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Late at work ft. Jang Mi #JIMI

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Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Dim 3 Déc - 11:54
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Il soupira en se malaxant les tempes. Ji Hwan avait déjà senti la fatigue en sortant des cours de finance de la journée et c’était sans aucun doute dû à un manque de sommeil répétitif. Il savait que personne ne l’obligeait à venir à l’entreprise pour aider mais il avait aussi conscience qu’il valait mieux s’habituer à ça. Bientôt, il ne serait plus à l’université et il passerait ses journées ici, alors autant imposer sa présence avant, s’habituer au rythme, aux choses à faire. Enfin, habitué, il l’était déjà depuis un moment mais le mélange de l’université et du travail ici n’était pas bon, surtout qu’il avait plein de choses en tête en ce moment. Il était fatigué dès qu’il rentrait et il faisait exprès, sinon il ne parvenait pas à s’endormir. Il valait mieux qu’il tombe de sommeil, parce qu’il était dans une période où, autrement, il lui fallait chercher le sommeil des heures avant de le trouver. Se doutant qu’à cette heure-ci, il n’y avait plus personne dans l’entreprise, il ferma les lumières de son bureau et regardai autour de lui l’obscurité régnante. Il ne remarqua pas immédiatement qu’au milieu de tous les open space, il y avait encore une lumière ; et quand il le vit, il resta immobile quelques secondes. Il n’était habituellement pas du genre à s’inquiéter des employés, loin de là ; mais l’heure était tardive et quelque part dans sa tête, il se doutait de qui était dans cette pièce. Il avait déjà remarqué, depuis que la période des stagiaires avait commencé, que la plus jeune d’entre eux était la plus utilisée. C’était ainsi que fonctionnait la Corée et ça ne l’étonnait pas. Il aimait cette notion de respect envers les plus âgés ; ce qu’il appréciait moins, c’était de savoir qu’ils laissaient une jeune femme rentrer seule la nuit pour finir le plus long. Séoul avait beau avoir une réputation de ville sécurisée à l’international, les hommes bourrés couraient les rues et il ne voulait pas savoir qu’une de ses stagiaires avaient été agressé.
Dans un soupir, il se dirigea vers la pièce et il ne fut pas du tout surpris de la voir à l’intérieur, visiblement surpassée. « Qu’est-ce que tu fais ici à cette heure ? » La question était stupide mais elle ne l’avait pas vu rentrer, tellement elle était préoccupée par autre chose, alors il devait marquer sa présence. Son ton n’était pas aussi froid qu’à l’ordinaire et il savait pourquoi. Il ne la connaissait pas énormément, et ce n’était qu’une stagiaire parmi d’autres, mais il l’appréciait. Elle prenait sérieusement son travail, elle y mettait toujours du sien et d’une certaine façon, il avait l’impression de se voir lui-même quand il venait ici pour aider son père dans les affaires longues. D’un autre côté, il la plaignait aussi, et c’était très rare qu’il en vienne là pour quelqu’un. Dans tous les cas, il savait que tant que personne n’était autour d’eux, il n’avait pas besoin d’être le patron si froid qu’il était habituellement. Naturellement, il n’était pas non plus chaleureux, mais il avait toujours été entreprenant envers les gens qu’il plaçait bien dans son estime. Et elle, elle était bien placée dans son estime.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Lun 4 Déc - 18:38
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Ses résultats étaient excellents. Rarement, son professeur avait eu l’occasion de voir une élève aussi investie. Encore plus rarement, il avait au l’occasion de recommander à ses consorts professionnels un stagiaire aussi jeune et, aussi choquant soit-il, une femme. La finance est un monde terrible. Un repère pour les requins et les magnas des affaires. Une sphère de dévotion profonde aux investissements, un rapport à l’argent parfois malsain. Et une place de travail un rien de ça machiste.

On l’avait reléguée au second plan. Un porte-manteau agréable à regarder mais pas trop non plus. Une jolie stagiaire aux formes pulpeuses et au teint porcelaine. Ses longues jambes feront bien à la machine à café, c’est ce qu’elle avait entendu de la part d’un collaborateur à l’étage d’en-dessous. Une chose était bien certaine et il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour s’en rendre compte : Jang Mi n’était rien ici, et elle avait tout à prouver pour gagner le respect de ses supérieurs.

Si encore il ne s’agissait que de ses supérieurs. Vanter les mérites d’une équipe et s’envisager un travail constructif à plusieurs, elle était si loin de la vérité. Ils étaient tous riches et bien habillés. Ils respiraient la poudre de bébé même à leur âge et transpiraient des perles de soie ou d’un métal précieux que Jang Mi aurait été incapable de nommer. Jamais elle ne s’était sentie aussi à sa place tout en se sentant mal à l’aise. Et l’ambiance conviviale en apparence regorgeait des critiques les plus acerbes, il suffisait de savoir ce qu’il se disait dans le dos de chacun. Elle ne doutait pas que des attaques similaires traînaient dans son dos, de là à savoir lesquelles, elle préférait ne pas s’aventurer à en savoir trop en risque de finir déçue et blessée.

Alors, elle avait bien compris qu’elle était seule. Une répartition hasardeuse du travail du jour qui l’avait laissée sur le carreau à faire valoir ses droits. Et encore une fois, à croire que ç’en devenait une habitude, elle se retrouvait seule à pas d’heure, à terminer son propre travail qu’elle devait coordonner avec celui des autres. Et reprendre le travail des autres. Achever ce qu’ils n’avaient pas jugé bon de terminer. Et faire tout ça avant demain huit heures en les laissant clamer fièrement leur partie du projet qu’elle se serait chargée, encore une fois seule, de mener à terme.

Elle massait ses tempes par mouvements circulaires. « Concentre-toi Jang Mi. » Ils avaient fait n’importe quoi. Du bon travail certes, ou plutôt leur tchatche légendaire qui laissait penser qu’ils savaient tout. Mais rien qui ne corresponde et qui se réponde. Jang Mi allait finir à l’heure où le premier métro circulerait, elle en était certaine ! Et elle n’avait pas entendu la porte qui s’était ouverte. A vrai dire, elle n’avait pas non plus entendu la prise de parole de Ji Hwan. Ou plutôt, elle l’avait entendu mais elle était si loin, si concentrée, qu’elle se demandait si ça valait la peine de répondre. Qu’elle se demandait même si elle n’avait pas rêvé un peu d’interactivité, quelque chose qui lui manquait cruellement aujourd’hui.

