Ê T R E . P E R E

donner de soi pour renaître en eux.

Tasyr est un homme accompli aujourd'hui, dont la vie prend un tournant à la fois déroutant et infiniment beau. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi, tout comme la relation qu'il a entretenu avec l'actuel père et mari (un vrai mentor pour l'homme qu'il est devenu). S'il l'a aimé comme un membre de sa famille, plaçant en lui une confiance absolue, il l'a aussi haï avec véhémences lors de ses moments de folie pure, lorsque Jihoon s'évertuait à tenter de sauver un pécheur qui ne voulait l'être. Il a cherché à lui nuire si férocement, de toutes les façons qui soient par la simple présence d'une jalousie si intense (enfant-ténèbres qui enviait la lumière qui irradiait par l'ancien président, heureux en couple, épanoui dans sa vie). Il a ensuite voulu se racheter, et par l'immense bonté de cœur de son interlocuteur, fut pardonné. Sans doute lui sera-t-il redevable tout le reste de sa vie, mais pour l'heure, le syrien se contente de sourire avec franchise et apprécier chaque chose de la façon dont elles viennent, jusqu'à créer de beaux souvenirs auprès de ses proches comme la jeune Sae Eun qu'il considère avec beaucoup trop d'affection pour être étranger à ses causes et ses soucis. Une nouvelle gorgée ; un nouveau soupire de complaisance, une oreille tendue aux nouvelles qui semblent banales mais qui sonnent toujours de façon extraordinaires à l'ouïe du libraire. « Je suis content qu'elle ait trouvé quelque chose. Vous arrivez à gérer, à trouver du temps pour vous dans ces moments-là ? » il est libraire, sa femme est interne en médecine, et déjà il songe qu'ils n'ont que trop peu de temps pour eux ; même s'ils travaillent plus ou moins ensemble, il se doute que les choses ne doivent pas être simples tous les jours. « la semaine prochaine, In Geun travaille et j'ai exceptionnellement rappelé un de mes anciens employés qui cherchait du boulot. J'ai pris une semaine de vacances -même si je continuerai à gérer les commandes de chez moi. Tu veux que je te garde Sae eun de temps en temps au lieu de la mettre à la crèche ? »

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Avoir une célébrité en tant qu'épouse, ça pouvait faire peur. La vie de couple, voire même la vie de famille, les gens considéraient cela comme chose compliquée en sachant que tout était passé au peigne fin par les médias. Mais Joo Hee était différente: elle ne souhaitait pas mêler sa vie privée avec son métier. C'était vraiment difficile de respecter son choix, car même si j'étais à 200% de son côté à ce niveau-là, les fouineurs étaient partout. Le monde savait que c'était moi, son mari: son propre manager. L'annonce avait fait des vagues, mais on avait tenu bon avec Joo Hee. On était plus fort que ce que nous laissions paraître, c'était plutôt une qualité chez nous. Mais avec l'arrivée de Sae Eun, nous nous battions corps et âme pour la dissimuler le plus possible des caméras. Nous ne voulions pas lui faire subir toute cette pression médiatique. Déjà que moi je me retrouvais toujours à deux doigts de cogner un paparazzi... Sae Eun ne devait pas souffrir de la cupidité des journalistes. Joo Hee était d'accord là-dessus. Notre famille ne finirait pas en première page des magazines people, il en était hors de question. « Personnellement j'arrive à profiter de Joo Hee. Etre son manager a quelques avantages vu que je l'accompagne partout. Mais nos petits moments en famille, avec Sae Eun ne sont pas assez nombreux. Joo Hee fait exprès de prendre des tournages sur la capitale, ou au moins en Corée. Elle ne veut pas être absente de l'éducation de Sae Eun. » Ni même de sa famille. C'était une décision que je respectais bien évidemment, et le père et mari que j'étais était même ravi de savoir que Joo Hee restait modeste dans sa vie d'actrice. Notre famille tenait debout, et j'espérais vraiment que cela dure. « C'est vrai ? Hum pourquoi pas ! Mais je vais encore la retrouver avec du feutre sur le visage, pas vrai ? C'est gentil de te proposer, on n'a pas envie de trop bousculer ton quotidien, surtout après cette grande nouvelle. » Aka la grossesse de Soon Ae, il ne fallait pas l'oublier. C'était la raison pour laquelle Tasyr était venu au départ. Mais il semblait de mieux en mieux accepter l'idée de devenir père. Il se détendait, buvait sa bière avec plaisir. Je ne le sentais plus aussi anxieux qu'à son arrivée. J'étais content. Parce qu'il allait s'éclater avec ce bébé qui n'était autre que le sien. Il ne pouvait pas en être autrement de toute manière.

