L’un de mes traits de caractère que les gens ne saisissaient guère généralement s’avérait être mon esprit malicieux.  Trop rigide, trop autoritaire pour avoir le goût du jeu, et pourtant, je savais en surprendre plus d’un. Bien qu’indéniablement, nombre ne partageaient pas distractions de prédilection, et encore, ma sournoiserie d’antan se révélait profondément enterrée. Seulement jamais juste… me jouer des esprits d’autrui ? Retourner leurs pensées ? Les mettre à mal ? Dans le trouble ? L’incompréhension. Et surtout peut-être préférais-je par ces procédés leur insuffler l’envie de me déprécier ? Trop aimée par le passé, par hypocrisie, garderais-je inconsciemment des vestiges de mon enfance et mon adolescence où je me vengeais de tous ces faux semblants ? J’effarais mes pairs. Je leur donnais matière à me détester, les savant pertinemment condamner à feindre de m’apprécier ? Si j’avais progresser en matière de relation humaine, si je m’étais indéniablement adoucie, nul se refaisais en un jour. Pas même en un an. J’aimais les jeux où je dominais, comme très vite, je me lassais. En l’occurence, tu avais réussi à attiser une nouvelle once d’intérêt. Revêche mais facilement décontenancé, tu me fis sourire à t’entendre hésiter quant à savoir si tu pouvais me remercier. « Tu peux le prendre comme un compliment, » lui assurais-je, paisible sourire aux lèvres en rien conquérant ou condescendant, juste naturel. Je remontais mes hanches, acquiesçant à sa suggestion. «  Faisons ainsi, et ensemble ! » Semblais-je m’adonner à un soudain revirement ? Et pourtant, tout était limpide dans mon esprit. Le choix des mots changeait tout dans leur interprétation. Namseon l’apprendrait sans doute à ses dépends, à l’instar des échanges précédents. Je savais aussi être conciliante dès lors qu’on ne commettait d’erreur susceptibles d’attiser mon courroux.



Sur le comptoir de cuisine, je m’en allais quérir les sachets de pépites de chocolat dont nous pourrons agrémenter notre pâte à cookie. Une idée me traversa l’esprit : « Et si nous ajoutions un petit goût de plus comme de la noix de coco ? »  Fidèle singapourienne, j’appréciais les goûts riches et agrémentés d’une pointe d’exotisme ensoleillé si possible. « Dans mon pays, les cookies sont presque une institution, il en existe de tous les parfums. » Tout en parlant, je cherchais dans les placards si nous n’aurions pas quelques sachets de copeaux de noix de coco. Je perdais conscience de ma langue se liant spontanément dès lors que j’évoquais cette cité que j’aimais tant. « Même des cookies au crabe ou au poulet. » Bien évidemment, je n’en mangeais point et une telle originalité ne surprendrait peut-être pas un coréen. Les occidentaux eux s’en étonnaient immanquablement. « Je suis sûre que tu apprécierais la diversité culinaire de Singapour ! » Je m’étais retournée vers toi, animée par cette fierté qui nous caractérisait tant, nous singapouriens, dont la cuisine faisait partie des valeurs que nous aimions prôner malgré nos goûts souvent controversés par les étrangers.