Son ombre passa sur le mur en face. Elle leva la tête pour le fixer d’une façon qu’elle trouva parfaitement stupide. « Monsieur Lim ? » God. Damn. It.
Elle se redressa dans la précipitation pour le saluer respectueusement, jetant un coup d’œil à son espace de travail chaotique. Et sa tête ? Elle devait avoir des cernes de la taille d’une piste skiable ! Elle passa une main dans ses cheveux en bataille. Bon sang, ce n’était certainement pas une façon de se présenter au plus supérieur de tous ses supérieurs !

Alors oui, c’était Ji Hwan. Ce garçon de sa fraternité qui, avant qu’elle obtienne ce stage, avait pu la voir à de (trop) nombreuses reprises dans son pyjama, avec un bol de riz à regarder des dessins animés sur son smartphone. La honte du siècle et son taux de crédibilité atteignant des niveaux historiquement bas. « Les reporting seront imprimés pour demain matin comme convenu » son regard suivit jusqu’à la pile de dossiers, un doux euphémisme – et pas un seul stagiaire à l'horizon. Elle sourit pour cacher l'appréhension et la panique dans son regard (peut-être bien même qu'elle avait l'air d'une ahurie).

Changeant de sujet pour éviter les remontrances, elle remarqua son manteau à son bras et sa mallette en main. « Vous partiez ? Ah… c’est vrai qu’il est tard. Rentrez-bien ! ne vous inquiétez de rien. » Elle s’inclina une nouvelle fois, se trouvant subitement beaucoup trop niaise pour son propre bien mais voilà tout ce qu’on attendait du stagiaire idéal : une capacité de travail incommensurable et d’élégantes courbettes (mais ça, c'était sans doute pour attirer l'attention sur elle, plutôt que sur son poste de travail digne d'une situation post-guerre).

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Mer 6 Déc - 17:35
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Quand il quittait tard l’entreprise, ces derniers jours, afin de trouver le sommeil immédiatement, il n’avait pas l’habitude de trouver encore quelqu’un dans les bureaux. L’hiver arrivait et les gens préféraient rentrer plutôt tôt chez eux, quitte à travailler à la maison, pour ne pas à subir le froid de la nuit. Il comprenait parfaitement ça mais le temps n’était pas sa préoccupation principale, après tout ; et surtout, pour l’instant, il était trop occupé à être désolé pour cette jeune stagiaire, qui, elle, allait devoir subir le froid en plus de toutes les heures qu’elle avait dû passer et qui lui restaient à passer sur un travail qui, sans doute, n’était pas le sien de base. Il n’aimait pas les gens qui donnaient leur travail aux autres en utilisant comme prétexte la supériorité du sexe, de l’âge ou de l’ancienneté quelque part. Il aimait la société coréenne et son importance pour le respect mais il avait horreur que ça aille dans ce sens-là ; à ses yeux, les gens qui n’étaient pas prêts pour travailler ne méritait en rien de l’expérience ou de l’argent que d’autres personnes seraient ravis d’avoir, en plus de bosser pour eux. Alors, s’il le pouvait, il passerait un bon savon à ces supérieurs. Malheureusement, il savait que dans l’immédiat, c’était inutile et que demain, il aurait la tête ailleurs que dans ça. D’autant plus que ce n’était probablement pas le vœu de cette stagiaire, qu’il les réprimande pour prendre sa défense. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était la soutenir dans l’immédiat et c’était ce qu’il avait prévu de faire. Certes, il pouvait rentrer et il était épuisé, mais sa conscience l’interdisait de la laisser seule ici longtemps tout comme la laisser rentrer seule chez elle en pleine nuit.
Quand elle remarqua sa présence – parce qu’il la fit remarquer – il fut légèrement amusé de sa réaction. Ça ne le surprenait pas car il était le fils du président, alors forcément, ça imposait un respect sans cesse présent et c’était la même chose venant d’elle. Il jugeait simplement qu’à une telle heure, dans une pareille situation, comment elle apparaissait devant lui n’était sans doute pas le plus important. D’autant plus qu’elle ignorait sans doute qu’il trouvait bien plus important de prendre le travail au sérieux mais d’apparaître négligée, plutôt qu’avoir un physique parfait mais ne rien faire pour la compagnie pour laquelle on travaille. Il hocha la tête quand il l’entendit parler des reportings et, honnêtement, à une telle heure avec sa fatigue actuelle, il n’avait aucune idée de quoi elle parlait mais il se nota de le garder en tête pour s’en rappeler le lendemain. « Je n’ai pas demandé ça mais c’est entendu », répondit-il, toujours légèrement amusé par cette situation. Bien sûr, c’était difficilement visiblement sur lui ; seul quelqu’un qui le connaissait vraiment par coeur pouvait voir que Ji Hwan avait rarement un visage aussi peu crispé et que donc, chez lui, ça voulait dire qu’il était amusé par quoi que ce soit. En contraste avec lui, elle lui paraissait entièrement paniquée et ce, même avant qu’il n’apparaisse devant elle. Il ignorait la taille de ce qu’elle avait à terminer, mais elle n’avait pas l’air d’être proche de la fin, vu combien elle semblait dépassée. Et il s’était déjà décidé qu’il n’allait pas juste partir en la laissant ici seule, alors à sa question, il haussa les épaules et la regarda s’incliner en lui disant de ne pas s’inquiéter.
Honnêtement, il aurait lui aussi préféré arrêter de s’inquiéter pour les filles mais son instinct de grand-frère semblait contre cette idée et il finissait toujours dans des situations comme celles-ci, parce qu’il ne pouvait juste pas laisser une fille seule paniquée en pleine nuit. En fait, cette situation lui paraissait même plutôt agréable par rapport à celles qu’il avait déjà vécues, car au moins, il était dans le cadre de son entreprise et il était en présence d’une fille dont il avait une haute estime, pas d’une pauvre qui se trimballait bourrée dans un lieu rempli de loups. « Je prévoyais de partir mais ça ne répond pas à ma question, qu’est-ce que tu fais à une telle heure, au lieu de te préparer à partir aussi ? » Elle avait peut-être sous-entendu – ou plutôt dit clairement – qu’il pouvait partir, afin qu’elle n’ait pas à répondre à sa première question, il n’était pas dupe. Il lui avait demandé ça et il était prêt à recevoir la réponse, alors il la posa de nouveau.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Jeu 7 Déc - 21:57
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[i]Elle ne pensait plus à ses heures de sommeil. La crème de jour était son meilleur allié, elle rentabilisait ses temps de travail avec des mask-sheets sur le visage et ne sortait jamais sans couvrir son teint blême et ses cernes creusées. Il y avait les cours et le stage et son travail. Les révisions, les devoirs, les heures à la bibliothèque et les partiels qui approchaient. Les premiers examens blancs. Des présentations à rendre et des deadlines administratives. Son teint de poupée était un leurre. Ses joues roses mentaient. Et son sourire était là mais il était absent.

