Ghost

ft. hwang alexander

Le bruit particulier du pinceau sur une toile était la chose la plus apaisante qu’avait jamais entendu Samran. Dans son enfance, sa mère peignait elle aussi de larges toiles, le laissant patoger dans les couleurs à tel point que ses nourrices avaient un mal de chien à le débarbouiller par la suite, pestant et jurant contre les traces de jaunes, des bleus et de vert sur son visage alors qu’il s’amusait de tant d’agitation.
Si pouvoir s’exprimer aussi facilement était une chose qu’il avait toujours aimé, ses souvenirs les plus heureux restaient les moments ou sa mère peignait près de son lit en fredonnant des comptines. Le bruissement léger du pinceau était alors devenu une chose aussi familière que la voix de sa mère, et les bras de son père. Un bruit apaisant, reposant…

Et Samy en avait bien besoin, alors qu’il voyait approcher, le coeur lourd, le 8ème anniversaire de la mort de Yoonjoon et de ses amis.
Les cauchemars se faisaient de plus en plus rapprochés, le tourmentant avec des souvenirs vivaces de l’accident, venant même peser sur ses journées de cours.
Il voyait Yoonjoon partout. Au détour d’un couloir, assis près de lui en cours de psychologie appliquée, devant lui à la cafétéria… Il ne pouvait plus tourner le regard sans voir son souvenir, et le plus douloureux était de savoir qu’il n’était pas là. Qu’il ne faisait que perdre la tête, comme à chaque automne.

Alors il venait ici pour pendre en fin d’après midi, quand tous les étudiants étaient partis pour participer à des activités ou se préparer pour sortir. Il s’installait ici, sur ce même tabouret, et sortait une de ses toiles.
Même si l’actuelle était bien plus récurrente, vu la période. Cette même toile le narguant car il n’arrivait pas à la terminer, comme si y mettre la touche finale était accepter qu’elle ne soit qu’un souvenir.
La photographie épinglée dessus était son modèle : on pouvait y voir une camionnette verte, que Sam conduisait encore. Dans le coffre se trouvaient six jeunes hommes, tous n’étant qu’à peine majeurs, riant aux éclats à une quelconque blague de Yoonjoon, sans aucun doute.

La photographie était magnifique, mais fanée par les années. Il savait qu’il voulait retranscrire ses émotions dans un support qu’il maîtrisait, comme pour avoir la main sur ses émotions qui partaient en vrille en ce moment.
Une douce musique jazz emplissait la pièce baignée du soleil couchant et Samran pensa que Yoonjoon aurait aimé s’installer ici pour le regarder peindre, comme il avait eut l’habitude de faire des années auparavant, après leurs longues journées de cours au lycée.
Son pinceau vint souligner presque comme une caresse l’arrondi d’un visage. De son visage. Il réalisa distraitement en venant froler sa joue, y laissant une trace de peinture verdoyante.

Il ne se rendit pas immédiatement compte qu’on l’observait. Il était habituellement seul à cette heure ci.
Quand il entendit cependant le bruit de deux pots de peinture vide s’entrechoquant, il releva les yeux vers l’intru, un sourire dessiné sur son doux visage.
Sourire qui s'effaça immédiatement en voyant le visage de la personne qui venait de pénétrer dans l’atelier.
Son pinceau lui glissa des mains, tombant au seul avec fracas.

“Yooon...YoonJoon ?” murmura t’il douloureusement.