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Lorsqu'il était seul, quelques personnes ont su trouvé en lui ce qu'il ne voyait pas même. De rares personnes se sont obstinées à lui tendre la main, chacun d'une façon différente, avec plus ou moins de violence - et il repense à Kan qu'il ne voit pas assez à son goût, parce qu'il a grandi à ses côtés, parce qu'ils furent voisin d'une époque et qu'il se souvient encore de ses passages chez lui pour lui voler un bol de céréales. Il en fut alors normal qu'il trouve en eux les membres d'une famille disloquée, d'une famille absente, quelque chose de substitution : voilà pourquoi Jihoon, Joo Hee et Sae Eun lui sont cruciaux, pourquoi il retrouve en cette enfant à la fois une sœur, une cousine et une nièce, pourquoi il ne peut se passer d'elle. voilà pourquoi il tient autant au bien-être d'une enfant avec laquelle les liens de sang son absents. On ne choisit pas sa famille, mais Tasyr a eu le courage d'aller à l'encontre des règles et de constituer la sienne. « Je suis d'accord. Et en même temps je trouve ça super, que Joohee agisse comme ça. Combien de personnes font passer leur carrière avant tout..? Vraiment, je vous respecte énormément pour ça. Vous êtes une famille forte. » et il espère secrètement pouvoir en bâtir une tout aussi solide, soudée ; mais il se doute déjà que le résultat en sera fort différent. Sa femme et lui ne sont pas des gens normaux, il y a peu de chance que leur enfant en soit un. Piqué au vif, il gonfle les joues après avoir vidé le fond de sa bière et croise les bras sur son torse - malgré son âge, il n'a pas entièrement cessé d'être un enfant lui-aussi. « c'était pas ma faute ! Puis... Je savais même pas que j'avais des feutres. Je te jure que je sais pas où elle les as trouvés ! Et j'aurais bien réparé cette erreur si tu n'étais pas arrivé cinq minutes plus tôt que prévu... » il renifle avec dédain, relevant le menton - fier et arrogant Tasyr. Mais finit par dessiner un sourire malicieux qui embrase ses pupilles d'un éclat nouveau. « il faut déjà que j'en parle avec elle... mais pour l'instant, je vois pas d'inconvénients à garder mon amoureuse, j'ai du temps. » Il se redresse finalement, attrapant sa bouteille pour la jeter à l'endroit prévu - l'ancien diablotin qui n'a pas tant raccroché les armes est ici comme chez lui, bien qu'il s'en octroie seul ce droit. Il ébouriffe les cheveux de Jihoon, tapote gentiment son épaule. « je vais filer, j'aimerai encore réfléchir à tout ça au calme. Merci pour la bière et... et pour tout ça. T'es vraiment le meilleur papa ! » il glousse, recoiffant ses fibres affolées par sa faute. « et arrête d'être malade, t'es vraiment moche et tu vas filer des cauchemars à ma princesse. Bonne soirée Hyung, je t'appelle dès que j'en sais un peu plus. » tornade, tempête, il repart de la même façon qu'il est entré dans un courant d'air fantomatique, bien que ça n'en soit désormais pas par les pâles couleur de son visage.

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Quand je regardais Tasyr, je pouvais me voir quelques années auparavant, quand Joo Hee m'avait annoncé sa grossesse. J'avais conscience cependant que j'avais un caractère bien différent de Tasyr, et j'avais digéré la nouvelle à ma manière. Pourtant, je croyais bien qu'il y avait un truc propre aux garçons: c'était si commun de ça, de se bourrer la gueule la nuit qui suivait la nouvelle ? Je m'étais mis à l'envers, je n'avais pas été très fier ce jour-là, mais j'avais expérimenté les mêmes phases par lesquelles était en train de passer Tasyr. De la joie, de la peur, de l'excitation, du déni. C'était difficile de se calmer et de penser que tout irait bien. Et j'étais content qu'il soit venu me voir plutôt que de faire une connerie. J'avais appris à connaître Tasyr, il pouvait vraiment faire n'importe quoi. J'avais réussi à le rassurer tout en restant honnête. Le chemin qu'il venait d'emprunter allait être long et semé d'embûches, mais le plus important était la lumière tout au bout du tunnel. Ce petit bébé qu'il tiendrait bientôt dans ses bras, la concrétisation de toute une vie. Je lui souhaitais d'éprouver le même bonheur que moi j'avais vécu en tenant Sae Eun pour la première fois dans mes bras. Devenir père, c'était un plaisir fondamental si on savait sauter le pas. Et Tasyr l'avait fait. Alors, en le voyant se lever et partir telle une tornade, je ne pouvais m'empêcher de penser que oui, ça irait. Il n'y avait pas de raison pour qu'il y ait un problème. Tasyr était désormais prêt. Et je regardais la porte par laquelle il venait de s'échapper. L'oiseau avait pris son envol. Mais je savais que ce n'était pas fini, que j'avais encore énormément de choses à lui apprendre. Mais je serais là, et je l'attendrais. Car je l'avais toujours attendu. Lui, petit-grand cassé de l'intérieur, mais rafistolé de l'extérieur.