Alors pourquoi est-ce qu’il faisait passer son travail pour de l’oublié ? Son cœur manqua une trop longue série de battements qui lui firent perdre la notion du temps et sa mâchoire tomba grande ouverte. Elle ne pouvait pas se permettre de répondre au fils du directeur des affaires financières. Pas plus qu’elle ne pouvait se permettre de remettre quiconque à sa place ici, à commencer par ses supérieurs et la règle était valable pour tout un chacun qui avait plus de valeur ici qu’elle. C’était à dire, tout le monde, pour ce que les stagiaires ne représentent guère plus qu’une force de travail quasi-gratuite à disposition quasi-permanente. L’esclavagisme des temps modernes, formule adorée et plébiscitée des entreprises économes sous couvert de formation. « Qu’entendez-vous par… vous ne l’avez pas demandé ? » elle demanda, avec grande précaution et ô combien de diplomatie. Et puis, il s’arrêta dans son mouvement. L’homme qui était sur le point de partir semblait s’être posé à ses côtés et Jangmi comprit ce qu’il cherchait à lui demander. « Oh » ses lèvres traçant un arrondi parfait, elle prit la libéralité de baisser le regard en cherchant une excuse qui lui semblerait plausible.

Parce qu’elle était douée pour mentir. Mais peut-être l’était-elle un peu moins lorsqu’elle était fatiguée, psychologiquement instable et qu’on avait spolié ses compétences intellectuelles en la laissant seule sur un travail de dix. « Je ne peux pas partir sans avoir terminé cette mission. Ce ne serait pas correcte vis-à-vis de l’entreprise et des gens qui comptent sur ces informations. Ce ne serait pas non plus correcte vis-à-vis de mon équipe qui compte sur moi pour terminer ce travail, et… » les mots glissent avec un peu trop de fluidité, relevant le visage pour fixer ce garçon qu’elle savait pourtant être l’une des personnes les plus influentes dans cette entreprise ; du moins s’il ne l’était pas aujourd’hui, il était le plus à même de le devenir « ce serait encore moins correcte de déserter les lieux avec un travail non terminé, en plus de ça sous les yeux de l’un de mes supérieurs – je veux bien sûr parler de vous… mais c’est vrai qu’il n’y a personne d’autre ici alors c’était peut-être évident… excusez-moi. » Elle s’incline, jugeant parfois un peu tard comme il lui arrive de parler, un peu trop pour son propre bien. « Est-ce que j’ai répondu à votre question ? » Elle demande aussi docilement que faire se peut. Eclipsant sans doute, en tout ou en partie, la désertion de ses camarades stagiaires. Elle avait entendu l’histoire devenue quasi-légendaire de cette stagiaire surmenée que l’on avait amené à renifler dans un mouchoir, comptant combien tout était trop dur ici. Elle n’aurait pas tenu longtemps, rapidement remise à sa place, on lui aurait enseigné la loi du plus fort et ici, ceux qui se plaignent ne gagnent le respect de personne – erreur de débutant que Jangmi n’avait pas envie de reproduire.

Et pourtant ses yeux rougis trahissaient sa fatigue, sa petite mine incitant à penser qu’en plus de ne pas avoir décollé de son poste depuis des heures, elle avait peut-être bien omis la case repas pour des conditions évidentes de timing serré. Mais elle ne dirait rien. Pas plus qu’elle n’était décidée à vendre la paresse de ses co-stagiaires, aussi odieux soient-ils, par pur principe et pour rester en harmonie avec ses valeurs.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Ven 8 Déc - 19:34
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Il connaissait mieux que n’importe qui le fonctionnement hypocrite et élitiste d’une entreprise ; pour cause, il avait grandi dans cette hypocrisie ambiante. Ce qui choquait le plus les gens, en général, ça n’était pas qu’il se soit construit au milieu de tout ça mais plutôt que malgré tout, il ne déteste pas le fonctionnement de cette société. En effet, la politesse obligatoire en fonction du statut d’autrui lui plaisait particulièrement, sans doute parce qu’il n’en avait jamais été la victime et n’avait jamais traîné avec qui que ce soit qui aurait pu l’être. Il était réputé pour mettre un point d’honneur sur la séparation entre lui et les pauvres et il ne cachait pas cette partie de lui-même. Il ne trouvait pas honteux de différencier deux choses parfaitement différentes et de toute façon, s’était-il toujours dit, s’il ne comprenait pas les pauvres, eux non plus ne le comprenaient pas mieux. C’était un malentendu mutuel où aucun des deux côtés, et surtout son côté à lui, n’avaient envie de creuser plus loin. Alors, évidemment, c’était un malentendu stagnant et ça ne le dérangeait pas ainsi. C’était ainsi qu’il avait grandi, au milieu de gens de son rang et s’il ne s’en ventait plus désormais, il avait aussi été de ces riches qui martyrisaient les « impropres », comme il aimait les appeler à une époque. Il avait arrêté en grandissant, non pas par amour pour eux mais parce qu’il avait compris combien c’était bas de s’attaquer à autrui physiquement.
Récemment, en revanche, il avait été amené à côtoyer cette culture si peu connue qu’était celle de la classe moyenne, voire pauvre. Tout d’abord parce que pour une raison inconnue, les rangs inférieurs avaient pris pour passe-temps de le coller – aussi parce qu’il avait découvert une cousine qui avait grandi au milieu de tout ça. Il avait été le premier surpris de s’apercevoir combien son attitude envers cette cousine pauvre ne correspondait pas à celle qu’il aurait eu quelques mois auparavant. Sans s’en rendre compte, il avait commencé à changer ; de petits parties de lui seulement, et pourtant, ces parties-là avaient provoqué de grands changements, qu’il l’assume ou non.

