Ghost

ft. hwang alexander

Yoonjoon et son frère avaient toujours été aussi différents que pouvaient l’être des jumeaux. Et bien qu’ils partageaient le même visage, Samran n’avait jamais eu aucun mal à distinguer l’un de l’autre. Chacun d’eux était magnifique à sa manière, deux étoiles qui avaient brillé dans son ciel pendant de longues années : comme un soleil et une lune lui permettant de rester dans son axe de gravité.
Samran avait toujours aimé la présence apaisante de Yoonjae derrière lui : bien évidemment, ils n’avaient pas toujours vécu dans les mêmes cercles sociaux. Mais Samran aurait aimé avoir le soutien de Yoonjae. Il aurait donné tout ce qu’il avait pour retrouver ces bras alors qu’il tentait de faire le deuil de personnes qui avaient fait de lui ce qu’il était.

Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il était heureux de le savoir de retour à présent. Mais pour combien de temps ?
“ Ne dis pas de bêtise “ Samran sourit avec douceur. “Je suis sincère.” Les frères avaient souvent été ses modèles favoris, et Yoonjae avait bien grandi : il avait perdu un peu de son air dégingandé au profit de bras musclés et d’une taille qui aurait facilement amené des rougeurs sur ses joues.
À l'évocation de ses études actuelle, Yoonjae semble surpris. Il faut dire qu’à l’époque où ils s’étaient séparés, la psychologie était loin de l'intéresser, lui qui rêvait de vivre de son art. « Vraiment ? Pourquoi la psychologie ? »

Samran soupira doucement, passant ses doigts dans ses cheveux et se rappelant de la première fois qu’il avait compris qu’il voulait faire le bien autour de lui au travers de cet art qu’il aimait tellement. Ce jour où il avait vu un enfant parler après des mois de silence radio après avoir vu sa mère mourir, après avoir écouté des histoires qui lui faisaient comprendre que les médecins n’étaient pas seulement la pour soulager les douleurs physiques, mais aussi les douleurs psychologiques et bien réelles.
Il comprit qu’il n’avait pas besoin de se cacher avec Yoonjae. Il savait que le jeune homme avait vécu la même chose que lui.
“J’ai...eu des moments difficiles, après l’accident. J’ai eu besoin d’aide… Je me suis rendu compte ce que c’était et le bien que les psychologues pouvaient faire, alors je me suis dit qu’il fallait que je partage ça. Au début, c’était un peu comme une façon de rendre l’aide qu'on m'a donné...puis j’ai fini par vraiment aimer ça.” Avoua t’il, les joues rosissantes. Ça faisait du bien de pouvoir parler aussi franchement à quelqu’un.

« Je ne connais pas ce mode de thérapie mais je suis persuadé que tes patients s’en sortiront parfaitement avec toi … » Samran lui accorda son plus gros sourire. Il l’espérait. Il vivait et trouvait son inspiration au travers du bonheur des autres. « Je … je suis mon chemin. » Samran s’approcha de lui et posa ses mains sur les siennes, lui prenant doucement l’éponge des mains. “Ne t’inquiète pas…” fit t’il avec un doux sourire. « Désolé d’en avoir mis partout … tu remarqueras que ma maladresse n’a pas changé. » Samran rit doucement. Le jeune homme n’avait jamais été doté d’une grâce particulière, une des seules choses qu’il partageait avec Yoonjoon. L’un comme l’autre avaient trop vite grandi et s'étaient retrouvés à ne pas vraiment savoir comment maîtriser à leurs membres trop grands pour leur corps. « Je suis désolé … de pas être revenu avant … j’y arrivais pas. »
Le jeune homme sourit doucement, l’air visiblement mélancolique. “Honnêtement, je t’en ai voulu, au début...Puis je me suis rendu compte que si j’avais pu, j’aurais fait la même chose. Je serais parti…” Il déposa l'éponge correctement lavée dans l’évier et se tourna vers lui. “Tout me le rappelle...il me manque tellement tu sais… mais j’ai compris qu’il fallait que j'avance, pour eux. Ils méritent qu’on vive ce qu’on leur a retiré.” Il s’approcha de Yoonjae, posant sa main sur son épaule. “Je ne vais pas te dire que je n'aurais pas aimé que tu sois là… j’aurais eu besoin… j’aurais eu besoin de toi. Mais je ne t’en veux pas, je comprends.”

Il se dressa sur la pointe des pieds et vint embrasser sa joue, frôlant légèrement sa peau de ses lèvres, les yeux fermés. Il ouvrit les yeux et les plongea dans ceux du plus vieux.
“Tu restes, n’est ce pas ?” Murmura t'il. “Tu n’es pas simplement venu me dire au revoir, n’est ce pas ?” Le jeune homme semble inquiet et plein d’espoir. “On a tant d’années à rattraper, Yoonjae…”

