I need u

ft. kwon indiana

Si il y avait une chose à Séoul que Chung Jae devait désigner comme ce qu’il préférait, ce serait Gangnam. Le quartier avait eu une certaine mauvaise réputation pendant un temps, jusqu’a ce que viennent s’y installer des grandes marques de luxe et des hôtels, ainsi que de grandes agences d’entertainment. Aujourd’hui, le quartier était hypster et branché, mais surtout en constante évolution. De plus, ce n’était pas loin d’Itaewon et du quartier gay dans lequel Chungjae avait ses habitudes.
C’est avec un plaisir proche de l’excitation enfantine que le jeune homme faisait découvrir son quartier à Indiana qui le connaissait très certainement déjà, mais qui avait la gentillesse de ne rien lui dire.

Ou peut être était t’il trop crispé pour lui dire quoi que ce soit. Surement ca.
Heureusement, Chung Jae avait dépassé depuis longtemps l’époque il avait conduit comme un fou en moto pour impressionner. Il avancait tranquillement entre les voitures, au gré des feux rouges et des accélérations, et s’assurant que Indiana n’était tout de même pas trop secoué par le voyage.

Finalement, ils s’arrêtèrent dans une rue éloignée de l’avenue principale et baignée dans la lueur des néons. L’endroit était calme et ne payait clairement pas de mine, avec son vieux boui boui servant des ramens à toute heure et la porte en fer forgée de son immeuble. On aurait pu croire qu’ils entraient dans un studio de films pornos clandestins. Honnêtement, la première fois qu’il était venu ici, c’est ce qu’il avait pensé.

“Tout va bien ?” demanda Chung Jae en aidant son compagnon à descendre de la moto noire qu’il poussa dans son garage avant de fermer à double tour. Il salua la petite grand mère qui tenait l’échoppe de ramens d’un signe de la main.
“J’ai oublié de te dire hm… mon père est là” Il rosit légèrement, un peu gêné. “Mon frère n’est pas ici mais mon père mangera avec nous, si ca ne te dérange pas...je dois surveiller son régime et qu’il prendra son médicament.”
Il remarqua l’hésitation du jeune homme et sourit. “Ne t’inquiètes pas, c’est un gentil !”

Un peu par réflexe, le trentenaire pris la main d’Indiana et l'entraîna à l’intérieur de l’immeuble avant de fermer la porte derrière lui.
Chung Jae expliqua que lorsqu’il était arrivé en Corée, il avait acheté cet endroit avec l’argent qu’il avait hérité, et qu'à l’époque, ça lui avait été vendu pour une bouchée de pain. Il avait passé près d’un an et demi à aider à retaper le rez de chaussée, qu’il avait transformé en studio, ce qui lui avait permis de bénéficier d’une réduction considérable pour acheter le premier étage, qui lui appartenait et qu’il avait retapé lui même entièrement la même année.

Il arrivèrent au premier étage après une montée dans un ancien escalier d’usine, et il poussa la porte de son appartement.
L’endroit était décoré avec goût, bien que les préférences des trois hommes vivants dans l’appartement avaient créé un magnifique fouilli artistique, entre les objets anciens de son frère, les posters de son père ainsi que ses vyniles, mais aussi les créations de ChungJae. Il avait d’ailleurs tagué le mur du salon du sol au plafond aux pierres dégarnies, le recouvrant de motifs de couleurs vives.

La télévision hurlait des informations en anglais.
“Dad ! Je suis là !”
“GOAL !!”
ChungJae leva les yeux au ciel en entendant son père crier, et sourit à son compagnon, lui faisant signe de se mettre à l’aise.
“Dad, j’ai un invité alors habilles toi.”
Le père de ChungJae n’avait rien d’un vieil homme coréen, c’était un bon vivant avec énormément de sens de l’humour, qui possédait une tendance à se comporter comme un adolescent. Il ressemblait à Chungjae, avec trentes ans de plus et des cheveux longs de rockeur.
“Charlie, je t’ai dis que j’avais un match ce soir !” grommela son père, avant de se taire soudainement quand il aperçut Indiana posté dans le cadre de la porte.

“Ooh ! Hey !”

I need u

ft. kang Chung Jae

La moto ce n’était clairement pas mon truc. Je m’accrochais à Chung Jae comme si ma vie en dépendant, sûrement un peu trop fort. Mais je n’étais pas rassuré du tout, j’avais l’impression que chacune des voitures qui nous frôlaient allaient nous envoyer dans le décor. Je m’arrêtais même parfois de respirer. Heureusement que ce casque dissimulait mon air effrayé. Je ne profitais pas du tout de la balade, ni du paysage. Je reconnaissais à peine Gangnam. Je n’avais pas pour habitude d’y traine. Je ne trainais nul par d’ailleurs. Je passais la plupart de mon temps à l’université.