Malgré tout, il était là dans un moment où il n’appréciait pas la hiérarchie abusive de son pays. Abuser de son pouvoir avait toujours été un acte qu’il méprisait et même lui, qui était né avec du pouvoir, ne l’avait fait que quand c’était nécessaire. Le travail qu’on lui demandait de faire, il ne l’avait jamais refilé à qui que ce soit d’autre ; mais il en avait vu, de loin, des employés quittant à des heures matinales l’entreprise à cause de dossiers qui n’étaient pas les leurs. Il avait été un spectacle de telles injustices depuis qu’il était jeune et il n’avait jamais apprécié. Désormais, il trouvait ça encore plus agaçant, peut-être parce que la victime n’était pas une totale inconnue, peut-être parce que la victime était une fille ou tout simplement, même s’il ne l’aurait jamais formulé ainsi, parce que la victime était une personne avec qui il ressentait un minimum de complicité.
Bien entendu, ça devait être à sens unique. Il était le patron et elle n’avait jamais agi autrement qu’ainsi : s’inclinant à multiples reprises, l’air gêné, pressée qu’il s’en aille – sans doute – pour qu’elle puisse agir plus naturellement. Ça n’était pourtant pas du tout son intention mais il savait qu’avoir un haut poste, ou être destiné à un grand poste, avait ce côté-là aussi ; quoi qu’il en fasse, il serait toujours le patron, celui devant qui il ne fallait pas se montrer tel qu’on était mais tel qu’on voulait être vu. « Je veux dire que ma question, ce n’était pas à propos des reporting », répondit-il d’une voix monocorde. Il voulait dire, plus exactement, qu’il ne s’était pas arrêté à son niveau pour lui mettre la pression à propos de dossiers à rendre mais au contraire, pour essayer de l’aider. Malheureusement, aider était un mot qu’il n’avait pas utilisé depuis longtemps, peut-être trop longtemps pour correctement exprimer et montrer son intention.
Il écoutait sans réellement donner d’attention à toute l’excuser qu’elle donnait pour ne pas dire exactement la vérité : je finis un travail qui n’est pas le mien. Car il savait parfaitement que c’était cela, comme ça l’avait toujours été pour tous les maknae d’un groupe. Il appréciait cependant la façon de pensée de cette fille : elle avait une bonne notion de ce qui était correct et de ce qui ne l’était pas, à une chose près ; ça n’était pas non plus correct de donner son travail à autrui pour partir plus tôt. Quand bien même, peut-être parce que sa garde était relâchée dû à sa fatigue, un sourire naquit sur le coin de son visage quand il l’entendit s’embrouiller sur le fait qu’il était l’unique présent ici, avec elle.
Il reprit rapidement un air sérieux mais sans regretter de s’être relâché, au moins quelques secondes. Il était sans doute trop tard pour qu’il pense à de telles choses et la seule chose dont il rêvait, c’était de rentrer dans un lieu sombre pour calmer la migraine qui avait commencé à se déclencher quelques heures auparavant, à cause du manque de sommeil. Il ne comptait cependant pas se le permettre tant qu’il saurait une jeune femme toujours dans l’entreprise, alors il posa ses affaires en prenant une grande respiration et il la regarda droit dans les yeux. « Tu as très bien répondu à la question, avec beaucoup de solidarité pour des gens qui, pourtant, ne te le rendraient sans doute pas s’ils étaient dans ta situation. » Ji Hwan était loin d’être un imbécile et il n’avait pas prévu de faire semblant d’en être un. « Si tu laisses tomber le dossier pour rentrer chez toi, je ne te mettrai pas responsable du retard parce que je sais mieux que n’importe qui comment ça marche ici. Si tu ne veux quand même pas, alors restons ici ensemble, parce que je ne laisserai pas quitter l’entreprise seule à une heure aussi tardive une jeune stagiaire. » Ou en tout cas, pas une stagiaire qu’il appréciait.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Ven 15 Déc - 18:47
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S’il n’en avait rien à faire des reporting alors Jang Mi se demandait vraiment ce qu’elle fichait ici. Elle connaissait les dangers de la fatigue et du surmenage. C’était le craquage assuré et être désobligeante et acide envers ses supérieurs, c’était la dernière des choses dont elle avait besoin. Elle avait appris certaines choses. Ne pas répondre à la provocation. Accepter la critique gratuite. Et être prête à recommencer un travail de longue haleine parce que le rendu auquel vous vous étiez tué n’était pas assez bien pour votre référent.

Ses gestes devenaient brouillons et dans tout ce qu’elle disait, elle n’était plus très claire non plus. Ji Hwan était perspicace. Il avait su lire en elle et comprendre les choses sans qu’elle les lui explique. Personne n’était stupide ici. L’embauche ne se faisait pas au tirage au sort d’une pochette surprise et rien n’était laissé au hasard pour tirer le meilleur des compétences des meilleurs employés. La question se posait plutôt sur le terrain des choses que l’on accepte de voir et de celles auxquelles on refuse de se confronter.

Peu importe qu’elle reste jusqu’au matin. Peu importe que son équipe soit constituée de déserteurs. Il n’était pas question de se plaindre, de pointer du doigt les dysfonctionnements et de réclamer des sanctions comme une gamine de dix ans. La cafteuse.
Tant que le travail était fait, tout le monde se fichait de savoir qui et comment.

« Vous ne pouvez pas ! »
Brutal. Sa voix un brin offensive ne correspondait pas avec le niveau élevé de politesse qu’elle utilisait à son égard. Une erreur dont elle se rendit compte assez vite pour couvrir sa bouche avec la paume de sa main. Elle ne pouvait dire s’il était sérieux. Personne n’avait de considération pour les pauvres stagiaires. C’était le cercle vicieux de ceux qui en avaient bavé étant stagiaires et qui répercutaient les coups sur les propres stagiaires qui perpétueraient sans doute l’héritage à leur tour.

Et pourquoi il s’intéressait à elle. Lui que l’on dépeignait comme un homme froid et sans conscience. Il pâtissait d’un tas de surnoms détestables à chaque étage de chaque open-space ; comme tous ceux qui ont du pouvoir. « Vous ne devriez pas faire ça. Je m’en voudrai de ne pas vous laisser partir… vous m’en voudrez aussi. Peu importe les responsabilités. Si je ne suis pas capable de rendre ce travail alors je ne mérite pas ce poste et je ne mérite pas non plus la confiance que mon professeur m’a accordé en me recommandant. » Son audace parlait en lieu et cause de sa fatigue. Elle s’inclina une nouvelle fois en jetant un coup d’œil indiscret à ses affaires posé au coin de son bureau. « Veuillez m’excuser. Je ne me peux pas partir. » Elle regrettait déjà sa réponse à la limite de la désinvolture, si ce n’est son langage hautement respectueux qui n’avait pas changé.

