Fille unique, Zara était une gamine comme les autres: attachante et joyeuse. Après  un accident qui a failli la priver de sa jambe gauche, on ne l'a plus reconnu. Elle se montrait insensible et hautaine pour cacher son mal être. Elle se donnait l'allure d'une fauve que tout agace, que tout lasse et se dissimulait derrière une intolérance et un mépris qui ne lui séyait point. Tout pour éviter de voir s'esquisser la pitié dans les prunelles des autres. Son réconfort, elle le trouvait dans la lecture et la sculpture sur l'argile, lorsque ce n'était pas auprès de ses proches. La belle métisse aurait pu s'affranchir de sa cage d'amertume en consentant à une opération chirurgicale pour faire disparaître cette vilaine cicatrice qui la tourmentait.  Sa peur des lieux aseptisés à coup de javel et de leurs  dédales de couloirs suintant la maladie, la souffrance et la mort, l'en avait empêché. Victime de sa propre honte, elle ne souriait que pour sauvegarder les apparences, pour arborer un masque serein.

Zara est belle, pourtant elle ne s'en rend pas compte. Comme si cette cicatrice cachait tout le reste. Elle est tellement mal dans sa peau qu'elle se camoufle à l'aide de vêtements longs et aux couleurs neutres. Néanmoins, ce sont toujours des habits haute couture, pour préserver sa réputation. Si on oublie ce camouflage, elle a plutôt beaucoup et sait apprécier ce qui est beau et de bonne qualité.

Elle voudrait se rappeler de cette Zara vivante et heureuse qui savait être de bonne compagnie. En attendant que ça revienne, elle ne se culpabilise pas de son comportement limite arrogant. Ce gros trou de mémoire la rend encore plus mordante et susceptible. Alors ne l'approchez pas de trop près, vous pourriez avoir la rage.