tasyr, il se trompait de sombrer de plus en plus dans le vice. Je ne lui répondis pas, d'ailleurs, ôtant simplement mes chaussures à l'entrée et le rejoignant à la table que le serveur nous avait proposés. Je m'assis en tailleur face à lui, le dos droit, dévissant ma casquette de ma tête. J'ouvris le tiroir pour lui donner cuillère et baguettes, sans oublier les petites serviettes en papier. S'il avait faim, cet enfant, alors il nous faudrait prendre un plat très consistant. Je levai à peine la main pour appeler le serveur et lui demander deux portions généreuses de samgyeopsal. « Si tu as si faim que ça, tu n'auras qu'à piquer dans les banchan. » Les banchan, aka les petites assiettes de kimchi, radis jaune ou encore piments à partager en accompagnement du plat principal. Ah, la Corée était si bien faite. Personnellement, je jetais toujours mon dévolu sur les tranches de laitue que j'aimais garnir de viande bien grillée, avec du kimchi. En attendant que le tout arrive sur la table, je m'accoudai et reportai mon regard sur Tasyr. « Ca fait longtemps ouais. C'est quoi la raison cette fois-ci pour que tu m'aies écarté de ta vie ? » Allez, vas-y, n'aie pas peur de dire la vérité. Ce n'était pas comme si j'allais le zigouiller sur place...

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Le dos vouté dans l'avant dans une posture presque nonchalante, la pulpe de ses doigts tapote ses joue dans un mouvement trahissant son impatiente. pendant un temps, il en vient à oublier qu'il est celui qui a initié cette rencontre ; se perd dans ses flots de pensées et ignore la raison qui l'a poussé à faire ça. son estomac gronde : il fuit les repas consistants depuis un temps pour des raisons qui là-encore lui glissent entre les doigts.  un sourire perfide trône sur ses lèvres auxquelles il arrache l'innocence, ses yeux se plissent dans l'espoir de sonder les intentions de son aîné. Jihoon prend tellement à cœur les traditions qu'il ne serait qu'un bien minable enfant en lui retirant son droit de le servir de la sorte. néanmoins son attention finie par s'ancrer sur quelque chose de nouveau, alors qu'il étouffe un rire moqueur derrière ses deux mains, pouffant d'une façon enfantine. « du porc, jihoon-hyung ? ah... que c'est triste. » il secoue la tête ; tasyr ne peut retirer l'esquisse de malice qui fend son visage en deux de par ses lippes étirées. « je pensais que tu te serai rappelé que je ne mangeais pas de porc. Je t'avoue être un brin déçu. » lui qui ronronnait de la présence de son aîné auparavant prend plaisir à annihiler les marques respectueuses, l'arroser de mots-dureté pour lui rappeler la triste réalité : il ne le connaît pas. « bah après tout on s'en tape. C'est pas comme si j'avais jamais péché de ma vie, non ? » ses épaules se haussent et s'affaissent en signe d'indifférence. Le président n'a jamais osé défier l'un des points les plus répandus de sa religion jusqu'à il y a quelques jours seulement, à l'instant même où il a promis de ne suivre que ses propres règles. « écarté de ta vie ? Tu dramatises un peu, non ? je suis simplement occupé à beaucoup de choses en ce moment, et j'avoue que mes priorités ont dû être redéfinies. » Les banchan arrivant les premiers, il plonge ses baguettes dans les pousses de soja dont il raffole pour porter la première bouchée à ses lèvres sans un mot de remerciement pour la personne les servant.