Et sachant qu’il ne partirait pas non plus, elle scanna rapidement les lieux et tira le fauteuil d’un autre bureau pour venir le rapprocher. « Si vous devez vraiment rester, asseyez-vous. » D’où lui venait ce ton un brin autoritaire ? Elle s’adoucit en lui proposant un thé tiré de sa boîte de collection. Et reprenant son stylo en main, elle garda le silence un moment sans parvenir à se concentrer.

« Je le sais. » Elle éclaircit sa voix et continua « que personne ne me viendrait en aide si j’en avais vraiment besoin… je le sais. » Elle fit mine de continuer à écrire lorsqu’en réalité, elle avait perdu le fil depuis longtemps. « Mais je ne le fais pas pour eux. » Ji Hwan lui disait les mots qu’elle avait besoin d’entendre. Des mots qui ne changeraient rien mais qui la réconfortaient. Parce qu’alors, au moins une personne était consciente des efforts qu’elle fournissait. Et une seule personne, c’était amplement suffisant dans un milieu où tout le monde se fichait des petites mains.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Ven 15 Déc - 19:34
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Il était probablement une énigme pour la jeune stagiaire, autant qu’il en était une pour lui-même. Il ne pouvait pas donner d’explication à son attitude, comme ça arrivait souvent ces derniers jours. Il n’aurait jamais, en temps normal, cherché à trouver des similitudes entre lui et une stagiaire et si c’était vrai qu’il n’avait jamais été quelqu’un qui laissait une jeune femme rentrer seule la nuit, il n’aurait pour autant pas formulé ainsi la chose s’il avait été dans son état normal – ou plutôt, s’il n’avait pas changé, ces dernières semaines. Autrefois, il l’aurait plutôt dit sous une forme d’ordre. Il aurait affirmé, d’un ton indigné et en abusant – sans doute – de son pouvoir, qu’elle devait immédiatement quitter l’entreprise car ce n’était pas un hôtel et que les employés n’avaient pas à dormir ici ou à y veiller tard. Or là, il ne l’avait pas du tout formulé d’une manière hautaine, il n’avait pas rabaissé Jang Mi et il ignorait lui-même pourquoi il se sentait légèrement complice d’une stagiaire, qui au premier coup d’œil, n’avait en commun avec lui que son cursus, son université et sa fraternité.

Pourtant, il l’appréciait, cette stagiaire. Cette stagiaire qui faisait tant d’efforts pour être bien vue par le président, même à une telle heure – cette stagiaire qui défendait coûte que coûte des collègues qui ne cherchaient qu’à l’enfoncer – cette stagiaire qui, même s’il avait un pouvoir incontestable, ne se laissait pas endormir par ses paroles et trouvait le moyen de lui dire que non, elle resterait jusqu’au bout. Peut-être était-ce cette personnalité qu’il aimait bien ; le fait qu’il puisse lui dire son avis sur la question sans qu’elle ne prenne ses mots pour ordre. Elle voulait peut-être être polie devant lui, et c’était la moindre des choses, mais pour elle, la politesse ne voulait pas dire se plier pour l’autre et ça lui rappelait vaguement quelqu’un.

Toujours était-il que, peu importait combien il était amusé par la situation, c’était difficile à voir d’un œil extérieur à son esprit. Son visage avait toujours une expression neutre qu’il était compliqué de totalement enlever, car la fatigue n’aidait rien. Sa voix était monocorde et il avait naturellement une voix assez grave qui donnait l’impression qu’il ordonnait même lorsqu’il ne faisait que proposer – ou bien, était-ce parce qu’il avait toujours été Quelqu’un dans la société et que donc, ses propositions avaient toujours été considéré comme des ordres sous-jacents. Il aurait apprécié, pour une fois, être capable de transmettre ce qu’il ressentait à cette stagiaire sans utiliser les mots. Il n’avait jamais été un maître dans l’art de la maîtrise des mots, sauf lorsque c’était pour mentir, et pourtant il aurait voulu lui dire qu’il aimait sa façon de mettre le travail en premier, et qu’il respectait cela chez elle – mais qu’il préférait, quand même, qu’elle prenne soin d’elle et qu’elle ne se mette pas en danger. Or, l’expression « prendre soin de soi » de sa bouche surprendrait n’importe qui et lui le premier, car il ne l’avait sans doute jamais utilisé depuis des années, et la dernière fois qu’il l’avait fait, ça avait sans doute été hypocrite.

Il ignorait si ça pouvait se voir mais quand même, un léger sourire était né sur son visage lorsqu’elle lui avait dit d’un ton qu’elle voulait poli – mais qui ne l’était pas vraiment – qu’il ne pouvait pas rester. Elle sembla choquée et outrée de son propre comportement mais la fatigue prenait le dessus sur les deux, alors il ne lui en voulait pas pour des paroles qu’il aurait trouvé, en temps normal et quelques semaines avant, fortement déplacées. Il fut tout-de-même surpris d’entendre de la bouche de Jang Mi qu’il lui en voudra et il ne savait pas trop où elle voulait en venir. Il lui en voudra de rester ici tard ou de ne pas finir son dossier ? Dans les deux cas c’était faux. Elle n’était pas celle qui devait finir ce dossier de base et il ne voulait vraiment pas qu’elle veille trop et rentre avec la nuit, pour une fois, ça n’était pas hypocrite. C’étaient tant de choses qu’il ne savait pas exprimer et qu’il n’aurait jamais essayé de dire, s’il n’était pas fatigué, s’il n’avait pas changé ces derniers jours. « Je ne t’en voudrai pas, mais soit. Je ne vais pas inciter une employée à ne pas travailler, ça ne correspondrait pas à mon statut. »
Ce qu’il aurait voulu être un compliment pour son travail hardi c’était transformé en un soulignement de son statut, ce qui n’était pas nécessaire pour qu’elle soit mal-à-l’aise en étant seule avec lui dans la pièce.

