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Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan
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Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Sam 17 Juin - 16:31 Citer EditerSupprimer
Step One : Food Adventure
ft. Ji Hwan
La finance, c’était biais qui l’intéressait sincèrement à travers lequel Hera avait trouvé moyen d’apprendre à mieux connaitre le cousin de son petit-ami. La singapourienne n’avait pas été sans ressentir lors de leurs premières rencontres une forme d’hostilité de la part de Lim Ji Hwan. Il était bien le frère de sa soeur, avait-elle pensé. Si elle pouvait trouver leur réticence à son égard légitime du fait de leur affection pour Hyeon, la jeune femme la réfutait tout autant. Ce n’était pas elle qui avait approché l’autre par pur intérêt dans un premier temps ! En temps normal, la tempétueuse étrangère ne se serait pas contenu d’exprimer ses quatre vérités, cependant pour son petit-ami, elle souhaitait faire l’effort de s’entendre et de s’intégrer au sein de sa famille. Puisqu’avec Ji Hye, les deux filles s’étaient engagées sur la mauvaise voie, Hera avait opté pour tenter d’être acceptée tout d’abord par l’ainé de Lim. Entreprise qui finalement ne fut pas vaine, au contraire, puisqu’en cette chaude nuit du mois de juin, l’égérie entrainait Ji Hwan dans les rues d’un quartier de Séoul, loin du bureau où ils étudiaient habituellement.
« Qui aurait cru qu’un jour, je guiderai un sud-coréen dans Séoul ? »
Respirant l’air nocturne, qui a défaut d’être emprunt d’agréables effluves lui rappelait la chaleur continuelle de son pays natal, sa silhouette éclatante d’une vitalité néanmoins régie par la bienséance et la grâce incombant à son statut social, Hera s’en retourna vers Ji Hwan, le jaugeant brièvement du regard :
« Vous vivez dans un tel carcan… Hyeon et toi, vous ressemblez sur certains points. »
Ces deux-là se fondaient dans la « populace » comme des poissons tombés hors du bocal tant le naturel leur faisait défaut. Ils avaient beau maitriser les apparences du parfait gentleman, la jeune femme ne connaissait que trop bien les codes de leur univers pour ne pas déceler à travers. Un léger soupir, une moue feignant la désapprobation, puis l’esquisse d’un sourire un soupçon facétieux au coin de ses lèvres.
« Heureusement que je suis là, n’est-ce pas ? Ce soir, je me ferai professeur et toi élève. Au programme : leçon de vie ou les mystérieux rituels alimentaire des humbles ! »
Ses manières profondément, son élégance même revêtue de vêtements assez simples, trahissaient également le milieu dont Hera était originaire. Cependant, le souffle de la liberté et surtout de l’insubordination l’avait toujours habité, depuis sa tendre enfance. Hera aimait les règles, elle y était attachée, cela correspondait aux critères de sa société singapourienne, néanmoins, la belle intrépide préférait de loin suivre et imposer ses propres règles. Dans l’élan de cette énergie positive dont elle semblait emplie, ses pas avaient quelque peu distancé son partenaire d’expédition. Elle se retourna alors pour l’attendre et lui posa une question plus sérieusement :
« Dois-je t’appeler Oppa ? »
C’était la première fois que tous les deux allaient partager un moment plus décontracté que des cours particulier ou sans la présence de Hyeon. La perception de Jihwan était encore floue dans l’esprit de Hera, mais elle le considérait un peu comme un membre de sa future famille. Avait-il une figure de grand-frère ? Elle n’en était pas certaine, or le terme oppa ne lui était guère usuel, réservé presqu’exclusivement à son véritable frère. Finalement, elle ne laissa pas le temps de répondre à son interlocuteur.
« Je pense que nous pouvons encore nous en passer pour le moment. »
Par respect pour les usages de la culture sud-coréenne, la demoiselle ne voulait pas commettre d’impair, mais elle crut déceler dans le regard du jeune homme qu’il en conviendrait tout autant qu’elle s’en abstienne encore un temps.
« Alors, Lim Ji Hwan, de quel honteux péché tes papilles sont le plus friandes de découvrir : burger à l’américaine ou spécialité plus locale comme du poulet frit ? »
Par fast-food, on pouvait entendre plusieurs types. À lui de choisir, si une telle précise de décision ne lui était pas aussi complexe que pour son cousin. De toute façon, Hera n’appréciait ni l’un ni l’autre. Pas plus qu’elle n’en avait habitude, néanmoins, elle connaissait, un peu, et quand bien même dans l’inconnu son aplomb ne l’abandonnait jamais.
« Et maintenant que nous sommes arrivés jusqu’ici, ne compte pas te défiler ! Je pense que tu as déjà une certaine connaissance d’à quel point je peux être obstinée, mais je t’assure que ce n’est encore rien par rapport à la réalité ! »
Elle arborait ce petit sourire ravissant, son principal atout en tant qu’égérie qui l’avait rendu si populaire aux yeux des habitants de la capitale. Cet éclat de lumière qui s’ornait d’une pointe de malice aux bords de ses lèvres, trouvant écho aux fonds de son regard pétillant dont l’intensité traduisait la force du caractère qui se dissimulait derrière un visage si doux et rayonnant.
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Sam 17 Juin - 19:06 Citer EditerSupprimer
Bien qu’il avait apprécié l’initiative de Hera de prendre des cours de finances, il ne comprenait pas vraiment comme il avait fini ici. Etant donné que j’étais intéressé par tout ce qui tournait autour de l’argent, c’était évident pour moi d’accepter la proposition – d’autant plus que Hera n’était pas n’importe qui, elle était la future fiancée de Hyeon. Même si mes relations avec lui ne sont pas au beau fixe, ça ne signifie pas que je ne me soucie pas de son futur. Au début, en voyant ma sœur détester l’idée des fiançailles entre les deux, je me disais que ce n’était vraiment pas une bonne chose. D’autant plus que c’était loin d’être quelque chose sans intérêt – en fait, de ce que je savais, ça avait commencé par un intérêt financier. Cependant, j’étais mal placé pour critiqué, étant moi-même fiancé pour une question d’affaires. De plus, j’estimais que Hyeon était assez grand pour décider lui-même de sa partenaire et il semblait plus que satisfait d’avoir Hera à ses côtés ; je n’avais pas réellement mon mot à dire. Ça ne voulait pas dire que j’approuvais mais simplement que je laissais faire, mon affection pour mon cousin ne justifiant pas le rejet de sa femme à lui. Mais, quand elle était venue vers moi pour que je lui enseigne les finances, elle m’avait prouvée pour de bon qu’elle était largement digne d’une famille de grand riches et que je n’avais pas de raison de me méfier d’elle. D’autant plus que, le temps aidant, j’avais fini par me rapprocher d’elle. Depuis de nombreuses années, je ne m’étais pas rapproché de quelqu’un alors j’étais aussi un peu perturbé et je me justifiais à moi-même en me disant que ce n’était que pour les cours privés. Cela dit, maintenant que j’étais dans les rues de Séoul avec elle, je me disais que cette excuse ne marcherait plus. D’ailleurs, être mélangé de cette façon à des gens de mauvaise classe sociale m’irritait énormément et je ne comprends toujours pas comment j’étais arrivé ici. Le fait qu’elle ne soit pas du tout perturbé par ça m’étonnait un peu aussi, même si j’avais fini par apprendre qu’elle s’était très bien imprégnée de ce que j’appelais « la culture des pauvres ». C’était quelque chose auquel je ne voudrai jamais goûter, peu importe les circonstances. Alors pourquoi j’étais là et je la suivais, ça restait un mystère total.