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C’est normal qu’il lui en veuille, qui ne l’aurait pas fait ? Il l’avait abandonné, prit la fuite, choisi la facilité. Il s’était renfermé sur lui, sur ses mensonges, il avait voulu protéger sa mère,  enterré Yoon Jae pour que le monde soit moins en deuil … Il avait quitté celui qu’il était à ses 16 ans, et parce qu’il n’était qu’un gosse, il n’a pas su comment réagir. Il a eu peur, soudainement sa vie s’était effondré et même s’il en avait si longtemps voulu à son frère de l’éclipser comme il le faisait, il savait dans le fond que Yoon Joon ne le faisait pas exprès et qu’il ne mérite certainement pas de mourir … Yoon Jae avait ce vide constant dans sa poitrine et il aurait donné n’importe quoi pour le retrouver, le savoir en vie … Il aurait même donné sa place ce jour-là … L’idée que son frère puisse être désormais poussière le torturait chaque nuit. Il avait écrit tant de texte à ce sujet, cette sensation qui le tenait réveillé la nuit, culpabilité qui ne s’était jamais tarit … I en avait tellement voulu à son frère de lui voler le garçon dont il tombait amoureux qu’il en avait oublié l’important. La famille avant tout. Il s’était cru éternel auprès de son frère, comme si rien ne pourrait les séparer, et sûrement pas la mort. Ils avaient passé tellement de nuit à imaginer leur avenir, à se demander comment vivrait l’autre à la mort d’un des jumeaux. Ils s’étaient imaginés vieux après avoir vécu leur vie … certainement pas à l’aube de leur jeunesse. Il déglutit en entendant les paroles du jeune homme. Il a raison pensa-t-il tristement en se retenant de s’excuser encore. Ça ne servirait à rien de toute façon, les mots pouvaient bien se dire, s’entendre et se répéter, rien ne pourrait remplacer les actions. Alexander se sentait si désolé maintenant qu’il retrouvait ce visage dévasté de chagrin et qu’il l’entendait lui avouer qu’il avait besoin de lui. Pourtant cette idée lui paraissait folle. Avait-il réellement besoin de lui ? Ou avait-il besoin de retrouver Yoon Joon sous les traits du Pyobeom ? Alexander avait du mal à se dissocier de Yoon Joon et pensait que les gens ne voyaient à travers lui que son défunt frère jumeau … Pourtant, au contact de ce baiser, et à la façon dont Samran avait prononcé son nom Yoon Jae se sentait plus vivant que jamais. Il l’enlace brusquement et le serre contre lui en caressant sa nuque. « Je ne pars plus … je te le promets. » dit-il d’un air grave et tendre. « Je ne pars plus … » il niche son visage dans le creux de son cou et parce que l’émotion le gagne et qu’il ne peut retenir ses mots … « J’ai pensé à toi chaque jour depuis que je suis parti … Chaque jour Samran. » il caresse sa nuque avant de l’écarter juste assez pour pouvoir plonger son regard dans le sien. Il est hypnotisé par son regard noisette et cette bouche délicate et fine. Le temps semble s’être figé alors qu’il déglutit et retient son souffle. « J’ai jamais cessé de … » de quoi Alec ? De l’aimer ? De penser à lui ? De vouloir le retrouver ? De rêver de ses lèvres … ? Il ne trouvera jamais le courage de lui dire tout ça pourtant … pourtant c’est plus fort que Yoon Jae. Il se rapproche de Samran dangereusement, l’attrait de ses lèvres est si irrésistible qu’il arrête de réfléchir. Il aura bien le temps de le regretter plus tard … tout se passe vite, et pourtant il a l’impression que le temps s’est arrêté. Il ferme les yeux près à l’embrasser, sans même savoir si c’était un bien ou un mal. C’est alors qu’un pot de peinture, encore un décidément, tombe au sol dans un fracas qui le fait sursauter. Un étudiant rougissant se tient devant eux sans savoir s’il avait fait quelques chose de mal à les interrompre. Alexander se recule brusquement en bafouillant quelques choses d’incompréhensibles et se précipite sur le garçon. « Je vais t’aider à nettoyer attends ! » Mon dieu qu’allait-il faire … ?

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Samran avait compris qu’en vouloir et resté figé dans sa colère ne servait à rien. Quelque part entre la mort de Yoonjoon et quelques années après, il avait compris qu’il ne faisait que s’épuiser, et que son meilleur ami aurait voulu le voir sourire à nouveau. Alors il s’était débarrassé de sa colère. Ce n’était pas facile, mais le pinceau avait parlé pour lui. Il avait parlé pour lui et avait tâché des toiles blanches de ses émotions négatives, les transformant en quelque chose de positif, de coloré.
Samy était doué pour ça. Pour prendre une situation et la remodeler jusqu’à ce que ce soit magnifique.
Alec n’avait pas besoin de savoir que parfois il craquait. Parfois, le soir, il pleurait seul dans son lit en se laissant envahir par les hallucinations, berner par son propre coeur et sa propre tête. Parfois, il espérait ne jamais se réveiller.

Il se réveillait toujours.
La dernière fois que sa grand mère l’avait trouvé avec un bandage tout frais sur les poignets, elle n’avait pas été dupe. Elle avait menacé de le renvoyer en Thailande, chez ses parents.
Il avait arrêté. Ca faisait deux ans, à présent. Parfois, quand il était au plus mal, il ressentait à nouveau le besoin, le besoin de faire partir ta douleur. Alors il écrivait sur sa peau des choses qu’il ne pouvait pas dire à voix haute.
Aujourd’hui, il aurait peint un rhododindron. Signe de l’espoir. Car le visage qu’il voyait n’était évidemment pas celui de Yoonjoon, mais il lui faisait se sentir à nouveau compris. Aimé et protégé.

C’était étrange de ressentir ça pour quelqu’un qu’il n’avait pas vu pendant près de 10 ans ?  « Je ne pars plus … je te le promets. » Samran avait envie de le croire, et pourtant, quelque chose, une horrible petite voix, lui disait qu’il ne devrait pas le prendre au mot. « Je ne pars plus … » Il le fait quand même, parce qu’il est idiot. Parce qu’Alec sent la noisette et la peinture, et peu comme son eau de cologne. Ses cheveux sont doux, et il se demande si il serait capable de reproduire leur couleur.
« J’ai pensé à toi chaque jour depuis que je suis parti … Chaque jour Samran. » Samran l’observe et rit doucement, les larmes aux yeux. Parce que c’est sincère, il peut le lire dans ses yeux. “Pourquoi penser à moi…?” murmura t’il. “Pourquoi penser au petit peintre mélancolique, Yoonjae ?” Il y avait tellement de choses auxquelles Yoonjae aurait pu penser.

« J’ai jamais cessé de … » Le jeune homme attendant, la question évidente dans ses yeux, et pendant une seconde, une seconde complètement folle, il pense que Yoonjae pourrait l’embrasser. Et il ne savait pas si il n’aimait pas cette idée. Il n’eut pas le temps de le décider, car un grand fracas les fait sursauter tous les deux, et le peintre se demande si son coeur ne va pas se décrocher. Sous la force de la peur ou de ses sentiments ? « Je vais t’aider à nettoyer attends ! » Samran rit doucement. “Non, Yoonjae, attends.” Il se tourne vers l’étudiant qui les a interrompu. Il est rouge pivoine à présent. C’est Yujin, de son cours d’artothérapie.
“Je...je venais te rapporter la liste des participants au prochaine atelier...Je suis désolé, hyung, je vais ramasser.”
Samran prend la feuille et lui donne un gentil coup sur la tête avant. “Files, je vais m’en occuper. Merci Yujin.”
Le jeune homme rougit violemment et disparaît dans le couloir aussi vite qu’il est venu, et Samran sourit à Alexander, ses dents blanches brillant. “Ne le prends pas mal, Yoonie, mais il vaut mieux que je ramasse ca.” Il se tourna vers l’intérieur de la pièce, et sortit une serpillière du placard. “Tu m’invites à manger une glace ?” Samy l’observe, et il est évidemment qu’il n’est pas habitué à ne pas avoir ce qu’il veut. Mais c’est aussi une offre. Une offre de continuer ce qu’ils avaient commencé.

