Être Kilyane n'est pas de tout repos. On peut facilement perdre la tête lors d'une simple conversation, passant rapidement d'un sujet à l'autre sans même prendre le temps de prendre son souffle. Tantôt excitée, tantôt aussi lente qu'un escargot, il faut être vif en réaction pour entretenir une bonne relation avec elle. Si vous pensez qu'elle dira rouge alors elle dira pomme, voilà le genre de mentalité qu'elle possède. Obsessive est un mot qui lui va bien, peut-importe le sujet - ou même la personne - lorsqu'elle aime, c'est avec toute son âme. On pourrait croire qu'elle ne possède pas toute sa tête, une tarée de chez tarée, vous ne possédez simplement pas le mode d'esprit qu'elle. Menteuse est aussi l'une de ses caractéristiques, peu-importe si vous êtes son frère ou bien la voisine ; il n'y a aucune différence. Ses paroles peuvent très fortement être sorties de nulle part, nul étant son intention de détruire ses relations les plus proches, elle ne mesure simplement pas ses mots. L'arnaque étant un passe-temps, elle et son jumeau s'amuse à manier les scénarios, jouant de leurs langues agiles pour fourber les êtres qui passent dans leur champ de vision. Des pantins pour deux fous. Sans rancunes, ce n'est pas contre vous. Ils aiment simplement avoir un compte bien remplis.Une vraie fouine, la jeune femme ne peut s'empêcher de mettre son nez partout, elle cherche désespérément à connaitre toutes les racontars qui se disent dans les alentours, adorant par-dessus tous les problèmes et les drames. Toutefois, elle est d'une loyauté incontestable, elle ira chercher la lune pour les gens qui lui importe. Kilyane est très territoriale, ses endroits favoris ... mieux ne vaut pas trop s'en approcher, encore moins lorsqu'il est question d'une personne, si c'est son ami ; vous êtes mort. La jeune femme est persuadée de posséder un don pour la voyance, elle tire aux cartes et cherche des réponses dans sa boule de cristal. Elle parle aussi de vision, cherchant ainsi à deviner ce qui en est du futur. Aucune preuve n'as vraiment été de mise, certains parlent de coïncidence et d'autre de satanisme, on peut toutefois dire qu'elle en fait une vraie passion, ayant des centaines de livres sur le sujet. Est-ce un délire de jeunesse, une défaillance mentale ou simplement des mensonges... mhm mhm mhm. Il faut aussi dire qu'elle est très peu pudique, elle ne connaît pas vraiment ce que signifie la moralité. En fait non, elle sait très bien discerner le bien du mal, ayant été éduquée par un pasteur, elle ne compte pas sur ses doigts le nombre de fois qu'elle a dû nettoyer le plancher avec une brosse à dent. Elle prend par-contre un malin plaisir à prodiguer le mal autour d'elle, un peu comme si elle en sentait le besoin. Elle perçoit son arrivée dans cette école comme une damnation, ne désirant absolument pas vivre en corée du sud, elle cherchera désespérément à retourner aux état-unis.

crois-moi, je ne suis pas brisée.

La jeune femme laissa son corps s'enfoncer dans le sofa, sa tête roulant lentement contre son épaule alors qu'une impression de soulagement s'étendait à l'intérieur de son corps soudainement alourdit. Plus rien ne semblait important au final. Que ce soit la propreté de la pièce qui laissait à désirer ou bien les gens louche qui l'entouraient. Des voyous qui rigolaient ensemble dans un recoin. Elle poussa un soupire, étirant mollement ses lèvres dans un sourire mélancolique. Si seulement elle pouvait être dans ce genre d'état à chaque seconde de sa vie. Les choses iraient tellement mieux dans son crâne incohérent. La jeune femme posa son regard en direction des lumières qui clignotaient par moment, un haut le coeur se logeant dans sa gorge. Elle inspira difficilement, une tentative désespérée pour contrôler un symptôme de surdose. Un visage se présenta à elle, les lèvres crispées et les sourcils froncés. Elle se ferait disputer à coup sure. Il murmura quelque chose, haussant un sourcil. Surement des éloges sur le bel état dans lequel elle se trouvait. Toutefois aucun son ne parvenait pas à ses oreilles, comme si le monde entier était sur le mode muet. Il se pencha rapidement. Très rapidement, juste assez pour empirer son état.

Sors d'ici. Prend tes trucs, j'rigole pas.