D’accord, à quelques moments, j’avais laissé échappé une certaine envie de goûter ces « fast-foods » que les pauvres sans argent et sans temps mangeaient souvent. J’admettais, je l’ai fait. Ça ne signifiait pas pour autant qu’elle avait besoin de prendre sur ses leçons pour m’y emmener et d’ailleurs, je n’avais pas clairement dit que je voulais y aller. Je ne l’avais dit à personne et même si nous nous étions rapprochés, ce n’est pas à elle que je l’aurai admis. Par conséquent, ma présence ici ne se justifiait pas réellement. Je l’écoutais attentivement, comme pour être certain de la raison pour laquelle je marchais dans Séoul avec elle mais je ne trouvais pas grand-chose à répondre. Moi non plus, je ne savais pas trop comment elle avait fini par me guider dans Séoul et je savais que Hyeon et moi avions des points communs, c’est pour ça que nous étions plutôt proches dans notre jeunesse. Je ne pouvais pas non plus affirmer clairement que j’acceptais d’être son élève pour apprendre des « humbles » parce que je ne pensais pas en arriver là un jour.
Je tiquais un peu en l’entendant me demander si elle pouvait m’appeler oppa. Je ne savais pas trop ce qui lui permettait de prendre autant d’assurance soudainement – peut-être le fait qu’on ne soit pas sur un bureau devant des livres, contrairement à d’habitude ? En lisant sur mon visage, elle sembla comprendre elle-même que ce n’était pas une très bonne idée. J’attendis alors qu’elle change elle-même de sujet, parce qu’après tout ce temps passé sans traîner avec beaucoup de monde, je n’étais pas le meilleur dans ce domaine – personne n’est parfait, après tout.
Sa question provoqua la création d’un dilemme intérieur. Même si je n’étais toujours pas convaincu que ce soit une bonne idée – moi, au milieu de pauvres, manger un plat de pauvres en plein jour ? - maintenant que j’étais là, c’était un peu trop tard pour reculer. Alors, nourriture étrangère ou coréenne ? Franchement, ayant goûté des plats succulents dans les deux domaines depuis mon enfance, je risquais d’être déçu dans les deux cas.
« De toute manière, c’est un peu trop tard pour fuir j’ai l’impression », répondis-je, toujours pas persuadé que je faisais une bonne chose. « Il vaut mieux que je goûte un plat étranger. Si je prends de la nourriture de basse qualité coréenne, je risque de ne pas prendre plus d’une bouchée. Mon palais a été éduqué à de la nourriture de première classe, pas à ça. »
Bien sûr, ça marchait dans les deux sens. Que ce soit pour les hamburger ou le poulet frit, j’avais toujours mangé de la qualité. Pourtant, depuis que j’étais jeune, j’avais toujours un peu envié les enfants qui mangeaient du gras salement le midi. Je n’étais pas vraiment du style à jalouser les pauvres et ce n’était pas réellement ça que je ressentais, simplement pour changer, comme tous les autres enfants, j’aurais aimé goûter au moins une fois ces aliments grossiers bannis de nos repas..
D’accord, à quelques moments, j’avais laissé échappé une certaine envie de goûter ces « fast-foods » que les pauvres sans argent et sans temps mangeaient souvent. J’admettais, je l’ai fait. Ça ne signifiait pas pour autant qu’elle avait besoin de prendre sur ses leçons pour m’y emmener et d’ailleurs, je n’avais pas clairement dit que je voulais y aller. Je ne l’avais dit à personne et même si nous nous étions rapprochés, ce n’est pas à elle que je l’aurai admis. Par conséquent, ma présence ici ne se justifiait pas réellement. Je l’écoutais attentivement, comme pour être certain de la raison pour laquelle je marchais dans Séoul avec elle mais je ne trouvais pas grand-chose à répondre. Moi non plus, je ne savais pas trop comment elle avait fini par me guider dans Séoul et je savais que Hyeon et moi avions des points communs, c’est pour ça que nous étions plutôt proches dans notre jeunesse. Je ne pouvais pas non plus affirmer clairement que j’acceptais d’être son élève pour apprendre des « humbles » parce que je ne pensais pas en arriver là un jour.
Je tiquais un peu en l’entendant me demander si elle pouvait m’appeler oppa. Je ne savais pas trop ce qui lui permettait de prendre autant d’assurance soudainement – peut-être le fait qu’on ne soit pas sur un bureau devant des livres, contrairement à d’habitude ? En lisant sur mon visage, elle sembla comprendre elle-même que ce n’était pas une très bonne idée. J’attendis alors qu’elle change elle-même de sujet, parce qu’après tout ce temps passé sans traîner avec beaucoup de monde, je n’étais pas le meilleur dans ce domaine – personne n’est parfait, après tout.
Sa question provoqua la création d’un dilemme intérieur. Même si je n’étais toujours pas convaincu que ce soit une bonne idée – moi, au milieu de pauvres, manger un plat de pauvres en plein jour ? - maintenant que j’étais là, c’était un peu trop tard pour reculer. Alors, nourriture étrangère ou coréenne ? Franchement, ayant goûté des plats succulents dans les deux domaines depuis mon enfance, je risquais d’être déçu dans les deux cas.
« De toute manière, c’est un peu trop tard pour fuir j’ai l’impression », répondis-je, toujours pas persuadé que je faisais une bonne chose. « Il vaut mieux que je goûte un plat étranger. Si je prends de la nourriture de basse qualité coréenne, je risque de ne pas prendre plus d’une bouchée. Mon palais a été éduqué à de la nourriture de première classe, pas à ça. »
Bien sûr, ça marchait dans les deux sens. Que ce soit pour les hamburger ou le poulet frit, j’avais toujours mangé de la qualité. Pourtant, depuis que j’étais jeune, j’avais toujours un peu envié les enfants qui mangeaient du gras salement le midi. Je n’étais pas vraiment du style à jalouser les pauvres et ce n’était pas réellement ça que je ressentais, simplement pour changer, comme tous les autres enfants, j’aurais aimé goûter au moins une fois ces aliments grossiers bannis de nos repas..
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Dim 18 Juin - 11:12 Citer EditerSupprimer
Step One : Food Adventure
ft. Ji Hwan
L’attitude et l’expression transcendante sur le visage de Jihwan amusèrent Hera. Elle comprenait ce mépris. Certes, elle voyait dans sa rigidité, une vague ressemblance avec Hyeon, mais la jeune femme se reconnaissait également à travers eux. Elle connaissait ce sentiment de piétiner au milieu des fourmis, vulgaire ouvrière. Sa propre révulsion d’antan était sans doute même bien plus grande que celle de Jihwan. Pourtant, depuis toujours, elle avait eu la curiosité et le gout de pavaner au milieu des humbles. Pas la peine d’afficher de manière prononcée cette différence de statut, il s’agissait là d’une évidence. Sa supériorité était si indéniable et naturelle que la singapourienne ne ressentait pas la nécessité de la manifester à outrance. Agir spontanément, dans les codes qu’on lui avait inculqué suffisait amplement. Peut-être était-ce pour ceci qu’elle avait réussi à s’intégrer au sein d’un groupe d’individu venant de toutes extractions sociales ? Hera se sentait de plus en plus mature, responsable et épanouie à la fois depuis qu’elle avait été exilée à Séoul, envoyée à la Yonsei, intégrée contre son gré à une fraternité où elle avait réussi à se faire une place. Sa nomination en tant que présidente, surtout d’une telle fraternité que les gumiho qui n’avaient que faire de l’argent et des ambitions, lui procurait un profond sentiment d’accomplissement. Celui-ci aussi qu’il ne s’agissait que d’un premier pas sur un chemin beaucoup plus grand.
