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Surprise ! ft. Tae Woo
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Lun 4 Sep - 11:35 Citer EditerSupprimer
Surprise !
Feat Tae Woo
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Le silence qui suivit mes paroles me montra bien à quel point j’avais raison. Je n’avais pas douté une seule seconde que je savais ce qu’il ressentait, il avait vécu une perte soudaine et moi aussi, j’en avais même vécu deux. Je ne pouvais pas lui dire mais ce n’était pas l’envie qui me manquait, parce que peut-être que si je lui expliquais plus en détail les épreuves par lesquelles j’étais passées, il s’ouvrirait mieux à moi. Mais je ne pouvais pas sacrifier le secret de mon frère pour me rapprocher de Tae Woo, peu importe combien je désirais l’aider, je ne pouvais pas faire ça. Mon frère restait mon sauveur, la personne la plus importante à mes yeux alors si je devais laisser tomber mon envie d’aider Tae Woo pour lui, je le ferai. Je soupirai un peu en pensant à ça mais il m’interrompit en prenant la parole. Sa voix était tellement faible que je me demandais s’il n’était pas sur le point de pleurer devant moi. Mais ce n’était pas une mauvaise chose, qu’il pleure. Il fallait pleurer pour faire un deuil, parce que mon frère n’avait jamais pleuré mais je ne savais même pas s’il s’en était remis. Par conséquent, j’avais pleuré pour deux, j’avais pleuré à sa place parce qu’il voulait tellement paraître fort devant moi, pour m’aider à remonter, qu’il s’en était abstenu. C’était encore une chose difficile pour moi. J’aimerais tellement qu’il se soulage de tout ça devant moi, qu’il ne me considère pas que comme la petite sœur qui a besoin d’aide mais aussi comme sa sœur jumelle qui peut le consoler quand ça ne va pas… enfin, bon.
Sans me sentir mal pour eux ? Cette question me fit l’effet d’un poignard dans le coeur. Eux, mes parents ? Comment savait-il qu’ils étaient plusieurs ? Ou bien n’était-ce pas à ça qu’il pensait ? Dans tous les cas, je n’arrivais à l’interpréter que comme ça. Mais bien sûr, qu’on se sentira toujours mal pour eux. Comment ne pas culpabiliser en sachant qu’on vit correctement quand eux ne peuvent même plus espérer vivre ? Le problème, c’est que peu importe combien nous nous pourrissions la vie pour eux, ils ne reviendront jamais. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, ils n’étaient rien d’autre qu’un passé lointain. Un passé terminé, quelque chose qui n’arriverait plus jamais.
« Mon frère m’a aidé. Mon frère, qui a pourtant vécu la même douleur que moi au même moment, mon frère qui devait passer un moment aussi dur que le mien a été là pour moi, il m’a relevée, il m’a ré-appris à marcher et il continue de me tenir la main pour ne pas que je me trompe de chemin une nouvelle fois. »
Un sourire bien plus triste que je ne le voulais se dessinait sur mes lèvres. Quoi que je fasse, je finissais toujours par lui parler de ça. C’était mon objectif de l’aider, mais je ne pensais pas qu’il m’était nécessaire de remonter dans de tels souvenirs douloureux pour l’encourager à avancer…
« Mais bien sûr que si, toute ta vie, tu te sentiras mal. Ce n’est pas parce que tu vies ta vie que tu les oublies. Ce n’est pas parce que tu changes que tu n’es plus la même personne. La blessure profonde, même si elle est désinfectée et qu’elle ne risque plus de devenir dangereuse, elle sera toujours là, inscrite en toi. Le soucis c’est que si tu continues à la frotter à vif, elle sera non seulement présente, mais en plus elle sera dangereuse, elle saignera tout le temps. Ça sera plus douloureux mais ça ne changera rien, concrètement. Le fait qu’un couteau t’ait été enfoncé ne changera pas, la seule chose que tu peux changer, c’est le temps que met la blessure pour se refermer. »
Je le fixai quelques secondes avant de reprendre.
« Je veux bien être la méchante qui désinfecte douloureusement ta plaie, pour qu’elle aille mieux après. C’est pas grave si tu me hais toute ta vie parce que la douleur que tu as ressenti pendant que je t’ai désinfecté était insupportable, parce que le plus important, c’est qu’après, tu n’aies plus mal. Alors hais-moi si tu veux, mais je ne vais pas rester silencieuse, je ne vais pas arrêter de te coller et je ferai ça jusqu’à ce que tout infection probable soit bien éloignée de ta blessure. Je suis méchante, hein ? »
Sans me sentir mal pour eux ? Cette question me fit l’effet d’un poignard dans le coeur. Eux, mes parents ? Comment savait-il qu’ils étaient plusieurs ? Ou bien n’était-ce pas à ça qu’il pensait ? Dans tous les cas, je n’arrivais à l’interpréter que comme ça. Mais bien sûr, qu’on se sentira toujours mal pour eux. Comment ne pas culpabiliser en sachant qu’on vit correctement quand eux ne peuvent même plus espérer vivre ? Le problème, c’est que peu importe combien nous nous pourrissions la vie pour eux, ils ne reviendront jamais. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, ils n’étaient rien d’autre qu’un passé lointain. Un passé terminé, quelque chose qui n’arriverait plus jamais.
« Mon frère m’a aidé. Mon frère, qui a pourtant vécu la même douleur que moi au même moment, mon frère qui devait passer un moment aussi dur que le mien a été là pour moi, il m’a relevée, il m’a ré-appris à marcher et il continue de me tenir la main pour ne pas que je me trompe de chemin une nouvelle fois. »
Un sourire bien plus triste que je ne le voulais se dessinait sur mes lèvres. Quoi que je fasse, je finissais toujours par lui parler de ça. C’était mon objectif de l’aider, mais je ne pensais pas qu’il m’était nécessaire de remonter dans de tels souvenirs douloureux pour l’encourager à avancer…
« Mais bien sûr que si, toute ta vie, tu te sentiras mal. Ce n’est pas parce que tu vies ta vie que tu les oublies. Ce n’est pas parce que tu changes que tu n’es plus la même personne. La blessure profonde, même si elle est désinfectée et qu’elle ne risque plus de devenir dangereuse, elle sera toujours là, inscrite en toi. Le soucis c’est que si tu continues à la frotter à vif, elle sera non seulement présente, mais en plus elle sera dangereuse, elle saignera tout le temps. Ça sera plus douloureux mais ça ne changera rien, concrètement. Le fait qu’un couteau t’ait été enfoncé ne changera pas, la seule chose que tu peux changer, c’est le temps que met la blessure pour se refermer. »
Je le fixai quelques secondes avant de reprendre.
« Je veux bien être la méchante qui désinfecte douloureusement ta plaie, pour qu’elle aille mieux après. C’est pas grave si tu me hais toute ta vie parce que la douleur que tu as ressenti pendant que je t’ai désinfecté était insupportable, parce que le plus important, c’est qu’après, tu n’aies plus mal. Alors hais-moi si tu veux, mais je ne vais pas rester silencieuse, je ne vais pas arrêter de te coller et je ferai ça jusqu’à ce que tout infection probable soit bien éloignée de ta blessure. Je suis méchante, hein ? »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Mer 13 Sep - 17:06 Citer EditerSupprimer
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Je fermai mes yeux alors que j'avais la tête dans les bras. Je détestais vraiment parler d'un sujet pareil. Je ne me sentais jamais bien quand je parlais de mon passé. Mais, ironiquement, je pensais toujours à mon passé. Elle traînait toujours dans ma tête, j'avais toujours mal et je me perdais toujours dans mes pensées à cause de ça. Je parlais toujours de mon passé dans ma tête, pourtant, pourquoi est-ce que c'était si difficile à faire à voix haute ? Quand je me révélais oralement, mon cœur se déchirait en morceaux. J'avais l'impression de suffoquer. Je ne voulais pas parler d'elle. Je savais que je devrais, après tout, je devais me relever et aller de l'avant, sans elle. Cependant, c'était difficile. Et comme c'était difficile, je ne voulais pas essayer. Effectivement, je ne voulais pas sortir de ma carapace. Je ne voulais pas découvrir le monde extérieur. Si je le pouvais, je resterais coincé dans ce néant pour toujours. La mort m'avait donc semblé être une solution, mais elle ne l'était pas. Je ne pourrais jamais abandonner mes trois amis. Ni mes parents. Ils avaient déjà dû vivre quelque chose d'atroce, je ne voulais pas en rajouter une couche. C'était pourquoi j'étais toujours en vie. Mon cœur battait toujours. Mais émotionnellement, j'étais juste détruit. Comment est-ce que je pourrais me redresser lorsque mon cœur ne me le permettait plus ? Je soupirai, écoutant Minah parler suite à sa question sans vraiment réaliser que le pronom « eux » que je venais d'utiliser avait eu de l'effet. Donc son frère l'avait aidée. Je me demandais comment ces années de désespoir se seraient passées si j'avais eu un frère ou une sœur. L'aurais-je entraîné dans ma chute ? Ou m'aurait-il relevé ? Je ne savais pas, et je ne le saurais jamais. Personne ne m'avait jamais relevé, de toute façon. Tout le monde était aux soins avec moi. Contrairement à elle, je n'avais jamais ré-appris à marcher. Mes proches devaient sûrement me tenir la main, mais pas suffisamment pour que je me trompe de chemin. Mais ce n'était pas de leur faute, si je me trompais constamment de chemin. Ce n'était pas à eux de me redresser, mais à moi seulement. C'était uniquement de ma faute si j'étais encore bloqué là sur le passé alors que je devrais regarder le futur.
Elle reprit la parole. Elle avait raison. Un peu comme toujours, finalement. Ce qu'elle disait avait toujours du sens. A force, j'allais vraiment finir par suivre ses indications... J'étais très méfiant, mais une fois que je connaissais la personne et que je savais qu'elle ne me voulait pas de mal, j'étais très influençable. Le fait que Minah ne me veuille pas de mal était clair, maintenant. Elle ne me parlerait pas d'elle-même pour rebondir sur le fait qu'elle veuille m'aider, peu importe si elle devait passer pour la méchante. Elle était prête à ce que je la haïsse pour m'aider. Je trouvais ça étrange, en réalité. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait autant m'aider au point qu'elle veuille bien se faire détester ? Je ne comprenais pas. Si c'était un sujet basique, j'aurais déjà suivi ses indications, mais là, c'était un sujet beaucoup plus difficile. Je souffrirais toujours, je le savais, mais je devais panser au maximum ma blessure. Pourtant, c'était difficile. Il était plus facile de la refermer que de la laisser ouverte, bien sûr. Sinon, je finirais par mourir de cette blessure. Oui, elle avait toujours raison. D'un côté, c'est énervant. Mais d'un autre, c'était admirable. Enfin, le fait qu'elle aie raison et qu'elle ne me veuille pas de mal ne changeait pas le fait que rien que de la regarder m'énervait et me donnait des nausées. Je me redressai, alignant mon dos contre le dossier de ma chaise en regardant le plafond.