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ft. hwang alexander

Alexander avait laissé passer tellement d’année depuis la dernière fois qu’il lui avait adressé la parole. Il avait cru pouvoir l’oublier, tourner la page, s’éloigner pour mieux l’effacer de son esprit. Quelle connerie. Il n’avait,  tout au plus, que réussis à le mettre de côté le temps de danser et encore … Il se demandait souvent si Samran pensait à lui comme lui pensait à Samran mais il se forçait toujours de croire que le plus jeune n’avait que faire du frère parfois trop encombrant … Ce jumeau qu’il remarquait à peine tant Yoon Joon prenait de la place. Parfois Alexander pensait réellement avoir une place auprès de Samran mais il devait bien avouer que cette idée était vide abrogé quand il voyait la façon dont Samran regardait Yoon Joon. Alors il avait préféré se détourner, persuadé que son amourette d’adolescent à sens unique finirait par partir. C’était là son plus gros mensonge. Davantage aujourd’hui alors qu’il s'approchait doucement de cette porte de classe. Il finit par entrer et maladroit comme il était cogna contre un pot de peinture ... Comme entrée on pouvait faire plus discret ... Il soupire et frotte sa nuque avant d'esquissé un sourire désolé "non ... Yoon Jae."

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ft. hwang alexander

Il n’était en vérité pas rare que le jeune thailandais voie le visage familier de Yoonjoon. Pour être honnête, il semblait le suivre partout, veillant sur chacun de ses mouvements, le hantant et le protégeant en même temps. Le plus souvent, ce n’est qu’une présence spectrale, la sensation d’être poussé et soulevé pour avancer, plus quand les visions se faisaient de plus en pénible, alors Yoonjoon pouvait lui parler, comme si il était encore là, avec lui, à le surveiller constamment.
Le jeune homme savait que son cerveau ne faisait que de compenser la perte de personnes autour desquelles sa vie avait toujours gravité, comme un consensus universel. Il était terrifié de les perdre, terrifié de les voir disparaitre finalement totalement de sa vie, alors ces visions étaient finalement aussi rassurantes qu’inquiétantes.

Aujourd’hui, pourtant, c’était différent. Le garçon qui se tenait devant lui n’était pas une projection de l’image qu’il se faisait de Yoonjoon, une image restée coincée à ses dix sept ans. C’était pourtant quelqu’un qui lui ressemblait énormément : il semblait plus vieux, ses yeux plus marqués par l’inquiétude. Il était aussi plus grand encore que l’avait déjà été Yoonjoon à dix sept ans. Les couleurs orangées de ses cheveux était définitivement différentes de celle que portait le Yoonjoon de ses souvenirs. Et pourtant, c’est un visage qu’il reconnaitrait entre mille.
"non ... Yoon Jae."

Soudainement, Thaksin réalisa. Yoon Jae. Evidemment. Le double parfait de Yoon Joon qui avait été présence discrète dans sa vie jusqu’à ce qu’il quitte le pays et coupe tout contact avec sa vie d’avant. Yoon Jae...le jumeau de Yoon Joon.
Les émotions qui l’assaillirent étaient contradictoires. Il avait envie de lui crier dessus pour avoir fuit et laissé seul après la mort de son frère et de leurs amis. Mais il avait envie de le prendre dans ses bras, et cette envie l’emportant sur tout le reste.

En quelques secondes, Thaksin avait traversé la pièce pour se blottir contre Yoon Jae, sans aucune timidité, comme si ils étaient revenus 7 longues années en arrière. “Idiot…” murmure t’il, lâchant un sanglot. “Tu n’as jamais appelé…”

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ft. hwang alexander

Il en avait le cœur qui battait à tout rompre. Les traits de Samran avait murit, et il lui semblait plus beau encore que dans ses souvenirs. Il ne sait s’il doit s’approcher ou non, craignant de le voir faire un malaise il ne sait comment réagir. Il opte pour la solution de facilité. Il glisse ses mains dans ses poches et le fixe une ombre coupable se dessinant sur le visage. Il n’a jamais voulu le mettre dans un état pareil et il s’en voulait d’être venu. Pourtant il ne regrettait pas, parce qu’il avait besoin de le voir… bêtement il se demandait si Samran se souviendrait de lui … il ne lui fallut que quelques secondes pour avoir sa réponse et réaliser. Réaliser que Samran se souvenait de lui et qu’il était Yoon Jae à ses yeux … Alors qu’il se jette à son cou Alexander sent l’émotion le gagner, beaucoup plus que prévu. Il niche son visage dans le creux de son cou et le serre plus fort qu’il ne le devrait. « J’pouvais pas … » souffle-t-il faiblement en refusant de le lâcher. Au-delà du simple fait que Samran l’avait pris dans ses bras, Yoon Jae comprenait que pour la première fois en 7 ans, ce n’était pas Yoon Joon qu’on cherchait à travers lui … "J'suis désolé ..." murmure t il en caressant la nuque de Samran d'un air entendu ... 