À la réponse de Jihwan, la renarde haussa légèrement les épaules, l’air peu convaincue :
« Ce n’est pas comme si la cuisine sud-coréenne était particulièrement bonne même de qualité… »
Petit regard en coin pour déceler sa réaction, savoir si lui aussi, comme son cousin avait un attachement particulier aux traditions de son pays. Une susceptibilité souvent insoupçonnée mais que les petites remarques de la singapourienne avait le don de réveiller. Elle entrouvrit alors la bouche, montant une main devant celle-ci.
« Oups ! Patriotisme trop ancré. »
Sans doute du fait de leur « lien familial », Hera manifestait plus librement, plus spontanément son esprit malicieux et quelque peu provocateur avec Jihwan qu’elle ne le faisait d’accoutumer avec la plupart des représentants de la gente masculine. Elle se révélait davantage sous toutes ses facettes, mais n’en était pas moins prémuni de démarrer au quart de tour en cas de contrariété.
« Dis-toi qu’après avoir goûté à l’infamie, tu ne sauras que mieux apprécier le raffinement du contenu de ton assiette dont ton palais n’a pris que trop l’habitude. »
Elle ne prétendait pas que ce diner serait bon, certainement pas, mais pour le savoir, il fallait goûter. Et puis de toute façon, ces derniers temps le coeur plus léger après une passe difficile à soutenir sa meilleure amie dans le deuil, Hera avait envie de profiter un peu de la vie, de la savourer, alors elle avait décidé sur un coup de tête qu’elle emmènerait Jihwan dans un fast-food et elle le ferait !
« Néanmoins, parfois, c’est dans la rue que la cuisine locale est la meilleure. Hyeon en a fait l’expérience à Singapour. »
Son visage s’attrista légèrement. Elle aimerait pouvoir partager plus de moments aussi simples avec Hyeon. Finalement, Hera pouvait plus aisément sortir diner avec le cousin de son petit ami plutôt qu’avec ce dernier. C’était un peu injuste. C’était elle aussi qui était à l’origine du caractère « secret » de leur relation. La douceur et la liberté de leur séjour en tête à tête à Singapour lui manquait. Là-bas, leur couple avait pu s’épanouir au grand jour, tandis qu’ici, ils devaient se cacher. Cette situation l’étouffait de plus en plus, au point qu’elle pourrait finir par ne plus la supporter. Temps qu’ils ne seraient liés par aucun engagement officiel, par des fiançailles, en tant qu’égérie, afin de préserver sa réputation, Hera ne pouvait se permettre de s’afficher ouvertement en couple avec un homme. Les moeurs de cette société ne manqueraient pas de s’offusquer d’une telle légèreté de vertu. Mais si tous les deux n’étaient pas encore fiancés, le frein venait également du côté de sa famille. Pour la branche maternelle, mère et grand-parents aspiraient à mieux qu’un musicien, aussi riche et distingué soit-il. Quant à son père, le seul obstacle parvenait à tenir bon sur la route de la jeune fille, il souffrait seulement de voir la plus jeune de ses filles grandir. Qu’elle épouse qui elle désirerait mais qu’elle reste encore un peu, sa petite fille avant de devenir une femme qu’il confierait à un autre homme. Hera s’efforça de chasser ce sentiment nostalgique des moments partagés avec le pianiste afin de profiter également de cette occasion pour faire encore plus ample connaissance avec le cousin de celui-ci. Arrivés devant l’entrée du fast-food à l’américaine, elle s’exclama en déposant une main compatissante sur l’épaule de son partenaire :
« Allons-y ! Il est grand temps que tu sois baptisé dans le temple de la mal-bouffe. »
À l’intérieur, elle le guida car non, on ne pouvait aller s’asseoir directement, avant il fallait remonté l’allée au sol collant sous les pieds menant à la file d’attente, debout, pour passer commande. Hera expliqua à Jihwan qu’il devait choisir un des menus affichés en hauteur, qu’il ferait ensuite savoir à l’employée de caisse lorsque leur tour sera venu et payer directement.
« Ne compte pas prendre le même menu que moi pour te faciliter la tâche. En plus de devoir respecter un régime alimentaire très strict, je suis végétarienne, alors pour moi, ce sera salade et bouteille d’eau. Ce n’est pas parce que je t’emmène ici que j’aime ça. »
Pendant l’attente, bien que de courte durée, la jeune femme ressentit à nouveau une vague impression de nostalgie. La dernière fois qu’elle avait fait la queue de la sorte, ce fut avec Hyeon à Singapour… Évidemment, l’établissement de restauration n’avait rien de comparable ! Il existait dans les quartiers de la Cité du Lion de nombreux food-courts de bonne qualité pour découvrir les spécialités locales !
Passage de commande effectué et plateau en main, les deux intrus dans un lieu qui ne leur correspondait guère s’en allèrent s’asseoir à une table. De légers rictus de dégout vinrent brièvement déformés les lèvres de la renarde qui avait beau la ramenait, n’était vraiment pas ni coutumière, ni adepte d’un tel mode de restauration. Néanmoins, Hera ne perdait jamais de sa détermination. Assise en face de Jihwan, elle continua à maintenir que cette expérience avait du sens :
« Une fois que tu auras gouté, tu ne seras plus dans le mythe. Il ne faut jamais resté dans le regret de ne pas avoir fait, de ne pas avoir tenté quelque chose. À quoi bon posséder le monde si ce n’est pour répondre à toutes nos curiosités et envies ? »
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Dim 18 Juin - 12:05 Citer EditerSupprimer
Je la suivais silencieusement en essayant de contrôler mon expression faciale. Il y a trop de monde pour que je sois capable d’esquiver toutes les personnes mais me dire que j’ai un contact physique avec des gens d’une classe extrêmement inférieure m’agace. Non, je ne les déteste pas maladivement et je pourrais parfaitement traîner avec un d’entre eux une fois ou deux, par obligation, sans me montrer désobligeant – ou du moins, sans que je ne veuille l’être – mais c’en était un peu trop pour moi, d’un coup. Me balader dans des rues bondées de pauvres était déjà un premier pas, alors aller manger dans un endroit d’« humbles » – comme elle disait – était trop d’un coup. Si je devais comparer ma situation, je dirais que c’est comme apprendre à un enfant à sauter avant de lui apprendre à tenir debout ; c’était tellement violent que l’enfant n’en gardera jamais un bon souvenir. Cela dit, je ne me pense pas capable de l’exprimer de cette façon à la petite copine de Hyeon. Déjà parce qu’elle ne le fait qu’avec de bonnes intentions, ça me paraît flagrant, mais en plus elle n’est pas n’importe qui. Elle avait beau être seulement une élève à mes yeux, elle est aussi et avant tout un futur membre de la famille et je ne peux pas me montrer irrespectueux ou trop honnête avec elle avant de m’être beaucoup, beaucoup plus rapprochée d’elle. Je n’étais même pas capable d’être franc avec ma propre petite sœur, mais bon c’était une histoire différente et je n’étais pas trop d’humeur à y penser. J’affronte déjà une grosse épreuve, alors si je commençais à penser à mon plus grand problème, ça deviendrait catastrophique.