« Pourquoi tu veux m'aider ? Tu n'as aucun intérêt à le faire. Tu ne sortiras jamais gagnante de cette affaire, car même si tu réussis à refermer ma blessure, je ne t'aimerais toujours pas. Tu joues le rôle de la méchante, mais tu n'as aucun intérêt à le faire. Alors pourquoi ? »
Elle reprit la parole. Elle avait raison. Un peu comme toujours, finalement. Ce qu'elle disait avait toujours du sens. A force, j'allais vraiment finir par suivre ses indications... J'étais très méfiant, mais une fois que je connaissais la personne et que je savais qu'elle ne me voulait pas de mal, j'étais très influençable. Le fait que Minah ne me veuille pas de mal était clair, maintenant. Elle ne me parlerait pas d'elle-même pour rebondir sur le fait qu'elle veuille m'aider, peu importe si elle devait passer pour la méchante. Elle était prête à ce que je la haïsse pour m'aider. Je trouvais ça étrange, en réalité. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait autant m'aider au point qu'elle veuille bien se faire détester ? Je ne comprenais pas. Si c'était un sujet basique, j'aurais déjà suivi ses indications, mais là, c'était un sujet beaucoup plus difficile. Je souffrirais toujours, je le savais, mais je devais panser au maximum ma blessure. Pourtant, c'était difficile. Il était plus facile de la refermer que de la laisser ouverte, bien sûr. Sinon, je finirais par mourir de cette blessure. Oui, elle avait toujours raison. D'un côté, c'est énervant. Mais d'un autre, c'était admirable. Enfin, le fait qu'elle aie raison et qu'elle ne me veuille pas de mal ne changeait pas le fait que rien que de la regarder m'énervait et me donnait des nausées. Je me redressai, alignant mon dos contre le dossier de ma chaise en regardant le plafond.
« Pourquoi tu veux m'aider ? Tu n'as aucun intérêt à le faire. Tu ne sortiras jamais gagnante de cette affaire, car même si tu réussis à refermer ma blessure, je ne t'aimerais toujours pas. Tu joues le rôle de la méchante, mais tu n'as aucun intérêt à le faire. Alors pourquoi ? »
© FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Dim 17 Sep - 10:31 Citer EditerSupprimer
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C’était silencieux. Comme toujours, avec Tae Woo, mais il ne répondait à aucune de mes interventions. Son visage ne montrait aucune réaction non plus et pour la première fois, j’avais sincèrement l’impression de parler à une pierre ; parce que je venais de me confier sur le passage le plus douloureux de ma vie, peut-être que j’attendais une réaction. Quelque chose, n’importe quoi ; peut-être pas un éclair de compréhension, encore moins de la pitié ou de l’admiration, je désirais juste que ces mots résonnent un peu plus en lui. Je n’étais même pas sûre qu’il m’ait écouté et pour la première fois, la toute première fois depuis que j’essayais de l’aider, ça me frustrait profondément. Je n’avais pas pour habitude d’être frustrée. J’étais une gamine à qui tout a toujours été donné dès que je le voulais, je n’aimais pas la frustration ; mais là, j’y étais confrontée. Non seulement j’y été confrontée, mais faire un caprice ne servirait à rien – le secouer plus fort ne servirait à rien. Ce n’était pas que j’avais la sensation de perdre mon temps, parce que je savais que s’il n’avait rien voulu écouter maintenant, il avait été obligé d’entendre et que ces mots finiront par lui revenir, des jours après ou des années après, quand il voudra sincèrement remonter la pente. Mais quand même, j’avais espéré autre chose. Je m’étais habituée à devoir lui désinfecter la plaie pendant qu’il se débattait mais je ne m’étais pas préparée à le voir aussi vide d’expression, comme s’il ne ressentait rien là où ça aurait dû piquer pour que ça marche. Alors que je n’espérais plus grand-chose, je le vis enfin réagir. Le fais qu’il se redresse était un signe qu’il se préparait à dire, ou à faire quelque chose. Tae Woo ne bougeait jamais inutilement, si je pouvais dire ça comme ça. Je me sentis rassurée de le voir réagir ; et pourtant, plutôt que de dire de tels mots, j’aurais préféré qu’ils se taisent. C’était peut-être juste des mots d’un garçon à qui personne n’a jamais tendu la main par simple gentillesse, mais je ne les vis pas comme ça sur le moment.
« Parce qu’à tes yeux, j’ai l’air de quelqu’un qui fait ça par intérêt ? J’ai l’air de quelqu’un qui veut gagner quelque chose en aidant les autres ? » Je laissa échapper un sourire fort ironique, à la fois énervée et vexée par ce qu’il venait de dire. Je ne criais pas pour autant, je n’étais pas non plus enragée, mais c’était quand même la première fois que quelqu’un me faisait comprendre à quel point je paraissais être une fille intéressée, rien d’autre qu’une fille qui attendait quelque chose des autres. « Eh bien figure-toi que je ne fais pas ça pour gagner quelque chose ! Figure-toi que je m’en fous, que tu me détestes, je m’en fous complètement de l’intérêt que ça peut avoir ! Pour moi le seul intérêt qu’il y a, c’est aider quelqu’un ! Je n’attends pas de reconnaissance envers les autres, je n’attends pas de l’amour, je n’attends rien de tout ça ! Si je veux t’aider, c’est simplement parce que j’ai été comme toi et que je sais combien c’est impossible à vivre à long terme de cette façon ! » Et bien que mon ton n’était pas hurlant, je me doutais qu’il se faisait plus dur et plus fort qu’auparavant. « Je peux comprendre que tu aies pensé que j’étais là pour me moquer de toi et t’enfoncer en te collant ; mais penser que j’attends un truc en retour ? Ouvre les yeux, un peu, Tae Woo ; tout le monde n’est pas comme toi, il y en a qui s’intéressent à ce qui se passe autour d’eux, qui essaient d’aider les autres gratuitement, qui ne passent pas leur chemin en voyant quelqu’un en douleur. Et je fais parti de ces gens-là ; et même si je peux comprendre que toi, tu ne comprennes pas ça parce que tu es aveuglé par ta propre douleur, qui est trop puissante pour que tu puisses remarquer celle des autres, ça ne veut pas dire que j’adhère. J’ai été comme toi, à ne voir que ma propre douleur et ne pas remarquer que mon frère souffrait aussi, et c’est ce que je regrette le plus. Alors ouvre les yeux un peu, parce que tu vas le regretter amèrement quand tu t’apercevras que tout le monde souffre de manière différente. Ce n’est pas parce que ça se voit moins chez les autres que c’est moins fort que chez toi. » Peut-être que je venais de m’emporter un peu trop. C’était sans aucun doute le cas, même. Mais ça ne voulait pas dire que j’étais déçue, ça ne signifiait pas que je lui en voulais. Simplement que, de toute façon, ça faisait parti des choses que je voulais lui dire, plus tard, quand il sera prêt à l’entendre sans que ça ne sonne comme un reproche ; je l’avais juste lâché plus tôt que prévu. « Alors, pourquoi je t’aide ? Parce que j’en ai envie. J’ai envie tu ailles mieux, j’ai envie que tu surmontes ta douleur, que tu te prouves à toi-même que t’es pas un lâche, que t’es pas un imbécile, un faible. J’ai envie que tu remarques que, peu importe combien ta blessure est profonde, si quelqu’un est là pour empêcher l’hémorragie, si quelqu’un est là pour désinfecter, tu peux y arriver aussi bien que les autres. C’est ça, que je gagne. Voir les gens aller mieux. »
« Parce qu’à tes yeux, j’ai l’air de quelqu’un qui fait ça par intérêt ? J’ai l’air de quelqu’un qui veut gagner quelque chose en aidant les autres ? » Je laissa échapper un sourire fort ironique, à la fois énervée et vexée par ce qu’il venait de dire. Je ne criais pas pour autant, je n’étais pas non plus enragée, mais c’était quand même la première fois que quelqu’un me faisait comprendre à quel point je paraissais être une fille intéressée, rien d’autre qu’une fille qui attendait quelque chose des autres. « Eh bien figure-toi que je ne fais pas ça pour gagner quelque chose ! Figure-toi que je m’en fous, que tu me détestes, je m’en fous complètement de l’intérêt que ça peut avoir ! Pour moi le seul intérêt qu’il y a, c’est aider quelqu’un ! Je n’attends pas de reconnaissance envers les autres, je n’attends pas de l’amour, je n’attends rien de tout ça ! Si je veux t’aider, c’est simplement parce que j’ai été comme toi et que je sais combien c’est impossible à vivre à long terme de cette façon ! » Et bien que mon ton n’était pas hurlant, je me doutais qu’il se faisait plus dur et plus fort qu’auparavant. « Je peux comprendre que tu aies pensé que j’étais là pour me moquer de toi et t’enfoncer en te collant ; mais penser que j’attends un truc en retour ? Ouvre les yeux, un peu, Tae Woo ; tout le monde n’est pas comme toi, il y en a qui s’intéressent à ce qui se passe autour d’eux, qui essaient d’aider les autres gratuitement, qui ne passent pas leur chemin en voyant quelqu’un en douleur. Et je fais parti de ces gens-là ; et même si je peux comprendre que toi, tu ne comprennes pas ça parce que tu es aveuglé par ta propre douleur, qui est trop puissante pour que tu puisses remarquer celle des autres, ça ne veut pas dire que j’adhère. J’ai été comme toi, à ne voir que ma propre douleur et ne pas remarquer que mon frère souffrait aussi, et c’est ce que je regrette le plus. Alors ouvre les yeux un peu, parce que tu vas le regretter amèrement quand tu t’apercevras que tout le monde souffre de manière différente. Ce n’est pas parce que ça se voit moins chez les autres que c’est moins fort que chez toi. » Peut-être que je venais de m’emporter un peu trop. C’était sans aucun doute le cas, même. Mais ça ne voulait pas dire que j’étais déçue, ça ne signifiait pas que je lui en voulais. Simplement que, de toute façon, ça faisait parti des choses que je voulais lui dire, plus tard, quand il sera prêt à l’entendre sans que ça ne sonne comme un reproche ; je l’avais juste lâché plus tôt que prévu. « Alors, pourquoi je t’aide ? Parce que j’en ai envie. J’ai envie tu ailles mieux, j’ai envie que tu surmontes ta douleur, que tu te prouves à toi-même que t’es pas un lâche, que t’es pas un imbécile, un faible. J’ai envie que tu remarques que, peu importe combien ta blessure est profonde, si quelqu’un est là pour empêcher l’hémorragie, si quelqu’un est là pour désinfecter, tu peux y arriver aussi bien que les autres. C’est ça, que je gagne. Voir les gens aller mieux. »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Sam 23 Sep - 21:03 Citer EditerSupprimer
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« Parce qu'à tes yeux, j'ai l'air de quelqu'un qui fait ça par intérêt ? J'ai l'air de quelqu'un qui veut gagner quelque chose en aidant les autres ? »
Elle lâcha un rire ironique, et je me demandais bien pourquoi est-ce qu'elle se montrait vexée. Je ne comprenais juste pas pourquoi est-ce qu'elle voulait m'aider. Elle n'y trouverait aucun intérêt. Elle n'aurait rien à gagner, puisqu'elle ne réussira jamais à me relever complètement. Du moins, elle, c'était certain, elle n'y arriverait pas. J'avais beau avoir changé un peu d'avis sur elle, je n'étais toujours pas très ouvert à la discussion. Je savais qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions, mais, justement, c'était ça qui me laissait perplexe. Pourquoi est-ce qu'elle voulait tant m'aider ? Pourquoi m'avait-elle même approché ? Quand elle m'avait approché, elle ne savait pas ce que j'avais vécu non plus. Alors pourquoi l'avait-elle fait ? Simple curiosité ? Mais pourquoi voudrait-elle aller aborder un inconnu qu'elle ne connaissait pas pour se faire rejeter la minute d'après ? Pourquoi voudrait-elle recommencer ? Pourquoi voudrait-elle m'aider ? Je ne comprenais pas. J'étais en plein questionnement, et puis, soudainement, elle commença à débiter des paroles qui me faisaient bien comprendre que je venais de la vexer. Donc elle n'attendait rien des autres. C'était une bonne chose à savoir. Elle aurait pu s'arrêter là, et tout se serait bien fini. Cependant, ce ne fut pas le cas. Plus elle parlait et plus elle se faisait dure. Je n'aimais pas ça. J'étais conscient que c'était sûrement parce que je l'avais poussé à bout, dû à mon manque de réaction. C'était ce que j'avais voulu : l'énerver puis partir. Mais alors pourquoi cela me gênait-il autant ? Le fait qu'elle me décrive comme une personne renfermée, égocentrique et aveugle me gênait, toutefois ça ne m'énervait pas. C'était blessant. Non pas parce que ces mots étaient blessants, mais parce que je savais que c'était vrai. Mon monde n'était pas ceux des autres, mon monde était le mien. Je me concentrais sur moi, et uniquement sur moi. Je pensais que c'était normal. Je pensais que c'était normal, de penser à soi, de penser à ses problèmes, d'ignorer ceux des autres, car ce n'était pas son problème. Je ne devais pas me mêler des affaires des autres. Pourtant, pour Minah, ce n'était pas le cas. C'était peut-être pour ça que je ne la comprenais pas. Elle avait une vision de la vie différente de la mienne. Alors que moi, je trouvais qu'empiéter sur la vie personnelle des autres était mauvais et dérangeant, il semblait que pour elle, ce ne soit pas le cas. Tant qu'elle pourrait aider les autres, elle serait prête à faire n'importe quoi. Les raisons pour quoi elle m'aidait était simples : parce qu'elle se voyait en moi, et qu'elle voulait m'aider pour m'aider. Il n'y avait pas besoin de se creuser la tête à chercher une raison. Pour elle, tout était simple. Comparé à elle, je réfléchissais beaucoup trop.