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Pourquoi penser au petit peintre mélancolique, Yoon Jae ? Parce que tu n’as pas idée de ce que tu as toujours représenté pour moi à envie de lui répondre Yoon Jae. Pourtant ses lèvres restent closent, happées par celles du plus jeune. Il ne réfléchit plus Alexander quand il se penche vers lui et qu’il a envie de ‘l’embrasser. Samran lui donne beaucoup trop l’impression d’être important, d’avoir besoin de lui pour que Yoon Jae oublie son attirance pour lui. Il avait imaginé, en 7 ans, ce qu’aurait pu être leur vie s’il avait finalement osé l’embrasser, rien qu’une fois pour que le thaïlandais comprenne ce qu’il ressentait pour lui. Alexander le fixait, dérouté de réaliser que ce n’était ni six mois, ni même 7 ans qui allait pouvoir effacer ses sentiments pour Samran. Il aurait aimé croire que la distance et l’absence lui fasse oublier le garçon aux yeux brillants. Il avait tort. Tellement tort que ça lui en donnait la gerbe. Il ne pouvait supporter l’idée que malgré les années, il l’aimait comme avant, et même bien plus qu’avant … Finalement l’arrivée de cet étudiant est une bonne chose. Il le coupe, le plaque au sol et l’empêche de faire une connerie. Mais est-ce que c’était réellement une connerie que de le voir prendre enfin son courage à deux mains pour lui avouer enfin après plus de dix que putain je t’aime merde. Il secoue la tête en retenant son souffle alors qu’il se met à nettoyer. Son premier réflexe est de cacher son visage sous sa casquette et de baisser la tête. Il zieute en direction de Samran, réalisant que ces 7 dernières années sont faites de mensonges. Comment le Thaï pourrait comprendre que Yoon Jae utilise le nom d son frère pour se faire une place dans le monde de la musique ? Qu’il s’apprête à devenir idole et réaliser la vie de son frère, réaliser son rêve. Il n’apparaitrait que comme un homme vil et sans valeur, un homme sans moral, un homme détestable. Et Samran aurait bien raison de le fuir et de lui en vouloir. Mais avec les années Yoon Jae s’était interdit de vivre sa vie, il avait fini par ne même plus savoir qui il était réellement. Parfois il se surprenait à penser à lui comme étant Yoon Joon. Son reflet dans le miroir se fanait pour le profit d’un fantôme et son prénom n’avait plus jamais franchit les lèvres de sa mère.  Yoon Jae était mort le jour où Yoon Joon avait disparu. Alexander avait fini par se convaincre qu’il le pensait vraiment, mais il se berçait d’une illusion douloureuse qui lui permettait seulement de mieux tenir. Il craignait juste le jour où Samran lèvera le voile … Il passe une main sur sa nuque et esquisse un sourire à cette proposition. Il le fixe quelques minutes en déglutissant et se redresse en le laissant nettoyer. « Je suppose que je ne peux pas refuser. » dit-il de sa voix cassée en riant légèrement. Une fois que tout est prêt et rangé, il tend sa veste à Samran pour l’aider à l’enfiler et l’entraine dans les couloirs de l’université. « Je viens de m’inscrire … à la Yonsei. » finit-il par dire. « Je voulais que tu l’apprennes de moi. » Parce qu’aussi étrange que a puisse paraitre, Alexander avait envie de lui dire de lui-même et ne pas qu’il l’apprenne en tombant sur lui dans les couloirs ou le voir entouré de groupies. Il passe  une main sur sa nuque. « Je suis installé dans les dortoirs des étudiants de l’école, mais ça craint … Ils ont voulu me donner un colocataire fan de science-fiction, j’ai des panneaux géant dans ma chambre de mec avec des oreilles pointues … genre star trek tu vois le délires ? » se met il a rire en prenant un air faussement offusqué avant de rire en lui racontant combien son colocataire était étrange. Petit génie en science il faisait des expériences assez bizarre qui le réveillait parfois en pleine nuit … Il avait fini par partir au bout de quelques jours. « Faut pas déconner ! » conclut-il en riant. Il avait retrouvé son naturel et son aisance habituel auprès de Samran parlant de façon agité pour le faire rire en mimant son colocataire tout en marchant. Parce qu’il faut l’avouer, le sourire de Samran était la plus belle chose qui soit.

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Pour Samran, évidemment que Yoonjae était toujours le même, au moins pour aujourd'hui. Il était toujours le grand adolescent timide et deguingandé qu’il aimait taquiner et avec qui il aimait flirter. Le Samran du passé n’avait pas été aussi attentionné que celui d’aujourd'hui. Il découvrait seulement son charme et aimait l’utiliser presque innocemment, pour voir sur les autres les réactions qu’il aurait aimé déclencher chez son meilleur ami.
Celui ci le lui avait dit, un jour. Il lui avait dit, l’air un peu renfrogné, qu’il pensait que Yoonjae avait le béguin pour lui. Samran avait poussé cette idée d’un revers de la main en riant.
Peut être qu'il aurait du y regarder de plus près.