Je la fusillai du regard, sans un mot, lorsqu’elle affirma que la nourriture coréenne n’était pas bonne. D’accord, c’était une étrangère mais ça ne lui permettait pas de dire des bêtises pareilles surtout en présence d’un sud-coréen. Il n’y a rien de meilleur que les plats typiquement coréens lorsqu’ils sont bien faits. Elle comprit d’elle-même que ce n’était pas quelque chose à me dire, sûrement parce qu’elle était habituée à faire face au même genre de réactions de la part de Hyeon, et se ravisa.
Elle m’affirma que la nourriture de rue allait me donner encore plus goût à la nourriture de qualité, ce que je ne doutais nullement. Je ne m’attendais à rien d’exceptionnel, honnêtement. Moi-même je ne comprenais pas trop pourquoi, plus jeune, je désirais à ce point manger ces choses écœurantes. En réalité, c’était plutôt un rêve d’enfance qu’un souhait actuel – j’avais bien d’autres choses importantes à accomplir que manger de la nourriture grasse et infâme. Cependant, malgré tout ce que j’avais à faire, je savais aussi qu’il fallait oublier par moments le travail pour se changer les idées, au risque de devenir sans coeur, comme mon père l’était. Bien que j’admirais beaucoup mon père, j’avais toujours eu la sensation que les affaires lui avaient fait perdre son côté « humain » - chose qui avait été remise en question à l’arrivée de mes sœurs, parce qu’il paraissait les aimer sincèrement. Moi qui ne m’étais jamais vraiment senti précieux aux yeux de mon père, ça m’avait fait l’effet d’un couteau dans le coeur, mais je ne l’avais jamais exprimé et, au contraire, j’avais pris sur moi et avais fait des efforts pour changer la situation. Mes efforts n’avaient servi à rien cependant, puisque mes sœurs restaient ses précieuses filles et moi, je n’étais rien d’autre que l’aîné, futur héritier de la richesse.
Enfin, peu importait. Ce n’était pas du tout le moment pour penser à ça, qu’est-ce qui me prenait ? Je ne sais pas si c’est le fait d’être mélangé à autant de pauvres pour la première fois qui me rendait si émotionnel, mais je pensais vraiment à des choses qui n’avaient, de toute évidence, pas leur place ici. Je fixa avec surprise la main qui de Hera qui s’était déposée sur mon épaule. Je n’avais pas vraiment pour habitude d’être tactile – encore moins avec des filles, et encore moins avec la copine de mon cousin. Cependant, je ne relevai rien, me disant que c’était sûrement moi et ma politesse le problème, non pas sa spontanéité. Au contraire, son attitude me changeait un peu des caractères identiques des gens que je côtoyais pour les affaires.
Alors que nous rentrions dans le restaurant – est-ce que ce mot est vraiment le bon pour appeler ça – elle m’empêcha de m’asseoir et me montra comment il fallait m’y prendre. Paumé, je l’observais et la suivais juste sans comprendre, encore une fois, comment j’avais fini dans cette situation. Elle m’interdit de prendre le même plat qu’elle et je ne relevai pas le fait qu’elle était végétarienne, bien que ça me surprit. Je choisis la chose la moins bizarre et la plus simple que je pus et m’assis en face d’elle lorsque nous fûmes servis ; d’ailleurs pourquoi étions-nous déjà servis ?
« Je n’irais pas jusqu’à dire que je possède le monde, affirmais-je alors que nous étions prêts à manger. Déjà, parce que ça ne m’intéresse pas réellement de posséder le monde des pauvres… mais tu sais, si tu voulais manger dans un restaurant de grande gastronomie, ça aurait été aussi bien, hein… d’autant plus que j’ai l’impression d’inviter un membre de ma famille dans un truc indigne, ça me met un peu mal à l’aise… »
Je ne savais pas trop comment lui exprimer réellement ce que je désirais lui dire. Je ne voulais pas lui affirmer qu’on était venu là pour rien, parce que c’était assez impoli après qu’on y soit déjà mais je ne voulais pas non plus avoir l’air d’être un garçon qui invite la copine de son cousin dans un fast-food ; même si, honnêtement, ce n’est pas moi qui l’est traînée ici mais surtout le contraire.
« Je veux dire… si on devait sortir du cadre des études, ça aurait été peut-être un peu plus correct que je te paie un restaurant de première classe plutôt qu’une salade desséchée et une vulgaire bouteille d’eau... »
Je cherchai toujours le mot exact pour affirmer clairement ce que je voulais.
« En fait, ce que je veux dire, c’est que je me sens un peu indigne actuellement. »
Voilà, j’avais trouvé le mot. Bien que ce soit elle qui m’ait emmenée ici et moi qui ne comprenais pas comment j’avais fini dans un tel endroit, j’avais l’impression d’être indigne d’un héritier pour faire venir ici la copine de Hyeon.
Je la suivais silencieusement en essayant de contrôler mon expression faciale. Il y a trop de monde pour que je sois capable d’esquiver toutes les personnes mais me dire que j’ai un contact physique avec des gens d’une classe extrêmement inférieure m’agace. Non, je ne les déteste pas maladivement et je pourrais parfaitement traîner avec un d’entre eux une fois ou deux, par obligation, sans me montrer désobligeant – ou du moins, sans que je ne veuille l’être – mais c’en était un peu trop pour moi, d’un coup. Me balader dans des rues bondées de pauvres était déjà un premier pas, alors aller manger dans un endroit d’« humbles » – comme elle disait – était trop d’un coup. Si je devais comparer ma situation, je dirais que c’est comme apprendre à un enfant à sauter avant de lui apprendre à tenir debout ; c’était tellement violent que l’enfant n’en gardera jamais un bon souvenir. Cela dit, je ne me pense pas capable de l’exprimer de cette façon à la petite copine de Hyeon. Déjà parce qu’elle ne le fait qu’avec de bonnes intentions, ça me paraît flagrant, mais en plus elle n’est pas n’importe qui. Elle avait beau être seulement une élève à mes yeux, elle est aussi et avant tout un futur membre de la famille et je ne peux pas me montrer irrespectueux ou trop honnête avec elle avant de m’être beaucoup, beaucoup plus rapprochée d’elle. Je n’étais même pas capable d’être franc avec ma propre petite sœur, mais bon c’était une histoire différente et je n’étais pas trop d’humeur à y penser. J’affronte déjà une grosse épreuve, alors si je commençais à penser à mon plus grand problème, ça deviendrait catastrophique.
Je la fusillai du regard, sans un mot, lorsqu’elle affirma que la nourriture coréenne n’était pas bonne. D’accord, c’était une étrangère mais ça ne lui permettait pas de dire des bêtises pareilles surtout en présence d’un sud-coréen. Il n’y a rien de meilleur que les plats typiquement coréens lorsqu’ils sont bien faits. Elle comprit d’elle-même que ce n’était pas quelque chose à me dire, sûrement parce qu’elle était habituée à faire face au même genre de réactions de la part de Hyeon, et se ravisa.