Seulement pour ces raisons, elle voulait m'aider. Elle termina sa longue tirade. C'était à moi de parler. Mais je ne savais pas quoi lui répondre. Elle avait beau avoir raison, elle venait de me déprimer. Je ne m'en rendais peut-être pas compte, mais j'étais cruellement égocentrique. J'étais triste, alors le monde devait être triste pour moi. Je n'avais rien de particulier contre elle, mais cette information me donnait envie d'aller dormir. Pour tout simplement partir dans un état inconscient, et laisser mon corps oublier. Oui, oublier, c'était moins douloureux que de se désinfecter, comme elle le disait. Si on parvenait à oublier une douleur, tout allait mieux. Je savais que ce n'était pas la meilleure solution, mais moi, je ne choisissais jamais la bonne solution : moi, je choisissais la fuite.
« Ok. J'ai compris. » soupirai-je.
Je ne bougeai pas d'un cil, repensant à ses mots. Elle était littéralement en train de se démener pour essayer de l'aider, et moi, cruellement, je la repoussais sans cesse. Parce que ça allait faire mal. Parce que je n'avais pas envie de souffrir. Parce que moi, je ne voulais plus connaître la douleur. Je, je, je, et encore je. Si j'allais mieux, mes proches seraient plus heureux. Peut-être que je pouvais bien me permettre de désinfecter cette plaie pour eux... Je n'avais pas envie de les voir attristés parce que moi, j'avais peur de guérir et d'aller mieux. Ils voulaient que je prenne enfin ce pas, ils voulaient enfin me voir sourire, et peut-être refaire ma vie sans elle. Ils voulaient que je lâche prise, que je lâche sa main, et que je continue mon chemin seul. Marchant, puis courant, m'éloignant de plus en plus de mon passé pour aller de l'avant. Ils avaient toujours essayé de faire ça mais je n'avais jamais rien vu. Je ne voulais pas guérir. On ne pouvait pas guérir quelqu'un qui ne voulait pas guérir. Donc peu importe leurs efforts, il n'y avait jamais eu un seul résultat. C'était uniquement grâce à la photographie que j'avais pu m'échapper d'une manière de Saehee, mais, finalement, tant que je n'avais pas correctement refermé ma blessure, je n'arriverais jamais à m'en échapper trop longtemps. Pour mes proches, je devrais le faire. Ils préféreraient vivement que je souffre un moment mais qu'après, je sois guéri pour toujours plutôt que je souffre un peu chaque jour, et ce, jusqu'à l'éternité. Je poussai un second soupir avant de tourner ma tête vers elle. Je n'aimais pas l'admettre mais je devais bien le dire : cette fois, elle aura réussi à me convaincre. Et ce n'était pas spécialement pour elle que je voulais finalement bien me désinfecter, c'était avant tout pour mes proches.
« Et donc ? C'est quoi la première étape d'une désinfection ? »
Elle lâcha un rire ironique, et je me demandais bien pourquoi est-ce qu'elle se montrait vexée. Je ne comprenais juste pas pourquoi est-ce qu'elle voulait m'aider. Elle n'y trouverait aucun intérêt. Elle n'aurait rien à gagner, puisqu'elle ne réussira jamais à me relever complètement. Du moins, elle, c'était certain, elle n'y arriverait pas. J'avais beau avoir changé un peu d'avis sur elle, je n'étais toujours pas très ouvert à la discussion. Je savais qu'elle n'avait pas de mauvaises intentions, mais, justement, c'était ça qui me laissait perplexe. Pourquoi est-ce qu'elle voulait tant m'aider ? Pourquoi m'avait-elle même approché ? Quand elle m'avait approché, elle ne savait pas ce que j'avais vécu non plus. Alors pourquoi l'avait-elle fait ? Simple curiosité ? Mais pourquoi voudrait-elle aller aborder un inconnu qu'elle ne connaissait pas pour se faire rejeter la minute d'après ? Pourquoi voudrait-elle recommencer ? Pourquoi voudrait-elle m'aider ? Je ne comprenais pas. J'étais en plein questionnement, et puis, soudainement, elle commença à débiter des paroles qui me faisaient bien comprendre que je venais de la vexer. Donc elle n'attendait rien des autres. C'était une bonne chose à savoir. Elle aurait pu s'arrêter là, et tout se serait bien fini. Cependant, ce ne fut pas le cas. Plus elle parlait et plus elle se faisait dure. Je n'aimais pas ça. J'étais conscient que c'était sûrement parce que je l'avais poussé à bout, dû à mon manque de réaction. C'était ce que j'avais voulu : l'énerver puis partir. Mais alors pourquoi cela me gênait-il autant ? Le fait qu'elle me décrive comme une personne renfermée, égocentrique et aveugle me gênait, toutefois ça ne m'énervait pas. C'était blessant. Non pas parce que ces mots étaient blessants, mais parce que je savais que c'était vrai. Mon monde n'était pas ceux des autres, mon monde était le mien. Je me concentrais sur moi, et uniquement sur moi. Je pensais que c'était normal. Je pensais que c'était normal, de penser à soi, de penser à ses problèmes, d'ignorer ceux des autres, car ce n'était pas son problème. Je ne devais pas me mêler des affaires des autres. Pourtant, pour Minah, ce n'était pas le cas. C'était peut-être pour ça que je ne la comprenais pas. Elle avait une vision de la vie différente de la mienne. Alors que moi, je trouvais qu'empiéter sur la vie personnelle des autres était mauvais et dérangeant, il semblait que pour elle, ce ne soit pas le cas. Tant qu'elle pourrait aider les autres, elle serait prête à faire n'importe quoi. Les raisons pour quoi elle m'aidait était simples : parce qu'elle se voyait en moi, et qu'elle voulait m'aider pour m'aider. Il n'y avait pas besoin de se creuser la tête à chercher une raison. Pour elle, tout était simple. Comparé à elle, je réfléchissais beaucoup trop.
Seulement pour ces raisons, elle voulait m'aider. Elle termina sa longue tirade. C'était à moi de parler. Mais je ne savais pas quoi lui répondre. Elle avait beau avoir raison, elle venait de me déprimer. Je ne m'en rendais peut-être pas compte, mais j'étais cruellement égocentrique. J'étais triste, alors le monde devait être triste pour moi. Je n'avais rien de particulier contre elle, mais cette information me donnait envie d'aller dormir. Pour tout simplement partir dans un état inconscient, et laisser mon corps oublier. Oui, oublier, c'était moins douloureux que de se désinfecter, comme elle le disait. Si on parvenait à oublier une douleur, tout allait mieux. Je savais que ce n'était pas la meilleure solution, mais moi, je ne choisissais jamais la bonne solution : moi, je choisissais la fuite.
« Ok. J'ai compris. » soupirai-je.
Je ne bougeai pas d'un cil, repensant à ses mots. Elle était littéralement en train de se démener pour essayer de l'aider, et moi, cruellement, je la repoussais sans cesse. Parce que ça allait faire mal. Parce que je n'avais pas envie de souffrir. Parce que moi, je ne voulais plus connaître la douleur. Je, je, je, et encore je. Si j'allais mieux, mes proches seraient plus heureux. Peut-être que je pouvais bien me permettre de désinfecter cette plaie pour eux... Je n'avais pas envie de les voir attristés parce que moi, j'avais peur de guérir et d'aller mieux. Ils voulaient que je prenne enfin ce pas, ils voulaient enfin me voir sourire, et peut-être refaire ma vie sans elle. Ils voulaient que je lâche prise, que je lâche sa main, et que je continue mon chemin seul. Marchant, puis courant, m'éloignant de plus en plus de mon passé pour aller de l'avant. Ils avaient toujours essayé de faire ça mais je n'avais jamais rien vu. Je ne voulais pas guérir. On ne pouvait pas guérir quelqu'un qui ne voulait pas guérir. Donc peu importe leurs efforts, il n'y avait jamais eu un seul résultat. C'était uniquement grâce à la photographie que j'avais pu m'échapper d'une manière de Saehee, mais, finalement, tant que je n'avais pas correctement refermé ma blessure, je n'arriverais jamais à m'en échapper trop longtemps. Pour mes proches, je devrais le faire. Ils préféreraient vivement que je souffre un moment mais qu'après, je sois guéri pour toujours plutôt que je souffre un peu chaque jour, et ce, jusqu'à l'éternité. Je poussai un second soupir avant de tourner ma tête vers elle. Je n'aimais pas l'admettre mais je devais bien le dire : cette fois, elle aura réussi à me convaincre. Et ce n'était pas spécialement pour elle que je voulais finalement bien me désinfecter, c'était avant tout pour mes proches.
« Et donc ? C'est quoi la première étape d'une désinfection ? »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Dim 24 Sep - 10:42 Citer EditerSupprimer
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Feat Tae Woo
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Je savais que je venais de commettre une erreur. Crier contre Tae Woo n’était pas du tout une solution, c’était exactement comme hurler à un escargot de se dépêcher ou à un crabe de marcher droit. C’était sans doute pire que ça, même, puisque Tae Woo analysait bien mieux les situations que les animaux. Depuis le premier jour où je lui ai parlé, jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais attendu qu’une chose : que je finisse par m’énerver, qu’une dispute explose, que je lui dise de se démerder parce qu’il ne méritait pas d’aide, qu’il fasse comme il l’a toujours fait. Je savais parfaitement que me mettre en colère, c’était quelque part rentrer dans son jeu, faire ce qu’il attendait de moi alors que mon but était justement d’agir différemment des gens de son entourage. Je me doutais aussi qu’il allait donc saisir l’occasion pour enfoncer le couteau dans la plaie, maintenant que je lui avais montré ce qui pouvait me vexer, afin que je perde la raison et que je m’en aille après une bonne embrouille, pour ne plus jamais revenir. Je venais de briser tous les efforts que j’avais faits pour me rapprocher de lui, pour lui faire comprendre mes intentions et pour lui expliquer que je le comprenais. Je n’aurais, en fait, peut-être pas dû venir dans sa chambre aujourd’hui ; mais c’était trop tard pour regretter ça. J’étais là, en face de lui, je venais de lui balancer des mots bien trop cruels que je regrettais déjà, je venais de me laisser emporter comme d’habitude et il allait bientôt profiter de ça pour me virer d’ici.
C’était ce que j’imaginais, en tout cas.
C’était l’image que je me faisais de Tae Woo.
