Cheer up

Park Kwang Jin & Yoo Ji Eun

Je hochai la tête en souriant à l’entente de la réponse de Kwang Jin. Il n’y avait pas grand-chose à répondre. Enfin, bien sûr j’aurais pu trouver quelque chose, quoi que ce soit, pour répondre mais ça n’était pas nécessaire. Les pensées allaient au-delà des mots, elles ne nécessitaient pas forcément d’être formulées pour être comprises. Kwang Jin savait que j’étais reconnaissante, il savait que je ne me confiais pas à propos de ça à n’importe qui. Il savait que c’étaient des choses que j’avais gardées enfermées en moi, incapable de les dire aux autres. Je ne manquais pas d’entourage pourtant, j’avais une grande-sœur aimante avec qui je pouvais parler de tout. Pourtant il était parfois plus simple d’être réellement honnête avec un bon ami qu’avec la famille.

« Mh... »

Je réfléchis à quel morceau j’avais envie de jouer. Je n’en avais pas un vraiment en tête. J’avais envie de jouer un gros classique : Für Elise. Für Elise était un des premiers morceaux que j’avais appris, si ce n’était pas le premier. Une des mélodies au piano les plus connues au monde. La plus inculte des personnes sur le classique connaissait cette musique et son compositeur. Je plaçai mes mots sur le piano et je commençai doucement à jouer les premières notes, puis marquai un arrêt en le regardant en souriant : c’était comme une demande. S’il jouait la suite, c’est qu’il avait compris quel morceau c’était et qu’il était d’accord.

Cheer up

Park Kwang Jin & Yoo Ji Eun

Voyant qu’il continuait les notes de la mélodie, mon sourire s’agrandit et fermant les yeux pour me laisser entraîner, je me mis à jouer en harmonie à Kwang Jin. Puisque nous étions tous les deux ici pour oublier des choses, je savais déjà qu’il n’allait pas bien. Je n’avais pas besoin de connaître les détails de ses soucis pour le savoir – même sans relever sa présence ici, la façon dont il jouait montrait ce qu’il ressentait. Au fur-et-à-mesure des années, j’avais appris que notre façon de jouer changeait en fonction de nos humeurs. Même un morceau joyeux pouvait sonner tristement lorsqu’il était joué un mauvais jour. Même un beau morceau pouvait sonner dramatique. En jouant, on ne s’en rendait souvent pas compte, pourtant si on y était habitué, on entendait les nuances dès les premières notes. Et qu’il le sache ou non, Kwang Jin transmettait tout son désarroi parmi les notes.

Allait-il ressentir le besoin de m’en parler, de se vider ? Sans doute, pensais-je. C’était le genre de relation que nous avions l’un avec l’autre, parce que nous savions que, peu importe le sujet, l’autre ne nous jugerait jamais. Lorsque la dernière note de Für Elise retentit dans la salle, prolongée au maximum par Kwang Jin, je me doutais déjà qu’il enchaînerait sur son souci. Alors avec une oreille attentive, j’écoutai ce qu’il avait à dire, comme il avait écouté mes problèmes. J’attendis quelques secondes après qu’il ait posé sa question.

« Je ne pense pas qu’il y ait le mal et le bien. »

J’avais souvent répondu cela aux personnes qui me parlaient de bien ou de mal. Je trouvais que c’était un sujet récurrent, on se permettait de juger les actions des autres ou les nôtre selon ces notions très abstraites.

« Je ne pense pas non plus que tu sois en tort ou que les autres soient en tort. Je pense juste que vous ne pouvez pas penser de manière identique parce que vous n’avez ni le même caractère, ni le même vécu. »

Je tournai la tête vers Kwang Jin.

« Moi, je pense comme toi. Je pense que Min Hyun devrait rester dans le groupe. Sauf que ce n’est pas pour le bonheur de Min Hyun que je pense ainsi. C’est parce que je sais que le virer du groupe ne solutionnera rien. Les anti-fans continueront à vous détester. Les fans de Min Hyun commenceront à se lier à elles, se sentant trahies par votre décision. Si le bien, c’est chercher la solution qui permette au groupe de débuter avec un minimum de scandales, alors je pense qu’il faut garder Min Hyun. »

Kwang Jin pensait toujours au bonheur des autres. Il prenait ses décisions en fonction de ça, au dépit de son bonheur à lui. C’était un trait de caractère admirable. Même si je pensais beaucoup au bonheur des autres dans mes décisions, j’avais choisi de ne pas m’oublier pour eux. Un bonheur qui nécessitait de sacrifier le bonheur de quelqu’un d’autre n’était pas réel, à mes yeux.

« Malheureusement, on ne peut pas demander aux autres d’avoir le même avis que nous parce qu’ils ont leurs raisons de penser différemment. Pour autant, je suis certaine que si tu exposes ton point de vue avec de vrais arguments, tu peux toucher les autres. Si tu es persuadé que garder Min Hyun dans le groupe est la meilleure solution, alors bas-toi pour ça jusqu’à la fin. De sorte à ce que, peu importe la décision prise, tu n’aies aucun regret. Ce n’est peut-être pas ce qui rendra les autres heureux mais c’est ce qui te rendra heureux. N’avoir aucun regret. Et ton bonheur est aussi important que celui des autres. »