Kilyane souleva brusquement son petit corps, se penchant vers l'avant pour vomir contre le tapis déjà taché. Une main souleva délicatement ses cheveux alors que l'homme se penchait pour se mettre à son niveau.

Respire Kill. Ton père est en rogne, il te cherche partout... faut partir.

La jeune femme inspira longuement avant de renverser sa tête vers l'arrière, laissant son corps retomber mollement contre le sofa. Un faible sourire étira ses lèvres alors qu'elle se laissait enfin aller. Était-elle un raté de cette nouvelle génération ? Non ... enfin simplement - dirons-nous - qu'elle laissait ses émotions l'imprégner entièrement. C'était une sorte d'impression, quelque chose qui la poussait à vivre plus intensément sa vision de la vie. Elle expira lentement, très lentement. À peine pouvait-on dire qu'elle expirait, c'était à peine audible, à peine visible. Pourtant, elle expira jusqu'à ce qu'il y ait plus aucun once d'aire dans ses poumons, jusqu'à ce qu'elle sente à peine son corps encore vivant, son rythme cardiaque ralentissant de façon radicale. Elle ne voyait plus avec ses yeux, mais effleurait de sa peau hypersensible. Chaque pore de peau s'immergeant d'une sensation divine et incroyable.

Avec elle c'était différent. Bien entendu ce n'était pas accepté, mais c'était son truc à elle. Ses visions avaient toujours été si claire, si facilement interprétées. Mais l'héroïne rendait le tout si précieux, si fascinant. Elle était la vision, comme un hôte d'une révélation un peu trop idéaliste. Les choses qu'elle voyait reflétaient toujours le beau côté de la médaille. Un avenir prometteur dans une tête si confuse. Était-elle raté ? Si seulement vous pouviez imaginer.

«lyane... idiote de lyane »

Un rire s'échappa de ses lèvres, ouvrant à peine ses yeux pour observer son interlocuteur. Le jeune homme ne souriait pas, ne riait pas, ne vivait pas. Il était simplement debout devant elle, à observer la loque qu'elle était. Il n'était pas content visiblement, il n'était jamais heureux visiblement. Elle roula simplement sa tête vers la droite, son regard se posant sur un autre visage familier, un visage plus inquiet ... mais elle savait parfaitement qu'elle n'était pas la cause de cette inquiétude. Son rire redoubla face à la vue de son propre jumeau. Pauvre Lloyd, au final il était malheureusement le seul à lui faire confiance face à sa consommation. Il n'approuvait pas, mais comprenait sa logique. Son malaise venait des gens peu fiables qui les entouraient ... les gens en général lui paraissaient peu fiable pour tout dire.

« lève-toi microbe on doit retourner à la maison ... papa est ... pas très content. Oh ... C'est du sperme à côté de ta tête ? »

Son rire s'éleva à sa forme la plus aiguë, les muscles de son ventre devenant douloureux plus elle était prise d'un fou rire. Elle trouva la force de tourner suffisamment la tête pour regarder le tissu du sofa, acquiesçant suite à la remarque empreint de malaise que son frère avait prononcé. Les deux garçons haussèrent les sourcils avant de tendre les bras en sa direction, le plus jeune des deux aidant la visionnaire à s'accrocher au cou de leur ami. Il poussa un soupire grave avant de soulever le corps de Kilyane contre son dos, trimbalant la jeune femme hors de la piquerie. Évidemment si son père n'était pas de bonne humeur, il y avait une bonne raison. Son père, mon père, ton père, leur père.

« Mon père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié. »

Les deux jeunes hommes restèrent immobiles quelques secondes avant de reprendre leurs routes en direction de l'orphelinat. Maison de dieu pour les autres, seul domicile pour les uns. Cette magnifique histoire avait débuté alors qu'ils n'étaient que de minuscules petits êtres. À peine étaient-ils nées que leur mère biologique les avait déposés devant une petite église qui s'efforçait d'aider les pauvres habitant de Detroit - le bidonville de l'Amérique. Le pasteur les avait accueillit avec beaucoup de pitié, mais avait accepté le fardeau qui s'en suivait, ne pouvant pas laisser deux bébés mourir dans la nuit. Ils avaient ensuite été illégalement adopté par le pasteur Cain, devenant ainsi l'élément déclencheur d'une grande épopée. L'orphelinat recueillait maintenant une trentaine de jeunes enfants, éduqués durement par le corps de l'église qui les logeait.