Du coup, lorsqu’il me dit qu’il avait compris, j’étais tellement prise au dépourvu que je ne trouvai rien à répondre. Je m’étais arrêtée de respirer, je le regardais avec de gros yeux – qu’ils ne pouvaient pas voir puisqu’il ne m’observait pas – et mon cerveau était en mode glace. Je n’arrivais à penser à rien d’autre, parce que je m’étais tellement imaginé de choses qui ne se passaient pas que je ne parvenais pas à actualiser mes pensées. C’était un sentiment extrêmement perturbant qui ne disparut que lorsqu’il tourna sa tête vers moi, qu’il rencontra mes yeux, que je me réveillai vraiment. Lorsque Tae Woo regardait quelqu’un dans les yeux, ça signifiait que Tae Woo était sérieux, qu’il était prêt à affronter quelque chose et c’était quelque chose de plutôt rare. Si ce n’était pour envoyer balader méchamment, il regardait rarement les autres droit dans les yeux.
La première étape d’une désinfection.
Je déglutis. Si je n’avais pas prévu qu’il laisse passer mon coup de colère aussi tranquillement, j’avais encore moins imaginé qu’il puisse me poser cette question et se lancer. Je n’avais pas préparé de réponses pour ça encore. Est-ce qu’il y avait plusieurs étapes pour désinfecter ? Il suffisait juste de poser un bout de coton imbibé de désinfectant sur la blessure… en fait, la désinfection était elle-même la première étape de quelque chose, non ? Puisque après, il fallait mettre un pansement, ne pas l’enlever jusqu’à ce que ça referme, et une des étapes les plus douloureuses venait après : il fallait enlever le pansement d’un coup sec, une douleur soudaine mais éphémère face à celle ressentie en se blessant. Seulement, je n’étais pas sûre que continuer dans cette métaphore était une bonne idée. Il ne semblait plus attendre une explication enfantine des choses, mais une confrontation de la réalité – je ne devais plus lui parler en termes médicaux. Je me raclai la gorge pour réussir à parler (j’avais arrêté de respirer trop longtemps).
« Eh bien… il n’y a pas de première étape, c’est la désinfection elle-même qui est la première étape d’autre chose… ça ne se finit pas en affrontant juste la réalité. Après, il faut accepter cette réalité et trouver un moyen de vivre avec, en sachant qu’elle ne disparaîtra jamais mais qu’elle ne sera pas forcément un handicap dans la vie de tous les jours. » J’avalai ma salive une nouvelle fois, un peu paniquée, et je repris pour m’expliquer, une nouvelle fois, dans une métaphore un peu trop enfantine. « Il faut apprendre à vivre avec ta cicatrice et t’habituer aux regards curieux des autres en la voyant. En fait, il ne faudra plus la cacher avec des pulls, il faudra que tu l’assumes et que tu la considères comme une partie entière de toi, tout comme les doigts de ta main. Mais ça, c’est la dernière étape, haha… » C’était ce dont je me rappelais le mieux – la suppression du pansement. La toute première étape remontait à tellement longtemps…
« Te désinfecter… c’est déjà fait. Je t’ai désinfecté en te convaincant. Si je ne t’avais pas été désinfecté, tu aurais trop mal pour oser envisager de mettre ta blessure à l’air frais. » Je pris une respiration. Comment je pouvais formuler ça… ?
« D’abord… il faut que tu t’aperçoives que tu peux manipuler des couteaux sans te blesser une nouvelle fois. En gros, que tu peux parler à des filles, te rapprocher d’elles, sans qu’aucun drame ne se produise. Ça sera dur au début. Quand tu traîneras avec des filles – ou au moins une que tu auras choisie – tu n’arrêteras pas de penser à la personne que tu as perdue. Tu t’imagineras des scénarios improbables et tu ne parviendras pas immédiatement à t’attacher à cette fille, par peur. Mais si tu n’abandonnes pas à mi-chemin, tu verras que tu arriveras à la considérer comme une amie, et petit à petit, tu vas te rendre compte qu’elle ne disparaît pas. Qu’elle ne meure pas. Que ce n’est pas comme avec celle que tu as connu. Et quand tu auras utilisé un couteau sans que rien de douloureux ne se passe, tu auras calmé ton traumatisme et que tu pourras reprendre ta vie plus ou moins normale. »
C’était ce que j’imaginais, en tout cas.
C’était l’image que je me faisais de Tae Woo.
Du coup, lorsqu’il me dit qu’il avait compris, j’étais tellement prise au dépourvu que je ne trouvai rien à répondre. Je m’étais arrêtée de respirer, je le regardais avec de gros yeux – qu’ils ne pouvaient pas voir puisqu’il ne m’observait pas – et mon cerveau était en mode glace. Je n’arrivais à penser à rien d’autre, parce que je m’étais tellement imaginé de choses qui ne se passaient pas que je ne parvenais pas à actualiser mes pensées. C’était un sentiment extrêmement perturbant qui ne disparut que lorsqu’il tourna sa tête vers moi, qu’il rencontra mes yeux, que je me réveillai vraiment. Lorsque Tae Woo regardait quelqu’un dans les yeux, ça signifiait que Tae Woo était sérieux, qu’il était prêt à affronter quelque chose et c’était quelque chose de plutôt rare. Si ce n’était pour envoyer balader méchamment, il regardait rarement les autres droit dans les yeux.
La première étape d’une désinfection.
Je déglutis. Si je n’avais pas prévu qu’il laisse passer mon coup de colère aussi tranquillement, j’avais encore moins imaginé qu’il puisse me poser cette question et se lancer. Je n’avais pas préparé de réponses pour ça encore. Est-ce qu’il y avait plusieurs étapes pour désinfecter ? Il suffisait juste de poser un bout de coton imbibé de désinfectant sur la blessure… en fait, la désinfection était elle-même la première étape de quelque chose, non ? Puisque après, il fallait mettre un pansement, ne pas l’enlever jusqu’à ce que ça referme, et une des étapes les plus douloureuses venait après : il fallait enlever le pansement d’un coup sec, une douleur soudaine mais éphémère face à celle ressentie en se blessant. Seulement, je n’étais pas sûre que continuer dans cette métaphore était une bonne idée. Il ne semblait plus attendre une explication enfantine des choses, mais une confrontation de la réalité – je ne devais plus lui parler en termes médicaux. Je me raclai la gorge pour réussir à parler (j’avais arrêté de respirer trop longtemps).
« Eh bien… il n’y a pas de première étape, c’est la désinfection elle-même qui est la première étape d’autre chose… ça ne se finit pas en affrontant juste la réalité. Après, il faut accepter cette réalité et trouver un moyen de vivre avec, en sachant qu’elle ne disparaîtra jamais mais qu’elle ne sera pas forcément un handicap dans la vie de tous les jours. » J’avalai ma salive une nouvelle fois, un peu paniquée, et je repris pour m’expliquer, une nouvelle fois, dans une métaphore un peu trop enfantine. « Il faut apprendre à vivre avec ta cicatrice et t’habituer aux regards curieux des autres en la voyant. En fait, il ne faudra plus la cacher avec des pulls, il faudra que tu l’assumes et que tu la considères comme une partie entière de toi, tout comme les doigts de ta main. Mais ça, c’est la dernière étape, haha… » C’était ce dont je me rappelais le mieux – la suppression du pansement. La toute première étape remontait à tellement longtemps…
« Te désinfecter… c’est déjà fait. Je t’ai désinfecté en te convaincant. Si je ne t’avais pas été désinfecté, tu aurais trop mal pour oser envisager de mettre ta blessure à l’air frais. » Je pris une respiration. Comment je pouvais formuler ça… ?
« D’abord… il faut que tu t’aperçoives que tu peux manipuler des couteaux sans te blesser une nouvelle fois. En gros, que tu peux parler à des filles, te rapprocher d’elles, sans qu’aucun drame ne se produise. Ça sera dur au début. Quand tu traîneras avec des filles – ou au moins une que tu auras choisie – tu n’arrêteras pas de penser à la personne que tu as perdue. Tu t’imagineras des scénarios improbables et tu ne parviendras pas immédiatement à t’attacher à cette fille, par peur. Mais si tu n’abandonnes pas à mi-chemin, tu verras que tu arriveras à la considérer comme une amie, et petit à petit, tu vas te rendre compte qu’elle ne disparaît pas. Qu’elle ne meure pas. Que ce n’est pas comme avec celle que tu as connu. Et quand tu auras utilisé un couteau sans que rien de douloureux ne se passe, tu auras calmé ton traumatisme et que tu pourras reprendre ta vie plus ou moins normale. »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Sam 30 Sep - 23:57 Citer EditerSupprimer
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Je l'observai d'un air las alors qu'elle ne semblait pas savoir quoi me répondre. Elle venait d'obtenir ce qu'elle voulait, elle devait être contente. Pourtant, elle restait immobile, silencieuse, comme si ce que je venais de dire était surprenant. Dans un sens, c'était vrai, c'était surprenant. Je l'avais envoyé balader beaucoup de fois. Mais, récemment, j'avais bien compris qu'elle ne faisait pas ça pour passer le temps, mais pour moi. Pourquoi ? Elle n'avait pas besoin de raison. Elle n'avait pas besoin de raison pour aller aider les gens. Je me demandais si j'étais parmi la masse de personnes qu'elle devait aider. Peut-être n'étais-je qu'une personne à problèmes parmi d'autres qu'elle voulait soigner. Si c'était le cas, elle aurait dû se proclamer médecin avant de venir me voir alors. En y réfléchissant, elle ferait certainement un bon médecin. Je ne savais pas dans quelle filière elle était alors je ne pouvais pas savoir ce qu'elle envisageait plus tard comme métier. Cependant, si jamais elle n'avait encore aucun projet d'avenir – ce qui serait inquiétant – je lui proposerai ça. Enfin, peut-être qu'elle était trop vieille pour pouvoir se tourner dans un différent cursus. Elle était la sœur jumelle de notre président, or il était plus vieux que moi. De quatre ans. Je n'avais jamais été intéressé par son âge, mais je venais de conclure que Minah avait quatre ans de plus que moi. C'était beaucoup. Pourtant, elle ne semblait pas plus mature que moi. Au contraire, elle faisait mon âge. Probablement parce qu'elle n'était encore qu'une gamine. Du moins, c'était ce que disait tout le monde dans le dortoir. Mais la personne que j'avais devant moi, celle que je voyais actuellement, pour moi, elle n'était pas une gamine. Je l'avais considérée comme une gamine aussi. Désormais, ce n'était plus le cas. Considérer la personne qui allait me soigner comme une gamine serait déplacé de ma part. Qui laisserait un gamin le soigner ? Personne. Alors pour moi, Minah n'était pas une gamine. Ou peut-être était-ce moi qui avais perdu la tête, à faire confiance à une gamine. « Confiance ». Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, je lui ferais confiance. Enfin, il ne fallait pas sauter aux conclusions. Si je voulais bien me relever, c'était uniquement pour mes proches. Pas pour me faire plaisir, ni pour lui faire plaisir. Notre relation s'arrêtait là.