Aujourd'hui, peu de personnes pouvaient encore dire non à Samran. Plus que par attirance, la plupart se préoccupaient de lui par pitié, parce qu’il ressemblait à un chiot orphelin.
Il n’avait pas oublié de jouer de son charme. Il était un peu rouillé, mais le sourire charmant qu’il lança à Alexander aurait fait chavirer n’importe qui dans un océan de confusion.
« Je suppose que je ne peux pas refuser. »

Samran rit doucement, de bon coeur, comme si c’était un son qu’il n'émettait pas souvent. “Évidemment que non.” Le jeune peintre entreprit de laver les dégâts qu’avait fait le première année en faisant tomber un pot qui lui avait coûté le tiers de son budget mensuel pour le salle d’art. Il avait encore de la peinture sur lui et sur ses joues, mais les gens qui le connaissaient étaient habitués et il avait décidé que si Alec ne pouvait pas le voir dans son état naturel alors ils ne pourraient pas être amis.
Heureusement le jeune homme ne dit rien alors qu’ils prenaient la direction du campus.
« Je viens de m’inscrire … à la Yonsei. Le jeune homme se tourna vers lui sans être sur si il venait bien d’entendre ce qu’il venait de dire ou si il prenait des désirs pour des réalités. Le regard d’Alec ne fit que lui confirmer. « Je voulais que tu l’apprennes de moi. »

Heureux, Samran sourit. Le voir sur le campus ici ou là était une chose à laquelle il pourrait se faire très facilement. “Dans quel domaine ?” Demanda le plus jeune, rosissant de plaisir. Il se demanda si ils pourraient à se voir souvent, si Yoonjae voudrait étudier ensemble ou peut être faire des soirées jeux vidéos où il le battrait à nouveau a Mario Kart. Étrangement, ça lui donnait envie de se lever le lendemain.

« Je suis installé dans les dortoirs des étudiants de l’école, mais ça craint … Ils ont voulu me donner un colocataire fan de science-fiction, j’ai des panneaux géant dans ma chambre de mec avec des oreilles pointues … genre star trek tu vois le délires ? » Se fut au tour de Samran d’avoir l’air offusqué. Le fan de Star Wars et Star Trek en lui ne pouvant pas accepter ses affirmations. “Hey ! Star Trek c’est très sympa. Je suis même sur que tu n’y a jamais jeté un coup d’oeil. Je me trompe, monsieur Popularité ?” Sourit t’il en lui tapotant doucement le nez. “Il va me falloir refaire ta culture cinématographique.” C’était une proposition, une proposition à passer plus de temps ensemble. Et un peu parce que Samran ne pouvait pas concevoir qu’on ne puisse pas aimer la science fiction.
« Faut pas déconner ! »

Samran avait oublié à quel point il était facile de parler avec Yoonjae. Après des longues années passées loin de l’autre, c’était pourtant comme si ils s’étaient quitté la veille. Et en y regardant, peut être aurait t’il du se méfier. Car plus ce serait facile, plus dure serait la chute.
Ils allèrent dans un petit coffee shop au bord du campus, que Samran aimait particulièrement à cause des petits personnages de dessin animé dans la vitrine. Il prit un frappé et une tarte aux pommes qui était surmontée d’une pâte d’amande en forme d’Hello Kitty.

Satisfait, il vint s’asseoir en face de Yoonjae quand une voix l’interpella. “Hey, Alec !” Il releva la tête et s’apprêta à dire au jeune homme qui s’approchait de leur table qu’il se trompait sûrement sur leur identité, quand il remarqua que le jeune homme regardait Yoonjae.
“Ça va vieux ?” Continua l’inconnu en posant sa main sur l’épaule de son compagnon. “Tu dois être vachement occupé en ce moment avec...enfin, tu vois quoi.”

Samran prit une cuillerée silencieuse de sa tarte, les observant avec une surprise et un intérêt gracieux.

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Yoon Jae se met à rire devant l’air offusqué de Samran, il adorait le taquiner et il connaissait sa grande passion pour la science-fiction, même s’il ne la partageait pas il s’amusait de le voir aussi outré de ses paroles. Son sourire et son simple regard suffisait à Alec pour être à genou et s’il n’avait pas peur de se faire repousser il l’aurait déjà embrassé depuis longtemps. Et c’était dur de marcher à côté de lui et de le regarder rire, de l’entendre parler d’avenir comme si désormais Alec resterait avec lui … il sent une boule se nouer dans sa gorge et il souffle pour la chasser bien qu’il est largement envie de tout lui avouer … Pourtant Yoon Jae savait que ça signerait la fin de leur amitié. Qui pourrait le pardonner pour avoir fait ça … ? Et pourtant pendant une seconde le garçon aurait aimé que Samran voit Yoon Joon en lui et qu’il l’embrasse … tout le monde savait que son frère et le jeune thaïlandais étaient attiré l’un par l’autre, c’était une évidence pour tout le monde sauf pour les concernés. Alexander ne pouvait pas se dire que maintenant il avait sa chance, parce qu’il ne pourrait pas prendre la place de son frère à cette situation, parce qu’il refusait d’être le lot de consolation. Lui, il voulait que Samran l’aime. Qu’il l’aime vraiment. « Art de la scène. » dit-il simplement en frottant sa nuque cachant sa gêne. « Nos départements ne sont pas trop loin je crois. » sourit-il en lui tenant la porte pour le laisser passer en premier.

 

Marcher avec lui dans la rue, plaisanter, ne pas craindre qu’on puisse le reconnaitre lui donnait l’impression que sa vie pouvait être aussi simple que ça. Que Yoon Jae n’était peut-être pas finalement si mort que ça … Un fois arrivée au café Alec garde sa casquette vissée sur ses yeux et regarde la carte concentrée, bien que ses yeux ne cessent d’aller vers le visage de Samran qui commande. Putain il n’a pas changé et mes sentiments non plus. Se dit-il presque tristement. Il soupire et fini par demander un cappuccino et un fondant au chocolat. Il paye pour les deux offrants un sourire doux et gêné à Samran. Il récupère son plateau et se dirige vers sa table. Il garde sa casquette, encore, bien qu’il devrait, pas politesse la poser sur ses genoux. Mais il a bien trop peur qu’une fan lui tombe dessus. Après tout ils ont fait quelques émissions pas très connu mais suffisante pour les fans qui les stan avant leur début. Il grimace en voyant approcher un ancien trainer de l’agence qui avait changé en cours de route pour des raisons personnelles. Il était évident qu’il ne voulait pas parler du début du groupe, vu que cette info était encore non officielle.