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Voir Yoonjae sur le pas la porte de son atelier, c’était comme un rêve. Beau et impossible. Le jeune homme avait toujours aimé le jumeau, plus calme et composé, de son meilleur ami. Égoïstement, il aurait espéré que YoonJae reste, reste pour l’aider à affronter tout ca. Et il était parti pourtant. Pendant un long moment, Samran avait cru qu’il était l’une des très rares personnes à lui en vouloir, à estimer qu’il aurait dû faire quelque chose, n’importe quoi pour essayer de les sauver. Pire, qu’il aurait dû mourir avec eux.
Quand le jeune homme le serra dans ses bras, Samy se rendit compte que ce n’était peut être pas aussi simple. Qu’il y avait sans aucun doute une autre explication à tout ça, et que maintenant, Yoon Jae était bel et bien là, devant lui. C’était beaucoup pour le coeur frêle du jeune homme, qui sentit les sanglots serrer sa gorge, et ses yeux le bruler.

« J’pouvais pas … » Le jeune homme renifla dans son cou. Sans beaucoup de succès. De grosses larmes roulaient sur ses joues, à présent, témoignage de toutes les pensées et les émotions qu’il avait accumulé. "J'suis désolé ..."
Le thaïlandais donna un léger coup sur son torse. “Idiot, idiot…” suffit de plusieurs autres, tous bien trop faible pour lui faire mal.


“Je me suis fait un sang d’encre...j’ai… j’ai cru que.”
Que tu étais allé le rejoindre ? Il savait exactement ce que ca faisait d’imaginer, de se demander si YoonJoon l'attendait, si il dérapait, si il mettait fin à tout ça. Ce serait tellement facile. La vie était si fragile.
Il resta blotti contre lui un long moment, de léger sanglot secouant son dos alors qu’il s’aggripait au plus vieux, comme si il avait peur de le voir disparaitre.
“Je pensais que tu me détestais...Yoon Jae…”

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ft. hwang alexander

Il ne saurait décrire toute l’émotion qui le saisit en serrant Samran dans ses bras. Il se revoit gamin amoureux zieutant vers son crush. Des deux jumeaux, Alexander était celui qui était le plus remplie d’assurance et de prestance pourtant quand les trois garçons étaient réunis il ne semblait plus exister. Pas suffisamment à ses yeux en tout cas. Il avait fini par céder sa place et partir vivre en Angleterre. Il n’était revenu que pour convaincre son frère de le suivre et pour revoir ses parents. Leur dispute aura été la dernière chose qu’Alec aura fait avec son frère … Chaque jour il regrette son égoïsme et d’avoir été  si jaloux qu’il était prêt à le séparer de l’homme qu’il aimait … parce que oui Yoon Joon aimait Samran et qu’il comptait bien lui dire … Yoon Jae savait qu’à l’instant où Sam connaitrait les sentiments de son jumeau à son égard il n’aurait plus jamais aucune chance avec le plus jeune. Mais comment pouvait-il les empêcher d’être ensemble … ? Ca restait encore douloureux à imaginer. Les larmes du garçon le sont encore plus. Il encaisse faiblement les coups à peine douloureux du plus jeune et soupire en resserrant sa prise. « Tu as cru quoi … ? » il secoue la tête et relève son visage vers lui, exprimant une certaine surprise « Que je te déteste … ? Mais pourquoi donc ?! » Jamais l’idée de lui en vouloir ne lui avait traversé l’esprit, mais son silence était aussi dû au fait qu’il avait honte … honte de ne pas être venu le voir plus souvent, honte d’avoir fui après l’avoir vu à l’hôpital.  Honte d’avoir été lâche avec lui … « Ne dis pas de bêtises … » souffle-t-il. Je n’ai pas arrêté de penser à toi … se retient-il de dire de justesse. 