Je m’appuyais sur lui pour descendre de la moto en gémissant légèrement. C’était douloureux. Vraiment. Mais c’était mieux que de prendre le métro, beaucoup plus rapide. Je retirais le casque pour le lui rendre et passais une main dans mes cheveux pour me recoiffer. Je commençais enfin à réaliser. Je haussais un sourcil, un peu inquiet. Il ne fallait pas se fier aux apparences, alors je me calmais rapidement. J’étais avec Jae, il ne pouvait rien m’arriver de mal.

« Oui, ça va, à peu près. »

J’étais en vie, c’était le principal. Je continuais d’analyser le quartier lorsque je me stoppais net. Son père ? Ici ? Je n’étais vraiment pas doué avec les gens que je ne connaissais pas. Je restais la bouche ouverte, le temps d’assimiler la situation. C’était chez lui, il faisait ce qu’il voulait, je n’avais rien à dire, mais je me sentais déjà mal à l’aise. Je soupirais de soulagement en apprenant qu’il n’y avait que son père. Deux inconnus ? J’aurai fait une crise cardiaque. Je ne doutais pas un instant que son père était aussi gentil que lui, mais ce n’était pas lui.

Je serrais sa main dans la mienne pour me rassurait et tirait dessus une fois à l’intérieur. Je plongeais mon regard dans le sien, commençant à sentir la panique m’envahir. Je n’étais plus le gamin un peu trop gros dont tout le monde se moquait. J’étais beau aujourd’hui, mais j’avais toujours l’impression que l’on me voyait comme avant. Je n’aimais pas le regard des autres posés sur moi. Je continuais de le fixer avant de chuchoter :

« Et s’il croit qu’on est ensemble ? »

En soit ce n’était pas grave que l’on pense que je pouvais sortir avec Chung Jae, mais je n’arrivais absolument pas à assumer mon attirance pour les hommes. Je ne savais pas pourquoi. J’avais assez souffert, je ne voulais plus subir de moqueries.

Il avait de la chance d’avoir un endroit à lui, où il pouvait se réfugier. C’était un bel endroit vu de l’intérieur. Je n’osais pas avancer tout seul et il devait me trainer légèrement. Monter l’escalier s’apparentait à une réelle torture pour moi, en particulier ce genre d’escalier. C’était la première fois que je venais chez lui et je n’en perdais pas une miette. C’était accueillant, chaleureux et rassurant, comme lui. Mon cœur battait à toute vitesse.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire en entendant la télé. C’était bon d’entendre parler anglais, ça me faisait vraiment du bien. Mon pays me manquait. Je restais encore sans bouger, sans même retirer ma veste. Je ne pouvais pas me mettre à l’aise parce que je n’étais pas à l’aise du tout. Mon corps entier était crispé. Je souriais à son père en levant ma main pour lui faire signe.

« Bonjour. »

Je me sentais bête et je suppliais Chung Jae du regard de ne pas me laisser seul et de rester près de moi. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire.

I need u

ft. kwon indiana

ChungJae avait passé le chemin à prendre des virages très serrés pour ménager la jambe du jeune homme. Il savait que ce ne serait pas agréable, de toute manière. Ce qui ne l’empêcha pas de s’en vouloir immédiatement quand il entendit le jeune homme gémir en descendant de sa moto. Il savait qu’il n’aurait pas pu faire beaucoup mieux, à part en portant constamment le jeune homme sur son dos, mais ca ne l’empêcha pas de le soutenir jusqu’en haut des marches… Ce qui sembla aussi apaiser un peu les appréhensions du jeune homme que le jeune homme avait remarqué quand ils étaient descendus devant chez lui.
Il savait qu’elles ne tenaient pas qu’à l’endroit en lui même mais au fait que son père était présent ce soir. Et à vrai dire, il savait qu’il ne pourrait pas vraiment apaiser ses appréhensions avant qu’il n’aie rencontré officiellement son père.

Il n’y avait qu’à se rappeler la panique sur le visage d’Indie quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois...Mais Chungjae savait qu’il était bénéfique pour Indiana de sortir des sentiers battus : et quelqu’un comme son père était le meilleur remède.
« Et s’il croit qu’on est ensemble ? »
Chungjae éclata de rire, amusé par la réaction d’effroi d’Indie.
“Je me ferais sûrement engueuler parce que tu es trop jeune pour que je te dépouille de ton innocence.”
Il s’amusa de la magnifique couleur rouge que prirent les joues d’Indiana avant de continuer, la main sur la porte.

“Mais mon père sait parfaitement qui je suis et l’a toujours accepté. Donc ne t’inquiètes pas pour ca, hm ? Approches.”
Il le prit dans ses bras, et entra avec lui dans la maison, ne quittant pas ses cotés. Son père était quelqu’un de très gentil, mais très tactile et bruyant, et il savait que si il laissait le petit chaton avec le lion, le chaton risquait de fuir la maison aussi vite que sa jambe le lui permettait.
“Bonjour.”
Le sourire de son père s'agrandit. Il portait une étrange combinaison d’une chemise hawaïenne et d’un pantalon de jogging.
Il s'avança mais Chung Jae s’empressa de s’interposer entre eux.
“Hum...dad, tu te souviens d’Indiana ? Je t’ai parlé de lui, il est assez timide alors si tu pouvais éviter le gros câlin tout de suiteurgh !”
Son père se tourna vers lui à la place, et lui brisa pratiquement les côtes en le serrant contre lui.