 

« Ca va … » dit-il évasif en souriant malgré tout. « Ouais, on fait aller. Ji Ho, je te présente Samran, Samran je te présente Ji Ho. » Il avait hésité à les présenter mais il se sentait mal à l’aise et cette gêne était palpable et bien étrange … Son ancien ami avait eu vent du scandale qui avait reculé le début du groupe et il ne savait pas s’il devait en parler ou non. Alexander coupa court à la conversation avec un poli « On s’appelle plus tard de toute façon ok ? Salut ! » Il lui fait un signe de la main et ses yeux lui criaient de partir, ce que fis le jeune homme avec un petit sourire en coin amusé. « Enchanté Samran, bonne après-midi. » rit il doucement avant de s’éloigner l’air de rien. Yoon Jae soupire et souffle «  démasqué … » il porte son café à ses lèvres et ajoute « Après … ce qui s’est passé … j’ai passé quelques temps en Angleterre. » il marque une pause et ajoute « J’ai changé de nom … j’ai pris Alexander. » il lève à peine ses yeux vers lui craignant sa réaction avant de souffler tout bas «  Je m’appelle Hwang Alexander maintenant … Alec pour les … intimes. » Il ne réalisa pas que sa phrase pouvait prêter à confusion et que ce garçon familier avec lui pouvait alors apparaître aux yeux de Samran comme un ancien amant … 

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Samran et Yoonjoon étaient quelque chose qui se rapprochait du roi et de la reine de leur ancien lycée. Tout le monde les connaissait, tout le monde savait a quel point leur relation était importante et ambiguë, et tout le monde savait une chose avant tout c’est à quel point il était dangereux de s’en prendre à Samran, sachant que Yoonjoon n’hésiterait pas à faire de la vie du coupable un enfer. Samy avait aimé cette sensation. Cette sensation de pouvoir être lui même et protégé. Tout le monde respectait Yoonjoon, terrifiés son air revêche et les rumeurs courant sur lui et sur son gang. Beaucoup de personne n’avaient pas réellement compris ce qui pouvait bien pousser un jeune peintre de bonne famille, doux et silencieux, et un garçon qui aimait provoquer ses professeurs et sécher les cours en fumants des joints sur le toit de l’école, à s’apprécier autant.
Ils n’avaient évidemment pas vu le sourire de Yoonjoon quand il le regardait peindre, ou la façon qu’il avait de passer ses doigts dans ses cheveux quand ils se retrouvaient tous, le soir. Ou encore cet expression qu’il avait quand il écrivait, quand il rappait, et quand il dansait.

Personne ne connaissait vraiment le vrai Yoonjoon, sinon Samy, son frère et ses amis. Aujourd’hui, ils n’étaient plus que deux à savoir qui il avait été, et c’était agréable pour Samran de savoir qu’il pouvait partager ça avec quelqu’un. « Art de la scène. » Samran fut surpris. Il aurait pensé voir Yoonjae se diriger vers ce genre de discipline. Il lui avait toujours semblé plus académique que Yoonjoon. “Vraiment ? Je ne savais pas que tu aimais les arts de la scène.” Il rougit, car il aurait aimé le savoir. Il voulait savoir ce qui passionnait Yoonjae. “Ton frère aurait été heureux de te voir prendre cette voie là.” sourit le jeune homme, pensivement.
« Nos départements ne sont pas trop loin je crois. » Samran se glissa à l’intérieur du coffee shop. L’endroit était calme, vu l’heure, et un étudiant à l’air profondément blasé était assis au comptoir en attendant d’éventuels clients.

Samran avait toujours été avide de sucreries et de pâtisseries. C’était un miracle qu’il n’aie lui même jamais grossis, compte tenue de sa réserve impressionnantes de gâteaux dans sa chambre d’étudiants, qu’il partageait de temps à autre avec son colocataire. Cette passion ne lui venait pas de nulle part.
“Tu te souviens quand tu as essayé de me faire un gâteau d’anniversaire pour mes 16 ans ?” demanda t’il, un large sourire plein de fossettes et d’yeux brillants sur son visage.
La chose avait été un vrai désastre, et la licorne que Yoonjae avait fait ressemblait à une sorte de pokémon effrayant. Yoonjoon avait décidé de ramener un gâteau du boulanger en urgence et tout était redevenu normal.
Samran avait insisté pour manger une part du gâteau monstrueux, malgré le fait qu’il sente le charbon.

Se rappeler de ses souvenirs d’adolescence avec Yoonjae n’avait rien de mélancolique. C’était agréable de voir que le jeune homme n’avait pas changé, et était encore l’adolescent un peu trop intelligent et maladroit qu’il avait quitté sept longues années auparavant. Bien qu’il soit devenu aussi encore plus beau qu’il ne l’était à l’époque. Samran avait des yeux, bien évidemment qu’il l’avait remarqué. Yoonjae ressemblait à un top model.
Il n’eut pas le temps d’y penser plus longtemps, cependant, puisque quelqu’un se présenta à leur table.
Comme Yoonjae, ce jeune homme était grand et semblait avoir passé les dernières années à la salle de sport. Il tenait son cheesecake comme si c’était la première fois qu’il mangeait quelque chose depuis des années.
« Ca va … » Samran laissa échapper son plus magnifique sourire au fameux Ji Ho, qui rougit si violemment que le peintre se serait bien applaudi lui même. Il savait évidemment que ce n’était pas très bien de flirter avec des gens qu’il ne reverrait jamais. Mais Samran était comme ça, il aimait se comporter de manière charmante avec les autres. Il prit sa main dans la sienne et la serra. “Enchanté !”

Pour une raison qui échappait totalement à Samran, le plus vieux semblait distrait et passablement inquiet.
« On s’appelle plus tard de toute façon ok ? Salut ! » Samran trouvait cette façon de faire relativement malpolie, mais il devait avouer qu’il n’était pas faché de pouvoir retrouver Yoonjae en paix, sans avoir à le partager avec un ancien collègue. Le jeune homme fait un dernier signe de la main à Jiho, lui ouvrant un sourire sympathique, et reprenant quelque gorgées pensives de son frappé. « démasqué … » Samran fait une adorable moue. “Je ne sais pas ce que tu voulais me cacher, Yoonjae, mais c’est pas très sympa.”