Elle m’affirma que la nourriture de rue allait me donner encore plus goût à la nourriture de qualité, ce que je ne doutais nullement. Je ne m’attendais à rien d’exceptionnel, honnêtement. Moi-même je ne comprenais pas trop pourquoi, plus jeune, je désirais à ce point manger ces choses écœurantes. En réalité, c’était plutôt un rêve d’enfance qu’un souhait actuel – j’avais bien d’autres choses importantes à accomplir que manger de la nourriture grasse et infâme. Cependant, malgré tout ce que j’avais à faire, je savais aussi qu’il fallait oublier par moments le travail pour se changer les idées, au risque de devenir sans coeur, comme mon père l’était. Bien que j’admirais beaucoup mon père, j’avais toujours eu la sensation que les affaires lui avaient fait perdre son côté « humain » - chose qui avait été remise en question à l’arrivée de mes sœurs, parce qu’il paraissait les aimer sincèrement. Moi qui ne m’étais jamais vraiment senti précieux aux yeux de mon père, ça m’avait fait l’effet d’un couteau dans le coeur, mais je ne l’avais jamais exprimé et, au contraire, j’avais pris sur moi et avais fait des efforts pour changer la situation. Mes efforts n’avaient servi à rien cependant, puisque mes sœurs restaient ses précieuses filles et moi, je n’étais rien d’autre que l’aîné, futur héritier de la richesse.
Enfin, peu importait. Ce n’était pas du tout le moment pour penser à ça, qu’est-ce qui me prenait ? Je ne sais pas si c’est le fait d’être mélangé à autant de pauvres pour la première fois qui me rendait si émotionnel, mais je pensais vraiment à des choses qui n’avaient, de toute évidence, pas leur place ici. Je fixa avec surprise la main qui de Hera qui s’était déposée sur mon épaule. Je n’avais pas vraiment pour habitude d’être tactile – encore moins avec des filles, et encore moins avec la copine de mon cousin. Cependant, je ne relevai rien, me disant que c’était sûrement moi et ma politesse le problème, non pas sa spontanéité. Au contraire, son attitude me changeait un peu des caractères identiques des gens que je côtoyais pour les affaires.
Alors que nous rentrions dans le restaurant – est-ce que ce mot est vraiment le bon pour appeler ça – elle m’empêcha de m’asseoir et me montra comment il fallait m’y prendre. Paumé, je l’observais et la suivais juste sans comprendre, encore une fois, comment j’avais fini dans cette situation. Elle m’interdit de prendre le même plat qu’elle et je ne relevai pas le fait qu’elle était végétarienne, bien que ça me surprit. Je choisis la chose la moins bizarre et la plus simple que je pus et m’assis en face d’elle lorsque nous fûmes servis ; d’ailleurs pourquoi étions-nous déjà servis ?
« Je n’irais pas jusqu’à dire que je possède le monde, affirmais-je alors que nous étions prêts à manger. Déjà, parce que ça ne m’intéresse pas réellement de posséder le monde des pauvres… mais tu sais, si tu voulais manger dans un restaurant de grande gastronomie, ça aurait été aussi bien, hein… d’autant plus que j’ai l’impression d’inviter un membre de ma famille dans un truc indigne, ça me met un peu mal à l’aise… »
Je ne savais pas trop comment lui exprimer réellement ce que je désirais lui dire. Je ne voulais pas lui affirmer qu’on était venu là pour rien, parce que c’était assez impoli après qu’on y soit déjà mais je ne voulais pas non plus avoir l’air d’être un garçon qui invite la copine de son cousin dans un fast-food ; même si, honnêtement, ce n’est pas moi qui l’est traînée ici mais surtout le contraire.
« Je veux dire… si on devait sortir du cadre des études, ça aurait été peut-être un peu plus correct que je te paie un restaurant de première classe plutôt qu’une salade desséchée et une vulgaire bouteille d’eau... »
Je cherchai toujours le mot exact pour affirmer clairement ce que je voulais.
« En fait, ce que je veux dire, c’est que je me sens un peu indigne actuellement. »
Voilà, j’avais trouvé le mot. Bien que ce soit elle qui m’ait emmenée ici et moi qui ne comprenais pas comment j’avais fini dans un tel endroit, j’avais l’impression d’être indigne d’un héritier pour faire venir ici la copine de Hyeon.
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Dim 18 Juin - 17:37 Citer EditerSupprimer
Step One : Food Adventure
ft. Ji Hwan
Leur duo ne passait pas tout à fait inaperçu au milieu des autres clients. Leur classe sociale s’évaporait à travers tous les pores de leur peau, c’était indéniable, à tous les deux ! Quand bien même Jihwan transparaissait clairement comme le plus perplexe et perdu, Hera avait une prestance naturelle peu commune. La jeune femme était bien consciente de l’attention qu’ils pouvaient attirer sur eux, mais elle s’en efforçait que d’autant plus à agir des plus naturellement. Elle se savait que son visage risquait de paraitre familier mais si elle ne laissait pas paraitre de doutes, d’inconfort, nul n’irait s’imaginer que l’égérie du numéro un du pays puisse venir se restaurer dans un tel lieu ! Elle n’était qu’une parfaite anonyme ressemblant surprenant à un visage connu, exposé dans toute la ville.
Attablée, Hera avait tout de même conscience d’être doté d’un terrible esprit de contradiction. Si elle n’avait pas été à l’initiative de cette excursion, elle l’aurait désapprouvée, et sans ménagement. Pourtant, entrainé Jihwan dans cette sortie l’amusait quelque peu, raison sans doute de ce franc sourire qui n’avait de cesse de revenir s’étirer sur lèvres, même tandis qu’elle l’écoutait attentivement sans forcément approuver tous ses dires. D’ailleurs, sans assombrir son minois, ses lèvres elle rétracta pour lui rétorquer de manière calme et posée :
« Quelqu’en soit le lieu, n’est digne de diner avec moi qu’une personne à qui je l’autorise. »
Hera avait une très haute estime d’elle, ce n’était un secret pour personne. Elle ne s’en cachait pas plus qu’elle ne considérait avoir à le faire. Sa supériorité était inscrite dans la hiérarchie naturelle de ce monde. Sans la moindre once de froideur ou d’hostilité, néanmoins fidèle à sa franchise, elle continua :
« Étant donné le peu de chaleur avec laquelle, je fus accueillie par les Lim, réticences que certes je peux comprendre, néanmoins, il n’est pas dans mes habitudes de m’abaisser de la sorte pour tenter de me faire apprécier. »
Si les tensions avec les cousins n’avaient trouvé voie d’apaisement, celui qui en aurait le plus pâti aurait été Hyeon. Parce qu’elle l’aimait éperdument, Hera était prête à nombres d’efforts afin de le préserver d’une telle peine. Son tempérament la rattrapait parfois, trop farouche pour accepter d’être dompté, mais elle avait volonté de faire au mieux.
« Pour cela que je ne te cache pas non plus qui je suis, avec mes convictions, mes divergences culturelles et mes défauts. Je veux… tacha-t-elle de s’expliqua, sa voix s’imprégna spontanément d’une once de douceur, gage de sincérité. Je veux pouvoir faire de vous mes égaux. »
Ce qui sans vouloir être offensent s’avérait loin d’être inné dans l’esprit de cette princesse élevée dans le culte de sa personnalité placée au-dessus de tout et de quiconque. Néanmoins, bercée aussi par la sagesse de son père, une fois coupée de son univers, elle avait su apprendre à ouvrir son esprit.
« Je ne mesure pas la valeur des gens à l’ampleur de leur porte-feuille mais à celle de la place qu’ils ont pris dans mon coeur. »
Elle ne demandait pas Jihwan de partager ou même d’approuver sa façon de pensée. Elle ne lui faisait pas la leçon – pour une fois –, juste elle se dévoilait telle qu’elle était, avec cette assurance indéfectible qui la caractérisait tant et si bien.