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ft. hwang alexander

Sentir les bras de Yoon Jae autour de lui lui donnait la sensation d’être enfin chez lui après des années à chercher son chemin. C’était étrange, pourtant. Il n’avait jamais été aussi proche de Yoon Jae que de Yoon Joon, et pourtant, malgré les sept longues années qui étaient passées depuis leur dernière rencontre, c’était comme ils ne s’étaient jamais quitté. Comme si ils étaient tous les deux liés par des liens encore plus forts que le sang : le deuil. Tous les deux avaient perdu une partie essentielle de leur vie, des années auparavant. Ce n’était pas une chose de laquelle on pouvait se remettre. Encore plus dans la situation d’Alec, bien que Samy n’en savait rien, pour le moment.

“Tu as cru quoi ?” Samy secoue la tête et ne dit rien. Il n’était pas encore prêt à parler de ca. Cela voudrait forcément dire qu’il était prêt à parler des difficultés qu’il avait eu à reconstruire sa vie, mais c’était comme si ses sentiments ne voulaient pas sortir par des phrases cohérentes.
Heureusement, YoonJae sembla plus perturbé parce qu’il dit par la suite.
“Que je te déteste…? Mais pourquoi donc ?”
Samran enfouit de nouveau son visage dans son épaule en tremblant, sentant l’angoisse de le voir furieux contre lui s’échapper par tous ses pores. Il ravala ses larmes et murmura.
“J’aurais pu le sauver… J’aurais pu les sauver… si seulement j’avais été plus malin...plus rapide…”

Ses paroles se firent de plus en plus incompréhensibles, se mélangeant avec son thailandais natal, et il finit finalement par se taire et se détacher du jeune homme, passant sa main sur son visage rosit par les larmes, se couvrant les joues de traces de peinture.
“Ne dis pas de bêtises…” Finalement, le jeune homme finit par sourire sincèrement, quelques larmes glissant encore sur ses joues. “Tu m’as manqué…” murmure t’il.

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ft. hwang alexander

Ses mots lui font mal. Parce qu’il réalise la culpabilité que porte Sam Ran sur ses épaules depuis le meurtre de ses amis. Alec retient un soupire et le serre un peu plus fort contre lui. Son parfum lui serre le cœur et lui rappelle malgré lui de nombreux souvenirs. Samran semblait ne pas avoir changé, si peu et tant à la fois … les traits de son visage s’étaient creusés alors qu’il semblait plus … triste ? Oui, lui qui souriait tout le temps semblait avoir perdu cette joie de vivre qu’il avait plus jeune. Pas autant dirons-nous … le cœur d’Alec se pince et il caresse sa nuque avec douceur ayant du mal à le laisser repartir … Il le laisse toutefois se détacher et viens lui essuyer les joues de lui-même. « Tu n’aurais rien pu faire … » murmure-t-il en lui relevant le visage vers lui. « Ce n’est pas ta faute Samran … » Mais est-ce que quelqu’un lui avait déjà dit ces mots ? Qui aurait eu le courage de faire prendre conscience à Samran qu’il n’aurait réellement rien pu faire, que tout est arrivé bien trop vite pour qu’il puisse anticiper … Alexander n’a jamais eu le courage de lui demander des détails sur la mort de son frère, peut-être que de connaitre les derniers instants de sa vie ne rendrait sa mort que plus concrète, chose que le plus vieux n’avait toujours pas accepté. Les années avaient beaux passer Alexander n’arrivait pas encore à se dire que son frère ne viendra plus.  Ils ne fêtent ni Noël, ni les anniversaire, c’est presque si Alexander a oublié l’âge qu’il a réellement … Il essuie sa joue de sa manche pour effacer ses larmes. «  ca va aller ? » murmure-t-il avec un sourire doux. Alexander réalise qu’il n’a pas pleuré depuis … depuis des années. Même à la mort de son fort les larmes ont refusé de couler. Bloqué, coincé, dans ses émotions, le garçon avait tenté désespérément de continuer d’avancer et il s’était persuadé que s’il craquait, il ne pourrait plus se relever. Alors il n’avait pas craqué. Il déglutit en foulant le sol pour regarder les peintures que le jeune homme était en train de faire sécher. « Toujours aussi doué pour la peinture à ce que je vois … » sourit-il. Une façon de mentionner le passé pour mieux se rappeler d’eux enfants, quand ils étaient encore innocents … quand tout allait … bien ? Tout du moins pour Samran. Tu m’as manqué … Il se fige à ses mots et fait tomber malgré lui un pot de peinture au sol avant de bafouiller des excuses maladroitement. Il se met à ramasser et rougie en épongeant le sol. « Qu’est-ce que tu deviens .. ? » souffle-t-il pour se donner une contenance. Il redoutait pourtant le et toi, mais il avait besoin de savoir ce que devenait Samran … 

