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Tonight ☽ #HARAღ
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Jeu 29 Aoû - 21:38 Citer EditerSupprimer
L’insouciance, décidément, je n’y croyais. Chaque fois, ses limites se rappelaient et s’imposaient. N’en avais-je fait preuve en cette soirée, m’enquérant de quiétude dans ta chambre, cherchant juste à m’enfermer dans une bulle plus paisible sans attendre après la moindre interaction entre nous. Sans l’espérer ? Sincèrement, je n’y avais pensé. Faute d’accoutumance très certainement. Quand la porte j’avais poussé, le seuil de cette pièce j’avais franchi, je n’aspirais qu’à m’asseoir sur ton lit et faire le tri dans mes pensées. M’inspirer de ta seule présence, dos tourné, regard rivé sur ton écran afin de trouver une once de sérénité. Je ne demandais pas plus que de savoir ce que tu faisais. T’avoir dans mon champ de vision afin de faire taire mes interrogations à ton sujet, si anodines, si intrusives… Et pourtant, nous en étions loin à présent. Cette scène que j’avais imaginé n’avait tenu qu’une poignée d’instant. Puis, les évènements s’étaient enchainés, précipités… jusqu’à ce moment. Celui où je chancelais encore entre le soulagement et la honte de mes aveux. Celui où par tes mots, par tes gestes, tu me faisais succomber encore un peu plus pour toi. Par ta faute, j’éprouvais plus que jamais le sentiment que tout contrôle m’échappait. À commencer par celui de ma langue qui indéniablement, en déversait un peu trop au sujet de mes secrets jusqu’à lors bien gardé. De mes sentiments aussi. Ceux-ci qui balbutiaient encore à s’exprimer. Et j’en étais désolée, mais il leur faudrait juste un peu de temps pour regagner en assurance. À moins que la cause ne soit autre. Ne soit leur ampleur presque indécente pour une relation tout juste naissante. Ils emplissaient tant mon esprit par moment que je tentais de les calmer, décontenancée par leur ardeur si prématurée. Était-ce un rêve ou la réalité ? Après tout, pourquoi serait-il interdit de rêver éveillée ? Par peur de brûler mes ailes ? Celles-là même qui avaient besoin de toi pour guérir de leurs brisures ? Pour battre à nouveau et permettre à mon coeur de s’envoler. Inexorablement, c’était vers toi qu’ou la brise, ou la tempête le portait. Je désirais seulement t’entendre toi aussi. Pas forcément confesser tes sentiments, bien que certainement aurais-je besoin de les savoir – tout comme je redoutais de parvenir à les croire, hantée par le fantôme du mensonge, ses mensonges, ceux d’un fiancé qui m’avait dupé – je souhaitais surtout en apprendre un peu plus sur toi, sur tes goûts, ton quotidien, la vie que tu menais. Puisque j’étais désormais ta petite-amie, m’y intégrerais-tu ? Avec les limites que certainement, je t’imposerais certes, mais me feras-tu vraiment entrer dans ta vie ? Ou ne serais-je encore qu’un mirage, un objet à part, que dans ton cas peut-être tu retrouverais pour d’intimes tête à tête à l’instar de cette nuit pour laquelle tu me demandais de rester. Pour laquelle, malgré les doutes et les incertitudes, je ne pouvais refuser car mon coeur lui ne le souhaitait.
Ce léger sourire maladroit que tu affichas, qu’exprimait-il ? Comment devais-je le comprendre ? Te moquais-tu ? Éprouvais-tu, à mon égal, de l’embarras dans cette situation où l’exposition des sentiments valsait avec la confusion ? Ou bien t’amusais-tu en présage de mes représailles pour les mots que tu t’apprêtais à prononcer. Si tel était le cas, en effet, tu ne te trompais. Instinctivement, instantanément, mes sourcils de fronçaient tandis que tu réfutais ma requête. Que tu ne te cachais de me considérer éternellement comme cet oisillon que je refusais d’être. De te paraître fragile. Alors de la caresse de tes doigts dans mes cheveux, je n’avais que faire. Je n’aimais pas ça. Je ne voulais pas. Cette image d’un petit être fragile, tu n’avais pas le droit de l’entretenir. Tu devais l’effacer, m’accorder ce souhait, car je n’étais ainsi. Malgré les failles dont tu avais pu être témoin… Et si c’était toi ? Et si la seule personne à qui pleinement me révéler, dans ma force et mes faiblesses, mon espoir et mes angoisses, si tu étais celle-ci ? Le désirais-je ? Je l’ignorais. Mon coeur et mon esprit chancelaient entre la curiosité de pousser cette porte vers l’inconnu, goûter à la douceur d’avoir quelque sur qui compter, à un homme à qui s’ouvrir pleinement et… Ma fierté pincée à l’idée que tu sois cet homme me voyant comme vulnérable. Comme si en conséquence, je ne t’offrais que les plus médiocres facettes de ma personnalité. Que je ne t’apportais le meilleur… À tort ou à raison ? Dans cette réflexion, mes traits se détendirent pour se parer d’un voile plus pensif. Je ne savais en être heureuse ou triste. Un mélange d’émotions que je ne parvenais à définir. Un courant trouble que tu amplifiais brusquement de tes mots suivants : ton devoir de me protéger. Si cette idée ne m’était encore confortable, je crois qu’au fond, elle me plaisait juste un tout petit peu. Que cet oisillon, je l’étais à tes yeux par affection ? Protéger ce que l’on aime, je l’avais appris. En m’investissant dans cette fraternité, sans parler d’amour véritable, j’avais été prise de dévouement pour mes renards et muée par la volonté de les protéger contre vents et marées. Alors, je te regardais et mon coeur je consultais. De mes yeux, j’observais la moindre parcelle de tes traits et la réciproque s’imposait. Je m’emporterais si quiconque venait à te blesser physiquement ou mentalement. J’espérais seulement que je ne serais la première responsable… Des yeux qui se baissent, brièvement, pris par surprise par ce doigt venu taquiner mon nez. Un infime sursaut me prit et je les redressais, étonnés puis désapprobateurs. Bien chanceux que tu étais d’avoir joué de tant de vitesse, sinon, ton doigt je l’aurais croqué pour le châtier. La lisais-tu à la surface de mes iris, cette menace ? Ce sursis dont tu venais d’écoper, toi qui enchainais sur une pareille lecture de tes pensées ?
Je te parlais si sérieusement et tu me répondais si légèrement. C’était agaçant. D’un masque contrarié récidiviste, tu armais les traits de mon visage. La prison de tes bras m’ayant un instant surprise, un instant ravie de part leur tendresse et leur chaleur, ne suffirait cependant à estomper l’écho de tes mots. Ceux-ci qui me froissaient. En te proclamant si facile à déchiffrer, ne me répondais-tu pas que je n’aurais qu’à me débrouiller ? Me fier en un instinct dont toute l’assurance avait été ébranlé et qui se recroquevillait de peur d’encore se brûler les ailes… Comme tu étais cruel. Le pire était que par la facétie tu procédais plutôt que de formuler explicitement le fond de ta pensée : démerde-toi pour deviner. Ce que je détestais. Tu m’entourais de tes bras, me pressais contre ce coeur qu’en même temps tu m’annonçais ne pas vouloir m’ouvrir. Que cherchais-tu alors ? Juste à conquérir le mien ? Et plus la réflexion avançait et plus mes sourcils se fronçaient. Toi qui te prétendais si honnête et transparent, indéniablement tu mentais. Car tu l’avais fait. Car ton discours était différent des mois précédents. Auparavant, tu ne te cachais de tes travers, ton goût que trop prononcé pour la chair féminine et ton détachement de toute conséquence. Qu’en était-il de ton désintérêt pour l’engagement désormais ? Ne me racontais-tu pas tout le contraire à présent ? Existait-il pareille contradiction sans mensonge ? Mais alors, quand mentais-tu et quand disais-tu vrai ? Je ne pouvais trancher quant à savoir quel était ton véritable visage.
À en croire tes propos, la réponse se logeait dans ton regard. Sans que tu n’eus besoin d’inviter le mien à le rencontrer, il s’y attelait déjà. Avant même que tu n’aies le culot de m’ordonner d’apprendre, je cherchais déjà. Et ton ordre eut plutôt l’effet inverse. Si tu ne souhaitais te donner la peine de te servir de ta langue, pourquoi userais-je de mon esprit pour apprendre à lire tes pensées ? Pour savoir déceler les secrets dont tes rétines ruisselaient. Pourtant, malgré cette réticence, je ne parvenais à m’en détacher. Je ne le souhaitais. Non pas parce que je les dévorais mais parce que je les sondais. Cette leçon que tu venais de suggérer, tu pourrais la regretter si je m’y acharnais. Si je découvrais les mensonges qui derrière les fausses paroles ou les non-dits se dissimulaient. À ce moment, c’était bien ces ombres que je cherchais. Celles qui découlaient du rayonnement de cette étincelle. À toute lumière sa part d’obscurité. Cette étoile du berger, pouvais-je y croire et la suivre ? Ou n’était-elle que le reflet de l’exaltation du criminel dupant sa proie ? Je ne savais. Je ne voulais plus. J’avais perdu la foi de chercher des signes dans le noir, puisqu’il semblait que chaque fois je m’y trompais. Par cette obligation, tu me torturais. Ce jeu, je le détestais.
Et je regrettais. Cette relation vers laquelle par la main tu m’entrainais, soudainement, je n’en voulais. Pas dans ces conditions-là.
Pourtant, je te suivais, sans résister alors qu’à ta suite tu m’entrainais. Si mon coeur saignait, je n’avais cependant la force de rompre ce lien. Celui de nos mains. Celui de nous deux. Pas encore, pas tout de suite, je t’accompagnais et me jurais de goûter encore un peu à cette douceur, ce fragment de bonheur sans m’y laisser piéger. Sans trop y croire finalement. À nouveau, tous les doutes envolés venaient sitôt de retomber. Sur mes épaules, ils me pesaient. Ils me peinaient mais puisque tu avais décidé qu’il en serait ainsi… À quoi ça rime ? Poupée de chiffon, j’obtempérais à la poursuite d’une félicité qui s’en était allée. Quelques mots avaient suffit. Un refus que je ne digérais et ne le pourrais. Je n’estimais pourtant ne pas me comporter présentement comme une enfant gâtée face aux caprices de laquelle tu n’aurais céder. Pourquoi était-ce si compliqué pour vous les hommes de répondre par la positive – et de vous y tenir – à une requête qui, si elle n’était facile, me paraissait légitime ? Si tu étais sincère lorsque tu disais aimer m’entendre m’exprimer sur mes sentiments, touché par mes aveux ou comme lui, curieux des anecdotes d’enfance que je pouvais conter, pourquoi ne pouviez-vous comprendre qu’une femme n’était pas un vase vide ? Ou plutôt qui avait besoin d’être rempli à force de se vider ? Nous ne pouvions pas parler indéfiniment sans retour en face. Nous aussi nous étions curieuses. Nous aussi, nous aimions ces gages de confiance qui se révélaient pas la communication. Le plaisir de connaître la personne qu’on aime, de lire dans ses pensées, dans son regard, prédire ses réactions… Oui, mais rien n’était innée. Vos jardins secrets, nous ne pouvions les sonder qu’une fois que vous nous aviez invité à l’intérieur. Les fleurs qui y poussent, comment le savoir si vous ne nous en appreniez le nom ? Le reste venait après. La complicité, l’aisance à se comprendre venait avec le temps, certes, cependant, si jamais vous ne vous ouvriez, nous pouvions rester éternellement des étrangers. Et cette part de ma persévérance n’avait déjà été que trop entamée, consumée et brisée… S’il y avait un jeu auquel je ne voulais jouer, c’était bien celui-ci.
Sans réfléchir, je cédais sous la légère pression que tes mains exercèrent sur ma taille après avoir lâché les miennes. Les avoir laissé tomber dans le vide. Un oisillon que tu protégerais sans apprendre à voler en fin de compte. Un infime et imperceptible rictus amer qui déforma brièvement mes lèvres. Un genou après l’autre, je montais sur le lit, enserrant tes cuisses de part et d’autre de mes jambes et reposant mes fesses sur… Non, malgré l’inconfort de ma position, mes muscles ne se délièrent, ils restèrent en tension afin de me maintenir très légèrement surélevée au-dessus de toi. N’osais-je ou ne voulais m’asseoir ainsi sur toi ? Difficile d’y répondre. Ce que je voulais, je ne savais plus. Rentrer dans ma chambre et disparaitre sous la couette en espérant que le poids pesant sur mon coeur se sera dissipé demain ? Ou rester avec toi comme je l’avais accepté ? Incapable de trancher. Je ne me sentais même plus la hargne de débattre avec moi-même. Alors comment pourrais-je le faire avec toi si tu tentais une nouvelle fois de me retenir ? Par tes mots, tu m’avais ôté toute envie, toute once de chaleur. Éteint l’étincelle de bonheur. Si tu savais lire dans les yeux, ne voyais-tu pas comme les miens avaient été quitté de toute substance ? Ils n’exprimaient rien, parce que je ne ressentais rien. À cet instant, si j’observais mon reflet dans mon miroir, n’y verrais-je pas la Hera du lycée ? Non, même celle-ci était habitée par plus de combativité. Même celle qui avait baigné avec les crocodiles. Alors, peut-être que je lui ressemblais, lui et son absence d’émotion, de sentiment, de sincérité et d’attachement. Pourtant, je l’étais, attachée à toi, et c’était bien là, l’objet de ma peine, puisqu’au fond, tu avais beau prôner ton sérieux, tu ne l’envisageais au point de me parler. En demandais-je trop ? Devrais-je me contenter de ce que tu daignais me donner ? Momentanément, je m’y résignais. Sans que le coeur n’y soit…
Alors, je ne réagissais à l’ambiguïté de cette position que tu évoquais pourtant. Je ne réagissais à tes bras autour de ma taille. Pas plus que ceux-ci me soulevant finalement pour que tu te relèves. Peut-être en fus-je un soupçon étonné. Je t’en aurais cru capable. Sans plus. Sans excès de surprise et encore moins d’enthousiasme. Aussitôt assise, à présent seule sur le lit, je me sentais tant vidée de la moindre conviction qu’à l’instar de cette soirée d’ivresse, je me serais volontiers choir sur ton oreiller, à demi étendue sur le matelas, les jambes pendantes en-dehors. Mes yeux suivants tes mouvements ainsi que ceux de notre compagnon canidé, je commençais à me laisser pencher, à me laisser tenter. Puis, de vous deux mes yeux se détachèrent et se posèrent sur l’oreiller, sur ce qui composait ce lit me révulsant soudainement. Je n’avais pas envie de reposer ma tête là où tout un tas de filles l’avaient fait avant. Je ne savais même pas quel genre de messe tu leur avais conté avant de les sauter. Avais-tu joué si habilement qu’avec moi ? Toi qui ne te jouais des sentiments et pourtant… Je ne voulais plus m’y asseoir non plus. Alors, à la place, je descendais d’un cran. Je m’asseyais à même le sol. M’agenouillais plus exactement, si inconfortable, au pied du meuble. Une hauteur qui me valut instantanément de happer l’attention de Mingyun, quittant prestement son panier pour venir réclamer celui de mes jambes. Je les croisais alors en tailleur pour l’accueillir et sursautais légèrement lorsque soudainement tu t’exclamais. Une surprise qui me valut une trace de griffe sur l’intérieur de la cuisse, dénudée par mon short remonté dans cette position. Je serrais quelque peu les dents, non pas tant à cause de la douleur mais parce que j’entendais déjà les remontrances lors de ma prochaine réunion de travail s’il restait trace de cette griffure. Je ne m’y attardais cependant, reportant mon attention sur ta personne mise en mouvement. Bien que celle-ci s’affaiblit dès lors que je te vis t’adresser à une figurine visiblement portée disparue depuis longtemps, je continuais à te suivre du regard, te dirigeant alors vers ton bureau. Je t’observais, toi et ton petit univers composant ce meuble où tu passais tant d’heure. Je te regardais avec un mélange pesant d’affection et de mélancolie. Parce que tu me plaisais. Mais aussi parce qu’il semblait que je m’amourachais encore de celui que je désirais que tu sois et non que tu étais. Comment avais-tu pu me demander d’être ta petite amie si tu ne voulais en endosser tous les devoirs ? Juste faire le beau à me protéger, le preux chevalier à attendre que je daigne me faire baiser, ce n’était pas ce que je souhaitais d’une relation de couple. Pas de la nôtre.
Jaloux ou réceptif à la lourdeur de mon coeur, Mingyun et moi ne tardèrent à être rejoint par un Jethro en ayant fini avec ton sac. Avec son absence de délicatesse, il vint engouffrer sa tête en bélier contre mon cou. Se blottissant, se frottant et tentant quelques coups de langue. Si je tendais l’oreille à ta narration, je ne pouvais de décerner toute mon attention, nos deux compagnons un peu trop envahissant et de redoutables concurrents pour se l’accaparer. D’une patte, Jethro essaya de faire comprendre à Mingyun de quitter son logis mais celui-ci n’en manifesta aucunement l’intention. Aux grands maux, les grands remèdes, le husky opta pour s’imposer comme il savait si bien le faire. Une patte après l’autre, il prit place entre mes jambes, assis son derrière en partie dessus et vint poser ses deux pattes avant par-dessus mon autre cuisse, s’allongeant littéralement, sans ménagement, autant sur moi que sur le chat qui n’eut que le temps de s’extirper au dernier moment dans un miaulement plaintif. Sans doute savait-il que son ami canidé ne plaisantait pas dans sa maitrise de l’irrespect. Le chaton ne tarda pas à revenir néanmoins pour se nicher dans un petit creux restant au niveau de mes chevilles… Ou non, pour être plus proche, il décida à son tour de prendre son comparse poilu comme coussin, celui-ci ne refusant jamais un massage des petites pattes du chaton préalable à son installation. Ces deux-là enfin en place, je pus t’accorder à nouveau mon attention. À ta narration, je tentais de raccrocher les wagons. Et je constatais comme la magie de nos compagnons avait encore une fois opérée. Je parvenais à te regarder avec le coeur un peu plus léger. Je t’écoutais et prenais tes paroles comme un début de ce que tu voulais bien me confier. Bien que mon intérêt direct pour l’univers de tes jeux s’avérait faible, celui que je t’accordais ainsi qu’à ton univers à toi, dont les jeux faisaient partis indéniablement, se révélait beaucoup plus grand. Peut-être n’était-ce rien. Peut-être était-ce anodin, mais déjà, je me sentais un peu heureuse que tu me contes l’origine de cette figurine. Qui sait, peut-être que je la retiendrais ?
De cette douce satisfaction, un léger sourire sur mes lèvres renaissait, s’épanouissant au gré de ton récit, qui, à chacun de tes mots un peu plus m’amusait. Et surtout, ta conclusion ou plutôt ta prise de conscience que tu venais de t’égarer dans un monologue dont le sujet ne m’intéressait. À un détail près : toi. Puisque c’était ton univers, j’écoutais. Puisque tu m’ouvrais une petite porte sur ton monde alors je regardais avec curiosité ce qu’il y avait de l’autre côté. « Un peu oui, » confirmais-je ton constat, avec légèreté. Tu t’étais emporté, mais ce ne fut pour me déplaire. D’ailleurs, d’un signe de la main je t’incitais à venir nous rejoindre, Jethro, Mingyun et moi. Je souhaitais que tu t’assoies à nos côtés. Pour qu’ainsi, le poids de nos compagnons aussi nous puissions partager. De mes doigts je me saisissais du jeune chat toujours si léger. Je le soulevais afin de le déposer sur tes cuisses dès lors que tu t’installais avec nous sur le sol, au pied de ton lit. Peut-être qu’ainsi me sentirais-je plus à l’aise. Que l’ambiguïté ne se ferait aussi tenace que si nous avions établi le camp sur ton matelas. Malgré mes gestes entravés par la masse encombrante que représentait Jethro je me penchais néanmoins dans ta direction afin de te confier Mingyun. Le chaton déposé, avant de me redresser, mes mains remontèrent jusqu’à ton visage. Le contour de ta mâchoire elles entourèrent délicatement, t’incitant doucement à te pencher en avant. À me permettre de t’embrasser. Un baiser léger et pourtant prononcé que je prolongeais plusieurs instants. Paupières closes, je me berçais de l’illusion de figer le temps. Les battements s’intensifièrent sans perdre pourtant de leur sérénité. Au contraire, celle-ci semblait me rassurer quant au poids précédemment éprouvé. Ce fut bien avec non envie que nos lèvres je me résignais finalement à séparer, lentement. Puis je me redressais et mes doigts ayant quitter ta peau trouvèrent refuge dans le pelage de mon fidèle animal.