Je l'écoutai au fur et à mesure qu'elle parlait d'un air attentif. Mon regard se détacha de ses yeux, pour aller se perdre quelque part. Vu comme ça, je n'avais probablement pas l'air de l'écouter. Et pourtant, j'étais attentif à chacun de ses mots. Cette voix qui me donnait envie de vomir, je devais la supporter pour avoir ces précieux conseils. S'habituer aux regards des autres... Cela faisait bien longtemps que je ne le faisais plus, et que je me cachais, que je fuyais, tout le temps. Elle disait que c'était la dernière étape. Si je lui demandais la première étape, pourquoi est-ce qu'elle me disait la dernière étape ? Elle était étrange. Je fis abstraction de ce détail et continuai à l'écouter. Alors qu'elle parlait, je commençais à m'imaginer un scénario dans ma tête. Je faisais la connaissance d'une fille. Je ne me montrais ni souriant, ni froid. Tout simplement comme d'habitude. Elle souriait comme Saehee l'aurait fait, puis sympathisait avec moi. Au fil du temps, je m'habituais à sa présence, à son sourire, à son regard, à ses mouvements. Elle me rappelait toujours Saehee, mais ce n'était pas elle. M'attacher à elle me faisait peur. Je n'avais pas envie de me rapprocher d'elle. Mais le scénario disait le contraire, je continuais toujours de m'approcher d'elle, jusqu'au jour j'en étais au stade où je pouvais rire et faire des plaisanteries tranquillement avec elle. Je n'étais pas amoureux d'elle, j'étais attaché à elle. Et pendant tout ce temps, elle ne disparaissait pas. Elle n'était pas morte. Elle était toujours avec moi, à mes côtés. Et elle le resterait pour toujours. Mais comment on le savait? Comment on savait si une personne resterait avec soi pour toujours ? Soudain, je me mis à imaginer de nombreuses causes de décès qui arrivaient chaque année, régulièrement. Cette personne pouvait très bien faire partie de ces décès, comptés en nombres et en statistiques dans les journaux. Elle pouvait très bien faire la une d'un journal avec sa mort. Elle pouvait très bien disparaître de ma vie. Personne ne disait qu'elle allait bien rester avec moi. Je restai alors pétrifié à cette idée. Non, je ne voulais pas qu'elle disparaisse. Et si ça m'arrivait une seconde fois ? Qu'est-ce que j'allais faire ? Qu'est-ce que j'allais devenir ? « En gros, que tu peux parler à des filles, te rapprocher d’elles, sans qu’aucun drame ne se produise. » Qu'est-ce qu'elle en savait ? Refaire confiance à la vie me faisait peur. Ça me faisait trop peur. Je refusais de le faire.
Mais c'était moi qui avais décidé de me désinfecter. C'était moi qui avais décidé de bouger. Même si ce sera difficile. Même si ce sera dur. Une fois l'opération passée, je serais de nouveau en forme. Mais pour ça, il fallait que je passe l'opération. Je soupirai, fermant mes yeux pendant quelques longs instants avant de les rouvrir. Mon regard se posa quelque part dans la pièce.
« Ok. »
Mes réponses étaient courtes et sèches, mais je n'avais rien à dire d'autre. J'étais encore secoué par ce que j'allais devoir affronter.
« Je vais essayer de ne pas fuir les filles, alors. »
Je l'écoutai au fur et à mesure qu'elle parlait d'un air attentif. Mon regard se détacha de ses yeux, pour aller se perdre quelque part. Vu comme ça, je n'avais probablement pas l'air de l'écouter. Et pourtant, j'étais attentif à chacun de ses mots. Cette voix qui me donnait envie de vomir, je devais la supporter pour avoir ces précieux conseils. S'habituer aux regards des autres... Cela faisait bien longtemps que je ne le faisais plus, et que je me cachais, que je fuyais, tout le temps. Elle disait que c'était la dernière étape. Si je lui demandais la première étape, pourquoi est-ce qu'elle me disait la dernière étape ? Elle était étrange. Je fis abstraction de ce détail et continuai à l'écouter. Alors qu'elle parlait, je commençais à m'imaginer un scénario dans ma tête. Je faisais la connaissance d'une fille. Je ne me montrais ni souriant, ni froid. Tout simplement comme d'habitude. Elle souriait comme Saehee l'aurait fait, puis sympathisait avec moi. Au fil du temps, je m'habituais à sa présence, à son sourire, à son regard, à ses mouvements. Elle me rappelait toujours Saehee, mais ce n'était pas elle. M'attacher à elle me faisait peur. Je n'avais pas envie de me rapprocher d'elle. Mais le scénario disait le contraire, je continuais toujours de m'approcher d'elle, jusqu'au jour j'en étais au stade où je pouvais rire et faire des plaisanteries tranquillement avec elle. Je n'étais pas amoureux d'elle, j'étais attaché à elle. Et pendant tout ce temps, elle ne disparaissait pas. Elle n'était pas morte. Elle était toujours avec moi, à mes côtés. Et elle le resterait pour toujours. Mais comment on le savait? Comment on savait si une personne resterait avec soi pour toujours ? Soudain, je me mis à imaginer de nombreuses causes de décès qui arrivaient chaque année, régulièrement. Cette personne pouvait très bien faire partie de ces décès, comptés en nombres et en statistiques dans les journaux. Elle pouvait très bien faire la une d'un journal avec sa mort. Elle pouvait très bien disparaître de ma vie. Personne ne disait qu'elle allait bien rester avec moi. Je restai alors pétrifié à cette idée. Non, je ne voulais pas qu'elle disparaisse. Et si ça m'arrivait une seconde fois ? Qu'est-ce que j'allais faire ? Qu'est-ce que j'allais devenir ? « En gros, que tu peux parler à des filles, te rapprocher d’elles, sans qu’aucun drame ne se produise. » Qu'est-ce qu'elle en savait ? Refaire confiance à la vie me faisait peur. Ça me faisait trop peur. Je refusais de le faire.
Mais c'était moi qui avais décidé de me désinfecter. C'était moi qui avais décidé de bouger. Même si ce sera difficile. Même si ce sera dur. Une fois l'opération passée, je serais de nouveau en forme. Mais pour ça, il fallait que je passe l'opération. Je soupirai, fermant mes yeux pendant quelques longs instants avant de les rouvrir. Mon regard se posa quelque part dans la pièce.
« Ok. »
Mes réponses étaient courtes et sèches, mais je n'avais rien à dire d'autre. J'étais encore secoué par ce que j'allais devoir affronter.
« Je vais essayer de ne pas fuir les filles, alors. »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Lun 2 Oct - 20:39 Citer EditerSupprimer
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Comme toujours, ce regard perdu dans le vide, ce visage sans expression, tellement de choses que je ne pouvais pas lire. C’était frustrant, pour moi, même si je ne le montrais pas, même si je n’en parlais pas et même si je ne voulais pas l’expliquer ; j’étais là par choix et je ne regrettais pas, la plus cruelle de ses paroles ne saurait me faire partir, et pourtant, pleins de détails me frustrent à propos de lui. D’accord, je n’avais pas choisi la meilleure approche en le collant alors que de toute évidence, il ne désirait pas s’approcher des filles ; je comprenais qu’il me tienne rigueur de ce choix de mauvaise qualité. Je savais aussi que cette attitude froide ne m’était pas exclusivement réservée, qu’il agissait de cette façon avec tout le monde, que c’était lui, ou en tout cas le lui qu’il était devenu après l’accident dont je ne connaissais, au final, toujours pas les détails. En dehors de tout ça, la principale raison qui m’agaçait dans son manque d’expressions, c’était de me sentir inutile. Je lui débitais de belles paroles par mon vécu, certes, mais qu’en était-il de lui ? Pourquoi est-ce qu’il avait si soudainement changé d’avis alors que quelques minutes avant, il me faisait comprendre que j’étais sans doute intéressée et que je ne faisais pas ça gratuitement ? C’était bizarre et, puisqu’il ne m’offrirait pas de réponse même si je le lui demandais, je voulais lire à travers lui et ses expressions : sauf que c’était encore plus peine perdue que lui poser la question. Au final, moi, je m’étais un peu accrochée à lui, j’avais la sensation d’aider quelqu’un qui me ressemblait, comme on m’avait aidé à moi quand j’étais mal, et je me guérissais en guérissant les autres. Je continuais encore à soigner ma plaie de cette façon, aussi absurde cela puisse perdre. Par conséquent, aider Tae Woo, j’y tenais réellement, ce n’était pas une vulgaire mission que je m’étais donnée en me prenant pour une justicière, mais un certain besoin intérieur de rendre la pareille. Sauf que pour lui, je n’étais probablement qu’une jeune fille agaçante, bien intentionnée, peut-être, mais pas plus agréable et jamais il ne m’expliquerait ses soucis comme j’expliquais les miens à mon frère ; ce qui entraînait donc un soucis. Le deuil passait avant tout par l’extériorisation et, puisque c’était ma personnalité j’ai toujours exprimé tout ce que je ressentais, de la colère violente à la douceur chaleureuse. Même lorsque la personne en face ne méritait pas de se recevoir toutes mes expressions enfouies, je ne réfléchissais pas, et si ça pouvait être un de mes regrets actuels, c’était aussi grâce à a que j’en étais là désormais.
Mais Tae Woo, lui, sa colère, sa joie, sa peur, sa gratitude, tout n’était que silence ; un silence avec des ambiances différentes, certes, mais un silence était avant tout un intériorisation des choses. Si le pue ne sortait pas, la blessure s’infecterait. Or, comment expliquer à un garçon qui me déteste probablement à quel point il faudrait qu’il se confie à moi ? « Tae Woo... » Je prends une grande respiration, pour me laisser quelques secondes de plus afin de reformuler ma phrase, et je me lançai. « Comme tu ne me dis rien, je suis obligée de deviner. Comme ce ne sont que des suppositions, désolée si j’ai tort. Ne le prends pas à coeur si c’est faux. Simplement, il n’y a que deux raisons pour lesquelles tu pourrais accepter aussi soudainement, selon moi. La première, c’est que tu veuilles que je m’en aille si puissamment que tu vas dans mon sens pour que je dégage. Sincèrement, j’espère que ce n’est pas le cas. Quand je dis que je veux que tu t’en sortes, je le pense du plus profond de mon coeur. La seconde, ce serait parce que tu as pensé à des gens. Tu as pensé aux autres et tu t’es dit qu’il fallait changer au moins pour les autres, dépasser tes peurs pour les autres. Sauf que ça ne marche pas. Tu ne dois pas soigner ta blessure pour que les autres soient contents, tu dois soigner ta blessure pour que toi, tu ne souffres plus. Parce que si tu veux te changer pour les autres, tu finiras par te refaire du mal toi-même, tout seul. Tu t’en fous des autres, Tae Woo. Il faut que tu t’en foutes des autres. Là, ce qui importe, c’est ton bonheur à toi. Si tu veux changer, ce n’est pas pour que les autres te voient sourire mais pour que toi, tu aies envie de sourire. Et si tu ne penses pas comme ça, tu n’iras jamais mieux. »
Je ne pouvais même pas le regarder dans les yeux. Parce qu’il me fuyait, comme toujours. « Et aussi… je comprends que ce soit dur pour toi. Je suis une imbécile collante, là quand tu ne veux pas la voir. Je le sais mais… confie-toi à moi. Si tu trouves que je dis n’importe quoi, si tu trouves que je m’avance trop, que je vais trop vite, que je dis des choses fausses… dis-le moi. Je m’en fiche, je pourrais m’expliquer autrement, te faire mieux comprendre alors que si tu gardes tout pour toi… tu resteras toujours dans le flou. »
Mais Tae Woo, lui, sa colère, sa joie, sa peur, sa gratitude, tout n’était que silence ; un silence avec des ambiances différentes, certes, mais un silence était avant tout un intériorisation des choses. Si le pue ne sortait pas, la blessure s’infecterait. Or, comment expliquer à un garçon qui me déteste probablement à quel point il faudrait qu’il se confie à moi ? « Tae Woo... » Je prends une grande respiration, pour me laisser quelques secondes de plus afin de reformuler ma phrase, et je me lançai. « Comme tu ne me dis rien, je suis obligée de deviner. Comme ce ne sont que des suppositions, désolée si j’ai tort. Ne le prends pas à coeur si c’est faux. Simplement, il n’y a que deux raisons pour lesquelles tu pourrais accepter aussi soudainement, selon moi. La première, c’est que tu veuilles que je m’en aille si puissamment que tu vas dans mon sens pour que je dégage. Sincèrement, j’espère que ce n’est pas le cas. Quand je dis que je veux que tu t’en sortes, je le pense du plus profond de mon coeur. La seconde, ce serait parce que tu as pensé à des gens. Tu as pensé aux autres et tu t’es dit qu’il fallait changer au moins pour les autres, dépasser tes peurs pour les autres. Sauf que ça ne marche pas. Tu ne dois pas soigner ta blessure pour que les autres soient contents, tu dois soigner ta blessure pour que toi, tu ne souffres plus. Parce que si tu veux te changer pour les autres, tu finiras par te refaire du mal toi-même, tout seul. Tu t’en fous des autres, Tae Woo. Il faut que tu t’en foutes des autres. Là, ce qui importe, c’est ton bonheur à toi. Si tu veux changer, ce n’est pas pour que les autres te voient sourire mais pour que toi, tu aies envie de sourire. Et si tu ne penses pas comme ça, tu n’iras jamais mieux. »
Je ne pouvais même pas le regarder dans les yeux. Parce qu’il me fuyait, comme toujours. « Et aussi… je comprends que ce soit dur pour toi. Je suis une imbécile collante, là quand tu ne veux pas la voir. Je le sais mais… confie-toi à moi. Si tu trouves que je dis n’importe quoi, si tu trouves que je m’avance trop, que je vais trop vite, que je dis des choses fausses… dis-le moi. Je m’en fiche, je pourrais m’expliquer autrement, te faire mieux comprendre alors que si tu gardes tout pour toi… tu resteras toujours dans le flou. »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Mer 4 Oct - 20:39 Citer EditerSupprimer
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Si je le faisais pour mes proches, tout ira bien. Mes proches seront heureux, et moi aussi, je serais heureux. Si je guérissais pour eux, alors je pouvais le faire. Je pouvais me permettre de le faire pour eux. J’avais été égoïste en ne voulant pas me sortir de là, en restant dans mon coin, à souffrir seul, alors que mes proches souffraient de mon comportement. Je décidai donc de changer ainsi : c’était soudain, mais j’avais compris que si je le faisais pour eux, alors tout se passerait bien. Elle m’aiderait à me sortir de là et au final, tout le monde serait heureux, tout le monde serait content.