“Tu ne m’avais pas dit que tu avais des amis aussi adoraaaables, Charlie !”
Son accent anglais était si puissant que Chungjae préférait en général il parler directement dans sa langue maternelle.
“Papa!”
“Et en plus un petit de chez nous, c’est merveilleux, merveilleux !”
Charlie ou Chungjae leva les yeux au ciel, souriant légèrement.
“On va préparer à manger dans la cuisine, d’accord ? On t’appelle quand c’est prêt.”

Avant que son père n’aie pu protester, Chungjae organisa une retraite stratégique dans la cuisine, Indiana sur ses talons.
“Excuses le… Il est très démonstratif. En particulier depuis qu’il est tombé malade.”
Il sortit un siège pour Indiana.
“Je me suis dit que tu n’étais pas encore assez à l’aise pour rester seul avec lui… donc tu veux m’aider à couper les oignons ?”
Il sourit largement à Indiana, le genre de sourire qui ferait oublier à n’importe qui qu’ils étaient dans un lieu inconnu et passablement effrayant, mais qui les faisaient se sentir chez eux en toute circonstances.

I need u

ft. kang Chung Jae

J’aimais entendre le rire de Chung Jae, je le trouvais apaisant, mais je ne voyais pas ce que j’avais pu dire de si drôle. Je ne voulais pas encore me faire juger. Je voulais simplement que l’on me laisse tranquille. Je me sentais vraiment mal à l’aise de lui avoir posé cette question. Et puis je n’étais pas si jeune que ça, je pouvais faire ce que je voulais de ma vie. Je le regardais en faisant la moue.

« J’ai 21 ans, je suis majeur »

Juste une petite précision. En effet j’étais innocent, mais je n’étais plus un enfant. D’ailleurs j’en avais assez d’être aussi innocent. Il avait vraiment de la chance d’être accepté et de s’accepter. Je me dégoûtais un peu parfois. J’avais déjà beaucoup fait souffrir mes parents avec mon anorexie, je ne pouvais en plus leur dire que j’aimais les hommes. Je ne savais pas s’ils étaient prêts à l’entendre, mais en tout cas, moi, je n’étais pas prêt pour leur dire.

Je ne savais plus où me mettre entre Chung Jae et son père. Je n’étais pas du genre tactile et je remerciais Jae de m’avoir sauvé d’une étreinte un peu trop sauvage. Je sursautais en le voyant prendre son fils dans ses bras, si je n’entendais pas quelques-uns de ses os craquer, ce serait un miracle. Je tentais de garder un air neutre pour dissimuler au mieux ma panique. C’était intense dans leur famille. Et je n’y étais vraiment pas habitué. Je leur offrais un petit sourire crispé sentant mes jours devenir de plus en plus rouge. Adorable ? Non. Je ne l’étais pas. Je ne trouvais pas en tout cas. De toute façon, je n’avais jamais supporté mon image.

Je hochais rapidement la tête lorsqu’il parla d’aller faire à manger dans la cuisine et je le suivais à toute vitesse comme un petit poussin. Je pris place sur la chaise qu’il me tendait et commençait à respirer normalement. J’avais un sérieux problème, j’allais devoir apprendre à m’ouvrir un peu plus aux autres.

« Oui, c’est très bien les oignons je trouve ! »

J’attendais qu’il me les donne pour commencer à en retirer la peau. Je me demandais ce que ça aurait été de grandir dans une famille tendre. Mes parents n’étaient pas des monstres, loin de là, ils étaient juste distant, en particulier depuis que j’avais failli mourir. C’était eux qui avaient décidé de venir en Corée, pour moi. Ils pensaient vraiment à mon bien, mais les gestes affectueux ? Non, jamais.

« Ton frère aussi est … comment dire, aussi démonstratif ?? »

L’oignon commençait à me piquer les yeux et je commençais à renifler doucement. Voilà pourquoi je ne faisais jamais la cuisine. S’il y avait son père j’allais devoir me forcer à manger un peu plus que prévu. Je ne voulais pas qu’il croit que je n’aimais pas la cuisine de son fil. Je me frottais rapidement les yeux avec ma manche, mais ça ne faisait qu’aggraver les choses.
Je n’osais pas trop lui parler de son père. Il était malade, mais ce n’était pas toujours facile d’en parler et je ne voulais pas trop faire mon curieux.

« Ton père, ça va aller ? »

Je n’avais pas besoin de tout savoir, mais si Chung Jae avait besoin de moi, je serai là. Comme il l’était toujours pour moi.

I need u

ft. kwon indiana

Son père n’avait jamais particulièrement porté attention aux fréquentations de son fils. Surement parce que sa propre expérience lui avait fait comprendre que s’interposer dans des relations amoureuses n’apportait que du malheur.
De plus, ChungJae et lui avaient toujours cultivé une relation très saine, et il avait été evident pour Charlie que parler à son père de sa sexualité était important. Et il ne s’était pas trompé. Pour son paternel, voir son fils rentrer chez lui avec des hommes (même si cela arrivait moins souvent ces derniers temps), était aussi naturel que de le voir rentrer avec des femmes.