Ses yeux s’abaissèrent quelques instants sur sa salade qui ne lui ouvrait guère l’appétit. Discret rictus, elle n’en changea pas pour autant d’avis :
« Alors, oui, nous aurions pu diner dans un restaurant digne de ce nom à la devanture parée des étoiles de sa renommée. Comme tu le fais avec toute autre personne n’ayant qu’une signification formelle à tes yeux. Nous aurions discuté, droits dans nos sièges, le ton plat, les échanges neutres et dénués de spontanéité. J’y aurais été contrainte également, car très certainement, l’égérie, petite-fille de Choi Jae Ki aurait été reconnu, si ce n’était toi aussi. Avec qui n’ai-je ? Pourquoi ? Quelle relation nous unit ? Voilà, quel repas nous aurions partager. »
Son regard qui s’était relevé sur son interlocuteur en dévia brièvement, profonde inspiration avant de remonter ses iris qu’elle planta dans ceux de son interlocuteur, sans honte de son aveu :
« Je ne le supporte pas. Je sais que je peux vous blesser lorsque que je prononce de tels mots, mais je déteste la haute-société sud-coréenne. Parce que j’y étouffe. Encore plus que dans mon pays, je n’ai toujours été ici qu’objet de convoitise, bercée dans l’hypocrisie intéressée. Les parents de Hyeon n’ont pas fait exception, j’ai juste accepté parce que c’était lui, que cette perspective me rassurait et que je voulais avoir confiance en lui. »
Peut-être s’ouvrait-elle un peu trop à lui, malgré une attitude générale qui témoignait de sa capacité à garder ses distances, à ne guère ouvrir les portes de son coeur plus facilement que lui. Peut-être parlait-elle aussi spontanément parce qu’elle voyait en Jihwan un ainé, en proie au manque des siens qui vivaient loin d’elle depuis plus de sept ans.
« Je ne suis parvenue à respirer dans ce pays qu’une fois bannie dans le monde des individus lambda, des gens sincères… »
Elle avait changé grâce à cela, grâce à cette immersion dans un univers nouveau, afin de ne pas devenir qu’un être empli de mépris et de rancoeur. Ces mots prononcés, Hera se redressa encore davantage tandis que son visage irradia derechef, miroir de chaleur joyeuse et d’un grain d’espièglerie :
« Alors ! Pour que notre premier repas en tête à tête soit mémorable, plutôt que de nous encombrer d’harassantes mondanités, partageons ensemble se suicide gustatif ! Ainsi, tu pourras te satisfaire longtemps que bien heureux tu as été de ne pas être mon fiancé ! Surtout dans les moments où tu ne pourras t’empêcher de penser à quel point je suis aussi parfaite qu’exceptionnelle ! »
Elle sourit de plus bel, resplendissante et malicieuse, jouant de sa vanité qu’elle jugeait parfaitement légitime et la prônant ouvertement avec légèreté. Se gardant encore d’avoir gouté à son plat, la singapourienne monta sa bouteille d’eau à ses lèvres, en avala une gorgée, puis la reposant sur la table, elle tint à revenir sur les propos de son interlocuteur qui n’avaient pas échappé à l’attention de son esprit :
« Tu dis ne pas vouloir posséder le monde des pauvres mais… Il n’existe aucun monde d’en haut sans monde d’en bas, Jihwan. Une pyramide sans fondation ne peut tenir, et les humbles en sont la base. Quelque soit le modèle, le domaine d’exploitation, il n’est aucun système économique qui peut fonctionner sans les rouages de la fourmilière. Il n’y a d’empire sans peuple à gouverner. »
La jeune femme secoua légèrement la tête d’un air désapprobateur, tel un professeur désolé de l’ignorance de ses élèves puis s’exclama, toujours animée de cette absence de modestie qu’elle savait détournée avec une forme d’autodérision, tout en pensant vraiment ses paroles, juste le ton enjoué de sa voix les rendaient plus digestes :
« Heureusement que je suis entrée dans votre vie ! Finalement, mon père ne m’a pas que rendu service en m’exilant ici, vous devriez être nombreux à vous sentir redevable envers lui ! »
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Dim 18 Juin - 18:43 Citer EditerSupprimer
Après avoir réussi à dire ce que je désirais, j’écoutais silencieusement sa réponse qui se transforma bien rapidement en confidences. Je ne comprenais pas réellement pourquoi elle s’ouvrait ainsi à moi pour me dire ces choses-là, après tout nous nous côtoyions pour des cours de finance à la base. Bien que nous nous étions rapprochés au fur-et-à-mesure, le fait qu’elle ait confiance en moi m’impressionna un peu – je risquais peut-être de la décevoir si elle mettait trop d’attentes en moi, après tout. Elle ne serait pas du tout la première que je décevrais et elle ne sera pas la dernière non plus, si cela été destiné à arriver.
Je réfléchis pour répondre quelque chose qui, peut-être, pourrait la rassurer mais je n’étais pas vraiment sûr que ce soit ce qu’elle recherchait. Peut-être qu’elle ne me disait ça comme elle l’avait déjà exprimé à tous ses proches et que, donc, elle n’attendait aucune réaction particulière de ma part. Pour autant, ce n’est pas la sensation que j’avais. Ayant baigné, moi aussi, dans cette ambiance hypocrite durant des années et étant désormais un de ceux qui la créait, par ma fausse politesse, je comprenais parfaitement de quoi elle parlait. Oui, en effet, je fus étouffé plusieurs fois par les sourires faux que les collègues de mon père me faisaient pour attiser sa sympathie et bien vite, je fus pris en flagrant délit par mon père en train de croire à ces hypocrisies. En grandissant, bien sûr, j’avais fini par comprendre qu’il ne fallait pas y donner de moi mais au contraire, rendre les sourires, les compliments et être faux au possible pour satisfaire tout le monde. Je connaissais les codes mieux que n’importe qui et j’étais les premiers à les utiliser – ainsi, ça me mettait toujours autant mal-à-l’aise de partager un vulgaire repas de fast-food sans aucune valeur avec la future fiancée de mon cousin. Mais visiblement, elle ne voulait pas de moi que je le répète et que j’insiste puisqu’à son âge, elle était toujours étouffée par ces fausses politesses tandis que je m’y étais habitué.
Quoi qu’il en soit, elle ne me laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit et surenchérit sur un nouveau sujet, son air enjoué de retour. Après qu’elle se soit complimentée de « parfaite » et « d’exceptionnelle », j’osai enfin prendre mon sandwich avec mes mains – ce qui m’écœurait hautement, mais il n’avait pas servi de couverts avec – pour l’apporter jusqu’à ma bouche. La texte du pain mou, presque moisi, de la salade aussi sèche qu’elle le paraissait et de la viande de basse qualité me fit grimacer, alors que Hera était en train de finir sa gorgée d’eau et était prête à parler, de nouveau. Je m’efforçai à manger sans trop montrer à quel point le goût était immonde – ce fut le seul mot que je trouvais pour le décrire – puisqu’elle avait quand même pris la peine de m’emmener ici.