Mais apparemment, ça ne marchait pas comme ça.
Rien qu’à l’entente de mon prénom, avec son ton, sa voix, je compris que ça ne la satisfaisait toujours pas. Je poussai un soupir silencieux à cette pensée. Je faisais déjà des efforts pour être dans la même pièce qu’elle et j’allais en faire pour ne plus fuir mes peurs. Mais ça n’allait pas. D’après elle, il fallait que je le fasse pour moi. Que je ne devais plus penser aux autres. Que je devais être égoïste. C’était cruellement en contradiction avec la réflexion que je m’étais faite. J’avais été trop centré sur moi-même, donc la moindre des choses était désormais de penser aux autres et de faire des efforts pour eux. Seulement, pour régler le problème que j’avais, pourquoi devais-je encore penser à moi et uniquement à moi ? Pour moi, ce n’était pas logique. Pour fermer ma blessure, il fallait que je pense à moi. Pourtant, c’était en pensant à moi que cette blessure ne s’était toujours pas refermée. Je ne comprenais pas le processus. Elle expliquait que c’était parce que sinon, je me ferais toujours du mal. Mais pourquoi ? Une fois que je serais guéri, que je serais pleinement dans le monde extérieur et que j’abandonnerais ma carapace, je n’aurais plus mal de la même façon. Alors de quoi me parlait-elle ? J’avais du mal à assimiler cette idée. Surtout que si je le faisais pour moi, je n’avais aucune raison de le faire... J’étais très bien dans cette situation. Souffrir et faire autant d’efforts pour quelque chose qui ne changerait pas grand chose à ma situation actuelle, ça n’avait aucun intérêt. Si ce n’était pas pour mes proches, alors je n’avais aucune motivation pour m’en sortir. Dans l’absolu, si je ne devais même pas penser à Saehee, je n’avais pas envie de sortir de ma carapace. J’étais très bien, à l’intérieur. Je ne profitais peut-être de rien, mais je ne souffrais pas. Si c’était pour m’en sortir, et finalement, retomber peut-être dans le même malheur, ça n’avait aucun intérêt. Me voir sourire ou rire comme à l’époque n’était pas dans mes buts. Je voulais passer une vie tranquille, seul, reposé. Sans personne, sans quelqu’un que je puisse perdre. Si je devais le faire pour moi, alors je n’avais pas envie de le faire. Sourire ou pas, peu m'importait.
Et puis d'un coup, c'était comme si Minah était devenue désespérée. Elle voulait que je lui dise tout ce qui me passait par la tête, et disait même qu'elle était une imbécile collante – ce qui n'était pas faux. Mais peut-être que lui dire des choses faisait partie du processus pour la désinfection... Cependant, je n'avais même plus envie de le faire si ce n'était pas mes proches. Je n'avais aucune raison de le faire pour mon propre bonheur. Je n'étais pas heureux, mais c'était très bien ainsi. Une fois qu'on était heureux, on ne le resterait pas éternellement. Je soupirai. Je n'avais pas envie de lui dire quoi que ce soit. Mais je devais m'y obliger. M'y obliger pour quoi ? Pour son bonheur ? Pour leur bonheur ? … Je savais que Saehee ne voudrait pas me voir dans cet état. On me l'avait répété tellement de fois. Mais j'étais trop peureux pour vouloir le faire juste pour moi. Peut-être que pour mes proches, je pouvais le faire, mais pour moi, et seulement moi, non. Enfin bon. La moindre des choses que je pouvais faire, c'était de lui raconter ce qu'il s'était passé. Même si je n'en avais pas envie.
« Saehee. »
Mon regard se planta quelque part dans le sol alors que j'étais prêt à me rappeler de mauvais souvenirs.
« Elle s'appelait Saehee. Je l'ai connue alors que je n'étais même pas en maternelle. D'après nos parents, elle m'a jeté un ballon alors que j'étais dans le bac à sable. Elle a souri pour s'excuser, et on s'est liés d'amitié. Petit à petit, on est devenus meilleurs amis. On n'a jamais rien pu faire l'un sans l'autre, on était très liés. A cause de ça, on nous définissait toujours en tant que « les amoureux ». On l'a toujours nié. Jusqu'au collège. C'est là, qu'un beau jour, après avoir vu Saehee traîner avec des garçons, et connu la jalousie, que je me suis rendu compte que je l'aimais. Depuis quand ? Je ne sais pas. Je ne sais toujours pas, d'ailleurs. Et puis, je l'ai dit à mes amis. Ils m'ont poussé à me déclarer, et ainsi, elle m'a répondu positivement. C'est le jour où on s'est mis en couple. C'était le plus beau jour de ma vie. Et puis, les années ont passé. On a vécu des jours heureux. On était alors à la fin du lycée. On avait notre avenir tracé devant nous. On se voyait grandir ensemble comme on l'a toujours fait, main dans la main. Et puis il y a eu l'accident. »
Je n'avais pas envie d'en dire plus. Je sentais déjà ma voix faiblir rien qu'au rappel de ces souvenirs. Mais je devais continuer. L'histoire n'était pas finie.
« Elle est morte dans cet accident. C'était un accident de bus. Je devais la rejoindre au centre commercial. Nous devions prendre le même bus, mais je l'ai pris en retard. Elle est partie en avance. Alors que j'étais dans le bus, le trafic a été interrompu. Je suis descendu du bus, et j'ai commencé à marcher. Et j'ai vu l'accident. On voit ça tous les jours, alors on se dit que ce n'est rien, qu'on peut l'éviter. Mais je l'ai vue. Je l'ai vue, inconsciente. Elle a été emmenée aux secours. Et c'était la dernière fois que j'ai vu son corps. J'ai prié de toutes mes forces à l'hôpital. Mais ça ne l'a pas ramenée à la vie. Elle est morte. Et ça fait cinq ans. » soufflai-je.
Je baissai la tête, évitant toute confrontation avec Minah. Je commençai à tripoter ma boucle d'oreille, un tic que j'avais lorsque j'étais gêné, mal à l'aise ou lorsque je me rappelais d'elle. Cette boucle, nous en avions chacun une. Moi, c'était à l'oreille droite, elle, à sa gauche. Mais depuis, il n'y avait plus personne pour porter celle de gauche. Elle était gardée précieusement dans l'un de mes tiroirs, chez moi. Je me mordis la lèvre. Elle me manquait.
Mais apparemment, ça ne marchait pas comme ça.
Rien qu’à l’entente de mon prénom, avec son ton, sa voix, je compris que ça ne la satisfaisait toujours pas. Je poussai un soupir silencieux à cette pensée. Je faisais déjà des efforts pour être dans la même pièce qu’elle et j’allais en faire pour ne plus fuir mes peurs. Mais ça n’allait pas. D’après elle, il fallait que je le fasse pour moi. Que je ne devais plus penser aux autres. Que je devais être égoïste. C’était cruellement en contradiction avec la réflexion que je m’étais faite. J’avais été trop centré sur moi-même, donc la moindre des choses était désormais de penser aux autres et de faire des efforts pour eux. Seulement, pour régler le problème que j’avais, pourquoi devais-je encore penser à moi et uniquement à moi ? Pour moi, ce n’était pas logique. Pour fermer ma blessure, il fallait que je pense à moi. Pourtant, c’était en pensant à moi que cette blessure ne s’était toujours pas refermée. Je ne comprenais pas le processus. Elle expliquait que c’était parce que sinon, je me ferais toujours du mal. Mais pourquoi ? Une fois que je serais guéri, que je serais pleinement dans le monde extérieur et que j’abandonnerais ma carapace, je n’aurais plus mal de la même façon. Alors de quoi me parlait-elle ? J’avais du mal à assimiler cette idée. Surtout que si je le faisais pour moi, je n’avais aucune raison de le faire... J’étais très bien dans cette situation. Souffrir et faire autant d’efforts pour quelque chose qui ne changerait pas grand chose à ma situation actuelle, ça n’avait aucun intérêt. Si ce n’était pas pour mes proches, alors je n’avais aucune motivation pour m’en sortir. Dans l’absolu, si je ne devais même pas penser à Saehee, je n’avais pas envie de sortir de ma carapace. J’étais très bien, à l’intérieur. Je ne profitais peut-être de rien, mais je ne souffrais pas. Si c’était pour m’en sortir, et finalement, retomber peut-être dans le même malheur, ça n’avait aucun intérêt. Me voir sourire ou rire comme à l’époque n’était pas dans mes buts. Je voulais passer une vie tranquille, seul, reposé. Sans personne, sans quelqu’un que je puisse perdre. Si je devais le faire pour moi, alors je n’avais pas envie de le faire. Sourire ou pas, peu m'importait.
Et puis d'un coup, c'était comme si Minah était devenue désespérée. Elle voulait que je lui dise tout ce qui me passait par la tête, et disait même qu'elle était une imbécile collante – ce qui n'était pas faux. Mais peut-être que lui dire des choses faisait partie du processus pour la désinfection... Cependant, je n'avais même plus envie de le faire si ce n'était pas mes proches. Je n'avais aucune raison de le faire pour mon propre bonheur. Je n'étais pas heureux, mais c'était très bien ainsi. Une fois qu'on était heureux, on ne le resterait pas éternellement. Je soupirai. Je n'avais pas envie de lui dire quoi que ce soit. Mais je devais m'y obliger. M'y obliger pour quoi ? Pour son bonheur ? Pour leur bonheur ? … Je savais que Saehee ne voudrait pas me voir dans cet état. On me l'avait répété tellement de fois. Mais j'étais trop peureux pour vouloir le faire juste pour moi. Peut-être que pour mes proches, je pouvais le faire, mais pour moi, et seulement moi, non. Enfin bon. La moindre des choses que je pouvais faire, c'était de lui raconter ce qu'il s'était passé. Même si je n'en avais pas envie.