Cela avait d’ailleurs déclenché des scènes plutôt cocasses, il devait l’avouer.
« J’ai 21 ans, je suis majeur »
Le plus vieux ébouriffa les cheveux de son cadet, son sourire atteignant ses yeux qui se plissèrent en deux croissants de lune parfaits.
“La faute à ce visage d’ange !”

Quand ils entrèrent dans l’appartement, ils furent aussitôt accueillis par son père, qui évidemment, de son mètre 90 et sa grosse voix, avait tendance à effrayer les gens, en particulier quand ils n’étaient pas habitués. Et même si Chungjae savait parfaitement que Indiana et lui s'entendraient parfaitement bien, il savait aussi qu’il fallait laisser du temps au jeune homme pour s’habituer au monument qu’était son père.
C’est pour quoi, le jeune homme trouve judicieux de renvoyer son père dans le salon pendant qu’il ammenait son ami dans la cuisine.
L’endroit était relativement étroit et bas de plafond, mais contenait tout ce qu’il fallait pour Chungjae quand celui ci avait le courage de cuisiner.

Il était tout particulièrement fier de sa culture d’aromates, qu’il montra immédiatement à son compagnon, avant de lui proposer de l’aider.
« Oui, c’est très bien les oignons je trouve ! »
Il lui tendit deux oignons et un couteau, non sans vérifier plusieurs fois qu’il ne se couperait pas, puis s’attèla à déballer les crabes que son père était allé chercher au marché ce matin là.
« Ton frère aussi est … comment dire, aussi démonstratif ?? »

Chungjae rit doucement. Son frère était différent. Il avait vécu plus de temps en Corée, et ici, les gens n’étaient pas vraiment habitué aux effusions des américains. Mais il avaient tous les trois été terriblement fusionnels. En particulier après le départ de leur mère et le placement sous le système de protection des témoins.
“Personne n’est aussi démonstratif que mon père.” raisonna t’il gravement, non sans un léger sourire dansant au coin des lèvres. “Mais mon frère et moi sommes vraiment très proches, et nous le sommes aussi de mon père donc forcément... j’espère qu’il ne t’a pas fait peur, à mon avis, c’est qu’il t’a déjà adopté tu sais, il est doué pour déceler la bonté chez les gens.”

Un silence comfortable s’installa entre eux, jusqu'à ce que Chungjae entende le jeune homme renifler. Un peu paniqué, il se tourna vers lui.
“Oh non, j’avais oublié. Ne frottes pas ! Ce sera pire !” Il se redressa pour aller chercher un torchon, qu’il mouilla abondamment, avant de le tapoter sur les joues du jeune homme, les sourcils froncés dans la concentration.

« Ton père, ça va aller ? » La question le fit arrêter brusquement. Soudainement, ses yeux se mirent à briller tristement, et il continua à tapoter doucement le visage rougi du garçon.
“Il est à stade intermédiaire de la maladie d’Alzheimer. Pour le moment, ce n’est rien de trop important. Je veille a ce qu’il prenne ses médicaments et les pertes de mémoires sont encore minimes. On fait des jeux pour faire travailler sa mémoire… C’est un super patient.”
Il sourit tristement.
“Ca peut durer des années à ce stade de la maladie… puis ca finira par s’aggraver. Ca ne se guérit pas. Un jour il oubliera qui nous sommes et qui il est lui même.”
Il déglutit légèrement. “J’essaie de lui faire passer les meilleurs moments possible. On garde des souvenirs.”

Il se redressa. “Et voila, ca devrait aller mieux. Tu n’as pas t’occuper des carottes, si tu veux.”
Il se tourna vers Indiana. “N’hésites pas à parler en anglais avec Papa, surtout. Il adore ca. Je suis sur que passé son côté impressionnant, tu vas vraiment l’aimer.”

I need u

ft. kang Chung Jae

Visage d’ange ? Je ne me rendais pas réellement compte de ce à quoi je ressemblais. Lorsque je me regardais dans le miroir je voyais toujours un ado un peu trop gros et mal dans sa peau. Je ne remarquais à quel point mes traits étaient fins et mon corps parfaitement dessiné. J’étais gros et je le serai toujours dans ma tête. Je n’avais pas réussi à passer ce cap. Je me disais que Chung Jae en faisait toujours des tonnes parce qu’il m’appréciait et qu’il ne voyait sûrement pas mes défauts. Je n’arrivais pas à le croire à 100%.

Je me concentrais sur mon découpage d’oignon pour essayer d’oublier ma timidité, mais je n’étais pas vraiment très doué. J’avais du mal à garder les yeux ouverts. J’aimais la façon dont il parlait de sa famille. C’était doux et tendre. Un peu comme lui. C’était beau en fait d’être aussi soudé. Je n’avais jamais réussi à parler à mes parents de mes problèmes. J’aurai peut-être du, mais je n’étais pas assez en confiance. Alors j’enviais vraiment cette relation qu’il avait avec son père et avec son frère. Je me sentais un peu gêné suite à ses paroles.