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ft. hwang alexander

Personne n’avait jamais réellement accusé Samran de quoi que ce soit. Il avait été évident pour les enquêteurs qu’il avait été victime de l’incident, comme les autres. Rien de plus, rien de moins. Quand il s’était réveillé de son coma, l’affaire avait déjà été classée, et la télévision parlait encore d’eux comme d’un gang de voyou qui ne semblait avoir eu que ce qu’ils avaient mérité, pouvoir avoir joué avec le feu. Parfois...Parfois il aurait aimé qu’on l’accuse, simplement pour qu’on lui aie donné le droit de s’exprimer.

Il avait eu beau hurler, crier, tenter de raconter leur histoire...ca n’avait jamais été ce que les gens voulaient entendre. Pourquoi s’embarasser de détails quand on avait une tragédie et des coupables tout trouvés ? Pourquoi inquiéter les habitants du quartier quand on pouvait simplement dire que les voyous étaient morts ?
« Tu n’aurais rien pu faire … » Thaksin fronce les sourcils, sentant les émotions former une boule douloureuse dans sa gorge. Alexander ressemblait tellement à son frère… et était pourtant si différent. « Ce n’est pas ta faute Samran … »

Le jeune homme sourit tristement. Il savait...qu’il aurait put faire bien plus. Il ne savait pas comment, et il savait qu’il n’aurait peut être pas pu sauver son meilleur ami, mais quelque chose en lui ne semblait pas encore totalement remis en place. Il laisse cependant le jeune homme se détacher de lui sans argumenter. C’était la première fois qu’il voyait Alexander depuis de longues années. Il n’allait pas l'accueillir avec ses états d’âmes.
« ca va aller ? » Thaksin acquiesça simplement, tapotant ses yeux encore mouillés. Il avait toujours aimé quelqu’un de sensible et d’émotif. Il n’en avait évidemment pas honte, mais depuis la mort de Yoonjoon, cela semblait s’être amplifié. Il s’écarta pour laisser le jeune homme déambuler dans son atelier, observant les toiles les plus récentes du jeune peintre.
« Toujours aussi doué pour la peinture à ce que je vois … »

“J’essaie.” murmure le jeune homme. “Tu étais un très bon modèle, à l’époque. Tu l’es encore plus maintenant, regardes toi, on dirait une de ces idoles qu’on voit à la télévision.” commenta t’il avec une innocence tout à fait ironique, mais avec sincérité, ses grands yeux de biches se transformant en croissants de lune. “Tu es magnifique.”
Le peintre eut un petit rire en voyant son compagnon se prendre les pieds dans un pot de peinture, en renversant une partie de son contenu sur le sol. Alec avait toujours eu du mal à coordonner ses grands bras et ses grandes jambes. Un trait qu’il partageait avec Yoonjoon, qui avait toujours compensé par la danse.