« Saehee. »
Mon regard se planta quelque part dans le sol alors que j'étais prêt à me rappeler de mauvais souvenirs.
« Elle s'appelait Saehee. Je l'ai connue alors que je n'étais même pas en maternelle. D'après nos parents, elle m'a jeté un ballon alors que j'étais dans le bac à sable. Elle a souri pour s'excuser, et on s'est liés d'amitié. Petit à petit, on est devenus meilleurs amis. On n'a jamais rien pu faire l'un sans l'autre, on était très liés. A cause de ça, on nous définissait toujours en tant que « les amoureux ». On l'a toujours nié. Jusqu'au collège. C'est là, qu'un beau jour, après avoir vu Saehee traîner avec des garçons, et connu la jalousie, que je me suis rendu compte que je l'aimais. Depuis quand ? Je ne sais pas. Je ne sais toujours pas, d'ailleurs. Et puis, je l'ai dit à mes amis. Ils m'ont poussé à me déclarer, et ainsi, elle m'a répondu positivement. C'est le jour où on s'est mis en couple. C'était le plus beau jour de ma vie. Et puis, les années ont passé. On a vécu des jours heureux. On était alors à la fin du lycée. On avait notre avenir tracé devant nous. On se voyait grandir ensemble comme on l'a toujours fait, main dans la main. Et puis il y a eu l'accident. »
Je n'avais pas envie d'en dire plus. Je sentais déjà ma voix faiblir rien qu'au rappel de ces souvenirs. Mais je devais continuer. L'histoire n'était pas finie.
« Elle est morte dans cet accident. C'était un accident de bus. Je devais la rejoindre au centre commercial. Nous devions prendre le même bus, mais je l'ai pris en retard. Elle est partie en avance. Alors que j'étais dans le bus, le trafic a été interrompu. Je suis descendu du bus, et j'ai commencé à marcher. Et j'ai vu l'accident. On voit ça tous les jours, alors on se dit que ce n'est rien, qu'on peut l'éviter. Mais je l'ai vue. Je l'ai vue, inconsciente. Elle a été emmenée aux secours. Et c'était la dernière fois que j'ai vu son corps. J'ai prié de toutes mes forces à l'hôpital. Mais ça ne l'a pas ramenée à la vie. Elle est morte. Et ça fait cinq ans. » soufflai-je.
Je baissai la tête, évitant toute confrontation avec Minah. Je commençai à tripoter ma boucle d'oreille, un tic que j'avais lorsque j'étais gêné, mal à l'aise ou lorsque je me rappelais d'elle. Cette boucle, nous en avions chacun une. Moi, c'était à l'oreille droite, elle, à sa gauche. Mais depuis, il n'y avait plus personne pour porter celle de gauche. Elle était gardée précieusement dans l'un de mes tiroirs, chez moi. Je me mordis la lèvre. Elle me manquait.
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Sam 7 Oct - 9:21 Citer EditerSupprimer
Surprise !
Feat Tae Woo
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Je ne m’attendais sincèrement pas à ce qu’il réagisse de cette manière, à ce qu’il me déballe toute son histoire, d’un ton qui s’attristait au fur-et-à-mesure de l’explication. Cette histoire que très peu connaissait, cette histoire qui l’avait rendu ainsi : je ne m’étais jamais dit qu’il parviendrait à me la raconter ainsi, sans que je n’ai à insister. D’ailleurs, ce n’était pas ce à quoi je faisais allusion lorsque je lui avais demandé de me parler : et pourtant, s’il me parle de ça, s’il en ait venu à cette conclusion, c’est sans doute que la chose dont il a le plus besoin de parler, c’est ce drame. Ce qui n’était pas étonnant, il fallait parler de nos souffrances, de nos difficultés, de nos traumatismes, pour les surmonter – il fallait les assumer et parviendra à les raconter, des années et des années après le drame, avec un sourire aux lèvres, ; sourire triste, bien sûr, sourire mélancolique, mais sourire qui remplacerait les larmes là où elles auraient coulé, sourire pas forcé mais qui viendrait naturellement à l’évocation de belles années terminées. Comme on parle avec un sourire des bons délires passés avec des amis ; de choses qui ne reviendront plus, mais dont on n’a plus besoin non plus. Quelque chose qui restera à vie dans notre esprit, qui nous a rendu tels que nous sommes, mais qui n’a plus besoin de revenir. En soit : quelque chose de fini dans le temps et dans notre tête. C’est ce que qu’était, désormais, la mort de mes parents – du moins, presque. Si je ne ressentais pas cette culpabilité de mentir sur leur identité pour ne pas trahir mon frère, ça pourrait être complètement fini. Je savais que je parvenais à parler d’eux sans en pleurer. Je ne pensais pas à eux dès que quelqu’un me parlait, directement ou indirectement, de leurs parents respectifs.
Or, pour Tae Woo, c’était différent. Dès qu’on lui parlait d’une fille, il pensait à Sae Hee, il pensait au drame. Dès qu’on lui parlait de sourire, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait d’amour, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait de vie, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait de mort, il pensait à elle. Il ne pensait qu’à elle et c’était la source de son mal-être : il fallait qu’il pense à elle bien moins souvent. Mais ce n’était pas quelque chose qu’on changeait délibérément. Je n’ai pas arrêté de penser à mes vrais parents en me disant « Je ne dois plus y penser » : au contraire, plus je me le disais, plus ils apparaissaient dans ma tête. C’était en continuant ma vie naturellement, en acceptant les pensées d’eux sans les rejeter mais sans leur donner d’importance aussi, qu’ils avaient fini par devenir un bon souvenir terminé. Rien de plus qu’un souvenir, quelque chose qui appartiendrait au passé quoi que je fasse, que j’y pense ou non, que je pleure à son évocation ou non.
Je ne m’étais jamais aperçue qu’il tripotait sa boucle d’oreille lorsqu’il se sentait mal-à-l’aise comme il devait l’être actuellement. C’était quelque chose à retenir : pour quelqu’un comme lui qui exprimait rarement ses sentiments, ça m’aiderait à pouvoir le calculer. « Ça devait être une fille bien. Et tu l’aimais sans doute énormément. » Je laissai passer quelques secondes. « Oui, sans aucun doute, ça devait être ça. Mais ce n’est pas de ta faute si ça a fini comme ça. Il n’y a pas de faute. Ce n’est pas arrivé parce que tu étais en retard. » Et même s’il ne l’avait pas formulé, j’eus la sensation que c’était ce à quoi il voulait en venir, que c’était la raison pour laquelle il se sentait si mal aussi. « Maintenant, ce que tu devais faire, ce n’est pas être comme ça. On dit que pleurer, ça soulage énormément et c’est vrai. J’ai énormément pleuré avant de me dire que je devais me remettre à vivre normalement. Après avoir trop pleuré, on pense tous à ça : À quoi bon pleurer, peu importe le nombre de larmes que je laisse couler, elles ne prendront jamais sa forme pour la faire revenir, elles ne feront que refléter son souvenir. Quitte à ne pas pouvoir la faire revenir, autant être heureux. Autant pleurer pour quelque chose qui servira. Autant pleurer parce qu’on s’est fait mal, parce qu’on a fait un mauvais choix, plutôt que de pleurer toujours pour la même souffrance. Autant pleurer parce qu’on s’est remis à être heureux mais qu’on est retombé, plutôt que pleurer en ayant jamais été heureux. Et quand on pense comme ça, c’est pour nous que nous changeons. Pas pour que nos proches se sentent bien, pas pour qu’ils soient rassurés mais pour que nous, on ne pleure plus. On sait qu’on peut retomber à tout moment, mais c’est le cas pour tout le monde. Tout le monde est déjà tombé en apprenant à marcher, mais si tu n’oses pas marcher parce que tu as constamment peur de la chute, alors tu finis handicapé à vie. Tu t’empêches toi-même de jouer avec les autres, de rire, par une peur stupide. Tu vois les autres tomber, pleurer, sécher leur larme et se remettre à parler. Et toi, tu restes à quatre pattes, comme un imbécile et tu te pourries la vie tout seul. Si tu veux te remettre à marcher, ce n’est pas pour que les autres puissent courir avec toi, c’est pour que toi, tu puisses courir avec eux. Et si la finalité est la même, le processus est très différent. Tu ne dois pas sourire pour que les autres aillent bien mais les autres souriront parce que toi, tu vas bien. »
Or, pour Tae Woo, c’était différent. Dès qu’on lui parlait d’une fille, il pensait à Sae Hee, il pensait au drame. Dès qu’on lui parlait de sourire, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait d’amour, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait de vie, il pensait à elle ; dès qu’on lui parlait de mort, il pensait à elle. Il ne pensait qu’à elle et c’était la source de son mal-être : il fallait qu’il pense à elle bien moins souvent. Mais ce n’était pas quelque chose qu’on changeait délibérément. Je n’ai pas arrêté de penser à mes vrais parents en me disant « Je ne dois plus y penser » : au contraire, plus je me le disais, plus ils apparaissaient dans ma tête. C’était en continuant ma vie naturellement, en acceptant les pensées d’eux sans les rejeter mais sans leur donner d’importance aussi, qu’ils avaient fini par devenir un bon souvenir terminé. Rien de plus qu’un souvenir, quelque chose qui appartiendrait au passé quoi que je fasse, que j’y pense ou non, que je pleure à son évocation ou non.
Je ne m’étais jamais aperçue qu’il tripotait sa boucle d’oreille lorsqu’il se sentait mal-à-l’aise comme il devait l’être actuellement. C’était quelque chose à retenir : pour quelqu’un comme lui qui exprimait rarement ses sentiments, ça m’aiderait à pouvoir le calculer. « Ça devait être une fille bien. Et tu l’aimais sans doute énormément. » Je laissai passer quelques secondes. « Oui, sans aucun doute, ça devait être ça. Mais ce n’est pas de ta faute si ça a fini comme ça. Il n’y a pas de faute. Ce n’est pas arrivé parce que tu étais en retard. » Et même s’il ne l’avait pas formulé, j’eus la sensation que c’était ce à quoi il voulait en venir, que c’était la raison pour laquelle il se sentait si mal aussi. « Maintenant, ce que tu devais faire, ce n’est pas être comme ça. On dit que pleurer, ça soulage énormément et c’est vrai. J’ai énormément pleuré avant de me dire que je devais me remettre à vivre normalement. Après avoir trop pleuré, on pense tous à ça : À quoi bon pleurer, peu importe le nombre de larmes que je laisse couler, elles ne prendront jamais sa forme pour la faire revenir, elles ne feront que refléter son souvenir. Quitte à ne pas pouvoir la faire revenir, autant être heureux. Autant pleurer pour quelque chose qui servira. Autant pleurer parce qu’on s’est fait mal, parce qu’on a fait un mauvais choix, plutôt que de pleurer toujours pour la même souffrance. Autant pleurer parce qu’on s’est remis à être heureux mais qu’on est retombé, plutôt que pleurer en ayant jamais été heureux. Et quand on pense comme ça, c’est pour nous que nous changeons. Pas pour que nos proches se sentent bien, pas pour qu’ils soient rassurés mais pour que nous, on ne pleure plus. On sait qu’on peut retomber à tout moment, mais c’est le cas pour tout le monde. Tout le monde est déjà tombé en apprenant à marcher, mais si tu n’oses pas marcher parce que tu as constamment peur de la chute, alors tu finis handicapé à vie. Tu t’empêches toi-même de jouer avec les autres, de rire, par une peur stupide. Tu vois les autres tomber, pleurer, sécher leur larme et se remettre à parler. Et toi, tu restes à quatre pattes, comme un imbécile et tu te pourries la vie tout seul. Si tu veux te remettre à marcher, ce n’est pas pour que les autres puissent courir avec toi, c’est pour que toi, tu puisses courir avec eux. Et si la finalité est la même, le processus est très différent. Tu ne dois pas sourire pour que les autres aillent bien mais les autres souriront parce que toi, tu vas bien. »
FRIMELDA
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Re: Surprise ! ft. Tae Woo | Dim 8 Oct - 16:15 Citer EditerSupprimer
Surprise !