Il ne semblait pas lui en vouloir, cependant, attendant simplement patiemment des explications sur cette évènement pour le moment étrange.
« Après … ce qui s’est passé … j’ai passé quelques temps en Angleterre. » C’est ce qu’il avait cru comprendre, le peu de fois ou il était retourné chez les parents de Yoonjoon, pour diner, prendre soin de leur mère et trier les affaires de son meilleur ami. Jusque là, il n’y avait rien d’étonnant. « J’ai changé de nom … j’ai pris Alexander. » Oh. Voilà quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas. Bien évidemment, Yoonjae avait été dans son bon droit, les autorités coréennes autorisant un changement de nom à la majorité. Il n’aurait jamais cru voir Yoonjae céder à la tentation. « Je m’appelle Hwang Alexander maintenant … Alec pour les … intimes. » Samran leva les sourcils, ignorant la sensation qu’il avait dans sa poitrine. Cette sensation que quelqu’un venait de lui attraper le coeur pour le briser en mille morceaux.

“Les intimes...huh ?” Samran sourit doucement, l’air entendu. “Tu peux me le dire hein, ce n’est pas moi qui vait te juger.” Comme son idée ne semblait pas avoir atteint le cerveau de son interlocuteur, il sourit à nouveau, mais son regard semblait triste. “Proches...a quel point ?”
Le jeune homme laissa reposer sa paille et souffla. “Je peux … t’appeler Alec, moi aussi ?” Il leva les yeux vers lui, l’observant au travers de ses cils noirs et épais. “Ca te va bien. Alec.”

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ft. hwang alexander

« Il y a plein de choses que tu ne sais pas sur moi. » Souffle le garçon avec un sourire en coin à la fois triste et taquin. Deux émotions qui se bataillaient ardemment en lui. Alec avait dit ça sans animosité ni même rancune, un simple fait que Samran ne pouvait que concéder. Et ce n’était pas seulement parce qu’il avait disparu pendant 7 ans. Il hausse les épaules et souffle «  Ca m’a toujours plu. Les gens ne le savent juste pas. » Il regretta sa formulation, ne voulant pas blesser Samran en le mettant dans la case de ces gens. Il se rattrapa maladroitement en ajoutant « Enfin … Tout le monde remarquait avant le talent de Yoon Joon. » il sourit gêné et change rapidement de sujets. Yoon Joon demandait souvent de l’aide à Yoon Jae pour écrire des textes, des chansons, ce que faisait le plus vieux des deux jumeaux avec plaisir. Il n’avait pas besoin de reconnaissance, il était juste heureux de pouvoir aider son jumeau.

 

 Yoon  Jae se met à grogner faussement boudeur. Bien sûr qu’il s’en souvient de ce gâteau. II avait passé des heures à le faire, la licorne l’avait rendu fou et il ne comprenait pas comment les gens sur le tuto qui suivait, arrivaient à faire des choses magnifiques quand lui s’était retrouvé avec plus de pate à sucre au sol que sur le gâteau. Il s’était pourtant persuadé d’avoir correctement reproduit les mouvements … mais il fallait avouer que son gâteau avait triste mine. Il s’en était voulu. Il avait vraiment fait un effort qui s’était soldé par un échec. Il avait fini par arracher l’assiette que s’était forcé à manger Samran pour lui faire plaisir. Il n’avait pas envie de lui risquer une indigestion alimentaire … Il devait reconnaitre que son frère avait sauvé la situation, comme d’habitude, et qu’il avait offert un gâteau décent à Samran pour son anniversaire. Le dernier tous ensemble.

 

« Pour ma défense c’était la première fois que je faisais un gâteau ! Moi c’était fait main au moins ! » Souffle-t-il faussement boudeur, Alec cache sa tristesse derrière son humour mais il ploie sous la culpabilité d’en avoir tant voulu à Yoon Joon … Parce que Yoon Joon savait toujours tout, il connaissait mieux Samran, allant même jusqu’à savoir des choses auxquelles Alec ne pourrait jamais pouvoir prétendre savoir un jour. Et Yoon Jae avait détesté si fort cette situation, source de si nombreuses chansons qu’il avait pu écrire. Il lâchait sa colère,  sa rage sur son papier qu’il noircissait de stylo. Parfois ça le tenait réveillé jusque tard dans la nuit, luttant contre cette boule qui lui pesait sur le ventre. Sa jalousie qui lui coupait le souffle et qu’il tentait en vain de modérer. Arrête d’être comme ça Jae putain … il n’est pas fait pour toi, ça crève les yeux qu’il l’aime. Qu’il l’aime lui … Parfois Yoon Jae se sentait invisible, pas assez bien, mis de côté mais il aurait été prétentieux de croire qu’il pouvait se faire une place dans cette relation fusionnelle qui unissait Samran à son jumeau. Parfois même Alec ne savait plus si c’était cette relation qu’il enviait, si c’était son frère qui lui manquait ou si c’était Samran qu’il voulait posséder ardemment … un mélange délicat et explosif. Il avait passé son temps à s’éloigner, revenir, repartir, revenir … tâter le terrain, réaliser que rien n’avait changé, repartir …

 

Aujourd’hui il revenait encore, mais il savait au fond de lui qu’il allait devoir repartir. Une fois qu’il aurait découvert son secret Samran refuserait de lui pardonner. Et puis … jamais il ne pourrait prétendre pouvoir voler le cœur de Samran. Il se heurterait à un mur, ou pire … Samran réaliserait que ce n’est pas lui qu’il aime mais le fantôme qui va si souvent les hanter. A cette pensée le garçon secoue la tête et laisse son ami repartir. Il déteste l’expression presque rêveuse sur son visage à sa rencontre avec Samran. Il était toujours aussi magnétique et si lui se laissait prendre aux pièges il était évident que d’autre subissait cette même attraction. Yoon Jae afficha un visage contrarié alors qu’il se met à manger son gâteau. Il ne relève pas la phrase de Samran, s’il savait tout ce qu’il voulait lui cacher, ce n’était pas juste …. Pas sympa, mais ça le thaïlandais avait le temps de le découvrir.

