Un charmant sourire, j’obtenais la coopération de Haneul. Qui de son minois ou de l’alcool précédemment ingéré endormait ainsi ma méfiance habituelle ?  Néanmoins, je pris la précaution de vérifier que la sienne n’ait pas un goût trop infâme avant d’accepter. Son tuyau je pris entre mes doigts pour le porter à ma bouche dont j’entrouvris la barrière des lèvres entre lesquelles je le glissais, mes dents effleurant tout juste sa membrane. Puis, j’en aspiras prudemment le contenu. Un goût un peu étrange mais pas mauvais coula dans ma gorge.  L’objet extrait de ma bouche, je m’humectais légèrement les lèvres, analysant la texture de ce que je venais d’ingérer. Oui vraisemblablement, il y avait de l’alcool mais la concentration me semblait raisonnable et c’était même presque bon. Sans goûter à ma propre réserve, je me fiais à sa réponse et procédais à l’échange de nos chapeaux. Comme attirée par ce nectar, je m’en rassasiais encore de quelques gorgées, me permettant peut-être de chasser la sensation laisser par la mixture blanchâtre et un peu pâteuse du précédent shooter  qui semblait encore tapisser les parois de ma gorge. Les portes claquantes ne me préoccupèrent pas plus que cela pour l’instant. Après tout, les appels d’air pouvaient effectivement en être la cause. Je ne portais guère attention non plus à la main de Haneul sur mon épaule tandis que nous rejoignons Hiro et Nari. Néanmoins, les coïncidences semblèrent commencer à se multiplier autour de nous. Peut-être que je commencerais un chouia à me sentir tendue. Quoique, je vins m’agripper au cou de Nari : « A nous deux, les esprits ne peuvent que nous aimer, non ? » Une fée et une déesse, jolies comme nous étions, même leurs coeurs arrêtés ne pourraient que fondre devant nous. M’approchant de son oreille, je lui murmurais : « Au pire on leur laisse les… »  Mon regard commença à glisser vers les garçons lorsque, soudainement, je me reculais quelque peu, sans lâcher Nari, et m’exclamais : « Ah yah ! Mais non ! »  Comment avais-je pu avoir une telle pensée, moi, Présidente des Gumiho ? Jamais je ne laisserais l’un des miens derrière pour sauver ma peau ! Tout au contraire, il était de mon devoir les protéger ! Alors, mon étreinte autour de ma colocataire, je relâchais afin de prôner avec prestance et assurance : « Esprit ou pas, avant de toucher à l’un de mes Gumiho, il faudra me passer sur le corps ! » Premier candidat répondant à l’appel, je crus sentir quelque chose me passer sur le pied sans avoir le temps de voir ce dont il s’agissait. Par réflexe, je bondissais en émettant un léger cri, me retrouvant coller contre Hiro. « Tu… tu vois, je te protégerais avec mon corps s’il le fallait, »  prétendis-je d’une petite voix, comme pour sauver la face, sans vraiment réfléchir, car en vérité, il semblerait que toutes mes capacités de réflexion aient été déjà noyées dans l’alcool ingéré. Pour preuve, je commencerais presque à croire en l’existence des esprits…