Le jeune homme vint lui aussi prendre une éponge, et s’accroupit en face de son ami d’enfance pour nettoyer.
« Qu’est-ce que tu deviens .. ? » Samran releva le visage vers lui, souriant légèrement.
“Comme tu vois, je peins toujours.” fit t’il doucement. L’une des choses qu’il n’avait pas abandonné depuis la mort de ses meilleurs amis. “J’étudie en deuxième année de master de psychologie, ici. Je me spécialise en artothérapie…” Il soupira finalement, observant son sol maintenant à nouveau propre.

“Ce n’est pas grand chose mais…. j’aime ce que je fais.” avoua t’il. “Et toi, Yoon Jae ? Qu’est ce que tu deviens ?”
Il s’approcha et vint prendre les mains du garçon, les essuyant avec une douceur inouie.

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Un bon modèle ? Ce n’était qu’à ces rares occasions où il pouvait le regarder à l’en dévorer sans trop attirer l’attention sur lui … Bien qu’il y ait souvent Yoon Joon qui soit avec eux. Yoon Jae avait littéralement pu assister à la naissance de leur histoire. Il celui qui attendait qu’on le remarque quand Samran n’avait de yeux que pour le jumeau. Mais comment lui en vouloir ? Yoon Joon était le plus lumineux des deux. Le plus drôle, le plus étincelant. Lui aussi ne se serait jamais choisi. Il fallait l’admettre, Yoon Joon savait comment donner le sourire aux autres. Yoon Jae restait bien trop discret, timide, toujours agacé quand on lui faisait remarquer que sa fossette était craquante … Elle ne voulait pas être craquant, il voulait être … à Samran. Mais il avait vite abandonné, trop vite peut-être ? Pourtant il avait cru, après cette soirée passée à discuter avec Samran sur le toit de l’école, qu’ils avaient avancés, qu’il aurait pu … marquer quelques points de plus. Il pensait qu’en voyant Samran poser sa tête sur son épaule il avait pu lui plaire un peu plus … Pourtant le lendemain c’est avec Yoon Joon qu’il a mangé, c’est au cou de Yoon Joon qu’il a sauté en riant dont ne sait quelle blague dont son frère était le roi … Ce jour-là Yoon Jae s’est convaincu qu’il n’était que le bon ami et il avait plié bagages les semaines suivantes pour vivre en Angleterre avec son oncle. Quelques mois plus tard son frère mourrait.

 

Yoon Jae  baisse les yeux tristement quand il lui parle d’idole … parce qu’il savait ce que penserait Samran s’il savait la vérité. Il ne préférait rien dire pour l’instant … La vérité viendrait éclater bien trop vite et il avait peur de sa réaction. « Ne dis pas de bêtise » souffle-t-il simplement en rougissant. Il l’écoute tout en lavant sa maladresse et se stop en levant les yeux vers lui. « Vraiment ? Pourquoi la psychologie ? » Souffle-t-il comme si finalement il connaissait déjà la réponse. « Je ne connais pas ce mode de thérapie mais je suis persuadé que tes patients s’en sortiront parfaitement avec toi … » Parce que Samran avait cette aura apaisante et douce, bien qu’elle soit très nettement assombrie et que son regard ne brillait plus … C’était déjà énorme de pouvoir aimer ce qu’il faisait … il devait s’accrocher et avancer … comme Yoon Jae avait avancé. Il se fige quand il l’appelle par son prénom et n’arrive pas à cacher son trouble. C’était la première fois en 5 ans que quelqu’un l’appelait par son vrai nom. Il n’eut pas le courage ni l’envie de lui dire qu’il avait désormais changé pour s’appeler Alexander. Il relève doucement les yeux vers Samran avant de dire simplement « Je … je suis mon chemin. » il se redresse pour aller éponger sa lavette et fuir sans doute la conversation. « Désolé d’en avoir mis partout … tu remarqueras que ma maladresse n’a pas changé. » tente-t-il de plaisanter en rinçant ses mains couvertes de peintures dans un léger rire. Il se tourne ensuite vers lui, mordillant ses lèvres sans trop savoir quoi dire. « Je suis désolé … de pas être revenu avant … j’y arrivais pas. » avoue-t-il sans savoir si Samran lui en voulait ou s’il pouvait lui pardonner.