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Ses mots étaient comme du soufre sur la peau. Ca irritait, ça brûlait, ça blessait. C'était insupportable, alors que cela ne faisait que quelques minutes que nous nous étions retrouvés. La vérité était alors là, bien présente et ancrée dans nos pupilles: nous étions redevenus des étrangers. De simples connaissances, alors que par le passé nos coeurs s'étaient souvent conjugués au pluriel. Je sentais mon ego chavirer, des pensées négatives envahissaient mon esprit alors que d'habitude, j'étais plein d'espoir pour Tasyr. Mais il semblerait que cette fois-ci, le syrien se soit encore plus éloigné que d'habitude... C'était pénible. Parce que je le voyais tendre la main, pour qu'il puisse être sauvé. Il en fallait du temps pour le remettre sur pied. Et puis après, il abandonnait, il replongeait dans ses travers et crachait sur la main qui l'avait aidé. Tasyr était un tout autre homme que je ne parvenais pas à apprécier. Impoli, sarcastique. Ce n'était pas des valeurs que je lui avais inculqué par le passé. Alors, dès qu'il fit une réflexion sur son régime alimentaire que j'avais oublié malgré moi, je pris ma cuillère pour lui taper sur les doigts, lui sommant d'arrêter de se servir alors que pas tous les plats étaient sur la table. « Arrête putain... Lâche ces baguettes. » Je lui fis un signe du menton pour pointer sa main occupée. Je remerciai le serveur à la place du gumiho, laissant ce dernier allumer le grill et poser les tranches de porc sur la plaque. « Je suis désolé, j'avais oublié que tu ne mangeais pas de porc. En même temps, quand tu fais le mort pendant des mois, difficile de s'en souvenir. » Je ramenai ma main dans mes cheveux pour dégager mon visage, observant le serveur couper et retourner à merveille les morceaux de viande. Si ça ne dérangeait pas Tasyr de manger du porc, aussi impertinent qu'il était, je n'allais alors pas changer de plat. « Ravi de savoir que tu étais occupé. Moi aussi je le suis en ce moment, et ce n'est pas plus mal. Ca m'évite de me faire un sang d'encre pour toi. » Et je lui tendis mon verre, dans l'attente que Tasyr me serve un peu d'eau.

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Tasyr est un paradoxe qu'il ne cherche lui-même plus à élucider. Tantôt brasier dans ses paroles-venin et ses actes-cruauté, il se révèle enfant-neige dans son âme-gel, ses desseins-glace. Oscillant entre l'un et l'autre, peu peinent à le suivre et s'il s'en est excusé un temps, il est aujourd'hui bien trop blessé et solitaire pour mimer quelques mots du bout des lèvres ; il ne les pense plus. un regard assombri par le mécontentement se darde sur son aîné lorsque le dos de ses phalanges est frappé dans un rappel à l'ordre ; il étire ses lippes pour grogner. repose néanmoins ses baguettes, observe le serveur s'affairer dans une chaleur qui s'engouffre peu à peu sous son t-shirt blanc trop large pour sa carrure squelettique. « quand on ne se souvient plus des points les plus importants de la vie de ses amis, ces derniers n'ont peut-être pas à s'excuser d'avoir fait les morts. » retourner à son avantage les mots pour ne pas en perdre la face, le syrien défie du regard celui qui fut un temps le visage paternel qu'il idéalisait bien que leurs âges ne soient pas si éloignés (tout au contraire de leurs mentalités qu'un monde sépare). « Jihoon-hyung, je t'ai déjà dit plusieurs fois d'arrêter de t'inquiéter pour moi. ça ne te mène nulle part hormis te faire du mal. » si le timbre est tranchant et les mots fermes, c'est pourtant des traits étonnamment doux et emplis de compassion qui dessinent alors son visage. il refuse que quiconque s'inquiète pour sa carcasse qu'il peine à sauver, ayant décrété il y a longtemps désormais ne pas en valoir la peine. il inspire profondément, et expire d'un son si brusque qu'il semble se vider de la moitié de son air. « et sinon, au cas où tu te poserais la question... si je t'ai appelé aujourd'hui c'est bien parce que je refuse de te rayer de ma vie, quoi que tu en penses. » Taz, diablotin, tente un sourire qu'il ne pense pas : s'il est là aujourd'hui, c'est bel est bien parce que son ventre crie famine et que l'argent lui manque, alors il se joue sans mal de ceux qui furent ses proches pour arriver à ses fins.