Il regarda la jeune femme amener le siège jusqu’à lui et il s’y assit, sans rien dire. Il eut la sensation d’être devenu l’employé pendant quelques secondes mais, encore une fois, il était bien trop fatigué pour être atteint par ça. Peut-être devrait-il juste la laisser travaille seule finalement mais cette pensée ne lui traversa pas la tête – quand il décidait quelque chose, il s’y tenait. Et là, son choix, c’était de la raccompagner.
Après un bon moment de silence où, tantôt il balayait du regard la salle vide, tantôt il la regardait, tantôt ses yeux se fermaient tout seul, il sursauta presque en entendant une petit voix s’adresser à lui. Il l’écouta silencieusement, ignorant ce qu’il devait répondre et s’il devait répondre. Il ne parvenait pas à penser à quelque chose pour la réconforter, car elle ne disait que la vérité – alors il dit la première chose à laquelle il pensa, trop fatigué pour se soucier de si c’était bien ou pas, de parler sans retenu en étant le fils du président. « Tu as raison, il ne faut pas faire les choses pour les autres. Il faut d’abord penser à soi parce que personne ne le fait autrement. Mais, quand penser à soi revient à protéger les autres, ça doit bien vouloir dire qu’on est une bonne personne. » Il dit cette dernière phrase dans un murmure et il ignorait si c’était pour lui ou pour elle qu’il le disait. Lui qu’il se disait être toujours si horrible et sans coeur, quand il était fatigué, il se demandait si c’était le cas. S’il devait vraiment penser ainsi de lui-même.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Lun 18 Déc - 23:25
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Jang Mi refaisait le monde à sa façon dans son rêve à l’envers, un monde à part, un peu spécial où les supérieurs ordonnaient à des stagiaires formatés à la performance de rentrer chez eux – et que ceux-là ne les écoutaient même pas. Elle aurait eu besoin de sommeil pourtant. Ses yeux un peu rougis se fermaient tous seuls, ils étaient sensibles à la lumière de son écran et sans qu’elle le dise vraiment, ils picotaient doucement et rien qu’en posant sa tête sur son bureau, elle s’assurait une grasse-matinée dans les locaux de la multinationale. Jamais. Elle tira une chaise pour Ji Hwan qui ne semblait pas vouloir l’abandonner. Un personnage étrange et énigmatique, que beaucoup dépeignait comme froid et condescendant mais qui lui avait l’air d’un homme charmant et attentif. Personne pas même les autres stagiaires n’avaient été fichus de lui prêter la moindre attention depuis qu’elle était ici. Ils étaient tous à la fin de leurs études. Pour beaucoup, le dernier stage avant de mettre le pied dans la vie active. Jang Mi était la plus jeune avec à peine son Bachelor en poche et le statut de gamine inexpérimentée qui allait avec.

On disait qu’elle avait eu ce stage par son richissime père. Un homme aux multiples actions dont le travail fructifiant avait bâti un empire discret dont seuls quelques initiés connaissaient la véritable fortune. On la respectait un minimum seulement pour cette raison. Alors Jang Mi n’avait pas eu la force de répliquer que ce n’était pas vrai, que c’était seulement son professeur qui avait déniché son « potentiel » et l’avait propulsé à une place que beaucoup d’autres auraient rêvés. Ce n’était qu’un petit mensonge qui sauvait les apparences et lui donnait un statut, aussi infime soit-il devant ses camarades. Ji Hwan ne serait pas dupe et de toute façon, elle ne cherchait pas à le duper. Il connaissait le professeur en question, lui-même l’avait eu quelques années plus tôt et le bougre lui mettait une pression pas possible ! Mais Jang Mi mentait sur de nombreux terrains car effectivement, la rumeur sur sa famille était fabriquée de toute pièce et quoi que la direction dans laquelle la rumeur s’était faufilée lui avait échappé, elle n’y était pas pour rien dans la construction artificielle d’un statut qu’elle ne possédait absolument pas.

Quoi que dans ses mots, dans sa remarque, elle craignait d’avoir heurté son égo et diminué son statut à lui. Sans doute lui rappeler qui était le fils du directeur ici et si ce n’était que ça, qui serait à l’avenir le directeur lui-même. Elle se reprit. « Je vous remercie de vous soucier de moi… je pense être suffisamment têtue pour n’écouter personne, pas même mon supérieur ! Dites-moi quel genre de stagiaire franchement désespérante je suis » son humour un peu maladroit ricoche entre elle et lui et revient comme un boomerang lorsqu’elle se rend compte que. Bon sang ! entre l’humour vaseux et l’auto-sabotage elle aurait mieux fait de rentrer dormir.

Repensant à ce qu’il avait dit plus tôt, Jang Mi n’est pas satisfaite de l’état de faiblesse qu’elle renvoie en laissant dans son esprit l’image d’une fille utilisée pour terminer le travail de ses camarades. Le temps lui prend mais elle répond honnêtement et sans langue de bois. A son tour il murmure mais elle n’est pas certaine de bien comprendre sa dernière phrase. Elle penche doucement la tête sur le côté, le bout de son crayon posé à la commissure de ses lèvres. « Terminer leur travail ne fait pas de moi une bonne personne. Je leur rends la tâche plus facile… et je suis persuadée qu’ils sont bien heureux de se servir de moi. Mais j’irai plus loin qu’eux. Et plus rapidement aussi. Je ne leur rends pas service, je me rends seulement service à moi et… je n’ai pas envie de nous mettre dans les ennuis. Je sers leurs intérêts en servant les miens… mais je ne me méprends pas sur mes intentions. » Elle avait refusé d’être faible le jour où tout a basculé et sa carapace avait créé des mécanismes d’auto-défense qu’elle ne contrôlait plus. Elle préférait cacher sa générosité et sa gentillesse derrière le poids d’une arrogance assumée et démesurée. Les gens respectaient plus la force que la gentillesse, elle l’avait toujours su. Certaines personnes disent penser à eux pour ne pas s’avouer qu’ils protègent les autres.

Jang Mi savait que c’était son cas. Et Ji Hwan l’aurait comprise mieux que personne.

