Ho Seok n'a jamais réussi à trouver sa place, cette sensation d'être un extraterrestre, incompris de tous, lui colle à la peau. Plus rien ne lui semble familier, après tout, tout ce qu'il avait de plus cher lui a été arraché. Il n'a jamais vraiment fait face à la vie Ho Seok. Coincé entre ses doux souvenirs. Mélancolique, bloqué dans le passé, refusant de faire face à l'avenir.

Il ferait n'importe quoi, ô n'importe pour ne serait-ce entendre sa voix une dernière fois, même seulement sentir sa présence, ou bien même son odeur. Parce qu'il l'a aimé si fort, que son absence s'en fait trop ressentir. Tout fut si rapide. Alors, il est prêt à tout. Prêt à tout oui, même à disparaître une bonne fois pour toute.

C'est une obsession, un désir si fort. Il a tant de mal, tant de mal à détourner ses pensées, tant de mal à penser à autre chose que cette personne, triste enfant que le destin n'a pas épargné. C'est pour ça. Oui, c'est pour ça qu'il semble toujours dans la lune, qu'il est toujours seul parce qu'il n'y a qu'une personne qui obnubile ses pensées.

Pourtant, il n'est pas bien méchant, plus le temps passe, et plus cette solitude lui pèse. Mais ce n'est pas autant que notre ami daigne faire un effort, jamais, non grand dieu jamais il daignera faire le premier pas. Ho Seok est juste entêté, obstiné, déterminé. Oui déterminé à trouver, son précieux amour.

Il est si impatient, mais si mature. Tout le monde l'idéalise, mais au fond ce n'est encore qu'un enfant. Un enfant perdu sans son repère. Il n'a que Sam Yong. Et de toute façon il ne veut plus personne. Marqué par la mort beaucoup trop brutal de ses parents, il pleure, tous les soirs. Maudissant sa faiblesse, maudissant sa naïveté. Si seulement, si seulement,
si seulement tout avait été différent.

Oh Ho Seok, tu te demandes souvent :
Pourquoi toi ?
Qu'as-tu fait de mal ?

Alors il restera seul, pour toujours. Il le sait, que personne ne pourra le sauver du chagrin, que personne ne fera un effort pour le comprendre. C'est triste, si triste d'être aussi pessimiste, renfermé. Le blond ne veut pas que l'on s'introduise dans son cœur, il veut tout, tout garder à l'abri, dans un petit coffre fermé à double tour. Pourtant c'est quelqu'un de bien tu sais, c'est une personne douce, attachante, attendrissante et sensible au malheur des autres... Mais il ne veut pas qu'on l'attrape, il veut être libre. Libre de pouvoir voyager, visiter ce monde meurtri qu'il idéalise tant, ce monde que ses parents lui avaient décrit.

On le croit perdu, brisé, déjà mort. Il, son regard vide, ses yeux sombres, son visage souvent bien trop inexpressif. Ses mots si durs lorsqu'il daigne mouvoir ses lèvres, lorsque l'on entend plus ses troubles de communication. Ho Seok n'a que vingt-cinq ans, et on dirait qu'il a déjà subi tous les malheurs du Monde – ce qui n'est pas totalement faux, qu'il en veut à la Terre entière. Pourtant, il se sent obligé de pardonner à tout le monde, de leur souhaiter uniquement de bonnes choses, ce qu'il ne lui arrivera probablement jamais. Le remord l'accable, la culpabilité le ronge, si seulement, si seulement, si seulement...
Si seulement il avait pu faire quelque chose. 
Tout anticiper,
et changer le cour du temps.

On pourrait refaire le Monde avec des "si seulement". On pourrait tout changer, tout réécrire. Et il le sait que trop bien. Que cela n'est qu'une douce fiction, à laquelle il s'est bien trop attaché.

Pauvre gamin, si seul et si abandonné. Pauvre gamin qui n'est pourtant pas aussi monstrueux que le laisse sous-entendre les rumeurs. Après tout, il est plus sensible que quiconque au malheur des autres. Puisque contrairement aux calomnies qu'ils racontent, Ho Seok a un cœur ; certes un cœur en peine, mais un cœur capable de venir à bout de toute la tristesse du Monde. Il comprend vite, et sait déceler le mensonge rapidement.

L'être humain est si égoïste, et il déteste toutes ces facettes. Il ne pense qu'à son petit bonheur, qu'à sa sécurité. Quitte à commettre des erreurs irréparables – comme celle qu'il a lui-même commis. Le dégoût se lit facilement dans ses yeux, lorsqu'il observe son reflet. Il se trouve si vide, si insignifiant, comme si sa présence n'avait aucun impact sur cette foutue planète. Pourtant, il est si beau, avec ses petits yeux de cochon. Ils étaient si beaux lorsqu'ils brillaient encore, lorsqu'il n'avait pas perdu l'étincelle de la vie.

Il vit, puis meurt, et se noie dans son désespoir sans rien pouvoir y faire.
Ce n'est pas comme si on le retenait de toute façon.
C'est vrai, il n'y a plus personne pour ça.

Ho Seok a l'impression que personne ne remarque sa tristesse, ou bien même sa personne. Lui-même. Il n'a même pas conscience de lui-même de cette plaie béante qui consume et ronge peu à peu son cœur meurtri par le chagrin. Il oscille entre le doux et l'amer, ô pauvre enfant qui connaîtra jamais le bonheur.