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Etranger. Inconnu. Tout ce que je parvenais à déceler dans le regard brisé de Tasyr, c'était le néant. Il avait perdu ce peps qui faisait de lui un garçon si intéressant. Un garçon que j'avais toujours envie de protéger, malgré la cruauté dont il pouvait faire preuve. Ses mots crus, tranchants, et ses gestes de déshonneur ne lui ôtaient rien dans l'affection profonde que j'avais pu lui porter par le passé. Parce que je l'aimais Tasyr, qu'on se le dise. Je l'aimais comme un petit frère, voire même comme un fils malgré que je sois bien jeune pour penser ainsi. Mais je l'aimais, lui et son désespoir. Il était perdu dans le chemin de sa vie et pour prouver qu'il pouvait se débrouiller tout seul, il me rejetait de toutes les façons possibles. Mais il se voilait complètement la face, car Tasyr, c'était ce garçon qui cherchait toujours à se raccrocher à quelqu'un. Parce qu'il avait besoin de se sentir exister. Il prenait un malin plaisir à se coller à quelqu'un comme une moule sur son rocher. Il voulait exister, Tasyr, mais pas à côté de gens qui pouvaient potentiellement lui faire de l'ombre. Pas à côté de quelqu'un comme moi, par exemple, qui avait bien sa vie en main, sans embûche, sans difficulté. La vie était mal foutue pour certains, mais n'étais-je pas là pour rendre celle de Tasyr meilleure ? Je repose mon verre. Mon regard se heurta de nouveau contre celui du syrien. Si sincère, mais si perdu à la fois. Il ne pouvait pas se défiler devant moi, je savais le lire comme dans un livre ouvert. « Un jour, tu comprendras que tu peux vivre sans toutes ces conneries. » Je pris mes baguettes en remerciant le serveur qui nous intima qu'on pouvait commencer à manger. Je pris un morceau de porc que je disposai sur la tranche de laitue. J'y ajoutai ensuite du kimchi, des pousses de soja et de la sauce douce. Enroulant le tout, je présentai la bouchée à Tasyr. Malgré moi, je continuais de prendre soin de lui. « Ca tombe bien que tu sois là, j'ai quelque chose à te donner. » J'attendis qu'il avale la portion pour sortir de ma poche une enveloppe un peu rigide. Je la posai sur le côté, la faisant glisser du bout des doigts vers le syrien. « Vas-y, ouvre. Je n'étais pas sûr que tu la recevrais, ni même que tu la lirais si je l'avais envoyée par courrier. » Pas un sourire, juste une attention insupportable parce que je voulais voir sa réaction. Je voulais voir s'il allait encore me cracher au visage ou redevenir l'enfant que j'avais toujours aimé.

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de toutes évidences, il n'existe ni noir profond, ni blanc éclatant : ainsi, Tasyr ne peut en être foncièrement réduit à cet enfant ingrat et insupportable qui ne sème que destruction et déception dans ses sillons, ses lignes droites et ses virages. il a aimé Jihoon, comme un aime un membre de sa famille avec qui l'on se chahute pourtant (oh que oui, il en était fou à la manière d'un enfant qui adule un grand-frère). mais les choses ont pris un tournant tel qu'il doit aujourd'hui faire une croix sur ce qui l'a un jour motivé à se sortir de l'obscurité. ses crises se font plus fréquentes que jamais, si bien que la seule crainte qui l'anime chaque seconde est celle de s'offrir en spectacle, alors le prince a pris une sombre décision. Il cessera d'apprivoiser le renard, se laissera piquer par la rose, ne luttera pas contre le serpent, puisque les maux sont ce qu'il connaît de mieux, et que l'inconnu le terrorise. il n'est pas né tel qu'il est aujourd'hui, l'est devenu par la force d'un hasard aux doigts pleins de sadisme, mais a cessé de combattre le vice, désire aujourd'hui s'y noyer à en mourir, dans la misère qu'il estime mériter. et il refuse que les gens s'approchent du gouffre dans lequel il sombre, se convainquant seul que les sentiments se sont envolés, agissant en illustre inconnu