Une trentaine de minutes passe et la concentration vient à lui manquer. Elle s’en rend compte parce qu’elle commence à dessiner des fleurs sur le coin des dossiers reporting et ça… clairement c’est pas bon signe. Un coup d’œil discret à Ji Hwan et il est toujours là. Elle admire sa détermination et son impassibilité exemplaire. Mais son ventre commence à gronder ce qui en plus de la mettre mal à l’aise, l’oblige à se dandiner sur sa chaise pour éviter qu’il ne la surprenne. Alors ça ne fait absolument pas discret. Elle passe d’un état végétatif à son bureau et commence à s’agiter comme si elle avait un millier de tocs différents. Un petit entraînement sportif qui a le mérite de la réveiller et puis, son ventre se met à gronder. Plus fort. Vraiment plus fort et Jang Mi ferme les yeux en espérant que quelqu’un arrive la fusiller sur place et mettre fin à cette honte sublimissime. « Hm… hmmm ! Je—J’ai bientôt terminé. » Elle aurait surtout dû manger à midi. Il était minuit passé, il n’y avait rien d’étonnant.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Mer 20 Déc - 18:12
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La fatigue se faisait ressentir dans la pièce et elle était ressentie par les deux, mais elle semblait faire les pires effets chez Ji Hwan. Il devenait celui qu’il cachait en temps normal, le jeune homme beaucoup moins froid qu’habituellement, celui qui semblait inoffensif et qui ne l’était pourtant pas du tout. Peut-être, aussi, était-ce lié au fait qu’il soit en présence d’une personne en qui il avait placé une certaine estime. Autrement, sa fatigue aurait pu le rendre plus irritable encore qu’en temps normal – mais quoi qu’il en fut, il allait sans doute regretter son comportement le lendemain, quand il aura récupéré son sommeil et qu’il se sera aperçu des pensées qu’il avait révélées à une quasi-inconnue, une stagiaire de son entreprise qui plus est. C’était certain, il s’en voudrait d’avoir ainsi cédé et il craindrait probablement qu’elle ne lui reparle de ça, comme une personne qui dessoûlait n’assumerait pas les souvenirs flous qui lui reviendraient petit à petit. Pour quelqu’un qui ne buvait jamais, il pouvait affirmer que la fatigue était son alcool.

Quelque part en lui, cela devait être inscrit. Il n’était pas non plus parfaitement naturel et c’était soit dû au fait qu’il avait un minimum conscience du cadre, soit parce que c’était devenu naturel pour lui d’agir de manière distante avec autrui, et que donc, même la fatigue ne pouvait enlever le malaise habituel qui s’installait quand il était seul avec quelqu’un. Tout-de-même, il lui sembla vaguement en avoir révélé trop avec sa dernière phrase et s’il était trop épuisé pour la regretter sur le coup, quelque chose lui semblait bizarre et il savait qu’il en avait trop dit. Il savait qu’il aurait dû s’arrêter avant, voire qu’il aurait dû partir plusieurs minutes avant. Pourtant, c’était trop tard pour quitter la pièce et il n’en avait pas non plus envie. Lorsqu’il s’engageait à faire quelque chose, ce n’était pas pour annuler et s’il devait regretter, alors il le ferait, ce serait loin d’être la première fois que ça arriverait.

Il fut tout-de-même pris de court d’entendre la stagiaire rabaisser elle-même son comportement. Certes, il avait trouvé étonnant, au pire incongru, son attitude, mais peut-être pas au point de penser qu’elle était désespérante. Il aimait les gens qui, comme lui, faisaient jusqu’à la fin ce qu’ils avaient prévu de faire. Il aimait les gens qui n’acceptaient pas tout juste à cause de leur condition, ceux qui savaient garder leur position. C’étaient ceux qui étaient fidèles et qui valaient vraiment la peine d’être un cadre dans une entreprise, ceux qui ne changeraient pas de camps pour quelques dizaines de millions d’euros. Alors, s’il avait tout d’abord trouvé la réponse de la jeune femme surprenante, il ne l’avait pas trouvé désespérante, loin de là. Cependant, pour transmettre de telles pensées, il fallait déjà être capable d’exprimer ses sentiments et il n’avait jamais été doué pour cela. D’autant plus que la première partie de sa phrase sonnait faux. Lui, se soucier pour une stagiaire, ça ne semblait pas correct – et ce, peu importait combien c’était la réalité. Il aurait presque contredit cette phrase s’il avait trouvé des arguments crédibles pour le faire ; mais puisqu’il n’en trouva pas, il remit ça sur la fatigue, sur la nuit qui rendait les gens plus sentimentaux et il se dit qu’il se détesterait plus tard, mais que pour l’instant, il pouvait juste laisser couler.

Il hésita de longues secondes avant de surenchérir quelque chose. Que faire si elle plaisantait juste et s’il paraissait ridicule en répondant sérieusement ? Il n’avait déjà habituellement pas les mêmes codes d’humour que les autres, mais c’était d’autant plus vrai lorsque les heures de sommeil lui manquaient. « Je ne trouve pas ça désespérant, c’est une force de caractère. » Admit-il finalement, jugeant que c’était peut-être la meilleure façon d’exprimer en une courte et simple phrase qu’il appréciait ça. Ou bien n’était-il pas du tout parvenu à transmettre qu’il aimait ce trait de caractère – dans tous les cas, une phrase dite ne pouvait être annulée ; et peut-être valait-il mieux pour lui de ne pas être trop honnête afin de ne pas souhaiter se tuer le lendemain au réveil.

À son murmure qui était sans doute allé trop loin dans la confidence, elle y répondit pas un regard plutôt curieux sur lui. S’il savait exprimer ses sentiments dans son regard, alors sans doute le sien montrerait de la compassion – mais il doutait que ça soit le cas. Pour une fois, il comprit totalement le sens des mots que dit la stagiaire. Il n’y avait pas une seule zone d’ombre dans ce que cela pouvait signifier, car cette phrase semblait décrire à merveille ce qu’il était, ou plutôt ce qu’il se persuadait d’être quand il n’était pas fatigué. Parce que quand il était ainsi épuisé, il était bien plus honnête avec lui-même et il se rendait bien plus compte que s’il attendait pour une stagiaire, ce n’était pas que pour avoir conscience tranquille mais parce qu’il était réellement inquiet pour elle. Tant de choses, qu’encore une fois, il ne saurait exprimer et c’était sans doute mieux ainsi. Ji Hwan était un patron froid, uniquement intéressé par l’argent et ce qui peut en rapporter. Ce n’était pas un jeune homme perdu entre ce qu’il voulait et devait faire, entre ce qu’il se demandait et ce qui lui était demandé, entre ce qu’il aimait et ce qu’il devait détester.