Du regard, je le couvais tendrement ce si loyal ami. Canidé entré dans ma vie depuis bientôt une année. Lorsqu’il se tenait tranquille ainsi, Jethro ressemblait presque à une vérité peluche. Pensée qui me donna une idée. « Dans ma chambre de dortoir, j’ai trois peluches, » annonçais-je de façon qui te parut certainement soudaine et sortie de nulle part. Bref silence ainsi rompu, je redressais mon attention dans ta direction. Sans doute ne saisirais-tu pas de suite mon intention, mais puisque tu m’avais narré le récit de ta figurine, ou plutôt du jeu dont elle provenait, j’avais aussi envie de partager un fragment innocent de mon univers. Saurais-tu le lire dans mes yeux qui à présent te regardaient ? Une main toujours logée dans la toison du husky, l’autre je tendis entre nous, l’index dressé, prête à énumérer : « La première… » Une vague impression de déjà vu m’interrompit pourtant. Mes iris se détachèrent de ton visage pour glisser sur ce doigt qui semblait m’envouter presque à en loucher. J’eus l’étrange sensation de me remémorer un souvenir oublié. Était-ce juste bel et bien un tour de mon esprit ou n’avions-nous pas déjà eu une conversation de ce genre ? Une énumération nocturne lors d’une soirée en tête… Pourtant ce genre de situation nous n’avions guère connu, à l’exception de… Ces nuits d’ivresse où tu avais été par moment seul à mes côtés, comme à Halloween ou cette soirée de décembre où nous avions adopté Mingyun. Mes yeux se reportèrent alors sur celui-ci. Je regrettais. Soudainement, je regrettais ces moments que j’avais oublié. Ces fragments de vie certainement pas aussi insignifiants que je m’en étais un temps convaincue qui de ma mémoire avaient disparu. Me reviendraient-ils un jour ? L’espérant, je me figeais une poignée d’un instant, comme si cette énumération pourrait lancer l’engrenage, mais il n’en fut rien. Alors je me résignais et me ressaisissais, prête à reprendre là où j’en étais. Où en étais-je déjà ? « Qu’est-ce que je disais ? » te demandais-je vaguement perdue dans ma réflexion, accompagnée de quelques battements de cils. « Ah oui ! » Question aussitôt posée, cerveau aussitôt réactivé. J’affirmais alors de nouveau mon index dressé au bout de mon bras tendu entre nous : « La première est un Paon ! Mais pas n’importe quel paon ! La légende raconte qu’il serait voué à devenir phénix ! » Je me tus, quelques instants, puis ne pus m’empêcher de rire légèrement. « Ne te moque pas de certaines croyances de mon pays, hein ! » Bien que celle-ci s’avérait vraiment atypique et peu répandue. Je repris un peu mon sérieux ensuite pour reprendre néanmoins avec douceur : « En vérité, si j’y tiens tant c’est parce que cette peluche est unique. Elle a été confectionné dans un atelier artisanal chinois, avec des matériaux précieux, » dont je t’épargnerais l’énumération qui n’avait grand intérêt à tes yeux. « C’est le tout premier cadeau que mon père m’a fait. Le tout premier que j’ai reçu tout court. Il l’avait commandé pour ma naissance. Alors, ce Paon veille sur mon sommeil depuis le berceau en quelque sorte ! » souris-je dans un rire léger en conclusion. Oui, je la conservais et l’avais emporté avec moi autant en Angleterre qu’en Corée du Sud. Peut-être était-ce mon côté petite fille, mais je ne m’en séparais pour le moment. Et puis, son odeur me rappelait le pays…
Ce paon n’était le seul, ni à couver mon sommeil, ni à me paraitre imprégné des effluves que j’aimais tant. Si le Paon était la terre de Singapour et ses parfums, son partenaire était l’océan et l’air marin. « La seconde, » dressais-je mon majeur à côté de mon index. « C’est un hippocampe. » Je marquais une légère pause avant d’ajouter la chute : « Acheté dans un aéroport. » Loin de la pièce unique et exceptionnel, tu ne t’attendais certainement pas à une telle provenance et pourtant. D’un air désabusé je passais au rire et te racontais : « C’est un cadeau de mon frère. Pour être exact, c’est le tout premier qu’il m’a fait, le jour de notre rencontre lorsqu’il est arrivé dans notre famille. Jae Hwa avait quinze ans et moi à peine dix. Maladroit qu’il était, ce fut en arrivant à Singapour qu’il s’était rendu que peut-être, il pourrait offrir des présents. Et il n’avait absolument aucune idée de qu’offrir à une petite fille de dix ans alors… Sachant que j’aimais les créatures de la mer, que les enfants affectionnaient les peluches généralement et que les filles aimaient les poneys, il a choisi… Une peluche en forme de cheval de mer. » Le timbre de ma voix oscillait entre l’affection et la désolation. Mon frère pouvait être parfois accablant. J’arquais un sourcil dans ta direction. Peut-être bien que vous vous ressembliez sur certains points. En tout cas, je ne doutais étrangement pas sur votre entende. Mes lèvres pincées, je soupirais à ce souvenirs et la suite qui à nouveau, te rapprocherait d’une certaine façon de mon frère. « Je l’ai insulté et jeté sa minable peluche au visage lorsque nous nous sommes rencontrés et qu’il me l’a offerte… » avouais-je sans détour la douceur de mon caractère d’enfant, encore bien plus terrible que maintenant. « Et pourtant, je l’ai gardé, » émis-je ensuite sur un ton beaucoup plus tendre et témoignant de mon attachement. Quelques instants, au souvenir de mon frère, je me perdais dans mes pensées. Un instinct oublié me revint : celui de déposer ma main sur ma gorge en quête d’un collier qui y pendait auparavant. Ce bijou lui aussi s’avérait être à la fois unique et un présent de mon frère. Je ne m’en séparais jamais à mon arrivée à la Yonsei. Puis, j’avais fini par le remplacer. Par le ranger pour céder la place à un nouveau offert par mon fiancé. Et en son absence mes doigts avaient pris pour rituel de rechercher apaisement sur ma bague en diamant. Ne devrais-je pas le ressortir de son écrin afin de lui redonner place à la lumière du jour ? De renouer avec son pouvoir qui m’aidait à lutter contre l’anxiété…
Après avoir cherché en vain un collier qui n’était plus là, je secouais légèrement la tête afin de me remettre les idées en place et de reprendre. Ma main quitta le sommet de ma poitrine pour endosser son rôle derechef en dressant mon annulaire dénudé à côté de ces prédécesseurs index et majeur. « La troisième… » Je fis mine de réfléchir, portant mes trois doigts à mes lèvres qu’ils tapotèrent très légèrement avant que je ne les ôte et mette fin au suspense. « Celle-ci, elle trône sur mon bureau et veille sur mon travail quand je révise. » J’aimais lever les yeux régulièrement sur elle dont la bouille m’insufflait autant de chaleur que de douceur. Souvenir d’un agréable moment… « Elle m’a été offerte par un certain garçon, le jour de son anniversaire. Je t’accorde que c’est étrange, en principe, c’était à lui de recevoir un cadeau et non pas d’en faire un. » Qui de la malice dans mes yeux ou te l’espièglerie dans ma voix te ferait comprendre en premier que bien évidemment tu étais ce garçon. « À moins que ce ne fut parce que conscient et reconnaissant de l’immense générosité et dévotion de sa merveilleuse présidente de fraternité qui lui avait accordé de son temps en sa compagnie pour fêter son vingt et unième anniversaire alors qu’il s’enivrait tout seul dans sa chambre. » Cette fois, tu ne pouvais qu’avoir compris. « Enfin… » soufflais-je ensuite sur un ton bien plus pensive, soudainement en proie à l’interrogation. « Peut-être qu’il ne s’en souvient même pas… » Je ne te regardais plus. Mes yeux fixaient le vide. C’était fort probable. Au mois de décembre, nous n’étions rien. Cette peluche, tu avais dû me la donner avec la légèreté et la simplicité qui te caractérisait. À tes yeux, elle n’avait probablement aucune valeur ou signification. C’était même certain. Elle n’aurait eu de raison d’en avoir. Pourtant, bêtement, je l’avais gardé. Précieusement, je l’avais conservé et placé de manière à pouvoir l’observer quotidiennement. Et ce, depuis ce jour de décembre…
À cette prise de conscience, je me sentais subitement bien bête. Pourquoi avais-je chéri plus ou moins consciemment un tel objet pendant tout ce temps ? Pourquoi avais-je cru qu’elle se dotait d’une once de valeur outre que dans mon coeur ? Alors qu’en ce temps, je n’aurais dû l’aimer de surcroit. Mais il n’y avait de mal à affectionner une peluche, n’est-ce pas ? Cela ne constituait pas un faux pas. Juste un palliatif à des sentiments que je refusais d’envisager. Face à cet embarras qui s’accroissait, je dégainais alors mon arme favorite : l’épée de la défensive. « Ce n’est pas parce que j’ai encore quelques peluches que j’affectionne que tu peux te permettre de me regarder comme une petite chose fragile, hein ! » Une petite référence au passage pour l’oisillon précédent. « Je n’ai pas besoin d’être surprotégée et je déteste ça ! » La décèlerais-tu, la nuance ? Je parais à tout excès mais tes intentions de protection je ne refusais pleinement. J’avais envie d’essayer, d’y goûter. Un peu comme ce soir, je découvrais une autre façon d’apprendre à aimer, à partager ce lien si particulier qu’est censé représenter un petit ami.
J’aimais cette soirée. Cette discussion aussi simple et anodine pouvait-elle être, à mes yeux, c’était précieux. C’était unique. D’Iwan je connaissais et avais à l’époque la conviction de tout connaitre. Comme s’il n’avait pour moi aucun secret. Parce que nous avions grandi ensemble. À l’opposé, de Hyeon je n’avais jamais vraiment rien appris. Jamais il ne s’était dévoilé. Les portes de son univers il m’avait gardé closes malgré une promesse de mariage et un prétendu désir de partager le reste de nos vies, jusqu’au bout. Peut-être étais-je trop naïve, trop enfantine et immature, mais passer la nuit entière – ou ne serait-ce qu’une partie – à discuter, même pour raconter des anecdotes aussi innocentes sans grand intérêt, me suffisait. Communiquer me plaisait. Et connaitre l’autre, la personne qu’on aime, ne consistait pas justement à découvrir et apprendre les petites histoires qui ont constitué sa vie, aussi futile puissent-elles être. À qui pourrait-on les conter si ce n’était à la personne qui prisait la première place dans notre coeur ? Cependant dans ma candeur, un doute pointait alors que dans tes yeux les miens se plongeaient. Leurrer par mon ignorance, mon inexpérience, je me sentis soudainement bien désolée. À tel point que j’eus l’impression que l’expression sur mon visage en fut changée. Fut-ce le cas ? Toi seul le verrais. Ou peut-être pas… J’étais désolée car cette discussion pour cette soirée, ce serait tout ce que je t’offrirais. Tout ce que je pouvais te donner pour le moment. Si je m’en satisfaisais pleinement, comment pouvais-tu t’en contenter ? Je me sentis si ridicule… Mon regard voilé, presque en proie à une envie de pleurer d’être aussi stupide, aussi coincée, mes iris se défilèrent afin de ne plus croiser les tiens. Ils filèrent tout d’abord en direction de ton lit. Une vision qui ne fit que renforcer mon sentiment. Les autres filles, elles ne te faisaient pas passer ta soirée assis au pied de ton lit. Les autres filles, elles te donnaient tellement plus. Elles se donnaient à toi et répondaient à tes désirs. Mais je ne pouvais pas être ces filles là. J’ignorais si je le voulais… Non, je ne le souhaitais car je dérogerais à moi-même. Cependant, j’aurais aimé pouvoir faire plus pour toi. Et ne plus me sentir aussi inutile et ridicule par rapport à elles. J’étais ta petite amie et pourtant… De nous deux, n’étais-je pas vraiment la plus enfant ?
Un soupir, alors que mon visage se baissait, je perçus la menace imminente d’une larme versée profitant de la pente de mon nez pour s’échapper. De justesse, mon menton je redressais. D’une main, j’estompais légèrement le bord de mes cils du dos de mon index en détournant la tête. Cette fois-ci, mon attention se porta en direction du bureau. Là où tu avais précédemment reposé ta fameuse figurine. Idiote puérile que j’avais été à m’enthousiasmer de t’entendre conter son histoire. Je la fixais quelques instants avant que mes iris ne dérivent sur cette peluche en forme de… Était-ce un poulpe ou une fleur ? Il m’était difficile de le définir. Peut-être un mélange des deux ? Intriguée, sans un mot, je fis comprendre à Jethro de se lever et je ne tardais à en faire de même. Curieux, l’animal m’accompagnait en marchant sur mes talons. La pièce je traversais alors jusqu’à ton bureau et plus exactement cette étrange peluche que j’effleurais du bout de mes doigts. Si je t’avais conté précédemment l’histoire des miennes, quelle était la sienne ? Une peluche dans la chambre d’un garçon n’était-ce pas peu courant ? Serait-ce un cadeau ? D’une autre fille ? L’objet entre mes mains, sans le quitter du regard, je tournais en partie les talons afin de te faire face, pensive. Devais-je te poser la question ? Le pouvais-je ? Me répondrais-tu ou te contenterais-tu de me dire de deviner en sondant la réponse dans tes yeux ? À ce rappel, je ressentais un regain d’assurance et fermeté. Mon regard je relevais enfin, la peluche toujours en main. « À partir de maintenant, c’est donnant-donnant, » annonçais-je en fixant mes yeux sur toi. « Si tu me parles, je te parlerais aussi, sinon, démerde-toi aussi pour me comprendre. » Parce que j’étais prête à t’écouter, que peut-être je serais prête à desserrer le frein avec toi si tu le réclamais. Si tu en éprouvais plus que l’envie, le besoin, je pourrais comprendre et prendre sur moi pour te donner ce que tu désirais, mais… Que tu t’exprimes et ne te contente de me laisser deviner, supposer, était un indispensable pour moi. « Il te suffit d’apprendre à lire dans mes yeux, n’est-ce pas ? » Sourcil arqué, je penchais légèrement la tête sur le côté en signe de provocation. Juste réponse à la tienne précédemment. Néanmoins, nous mettre sur un pied d’égalité me paraissait être la seule solution pour que peut-être tu comprennes. Que tu saches mon ressenti chaque fois que la réponse je n’aurais de ta bouche mais seulement de tes yeux. Bien que ceux-ci ne sauraient mentir, j’avais perdu la foi en mon instinct quant à décrypter leur langage…
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
L’insouciance, décidément, je n’y croyais. Chaque fois, ses limites se rappelaient et s’imposaient. N’en avais-je fait preuve en cette soirée, m’enquérant de quiétude dans ta chambre, cherchant juste à m’enfermer dans une bulle plus paisible sans attendre après la moindre interaction entre nous. Sans l’espérer ? Sincèrement, je n’y avais pensé. Faute d’accoutumance très certainement. Quand la porte j’avais poussé, le seuil de cette pièce j’avais franchi, je n’aspirais qu’à m’asseoir sur ton lit et faire le tri dans mes pensées. M’inspirer de ta seule présence, dos tourné, regard rivé sur ton écran afin de trouver une once de sérénité. Je ne demandais pas plus que de savoir ce que tu faisais. T’avoir dans mon champ de vision afin de faire taire mes interrogations à ton sujet, si anodines, si intrusives… Et pourtant, nous en étions loin à présent. Cette scène que j’avais imaginé n’avait tenu qu’une poignée d’instant. Puis, les évènements s’étaient enchainés, précipités… jusqu’à ce moment. Celui où je chancelais encore entre le soulagement et la honte de mes aveux. Celui où par tes mots, par tes gestes, tu me faisais succomber encore un peu plus pour toi. Par ta faute, j’éprouvais plus que jamais le sentiment que tout contrôle m’échappait. À commencer par celui de ma langue qui indéniablement, en déversait un peu trop au sujet de mes secrets jusqu’à lors bien gardé. De mes sentiments aussi. Ceux-ci qui balbutiaient encore à s’exprimer. Et j’en étais désolée, mais il leur faudrait juste un peu de temps pour regagner en assurance. À moins que la cause ne soit autre. Ne soit leur ampleur presque indécente pour une relation tout juste naissante. Ils emplissaient tant mon esprit par moment que je tentais de les calmer, décontenancée par leur ardeur si prématurée. Était-ce un rêve ou la réalité ? Après tout, pourquoi serait-il interdit de rêver éveillée ? Par peur de brûler mes ailes ? Celles-là même qui avaient besoin de toi pour guérir de leurs brisures ? Pour battre à nouveau et permettre à mon coeur de s’envoler. Inexorablement, c’était vers toi qu’ou la brise, ou la tempête le portait. Je désirais seulement t’entendre toi aussi. Pas forcément confesser tes sentiments, bien que certainement aurais-je besoin de les savoir – tout comme je redoutais de parvenir à les croire, hantée par le fantôme du mensonge, ses mensonges, ceux d’un fiancé qui m’avait dupé – je souhaitais surtout en apprendre un peu plus sur toi, sur tes goûts, ton quotidien, la vie que tu menais. Puisque j’étais désormais ta petite-amie, m’y intégrerais-tu ? Avec les limites que certainement, je t’imposerais certes, mais me feras-tu vraiment entrer dans ta vie ? Ou ne serais-je encore qu’un mirage, un objet à part, que dans ton cas peut-être tu retrouverais pour d’intimes tête à tête à l’instar de cette nuit pour laquelle tu me demandais de rester. Pour laquelle, malgré les doutes et les incertitudes, je ne pouvais refuser car mon coeur lui ne le souhaitait.
Ce léger sourire maladroit que tu affichas, qu’exprimait-il ? Comment devais-je le comprendre ? Te moquais-tu ? Éprouvais-tu, à mon égal, de l’embarras dans cette situation où l’exposition des sentiments valsait avec la confusion ? Ou bien t’amusais-tu en présage de mes représailles pour les mots que tu t’apprêtais à prononcer. Si tel était le cas, en effet, tu ne te trompais. Instinctivement, instantanément, mes sourcils de fronçaient tandis que tu réfutais ma requête. Que tu ne te cachais de me considérer éternellement comme cet oisillon que je refusais d’être. De te paraître fragile. Alors de la caresse de tes doigts dans mes cheveux, je n’avais que faire. Je n’aimais pas ça. Je ne voulais pas. Cette image d’un petit être fragile, tu n’avais pas le droit de l’entretenir. Tu devais l’effacer, m’accorder ce souhait, car je n’étais ainsi. Malgré les failles dont tu avais pu être témoin… Et si c’était toi ? Et si la seule personne à qui pleinement me révéler, dans ma force et mes faiblesses, mon espoir et mes angoisses, si tu étais celle-ci ? Le désirais-je ? Je l’ignorais. Mon coeur et mon esprit chancelaient entre la curiosité de pousser cette porte vers l’inconnu, goûter à la douceur d’avoir quelque sur qui compter, à un homme à qui s’ouvrir pleinement et… Ma fierté pincée à l’idée que tu sois cet homme me voyant comme vulnérable. Comme si en conséquence, je ne t’offrais que les plus médiocres facettes de ma personnalité. Que je ne t’apportais le meilleur… À tort ou à raison ? Dans cette réflexion, mes traits se détendirent pour se parer d’un voile plus pensif. Je ne savais en être heureuse ou triste. Un mélange d’émotions que je ne parvenais à définir. Un courant trouble que tu amplifiais brusquement de tes mots suivants : ton devoir de me protéger. Si cette idée ne m’était encore confortable, je crois qu’au fond, elle me plaisait juste un tout petit peu. Que cet oisillon, je l’étais à tes yeux par affection ? Protéger ce que l’on aime, je l’avais appris. En m’investissant dans cette fraternité, sans parler d’amour véritable, j’avais été prise de dévouement pour mes renards et muée par la volonté de les protéger contre vents et marées. Alors, je te regardais et mon coeur je consultais. De mes yeux, j’observais la moindre parcelle de tes traits et la réciproque s’imposait. Je m’emporterais si quiconque venait à te blesser physiquement ou mentalement. J’espérais seulement que je ne serais la première responsable… Des yeux qui se baissent, brièvement, pris par surprise par ce doigt venu taquiner mon nez. Un infime sursaut me prit et je les redressais, étonnés puis désapprobateurs. Bien chanceux que tu étais d’avoir joué de tant de vitesse, sinon, ton doigt je l’aurais croqué pour le châtier. La lisais-tu à la surface de mes iris, cette menace ? Ce sursis dont tu venais d’écoper, toi qui enchainais sur une pareille lecture de tes pensées ?
Je te parlais si sérieusement et tu me répondais si légèrement. C’était agaçant. D’un masque contrarié récidiviste, tu armais les traits de mon visage. La prison de tes bras m’ayant un instant surprise, un instant ravie de part leur tendresse et leur chaleur, ne suffirait cependant à estomper l’écho de tes mots. Ceux-ci qui me froissaient. En te proclamant si facile à déchiffrer, ne me répondais-tu pas que je n’aurais qu’à me débrouiller ? Me fier en un instinct dont toute l’assurance avait été ébranlé et qui se recroquevillait de peur d’encore se brûler les ailes… Comme tu étais cruel. Le pire était que par la facétie tu procédais plutôt que de formuler explicitement le fond de ta pensée : démerde-toi pour deviner. Ce que je détestais. Tu m’entourais de tes bras, me pressais contre ce coeur qu’en même temps tu m’annonçais ne pas vouloir m’ouvrir. Que cherchais-tu alors ? Juste à conquérir le mien ? Et plus la réflexion avançait et plus mes sourcils se fronçaient. Toi qui te prétendais si honnête et transparent, indéniablement tu mentais. Car tu l’avais fait. Car ton discours était différent des mois précédents. Auparavant, tu ne te cachais de tes travers, ton goût que trop prononcé pour la chair féminine et ton détachement de toute conséquence. Qu’en était-il de ton désintérêt pour l’engagement désormais ? Ne me racontais-tu pas tout le contraire à présent ? Existait-il pareille contradiction sans mensonge ? Mais alors, quand mentais-tu et quand disais-tu vrai ? Je ne pouvais trancher quant à savoir quel était ton véritable visage.
À en croire tes propos, la réponse se logeait dans ton regard. Sans que tu n’eus besoin d’inviter le mien à le rencontrer, il s’y attelait déjà. Avant même que tu n’aies le culot de m’ordonner d’apprendre, je cherchais déjà. Et ton ordre eut plutôt l’effet inverse. Si tu ne souhaitais te donner la peine de te servir de ta langue, pourquoi userais-je de mon esprit pour apprendre à lire tes pensées ? Pour savoir déceler les secrets dont tes rétines ruisselaient. Pourtant, malgré cette réticence, je ne parvenais à m’en détacher. Je ne le souhaitais. Non pas parce que je les dévorais mais parce que je les sondais. Cette leçon que tu venais de suggérer, tu pourrais la regretter si je m’y acharnais. Si je découvrais les mensonges qui derrière les fausses paroles ou les non-dits se dissimulaient. À ce moment, c’était bien ces ombres que je cherchais. Celles qui découlaient du rayonnement de cette étincelle. À toute lumière sa part d’obscurité. Cette étoile du berger, pouvais-je y croire et la suivre ? Ou n’était-elle que le reflet de l’exaltation du criminel dupant sa proie ? Je ne savais. Je ne voulais plus. J’avais perdu la foi de chercher des signes dans le noir, puisqu’il semblait que chaque fois je m’y trompais. Par cette obligation, tu me torturais. Ce jeu, je le détestais.
Et je regrettais. Cette relation vers laquelle par la main tu m’entrainais, soudainement, je n’en voulais. Pas dans ces conditions-là.
Pourtant, je te suivais, sans résister alors qu’à ta suite tu m’entrainais. Si mon coeur saignait, je n’avais cependant la force de rompre ce lien. Celui de nos mains. Celui de nous deux. Pas encore, pas tout de suite, je t’accompagnais et me jurais de goûter encore un peu à cette douceur, ce fragment de bonheur sans m’y laisser piéger. Sans trop y croire finalement. À nouveau, tous les doutes envolés venaient sitôt de retomber. Sur mes épaules, ils me pesaient. Ils me peinaient mais puisque tu avais décidé qu’il en serait ainsi… À quoi ça rime ? Poupée de chiffon, j’obtempérais à la poursuite d’une félicité qui s’en était allée. Quelques mots avaient suffit. Un refus que je ne digérais et ne le pourrais. Je n’estimais pourtant ne pas me comporter présentement comme une enfant gâtée face aux caprices de laquelle tu n’aurais céder. Pourquoi était-ce si compliqué pour vous les hommes de répondre par la positive – et de vous y tenir – à une requête qui, si elle n’était facile, me paraissait légitime ? Si tu étais sincère lorsque tu disais aimer m’entendre m’exprimer sur mes sentiments, touché par mes aveux ou comme lui, curieux des anecdotes d’enfance que je pouvais conter, pourquoi ne pouviez-vous comprendre qu’une femme n’était pas un vase vide ? Ou plutôt qui avait besoin d’être rempli à force de se vider ? Nous ne pouvions pas parler indéfiniment sans retour en face. Nous aussi nous étions curieuses. Nous aussi, nous aimions ces gages de confiance qui se révélaient pas la communication. Le plaisir de connaître la personne qu’on aime, de lire dans ses pensées, dans son regard, prédire ses réactions… Oui, mais rien n’était innée. Vos jardins secrets, nous ne pouvions les sonder qu’une fois que vous nous aviez invité à l’intérieur. Les fleurs qui y poussent, comment le savoir si vous ne nous en appreniez le nom ? Le reste venait après. La complicité, l’aisance à se comprendre venait avec le temps, certes, cependant, si jamais vous ne vous ouvriez, nous pouvions rester éternellement des étrangers. Et cette part de ma persévérance n’avait déjà été que trop entamée, consumée et brisée… S’il y avait un jeu auquel je ne voulais jouer, c’était bien celui-ci.