 

Alec était agréablement surpris que Samran relève ce dernier mot plus que son nouveau nom. Il esquisse un sourire avant de rire légèrement.  « Pourquoi tu veux savoir ? » souffle-t-il de sa voix grave laissant la cuillère cogner contre ses dents alors qu’il la retire de sa bouche. Yoon Jae avait fini par jouer un jeu dans le but de plaire au plus grand nombre de personnes. Il jouait le garçon gentil, parfois maladroit même si c’était réellement ce qu’il était, il jouait à la perfection son rôle de leader et d’homme rempli d’assurance alors qu’il paniquait dès qu’une caméra se braquait sur lui. Il jouait si parfaitement son rôle qu’il en oubliait souvent qui il était réellement. « Suffisamment proche pour savoir qui je suis, mais pas assez pour pouvoir retirer mes vêtements. » Il observait l’expression de Samran et ajouta après que le garçon lui ait demandé s’il pouvait l’appeler Alec. « Mais je peux faire une exception. » Il faisait allusion à la seconde partie de sa phrase et se demanda un instant si Samran allait le comprendre.

 

Il suçote sa cuillère et croise le regard du plus vieux quand il prononce ses derniers mots. « Tu ne devrais pas faire ça Samran, ne regarde pas les gens comme ça … »  souffle-t-il troublé avant de réaliser qu’il avait dit tout haut ce qu’il pensait tout bas. Gêné il baisse son visage vers son mi-cuit et se cache sous sa casquette. Il mange un morceau et déglutit. Il ne sait pas quoi dire pour rattraper le coup et son esprit devient de plus en plus blanc … Qu’est-ce qu’il pourrait dire d’autres de toute façon ? Quand tu regardes les gens comme ça on pourrait tomber amoureux de toi, oh attends, c’est déjà fait. Depuis dix ans. Il parait que le ridicule ne tue pas mais il ne fait pas de bien non plus. Pour détourner l’attention il finit par lever brusquement sa cuillère pleine de gâteau vers Samran pour le faire goûter. C’est alors qu’il remarque la petite trace sur les lèvres de son ami qu’il retire naturellement de son pouce. « C’est mieux comme ça. » murmure-t-il en esquissant un sourire doux. 

Ghost

ft. hwang alexander

« Il y a plein de choses que tu ne sais pas sur moi. » Samran l’observe avec douceur, et une pointe de tristesse, aussi. Ils avaient perdu tant d’années, à faire leur deuil de leur coté. Le jeune homme se surprenait à vouloir prendre la main de Yoonjae et d’effacer ses sourcils froncés, et son expression mécontente. Il ne fit que lui prendre la main et nouer ses doigts avec les siens, c’était suffisant pour le moment. “A qui la faute, hm ?” C’était à moitié taquin, à moitié réellement triste. “Monsieur Je disparais pendant sept ans.” Il rit doucement, lui montrant qu’il lui avait pardonné. Ou pas encore complètement. « Ca m’a toujours plu. Les gens ne le savent juste pas. » Sa formulation ne le blessa pas, mais il remonta doucement ses doigts sur son poignet. “Tu devrais te mettre plus en avant.” remarqua Samran tout en sachant bien ce qui avait empêché le jeune homme de briller, toutes ces années. Il n’était dupe, il savait que Yoonjoon brillait parfois si fort, qu’il éclipsait son jumeau.
« Enfin … Tout le monde remarquait avant le talent de Yoon Joon. » Si Yoon Jae pensait qu’il passait inapercu aux yeux de tout le monde, il se trompait. Samran l’avait toujours remarqué. Il avait remarqué le petit intello travailleur et un peu maladroit qui avait toujours prit soin de lui. Il s’en voulait de ne pas avoir suffisamment retourné sa douceur.
“Je suis désolé. Je ...je sais que c’était compliqué de te démarquer de ton frère… Mais si ca te rassure, moi je t’ai toujours remarqué, même pour tes gâteaux trop cuits ou les tasses de thé que tu déposais toujours devant ma porte quand je dormais chez vous. Oui, je sais que c’était toi, fais pas l’innocent.” Il soupira légèrement. “Tout ça pour dire … ne passes pas ta vie à te comparer à lui. Ce n’est pas ce qu’il voudrait.”

L’évocation de son gâteau nucléaire du seizième anniversaire de Samran eut le don de faire réagir Alexander, pour le plus grand amusement de Samran, qui vivait pour taquiner Yoonjae, depuis qu’ils étaient gosses. Ils avaient de longues années à rattraper.
Et à vrai dire, le gâteau de Yoonjae n’avait pas été aussi ignoble. C’était de bons souvenirs, qu’il n’aurait jamais échangé contre un gâteau parfaitement cuisiné. Il tira sur la chaîne qu’il portait à son cou, rappel du bracelet de breloques que YoonJoon avait eu en double. C’était un pendentif élégant, représentant la constellation Cassiopée. “Je ne l’ai jamais retiré.” murmura t’il.
Parfois, quand il s’était retrouvé seul et en colère, alors il avait hésité à jeter le cadeau de Yoon Jae. Mais il ne l’avait jamais fait. Il savait qu’un jour, le jeune homme finirait par lui revenir.

« Pour ma défense c’était la première fois que je faisais un gâteau ! Moi c’était fait main au moins ! »
Samran éclata de rire et tendit la main pour caresser affectueusement sa machoire. C’était si facile… Presque trop, de reprendre ses vieilles habitudes. Il y avait un loup, quelque part. Attendant de dévorer le coeur de Samran. Il le savait, et pourtant il ne pouvait s’en empêcher.
“Il était parfait.” murmure t’il, se perdant dans ses yeux. “Tu as souffert...pas vrai ?” murmure t’il en laissant glisser sa main sur son bras, découvrant les marques de l’encre sur ses bras. Toutes les fleurs dépassant ses manches, autant de douleurs qu’il avait voulu s’infliger.

Ils n’eurent pas le temps de se trouver plus, car un jeune homme vint s’arrêter à leur table, apportant une nouvelle information à l’équation. De toute évidence, Yoonjae ne lui avait pas tout dit. Samran ne lui en voulait pas. Beaucoup de choses pouvaient se passer en 7 ans, et ils ne venaient que de se retrouver.
Sans savoir pourquoi, c’est plutôt la relation entre le fameux JiHo et Alexander qui sembla l’inquiéter, soudainement. Si l’inquiétude se glissant dans son coeur n’était pas si étrange pour le thailandais, il avait compris qu’il avait peur. Il avait peur qu’on lui vole la seule personne qui le comprenait tellement, qui le connaissait mieux que quiconque.