« C’est une bonne ambition… de vouloir aller plus loin et plus vite que les autres. Du moment que tu ne te négliges pas toi-même pour ça. » Et il ne disait pas cela parce que c’était son cas. Il n’avait jamais ressenti l’impression de se négliger, même lorsque le manque de sommeil pesait ainsi sur lui. Il disait cela parce qu’il savait qu’il n’apprécierait pas de voir ses sœurs ainsi, à finir le travail d’autrui au prix d’importantes heures de sommeil. Puis, c’était une façon de fuir le sujet ; de ne pas plus s’attarder sur son ressenti à lui par rapport à tout ça, de ne pas s’enfoncer encore plus dans les regrets qui viendront.

Il attendit ainsi, dans le silence, un bon nombre de minutes durant lesquelles il somnolait en observant la silhouette de Jang Mi immobile et concentrée. Il fut pris de court quand elle se mit à bouger de manière surprenante et il l’observa faire son spectacle durant de longues minutes, se demandant ce qui se passait pour qu’elle agisse ainsi. Il eut la sensation qu’elle s’était faite piquée par une bête qui la rendait soudainement folle – mais cette hypothèse farfelue qui avait émerger de ses pensées seulement à cause de la fatigue fut chassée lorsqu’il entendit un vague bruit qu’il identifia comme un gargouillement d’estomac. Cela fut rapidement confirmé par le malaise qui se fit encore plus ressentir juste après. « Il n’y a pas de souci. » Affirma Ji Hwan, ignorant s’il devait souligner qu’elle ferait mieux de manger quelque chose, ce qui confirmerait qu’il avait tout entendu, ou s’il devait faire semblant d’être devenu sourd.

Il réfléchit quelques secondes puis se leva pour aller regarder quelque chose à l’intérieur de son sac. Il fouilla quelques secondes, en espérant qu’il l’avait réellement amené, et quand il le trouva, il sortit de son sac un emballage de Choco-Pie qu’il avait prévu d’offrir à Tae Hyun dans la journée. « Tu aimes les sucreries ? » Lui, il n’appréciait pas ça et il n’avait pas vu Tae Hyun dans la journée finalement, alors il valait mieux que ça parte pour quelqu’un qui lui ferait honneur. Il se releva pour se rasseoir, en laissant au passage le biscuit sur le bureau de la jeune stagiaire.

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Re: Late at work ft. Jang Mi #JIMI | Ven 22 Déc - 22:19
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Elle trouvait fascinant son contrôle en tout état de cause, s'autorisant à peine à reconnaître son humour quoi qu'elle dû admettre qu'il n'était ni des plus évidents ni des plus fins. Jang Mi ne baissait pas la garde. C'est quelque chose qu'elle ne s'autorisait pas à faire, quelque chose qu'elle s'était interdit et peut-être même que c'était la première règle qu'elle s'était imposée le jour où le diktat de sa nouvelle vie avait commencé – une gamine inlassablement terrorisée par ce que les autres peuvent penser d'elle et lui faire subir comme châtiment simplement pour ce qu'elle était ou ce qu'elle n'était pas. « Une force de caractère » elle répète avec plus ou moins de conviction et quelque part satisfaite de l’illusion ; c'est qu'à force de se le voir dire elle y croirait presque.

Elle avait derrière sa jolie frimousse les grands airs désabusés de ceux qui ne se lient pas aux autres. Un savant mélange de son sourire pétillant et de ses lèvres boudeuses qui donnait envie de l'approcher sans jamais en venir à l'embêter. Et pourtant à la croire arrogante et superficielle, après tout c'était le rôle qu'elle s'était donnée et qu'elle se voulait d'honorer sans jamais créer d'entorse au régime, Jang Mi ne pouvait s'empêcher de garder le coeur sur la main. « En venir à se négliger » il n'était pas aussi doué avec les mots qu'avec la finance, rien qu'un peu maladroit en y pensant « je ne pense pas l'être » et cette fois-ci elle répondit avec un peu plus de froideur quoi qu'elle comprît où il voulait en venir. Quel était ce monde étrange à l'intérieur duquel un supérieur ordonnait à son stagiaire de ne pas se surmener. Elle déjeunait à la table d'à côté lorsqu'elle avait entendu une flopée de ses N+1 dénigrer les étudiants arrivistes qui pensaient se tourner les pouces. A les en croire, vingt-quatre heures n'étaient pas suffisantes dans une journée pour fournir un travail convenable, la règle d'or n'étant plus 24/7 mais une matrice nouvelle tout droit sortie d'un univers parallèle foncièrement abstrait. 25/8 ou rien.

Force tranquille à l'esprit faussement concentré, un gargouillement de son estomac lui remit les idées en place sur sa trop longue journée et lui ramena les propos de Ji Hwan comme un boomerang en plein visage. Peut-être bien qu'elle se négligeait. En même temps, dans une société où le physique était la meilleure des armes, peut-être bien que sauter un ou deux repas ne ferait pas de mal à sa silhouette. Elle y songea longuement en s'en voulu, se trouvant bêtement stupide quoi que n'ayant pas vraiment le choix. Ils n'étaient pas tous aussi prévenants que lui.

Venu de nulle part, un Choco Pie posé sur le bureau. « Tout le monde les aime, pas vrai » un sourire étira le coin de ses lèvres « je n'aime pas tellement ce qui est sucré » ou alors seulement certaines choses, de fait elle n'avait rien contre un Caramel Macchiato, chaud en hiver et glacé en été pour coller à la saison. Les thés en tout genre remportaient les suffrages dans son coeur mais de toute façon Jang Mi avait toujours préféré la cuisine à la dégustation. Elle aimait faire et elle aimait offrir enfin plus que tout au monde, elle n'était pas du genre à refuser les petites attentions qui s'offraient à elle, peu importe comme sa voix pouvait sembler hostile et désabusée « j'aimerai vraiment, sincèrement que cette impression désagréable d'abuser ET de votre temps ET de votre gentillesse disparaisse » ne souhaitant pas qu'il l’interprète avec trop de sérieux, un léger rire quitta ses lèvres alors qu'elle pinçait l'arrête de son nez du bout de ses doigts. « Je vous remercie. Est-ce que vous le gardiez pour vous ? Je me sentirais mal. Vous voulez partager ? » Elle prit le sachet entre ses mains et comme un dernier appel, lui laissant l'opportunité de se rétracter si le coeur lui en disait.

Jang Mi était une sorte de Ice Princess mais pas tout à fait froide.
Et pas totalement princesse non plus.

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