Feat Tae Woo
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Je tripotais toujours ma boucle d'oreille une fois que j'eus fini de raconter mon histoire. J'étais affreusement triste. Mon cœur se serrait, ma gorge se faisait plus lourde. J'avais conscience que si Minah n'était pas dans la même pièce, je serais probablement déjà en train de pleurer pour sa mort. C'était vrai, cela faisait longtemps que je n'avais plus pleuré pour elle. J'étais tellement déprimé que je n'avais même plus la force de pleurer. A quoi bon pleurer si c'était pour que ça ne change rien, et que ça me mette dans un pire état ? Alors je ne pleurais plus. Cependant, ce n'était pas parce que je ne pleurais plus tous les soirs que je n'étais plus déprimé. Au contraire, c'était tout l'inverse : moins je pleurais et plus je me sentais mal. Pourquoi ne pleurais-je pas ? Pourquoi n'avais-je plus la force de pleurer ? La mort de Saehee ne me faisait-elle plus rien ? De telles pensées me submergeaient, mais alors que j'essayais de pleurer, je n'y arrivais pas. Comme si au final, je n'étais plus triste pour ça. Alors que c'était tout le contraire.
Oui, c'était une fille bien. Saehee, c'était une fille bien. Elle n'avait jamais eu de gros soucis. Elle avait de très bonnes notes à l'école. Elle était extravertie. Souriante. Amusante. Pleine de joie. C'était une fille parfaite. Personne ne pouvait la détester. Certains la jalousaient, mais au final, ils étaient tous emportés par sa bonne humeur et son optimisme. Saehee, personne ne la haïssait. C'était ce type de personne parfaite. Quand certaines personnes s'imaginaient Saehee avec cette description d'elle, ils pensaient directement à la fille trop parfaite, justement. Une fille trop parfaite, ça attirait la jalousie, c'était frustrant. Mais Saehee avait ses défauts. Je ne pouvais même pas les énumérer, parce que selon moi, ce n'était même pas des défauts. Mais aux yeux des autres, elle avait forcément des défauts. Des défauts que moi, j'adorais, et j'acceptais. Oui, j'aimais énormément Saehee. Elle était toute ma vie, elle occupait sans cesse mes pensées. Encore aujourd'hui, elle le faisait. Elle ne s'effacera jamais de ma mémoire, je me rappellerais sans cesse d'elle. Parce que c'était elle, qui me faisait vivre. J'écarquillai des yeux quand Minah énonça que ce n'était pas de ma faute, ni parce que j'étais arrivé en retard. Ce n'était la faute de personne. Je ne l'avais même pas mentionné dans mon récit, comment pouvait-elle savoir que c'était ce qui me rongeait jusqu'aux os ? Si elle avait pu deviner ça, elle n'était pas banale, Minah. Définitivement pas. Je me demandais si c'était une qualité ou un défaut. Si elle avait été banale, elle serait venue me voir uniquement pour passer le temps. Or, elle ne l'était pas. Et c'était pourquoi elle voulait m'aider. Sans raison particulière. Elle continua sur sa lancée tout de suite après. « A quoi bon pleurer, peu importe le nombre de larmes que je laisse couler, elles ne prendront jamais sa forme pour la faire revenir, elles ne feront que refléter son souvenir. » C'était ce que je me disais il y avait quelques minutes. Au final, pleurer, ça ne me soulageait même plus. Pleurer ne me rendait que dans un état plus pitoyable, et je me sentais misérable. Mais lorsque je ne pleurais pas, je me sentais aussi misérable. Cela voulait dire que j'étais vraiment dénué d'émotions, que sa mort ne me faisait plus rien. Je refusais de l'accepter. Ce n'était pas la réalité. Loin de là.
Au fur et à mesure de ses phrases, je commençais à comprendre de mieux en mieux ce que je devais faire. En effet, ce qu'elle me disait n'était finalement pas une contradiction. Je devais aller mieux pour que j'aille mieux, non pour que mes proches aillent mieux. Bien que ça ait une même conclusion, ce n'était pas la même chose. Mes proches iront mieux si seulement moi, j'allais mieux. Comme toujours, elle avait raison. Je ne devais pas m'handicaper pour ça. Rester à quatre pattes toute sa vie, ce n'était pas une très belle vision. Ça arrivait à tout le monde, de tomber. Pourtant, les autres, ils arrivaient bien à se relever. Personne ne restait allongé après être tombé. On ne restait pas éternellement allongé, on se relevait, parfois en pleurant parce que ça faisait mal, parfois en riant parce que la chute était ridicule, parfois en rougissant parce que c'était gênant. Peu importe les sentiments juste après la chute, on se relevait toujours. Si on allait dans la rue, personne ne restait allongé après une chute. Et personne ne restait éternellement à rire, à pleurer ou à rougir après une chute. Cependant, si on voulait rester allongé pour toujours, alors c'était possible. On ne retomberait plus jamais, mais les émotions étaient déjà parties. Le rire, la tristesse, la gêne, tous ces sentiments étaient déjà partis. Et c'était ainsi que j'étais devenu une coquille vide d'émotions. Parce que moi, je restais allongé pour éviter de retomber. Mais tout le monde tombait. Tout le monde tombait, plus ou moins profondément. Ils avaient le courage pour se relever, même après une atroce chute. Ils étaient tous courageux. Moi, je ne l'étais pas. J'étais affreusement peureux. J'avais peur de tomber à nouveau. Mais comment vivre si je ne marchais pas ? Ce n'était pas Saehee qui m'avait appris à vivre ; c'était moi. Elle avait beau me donner cette motivation pour aller de l'avant, au fond, j'avais toujours un cœur pour vivre.
« C'est vrai. » dis-je finalement, après quelques secondes de silence.
C'était vrai, et alors ? J'avais bien compris et assimilé ce qu'elle me disait, mais maintenant ? Il fallait faire quoi ? Marcher ? Et comment ? Cela faisait si longtemps que je n'avais plus marché que je ne savais même plus comment on faisait pour marcher. Comment est-ce qu'on marchait, déjà ?
« Mais je ne sais plus comment marcher. J'ai oublié. » avouai-je en utilisant cette métaphore d'un air sérieux.
J'étais devenu un vrai handicapé sans même m'en rendre compte.
Oui, c'était une fille bien. Saehee, c'était une fille bien. Elle n'avait jamais eu de gros soucis. Elle avait de très bonnes notes à l'école. Elle était extravertie. Souriante. Amusante. Pleine de joie. C'était une fille parfaite. Personne ne pouvait la détester. Certains la jalousaient, mais au final, ils étaient tous emportés par sa bonne humeur et son optimisme. Saehee, personne ne la haïssait. C'était ce type de personne parfaite. Quand certaines personnes s'imaginaient Saehee avec cette description d'elle, ils pensaient directement à la fille trop parfaite, justement. Une fille trop parfaite, ça attirait la jalousie, c'était frustrant. Mais Saehee avait ses défauts. Je ne pouvais même pas les énumérer, parce que selon moi, ce n'était même pas des défauts. Mais aux yeux des autres, elle avait forcément des défauts. Des défauts que moi, j'adorais, et j'acceptais. Oui, j'aimais énormément Saehee. Elle était toute ma vie, elle occupait sans cesse mes pensées. Encore aujourd'hui, elle le faisait. Elle ne s'effacera jamais de ma mémoire, je me rappellerais sans cesse d'elle. Parce que c'était elle, qui me faisait vivre. J'écarquillai des yeux quand Minah énonça que ce n'était pas de ma faute, ni parce que j'étais arrivé en retard. Ce n'était la faute de personne. Je ne l'avais même pas mentionné dans mon récit, comment pouvait-elle savoir que c'était ce qui me rongeait jusqu'aux os ? Si elle avait pu deviner ça, elle n'était pas banale, Minah. Définitivement pas. Je me demandais si c'était une qualité ou un défaut. Si elle avait été banale, elle serait venue me voir uniquement pour passer le temps. Or, elle ne l'était pas. Et c'était pourquoi elle voulait m'aider. Sans raison particulière. Elle continua sur sa lancée tout de suite après. « A quoi bon pleurer, peu importe le nombre de larmes que je laisse couler, elles ne prendront jamais sa forme pour la faire revenir, elles ne feront que refléter son souvenir. » C'était ce que je me disais il y avait quelques minutes. Au final, pleurer, ça ne me soulageait même plus. Pleurer ne me rendait que dans un état plus pitoyable, et je me sentais misérable. Mais lorsque je ne pleurais pas, je me sentais aussi misérable. Cela voulait dire que j'étais vraiment dénué d'émotions, que sa mort ne me faisait plus rien. Je refusais de l'accepter. Ce n'était pas la réalité. Loin de là.
Au fur et à mesure de ses phrases, je commençais à comprendre de mieux en mieux ce que je devais faire. En effet, ce qu'elle me disait n'était finalement pas une contradiction. Je devais aller mieux pour que j'aille mieux, non pour que mes proches aillent mieux. Bien que ça ait une même conclusion, ce n'était pas la même chose. Mes proches iront mieux si seulement moi, j'allais mieux. Comme toujours, elle avait raison. Je ne devais pas m'handicaper pour ça. Rester à quatre pattes toute sa vie, ce n'était pas une très belle vision. Ça arrivait à tout le monde, de tomber. Pourtant, les autres, ils arrivaient bien à se relever. Personne ne restait allongé après être tombé. On ne restait pas éternellement allongé, on se relevait, parfois en pleurant parce que ça faisait mal, parfois en riant parce que la chute était ridicule, parfois en rougissant parce que c'était gênant. Peu importe les sentiments juste après la chute, on se relevait toujours. Si on allait dans la rue, personne ne restait allongé après une chute. Et personne ne restait éternellement à rire, à pleurer ou à rougir après une chute. Cependant, si on voulait rester allongé pour toujours, alors c'était possible. On ne retomberait plus jamais, mais les émotions étaient déjà parties. Le rire, la tristesse, la gêne, tous ces sentiments étaient déjà partis. Et c'était ainsi que j'étais devenu une coquille vide d'émotions. Parce que moi, je restais allongé pour éviter de retomber. Mais tout le monde tombait. Tout le monde tombait, plus ou moins profondément. Ils avaient le courage pour se relever, même après une atroce chute. Ils étaient tous courageux. Moi, je ne l'étais pas. J'étais affreusement peureux. J'avais peur de tomber à nouveau. Mais comment vivre si je ne marchais pas ? Ce n'était pas Saehee qui m'avait appris à vivre ; c'était moi. Elle avait beau me donner cette motivation pour aller de l'avant, au fond, j'avais toujours un cœur pour vivre.
« C'est vrai. » dis-je finalement, après quelques secondes de silence.
C'était vrai, et alors ? J'avais bien compris et assimilé ce qu'elle me disait, mais maintenant ? Il fallait faire quoi ? Marcher ? Et comment ? Cela faisait si longtemps que je n'avais plus marché que je ne savais même plus comment on faisait pour marcher. Comment est-ce qu'on marchait, déjà ?
« Mais je ne sais plus comment marcher. J'ai oublié. » avouai-je en utilisant cette métaphore d'un air sérieux.
J'étais devenu un vrai handicapé sans même m'en rendre compte.
FRIMELDA
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