« Pourquoi tu veux savoir ? » Samran l’observe. Observe la façon qu’il a de l’observer, comme si il cherchait à le provoquer gentiment, à lui faire dire des choses qu’il savait déjà au fond de lui. Samran put réaliser à quel point le Yoonjae qu’il avait connu avait changé. Alexander était beau, aussi sur de lui que possible, et terriblement attirant. Samran était connu pour toujours s’approcher beaucoup trop prêt des flammes telles que Yoonjoon, ou son frère.
Ils étaient deux à pouvoir jouer à ce jeu. “Pourquoi aimerais tu que je veuille savoir, Alexander ?” Il fit rouler chacune des syllabes sous ses lèvres, et décida qu’il aimait ce prénom.

« Suffisamment proche pour savoir qui je suis, mais pas assez pour pouvoir retirer mes vêtements. » Une étrange sensation de contentement envahi le coeur de Samran quand il se rendit compte qu’Alec ne l’avait pas laché du regard. Il cligna lentement des yeux, un sourire au coin des lèvres. « Mais je peux faire une exception. » Samran avait compris son allusion. Il n’était pas psychologue pour rien. Il savait lire entre les lignes. Il savait surtout lire entre les lignes de Yoonjae.

Samran soupire, et rive ses yeux dans les siens.
« Tu ne devrais pas faire ça Samran, ne regarde pas les gens comme ça … » Samran éclate d’un petit rire surpris, sentant son coeur se remplir d’affection devant la gêne évidente du jeune homme. Il prit une nouvelle bouchée de son gâteau, l’observant encore. “Comment, Alec ?” demanda t’il doucement, pour sursauter légèrement quand le plus jeune se pencha vers lui pour passer légèrement son pouce sur sa lèvre.
Il sentit une douce chaleur se répandre sur ses joues, et il passa sa langue sur sa lèvre inférieure.
“Tu as beaucoup changé.” murmure Samran. Ce n’est pas un reproche, ni de la peur. De la curiosité. “Avant, tu osais à peine me toucher.” Le thaïlandais l’observe, et il peut voir les longues années de deuil dans ses bras. “Alors que j’ai rêvé que tu me prennes dans tes bras, chaque jour depuis que tu es parti.”

Ghost

ft. hwang alexander

N’était-ce pas là du flirt évident ? Alexander ne cachait pas son jeu bien qu’il optait pour ne approche subtile et qui se voulait discrète. Il n’était pas certain de mener sa tactique à bien mais ça venait si naturellement que s’en était déroutant. D’ordinaire Alexander était plus le genre de mec maladroit, qui trébuchait devant la fille qu’il voulait séduire et qui préférait finalement s’épuiser dans une salle de danse que de draguer une fille. Pourtant quand il était face à Samran tout était différent, tellement différent qu’il réalisa à quel point le temps pourrait passer et que rien ne pourrait changer à ce qu’il ressentait pour le garçon. Il était presque frustré de cette constatation. C’est vrai, il aurait préféré ne plus avoir de sentiments lui, de pouvoir passer à autre chose et voir qu’il avait finalement pu avancer dans sa vie. Pourtant à cet instant il avait l’impression d’être ce gosse de 15 ans et ce retour au passé était trop brutal pour lui. Il se renfrogna presque devant le regard de biche de Samran qui ne semblait pas avoir conscience de ce qu’il disait, de ce qu’il faisait, ni même de ce que pouvait ressentir Yoon Jae. Et malgré lui, parce qu’il préférait fuir que d’affronter ce qui pourrait se passer il souffle « Parce que j’étais celui qui reste ? » demande-t-il plus ironique qu’il ne l’aurait voulu. Il détourne les yeux dès qu’i a prononcé cette phrase, pas spécialement fière de lui … parfois il se demandait si Yoon Joon lui aurait ressemblé autant, si une fois adulte, ils seraient restés aussi similaire.

 

Il aimait penser que oui et parfois il aimait penser que non. Il avait tant désiré sa propre identité et son indépendance qu’il n’aurait jamais cru pouvoir lavoir à la mort de son frère. Yoon Jae avait été tellement bercé par la prestance de son jumeau qu’il avait développé un sentiment d’infériorité qu’il masquait encore aujourd’hui. Tout ce qu’il avait à offrir, et tout ce qu’il offrait à la sueur de ses efforts n’avait pour récompense que son frère bercé d’éloge. Son frère mort. Mais il l’avait choisi ainsi. Il avait choisi d’endosser son rôle, sa vie, son identité … Il avait changé de nom pour ne plus avoir cet écho pressant qui l’étouffait chaque fois qu’il l’entendait. Après quelques secondes il soupire « c’pas c’que j’voulais dire. » il joue avec sa part de cheesecake, il n’a plus vraiment faim mais dans son regard, Samran peut voir que dans le fond il pensait ses mots. Qu’il n’était pas certain que Samran ait eu envie de l’avoir dans ses bras parce qu’il était lui … Sa peine aurait été moindre si ça avait été réellement lui ce jour … tout serait tellement plus simple si c’était lui qui était mort à la place de Yoon Joon. Et c’est cette vérité qui lui brisait le cœur, bien qu’il se persuade tout seul d’une vérité erronée.

 

Il relève ses yeux tristement vers Samran qu’il savait avoir blessé et ne sait comment rattraper ses mauvaises paroles. « C’était sûrement mieux que je ne sois pas là … » avance-t-il prudemment « Tu aurais constamment vu Yoon Joon, ça ne t’aurait pas aidé … » à faire ton deuil. Mais Alexander oubliait souvent que ce jour-là Samran n’avait pas seulement perdu son meilleur ami, mais tous ses amis et qu’il était le seul survivant d’une attaque meurtrière … repoussant doucement son assiette il ajoute d’une voix basse et grave « Je n’aurais pas supporté d’être Yoon Joon à tes yeux aussi …. » et cette confession était si douloureuse même s’il la contenait derrière un air coupable. Il joue avec sa cuillère qu’il fait entre ses mains tremblantes. Sa nervosité est telle qu’il cache la cuillère qu’il tord sous la table en la posant sur ses cuisses. Son visage est presque impassible alors qu’il se venge sur cette cuillère pour se libérer de cette tempête qui fait rage en lui.