Sans réfléchir, je cédais sous la légère pression que tes mains exercèrent sur ma taille après avoir lâché les miennes. Les avoir laissé tomber dans le vide. Un oisillon que tu protégerais sans apprendre à voler en fin de compte. Un infime et imperceptible rictus amer qui déforma brièvement mes lèvres. Un genou après l’autre, je montais sur le lit, enserrant tes cuisses de part et d’autre de mes jambes et reposant mes fesses sur… Non, malgré l’inconfort de ma position, mes muscles ne se délièrent, ils restèrent en tension afin de me maintenir très légèrement surélevée au-dessus de toi. N’osais-je ou ne voulais m’asseoir ainsi sur toi ? Difficile d’y répondre. Ce que je voulais, je ne savais plus. Rentrer dans ma chambre et disparaitre sous la couette en espérant que le poids pesant sur mon coeur se sera dissipé demain ? Ou rester avec toi comme je l’avais accepté ? Incapable de trancher. Je ne me sentais même plus la hargne de débattre avec moi-même. Alors comment pourrais-je le faire avec toi si tu tentais une nouvelle fois de me retenir ? Par tes mots, tu m’avais ôté toute envie, toute once de chaleur. Éteint l’étincelle de bonheur. Si tu savais lire dans les yeux, ne voyais-tu pas comme les miens avaient été quitté de toute substance ? Ils n’exprimaient rien, parce que je ne ressentais rien. À cet instant, si j’observais mon reflet dans mon miroir, n’y verrais-je pas la Hera du lycée ? Non, même celle-ci était habitée par plus de combativité. Même celle qui avait baigné avec les crocodiles. Alors, peut-être que je lui ressemblais, lui et son absence d’émotion, de sentiment, de sincérité et d’attachement. Pourtant, je l’étais, attachée à toi, et c’était bien là, l’objet de ma peine, puisqu’au fond, tu avais beau prôner ton sérieux, tu ne l’envisageais au point de me parler. En demandais-je trop ? Devrais-je me contenter de ce que tu daignais me donner ? Momentanément, je m’y résignais. Sans que le coeur n’y soit…
Alors, je ne réagissais à l’ambiguïté de cette position que tu évoquais pourtant. Je ne réagissais à tes bras autour de ma taille. Pas plus que ceux-ci me soulevant finalement pour que tu te relèves. Peut-être en fus-je un soupçon étonné. Je t’en aurais cru capable. Sans plus. Sans excès de surprise et encore moins d’enthousiasme. Aussitôt assise, à présent seule sur le lit, je me sentais tant vidée de la moindre conviction qu’à l’instar de cette soirée d’ivresse, je me serais volontiers choir sur ton oreiller, à demi étendue sur le matelas, les jambes pendantes en-dehors. Mes yeux suivants tes mouvements ainsi que ceux de notre compagnon canidé, je commençais à me laisser pencher, à me laisser tenter. Puis, de vous deux mes yeux se détachèrent et se posèrent sur l’oreiller, sur ce qui composait ce lit me révulsant soudainement. Je n’avais pas envie de reposer ma tête là où tout un tas de filles l’avaient fait avant. Je ne savais même pas quel genre de messe tu leur avais conté avant de les sauter. Avais-tu joué si habilement qu’avec moi ? Toi qui ne te jouais des sentiments et pourtant… Je ne voulais plus m’y asseoir non plus. Alors, à la place, je descendais d’un cran. Je m’asseyais à même le sol. M’agenouillais plus exactement, si inconfortable, au pied du meuble. Une hauteur qui me valut instantanément de happer l’attention de Mingyun, quittant prestement son panier pour venir réclamer celui de mes jambes. Je les croisais alors en tailleur pour l’accueillir et sursautais légèrement lorsque soudainement tu t’exclamais. Une surprise qui me valut une trace de griffe sur l’intérieur de la cuisse, dénudée par mon short remonté dans cette position. Je serrais quelque peu les dents, non pas tant à cause de la douleur mais parce que j’entendais déjà les remontrances lors de ma prochaine réunion de travail s’il restait trace de cette griffure. Je ne m’y attardais cependant, reportant mon attention sur ta personne mise en mouvement. Bien que celle-ci s’affaiblit dès lors que je te vis t’adresser à une figurine visiblement portée disparue depuis longtemps, je continuais à te suivre du regard, te dirigeant alors vers ton bureau. Je t’observais, toi et ton petit univers composant ce meuble où tu passais tant d’heure. Je te regardais avec un mélange pesant d’affection et de mélancolie. Parce que tu me plaisais. Mais aussi parce qu’il semblait que je m’amourachais encore de celui que je désirais que tu sois et non que tu étais. Comment avais-tu pu me demander d’être ta petite amie si tu ne voulais en endosser tous les devoirs ? Juste faire le beau à me protéger, le preux chevalier à attendre que je daigne me faire baiser, ce n’était pas ce que je souhaitais d’une relation de couple. Pas de la nôtre.
Jaloux ou réceptif à la lourdeur de mon coeur, Mingyun et moi ne tardèrent à être rejoint par un Jethro en ayant fini avec ton sac. Avec son absence de délicatesse, il vint engouffrer sa tête en bélier contre mon cou. Se blottissant, se frottant et tentant quelques coups de langue. Si je tendais l’oreille à ta narration, je ne pouvais de décerner toute mon attention, nos deux compagnons un peu trop envahissant et de redoutables concurrents pour se l’accaparer. D’une patte, Jethro essaya de faire comprendre à Mingyun de quitter son logis mais celui-ci n’en manifesta aucunement l’intention. Aux grands maux, les grands remèdes, le husky opta pour s’imposer comme il savait si bien le faire. Une patte après l’autre, il prit place entre mes jambes, assis son derrière en partie dessus et vint poser ses deux pattes avant par-dessus mon autre cuisse, s’allongeant littéralement, sans ménagement, autant sur moi que sur le chat qui n’eut que le temps de s’extirper au dernier moment dans un miaulement plaintif. Sans doute savait-il que son ami canidé ne plaisantait pas dans sa maitrise de l’irrespect. Le chaton ne tarda pas à revenir néanmoins pour se nicher dans un petit creux restant au niveau de mes chevilles… Ou non, pour être plus proche, il décida à son tour de prendre son comparse poilu comme coussin, celui-ci ne refusant jamais un massage des petites pattes du chaton préalable à son installation. Ces deux-là enfin en place, je pus t’accorder à nouveau mon attention. À ta narration, je tentais de raccrocher les wagons. Et je constatais comme la magie de nos compagnons avait encore une fois opérée. Je parvenais à te regarder avec le coeur un peu plus léger. Je t’écoutais et prenais tes paroles comme un début de ce que tu voulais bien me confier. Bien que mon intérêt direct pour l’univers de tes jeux s’avérait faible, celui que je t’accordais ainsi qu’à ton univers à toi, dont les jeux faisaient partis indéniablement, se révélait beaucoup plus grand. Peut-être n’était-ce rien. Peut-être était-ce anodin, mais déjà, je me sentais un peu heureuse que tu me contes l’origine de cette figurine. Qui sait, peut-être que je la retiendrais ?
De cette douce satisfaction, un léger sourire sur mes lèvres renaissait, s’épanouissant au gré de ton récit, qui, à chacun de tes mots un peu plus m’amusait. Et surtout, ta conclusion ou plutôt ta prise de conscience que tu venais de t’égarer dans un monologue dont le sujet ne m’intéressait. À un détail près : toi. Puisque c’était ton univers, j’écoutais. Puisque tu m’ouvrais une petite porte sur ton monde alors je regardais avec curiosité ce qu’il y avait de l’autre côté. « Un peu oui, » confirmais-je ton constat, avec légèreté. Tu t’étais emporté, mais ce ne fut pour me déplaire. D’ailleurs, d’un signe de la main je t’incitais à venir nous rejoindre, Jethro, Mingyun et moi. Je souhaitais que tu t’assoies à nos côtés. Pour qu’ainsi, le poids de nos compagnons aussi nous puissions partager. De mes doigts je me saisissais du jeune chat toujours si léger. Je le soulevais afin de le déposer sur tes cuisses dès lors que tu t’installais avec nous sur le sol, au pied de ton lit. Peut-être qu’ainsi me sentirais-je plus à l’aise. Que l’ambiguïté ne se ferait aussi tenace que si nous avions établi le camp sur ton matelas. Malgré mes gestes entravés par la masse encombrante que représentait Jethro je me penchais néanmoins dans ta direction afin de te confier Mingyun. Le chaton déposé, avant de me redresser, mes mains remontèrent jusqu’à ton visage. Le contour de ta mâchoire elles entourèrent délicatement, t’incitant doucement à te pencher en avant. À me permettre de t’embrasser. Un baiser léger et pourtant prononcé que je prolongeais plusieurs instants. Paupières closes, je me berçais de l’illusion de figer le temps. Les battements s’intensifièrent sans perdre pourtant de leur sérénité. Au contraire, celle-ci semblait me rassurer quant au poids précédemment éprouvé. Ce fut bien avec non envie que nos lèvres je me résignais finalement à séparer, lentement. Puis je me redressais et mes doigts ayant quitter ta peau trouvèrent refuge dans le pelage de mon fidèle animal.
Du regard, je le couvais tendrement ce si loyal ami. Canidé entré dans ma vie depuis bientôt une année. Lorsqu’il se tenait tranquille ainsi, Jethro ressemblait presque à une vérité peluche. Pensée qui me donna une idée. « Dans ma chambre de dortoir, j’ai trois peluches, » annonçais-je de façon qui te parut certainement soudaine et sortie de nulle part. Bref silence ainsi rompu, je redressais mon attention dans ta direction. Sans doute ne saisirais-tu pas de suite mon intention, mais puisque tu m’avais narré le récit de ta figurine, ou plutôt du jeu dont elle provenait, j’avais aussi envie de partager un fragment innocent de mon univers. Saurais-tu le lire dans mes yeux qui à présent te regardaient ? Une main toujours logée dans la toison du husky, l’autre je tendis entre nous, l’index dressé, prête à énumérer : « La première… » Une vague impression de déjà vu m’interrompit pourtant. Mes iris se détachèrent de ton visage pour glisser sur ce doigt qui semblait m’envouter presque à en loucher. J’eus l’étrange sensation de me remémorer un souvenir oublié. Était-ce juste bel et bien un tour de mon esprit ou n’avions-nous pas déjà eu une conversation de ce genre ? Une énumération nocturne lors d’une soirée en tête… Pourtant ce genre de situation nous n’avions guère connu, à l’exception de… Ces nuits d’ivresse où tu avais été par moment seul à mes côtés, comme à Halloween ou cette soirée de décembre où nous avions adopté Mingyun. Mes yeux se reportèrent alors sur celui-ci. Je regrettais. Soudainement, je regrettais ces moments que j’avais oublié. Ces fragments de vie certainement pas aussi insignifiants que je m’en étais un temps convaincue qui de ma mémoire avaient disparu. Me reviendraient-ils un jour ? L’espérant, je me figeais une poignée d’un instant, comme si cette énumération pourrait lancer l’engrenage, mais il n’en fut rien. Alors je me résignais et me ressaisissais, prête à reprendre là où j’en étais. Où en étais-je déjà ? « Qu’est-ce que je disais ? » te demandais-je vaguement perdue dans ma réflexion, accompagnée de quelques battements de cils. « Ah oui ! » Question aussitôt posée, cerveau aussitôt réactivé. J’affirmais alors de nouveau mon index dressé au bout de mon bras tendu entre nous : « La première est un Paon ! Mais pas n’importe quel paon ! La légende raconte qu’il serait voué à devenir phénix ! » Je me tus, quelques instants, puis ne pus m’empêcher de rire légèrement. « Ne te moque pas de certaines croyances de mon pays, hein ! » Bien que celle-ci s’avérait vraiment atypique et peu répandue. Je repris un peu mon sérieux ensuite pour reprendre néanmoins avec douceur : « En vérité, si j’y tiens tant c’est parce que cette peluche est unique. Elle a été confectionné dans un atelier artisanal chinois, avec des matériaux précieux, » dont je t’épargnerais l’énumération qui n’avait grand intérêt à tes yeux. « C’est le tout premier cadeau que mon père m’a fait. Le tout premier que j’ai reçu tout court. Il l’avait commandé pour ma naissance. Alors, ce Paon veille sur mon sommeil depuis le berceau en quelque sorte ! » souris-je dans un rire léger en conclusion. Oui, je la conservais et l’avais emporté avec moi autant en Angleterre qu’en Corée du Sud. Peut-être était-ce mon côté petite fille, mais je ne m’en séparais pour le moment. Et puis, son odeur me rappelait le pays…
Ce paon n’était le seul, ni à couver mon sommeil, ni à me paraitre imprégné des effluves que j’aimais tant. Si le Paon était la terre de Singapour et ses parfums, son partenaire était l’océan et l’air marin. « La seconde, » dressais-je mon majeur à côté de mon index. « C’est un hippocampe. » Je marquais une légère pause avant d’ajouter la chute : « Acheté dans un aéroport. » Loin de la pièce unique et exceptionnel, tu ne t’attendais certainement pas à une telle provenance et pourtant. D’un air désabusé je passais au rire et te racontais : « C’est un cadeau de mon frère. Pour être exact, c’est le tout premier qu’il m’a fait, le jour de notre rencontre lorsqu’il est arrivé dans notre famille. Jae Hwa avait quinze ans et moi à peine dix. Maladroit qu’il était, ce fut en arrivant à Singapour qu’il s’était rendu que peut-être, il pourrait offrir des présents. Et il n’avait absolument aucune idée de qu’offrir à une petite fille de dix ans alors… Sachant que j’aimais les créatures de la mer, que les enfants affectionnaient les peluches généralement et que les filles aimaient les poneys, il a choisi… Une peluche en forme de cheval de mer. » Le timbre de ma voix oscillait entre l’affection et la désolation. Mon frère pouvait être parfois accablant. J’arquais un sourcil dans ta direction. Peut-être bien que vous vous ressembliez sur certains points. En tout cas, je ne doutais étrangement pas sur votre entende. Mes lèvres pincées, je soupirais à ce souvenirs et la suite qui à nouveau, te rapprocherait d’une certaine façon de mon frère. « Je l’ai insulté et jeté sa minable peluche au visage lorsque nous nous sommes rencontrés et qu’il me l’a offerte… » avouais-je sans détour la douceur de mon caractère d’enfant, encore bien plus terrible que maintenant. « Et pourtant, je l’ai gardé, » émis-je ensuite sur un ton beaucoup plus tendre et témoignant de mon attachement. Quelques instants, au souvenir de mon frère, je me perdais dans mes pensées. Un instinct oublié me revint : celui de déposer ma main sur ma gorge en quête d’un collier qui y pendait auparavant. Ce bijou lui aussi s’avérait être à la fois unique et un présent de mon frère. Je ne m’en séparais jamais à mon arrivée à la Yonsei. Puis, j’avais fini par le remplacer. Par le ranger pour céder la place à un nouveau offert par mon fiancé. Et en son absence mes doigts avaient pris pour rituel de rechercher apaisement sur ma bague en diamant. Ne devrais-je pas le ressortir de son écrin afin de lui redonner place à la lumière du jour ? De renouer avec son pouvoir qui m’aidait à lutter contre l’anxiété…
Après avoir cherché en vain un collier qui n’était plus là, je secouais légèrement la tête afin de me remettre les idées en place et de reprendre. Ma main quitta le sommet de ma poitrine pour endosser son rôle derechef en dressant mon annulaire dénudé à côté de ces prédécesseurs index et majeur. « La troisième… » Je fis mine de réfléchir, portant mes trois doigts à mes lèvres qu’ils tapotèrent très légèrement avant que je ne les ôte et mette fin au suspense. « Celle-ci, elle trône sur mon bureau et veille sur mon travail quand je révise. » J’aimais lever les yeux régulièrement sur elle dont la bouille m’insufflait autant de chaleur que de douceur. Souvenir d’un agréable moment… « Elle m’a été offerte par un certain garçon, le jour de son anniversaire. Je t’accorde que c’est étrange, en principe, c’était à lui de recevoir un cadeau et non pas d’en faire un. » Qui de la malice dans mes yeux ou te l’espièglerie dans ma voix te ferait comprendre en premier que bien évidemment tu étais ce garçon. « À moins que ce ne fut parce que conscient et reconnaissant de l’immense générosité et dévotion de sa merveilleuse présidente de fraternité qui lui avait accordé de son temps en sa compagnie pour fêter son vingt et unième anniversaire alors qu’il s’enivrait tout seul dans sa chambre. » Cette fois, tu ne pouvais qu’avoir compris. « Enfin… » soufflais-je ensuite sur un ton bien plus pensive, soudainement en proie à l’interrogation. « Peut-être qu’il ne s’en souvient même pas… » Je ne te regardais plus. Mes yeux fixaient le vide. C’était fort probable. Au mois de décembre, nous n’étions rien. Cette peluche, tu avais dû me la donner avec la légèreté et la simplicité qui te caractérisait. À tes yeux, elle n’avait probablement aucune valeur ou signification. C’était même certain. Elle n’aurait eu de raison d’en avoir. Pourtant, bêtement, je l’avais gardé. Précieusement, je l’avais conservé et placé de manière à pouvoir l’observer quotidiennement. Et ce, depuis ce jour de décembre…
À cette prise de conscience, je me sentais subitement bien bête. Pourquoi avais-je chéri plus ou moins consciemment un tel objet pendant tout ce temps ? Pourquoi avais-je cru qu’elle se dotait d’une once de valeur outre que dans mon coeur ? Alors qu’en ce temps, je n’aurais dû l’aimer de surcroit. Mais il n’y avait de mal à affectionner une peluche, n’est-ce pas ? Cela ne constituait pas un faux pas. Juste un palliatif à des sentiments que je refusais d’envisager. Face à cet embarras qui s’accroissait, je dégainais alors mon arme favorite : l’épée de la défensive. « Ce n’est pas parce que j’ai encore quelques peluches que j’affectionne que tu peux te permettre de me regarder comme une petite chose fragile, hein ! » Une petite référence au passage pour l’oisillon précédent. « Je n’ai pas besoin d’être surprotégée et je déteste ça ! » La décèlerais-tu, la nuance ? Je parais à tout excès mais tes intentions de protection je ne refusais pleinement. J’avais envie d’essayer, d’y goûter. Un peu comme ce soir, je découvrais une autre façon d’apprendre à aimer, à partager ce lien si particulier qu’est censé représenter un petit ami.
J’aimais cette soirée. Cette discussion aussi simple et anodine pouvait-elle être, à mes yeux, c’était précieux. C’était unique. D’Iwan je connaissais et avais à l’époque la conviction de tout connaitre. Comme s’il n’avait pour moi aucun secret. Parce que nous avions grandi ensemble. À l’opposé, de Hyeon je n’avais jamais vraiment rien appris. Jamais il ne s’était dévoilé. Les portes de son univers il m’avait gardé closes malgré une promesse de mariage et un prétendu désir de partager le reste de nos vies, jusqu’au bout. Peut-être étais-je trop naïve, trop enfantine et immature, mais passer la nuit entière – ou ne serait-ce qu’une partie – à discuter, même pour raconter des anecdotes aussi innocentes sans grand intérêt, me suffisait. Communiquer me plaisait. Et connaitre l’autre, la personne qu’on aime, ne consistait pas justement à découvrir et apprendre les petites histoires qui ont constitué sa vie, aussi futile puissent-elles être. À qui pourrait-on les conter si ce n’était à la personne qui prisait la première place dans notre coeur ? Cependant dans ma candeur, un doute pointait alors que dans tes yeux les miens se plongeaient. Leurrer par mon ignorance, mon inexpérience, je me sentis soudainement bien désolée. À tel point que j’eus l’impression que l’expression sur mon visage en fut changée. Fut-ce le cas ? Toi seul le verrais. Ou peut-être pas… J’étais désolée car cette discussion pour cette soirée, ce serait tout ce que je t’offrirais. Tout ce que je pouvais te donner pour le moment. Si je m’en satisfaisais pleinement, comment pouvais-tu t’en contenter ? Je me sentis si ridicule… Mon regard voilé, presque en proie à une envie de pleurer d’être aussi stupide, aussi coincée, mes iris se défilèrent afin de ne plus croiser les tiens. Ils filèrent tout d’abord en direction de ton lit. Une vision qui ne fit que renforcer mon sentiment. Les autres filles, elles ne te faisaient pas passer ta soirée assis au pied de ton lit. Les autres filles, elles te donnaient tellement plus. Elles se donnaient à toi et répondaient à tes désirs. Mais je ne pouvais pas être ces filles là. J’ignorais si je le voulais… Non, je ne le souhaitais car je dérogerais à moi-même. Cependant, j’aurais aimé pouvoir faire plus pour toi. Et ne plus me sentir aussi inutile et ridicule par rapport à elles. J’étais ta petite amie et pourtant… De nous deux, n’étais-je pas vraiment la plus enfant ?
Un soupir, alors que mon visage se baissait, je perçus la menace imminente d’une larme versée profitant de la pente de mon nez pour s’échapper. De justesse, mon menton je redressais. D’une main, j’estompais légèrement le bord de mes cils du dos de mon index en détournant la tête. Cette fois-ci, mon attention se porta en direction du bureau. Là où tu avais précédemment reposé ta fameuse figurine. Idiote puérile que j’avais été à m’enthousiasmer de t’entendre conter son histoire. Je la fixais quelques instants avant que mes iris ne dérivent sur cette peluche en forme de… Était-ce un poulpe ou une fleur ? Il m’était difficile de le définir. Peut-être un mélange des deux ? Intriguée, sans un mot, je fis comprendre à Jethro de se lever et je ne tardais à en faire de même. Curieux, l’animal m’accompagnait en marchant sur mes talons. La pièce je traversais alors jusqu’à ton bureau et plus exactement cette étrange peluche que j’effleurais du bout de mes doigts. Si je t’avais conté précédemment l’histoire des miennes, quelle était la sienne ? Une peluche dans la chambre d’un garçon n’était-ce pas peu courant ? Serait-ce un cadeau ? D’une autre fille ? L’objet entre mes mains, sans le quitter du regard, je tournais en partie les talons afin de te faire face, pensive. Devais-je te poser la question ? Le pouvais-je ? Me répondrais-tu ou te contenterais-tu de me dire de deviner en sondant la réponse dans tes yeux ? À ce rappel, je ressentais un regain d’assurance et fermeté. Mon regard je relevais enfin, la peluche toujours en main. « À partir de maintenant, c’est donnant-donnant, » annonçais-je en fixant mes yeux sur toi. « Si tu me parles, je te parlerais aussi, sinon, démerde-toi aussi pour me comprendre. » Parce que j’étais prête à t’écouter, que peut-être je serais prête à desserrer le frein avec toi si tu le réclamais. Si tu en éprouvais plus que l’envie, le besoin, je pourrais comprendre et prendre sur moi pour te donner ce que tu désirais, mais… Que tu t’exprimes et ne te contente de me laisser deviner, supposer, était un indispensable pour moi. « Il te suffit d’apprendre à lire dans mes yeux, n’est-ce pas ? » Sourcil arqué, je penchais légèrement la tête sur le côté en signe de provocation. Juste réponse à la tienne précédemment. Néanmoins, nous mettre sur un pied d’égalité me paraissait être la seule solution pour que peut-être tu comprennes. Que tu saches mon ressenti chaque fois que la réponse je n’aurais de ta bouche mais seulement de tes yeux. Bien que ceux-ci ne sauraient mentir, j’avais perdu la foi en mon instinct quant à décrypter leur langage…
(c) DΛNDELION
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Mar 17 Sep - 16:23 Citer EditerSupprimer
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
Encore une fois, je m’étais emporté. Non tant en geste, à contrario de ces instants précédents où au mur tu fus acculée, mais bel et bien en mots. Te noyant dans une histoire pour laquelle tu n’avais que faire, monopolisant la parole sur un sujet pour lequel nulle curiosité ou intérêt n’existait; je finissais par me taire. Prise de conscience d’un dérapage de ma part, je préférais y mettre un terme de moi-même plutôt que tu ne le fasse, exténuée par l’enfant que j’étais. Plongé dans les jeux vidéos, je redevenais un petit garçon; plus encore qu’au quotidien. A la moindre cinématique je m’exclamais d’émerveillement. A en parler mes iris se vivifiaient. A l’idée d’assister à une convention, mon coeur s’allégeait. Ce monde dans lequel un premier pas tu avais effectué en Décembre pour t’en éloigner à jamais par la suite, il représentait tant pour moi. Une passion d’enfance ne m’ayant jamais quitté. Un rêve qui tentait tant bien que mal de voir le jour. Un combat face aux jugements et critiques de nombreuses personnes dans mon entourage. Combien de fois avais-je fait face au regard méprisant de mon oncle lorsque, plus jeune, je lui racontais avec enthousiasme mes projets d’avenir dès lors que la question m’était posée? Ce regard, je craignais de le retrouver à la croisée de nos pupilles après ce débordement intempestif. Que toi aussi, te demande comment je pouvais être aussi irréaliste et idiot. Que toi aussi, tu méprises ce qui, pourtant, me tenait tant à coeur de réussir... Mais il n’en fut ainsi. A la rencontre de nos iris je ne vis aucune méprise, aucun jugement. Seul… un amusement? De mon récit.. Non, ce n’était tant lui qui t’avait diverti mais belle et bien la spontanéite avec laquelle je l’avais initié, pas vrai? Ta réponse m’amenait à penser de cette façon en tout cas. Et de la peur qui m’avait agité fleurissait timidité et maladresse. Tu l’acceptais. Quand bien même cet univers ne t’était familier, quand bien même il n’était encore usuel dans notre société et suscitait nombre de stéréotypes chez les personnes les plus éloignées de lui; tu ne le rejetais. Peut-être, t’en fichais-tu tout simplement? Peut-être ma stupidité te divertissais? Je ne savais. La seule chose dont j’étais sûr, à cet instant, était que ce monde dans lequel je vivais ne te répulsait ni ne t’agaçait. Peut-être qu’à l’avenir, les choses changeraient. Peut-être l’univers des jeux vidéos t’agacerait, te dégouterait, t’énerverait, à l’inverse peut-être accepteras-tu de le rencontrer et sauras-tu l’apprécier, le découvrir, l’aimer. Mais là, maintenant, dans ma chambre cette nuit, tu ne portais de jugement hatif. Or, c’était bien là tout ce qui importait. C’était là bien suffisant pour que, sur mes joues, une teinte rosée s’installe derechef tandis que, comme tu me le suggérait de ta main élevée dans les airs, je m’approchais afin de m’asseoir face à vous trois.