« Je ne dis pas que les pauvres ne doivent pas exister », affirmais-je pour lui répondre, d’un ton bas afin de ne pas me faire entendre par les personnes autour, parce que nous étions bien trop serrés. « Je veux simplement dire que si, maître des pauvres il doit y avoir, je ne veux pas que ce soit moi. Je me contenterai de diriger les riches et les pauvres seront contrôlés par n’importe qui d’autres, mais pas par moi. Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens-là, parce qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de dévisager les gens d’une manière totalement impolie, sans même comprendre l’affront qu’ils font. »
Mon ton s’était durcit vers la fin de ma phrase et mon regard, qui était d’abord sur mon interlocutrice, avait fait le tour de la pièce pour dénoncer toutes les personnes qui me fixaient, moi et mon costard, ainsi que Hera. Si j’avais fait de mon mieux pour faire semblant de ne pas les remarquer jusqu’à maintenant, il était évident qu’ils ne connaissaient ni la politesse, ni la discrétion. Moi aussi, leurs habits m’étonnaient, mais je ne les fixais pas d’un air béat comme eux et je ne faisais pas des messes basses pour les juger, bien que je l’aurais peut-être fait dans d’autres circonstances.
« Et tu sais, le peu que je connaisse des sociétés étrangères me fait quand même affirmer que l’hypocrisie de la société coréenne n’est pas plus grande qu’ailleurs. Nous sommes juste plus évidents, puisque tout le monde sait que tout est faux, mais au final je trouve ça moins malsain de mentir en sachant que les autres nous mentent plutôt que de faire tellement bien semblant que les autres nous croient. »
Je réfléchis encore quelques secondes en observant mon sandwich entamé, que je n’avais pas envie de croquer une nouvelle fois.
« Puis, je ne te proposais pas un restaurant étoilé pour avoir avec toi une discussion hypocrite et plate. Je pars du principe que, une discussion de riches dans un fast-food fait autant tâche qu’une discussion honnête dans un restaurant réputé. Tu te sens peut-être plus à l’aise ici pour te permettre de me parler normalement sans les politesses exigées en tant normal, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi. Les tables sont toutes collées les unes aux autres, les gens nous dévisagent, ceux qui peuvent nous écoutent, c’est pire que dans un restaurant. D’autant plus que la nourriture n’est même pas bonne pour compenser. Franchement, il faut vraiment n’avoir rien goûté et vu de sa vie pour aimer traîner dans ce genre d’endroits ; les pauvres sont des espèces à part. »
Après avoir lâché tout ça, je m’aperçus que je m’étais peut-être un peu trop lâché. Elle était venue jusqu’ici pour moi, alors qu’elle était végétarienne et qu’elle savait que sa salade ici ne serait pas bonne et je me permettais de critiquer l’endroit. Ce n’était pas non plus très poli, me dis-je pour moi-même.
« Enfin, je ne veux pas dire que c’est mal d’être venu ici. Merci d’avoir pris la peine de me traîner ici. »
Je lui souris légèrement. C’était peut-être le premier sourire que je lui adressais depuis qu’elle m’avait traîné au milieu des pauvres, mais jusqu’à maintenant j’étais bien trop paumé et mal à l’aise pour exprimer quoi que ce soit d’autre.
Après avoir réussi à dire ce que je désirais, j’écoutais silencieusement sa réponse qui se transforma bien rapidement en confidences. Je ne comprenais pas réellement pourquoi elle s’ouvrait ainsi à moi pour me dire ces choses-là, après tout nous nous côtoyions pour des cours de finance à la base. Bien que nous nous étions rapprochés au fur-et-à-mesure, le fait qu’elle ait confiance en moi m’impressionna un peu – je risquais peut-être de la décevoir si elle mettait trop d’attentes en moi, après tout. Elle ne serait pas du tout la première que je décevrais et elle ne sera pas la dernière non plus, si cela été destiné à arriver.
Je réfléchis pour répondre quelque chose qui, peut-être, pourrait la rassurer mais je n’étais pas vraiment sûr que ce soit ce qu’elle recherchait. Peut-être qu’elle ne me disait ça comme elle l’avait déjà exprimé à tous ses proches et que, donc, elle n’attendait aucune réaction particulière de ma part. Pour autant, ce n’est pas la sensation que j’avais. Ayant baigné, moi aussi, dans cette ambiance hypocrite durant des années et étant désormais un de ceux qui la créait, par ma fausse politesse, je comprenais parfaitement de quoi elle parlait. Oui, en effet, je fus étouffé plusieurs fois par les sourires faux que les collègues de mon père me faisaient pour attiser sa sympathie et bien vite, je fus pris en flagrant délit par mon père en train de croire à ces hypocrisies. En grandissant, bien sûr, j’avais fini par comprendre qu’il ne fallait pas y donner de moi mais au contraire, rendre les sourires, les compliments et être faux au possible pour satisfaire tout le monde. Je connaissais les codes mieux que n’importe qui et j’étais les premiers à les utiliser – ainsi, ça me mettait toujours autant mal-à-l’aise de partager un vulgaire repas de fast-food sans aucune valeur avec la future fiancée de mon cousin. Mais visiblement, elle ne voulait pas de moi que je le répète et que j’insiste puisqu’à son âge, elle était toujours étouffée par ces fausses politesses tandis que je m’y étais habitué.
Quoi qu’il en soit, elle ne me laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit et surenchérit sur un nouveau sujet, son air enjoué de retour. Après qu’elle se soit complimentée de « parfaite » et « d’exceptionnelle », j’osai enfin prendre mon sandwich avec mes mains – ce qui m’écœurait hautement, mais il n’avait pas servi de couverts avec – pour l’apporter jusqu’à ma bouche. La texte du pain mou, presque moisi, de la salade aussi sèche qu’elle le paraissait et de la viande de basse qualité me fit grimacer, alors que Hera était en train de finir sa gorgée d’eau et était prête à parler, de nouveau. Je m’efforçai à manger sans trop montrer à quel point le goût était immonde – ce fut le seul mot que je trouvais pour le décrire – puisqu’elle avait quand même pris la peine de m’emmener ici.
« Je ne dis pas que les pauvres ne doivent pas exister », affirmais-je pour lui répondre, d’un ton bas afin de ne pas me faire entendre par les personnes autour, parce que nous étions bien trop serrés. « Je veux simplement dire que si, maître des pauvres il doit y avoir, je ne veux pas que ce soit moi. Je me contenterai de diriger les riches et les pauvres seront contrôlés par n’importe qui d’autres, mais pas par moi. Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens-là, parce qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de dévisager les gens d’une manière totalement impolie, sans même comprendre l’affront qu’ils font. »
Mon ton s’était durcit vers la fin de ma phrase et mon regard, qui était d’abord sur mon interlocutrice, avait fait le tour de la pièce pour dénoncer toutes les personnes qui me fixaient, moi et mon costard, ainsi que Hera. Si j’avais fait de mon mieux pour faire semblant de ne pas les remarquer jusqu’à maintenant, il était évident qu’ils ne connaissaient ni la politesse, ni la discrétion. Moi aussi, leurs habits m’étonnaient, mais je ne les fixais pas d’un air béat comme eux et je ne faisais pas des messes basses pour les juger, bien que je l’aurais peut-être fait dans d’autres circonstances.
« Et tu sais, le peu que je connaisse des sociétés étrangères me fait quand même affirmer que l’hypocrisie de la société coréenne n’est pas plus grande qu’ailleurs. Nous sommes juste plus évidents, puisque tout le monde sait que tout est faux, mais au final je trouve ça moins malsain de mentir en sachant que les autres nous mentent plutôt que de faire tellement bien semblant que les autres nous croient. »
Je réfléchis encore quelques secondes en observant mon sandwich entamé, que je n’avais pas envie de croquer une nouvelle fois.