« Non, il ne m’a pas fait peur, il m’a légèrement … surpris. Je ne m’attendais pas à autant d’enthousiasme. »

La bonté ? Oui peut être. J’avais tellement subi que je n’avais jamais fait de mal à quelqu’un volontairement. J’étais maladroit alors j’avais du vexer quelques personnes mais ce n’était jamais voulu. Je me frottais encore les yeux avec ma manche alors que j’avais déjà compris la première fois que ce n’était pas une bonne idée. Encore un mauvais réflexe. Je sursautais en sentant le torchon mouillé sur mes joues. Je ne m’y attendais pas.

Je ne voulais vraiment pas le mettre mal à l’aise avec ma question. Je savais que je n’aurai pas dû lui parler de la maladie de son père. Même si je ne voyais rien, je pouvais ressentir sa tristesse. Je connaissais bien ce sentiment. Je reniflais encore une fois en l’écoutant. Ça ne devait pas être facile à vivre. Son père avait l’air d’être un bon vivant et savoir qu’il ne se souviendrait plus de rien était douloureux. Je me sentais d’ailleurs un peu triste à mon tour.

« Il a l’air si gentil… »

Je clignais des yeux et commençais à enfin voir quelque chose. Je plongeais mon regard dans le sien en lui offrant un petit sourire compatissant.

« T’es vraiment quelqu’un de bien. »

Je le pensais vraiment. Il était toujours prêt à tout pour tout ce qu’il aimait malgré les difficultés. J’étais vraiment admiratif. Je repoussais les oignons pour attraper les carottes. Meilleure idée. Si je m’en sortais sans me couper une seule fois ce serait un vrai miracle.

« J’en doute pas une seconde. »

Comment ne pas l’aimer ? Comment ne pas aimer Chung Jae. C’était pareil. Je me concentrais sur ma tâche pour éviter de perdre un doigt. Je manquais d’ailleurs plusieurs fois de me blesser, mais j’arrivais à m’en sortir.

« Jae.. Comment t’as su que … enfin… que tu préférais les garçons ? Que c’était vraiment sûr ? »

Il s’assumait entièrement et je ne savais pas comment il faisait. Je voulais être comme lui. Mais je ne me supportais pas alors comment assumer ça.

I need u

ft. kwon indiana

Il fallait être totalement honnête : Chung Jae avait longuement hésité avant d’inviter Indiana à dîner chez lui, car il avait justement peur de sa réaction en rencontrant son père. Les coréens avait toujours eu une sainte horreur des personnes trop démonstratives. La preuve en était que son propre père faisait peur à la partie la plus vieille du voisinage. Le premier signe de la maladie : l’homme devenait une version plus expressive encore de lui même pour compenser sa perte de repaires dans sa vie.
Chung jae et son frère étaient habitués et l’aimait exactement comme il était… Ce n’était pas le cas de tout le monde, et il savait que dans le cas d’Indiana, rencontrer quelqu’un d’aussi bruyant et expansif pourrait constituer un choc culturel un peu trop important.

Heureusement, le traumatisme ne semblait pas avoir été insurmontable, alors qu’il était assis dans sa cuisine à éplucher les oignons. L’endroit était plus calme, et les deux jeunes hommes travaillaient confortablement l’un près de l’autre. A vrai dire, ChungJae n’avait jamais autant apprécié se retrouver dans cette cuisine.

« Non, il ne m’a pas fait peur, il m’a légèrement … surpris. Je ne m’attendais pas à autant d’enthousiasme. »

Chungjae sourit légèrement en entendant son père hurler après un joueur de Philadelphie.
“Il adore rencontrer de nouvelles personnes. Depuis qu’il ne travaille plus, c’est encore plus vrai parce qu’il doit passer la journée à la maison quand je ne suis pas là.”
La question sur son père étonna Chungjae bien plus qu’elle ne le dérangea. Après tout, il vivait depuis longtemps avec l’idée que l’homme qui l’avait élevé ne se souviendrait peut être bientot plus de lui. Mais il prenait sur lui, il faisait en sorte de créer un maximum de souvenirs qu’ils pourraient montrer à son père quand celui ci commencerait à les perdre. En tant que ainé de la famille, il avait cette responsabilité.