Je ne savais d’ailleurs pourquoi c’était au sol que tu avais établi campement avec nos compagnons. Le lit n’était-il plus confortable? A chacun ses drôles d’habitudes probablement.. Assis en tailleur, rapidement, je te vis te délestée du poids du chaton; quand bien même il n’était le plus lourd des deux. Mais arriverais-tu à faire bouger ce canidé si confortablement installé? J’en doutais… Il était même certain que tu ne le pouvais sans aide extérieur ou volonté de l’animal. Néanmoins, tu ne semblais désireuse de le voir partir alors de suggestions je ne faisais, de proposition d’aide non plus. S’il pouvait servir d’excuse afin que dans ma chambre tu puisse rester un peu plus longtemps, je n’allais définitivement pas l’ôter de tes pattes! Des siennes, Mingyun explorait les courbes de mes jambes, cherchant après un nid douillet dans lequel s’installer. Ce fut contre ma cuisse qu’il jeta son dévolu, s’y frottant dans un premier temps pour finalement déposer sa joue contre celle-ci, une patte antérieure élancée vers l’avant. Pendant ce temps, de ton côté, tu semblais trouver intérêt à cet élégant visage qu’était le mien. Caressant la frontière sensible de ma mâchoire de tes doigts, je ne savais résister à cet appel silencieux et m’inclinais juste assez pour cueillir tes lèvres sans déranger notre chaton. De souplesse je n’étais véritablement doté, d’équilibre également, alors une main venait trouver appui au sol pour soutenir cette position le temps de notre échange. L’autre, quant à elle, trouvait refuge sur l’une de tes mains dans l’espoir vain que celle-ci s’amourache de son étreinte tout autant que je succombais pour tes baisers. Loin d’être les plus passionnels ou ardents, ceux-ci se dotaient d’une délicatesse, d’une tendresse, d’esquisses de sentiments auxquels je devenais bien trop rapidement dépendant. Alors naturellement, à ton recul, je m’avançais. Incapable de rompre l’échange de moi-même, ce fut mon corps qui intimait la fin nécessaire de celui-ci par un arc électrique à hauteur de mes cuisses. Seulement à ce moment, je te laissais t’enfuir et rompre tout contact physique. A ceux-ci j’étais accroc, contre toi j’adorais me blottir bien plus que de raisons pour une relation aussi neuve que la nôtre. Je ne devrais t’offrir tant en si peu de temps mais plutôt te faire languir, te voir désirer après mon attention et mes caresses. Mais c’était là un jeu auquel je ne savais jouer encore. A l’avenir peut-être… Nous avions tout notre temps. Nous étions encore jeunes mais probablement pas assez pour n’avoir d’anecdote à nous conter en ces nuits partagées.
Si à cette éventualité - celle de passer notre première nuit ensemble à discuter - j’avais pensé tantôt, je ne m’attendais pourtant pas à te voir l’initié aussi promptement. Alors, bien que surpris, à tes propos j’étais attentif.Très attentif. Malgré mes doigts caressant la boule de poils reposant sur mes jambes avec autant de délicatesse que d’amour, tout mon esprit était suspendu à toi. Tantôt à tes pulpes rosées me manquant terriblement tantôt à cet index que tu élevait dans les airs rappelant vaguement une nuit d’aventure que nous avions vécu. Mais tu ne t’en souvenais toujours… Ou avais-tu quelques flash? Face à ton hésitation, à ce regard rivé sur ton doigt, je ne pouvais évincer l’éventualité que notre jeu de Décembre te revienne en mémoire. L’éclat de mes iris suffoquant de félicité laissait quelque place pour l’inquiétude et la curiosité. De quoi te souvenais-tu exactement? Je craignais après ces souvenirs. Pire encore s’il n’y avait que bribes de ceux-ci et que la méprise s’abattait sur une situation pourtant anodine en réalité. Bien pire encore si une quelconque culpabilité tu ressentais envers ton ex-fiancé… Tout comme toi, je me figeais alors, attentif à l’expression que dégageaient tes traits. Bien qu’incapable de les lire à la perfection, je ne semblais y lire là une tierce révélation qui pourrait entachée l’amorce de discussion que nous avions. De toi-même tu y revenais d’ailleurs, preuve que rien ne t’était apparu durant ce court laps de temps. « Ta première peluche. » te soufflais-je la réponse afin que tu perpétue ta narration. Je ne savais pourquoi j’avais foncièrement peur que ces souvenirs te reviennent à l’esprit brusquement à présent. A l’époque, peut-être, cela aurait pu faire naître quelques ennuis car tu étais fiancée à un autre… Mais à présent? Pouvais-tu me reprocher avoir eu envie de toi cette nuit-là? D’avoir… D’avoir probablement flirter sans savoir que ce que je faisais était mal? Y verrais-tu le visage d’un homme qui, déjà, te considérait comme précieuse ou celui d’un pervers ayant essayer de tirer avantage de ton ivresse pour satisfaire ses desseins? Sans doute était-ce là ma plus grande peur: le jugement que tu porterais sur mon comportement. Après tout, je le savais, tu ne me voyais si différemment qu’à cette époque…
Tandis que tu entamais l’explication de ta première peluche décorant ta chambre, mes pupilles s’égaraient tristement à la redécouverte de ton visage. Contrairement à ce que tu pourrais croire - car tu le croirais, pas vrai? Moi qui n’était qu’un tombeur plus amoureux des corps que des esprits.. - j’écoutais et enregistrais chacun de tes propos dans un coin de ma mémoire. Chaque mot avait son importance, chaque anecdote; même celle qui narrait une croyance populaire de ton pays; était précieuse à mes yeux. Si les promesses de patience tu ne croyais, si mes mots destinés à te rassurer ne faisaient leur effets, alors l’attention que je te portais, le souvenir de nos échanges tout aussi anodins puissent-ils être, l’effort de me souvenir de chaque anecdote que tu me contais avec autant d’exactitude que possible. Tout ceci pouvait-il être la preuve que, non, je n’attendais simplement après ton corps? Plus que de me complaire dans la plainte de ton jugement, j’aspirais à le changer. Qu’importait le temps nécessaire, qu’importait les efforts à déployer, j’y parviendrais. Malgré cette ambition grandissante dans ma poitrine amenant avec elle un sérieux indéniable, je ne retenais malgré tout un sourire sincère face à ta remontrance qui n’avait lieu d’être. Je ne me moquais ni me moquerais de cette croyance aussi farfelue qu’attendrissante. Car je le comprenais bien vite au fil de tes propos: cette anecdote avait pour naissance ta venue au monde. Petite fille choyée et aimée dès son plus jeune âge par ses parents. Je n’étais tant jaloux, comme certains pourraient l’être face à ce conte dont tu me gratifiais la connaissance, à la place j’étais heureux. Tout bêtement et bonnement heureux de constater comme tes parents avaient pu te couvrir d’amour dès les plus jeunes jours de ton existence. Tu méritais toute cette attention, tout cet amour et même plus encore. Je désirais t’offrir le monde et toutes ses splendeurs directement au creux de tes mains. Je n’étais assurément le seul, je peinais à l’imaginer, mais y avait-il homme plus à même de parvenir à combler ces desseins que moi? Excepté ce père qui, probablement, devait filer gaga face à une fille aussi jolie et intelligente que toi.
Parlant d’homme, le suivant sur la liste fut ton frère; celui-ci même qui t’avait offert une peluche que tu ne quittais désormais plus. Celui-ci dont, déjà, tu m’avais parlé à une époque pas si lointaine puisqu’elle remontait au tout début du mois. Jae Hwa, ton frère de cinq ans ton aîné si ma mémoire s’avérait correcte - et tu le confirmais par la suite de ton récit - ; fils du premier mariage de ton père.. ou de ta mère. Je ne me souvenais totalement de cette conversation téléphonique que nous avions échangés, faute d’avoir été sobre à ce moment. Néanmoins, je me souvenais assurément que cet aîné s’avérait être régulièrement perdu dans son propre monde, loin d’être idiot comme tu t’étais empressée de me le faire comprendre, il avait seulement la particularité de se trouver totalement ailleurs. D’ailleurs, tu n’avais manqué de le mentionner en soulignant comme je te faisais penser à lui par ce seul amour du risque que nous partagions. Ces deux éléments combinés, il n’était difficile de l’imaginer prendre conscience de son oubli une fois à l’aéroport et se mettre en quête d’un cadeau sans réaliser combien il se mettait en danger en faisant cela. L’attention était belle et bien là, mais faire un tour d’horizon dans Singapour afin de trouver une boutique où acheter un présent digne de ce nom, n’était-ce le plus raisonnable? Probablement connaissait-il ce qualificatif bien moins que moi...Alors bien entendu, à cette anecdote contée d’une voix tantôt désolée, tantôt remplie de douceur, comment pouvais-je garder un semblant de sérieux? Ajoutée l’esquisse mentale de ta petite personne - seulement âgée d’une dizaine d’année mais au caractère déjà plus tempétueux qu’un ouragan tropical - jetant au visage de ton frère cette peluche hippocampe tout en lui criant, de ta voix enfantine, quel mécréant il faisait pour un tel affront, c’était bien tout ce qu’il manquait à cette histoire. Entre mes lèvres se glissait un rire, devant celle-ci se plaçait le dos de ma main après quelques secondes, tandis que pendant ce temps tu affirmais l’évidence: ton attachement pour cet objet. Tu devais l’avoir compris à cette époque. Qu’importait le prix ou l’endroit d’où provenait un présent, l’attention et la seule pensée de la personne qui l’avait offerte suffisait à réchauffer les coeurs. « T’as bien fait.. » soufflais-je tout bas, peut-être trop bas pour te tirer de tes pensées, mais assez pour parvenir à tes oreilles si tu y pretais attention.N’aurais-tu regretté si par le passé tu étais venu à t’en débarrasser pour une telle raison? Etait-ce cette pensée qui t’éloignait de moi un bref instant? Bien que destinée à tout autre chose à en croire où se logeait ta main, aurais-tu jeté un collier dont la perte te pesait à présent? Si je le pouvais, j’aurais aimé m'immiscer dans tes pensées afin d’en comprendre le cheminement. Je ne demandais à le faire en permanence mais ponctuellement, afin d’enfin avoir une idée de la réflexion dans laquelle, parfois, tu te lançais sans préavis.
Bien rapidement cependant, tu revenais au sujet initial et replaçait tes doigts tendus face à moi. Si les deux premières me furent présenter, n’en restait alors plus que la troisième et dernière. Celle pour laquelle tu semblais buter à en exprimer l’origine à observer comme sur tes traits, la réflexion prenait place. T’avait-elle été offerte par un autre homme? Regrettais-tu de l’avoir prise en considération maintenant que nous étions officiellement en couple? Et pourquoi ne t’en étais-tu débarrassée avant? L’aimais-tu encore? Te manquait-il? Seules quelques secondes de battements et pourtant, cela suffisait à échauffer mes pensées, qu’un tas de scénario ne naissent sans pouvoir trouver autre source d’apaisement que tes explications. Ces dernières tu entamais alors, précisant le lieu où logeait cette peluche dans un premier temps - a croire que tu te plaisais à me faire languir - avant qu’enfin tu n’avoue. Elle t’avait été offerte par un autre. Alors j’espérais que, cette fois aussi, tu t’étalerais en explications quant à son origine. Pourquoi était-elle si spéciale pour que tu l’emmènes avec toi en Corée quand, de toute évidence, tu aurais pu la laisser à Singapour? A moins qu’il ne fut coréen celui qui te l’avait offerte? Lèvres pincées, je peinais à déceler la malice dans ton regard bien, qu’assurément, je n’y était entièrement aveugle. Te plaisais-tu à me rendre jaloux? Me testais-tu? Pourtant à la suite de ton récit… Seulement alors mes traits se détendaient et mes épaules s’affaissaient au constat évident: j’étais cet homme. Roller coaster d’émotion, après la jalousie, après le soulagement, l’étonnement. Cette peluche, l’avais-tu vraiment gardé? Bien que tu le disais, bien que je le concevais, je ne parvenais à comprendre pourquoi. Pourquoi l’avoir garder? Tu avais un fiancé - certes aux abonnés absents -, tu ne m’appréciais - à défaut d’employer« détestait » -, à la déposer sur ton bureau… passais-tu tes nerfs dessus dès lors qu’un problème tu n’arrivais à résoudre pour tes cours? Quoi que… Avait-elle toujours trouvé une telle place? Il n’était impossible qu’elle eût un refuge sous ton lit ou dans tous autres endroits éloignés tant de ta vie que de ta vue avant qu’enfin, elle ne trouve place nette sur ton bureau une fois une première confession effectuée la nuit de la rentrée. « Ce garçon doit certainement s’en souvenir, il a une bonne mémoire à ma connaissance. » Je ne l’avais effectivement oublié et je ne le pouvais. Aussi bête ce cadeau était-il, aussi enfantin pouvait-il être, il n’en restait pas moins un souvenir impérissable. Me revenait alors en mémoire cette virée inattendue, cette surprise inconcevable, une reconnaissance qui ne pouvait naturellement être tut, mais également l’effluve délicate de première fois qui, tout d’un coup, revêtait un sentiment nouveau.
Incapable de croiser ton regard à présent, ce fut vers un Mingyun paisiblement assoupi que celui-ci trouvait refuge. Sourire aux lèvres, douceur sur traits rougis à l’embarras, tambour agité dans les oreilles, c’était vers la rêverie d’adolescence que je m’envolais. Vingt et un ans et le coeur troublé par ces révélations enfantines. Cela ne devait être permis! A présent adulte, je ne devrais me plaire à la seule idée qu’une simple peluche offerte trois mois auparavant ait place dans ta vie du quotidien, mais voyais-tu à ce sourire que je ne parvenais à faire fuir comme j’étais heureux? Je me savais déjà comme facile à satisfaire auparavant, mais assurément,jamais je n’avais pu envisager qu’un si petit geste puisse tant me combler de bonheur. Age officiel: vingt et un ans; âge sentimental: proche d’un enfant de cinq ans; telle était la façon dont j’étais fait malheureusement… Et je n’en prenais que d’autant plus conscience à cet instant. Un vague « Hm? » méchappait tandis que tu dressais l'étendard de la rébellion face à mon désir de couver l’oisillon que tu étais. « C’est mon devoir de le faire, tu m’en empêcheras pas. » A présent ton homme, je n’escomptais te voir blessée, appeurée ou inquiète de quelque façon que ce soit. Ainsi donc, je le revendiquais et le revendiquerais jusqu’à ce qu’enfin, tu acceptes cette destinée qui était tienne. Ta liberté je te laissais tant qu’elle ne te plongeait vers un danger quelconque, de contrepartie je ne réclamais pour cette tâche qui évidemment s’avérait des plus ardues, seule ton bonheur et ta sécurité m’importait plus que tout. C’était ma seule récompense et elle me suffisait bien amplement. Même s’il semblait que ce soir, je n’en serais dispensé pleinement.
A la croisée nouvelle de nos regards, du tien j’extrayais un voile de tristesse dont la cause restait encore cachée. Pourquoi soudainement? Qu’elle avait été la pensée faisant naître une telle expression sur tes traits? Etaient-ce mes mots précédents qui, voulant bien faire, avaient malgré tout engendrés la naissance d’une réflexion inattendue et indésirée? « Pourquoi... » Pourquoi avais-tu l’air triste. Je n’étais plus si sûr de vouloir en entendre la raison après cette pensée: ton fiancé ne t’avait peut-être jamais dit ça. Un peu trop spontané, un poil trop désireux de te savoir sereine, je ne pensais à cet homme qui avait fait ravage dans ton coeur et dans ton esprit. Ou alors l’avait-il formulé mais n’avait tenu sa promesse? Je ne savais. Je n’aspirais qu’à te comprendre au mieux afin de voir fleurir un sourire et même un rire sur ton visage, rien ne m’importait plus. Pourtant je n’y parvenais, je ne comprenais jusqu’à voir ton regard glisser vers mon lit.Encore… De la literie mes iris s’éloignaient alors, pensant comprendre quel furent tes pensées dès ton anecdote conclue. Si je prenais conscience d’être un enfant dès lors qu’il s’agissait de toi, je prenais également conscience comme, à tes yeux, j’étais un homme. Un être avec des besoins, ceux qui vraisemblablement manquaient à ton ex et t’amenaient à souffrir; mais si j’en étais le porteur alors leur existence était un problème à part entière. Une épine qui poussait la valve de tes larmes dès lors que tu baissais la tête afin de t’en détourner. Bien vite ma main trouvait refuge sur ton genou dans une vaine tentative d’apaisement que j’accompagnais du souffle inquiet de ton prénom. Etait-ce ce qui te poussait à fuir? Une nouvelle fois? Au lieu de la porte, c’était vers mon bureau que tu te dirigeais; vraisemblablement curieuse quant à quelque chose dont.. je devais l’avouer: je me fichais pas mal. Et même totalement. Te suivant des yeux un instant, le suivant, j’en vins à observer ce lit qui t’effrayait tant. Je n’arrivais à imaginer ce qui se tramait dans ta petite tête dès lors que tu pensais à nous deux allongés dans celui-ci, quelle scène se dessinaient, quelles peurs naissaient… Ma première fois, je ne l’avais vu venir. Je ne l’avais prévu. Sur son lit je m’étais plusieurs fois assis innocemment auparavant, alors une fois de plus, y avait-il une importance réelle? Je n’avais vu le prédateur rodé, mais toi qui en était informée depuis si longtemps, avais-tu fini par en avoir la phobie? Iris chocolat rivées vers le drap, tu les rappelais bien vite à l’ordre de ta la fermeté de tes propos. Donnant-donnant? Si je te parlais, alors tu me parlais… N’était-ce un comble que tu étais celle le disant quand, de toute évidence, tu venais de me fuir en pleine tentative de communication?
« Je le sais déjà. T’es triste! » déclarais-je promptement face à ton reproche qui n’avait lieu d’être. Ce regard qu’était le tien, avant même que je n’en prenne conscience je m’y perdais déjà en quête de compréhension alors oui, au moins en partie, je parvenais à lire ce qui s’y cachait. Ou du moins, le pensais-je. « Je sais pas pourquoi cela dit... » Un souffle qui m’échappait, des propos revêtant la cape d’une tristesse presque désespérée. Dans ma quête de ton bonheur, je semblais nager en terre marécageuse. Le chaton j’ôtais de mes cuisses afin qu’il trouve nouveau nid dans les draps que je prenais soin de mettre en désordre pour qu’il trouve place à son goût avant de m’en retourner vers toi. Bien décidé à démêler ce souci auquel nous faisions face, j’espérais après ta coopération malgré tout. « Pourquoi t’es triste? » Quelques pas et c’était à toi que je me rendais. Du contour de ton visage je me saisissais délicatement afin que je puisse essayer de lire ce qui se tramait au plus profond de ta personne. Même si c’était prétentieux de prétendre y arriver, au moins, à force d’essais, ne finirais-je par y arriver? « Parce que j’ai dit que je te parlerais pas? Que tu devais lire dans mes yeux? Tu m’as pris au sérieux? » Face à la rancune lue dans ta menace précédente face à la lecture de ton regard, c’était bien la conclusion la plus probable qui naissait dans mes pensées. Conclusion stupide. Encore une fois, tu me défiais sur ce terrain. Mais la couronne me revenait. De beaucoup tu étais déjà Reine, alors de cette discipline je serais Roi. « Je te parlerais si ça te rend heureuse… même si je peine à savoir pourquoi et qu’est-ce que tu voudrais savoir... » A cet instant alors, je réfléchissais aux sujets dont tu pourrais être le plus curieuse. Mes études? Mes goûts? Les objets présents dans ma chambre? A commencer visiblement par ce pachimari détenu prisonnier entre tes doigts. Chanceux qu’il était. De l’index gauche je le pointais alors, relevant les yeux vers toi. « Tu l’aime? Ou... t’es curieuse de savoir d’où il vient? … Je pense plus pour la deuxième option, c’est le plus personnel. » A ta place, j’aurais été curieux de son origine. Notamment après avoir ressenti une telle jalousie en pensant que cette troisième peluche que tu gardais dans ta chambre s’avérait être le présent d’un autre… Du pachimari je me saisissais alors afin d’en regarder l’étiquette située sous celle-ci, incertain quant à sa provenance sûre et certaine et la date. Surtout la date à laquelle je l’avais reçu à vrai dire… Mais je ne parvenais m’en souvenir. « C’est un cadeau de Blizzard. mais je sais pas de quand exactement.. » annonçais-je en tendant la peluche à nouveau en ta direction avant que l’autre main ne pointe quelque chose si trouvant dans ton dos. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un de mes tapis de gaming où était écrit en gros le titre du jeu en question à son sommet. Le reste était totalement noir et, de toute façon, recouvert d’une part par ma souris, de l’autre par mon clavier. « Overwatch. On retrouve ces pachimaris un peu partout dedans et Blizzard me l’a envoyé en cadeau un jour avec quelques autres trucs qui sont restés chez moi en Chine. Tu peux te dire que c’est la mascotte du jeu même si normalement c’est tracer... » L’un dans l’autre, ils étaient minuscules tous deux alors… Il n’y avait grand affront à penser ainsi, surtout si tu n’étais joueuse de ce FPS pourtant si connu. Personne n’allait t’engueuler de dire une telle chose - moi par contre, c’était une autre affaire si je me permettais cela sur un stream… - .