Le pasteur Cain avait quoi être fière, sa fille étant une droguée qui croyait avoir des visions. Son fils étant ... un ermite accro d'informatique. La jeune femme resserra son étreinte contre son meilleur ami, mordillant au passage un bout de peau qui se découvrait à sa vue. Le garçon soupira d'exaspération. D'ordinaire il aurait soulevé terres et mers pour obtenir cette enivrante attention, mais pas maintenant. C'était une piètre tentative d'excuse de sa part, presque un coup bat en fait. Elle savait parfaitement que rien ne le répugnait plus que lorsqu'il la trouvait dans cet état. Un contrat silencieux ; Lorsqu'elle sortait tard le soir, il ne demandait pas sa destination, ni son heure de retours. Encore moins où elle traînait. L'important était qu'elle revienne avant deux heures du matin, son esprit bien présent. Peu importait si elle était épuisée ou mal-en-point. Seulement lorsqu'il posait son regard dans le sien, il devait pouvoir discerner lucidité. De toute façon ce combat était perdu d'avance, il ne pourrait jamais lui demander de choisir entre lui et la drogue. Au final, ils n'étaient pas des êtres humains libre de vivre une vraie vie. Que deux orphelins un peu trop liées inutilement, deux âmes en peine qui s'unissaient de façon incohérente. Si elle fonctionnait de cette façon, alors c'était parce que c'était le meilleur moyen d'arriver à des résultats concluants pour elle. Nul ne savait ce qui les attendaient après tout. Peut-être que demain des gens débarqueraient pour leur tirer une balle entre les yeux et ainsi serait la fin.

Lorsqu'ils posèrent enfin le pied sur la dernière marche de l'escalier, Myung Seon jeta un regard dédaigneux au jeune homme assis contre la balustrade. Celui-ci lui lança un clin d'oeil avant d'expirer la fumée de cigarette qui logeait ses poumons. Yong Sun avait pratiquement toujours fait partie de leur vie. Sans mot dire, il les suivait chaque jour, chaque heure, chaque seconde. Il ne leur adressa jamais la parole en huit ans, se trouvant simplement partout sur leurs chemins. La jeune femme quant à elle lui afficha un grand sourire, bougeant frénétiquement sa main pour le saluer. Pas une fois depuis leur première rencontre elle n'avait pas tenté d'interagir avec lui. Ils s'entendaient bien d'une certaine façon, mais jamais il ne lui avait répondu de vive voix. Myung Seon n'arrêta pas son élan, entrant dans l'église sans laisser le temps aux deux jeunes gens de s'offrir un nouveau regard.

C'était le début de la fin. Une gifle en plein visage. L'apocalypse en complet noir. Les trois petits êtres s'immobilisèrent à la vue des hommes en noir qui les attendaient avec impatience. L'église était empreinte d'un silence horrifiant, laissant sous-entendre que plus personne n'habitait les murs de pierres. La jeune femme secoua la tête, une larme coulant le long de sa joue en posant son regard terrifié dans celui de son père adoptif. Il baissa automatiquement les yeux, la honte devenant un parfum prédominant dans toute la pièce. Son souffle se coupa brusquement, resserrant ses petits bras contre le cou de Myung Seon. Ils devaient partir, suivre ces hommes qui les rappelaient à leurs pays natale. Un moment clef qui leur criait ; vous ne faites pas partie de notre Amérique. Des gamins qui jouaient à dieu sans prendre compte du terrible fléaux qu'ils exerçaient sur des milliers d'être vivant.

Elle poussa un dernier crie, coupé par le manque d'oxygène dans ses poumons, son corps encore amorphe par la dernière dose d'héroïne qui coulait dans ses veine, se laissait transporter vers une nouvelle vie. La porte se referma derrière elle, elle tenta de trouver son ange gardien, mais Yong Sun n'y était pas. Il ne releva pas la tête pour lui sourire comme à son habitude, laissant simplement son corps glisser jusqu'au sol avant de s'évaporer dans la nature. Même lui l'abandonnait.

Le chaos.

Ils avaient retrouvé chaque famille de chaque enfant qui avaient foulé le sol de cette maison qu'était leur église. Les Cain redevinrent les Kwon et furent accueillit par leur oncle, un homme riche et peu amical, elle comprenait maintenant d'où venait la personnalité de son jumeau. Elle devait toutefois intégrer une nouvelle école et ce malgré son refus catégorique de vivre en Corée du sud.