sombre
-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal


    :: Défouloir :: 2018

Inconvenient Truth (#JIYI)

Invité
Invité
avatar
 
Re: Inconvenient Truth (#JIYI) | Mar 31 Juil - 16:33
Citer EditerSupprimer

Inconvenient Truth

Ji Hwan avait beau ne pas pouvoir y croire, il n’était pas le genre d’homme à se voiler la face et à ne voir que ce qui l’arrangeait. La scène se jouait, se rejouait dans sa tête et ne cessait de lui rappeler combien il avait fait confiance en une menteuse, en une usurpatrice d’identité, en une pauvre n’ayant même pas une fierté assez grande pour s’avouer pauvre. Il n’appréciait pas les pauvres. Il avait du mal à les comprendre. Mais il aimait encore moins ceux qui n’assumaient pas leur position, ceux qui voyaient leur statut comme une honte plutôt que d’essayer dans faire une force, ceux qui pensaient que se faire passer pour un riche arrangeait tout. Il ne supportait pas non plus les menteurs. Pas les menteurs des parties où l’hypocrisie est le thème, mais bien ceux qui le font par plaisir, par habitude. Non, ce n’était même pas ça ; il se fichait que les autres mentent. Il ne supportait juste pas l’idée d’être tombé dans le piège.

Il supportait encore moins le regard de la jeune femme qui pendant quelques secondes aurait voulu devenir la victime. Comme si elle ne comprenait pas, comme si c’était lui qui sur-réagissait. Ça le mettait en rage, tout le mettait en rage. À cet instant-là, même s’il avait été observé par le père de So Yi, même s’il avait été observé par son père, même s’il avait été observé par tous ceux de la fête, il n’aurait pas pu se calmer. Il n’aurait pas pu sourire. Alors il valait mieux qu’il n’y ait personne autour, car les rumeurs auraient vite circulé. Pourtant, tant bien que mal, il parvient à ne rien dire. Sans doute, toute sa colère et sa rancœur est transmise par son regard, mais il ne dit rien, il ne fait rien. C’est la veste de la jeune femme, dont il avait pourtant oublié l’existence avant qu’elle ne le lui rappelle, qu’il tient fermement entre ses mains pour éviter d’être violent. À la question de So Yi, Ji Hwan sent presque une pointe d’inquiétude pour le vulgaire vêtement ; parce qu’il l’abîmait, parce qu’il était cher, bien trop cher pour le vrai statut. Il eut un rire violent et bref, il était tellement désabusé qu’il ne trouvait pas les mots. Il était tellement énervé qu’il en restait muet, sidéré.

Est-ce que pendant tout ce temps-là, il avait été aveugle à tous les indices ou est-ce que, maintenant que son secret était brisé, elle s’en fichait de montrer ouvertement qu’elle était pauvre ? S’inquiéter pour une veste ? Est-ce qu’au final, elle ne faisait pas tout pour le provoquer ?

Je ne vous demande pas de comprendre.

Il hallucinait. De comprendre ? Il eut un deuxième rire - enfin, ça n’en était pas vraiment un. C’était plus un éclat. Un soupir bruyant qui sortait de sa bouche et qui créait un sourire sur son visage. Rien de bienveillant pour autant. « De comprendre ? » cracha t-il. Il ne parlait même pas fort. Il ne criait même pas. Pourtant sa voix décrivait bien combien il était en colère. « Même si tu me demandais de comprendre, je n’en ai pas l’intention. » Pourquoi devrait-il la comprendre ? Pourquoi c’était lui qui devait la comprendre alors que c’était elle qui l’avait trompé dès le début ? Une des seules personnes envers qui il avait été un peu sympathique, envers qui il avait été considéré, une des seules personnes envers qui il avait eu un peu d’estime. Une des seules fois où il s’était confié. Sans raison. Et c’était lui qui devait comprendre ?

À la regarder droit dans les yeux en ne disant presque rien, il finit par se sentir encore plus stupide. Non seulement il avait été trompé, non seulement il s’était laissé trompé, mais en plus il ne disait rien. En même temps, que pouvait-il dire ? Qu’avait-il à dire ? Il avait presque l’impression de perdre son temps, là, à ne rien faire et à ne rien dire. Parce que quoi qu’il dise, le fait était le même. Je veux que tu disparaisses, eut-il presque envie de dire – mais c’était faux. Si c’était vraiment sa disparition qu’il souhaitait, il ne l’aurait pas emmenée ici. « Je ne veux plus rien de toi. Je ne veux plus rien venant de toi. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. » 

C’était la colère qui parlait. C’était la surprise qui parlait. Mais au final, plus tard, il verrait ça sous un autre angle ; quoi qu’il soit arrivé, peu importe son statut et ses mensonges, elle avait fait de son mieux pour l’entreprise et il avait pensé, ne serait-ce que quelques jours, qu’elle était digne d’un intérêt.