« Il a l’air si gentil… »
“Il l’est…” murmura le jeune homme, soudainement attristé. Il mettait tous les jours une facade derrière laquelle il avait presque oublié la peur qu’il avait de perdre son père, un jour. L’illusion était tellement parfaite qu’il avait fini par s’oublier lui même dans la foulée.
« T’es vraiment quelqu’un de bien. »

Le jeune homme accueilli le compliment avec un léger hochement de tête négatif. Il aurait voulu faire plus… Il aurait aimé pouvoir trouver lui même un médicament pouvant guérir Ahlzheimer… Mais il n’avait même pas été capable d’aller lui même à l’université. Il aurait tout fait pour améliorer ne serait qu’un peu la vie de ceux qu’il aimait.
Chungjae et Indiana plongèrent dans un silence confortable, lorsque soudainement, le plus jeune reprit la parole, surprenant encore plus le trentenaire, qui plongeait à présent les pattes de crabes dans la sauce qu’il avait fabriqué lui même.
« Jae.. Comment t’as su que … enfin… que tu préférais les garçons ? Que c’était vraiment sûr ? »
Chungjae leva un regard étonné vers Indiana. Il savait que celui ci était homosexuel… Un homosexuel très refoulé, qui avait toujours refusé de s’attarder sur le sujet plus que de raison… c’était donc la première fois que le garçon était interrogé à ce sujet.
“Eh bien… Il me semble que la première fois… c’était au collège. Il y avait ce petit gars, d’un an de moins que mois, haut comme trois pommes mais une vraie teigne. Ca a été le coup de foudre.” Il exagéra le mouvement, souriant malicieusement. “J’ai eu un crush de presque un an, comme une collégienne, jusqu’a ce que je parte au lycée et qu’il trouve une petite amie.”

Devant le regard du garçon qui était aussi effrayé à l’idée de faire son coming out et s’assumer tel qu’il était, Chungjae sourit doucement.
“C’est différent pour tout le monde, Indie. Les choses étaient différentes, Los Angeles s’était ouvertes à toutes ces histoires d’homosexuels se battant pour leurs droits tout en se battant contre le SIDA.”
Il s’appuya sur le comptoir et pencha la tête sur le coté.
“Tu as déjà été amoureux ?” Demanda t’il soudainement.

I need u

ft. kang Chung Jae

En effet, ça ne devait pas être évident de passer ses journées enfermé à la maison. Je l’avais été durant plusieurs mois à l’hôpital et sans Damon, j’aurai sûrement péter les plombs. Il avait été mon pilier. Alors Chung Jae et son frère devaient être celui de leur père. J’allais faire un effort ce soir pour ne pas trop rester dans mon coin et rester muet. Il méritait que je m’intéresse à lui et que je donne quelques détails croustillants sur ma vie même s’il n’y en avait pas beaucoup. Je ne pouvais pas faire grand-chose pour l’aider, à part être là et essayer de faire rire son père pour lui faire passer un bon moment. Qu’il garde un bon souvenir de moi aussi longtemps que possible. Quelques mois, quelques années ?

Je me sentais vraiment triste pour Jae. J’étais plus proche de lui que de ma propre famille, alors je ne connaissais pas ce sentiment. C’était avec lui que j’étais fusionnel, pas avec mes parents. Et ça m’allait très bien. Après je devais sûrement être un fardeau parfois pour lui. Je faisais de mon mieux pour lui causer le moins de problème possible.

« On va passer une bonne soirée. »

Je lui souriais pour lui faire comprendre qu’il pouvait compter sur moi, que je n’avais plus peur, ou juste un peu seulement. Je me sentais tellement bien en sa présence que c’en était presque effrayant.

Je n’abordais que rarement la question de ma sexualité, mais je me posais de plus en plus de questions et je ne pouvais pas y répondre tout seul. De toute façon, il était au courant, je n’avais rien à lui cacher. C’était ce que j’aimais avec lui, il ne me pressait pas, il me laissait toujours le temps. Il attendait tout simplement que je fasse le premier pas et je finissais toujours par le faire, peu important le temps que ça me prenait.
Je l’écoutais avec attention. Bien sûre que c’était différent pour tout le monde. Même aux Etats Unis je n’avais pas eu le courage d’en parler, alors ici, ce n’était même pas la peine. Je n’avais pas vraiment eu le temps de m’attarder sur ce sujet là non plus. J’étais parti bien loin du seul que j’avais aimé. Et je ne savais même pas si c’était de l’amour. Je ne m’y connaissais absolument pas.

« Peut-être. J’en sais rien en fait. »

Je me mordillais la lèvre en me souvenant de notre baiser, le seul. Un baiser qui m’avait complètement fait chavirer. Et puis j’avais déménagé. Sans le prévenir. Parce que je n’avais pas eu le courage de dire au revoir. Parce que j’avais peur qu’il fasse comme si de rien n’était et je n’avais plus envie de souffrir.

« C’était un garçon, celui qui me maltraitait le plus à l’école, au collège et au lycée. Il me terrifiait. Il était vraiment dur avec moi. Je rasais les murs quand je le voyais. Et quand j’étais à l’hôpital, il a débarqué comme ça. Comme si on avait toujours été ami. Il se sentait coupable peut être ? Je sais pas. Je me suis méfié au début et je me suis habitué à sa présence. Il était tout le temps là. A m’aider, à me protéger. C’était étrange tu sais. Je me disais qu’il faisait tout ça pour se racheter. Que j’étais juste sa bonne action de la semaine. Mais il est pas parti, il est resté jusqu’au bout et…. Hum… il m’a embrassé en fait. C’était le stéréotype de l’ado, capitaine de l’équipe de lacrosse, avec toutes les filles à ses pieds. C’était pas le genre à tomber amoureux de quelqu’un comme moi. »

Cette histoire me prenait toujours aux tripes et je me coupais le doigt. Quelques secondes d’inattention et j’arrivais à me blesser. Je n’avais jamais parlé de ça à personne. Il était le premier. Ça faisait tellement du bien d’en parler. Il avait été mon secret durant toutes ces années et je n’arrivais plus à le supporter. Je regardais ma coupure et le sang qui coulait légèrement. Rien de grave. Je m’en fichais en fait.