pour duper les cœurs (mais le simple fait de penser ainsi n'est-il pas paradoxalement une preuve d'amour indirect ?). « ces conneries comme tu dis, elles me procurent bien plus de sensations que tout ce que tu pourras jamais vivre dans ta petite vie bien rangée aux côtés de ta petite copine parfaite. » et pourtant, qu'il l'envie, lui et sa petite-amie qui semble le rendre heureux. Il le jalouse à tel point qu'il aimerait lui cracher au visage avant de fondre en larmes, lui qui ne semble pas avoir droit à tout ça. Mais il reste droit, glissant un morceau de viande qu'il mâche avec conviction, fermant même les yeux pour apprécier cette saveur qui n'est que trop nouvelle (qu'il a connu le jour où il a décidé de braver l'interdit et renier ses origines). Ses mots l'interpellent puis ses orbes définissent les traits droits de l'enveloppe qu'il ouvre. Il parcourt les mots, son visage se décompose de secondes en secondes, avant qu'un rire malsain fasse écho en attirant les regards, fasse trembler son corps jusqu'à la pointe de ses doigts. « jure, tu vas te marier ? » hilare, et il crève d'envie de piétiner ce bonheur afin de lui faire comprendre que tout n'est qu'éphémère. et il crève d'envie de la piétiner elle, qui lui arrache une personne qu'il se tue à essayer de ne plus voir. « avec la guenon en plus ? mais t'es complètement dingue. T'es conscient de faire la pire chose de ta vie là ? Alors c'est quoi tes plans maintenant ? Tu l'engrosses, t'achètes une maison et un labrador, et pour finir tu comptes bosser à la banque ? pitoyable. » si pitoyable. si pitoyablement envieux.

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Jusqu'alors, je pouvais tolérer son dédain naturel et sa noirceur enfantine. Je pouvais tolérer qu'il se soit égaré et qu'il se cherchait tout simplement. Mais il y avait quelque chose de plus, quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant qui faisait que maintenant, je ne pouvais que bouillonner sous la rage, la colère, la surprise et la déception qui s'emparait de mon être. Tasyr, cet homme à qui j'avais dédié une grande partie de ma vie, venait ouvertement de se moquer de ma vie. Insultant ma fiancée, insultant tout ce que j'avais construit. Pourquoi ? Pourquoi tant de haine et de ruguesse dans ses mots ? J'en posai mes baguettes. Je m'étais fait de pures illusions en croyant que Tasyr allait se réjouir de ce futur mariage qui n'était pas vraiment une surprise puisqu'on en parlait depuis longtemps avec Joo Hee. Ma vie était peut-être trop bien rangée pour Tasyr. Il pensait que je devais m'ennuyer, que je ne devais plus rien ressentir et que ma vie était "finie", mais il avait tort... C'était ce genre de choses qui m'animait: construire quelque chose avec Joo Hee. Parce que je l'aimais. Je l'aimais plus que n'importe qui d'autre sur cette terre et oui, nous aurions des enfants, une nouvelle maison, des animaux. Parce que c'était comme ça que nous vivrions. Pas Tasyr. Moi et Joo Hee. Et j'avais voulu encore lui offrir une place dans ce bonheur en l'invitant au mariage. Mais il avait tout dégommé en quelques phrases, ne me laissant que dans la plus profonde tristesse. Je passai mes doigts sur l'arête de mon nez pour m'empêcher de sécréter quelques larmes tant la déception était immense. « Wow... Je ne te pensais pas aussi... irrespectueux. » Je pris une grande inspiration, fuyant sincèrement son regard alors qu'une gigantesque épine s'était logée dans mon coeur ensanglanté. « Moi au moins je suis sûr de mes choix de vie. Tout est clair et limpide, je ne me noie pas dans les vices. Je crois que le plus pitoyable de nous deux, c'est toi. » Je pris immédiatement ma casquette pour la visser sur ma tête, cachant mon visage assombri par toute la mauvaise foi de Tasyr. Etait-il arrivé au point de non-retour ? Etait-il impossible de le sauver désormais ? Oh Tasyr... Mais qu'étais-tu devenu...