©️LULEABY
Invité
Invité
avatar
 
Re: Inconvenient Truth (#JIYI) | Jeu 9 Aoû - 18:04
Citer EditerSupprimer

Inconvenient Truth

Elle n'a pas la force de répliquer, prise pour la première fois à son propre jeu. Elle reste muette sous ses yeux, la gorge nouée comme si ses mains autour de sa veste lui coupaient la respiration. A quoi tu t'attendais. Quelle réaction aurait-il pu avoir plutôt que celle-là. L'espace d'un instant, elle se sentait comme une débutante, une moins que rien, une gamine pauvre et éhontée que l'on montre du doigt sur la place publique. Elle sait ce que c'est. Et c'était totalement stupide de sa part de penser qu'au bout du compte, venant à la côtoyer, il finirait par se foutre éperdument de son milieu social. Au final, la seule qui l'avait jamais acceptée telle qu'elle était c'était sa meilleure amie ; mais la encore c'était différent car elle aussi avait connu son long de misère plus jeune.

Alors c'est ça le monde. Les puissants et puis le reste. Peu importe ce que tu fais, qui tu es et que tu deviens. Les gens s'intéresseront toujours plus à ce que tu peux leur apporter, à leur image et à leur réputation plutôt qu'aux autres.

C'est pour ça que So Yi avait voulu être des leurs. Parce qu'elle en avait marre d'être prise pour cible et d'en venir à penser à cause d'eux qu'elle ne valait rien. Et maintenant qu'elle avait trouvé cette confiance en elle, éphémère, réelle ou complètement illusoire, tout était sur le point de s'écrouler parce qu'à force de grimper, à force de chercher toujours plus haut en quête de reconnaissance, elle s'était frottée à plus fort qu'elle et elle avait perdu.

Est-ce qu'elle a vraiment perdu ?

Elle ne réagit pas plus à sa remarque qu'à sa manie désagréable de torturer sa veste sous le coup de la colère. « Bien. » Elle n'aurait de toute manière pas cherché à lui faire comprendre, à s'expliquer, à lui expliquer. C'était peine perdu. Comme les autres il n'aurait pas compris et puis, elle avait bien trop de fierté pour s'avouer l'histoire de son passé, à quel point elle avait été faible et à quel point on avait pu l'humilier. Personne ne devait savoir. Il en savait de toute façon déjà trop.

Mais alors, le président de la compagnie pour laquelle vous travaillez vous crachant au visage qu'il n'attend plus rien de vous, pas même de vous parler, de vous croiser ou de vous apercevoir, So Yi sentit une fois de plus son coeur se serrer dans sa poitrine bien qu'elle décida dans un énième effort de ne pas le montrer. Est-ce qu'elle venait de se faire virer ? C'était ridicule, elle n'avait commis aucune faute professionnelle... puis elle se trouva un peu naïve. Il était le président à présent. L'une des figures les plus importantes de l'entreprise, si ce n'est l'un des hommes les plus influents de la ville et du pays. Il était en droit et en pouvoir de faire ce qu'il voulait d'elle. D'une voix disciplinée et monocorde, So Yi n'objecta pas. « Comme vous voudrez. » Il était hors de question qu'elle supplie, qu'elle implore et qu'elle s'abaisse à réclamer la clémence à genoux. Une fois, elle avait vu son père le faire, forcé de ravaler sa fierté et de masquer sa vérité, la vérité pour satisfaire à l'égo d'un énième privilégié qu'elle avait vomi et qu'elle maudissait encore. Personne ne lui marcherait dessus à elle.

Elle chancela sur ses talons, prête à faire demi-tour lorsqu'elle se souvint de sa veste. Elle ne la lui laisserait pas. Bras tendu, elle demanda simplement « je vous prie de bien vouloir me rendre ma veste » dont elle le débarrasserait volontiers s'il ne souhaitait plus rien avoir à faire avec elle.

Et lorsque enfin elle fit demi-tour, pas encore tout à fait sortie de la ruelle aux pavés mal engoncés, elle s'arrêta sous un lampadaire sans même se retourner. « Vous avez sans doute mieux à faire que de raconter cette histoire à n'importe qui. Du reste, je vous le demande... ne dites rien à personne. » Elle n'attendrait pas sa réponse, elle risquerait d'être déçue. Elle n'attendrait pas sa réaction, elle risquerait d'être surprise. Elle quitta simplement cet endroit, plus silencieuse que jamais sur le siège passager.

LULEABY

Une petite réponse rapide