« Je me sentais bien avec lui, je pensais à lui tout le temps, et je suis venu ici. J’ai rien dit. Je me suis enfui après ce baiser parce que j’y croyais pas. Que j’en avais marre qu’on se moque de moi. Il me manque chaque jour de plus en plus. Je crève de lui… »

Et c’était vrai. Je n’avais jamais voulu faire face à cette réalité, mais j’étais vraiment tombé amoureux de lui. Je n’avais pas voulu l’assumer. Mes yeux étaient déjà rouges alors ces quelques larmes qui me montaient aux yeux ne se verraient pas.

« Pardon de t’ennuyer avec tout ça. »

I need u

ft. kwon indiana

Bien sur, la famille de ChungJae était irremplaçable pour lui, c’était un fait. Mais il était heureux d’avoir Indiana dans sa vie. Le jeune homme l’aurait surement nié si Chungjae le lui avait dit mais il avait un impact tout aussi positif sur sa vie que celui que Chungjae avait eu sur la sienne. Par sa seule présence, le danseur se sentait finalement apaisé. Ce qui n’était pas peu dire, car derrière ces 1m85 de calins et de sourires, le trentenaire avait sa part de démons à extérioriser. Heureusement qu’il avait la danse pour le faire, et la présence de ses amis, et particulièrement celle d’Indie pour panser les blessures ouvertes.

Même si évidemment, il n’aurait jamais avoué de lui même avoir besoin d’aide, parfois : il était trop fière et trop habitué à faire passer les besoins d’autrui avant les siens pour ça. Et il n’avait pas envie d’inquiéter le jeune Indiana.

« On va passer une bonne soirée. »

Le Kang acquiesça vivement et se remit au travail. Seulement pour être ramené à la réalité par la question du jeune homme.
Qui, il devait avouer, le surprit. Bien évidemment, Chungjae savait qu’Indiana était homosexuel et qu’il n’avait jamais réussi à l’admettre au monde entier. Il y avait eu des moments ou le professeur de danse avait tenté d’aborder le sujet avec lui, sans grand succès.
Le voir s’ouvrir de lui même était à la fois très soudain et merveilleux, car ça prouvait au plus vieux que son petit protégé avait réellement confiance en lui, à présent.

Le plus vieux tenta de lui parler de son propre coming out, aux USA. Il n’avait pas eu les mêmes problèmes que la plupart des adolescents se battant avec leur sexualité: son père avait toujours été compréhensif, et son frère l’avait simplement accepté comme un fait.
C’était dans le gang, qu’il avait du faire abstraction de tout ca. A l’époque, il aurait été sans aucun doute tué pour oser aimer.

« Peut-être. J’en sais rien en fait. »

Chungjae haussa un sourcil, se tournant vers son ami, et l’encourageant silencieusement à continuer.

« C’était un garçon, celui qui me maltraitait le plus à l’école, au collège et au lycée. Il me terrifiait. Il était vraiment dur avec moi. Je rasais les murs quand je le voyais. Et quand j’étais à l’hôpital, il a débarqué comme ça. Comme si on avait toujours été ami. Il se sentait coupable peut être ? Je sais pas. Je me suis méfié au début et je me suis habitué à sa présence. Il était tout le temps là. A m’aider, à me protéger. C’était étrange tu sais. Je me disais qu’il faisait tout ça pour se racheter. Que j’étais juste sa bonne action de la semaine. Mais il est pas parti, il est resté jusqu’au bout et…. Hum… il m’a embrassé en fait. C’était le stéréotype de l’ado, capitaine de l’équipe de lacrosse, avec toutes les filles à ses pieds. C’était pas le genre à tomber amoureux de quelqu’un comme moi. »

Quand Chungjae vit du sang couler du doigt de son protégé, son regard s’adoucit immédiatement, et il se précipita.
“Oh...Indie.”
Sans dire un mot, il l’aida à se déplacer devant l’évier, ou il plaça sa main sous l’eau froide afin d’arrêter le saignement. Il ne dit rien, espérant que le garçon continuerait de lui même son histoire. Il n’avait aucune envie de le forcer.

« Je me sentais bien avec lui, je pensais à lui tout le temps, et je suis venu ici. J’ai rien dit. Je me suis enfui après ce baiser parce que j’y croyais pas. Que j’en avais marre qu’on se moque de moi. Il me manque chaque jour de plus en plus. Je crève de lui… »

Les yeux de Chungjae s’écarquillèrent d’horreur quand il vit que le jeune homme pleurait, quelques larmes menaçant de rouler sur ses joues. Immédiatement, le trentenaire le fit s’asseoir et s’agenouilla devant lui pour être à sa hauteur.