T’invitant d’un geste de la main à fouiller dans ce qui pourrait s’apparenter à mon domaine afin d’assouvir toute curiosité de ta part, j’en vins néanmoins à glisser ma main droite non loin de ta taille afin d’attraper la souris. Si d’apparence le calme régnait, je ne restais pas moins conscient qu’à l’instant présent, c’était entre moi et mon bureau que tu te trouvais. Encore une fois… Mais cette fois tu n’étais fiancée et j’étais l’homme dans ta vie qui pourrait se permettre de telles folies. Néanmoins, je ne le faisais. Et si ce calme superficiel je gardais, ce n’était tant pour te déstabilisé mais te prouver que, malgré l’étroitesse de la situation, de pensées indélicates ne faisaient leur apparition. De mon devoir je sauvegardais alors sagement les avancements par deux fois dans deux endroits bien distincts. L’un étant mon disque dur ordinateur l’autre, un disque dur externe. Prudence est mère de sûreté dans ce domaine où, parfois, les heures se cumulaient pour un détail insignifiant. Devoir ainsi sauvé, j’en quittais le logiciel afin d’aboutir à une page internet où se trouvait seulement la playlist qui, sans que je ne le sache, continuait à passer musique après musique dans mon casque depuis tout ce temps. Alors je la fermais aussi, si bien entendu de question tu ne me posais ni sur mes cours, ni sur ce qui passait actuellement dans mon casque. Le cas échéant je m’en arrêterais afin d’assouvir ta curiosité, même si, à ta place, ce serait plutôt sur la boîte en plastique trouvant place sur l’étagère juste au dessus de mon installation que mon intérêt se porterait. Cette boite qui logeait à gauche de livres de cours - tant ceux délivrés par l’université que ceux achetés par ma propre personne. Certains se trouvaient donc être en chinois, d’autres en coréens, d’ailleurs quelques livres de cours de cette langue qui aurait dû être ma natale s’y trouvait également.- qui, eux même, se trouvaient à gauche de tous les jeux achetés depuis mon arrivée à Séoul et non disponibles sur une plateforme internet.
Je ne savais d’ailleurs pourquoi c’était au sol que tu avais établi campement avec nos compagnons. Le lit n’était-il plus confortable? A chacun ses drôles d’habitudes probablement.. Assis en tailleur, rapidement, je te vis te délestée du poids du chaton; quand bien même il n’était le plus lourd des deux. Mais arriverais-tu à faire bouger ce canidé si confortablement installé? J’en doutais… Il était même certain que tu ne le pouvais sans aide extérieur ou volonté de l’animal. Néanmoins, tu ne semblais désireuse de le voir partir alors de suggestions je ne faisais, de proposition d’aide non plus. S’il pouvait servir d’excuse afin que dans ma chambre tu puisse rester un peu plus longtemps, je n’allais définitivement pas l’ôter de tes pattes! Des siennes, Mingyun explorait les courbes de mes jambes, cherchant après un nid douillet dans lequel s’installer. Ce fut contre ma cuisse qu’il jeta son dévolu, s’y frottant dans un premier temps pour finalement déposer sa joue contre celle-ci, une patte antérieure élancée vers l’avant. Pendant ce temps, de ton côté, tu semblais trouver intérêt à cet élégant visage qu’était le mien. Caressant la frontière sensible de ma mâchoire de tes doigts, je ne savais résister à cet appel silencieux et m’inclinais juste assez pour cueillir tes lèvres sans déranger notre chaton. De souplesse je n’étais véritablement doté, d’équilibre également, alors une main venait trouver appui au sol pour soutenir cette position le temps de notre échange. L’autre, quant à elle, trouvait refuge sur l’une de tes mains dans l’espoir vain que celle-ci s’amourache de son étreinte tout autant que je succombais pour tes baisers. Loin d’être les plus passionnels ou ardents, ceux-ci se dotaient d’une délicatesse, d’une tendresse, d’esquisses de sentiments auxquels je devenais bien trop rapidement dépendant. Alors naturellement, à ton recul, je m’avançais. Incapable de rompre l’échange de moi-même, ce fut mon corps qui intimait la fin nécessaire de celui-ci par un arc électrique à hauteur de mes cuisses. Seulement à ce moment, je te laissais t’enfuir et rompre tout contact physique. A ceux-ci j’étais accroc, contre toi j’adorais me blottir bien plus que de raisons pour une relation aussi neuve que la nôtre. Je ne devrais t’offrir tant en si peu de temps mais plutôt te faire languir, te voir désirer après mon attention et mes caresses. Mais c’était là un jeu auquel je ne savais jouer encore. A l’avenir peut-être… Nous avions tout notre temps. Nous étions encore jeunes mais probablement pas assez pour n’avoir d’anecdote à nous conter en ces nuits partagées.
Si à cette éventualité - celle de passer notre première nuit ensemble à discuter - j’avais pensé tantôt, je ne m’attendais pourtant pas à te voir l’initié aussi promptement. Alors, bien que surpris, à tes propos j’étais attentif.
Tandis que tu entamais l’explication de ta première peluche décorant ta chambre, mes pupilles s’égaraient tristement à la redécouverte de ton visage. Contrairement à ce que tu pourrais croire - car tu le croirais, pas vrai? Moi qui n’était qu’un tombeur plus amoureux des corps que des esprits.. - j’écoutais et enregistrais chacun de tes propos dans un coin de ma mémoire. Chaque mot avait son importance, chaque anecdote; même celle qui narrait une croyance populaire de ton pays; était précieuse à mes yeux. Si les promesses de patience tu ne croyais, si mes mots destinés à te rassurer ne faisaient leur effets, alors l’attention que je te portais, le souvenir de nos échanges tout aussi anodins puissent-ils être, l’effort de me souvenir de chaque anecdote que tu me contais avec autant d’exactitude que possible. Tout ceci pouvait-il être la preuve que, non, je n’attendais simplement après ton corps? Plus que de me complaire dans la plainte de ton jugement, j’aspirais à le changer. Qu’importait le temps nécessaire, qu’importait les efforts à déployer, j’y parviendrais. Malgré cette ambition grandissante dans ma poitrine amenant avec elle un sérieux indéniable, je ne retenais malgré tout un sourire sincère face à ta remontrance qui n’avait lieu d’être. Je ne me moquais ni me moquerais de cette croyance aussi farfelue qu’attendrissante. Car je le comprenais bien vite au fil de tes propos: cette anecdote avait pour naissance ta venue au monde. Petite fille choyée et aimée dès son plus jeune âge par ses parents. Je n’étais tant jaloux, comme certains pourraient l’être face à ce conte dont tu me gratifiais la connaissance, à la place j’étais heureux. Tout bêtement et bonnement heureux de constater comme tes parents avaient pu te couvrir d’amour dès les plus jeunes jours de ton existence. Tu méritais toute cette attention, tout cet amour et même plus encore. Je désirais t’offrir le monde et toutes ses splendeurs directement au creux de tes mains. Je n’étais assurément le seul, je peinais à l’imaginer, mais y avait-il homme plus à même de parvenir à combler ces desseins que moi? Excepté ce père qui, probablement, devait filer gaga face à une fille aussi jolie et intelligente que toi.
Parlant d’homme, le suivant sur la liste fut ton frère; celui-ci même qui t’avait offert une peluche que tu ne quittais désormais plus. Celui-ci dont, déjà, tu m’avais parlé à une époque pas si lointaine puisqu’elle remontait au tout début du mois. Jae Hwa, ton frère de cinq ans ton aîné si ma mémoire s’avérait correcte - et tu le confirmais par la suite de ton récit - ; fils du premier mariage de ton père.. ou de ta mère. Je ne me souvenais totalement de cette conversation téléphonique que nous avions échangés, faute d’avoir été sobre à ce moment. Néanmoins, je me souvenais assurément que cet aîné s’avérait être régulièrement perdu dans son propre monde, loin d’être idiot comme tu t’étais empressée de me le faire comprendre, il avait seulement la particularité de se trouver totalement ailleurs. D’ailleurs, tu n’avais manqué de le mentionner en soulignant comme je te faisais penser à lui par ce seul amour du risque que nous partagions. Ces deux éléments combinés, il n’était difficile de l’imaginer prendre conscience de son oubli une fois à l’aéroport et se mettre en quête d’un cadeau sans réaliser combien il se mettait en danger en faisant cela. L’attention était belle et bien là, mais faire un tour d’horizon dans Singapour afin de trouver une boutique où acheter un présent digne de ce nom, n’était-ce le plus raisonnable? Probablement connaissait-il ce qualificatif bien moins que moi...Alors bien entendu, à cette anecdote contée d’une voix tantôt désolée, tantôt remplie de douceur, comment pouvais-je garder un semblant de sérieux? Ajoutée l’esquisse mentale de ta petite personne - seulement âgée d’une dizaine d’année mais au caractère déjà plus tempétueux qu’un ouragan tropical - jetant au visage de ton frère cette peluche hippocampe tout en lui criant, de ta voix enfantine, quel mécréant il faisait pour un tel affront, c’était bien tout ce qu’il manquait à cette histoire. Entre mes lèvres se glissait un rire, devant celle-ci se plaçait le dos de ma main après quelques secondes, tandis que pendant ce temps tu affirmais l’évidence: ton attachement pour cet objet. Tu devais l’avoir compris à cette époque. Qu’importait le prix ou l’endroit d’où provenait un présent, l’attention et la seule pensée de la personne qui l’avait offerte suffisait à réchauffer les coeurs. « T’as bien fait.. » soufflais-je tout bas, peut-être trop bas pour te tirer de tes pensées, mais assez pour parvenir à tes oreilles si tu y pretais attention.N’aurais-tu regretté si par le passé tu étais venu à t’en débarrasser pour une telle raison? Etait-ce cette pensée qui t’éloignait de moi un bref instant? Bien que destinée à tout autre chose à en croire où se logeait ta main, aurais-tu jeté un collier dont la perte te pesait à présent? Si je le pouvais, j’aurais aimé m'immiscer dans tes pensées afin d’en comprendre le cheminement. Je ne demandais à le faire en permanence mais ponctuellement, afin d’enfin avoir une idée de la réflexion dans laquelle, parfois, tu te lançais sans préavis.
Bien rapidement cependant, tu revenais au sujet initial et replaçait tes doigts tendus face à moi. Si les deux premières me furent présenter, n’en restait alors plus que la troisième et dernière. Celle pour laquelle tu semblais buter à en exprimer l’origine à observer comme sur tes traits, la réflexion prenait place. T’avait-elle été offerte par un autre homme? Regrettais-tu de l’avoir prise en considération maintenant que nous étions officiellement en couple? Et pourquoi ne t’en étais-tu débarrassée avant? L’aimais-tu encore? Te manquait-il? Seules quelques secondes de battements et pourtant, cela suffisait à échauffer mes pensées, qu’un tas de scénario ne naissent sans pouvoir trouver autre source d’apaisement que tes explications. Ces dernières tu entamais alors, précisant le lieu où logeait cette peluche dans un premier temps - a croire que tu te plaisais à me faire languir - avant qu’enfin tu n’avoue. Elle t’avait été offerte par un autre. Alors j’espérais que, cette fois aussi, tu t’étalerais en explications quant à son origine. Pourquoi était-elle si spéciale pour que tu l’emmènes avec toi en Corée quand, de toute évidence, tu aurais pu la laisser à Singapour? A moins qu’il ne fut coréen celui qui te l’avait offerte? Lèvres pincées, je peinais à déceler la malice dans ton regard bien, qu’assurément, je n’y était entièrement aveugle. Te plaisais-tu à me rendre jaloux? Me testais-tu? Pourtant à la suite de ton récit… Seulement alors mes traits se détendaient et mes épaules s’affaissaient au constat évident: j’étais cet homme. Roller coaster d’émotion, après la jalousie, après le soulagement, l’étonnement. Cette peluche, l’avais-tu vraiment gardé? Bien que tu le disais, bien que je le concevais, je ne parvenais à comprendre pourquoi. Pourquoi l’avoir garder? Tu avais un fiancé - certes aux abonnés absents -, tu ne m’appréciais - à défaut d’employer« détestait » -, à la déposer sur ton bureau… passais-tu tes nerfs dessus dès lors qu’un problème tu n’arrivais à résoudre pour tes cours? Quoi que… Avait-elle toujours trouvé une telle place? Il n’était impossible qu’elle eût un refuge sous ton lit ou dans tous autres endroits éloignés tant de ta vie que de ta vue avant qu’enfin, elle ne trouve place nette sur ton bureau une fois une première confession effectuée la nuit de la rentrée. « Ce garçon doit certainement s’en souvenir, il a une bonne mémoire à ma connaissance. » Je ne l’avais effectivement oublié et je ne le pouvais. Aussi bête ce cadeau était-il, aussi enfantin pouvait-il être, il n’en restait pas moins un souvenir impérissable. Me revenait alors en mémoire cette virée inattendue, cette surprise inconcevable, une reconnaissance qui ne pouvait naturellement être tut, mais également l’effluve délicate de première fois qui, tout d’un coup, revêtait un sentiment nouveau.
Incapable de croiser ton regard à présent, ce fut vers un Mingyun paisiblement assoupi que celui-ci trouvait refuge. Sourire aux lèvres, douceur sur traits rougis à l’embarras, tambour agité dans les oreilles, c’était vers la rêverie d’adolescence que je m’envolais. Vingt et un ans et le coeur troublé par ces révélations enfantines. Cela ne devait être permis! A présent adulte, je ne devrais me plaire à la seule idée qu’une simple peluche offerte trois mois auparavant ait place dans ta vie du quotidien, mais voyais-tu à ce sourire que je ne parvenais à faire fuir comme j’étais heureux? Je me savais déjà comme facile à satisfaire auparavant, mais assurément,
A la croisée nouvelle de nos regards, du tien j’extrayais un voile de tristesse dont la cause restait encore cachée. Pourquoi soudainement? Qu’elle avait été la pensée faisant naître une telle expression sur tes traits? Etaient-ce mes mots précédents qui, voulant bien faire, avaient malgré tout engendrés la naissance d’une réflexion inattendue et indésirée? « Pourquoi... » Pourquoi avais-tu l’air triste. Je n’étais plus si sûr de vouloir en entendre la raison après cette pensée: ton fiancé ne t’avait peut-être jamais dit ça. Un peu trop spontané, un poil trop désireux de te savoir sereine, je ne pensais à cet homme qui avait fait ravage dans ton coeur et dans ton esprit. Ou alors l’avait-il formulé mais n’avait tenu sa promesse? Je ne savais. Je n’aspirais qu’à te comprendre au mieux afin de voir fleurir un sourire et même un rire sur ton visage, rien ne m’importait plus. Pourtant je n’y parvenais, je ne comprenais jusqu’à voir ton regard glisser vers mon lit.
« Je le sais déjà. T’es triste! » déclarais-je promptement face à ton reproche qui n’avait lieu d’être. Ce regard qu’était le tien, avant même que je n’en prenne conscience je m’y perdais déjà en quête de compréhension alors oui, au moins en partie, je parvenais à lire ce qui s’y cachait. Ou du moins, le pensais-je. « Je sais pas pourquoi cela dit... » Un souffle qui m’échappait, des propos revêtant la cape d’une tristesse presque désespérée. Dans ma quête de ton bonheur, je semblais nager en terre marécageuse. Le chaton j’ôtais de mes cuisses afin qu’il trouve nouveau nid dans les draps que je prenais soin de mettre en désordre pour qu’il trouve place à son goût avant de m’en retourner vers toi. Bien décidé à démêler ce souci auquel nous faisions face, j’espérais après ta coopération malgré tout. « Pourquoi t’es triste? » Quelques pas et c’était à toi que je me rendais. Du contour de ton visage je me saisissais délicatement afin que je puisse essayer de lire ce qui se tramait au plus profond de ta personne. Même si c’était prétentieux de prétendre y arriver, au moins, à force d’essais, ne finirais-je par y arriver? « Parce que j’ai dit que je te parlerais pas? Que tu devais lire dans mes yeux? Tu m’as pris au sérieux? » Face à la rancune lue dans ta menace précédente face à la lecture de ton regard, c’était bien la conclusion la plus probable qui naissait dans mes pensées. Conclusion stupide. Encore une fois, tu me défiais sur ce terrain. Mais la couronne me revenait. De beaucoup tu étais déjà Reine, alors de cette discipline je serais Roi. « Je te parlerais si ça te rend heureuse… même si je peine à savoir pourquoi et qu’est-ce que tu voudrais savoir... » A cet instant alors, je réfléchissais aux sujets dont tu pourrais être le plus curieuse. Mes études? Mes goûts? Les objets présents dans ma chambre? A commencer visiblement par ce pachimari détenu prisonnier entre tes doigts. Chanceux qu’il était. De l’index gauche je le pointais alors, relevant les yeux vers toi. « Tu l’aime? Ou... t’es curieuse de savoir d’où il vient? … Je pense plus pour la deuxième option, c’est le plus personnel. » A ta place, j’aurais été curieux de son origine. Notamment après avoir ressenti une telle jalousie en pensant que cette troisième peluche que tu gardais dans ta chambre s’avérait être le présent d’un autre… Du pachimari je me saisissais alors afin d’en regarder l’étiquette située sous celle-ci, incertain quant à sa provenance sûre et certaine et la date. Surtout la date à laquelle je l’avais reçu à vrai dire… Mais je ne parvenais m’en souvenir. « C’est un cadeau de Blizzard. mais je sais pas de quand exactement.. » annonçais-je en tendant la peluche à nouveau en ta direction avant que l’autre main ne pointe quelque chose si trouvant dans ton dos. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un de mes tapis de gaming où était écrit en gros le titre du jeu en question à son sommet. Le reste était totalement noir et, de toute façon, recouvert d’une part par ma souris, de l’autre par mon clavier. « Overwatch. On retrouve ces pachimaris un peu partout dedans et Blizzard me l’a envoyé en cadeau un jour avec quelques autres trucs qui sont restés chez moi en Chine. Tu peux te dire que c’est la mascotte du jeu même si normalement c’est tracer... » L’un dans l’autre, ils étaient minuscules tous deux alors… Il n’y avait grand affront à penser ainsi, surtout si tu n’étais joueuse de ce FPS pourtant si connu. Personne n’allait t’engueuler de dire une telle chose - moi par contre, c’était une autre affaire si je me permettais cela sur un stream… - .
T’invitant d’un geste de la main à fouiller dans ce qui pourrait s’apparenter à mon domaine afin d’assouvir toute curiosité de ta part, j’en vins néanmoins à glisser ma main droite non loin de ta taille afin d’attraper la souris. Si d’apparence le calme régnait, je ne restais pas moins conscient qu’à l’instant présent, c’était entre moi et mon bureau que tu te trouvais. Encore une fois… Mais cette fois tu n’étais fiancée et j’étais l’homme dans ta vie qui pourrait se permettre de telles folies. Néanmoins, je ne le faisais. Et si ce calme superficiel je gardais, ce n’était tant pour te déstabilisé mais te prouver que, malgré l’étroitesse de la situation, de pensées indélicates ne faisaient leur apparition. De mon devoir je sauvegardais alors sagement les avancements par deux fois dans deux endroits bien distincts. L’un étant mon disque dur ordinateur l’autre, un disque dur externe. Prudence est mère de sûreté dans ce domaine où, parfois, les heures se cumulaient pour un détail insignifiant. Devoir ainsi sauvé, j’en quittais le logiciel afin d’aboutir à une page internet où se trouvait seulement la playlist qui, sans que je ne le sache, continuait à passer musique après musique dans mon casque depuis tout ce temps. Alors je la fermais aussi, si bien entendu de question tu ne me posais ni sur mes cours, ni sur ce qui passait actuellement dans mon casque. Le cas échéant je m’en arrêterais afin d’assouvir ta curiosité, même si, à ta place, ce serait plutôt sur la boîte en plastique trouvant place sur l’étagère juste au dessus de mon installation que mon intérêt se porterait. Cette boite qui logeait à gauche de livres de cours - tant ceux délivrés par l’université que ceux achetés par ma propre personne. Certains se trouvaient donc être en chinois, d’autres en coréens, d’ailleurs quelques livres de cours de cette langue qui aurait dû être ma natale s’y trouvait également.- qui, eux même, se trouvaient à gauche de tous les jeux achetés depuis mon arrivée à Séoul et non disponibles sur une plateforme internet.
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Jeu 7 Nov - 21:07 Citer EditerSupprimer
Mes mots ainsi énoncés apparaissaient-ils comme empreint d’ironie quant à la situation ? Mes présentes pensées, je ne te les partageais dans leur intégralité. Pour partie, je les tenais encore sous le sceau du secret. Pourtant, par cette contrariété manifestée – bien assez implicite pour que tu en reçois réceptif –, ne t’en exprimais-je pas déjà un morceau ? Un nouveau morceau de plus, car de nous deux, il me semblait être de loin celle s’étant le plus dévoilée en cette soirée. De si lourds aveux que je t’avais confessé et en réponse, je n’avais guère eu que ce défi d’apprendre à lire dans les tiens pour le comprendre. Si l’idée était plaisante, que dans des iris je me plongerais bien volontairement, je redoutais de m’y noyais. Qu’à m’y perdre, je ne verrais plus le sentier de la vérité, et alors, encore une fois je poursuivrais aveuglément un mensonge. Jamais je ne serais à l’abri d’à nouveau me tromper, mais à cette heure, je ne me dotais d’ailes du courage assez solides pour faire un saut dans le vide. Brisées, elles avaient besoin de temps pour être réparées. Elles avaient besoin de toi pour médecin. Ou plus que guérisseur, tu t’apparentais à l’objet de volonté. Celui pour lequel elles auront à coeur de retrouver leur vigueur afin de voler, afin de réussir à t’atteindre. Une ouverture infime sur ton univers tu m’avais ouvert pas ton récit, je l’avais apprécier et en retour, une anecdote plus ou moins semblable je t’avais accordé. En cela, j’étais heureuse et touchée. En revanche, je t’en avais tant dit auparavant qu’une telle inégalité ne me convenait. Je ne voulais recommencer. Alors quitte à te forcer, à user d’un pareil chantage pour que ta langue soit déliée, pour que tes gestes libres et spontanés, je t’y inciterais. Si fermement tu me le refusais, les règles de ton jeu je n’accepterais. Et la page se tournerait au bout de quelques lignes, à l’instar d’un poème rédigé en quelques vers.