« Puis, je ne te proposais pas un restaurant étoilé pour avoir avec toi une discussion hypocrite et plate. Je pars du principe que, une discussion de riches dans un fast-food fait autant tâche qu’une discussion honnête dans un restaurant réputé. Tu te sens peut-être plus à l’aise ici pour te permettre de me parler normalement sans les politesses exigées en tant normal, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi. Les tables sont toutes collées les unes aux autres, les gens nous dévisagent, ceux qui peuvent nous écoutent, c’est pire que dans un restaurant. D’autant plus que la nourriture n’est même pas bonne pour compenser. Franchement, il faut vraiment n’avoir rien goûté et vu de sa vie pour aimer traîner dans ce genre d’endroits ; les pauvres sont des espèces à part. »
Après avoir lâché tout ça, je m’aperçus que je m’étais peut-être un peu trop lâché. Elle était venue jusqu’ici pour moi, alors qu’elle était végétarienne et qu’elle savait que sa salade ici ne serait pas bonne et je me permettais de critiquer l’endroit. Ce n’était pas non plus très poli, me dis-je pour moi-même.
« Enfin, je ne veux pas dire que c’est mal d’être venu ici. Merci d’avoir pris la peine de me traîner ici. »
Je lui souris légèrement. C’était peut-être le premier sourire que je lui adressais depuis qu’elle m’avait traîné au milieu des pauvres, mais jusqu’à maintenant j’étais bien trop paumé et mal à l’aise pour exprimer quoi que ce soit d’autre.
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Re: Step One : Food Adventure ~ ft. Jihwan | Lun 26 Juin - 18:41 Citer EditerSupprimer
Step One : Food Adventure
ft. Ji Hwan
Attentive, tantôt légèrement souriante, tantôt fronçant un soupçon les sourcils, décryptant les moindres variations dans l’attitude de Jihwan. Cette perspicacité, ce sens de l’orientation lui était naturel et spontané. Discrète, naturelle, Hera apprenait juste mieux à connaitre la personnalité de cet homme qu’elle pensait faire un jour partie de sa belle-famille. Dans ses perspectives d’avenir, ils seraient amenés à se côtoyer régulièrement, longtemps, aussi longtemps que possible, loin de prévoir que le destin en déciderait autrement. Alors que les flots de la vie semblaient déjà si agités de remous, comment se douter que tout ceci n’était que le calme avant une tempête destructrice ? Son sourire déjà, son enthousiasme du soir, masquaient la douleur dû à l’absence d’un départ soudain, d’une amie qui lui manque. Un diner improbable, une illusion d’évasion se raccrochant pourtant à une ombre passée. Ce genre de lui, la simplicité de la vie, Hera l’avait découvert grâce à cette meilleure amie qui venait de partir, de rentrer chez elle, loin de Séoul. Pour chasser le fantôme de l’absence, elle se concentrait sur son interlocuteur, agissant avec légèreté. Malgré quelques paroles la contrariant quelque peu, il l’amusait surtout. Non pas de moquerie, mais juste… de la sympathie ? Jihwan avait ses ressemblances avec Hyeon et surtout, là, Hera ne manquait pas de remarquer comme il devenait finalement presque bavard. Du moins, il s’exprimait assez librement et spontanément, au point de se reprendre de lui-même ensuite.
« Est-ce un remerciement sincère ou de simple formalité ? »
Avec les hommes de cette famille, la singapourienne savait que la politesse faussait bien souvent le véritable fond de la pensée, hors, Hera n’avait que faire des formalités. Certes, se trouver face à elle s’avérait pire qu’avoir une épée de damoclès au-dessus de la tête : l’absence de sincérité lui déplaisait, mais la vérité n’était pas à l’abri de sa susceptibilité.
« Honnêtement, je ne suis pas certaine que cela vaille la peine de me remercier. D’autant plus que je suis plutôt fervente adepte du franc-parlé, surtout dans des circonstances comme celles-ci où rien ne nous oblige à peser le moindre de nos mots ou à jouer de subtilité pour faire passer un message sans déroger aux convenances. »
Franchement, à sa place, elle ne le remercierait pas, quitte à se montrer odieuse, quoique, puisqu’il était Jihwan, peut-être ferait-elle des efforts. Ses yeux se posèrent sur l’infame burger de son interlocuteur, lui arrachant un rictus de dégoût. Au moins, elle ne pouvait qu’apprécier l’interdiction de toucher à telle alimentation exigée par son statut d’égérie.
« J’ai juste appris que tout jugement quel qu’il soit n’est légitimé qu’une fois que nous en avons fait l’expérience. »
Ne dit-on pas cela aux enfants qui refusent de manger des légumes sous prétexte qu’ils n’aiment pas avant même d’y avoir goûter ?
« Maintenant tu as la confirmation que tu détestes ce genre d’endroit et tu sais vraiment pourquoi. »
Les préjugés, auparavant, la brunette en était blindée. Si elle n’en était pas encore exempte, son cas s’avérait tout de même beaucoup moins atteint que par le passé. Son changement de vie lui avait permis de se sensibiliser à bien des leçons de la vie.
« Petite, lors de vacances au Canada, mes soeurs et moi étions curieuses de goûter aux burgers du fast-food américain, mon père nous y a alors emmené, nous n’avons plus jamais souhaité y remettre les pieds. »
Encore une fois, Hera éprouvait une grande reconnaissance envers l’ouverture d’esprit et la justesse du jugement de son père. Ce n’était sans raison que cet homme était tant respecté et apprécié aussi bien par ses pairs singapourien que par les hauts dignitaires, importants hommes d’affaires…etc, sud-coréen. La jeune femme avala une nouvelle gorgée d’eau, puis reprit sur un ton moins léger, un peu plus emprunt à la peine :
« Quant à un diner dans un restaurant digne de ce nom, comme j’ai essayé de te le dire, nous n’aurions pas pu. À moins de faire comme Hyeon lorsqu’il souhaite m’inviter et réserver la salle entière. Je ne suis pas autorisée à diner publiquement avec un jeune homme, même toi, pas temps que nos fiançailles ne sont pas officielles et donc que nous soyons de la « même famille ». »
Regard vers le bas, ses paroles l’affectaient, cette réalité pesante à laquelle, elle espérait pouvoir remédier enfin un jour. Les hommes ne se rendaient pas compte du joug sexiste qu’ils s’imposaient encore aux femmes.
« Je sais que ce frein peut-être offensant pour votre famille, mais je suis encore mineure selon les lois de mon pays, alors la réserve de mon père est légitime sans être aucune façon récalcitrante à votre égard. »
Redressant la tête, elle s’efforça de sourire de nouveau et recouvra de son assurance maligne :
« D’ailleurs, à ce propos, malgré que je sois ta cadette, il se pourrait bien que j’ai des connaissances un peu plus approfondies en ce qui concerne certaines sociétés étrangères, alors certes, la vôtre n’est pas la pire, mais les faits sont là quant à son retard d’honnêteté, corruptibilité par rapport à la mienne qui n’est en pas moins civilisée ou politiquement correcte sur tu préfères. »
De ses doigts elle s’empara de sa fourchette à laquelle la jeune femme n’avait pas encore touché, s’apprêtant à le faire avant de se raviser.
« Je ne la mangerai pas finalement. »
Petite étincelle mystérieuse et malicieuse, elle ne lui en dit pas plus sur l’idée qu’elle avait derrière la tête.
« Alors ? Devrions-nous passer par la pharmacie ensuite pour t’acheter de quoi parvenir à digérer ? »