« Pardon de t’ennuyer avec tout ça. »
Cette phrase eut le don de briser le coeur de Chungjae. Combien de personnes avaient t’elles réellement prit le temps d’écouter si le jeune homme pensait sincèrement qu’il l’ennuyait ?
“Hey…”
Il prit son visage entre ses mains et lui fit lever la tête, cherchant son regard. Il essuya doucement ses yeux remplis de larmes.
“Tout d’abord, tu n’as pas à être honteux d’éprouver des sentiments. C’est naturel. Ce garçon… ce qu’il a fait n’était pas bien, mais si tu es tombé amoureux de lui, c’est que tu as vu quelque chose de bon en lui, qui demandait à être aimé.”
Il lui donna un mouchoir et posa ses mains sur ses genoux.
“Je ne peux pas te promettre que tu auras l’occasion de le revoir...mais ce que je peux te dire, c’est qu’un jour, tu tomberas amoureux, et que cette fois, ce sera réciproque. Cette personne te rendra réellement heureux, et il saura t’apaiser…”

Il prit son poignet dans ses mains et sourit. “En attendant, je suis là pour te protéger...Alors ne sois pas triste, imagines seulement quel interrogatoire je ferais passer au premier homme qui voudra te fréquenter.”
Il offrit son plus beau sourire au jeune homme, espérant sécher ses larmes.

I need u

ft. kang Chung Jae

C’était vraiment libérateur de pouvoir me confier sur cette histoire qui me rongeait de plus en plus. Je n’avais jamais réussi à tourner la page et je me faisais bouffer petit à petit. C’était mon secret, tout ce qui me raccrochait à lui. Un simple baiser. Il avait dû passer à autre chose depuis le temps. C’était bien pour lui. Je me laissais trainer jusqu’à l’évier sans même comprendre ce que j’y faisais. Je regardais l’eau couler sur mon doigt. Si seulement j’étais assez courageux pour passer à autre chose, si seulement je pouvais arrêter de vivre dans mes souvenirs et en créer de nouveaux. Ce passé ne parvenait qu’à me foutre en l’air. Je devais arrêter de regarde en arrière et penser à mon avenir. Mais un avenir sans lui, malgré toutes les souffrances qu’il m’avait causées me semblait impossible. C’était peut-être ça l’amour en fait.

Je n’osais pas regarder Chung Jae, je ne voulais pas gâcher cette soirée et voilà que je commençais à déprimer. Je devais me reprendre. Je laissais ses mains sur mon visage, je commençais à m’habituer à son contact, il était rassurant et affectueux. Il était le seul à pouvoir me toucher de cette façon. Je ne supportais pas que l’on me touche en temps normal. Toujours ce petit soucis à accepter mon corps. Je soutenais son regard, me faisant violence pour ne pas m’en détourner. Il commençait à bien me connaître. Je me concentrais sur le son de sa voix pour me calmer.

En effet, j’avais trouvé quelque chose de bon chez Damon, mais je l’aimais autant pour ses qualités que pour ses défauts. J’avais vraiment envie de le revoir, mais j’avais peur. Il n’habitait peut être plus près de mon ancienne maison, peut-être qu’il avait déménagé aussi, rencontrer quelqu’un et fait sa vie avec. Je ne voulais pas savoir, je ne voulais pas de déception, parce que cette fois si je ne me relèverais pas.

« J’ai pas vraiment envie d’être amoureux. Tout ce que tu dis là, quelqu’un qui me rend heureux, qui m’apaise. C’est exactement ce que tu fais et ça me convient comme ça. »

Mais un jour il rencontrerait forcément quelqu’un et je ne pourrais pas rester en plein milieu de sa vie. J’allais devoir apprendre à me débrouiller seul, à compter un peu plus sur moi-même. Jae me faisait me sentir en sécurité, un sentiment que je n’avais pas ressenti depuis très longtemps. Je ne pouvais m’empêcher de sourire à ses paroles. Si j’avais un homme dans ma vie, il serait également obligé d’accepter Chung Jae. Il passerait forcément avant les autres. Il avait tout fait pour moi et je ne pouvais pas lui tourner le dos juste pour une petite histoire de cœur.

« Mais je suis là à me morfondre pour un chagrin d’amour alors que ton père est malade et que tu vis des choses beaucoup plus difficiles. »

Je me sentais minable. Ma vie n’avait pas été simple, mais il y avait toujours pire, il fallait relativiser. Ce que j’essayais de faire en ce moment. Je vérifiais que mon doigt ne saignait plus avant de me relever pour m’activer à ma tâche. Les carottes n’allaient pas se couper toute seule. Ce n’était qu’un petit moment de passage à vide.

« Je sais pas ce que je ferai sans toi tu sais ? »

C’était sincère. Je me sentais perdu sans lui. J’étais devenu un peu trop dépendant, mais je ne savais pas comment faire autrement.