De mes doigts triturants le crâne de cette étrange créature en peluche, j’évacuais une certaine nervosité que le timbre de ma voix s’est bien gardé de témoigner. Je me voulais assurée, mais en ce lieu, face à cette relation que nous établissions, je ne l’étais en rien. Ma spontanéité me faisait présentement défaut. Couarde, elle s’en était allée se cacher, effrayée par ces deux issues dont les spectres qu’elle entrevoyait la hanter : te voir t’éloigner ou que ma plaie à peine cicatrisée ne ressorte que plus profondément creuser. Cependant, je ne saurais faire sans cette exigence. Je ne le croyais… Toi en revanche, de l’écho de ta voix tu semblas si sûr de toi. Tu savais ? Alors à nouveau, je me trouvais en position d’infériorité ? Un temps de retard. Cependant, par la suite, je me mis à douter. Tes mots attendus auraient plutôt été de me qualifier de fâchée. Mes paroles m’auraient plutôt s’apparenter à de la contrariété qu’à de la tristesse. La fermeté de ma posture, l’intention de ma voix, elles auraient dû te guider sur cette voie là. Et puis, momentanément, tu te tenais bien trop loin pour prétendre lire dans mon regard ! Alors, comment savais-tu ? Jusqu’où parvenais-tu à souder dans mes pensées pour avoir décelé à quel point je pouvais être peinée ? Avais-tu déjà appris à lire entre les lignes de ma défense colérique ? Et sous les flèches protectrices, tu te frayais un chemin. Délesté de ton fardeau fait chaton, tu te levais et me rejoignais. Ta lecture imparfaite tu reconnaissais par cette question. Tu annonçais connaitre ma tristesse mais en ignorer la raison. Pourtant la réponse me semblait si évidente, n’avais-tu donc formuler qu’une hasardeuse supposition ? Pourtant, tu paraissais bien sûr de toi. Pourtant, je ne m’en offusquais pas plus longtemps momentanément, bien plus troublée et accaparée par ta proximité. La sensation de ton corps si près de moi, ton visage penché au-dessus de moi, couvant ainsi le mien entouré de tes mains. Tu en avais le droit désormais, de me toucher, de me regarder avec autant d’intensité que de tendresse. Et tu te le permettais. Nous avions vraiment ce genre de relation désormais… Et c’était mauvais. Car sous tes doigts et tes regards, je fondais. Mon coeur guerrier perdait tant de sa combativité. Il se ramollissait et se languissait qu’après tes seules attentions. Mes sens et mon esprit dérivaient. Ils réclamaient et espéraient après ton touché. L’envie de me laisser posséder. Parce qu’il était si bon de lâcher prise parfois…
Un vacillement face auquel tes questions se firent branches sur lesquelles me rattraper. Grâce auxquelles, mon regard put conserver son message déterminé. Sans doute aurais-je pu te remercier pour être doté d’un tel don voué à m’énerver. Etait-ce étonnant que je n’ai pas apprécié de me faire rabrouer de la sorte tandis que j’aspirais à un peu d’ouverture de ta part ? Que je te demandais de m’ouvrir ton coeur à l’égal que je t’ouvrirais le mien ? Peut-être supposais-tu qu’un tel effort m’était plus aisé. L’était-il ? Je ne savais. En revanche, il m’était indispensable. Et en réponse à ta pirouette de prôner désormais la plaisanterie que je n’aurais saisi, ce fameux regard, je te le refusais. Qu’importait tes mains l’entourant, si mon visage je ne parvenais à tourner pleinement sur le côté, mes yeux se dérobèrent aux tiens. Loin de les fuir, je t’en retirais l’accès. La fermeté se lisait sur mes traits de poupée, quand bien même, un instant, faiblement, elle s’atténuait. Pouvais-je croire en tes mots ? Ceux s’engageant à parler pour faire mon bonheur. Je n’y cédais pour autant. Trop prudente face à la possibilité de me laisser trop facilement duper. Si vraiment en moi tu lisais, tu ne tarderais à le déceler, comme face à toi je serais vulnérable désormais. Chacun de tes mots résonneraient en écho. Plus ils me séduiraient et plus je m’en méfierais. Mais puisque tu semblais encore pour partie dans le brouillard – embrouillé par ce qui m’apparaissait comme évident –, sans doute alors ne connaissais-tu pas encore l’étendue de ton pouvoir.
Un sursis d’adoucissement que tu froissas en changeant soudainement de sujet. Sur l’instant je m’interrogeais bien sur ce que tu supposais que j’aimais. À mon regard revenu sur toi, et plus précisément ensuite sur la peluche que tu désignais du doigt, je compris que tu rebondissais sur celle-ci. Dans l’art de t’esquiver tu étais décidément maitre. À moins que… À quel point étais-je devenue transparente ? Tu devinais la question qui m’avait précédemment taraudé, et dès l’introduction de réponse, je n’aimais ce que j’entendais. Plus personnel, ainsi dont il y avait bien une histoire derrière cet objet qui ornait ton bureau. Sans détour, tu me raconterais sa valeur sentimentale. Était-ce destiné à t’ouvrir ou intentionnellement à me froisser ? Non, avec ta mentalité, certainement pas un seul instant tu ne pourrais supposer que l’idée que tu gardes un souvenir d’une autre fille puisse me déplaire. Mais étais-tu homme à conserver un tel objet ? Je croyais qu’à tes yeux, celles du passé n’avaient d’importance. Il y aurait-il une exception ? Alors, cette peluche, vraiment, je la détesterais. Et peut-être le sentis-tu pour qu’ainsi tu la libères de mes griffes acérées prêtes à la déchirer, malencontreusement. Pourtant, le nom que tu énonças ne ressemblait à rien de féminin. Il n’avait rien d’un nom non plus. Ma tête se penchant légèrement sur le côté, je cherchais l’identité de ce blizzard. Fut-ce un pseudonyme d’un ou d’une de tes partenaires de jeux en ligne ? Ce ne serait impossible. Dans ce cas, ta réponse était la pire de toute : tu me disais l’auteur de ce présent sans me le dire vraiment ! Malgré mes sourcils froncés et mon air accusateur, j’écoutais la suite de tes explications. Du regard, me retournant à demi de la tête et du buste, je suivis la direction indiqué par ton doigt. Ce Blizzard… Indubitablement, je me sentis fort honteuse pour la méprise que j’avais commise en pensée. Je n’en restais pas moins étonnée, et tout en reprenant finalement le pachimari – comme tu l’avais dit – entre mes mains, je laissais mon incrédulité s’exprimer : « La société t’a envoyé un cadeau ? » Pourquoi ? Si je ne le prononçais, la question le sous-entendait. Dans la fourmilière qu’était le net, par tes vidéos et performances avais-tu donc réussi à te distinguer à ce point ? Cela me paraissait assez improbable, impressionnant ? À moins que ce n’était qu’un banal présent envoyé largement ? Je ne savais. Ton univers recélait d’inconnues pour lesquelles je n’avais guère jamais eu d’intérêt.
À peine eus-je le temps de poursuivre l’observation de ton bureau sur invitation de ta main que je sentis la droite m’effleurer à hauteur de la taille. Que faisais-tu ? Par réflexe, plus que sur le meuble s’était sur ta personne que mon attention se reportait. Face à toi je me retournais, persuadée que tu te rapprochais… Pour finalement constater que je n’étais qu’obstacle entre toi et ton précieux. Cet écran, ce clavier et la souris qui les accompagnait vraisemblablement méritaient plus après ton attention. Par obstination je décidais de rester camper ici, entre vous, quitte à gêner mais je n’allais pas courber l’échine en faveur d’une machine. Je maintenais tout d’abord le menton haut, regardant droit devant moi avec dignité et détermination. J’essayais aussi de ne écouter mon coeur tambouriné sous l’effet de ta proximité. À mon esprit j’interdisais de s’égarer dans son envie de nous rapprocher. De peut-être t’enlacer. Afin de ne pas trop y penser, je décidais de ne point demeurer figée. Ma tête je tournais brièvement à nouveau en direction de l’écran. Cependant, je réprouvais bien vite ce geste avant que mon regard ne se perde de manière trop intrusive sur les éléments qui pouvaient y apparaitre. Il y avait des limites à la curiosité. Il ne m’était encore légitime de mettre mon nez partout dans ton intimité. Pas à ce point. Alors, je m’en détournais prestement. Je m’apprêtais à renouer avec posture précédente, mais dans mon intention je fus interrompue par cette vue sur laquelle mon regard se posa en chemin. Celle de ton cou ainsi exposé, juste sous mes yeux tandis que vers ton ordinateur tu te tenais encore penché…
Inconsciemment, cette peau que tu m’offrais, je la fixais. Du contour de ta mâchoire à la courbe de ton cou, grand et séduisant, un véritable appel à le croquer. En étais-tu conscient ? Certainement, de tes charmes chaque fois, tu ne doutais en aucun point. De celui-ci, tu devais avoir entendu compliment plus d’une fois. Et je fus légèrement peinée d’y repenser, encore. Si de mes dents je l’avais déjà marqué un jour de février, je n’étais assurément la première. Pas plus que je ne serais la dernière. Mais plus qu’à l’avenir, c’était sur le passé que je restais focalisée. Ou plutôt, les conséquences qui en marquaient le présent. Plus que de me rappeler le nombre des filles envisageables avec qui tu avais pu flirter, et plus si affinité, ce qui m’affectait était le constat que jamais, en rien, je ne pourrais avoir une petite part de toi qui serait à moi, rien qu’à moi. Tu représentais déjà mon premier pour tant de chose, et plus encore à l’avenir, tandis que de mon côté… Une parmi tant d’autres. Une passade éphémère qui ne te marquerait. Dont tu ne te rappellerais après quelques temps. C’était injuste.
Pendant qu’ainsi mes pensées me hantaient, tu entamais de te redressais, alors soudainement, je m’empressais. Mon instinct seul décidait. Avant de laisser une telle occasion s’échapper, prestement, furtivement, mes lèvres vinrent déposer un baiser au creux de ton cou, puis se détachait aussitôt de cette peau dont elles se seraient sans doute bien volontiers délectées. Je n’avais réfléchi, seulement agi au gré d’une envie. Un désir malgré tout de te marquer de mon empreinte. Aussi légère serait-elle, elle n’en demeurerait pas moins unique. Je ne considérais néanmoins mon geste qu’une fois que tu fus réellement et pleinement redressé face à moi. Sans doute étais-tu étonnée. Moi aussi. Je me surprenais moi-même et montais quelques instants la peluche toujours entre mes mains devant mes lèvres, en gage de ma confusion. Une volonté de me cacher que je ne tardais en combattre en abaissant mon bouclier rempli de mousse. « C’est ta faute… » t’accusais-je pour assurer ma défense quant à ce baiser aussitôt déposé, aussitôt envolé tel un papillon d’été. « On ne met pas une gourmandise sous le nez d’un enfant en espérant qu’il n’y touche pas. » Sur ces mots, la tête détournée sur le côté, menton redressé, je croisais les bras devant moi. Un instant, juste avant que je n’anticipe toute potentielle réplique. Alors de cette main encombrée par un certain pachimari, je posais néanmoins mon index porté à tes lèvres. « Je t’interdis de relever que je suis une enfant ! » Parce que tu l’aurais fait, inévitablement. La perche était trop belle pour que tu l’eus ignorée !
De même que cette sensation non plus, je ne pouvais l’ignorer. Combien de fois ce geste te l’avais-je imposé ? Comment jusqu’alors, j’avais pu ne pas le regarder, la légère humidité que le bout de mon doigt ressentait au contact de tes lèvres. Et comment m’en détacher à présent ? Comment résister à cette tentation que je venais moi-même de provoquer ? Car, le savais-tu ou non, mais depuis les tous premiers à tes baisers tu m’avais accroché. Ils représentaient un si doux péché auquel je ne résistais. Pourtant, je le fis cette fois-ci. Mes iris je détachais pour les monter à la rencontre des tiens. Des regards croisés pour mieux raviver une conservation que je ne te laisserais pas si facilement esquiver comme tu avais presque réussi à faire. Mon index s’ôta de ta bouche. Mes yeux se baissèrent, suivant son cheminent tandis qu’il pointait et glissait le long de ton torse, sans pour autant le toucher, tout juste effleurer le tissu de ton vêtement. « Pourquoi n’aurais-je pas été peiné ? » demandais-je finalement, en référence à tes questions énoncées précédemment. Mon doigt s’arrêta en chemin et fut emporté par mon bras retombant dans le vide, tandis que mon regard lui se redressait. « Tu n’en a rien eu à faire lorsque je t’ai dit que moi non plus, je ne te partagerais plus rien ? » Ta sincérité, je voulais la voir. Apprendre à la lire dans tes yeux, à la déchiffrer sur tes traits. « Pourquoi est-ce si compliqué à comprendre ? » Je ne t’agressais, et au contraire, ma voix témoignait peut-être d’une once de fébrilité face à l’incertitude de ce que je devais chercher, espérer et attendre. Dans ses quêtes, mes yeux redescendirent d’un étage. Sur ton torse, ils trouvèrent point d’ancrage. « Je ne sais pas, à croire que je n’y connais vraiment rien et que je me fais de fausses idées sur ce genre de relation… » Je ne savais plus non plus si momentanément, je réfléchissais à voix haute ou si j’attendais vraiment quelques éclaircissement de ta part. Sans doute était-ce bien le cas, puisque suivant mon instinct, mes doigts revinrent s’agripper presque timidement au pan de ton vêtement. D’une nervosité discrète, ils triturèrent le bas de ton sweat. « J’ai toujours pensé que… Lorsqu’on sort avec quelqu’un, n’est-ce pas pour lui exprimer ce qui nous passe par la tête ? Je ne sais pas, n’est-ce pas cette personne là face à laquelle on apprend à se délester de la honte ? À qui on peut raconter ses journées ? Celle avec qui on apprend à partager la joie autant que la peine et l’anxiété ? » Cette fois, la réponse je venais la quérir franchement au fond de tes prunelles. Me comprenais-tu ? L’acceptais-tu ? « Désolée… » Un murmure qui soudainement m’échappait. Un regard qui retombait encore. « Je suis une idiote. » Un soupir et ce furent mes doigts qui abandonnèrent leur prise, à l’acception de ce pachimari dont je ne me défaisais. « Nous n’en sommes probablement pas là… » La peluche je ramenais d’ailleurs à moi, la serrant entre mes bras contre mon abdomen, en quête d’un sentiment de réconfort face à ma peine. Je le savais. J’en avais conscience que mes désirs ne coïncidaient avec une relation naissante. Qu’en plus, mes souhaits ressemblaient plus à ceux d’une adolescente qu’à une étudiante. Derrière mon masque de déesse de glace, tu n’avais dû imaginer quelle naïveté s’y cachait. J’étais ainsi. « Je suis la fille stupide qui ne sait pas juste sortir avec un garçon. Je suis l’idiote qui a cru au mariage… » À l’instar de tout le reste, j’avais vu grand. J’avais vu extrême. Et je n’avais rien vu d’un amour leurré. Alors, à présent, j’étais vraiment, sincèrement paumée. Je ne connaissais vraiment rien de cette voie où nous avions choisi de nous engagé. Tu aurais tout à m’apprendre en plus de me supporter, de patienter…
Plus bas encore, mes yeux avaient glissés. Sur le crâne de la créature en peluche ils s’étaient posés. Dans mon mal être, je gardais le silence et l’immobilité plusieurs instants. Et puis… Lentement, mes bras se délassèrent finalement. D’un pas en avant, je me rapprochais un peu plus de toi. Ta taille j’entourais de ses bras si frêles. Ma tête reposant contre ton torse, tendrement je t’étreignais. Contre toi, je me blottissais à la fois pour me réconforter et aussi pour te témoigner de mon envie de te garder à mes côtés. Que pas à pas nous nous rapprochions, malgré les barrières que je pouvais dresser. « Néanmoins, je persiste dans l’envie de savoir tes pensées, le passé que tu veux bien me présenter. Et aussi… » prononçais-je d’une voix douce mais audible, et à nouveau plus assurée. Sans pour autant rompre l’étreinte, je me reculais légèrement. À ton visage, mes yeux remontèrent. « Tes envies dans l’instant présent… » continuais-je sur un ton plus soufflé, qui pourrait être, peut-être, qualifié de presque sensuel. La main détenant la peluche restant dans ton dos, l’autre brisa pour moitié l’étreinte, entama une ascension jusqu’à ton cou, la naissance de ta mâchoire que mes doigts caressèrent. « Tu peux t’exprimer par les gestes, tant qu’ils sont vrais. » Ils s’y déposèrent, couvant ta peau avec douceur et affection tandis que sur la pointe de mes pieds je me dressais. « Comme ça… » Un murmure que je soufflais cette fois telle une caresse sur tes pulpes de chairs. Ces dernières que j’embrassais tendrement, légèrement l’instant suivant. Un baiser éphémère dont je me reculais ensuite, lentement, accompagnés de mes doigts glissant dans une infime caresse sur le contour de ton visage. « Tu peux aussi formuler tes désirs, en faire la requête, comme ça… » Je m’apprêtais à me rapprocher, ma bouche toujours orientée en direction de la tienne… Lorsque soudainement, un pachimari sauvage finit son apparition entre nos deux visages alors que je retombais sur mes talons. « Je peux la garder ? » réclamais-je sur un ton beaucoup plus enjoué, un soupçon enfantin et fier de ce petit tour que je venais de te jouer. D’ailleurs alors que je l’abaissais de devant mes lèvres qu’il masquait, tu pus le constater au sourire qui s’affichait. Mon attention je te dérobais par le même biais une poignée d’instant l’accordant à cet étrange objet que j’observais : « Elle irait bien dans ma chambre, une certaine peluche se sent seule sur mon bureau. » Malgré un sérieux prétendu, mon sourire ne s’éteignait. Pendant encore quelques secondes, j’agitais la peluche entre nous, puis je me décidais enfin à lui rendre sa liberté. Je me tournais à demi pour la reposer à sa place sur le bureau avant de te revenir.
Cette fois, mes mains se faisaient enfin désencombrées. Mes bras je pus monter à ton cou, mes doigts se rejoignant autour de ta nuque. Le regard assurément ancré dans le tien, je me grandissais à nouveau pour t’offrir un second baiser, un soupçon plus prononcé, mais néanmoins non destiné à se prolonger, pas encore. Cependant, je ne me reculerais autant que précédemment et au contraire, je conservais cette proximité permettant à mon souffle de te caresser tandis que je prenais le fil de mes dires. « Ou tu peux l’ordonner… » De mes lèvres, je revins une troisième fois à la rencontre des tiennes, le pressant encore un peu plus passionnément. Je me sentis envie par une vague de chaleur parcourant le long de mon échine. Celle-ci remontée ensuite d’un frisson qui me fit contracter l’abdomen et cambrer les reins. Je ne succomberais pour autant, pas maintenant. Car dans ce jeu où je me laissais aller à mes pulsions, j’aspirais néanmoins à garder la main. Juste encore un peu. « Comme moi, comme ça… » Comme cet ordre, qu’après un quatrième baiser, furtif et volé, enfin je te formulais : « Embrasse-moi, » murmurais-je avec assurance. Deux mots pour t’exprimer mon envie d’être couverte de tes baisers. Que de ton touché, je me languissais. L’envie d’être désirée et possédée. L’appétit quant à cette ivresse que procurait le sentiment de t’appartenir.
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
Mes mots ainsi énoncés apparaissaient-ils comme empreint d’ironie quant à la situation ? Mes présentes pensées, je ne te les partageais dans leur intégralité. Pour partie, je les tenais encore sous le sceau du secret. Pourtant, par cette contrariété manifestée – bien assez implicite pour que tu en reçois réceptif –, ne t’en exprimais-je pas déjà un morceau ? Un nouveau morceau de plus, car de nous deux, il me semblait être de loin celle s’étant le plus dévoilée en cette soirée. De si lourds aveux que je t’avais confessé et en réponse, je n’avais guère eu que ce défi d’apprendre à lire dans les tiens pour le comprendre. Si l’idée était plaisante, que dans des iris je me plongerais bien volontairement, je redoutais de m’y noyais. Qu’à m’y perdre, je ne verrais plus le sentier de la vérité, et alors, encore une fois je poursuivrais aveuglément un mensonge. Jamais je ne serais à l’abri d’à nouveau me tromper, mais à cette heure, je ne me dotais d’ailes du courage assez solides pour faire un saut dans le vide. Brisées, elles avaient besoin de temps pour être réparées. Elles avaient besoin de toi pour médecin. Ou plus que guérisseur, tu t’apparentais à l’objet de volonté. Celui pour lequel elles auront à coeur de retrouver leur vigueur afin de voler, afin de réussir à t’atteindre. Une ouverture infime sur ton univers tu m’avais ouvert pas ton récit, je l’avais apprécier et en retour, une anecdote plus ou moins semblable je t’avais accordé. En cela, j’étais heureuse et touchée. En revanche, je t’en avais tant dit auparavant qu’une telle inégalité ne me convenait. Je ne voulais recommencer. Alors quitte à te forcer, à user d’un pareil chantage pour que ta langue soit déliée, pour que tes gestes libres et spontanés, je t’y inciterais. Si fermement tu me le refusais, les règles de ton jeu je n’accepterais. Et la page se tournerait au bout de quelques lignes, à l’instar d’un poème rédigé en quelques vers.
De mes doigts triturants le crâne de cette étrange créature en peluche, j’évacuais une certaine nervosité que le timbre de ma voix s’est bien gardé de témoigner. Je me voulais assurée, mais en ce lieu, face à cette relation que nous établissions, je ne l’étais en rien. Ma spontanéité me faisait présentement défaut. Couarde, elle s’en était allée se cacher, effrayée par ces deux issues dont les spectres qu’elle entrevoyait la hanter : te voir t’éloigner ou que ma plaie à peine cicatrisée ne ressorte que plus profondément creuser. Cependant, je ne saurais faire sans cette exigence. Je ne le croyais… Toi en revanche, de l’écho de ta voix tu semblas si sûr de toi. Tu savais ? Alors à nouveau, je me trouvais en position d’infériorité ? Un temps de retard. Cependant, par la suite, je me mis à douter. Tes mots attendus auraient plutôt été de me qualifier de fâchée. Mes paroles m’auraient plutôt s’apparenter à de la contrariété qu’à de la tristesse. La fermeté de ma posture, l’intention de ma voix, elles auraient dû te guider sur cette voie là. Et puis, momentanément, tu te tenais bien trop loin pour prétendre lire dans mon regard ! Alors, comment savais-tu ? Jusqu’où parvenais-tu à souder dans mes pensées pour avoir décelé à quel point je pouvais être peinée ? Avais-tu déjà appris à lire entre les lignes de ma défense colérique ? Et sous les flèches protectrices, tu te frayais un chemin. Délesté de ton fardeau fait chaton, tu te levais et me rejoignais. Ta lecture imparfaite tu reconnaissais par cette question. Tu annonçais connaitre ma tristesse mais en ignorer la raison. Pourtant la réponse me semblait si évidente, n’avais-tu donc formuler qu’une hasardeuse supposition ? Pourtant, tu paraissais bien sûr de toi. Pourtant, je ne m’en offusquais pas plus longtemps momentanément, bien plus troublée et accaparée par ta proximité. La sensation de ton corps si près de moi, ton visage penché au-dessus de moi, couvant ainsi le mien entouré de tes mains. Tu en avais le droit désormais, de me toucher, de me regarder avec autant d’intensité que de tendresse. Et tu te le permettais. Nous avions vraiment ce genre de relation désormais… Et c’était mauvais. Car sous tes doigts et tes regards, je fondais. Mon coeur guerrier perdait tant de sa combativité. Il se ramollissait et se languissait qu’après tes seules attentions. Mes sens et mon esprit dérivaient. Ils réclamaient et espéraient après ton touché. L’envie de me laisser posséder. Parce qu’il était si bon de lâcher prise parfois…
Un vacillement face auquel tes questions se firent branches sur lesquelles me rattraper. Grâce auxquelles, mon regard put conserver son message déterminé. Sans doute aurais-je pu te remercier pour être doté d’un tel don voué à m’énerver. Etait-ce étonnant que je n’ai pas apprécié de me faire rabrouer de la sorte tandis que j’aspirais à un peu d’ouverture de ta part ? Que je te demandais de m’ouvrir ton coeur à l’égal que je t’ouvrirais le mien ? Peut-être supposais-tu qu’un tel effort m’était plus aisé. L’était-il ? Je ne savais. En revanche, il m’était indispensable. Et en réponse à ta pirouette de prôner désormais la plaisanterie que je n’aurais saisi, ce fameux regard, je te le refusais. Qu’importait tes mains l’entourant, si mon visage je ne parvenais à tourner pleinement sur le côté, mes yeux se dérobèrent aux tiens. Loin de les fuir, je t’en retirais l’accès. La fermeté se lisait sur mes traits de poupée, quand bien même, un instant, faiblement, elle s’atténuait. Pouvais-je croire en tes mots ? Ceux s’engageant à parler pour faire mon bonheur. Je n’y cédais pour autant. Trop prudente face à la possibilité de me laisser trop facilement duper. Si vraiment en moi tu lisais, tu ne tarderais à le déceler, comme face à toi je serais vulnérable désormais. Chacun de tes mots résonneraient en écho. Plus ils me séduiraient et plus je m’en méfierais. Mais puisque tu semblais encore pour partie dans le brouillard – embrouillé par ce qui m’apparaissait comme évident –, sans doute alors ne connaissais-tu pas encore l’étendue de ton pouvoir.
Un sursis d’adoucissement que tu froissas en changeant soudainement de sujet. Sur l’instant je m’interrogeais bien sur ce que tu supposais que j’aimais. À mon regard revenu sur toi, et plus précisément ensuite sur la peluche que tu désignais du doigt, je compris que tu rebondissais sur celle-ci. Dans l’art de t’esquiver tu étais décidément maitre. À moins que… À quel point étais-je devenue transparente ? Tu devinais la question qui m’avait précédemment taraudé, et dès l’introduction de réponse, je n’aimais ce que j’entendais. Plus personnel, ainsi dont il y avait bien une histoire derrière cet objet qui ornait ton bureau. Sans détour, tu me raconterais sa valeur sentimentale. Était-ce destiné à t’ouvrir ou intentionnellement à me froisser ? Non, avec ta mentalité, certainement pas un seul instant tu ne pourrais supposer que l’idée que tu gardes un souvenir d’une autre fille puisse me déplaire. Mais étais-tu homme à conserver un tel objet ? Je croyais qu’à tes yeux, celles du passé n’avaient d’importance. Il y aurait-il une exception ? Alors, cette peluche, vraiment, je la détesterais. Et peut-être le sentis-tu pour qu’ainsi tu la libères de mes griffes acérées prêtes à la déchirer, malencontreusement. Pourtant, le nom que tu énonças ne ressemblait à rien de féminin. Il n’avait rien d’un nom non plus. Ma tête se penchant légèrement sur le côté, je cherchais l’identité de ce blizzard. Fut-ce un pseudonyme d’un ou d’une de tes partenaires de jeux en ligne ? Ce ne serait impossible. Dans ce cas, ta réponse était la pire de toute : tu me disais l’auteur de ce présent sans me le dire vraiment ! Malgré mes sourcils froncés et mon air accusateur, j’écoutais la suite de tes explications. Du regard, me retournant à demi de la tête et du buste, je suivis la direction indiqué par ton doigt. Ce Blizzard… Indubitablement, je me sentis fort honteuse pour la méprise que j’avais commise en pensée. Je n’en restais pas moins étonnée, et tout en reprenant finalement le pachimari – comme tu l’avais dit – entre mes mains, je laissais mon incrédulité s’exprimer : « La société t’a envoyé un cadeau ? » Pourquoi ? Si je ne le prononçais, la question le sous-entendait. Dans la fourmilière qu’était le net, par tes vidéos et performances avais-tu donc réussi à te distinguer à ce point ? Cela me paraissait assez improbable, impressionnant ? À moins que ce n’était qu’un banal présent envoyé largement ? Je ne savais. Ton univers recélait d’inconnues pour lesquelles je n’avais guère jamais eu d’intérêt.
À peine eus-je le temps de poursuivre l’observation de ton bureau sur invitation de ta main que je sentis la droite m’effleurer à hauteur de la taille. Que faisais-tu ? Par réflexe, plus que sur le meuble s’était sur ta personne que mon attention se reportait. Face à toi je me retournais, persuadée que tu te rapprochais… Pour finalement constater que je n’étais qu’obstacle entre toi et ton précieux. Cet écran, ce clavier et la souris qui les accompagnait vraisemblablement méritaient plus après ton attention. Par obstination je décidais de rester camper ici, entre vous, quitte à gêner mais je n’allais pas courber l’échine en faveur d’une machine. Je maintenais tout d’abord le menton haut, regardant droit devant moi avec dignité et détermination. J’essayais aussi de ne écouter mon coeur tambouriné sous l’effet de ta proximité. À mon esprit j’interdisais de s’égarer dans son envie de nous rapprocher. De peut-être t’enlacer. Afin de ne pas trop y penser, je décidais de ne point demeurer figée. Ma tête je tournais brièvement à nouveau en direction de l’écran. Cependant, je réprouvais bien vite ce geste avant que mon regard ne se perde de manière trop intrusive sur les éléments qui pouvaient y apparaitre. Il y avait des limites à la curiosité. Il ne m’était encore légitime de mettre mon nez partout dans ton intimité. Pas à ce point. Alors, je m’en détournais prestement. Je m’apprêtais à renouer avec posture précédente, mais dans mon intention je fus interrompue par cette vue sur laquelle mon regard se posa en chemin. Celle de ton cou ainsi exposé, juste sous mes yeux tandis que vers ton ordinateur tu te tenais encore penché…
Inconsciemment, cette peau que tu m’offrais, je la fixais. Du contour de ta mâchoire à la courbe de ton cou, grand et séduisant, un véritable appel à le croquer. En étais-tu conscient ? Certainement, de tes charmes chaque fois, tu ne doutais en aucun point. De celui-ci, tu devais avoir entendu compliment plus d’une fois. Et je fus légèrement peinée d’y repenser, encore. Si de mes dents je l’avais déjà marqué un jour de février, je n’étais assurément la première. Pas plus que je ne serais la dernière. Mais plus qu’à l’avenir, c’était sur le passé que je restais focalisée. Ou plutôt, les conséquences qui en marquaient le présent. Plus que de me rappeler le nombre des filles envisageables avec qui tu avais pu flirter, et plus si affinité, ce qui m’affectait était le constat que jamais, en rien, je ne pourrais avoir une petite part de toi qui serait à moi, rien qu’à moi. Tu représentais déjà mon premier pour tant de chose, et plus encore à l’avenir, tandis que de mon côté… Une parmi tant d’autres. Une passade éphémère qui ne te marquerait. Dont tu ne te rappellerais après quelques temps. C’était injuste.
Pendant qu’ainsi mes pensées me hantaient, tu entamais de te redressais, alors soudainement, je m’empressais. Mon instinct seul décidait. Avant de laisser une telle occasion s’échapper, prestement, furtivement, mes lèvres vinrent déposer un baiser au creux de ton cou, puis se détachait aussitôt de cette peau dont elles se seraient sans doute bien volontiers délectées. Je n’avais réfléchi, seulement agi au gré d’une envie. Un désir malgré tout de te marquer de mon empreinte. Aussi légère serait-elle, elle n’en demeurerait pas moins unique. Je ne considérais néanmoins mon geste qu’une fois que tu fus réellement et pleinement redressé face à moi. Sans doute étais-tu étonnée. Moi aussi. Je me surprenais moi-même et montais quelques instants la peluche toujours entre mes mains devant mes lèvres, en gage de ma confusion. Une volonté de me cacher que je ne tardais en combattre en abaissant mon bouclier rempli de mousse. « C’est ta faute… » t’accusais-je pour assurer ma défense quant à ce baiser aussitôt déposé, aussitôt envolé tel un papillon d’été. « On ne met pas une gourmandise sous le nez d’un enfant en espérant qu’il n’y touche pas. » Sur ces mots, la tête détournée sur le côté, menton redressé, je croisais les bras devant moi. Un instant, juste avant que je n’anticipe toute potentielle réplique. Alors de cette main encombrée par un certain pachimari, je posais néanmoins mon index porté à tes lèvres. « Je t’interdis de relever que je suis une enfant ! » Parce que tu l’aurais fait, inévitablement. La perche était trop belle pour que tu l’eus ignorée !
De même que cette sensation non plus, je ne pouvais l’ignorer. Combien de fois ce geste te l’avais-je imposé ? Comment jusqu’alors, j’avais pu ne pas le regarder, la légère humidité que le bout de mon doigt ressentait au contact de tes lèvres. Et comment m’en détacher à présent ? Comment résister à cette tentation que je venais moi-même de provoquer ? Car, le savais-tu ou non, mais depuis les tous premiers à tes baisers tu m’avais accroché. Ils représentaient un si doux péché auquel je ne résistais. Pourtant, je le fis cette fois-ci. Mes iris je détachais pour les monter à la rencontre des tiens. Des regards croisés pour mieux raviver une conservation que je ne te laisserais pas si facilement esquiver comme tu avais presque réussi à faire. Mon index s’ôta de ta bouche. Mes yeux se baissèrent, suivant son cheminent tandis qu’il pointait et glissait le long de ton torse, sans pour autant le toucher, tout juste effleurer le tissu de ton vêtement. « Pourquoi n’aurais-je pas été peiné ? » demandais-je finalement, en référence à tes questions énoncées précédemment. Mon doigt s’arrêta en chemin et fut emporté par mon bras retombant dans le vide, tandis que mon regard lui se redressait. « Tu n’en a rien eu à faire lorsque je t’ai dit que moi non plus, je ne te partagerais plus rien ? » Ta sincérité, je voulais la voir. Apprendre à la lire dans tes yeux, à la déchiffrer sur tes traits. « Pourquoi est-ce si compliqué à comprendre ? » Je ne t’agressais, et au contraire, ma voix témoignait peut-être d’une once de fébrilité face à l’incertitude de ce que je devais chercher, espérer et attendre. Dans ses quêtes, mes yeux redescendirent d’un étage. Sur ton torse, ils trouvèrent point d’ancrage. « Je ne sais pas, à croire que je n’y connais vraiment rien et que je me fais de fausses idées sur ce genre de relation… » Je ne savais plus non plus si momentanément, je réfléchissais à voix haute ou si j’attendais vraiment quelques éclaircissement de ta part. Sans doute était-ce bien le cas, puisque suivant mon instinct, mes doigts revinrent s’agripper presque timidement au pan de ton vêtement. D’une nervosité discrète, ils triturèrent le bas de ton sweat. « J’ai toujours pensé que… Lorsqu’on sort avec quelqu’un, n’est-ce pas pour lui exprimer ce qui nous passe par la tête ? Je ne sais pas, n’est-ce pas cette personne là face à laquelle on apprend à se délester de la honte ? À qui on peut raconter ses journées ? Celle avec qui on apprend à partager la joie autant que la peine et l’anxiété ? » Cette fois, la réponse je venais la quérir franchement au fond de tes prunelles. Me comprenais-tu ? L’acceptais-tu ? « Désolée… » Un murmure qui soudainement m’échappait. Un regard qui retombait encore. « Je suis une idiote. » Un soupir et ce furent mes doigts qui abandonnèrent leur prise, à l’acception de ce pachimari dont je ne me défaisais. « Nous n’en sommes probablement pas là… » La peluche je ramenais d’ailleurs à moi, la serrant entre mes bras contre mon abdomen, en quête d’un sentiment de réconfort face à ma peine. Je le savais. J’en avais conscience que mes désirs ne coïncidaient avec une relation naissante. Qu’en plus, mes souhaits ressemblaient plus à ceux d’une adolescente qu’à une étudiante. Derrière mon masque de déesse de glace, tu n’avais dû imaginer quelle naïveté s’y cachait. J’étais ainsi. « Je suis la fille stupide qui ne sait pas juste sortir avec un garçon. Je suis l’idiote qui a cru au mariage… » À l’instar de tout le reste, j’avais vu grand. J’avais vu extrême. Et je n’avais rien vu d’un amour leurré. Alors, à présent, j’étais vraiment, sincèrement paumée. Je ne connaissais vraiment rien de cette voie où nous avions choisi de nous engagé. Tu aurais tout à m’apprendre en plus de me supporter, de patienter…
Plus bas encore, mes yeux avaient glissés. Sur le crâne de la créature en peluche ils s’étaient posés. Dans mon mal être, je gardais le silence et l’immobilité plusieurs instants. Et puis… Lentement, mes bras se délassèrent finalement. D’un pas en avant, je me rapprochais un peu plus de toi. Ta taille j’entourais de ses bras si frêles. Ma tête reposant contre ton torse, tendrement je t’étreignais. Contre toi, je me blottissais à la fois pour me réconforter et aussi pour te témoigner de mon envie de te garder à mes côtés. Que pas à pas nous nous rapprochions, malgré les barrières que je pouvais dresser. « Néanmoins, je persiste dans l’envie de savoir tes pensées, le passé que tu veux bien me présenter. Et aussi… » prononçais-je d’une voix douce mais audible, et à nouveau plus assurée. Sans pour autant rompre l’étreinte, je me reculais légèrement. À ton visage, mes yeux remontèrent. « Tes envies dans l’instant présent… » continuais-je sur un ton plus soufflé, qui pourrait être, peut-être, qualifié de presque sensuel. La main détenant la peluche restant dans ton dos, l’autre brisa pour moitié l’étreinte, entama une ascension jusqu’à ton cou, la naissance de ta mâchoire que mes doigts caressèrent. « Tu peux t’exprimer par les gestes, tant qu’ils sont vrais. » Ils s’y déposèrent, couvant ta peau avec douceur et affection tandis que sur la pointe de mes pieds je me dressais. « Comme ça… » Un murmure que je soufflais cette fois telle une caresse sur tes pulpes de chairs. Ces dernières que j’embrassais tendrement, légèrement l’instant suivant. Un baiser éphémère dont je me reculais ensuite, lentement, accompagnés de mes doigts glissant dans une infime caresse sur le contour de ton visage. « Tu peux aussi formuler tes désirs, en faire la requête, comme ça… » Je m’apprêtais à me rapprocher, ma bouche toujours orientée en direction de la tienne… Lorsque soudainement, un pachimari sauvage finit son apparition entre nos deux visages alors que je retombais sur mes talons. « Je peux la garder ? » réclamais-je sur un ton beaucoup plus enjoué, un soupçon enfantin et fier de ce petit tour que je venais de te jouer. D’ailleurs alors que je l’abaissais de devant mes lèvres qu’il masquait, tu pus le constater au sourire qui s’affichait. Mon attention je te dérobais par le même biais une poignée d’instant l’accordant à cet étrange objet que j’observais : « Elle irait bien dans ma chambre, une certaine peluche se sent seule sur mon bureau. » Malgré un sérieux prétendu, mon sourire ne s’éteignait. Pendant encore quelques secondes, j’agitais la peluche entre nous, puis je me décidais enfin à lui rendre sa liberté. Je me tournais à demi pour la reposer à sa place sur le bureau avant de te revenir.
Cette fois, mes mains se faisaient enfin désencombrées. Mes bras je pus monter à ton cou, mes doigts se rejoignant autour de ta nuque. Le regard assurément ancré dans le tien, je me grandissais à nouveau pour t’offrir un second baiser, un soupçon plus prononcé, mais néanmoins non destiné à se prolonger, pas encore. Cependant, je ne me reculerais autant que précédemment et au contraire, je conservais cette proximité permettant à mon souffle de te caresser tandis que je prenais le fil de mes dires. « Ou tu peux l’ordonner… » De mes lèvres, je revins une troisième fois à la rencontre des tiennes, le pressant encore un peu plus passionnément. Je me sentis envie par une vague de chaleur parcourant le long de mon échine. Celle-ci remontée ensuite d’un frisson qui me fit contracter l’abdomen et cambrer les reins. Je ne succomberais pour autant, pas maintenant. Car dans ce jeu où je me laissais aller à mes pulsions, j’aspirais néanmoins à garder la main. Juste encore un peu. « Comme moi, comme ça… » Comme cet ordre, qu’après un quatrième baiser, furtif et volé, enfin je te formulais : « Embrasse-moi, » murmurais-je avec assurance. Deux mots pour t’exprimer mon envie d’être couverte de tes baisers. Que de ton touché, je me languissais. L’envie d’être désirée et possédée. L’appétit quant à cette ivresse que procurait le sentiment de t’appartenir.
(c) DΛNDELION
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Mer 27 Nov - 15:21 Citer EditerSupprimer
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
Fleurée. Sucrée. Fine essence exhalant à hauteur de mon visage. Délicate effluve accentuant les percussions vibrantes de ma poitrine. Une source distrayante dont tu t’avérais être gardienne. Je paraissais ne jamais pouvoir m’accoutumer à ce parfum qu’était le tien. Qu’importait le nombre de fois où je m’enivrais de celui-ci, qu’importait la durée à laquelle j’y était confronté. Chaque fois, inévitablement, j’y succombais. De l’écran je souhaitais me détacher. A ton cou je désirais m’accrocher. Nez plongé contre cette frontière imaginaire délimitant ta gorge de ta nuque, une fois de plus, de ta personne je voulais m’enivrer. Camé que j’étais, devenu mendiant à la recherche d’un peu plus. Seulement un peu, une infime seconde supplémentaire dans l’espoir dérisoir de voir sa soif assouvie… Mais elle ne pouvait l’être. Jamais. A la moindre faiblesse je replongeais toujours plus profondément, toujours plus intensément. Il ne semblait y avoir de limite. Plausiblement qu’il n’y avait de fin..
Exaltant. Intimidant. Fixant droit devant eux. Découvrant une chair qui, désormais, leur appartenaient. Bien que concentré sur mon écran d’apparence, ces iris chocolats errants sur ma peau ne passaient inaperçus. Du coin de l’oeil, je voyais leur mouvement, leur concentration, l’intérêt qui les gagnaient. Cet épiderme dont tu ne t’étais privé de goûter la saveur le mois dernier, attirait-il ton attention particulièrement? Secrètement, je me plaisais à le penser. Tout aussi intimidant que cela puisse être, la seule idée que tu puisse désirer rien qu’une part de ma personne dénotait un sentiment bien plus excitant. Quelque chose de grisant. Il serait alors erroné de penser que je ne prenais mon temps volontairement pour fermer les différentes applications ouvertes sur mon ordinateur avant de l’éteindre. Pendant ce laps de temps, tu n’avais pourtant bougé. Tu n’avais entrepris de marquer une nouvelle fois cette chair qu’était la mienne ou de, tout simplement, la gratifier de quelques attentions. M’y étais-je attendu? Assurément. Etais-je déçu? Hm… Je ne savais l’être réellement. Bien qu’un brin peiné, je ne pouvais nier m’être attendu à ce résultat dans les faits. Tu n’étais femme à sauter sur la première occasion pour goûter au corps d’un homme, quand bien même il était tien. Je le comprenais. Je le respectais. Tout en m’interrogeant sur quels seraient les moyens de parvenir à faire naître cette envie, cette spontanéité chez toi au fil du temps. Tu m’avais pourtant déjà gratifié de baisers auparavant, qu’est-ce qui avait changé depuis? Si ce n’était notre relation qui, au contraire, devrait te permettre de faire plus; je ne mettais doigt sur réelle différence entre ces deux périodes.
Conscient que je ne devrais ainsi réfléchir à cette interrogation dans l’instant présent mais répondre à ta précédente; j’entrepris de me redresser afin de satisfaire de ta curiosité. Entreprise interrompue momentanément par la naissance d’un courant électrique au creux de mon cou. De mes épaules à mes bras, longeant mon dos pour mourir au milieu de celui-ci, de doux mais brusques frissons. Tu l’avais fait. Ce que je n’attendais désormais plus, tu venais de le faire. Rapide. Bref. Un baiser volé et déjà envolé. Une trace de son existence demeurait sur ma peau, une voile de chaleur la recouvrant avant qu’elle ne couvre mon corps plus largement. Avant que mes joues, elles aussi ne soient touchées par son incandescence. Et je m’en reculais pour te voir toute timide. Cachée derrière ce pachimari dont tu ne te délestais désormais plus un instant. Yeux arrondis à la surprise, bien rapidement ceux-ci se parsemaient d’un éclat de douceur mêlé à un voile de tendresse infinie. Avais-tu hésité? Pesais-tu le pour et le contre secrètement depuis tout ce temps? Perdue dans une réflexion que j’avais interrompu en t’enlevant toute opportunité soudainement? Tu étais si mignonne. Sur mes lèvres, l’esquisse d’un sourire se dessinait. Derrière ma cage thoracique, mon coeur s’agitait. Je flottais immédiatement sur un doux petit nuage que toi seule parvenait à faire naître. « Hein? » te soufflais-je dès lors que tu portais une accusation à mon égard. Ma responsabilité tu pointais du doigt et je ne cherchais à me défendre. Si initialement je n’avais eu pour dessein de t’offrir une telle tentation, par la suite, je ne pouvais que plaider coupable d’avoir eu de telles pensées. J’avais attendu, j’avais espéré, peut-être l’avais-je véritablement cherché même. Alors face à ta défense, ta timide et adorable défense, je ne parvenais qu’à rire sans m’offusquer un seul instant. Sur le moment, ne me venait même l’idée d’appuyer sur la façon dont tu t’étais décrite. Une enfant.. Tu en étais une. Mais tu parais à toute représailles d’un doigt posé sur mes lèvres encore étirées par ce rire que je tâchais tant bien que mal de contenir. Si je ne le pensais, je le ressentais: je t’aimais déjà beaucoup trop. Unique, surprenante, adorable, puérile, timide... Comment ne pouvais-je succomber à tes charmes? Sans oublier le plus touchant, le plus déstabilisant et effrayant de tous: ton désir de communiquer.
A peine avais-je réussi à calmer le rire qui me secouait que tu revenais sur un sujet précédemment mis de côté. Si je ne l’avais esquiver volontairement puisque certain qu’en t’assurant de mon expressivité dans les temps à venir, le sujet serait clos, je ne m’attendais néanmoins pas à te voir rebondir sur cette partie de mon discours: ma difficulté à comprendre pourquoi tu voulais en savoir plus sur moi. Tout comme je ne comprenais pour quelle raison tu désirais revenir sur ce détail. Enfin, plus sincèrement: je ne désirais le comprendre. Aussi étrange que cela puisse être, il m’apparaissait bien plus aisé d’imaginer que tu ne t'intéressais à moi. Mon passé, ma famille, mes amis, mes passions, que tout ceci te soit inconnu et qu’il ne t’intéresse était bien plus confortable que l‘inverse. Pourtant de ce détail, de cette phrase que j’avais jugé sans conséquence et sans intérêt, à la croisée de nos regards, je comprenais comme elle te peinait. Elle te pesait. Alors tu cherchais explications afin que son poids s’avère plus léger à porter, que son image soit plus simple à dépeindre. Mais pouvais-tu envisager que cet intérêt que tu me portais, aussi touchant était-il, s’avérait néanmoins effrayant pour moi? Quelle douce ironie était-ce là qu’un streamer rassemblant plusieurs dizaines de milliers de gens soit apeuré à l’idée de recevoir de l’attention… J’en recevais constamment, tous les jours, parfois de gens qui ne me connaissaient pas, parfois de gens qui me connaissaient un peu trop bien sans que ce soit réciproque. Pourtant, dès lors que tu étais cette personne intéressée, tout devenait tout de suite plus compliqué. Etait-ce la peur de te décevoir? Ou celle de te voir fuir? A toi je désirais m’offrir sincèrement, sans secrets ou mensonges, tout autant que je désirais que tu aies cette même image d’homme parfait que certains peuvent avoir de ma personne. Mais si je regardais la réalité en face: pouvais-je véritablement te décevoir? Durant des mois tu n’avais vu chez moi qu’un pervers, un obsédé un peu trop collant, un peu trop présent dans ta vie, un type qui se mêlait de la celle-ci et de tes fiançailles quand il vivait marié à son ordinateur. Pouvait-on faire pire? Dans ton estime, je devais déjà avoir touché des tréfonds dont tu ignorais même l’existence, ce n’était comme si je pouvais creuser plus profondément encore… Je devais donc m’y résigner et l’admettre, cette peur, elle n’avait pour origine celle de te décevoir ou te voir fuir, mais celle que je ne m’éprenne de toi que plus encore.
De ton regard planté dans le mien, cherchant après une réponse qui ne prenait forme par les mots, ta supposition me blessait. « Tu n’en a rien eu à faire lorsque je t’ai dit que moi non plus, je ne te partagerais plus rien ? » Avais-je l’air si indifférent à cette éventualité? Pourquoi. Pourquoi était la question qui avait vu jour dans mon esprit. Quand bien même j’avais sauté à la gorge de ta menace suivante en affirmant déjà savoir lire dans tes pupilles, l’incompréhension m’avait gagné. La peur également. Je ne voulais que tu t’enferme, que tu te mure dans un silence duquel je ne parviendrais à te sortir. Pourquoi voudrais-tu le faire d’ailleurs? Cela n’avait de sens! Dans cette relation nouvelle que nous entretenions, tu devrais t’ouvrir à moi, me parler, te confier… Tout comme je devais le faire. T’étais-tu senti ainsi lorsque convaincue que je ne parlerais davantage? A ton instar, inconsciemment, mon regard s’était baissé puisque incapable de soutenir un instant de plus le tien. Néanmoins, il ne savait où s’ancrer, face à lui se trouvait ta poitrine, à sa gauche mon écran bien qu’éteint mais tu ne devais savoir, alors à sa droite? Sur les lumières encore agitées de ma tour qui risquaient de s’éteindre d’un instant à l’autre je jetais alors mon dévolu pour les prochaines secondes. Juste pour accueillir cette réflexion d’un vague sourire. Une esquisse qui déformait mes lèvres tristement.J’étais celui qui ne savait comment tout ça fonctionnait. Tu me l’avais déjà dit, au lendemain d’une soirée dont tu n’avais souvenir, or tu n’avais foncièrement tort dans les faits. J’étais celui qui ne pouvait t’apprendre l’amour, celui qui ne savait pas même l’écrire. Sentant mon vêtement bougé à hauteur de ma taille, mes iris se glissaient vers celle-ci afin de découvrir tes doigts triturant un pan de celui-ci. Cette vision, bien que preuve de ta nervosité, s’avérait si touchante. Malgré la conversation, malgré les différents possibles, tu continuais à t’accrocher à moi, à me désirer avec toi. Ton stress j’aidais d’une certaine façon à évacuer bien que l’origine initiale de celui-ci. Quittant le bureau, mes mains se déposaient à hauteur de tes bras tandis que tu poursuivais dans la vision que tu avais d’un couple.
Exprimer ce qui nous passe par la tête. Apprendre à se défaire de la honte avec cette personne. Raconter ses journées. Partager sa joie, sa peine, ses peurs. Tout cela, j’étais pourtant prêt à les entendre. Je voulais t’entendre me les conter, un à un, sans peur d’être jugée ou moquée. Un instant et mon regard revenait à hauteur du tien où il se voyait assailli sans préavis. Les lèvres entrouvertes, il ne fallait bien longtemps pour comprendre la raison d’un tel regard: tu cherchais des réponses. Si je ne te les apportais de moi-même, alors tu irait les chercher qu’importait les moyens. Je devais l’admettre: tu étais doté d’une détermination sans faille. Elle était telle que je me trouvais intimidé en une fraction de seconde, battant des cils quelques instant, en quête de mots, de phrases. Une réponse je me devais de t’apporter sans savoir par quel bout commencer l’aventure exactement. J’avais seulement besoin d’un peu de temps pour réfléchir, mettre au clair mes pensées tout en me concentrant pour, qu’une fois encore, je ne vienne à te blesser malencontreusement. Il n’y avait moyen que je me fasse spontané quand, dès lors que je décidais de l’être, les discussions tournaient mal et les méprises naissaient. Quoi que… Y avait-il réelle méprise? J’avais seulement refuser d’admettre ce qui était pourtant évident: ton désir d’en savoir plus. Il n’était feint, il n’était imaginaire tout comme il n’était intéressé. A mon instar, tu voulais seulement en savoir plus sur la personne à qui tu tenais, innocemment… tendrement… Pouvais-je en avoir peur? Mes lèvres se pinçaient une seconde, tout juste pour me convaincre de commencer par des excuses que j’entendais pourtant en écho dans mes oreilles. Pourquoi t’excusais-tu? Pourquoi te traitais-tu d’idiote? « Non.. » Un souffle sans doute trop bas pour que tu puisse le percevoir et tu poursuivais en expliquant que nous ne devrions en être là. Y avait-il des checkpoints en matière de relation de couple? Des niveaux à passer à l’instar d’un Mario Bros? Sans doute… Sans doute était-ce le cas. Sourcils froncés, je tâchais de faire une liste des niveaux existants afin de situer notre progression exacte. Si nous le pouvions? En décembre tu avais déjà dormi dans ma chambre. En février nous nous étions embrassés et tenu la main… N’avions nous brûlé des étapes? Alors ces checkpoints dont tu faisais notion, étaient-ils si importants en fin de compte? Si la case bébé trouvait place bien après la case mariage qui, elle-même, se situait bien après des checkpoints de type revenus fixes; tous les autres, avaient-ils une importance en terme d’ordre?
Perdu dans mes pensées initialement destinées à te comprendre un peu mieux, je me surpris alors à sentir tes bras autour de ma taille. Un bond dans la poitrine et je refermais bien vite les miens autour de tes épaules afin de répondre à cette étreinte spontanée que tu m’offrais. Joue reposant contre le sommet de ton crâne, pour une fois, je me fichais pas mal que tu entendes les battements agités de mon coeur. Plus que mes yeux, certainement, mon coeur s’avérait un excellent point d’ancrage en terme de sincérité. Celui-ci que tu agitais, secouais, retournais, serrais au gré de tes mots et de tes gestes, toi qui était devenu maître incontestée de ce félin supposé indomptable. Comme à l’instant présent où, iris plantés dans les miens, tu émis quelques mots soufflés qui lui offrait une vigueur dont je me serais bien volontier passé en ta présence. Mes envies? A quel genre d’envie faisais-tu allusion d’une voix si mielleuse? Quittant la hauteur des épaules, mes mains glissaient inconsciemment, naturellement, vers tes reins où elles élisaient nouveau refuge. Doigts entremêlés les uns dans les autres, j’attendais après une explication plus concrète de tes propos que je n’osais interprété. Mon organisme encore bien jeune se trouvait parcouru par un flux d’hormone empêchant toute interprétation objective possible alors je comptais sur ta personne pour m’éclairer, sur tes gestes à en croire le mouvement ressenti à hauteur de ma taille. Ces doigts, où comptais-tu les déposer? Que comptais-tu faire? Je ne pouvais me permettre d’être surpris alors que je nécessitait un contrôle absolu de ma personne en ta présence. Il était trop tôt pour tout cela, alors qu’elles étaient ces envies que tu évoquais? Naissant de la pulpe de tes doigts au contact de mon épiderme, une multitude de frissons errant au gré de ton touché. Un instant, mes paupières s’abaissaient. De tes caresses je me délectais en toute simplicité. S’exprimer par les gestes… Il me semblait si aisé à faire et recevoir pourtant, je ne comprenais le sens de cette simple caresse que tu m’offrais. Quel désir exprimait-elle exactement? Seulement lors, je prenais conscience que, jamais, je n’avais essayé d’interpréter ton comportement à mon égard. Si de ma main tu te saisissais, qu’avec mon sweat tu jouais, que voulais-tu me faire parvenir? Quelle différence y avait-il entre un baiser sur la joue, le cou ou les lèvres? Quand te jouais-tu de moi et quand exprimais-tu un réel désir? Tous ces gestes et bien plus encore j’aurais à décrypter au fil du temps. Le défi ne m’effrayait, tout au contraire, j’étais bien plus attiré encore. Bien qu’impatient, je n’étais inconscient du temps et de la difficulté que demandait la maîtrise d’un tel langage; cependant je jugeais avoir suffisamment de patience pour parvenir à décoder un à un chacun de tes gestes dans un panelle de nuance le plus complet possible.
A commencer par ce souffle à l’encontre de mes lèvres auquel tu finissais par agrémenter un tendre et bien trop bref baiser. Ne pas me laisser emporter par le flot nuageux qui sévissait dans mon esprit... Me concentrer pour apprendre. Echange rompu, mes paupières s’empressaient de s’ouvrir dans l’espoir de lire sur tes traits. Que devais-je y voir? De la douceur? De la tendresse? M’aimais-tu? Conclusion hâtive que je ne parvenais néanmoins à concevoir, pas déjà, pas aussi vite… Tu n’avais fait que me montrer un exemple alors? Je ne savais. Dès que tes doigts se remirent en marche contre ma peau, c’était le néant le plus total. L’incapacité à me concentrer. L’apprentissage s’avérait déjà fort long et fastidieux si en moins d’une minute je préférais déjà m’en délecter plutôt qu’analyser. Néanmoins, déjà, tu m’offrais quelques clefs de compréhension lorsque tu entamais un nouvel exemple. S’exprimer par les gestes, formuler ses désirs avec une requête. A l’approche de tes lèvres, je m’interrogeais sur ma capacité à comparer ces différents baisers au vu de ma faible résistance dès que tu étais le sujet. Ce n’était cependant tes lèvres que je manquais d’embrasser mais bien un pachimari qui m’effrayait plus qu’un screamer de jeu vidéo. Sursaut incontrôlable et regard redressé en direction du tien brillant de malice. Tu l’avais prévu. Un instant, je détournais mon attention sur le côté, soupirant de ta fourberie avant d’en revenir vers toi, hochant la tête brièvement bien que quelque peu désabusé. « Tu peux la garder. » A voir comme tu aimais la tenir entre tes doigts, ta demande n’avait grand chose d’étonnant que le moment choisi pour la formuler. C’était pourtant un bel exemple, spontané, malicieux, clair et limpide… Tu ne pouvais trouver mieux pour illustrer une requête digne de ce nom. Tu étais une enfant après tout…
Constat de ta candeur, j’attendais après le retour de ton attention vers moi pour envisager de récupérer mon dû lâchement volé sous mon nez. Car je ne comptais te laisser filer aussi facilement et, visiblement, tu devais l’avoir compris puisque tu nouais tes bras autour de mon cou. Répondant à l’étreinte une nouvelle fois, c’était sur ta taille que mes mains trouvaient domicile à présent. Sans doute, semblions-nous prêt à danser d’un instant à l’autre ainsi? Devrions-nous retenter? Seulement nous deux, dans ma chambre, sans la moindre musique pour nous accompagner et sans le moindre alcool pour désinhiber nos corps? Bien que de nous deux, c’était assurément le mien qui en avait le plus besoin dès que ce sujet était évoqué! A ton baiser, que je considérais comme un pardon pour le précédent bafoué, je répondais avant d’entrouvrir les lèvres afin d’émettre la même proposition que celle que j’avais tant regretter cet hiver mais tu me devancer. S’exprimer, demander et le dernier inattendu: ordonner. Pouvais-je t’ordonner de faire quelque chose? Si un instant je m’en étonnais, le suivant toute interrogation, toute confusion, tout absolument tout s’envolait dès lors que tes lèvres se déposaient sur les miennes. Bien malgré moi je ne pouvais que constater comme cet échange était différent du précédent. Bien moins tendre, bien plus intense, une certaine passion s’en dégageait bien qu’encore timide et hésitante. Peu à peu, sans que je n’en prenne conscience, mes doigts s’aventuraient de ta taille à tes hanches qu’ils finissaient par saisir délicatement mais fermement. Qu’à moi, un peu plus, tu puisse te rapprocher en toute stabilité. Si d’aventures j’avais eu droit de me permettre, à la cambrure de ton dos aussi subtilement que brutalement éloquente, ma main gauche aurait assurément trouvé emprise sur la chair de ta fesse droite. Je n’étais si friand de cette chair que beaucoup se plaisait à contempler au passage d’une jolie fille, mais je devais admettre savoir apprécier l’ascendant et la proximité des corps qu’une telle poigne permettait. Je ne me le permettais cependant. Bien trop conscient de combien un tel geste pouvait s’avérer aussi brutal que précipité pour toi, alors tes hanches couvertes par ce short s’avéraient être une parfaite alternative à mon désir grandissant. Ce dernier que tu te plaisait à enflammer en continuant dans tes démonstrations sans répit. Un souffle contre mes lèvres, un nouveau baiser que tu rompais trop rapidement et la flamme se répandait pour devenir incendie ardent. Chaque parcelle de ma peau subissait l’effet de cette fièvre croissante, rendant cendre jusqu’à ma conscience même. Cette dernière que j’avais désiré conserver afin que le contrôle ne m’échappe... Mais c’était trop tard. Un chaud soupir m’échappait avant que je ne fonde à tes lèvres plus furtivement qu’un reptile, plus rapidement qu’un guépard. Deux mots formulés et me voilà présentement être le plus passionné des hommes sur cette Terre. Le faible écart entre toi et ce bureau après ton approche n’existait désormais plus. Poussée contre celui-ci avec douceur malgré l’abrupte envie d’envoyer paître tout ce qui se trouvait dessus pourte faire mienne, c’était de ta captivité que je profitais plutôt pour loger ma jambe confortablement entre les tiennes. Et si je n’appuyais franchement, je mentirais si je n’admettais me plaire à exercer une frêle mais perceptible pression au hauteur de ton entrejambe. Sans doute étais-je trop entreprenant une fois encore. Peut-être te ferais-je peur à nouveau. Pourtant je ne parvenais à me raisonner davantage. Je ne pouvais te toucher. Je ne pouvais te goûter. Tout autant que je ne pouvais te marquer. Mais pouvais-je me permettre de jouer? Exalter tes sens d’une façon que tu n’avais encore connu? Échauffé ton esprit pour que peu à peu tu parvienne à découvrir cette facette encore inconnue de ta personne?
A présent contre le bureau, je quittais tes chairs pour m’en aller goûter d’autre plus accessibles et décente que celles dont je me privais. Si ce furent ta joue droite et ta mâchoire les premières à se voir gratifier de délicats baisers, bien vite, elles étaient suivies par ta clavicule redessinée au millimètre près par mes chairs gourmandes. Ma main gauche j’élevais à hauteur de ton épaule, glissant tant l’auriculaire que l’annulaire sous un pan de ton vêtement pour l’en écarter de ma future destination: ton épaule. A leur passage, la bretelle de ton sous-vêtement ne pouvait résister, s’éloignant elle aussi de sa place initiale sans jamais quitter ton épaule pour autant. Sa ligne je retraçais avec tendresse, avec un amour infini et considération puisqu’à peine mes lèvres s’éloignant, tes vêtements retrouvaient leurs places initiales. Conscient de mon excès d’assurance, je préférais me cacher sous ton oreille, humant ton parfum qui, à défaut d’apaiser mes hormones en ébullition, parvenait néanmoins à apaiser les pensées folles qui m’animait. Pupilles couvertes par la toison de mes paupières, progressivement, de sa raideur mes muscles se délestaient un à un; quand bien même à aucun moment encore la protubérance trouvant place contre ta cuisse ne savait s’amenuir. « Excuse-moi.. » Un murmure qui ne trouvait suite dans les secondes suivantes. Une excuse qui soulevaient bien nombres de sujets en réalité, alors par lequel devrais-je commencer? Probablement.. celui t’ayant le plus blessé? Seulement alors je rouvrais les yeux afin de les orienter en direction de cette chevelure que, jamais, je ne prenais le temps de contempler. Contre mon nez, une mèche se plaisait à glisser, douce et soyeuse texture qui me chatouillait inévitablement. Un sourire apparaissait sur mes lèvres dès alors, et de ton épaule se délogeait ma main pour enrouler la mèche précautionneusement autour de mon index.. « Je pensais pas que… toi aussi tu pourrais vouloir entendre tout ça… Ce qui se passe dans ma tête, mes journées, ce qui me rend heureux ou triste, anxieux... Ce n’est pas que c’est compliqué à comprendre… Et ce n’est pas étrange ou déplacer non plus… Seulement… difficile à envisager. » Au fil de mes propos je me plaisais à rouler et dérouler cette même mèche le long de mon doigt, comme un nouveau point d’ancrage pour mon attention afin qu’elle ne soit happée par une autre intempestive. Un instant, je faisais halte dans mes propos, éloignant ma main de ta chevelure pour la déposer au creux de ton dos. « Ce truc… Ton « embrasse-moi » … C’était vraiment sexy » avouais-je timidement après quelques secondes d’hésitation. Déjà le corps brûlant par toute cette scène précédente, mes joues trouvaient néanmoins façon de parvenir à se réchauffer davantage et mon visage préférait se cacher un peu plus contre ta peau de peur que tu ne le surprenne dans cet état. A croire que ma timidité était plus grave que mon désir…
A cette pensée, je me sentais honteux. Bien plus encore que je ne pouvais l’être déjà car incapable de rappeler à l’ordre un membre qui n’en faisait qu’à sa tête. Alors, conscient de ce seul fait, je préférais orienter tes pensées vers tout autre chose, vers une discussion que tu avais, à ton tour, décidé d’éviter. « Tu sais. J’ai pas l’habitude de recevoir de l’attention... » Faible aveu m’amenant à te serrer un peu plus contre moi que tu ne l’étais déjà par peur soudaine que tu ne veuilles partir. Ou était-ce pour trouver le courage nécessaire de formuler ces trois mots pourtant si simples? « J’ai peur. » soufflais-je tout bas, penaud et à la voix tremblante sans raison aucune. Ma main droite quittait enfin ta hanche pour rejoindre la première au creux de ton dos, cherchant après un réconfort que seule une étreinte de ta part saurait offrir. « J’ai pas envie… Je veux pas que ça recommence. J-j’ai peur que… q-que si je te parle, si.. si je laisse tes gestes… Enfin… rien que quand tu joue avec mon sweat mon coeur s’emballe. » C’était si injuste à mes yeux. Une si petite chose ne devrait tant m’atteindre, un si petit geste devrait être anodin mais il ne l’était. Il ne parvenait à l’être! Ce geste, il réchauffait mon coeur, l’agitait, le secouait et le retournait sans pitié. Peut-être ne le remarquais-tu, mais chacun de tes gestes à mon égard, aussi candides, aussi provocants pouvaient-t-ils être, faisaient naître une aventure folle dans ma cage thoracique. Parfois, mes pensées s’y mêlaient elles aussi, et devenaient un noeud indéfaisable. « Je veux pas redevenir un jouet... » Je l’avais dit… Le terme était-il trop fort? C’était pourtant ainsi que l’image se dessinait dans mon esprit malgré les années passées depuis ce jour. Haneul, un simple jouet fidèle au poste, dévoué, serviable et aveugle dont on pouvait se défaire en lui claquant la porte au nez pour retourner à ses occupations. Or, je ne désirais redevenir aveugle. Je craignais cette condition plus que tout au monde. Oh peut-être n’irais-tu t’amuser avec d’autres comme elle avait bien pu le faire - je ne t’imaginais ainsi de toute façon… - mais il existait tant de façon d’utiliser un garçon comme moi dans une relation comme la notre. La seule limite se trouvait être ton imagination et ma dignité, bien que celle-ci pouvait parfois être discutable en sachant de quoi je pouvais être capable sans l’aide de personne. Alors oui, je l’avouais, j’avais peur. Tout ceci me faisait peur. Tout ce que tu faisais m’effrayait. Tout ce que tu disais amenait son lot de frayeur avec lui. J’étais le plus âgé? Le plus expérimenté? Foutaises. Je n’étais qu’un enfant, dans le meilleur des cas un jeune adolescent, dont l’estomac se nouait à la seule idée de souffrir éventuellement.
« T-tu sais... » Mes poumons je gonflais avant d’enfouir une fois de plus mon nez contre ton cou, paupières fermées pour me convaincre que je ne te disais tout ça en réalité. Malgré ma confiance apparente au quotidien, je n’étais qu’un lâche. « Je pense pas m’en sortir aussi bien que la dernière fois si.. si toi aussi tu fais ça, » Parce que je tenais à toi déjà bien trop pour mon propre bien. Parce que la seule idée d’être séparé de toi me faisait mal, alors qu’adviendrait-il si tu décidais de jouer à ton tour? Je ne voulais l’envisager. Je ne voulais l’imaginer. Notre relation, ces moments en ta présence, j’aimerais tellement qu’ils n’apportent cette peur macérante mais seulement de la joie, un bonheur pur et dur. Pourtant je savais, qu’importaient les promesses, qu’importaient les mots de réconforts, à ton instar, le temps seul parviendrait à panser les plaies et donner confiance en ces espoirs naissants.
Exaltant. Intimidant. Fixant droit devant eux. Découvrant une chair qui, désormais, leur appartenaient. Bien que concentré sur mon écran d’apparence, ces iris chocolats errants sur ma peau ne passaient inaperçus. Du coin de l’oeil, je voyais leur mouvement, leur concentration, l’intérêt qui les gagnaient. Cet épiderme dont tu ne t’étais privé de goûter la saveur le mois dernier, attirait-il ton attention particulièrement? Secrètement, je me plaisais à le penser. Tout aussi intimidant que cela puisse être, la seule idée que tu puisse désirer rien qu’une part de ma personne dénotait un sentiment bien plus excitant. Quelque chose de grisant. Il serait alors erroné de penser que je ne prenais mon temps volontairement pour fermer les différentes applications ouvertes sur mon ordinateur avant de l’éteindre. Pendant ce laps de temps, tu n’avais pourtant bougé. Tu n’avais entrepris de marquer une nouvelle fois cette chair qu’était la mienne ou de, tout simplement, la gratifier de quelques attentions. M’y étais-je attendu? Assurément. Etais-je déçu? Hm… Je ne savais l’être réellement. Bien qu’un brin peiné, je ne pouvais nier m’être attendu à ce résultat dans les faits. Tu n’étais femme à sauter sur la première occasion pour goûter au corps d’un homme, quand bien même il était tien. Je le comprenais. Je le respectais. Tout en m’interrogeant sur quels seraient les moyens de parvenir à faire naître cette envie, cette spontanéité chez toi au fil du temps. Tu m’avais pourtant déjà gratifié de baisers auparavant, qu’est-ce qui avait changé depuis? Si ce n’était notre relation qui, au contraire, devrait te permettre de faire plus; je ne mettais doigt sur réelle différence entre ces deux périodes.
Conscient que je ne devrais ainsi réfléchir à cette interrogation dans l’instant présent mais répondre à ta précédente; j’entrepris de me redresser afin de satisfaire de ta curiosité. Entreprise interrompue momentanément par la naissance d’un courant électrique au creux de mon cou. De mes épaules à mes bras, longeant mon dos pour mourir au milieu de celui-ci, de doux mais brusques frissons. Tu l’avais fait. Ce que je n’attendais désormais plus, tu venais de le faire. Rapide. Bref. Un baiser volé et déjà envolé. Une trace de son existence demeurait sur ma peau, une voile de chaleur la recouvrant avant qu’elle ne couvre mon corps plus largement. Avant que mes joues, elles aussi ne soient touchées par son incandescence. Et je m’en reculais pour te voir toute timide. Cachée derrière ce pachimari dont tu ne te délestais désormais plus un instant. Yeux arrondis à la surprise, bien rapidement ceux-ci se parsemaient d’un éclat de douceur mêlé à un voile de tendresse infinie. Avais-tu hésité? Pesais-tu le pour et le contre secrètement depuis tout ce temps? Perdue dans une réflexion que j’avais interrompu en t’enlevant toute opportunité soudainement? Tu étais si mignonne. Sur mes lèvres, l’esquisse d’un sourire se dessinait. Derrière ma cage thoracique, mon coeur s’agitait. Je flottais immédiatement sur un doux petit nuage que toi seule parvenait à faire naître. « Hein? » te soufflais-je dès lors que tu portais une accusation à mon égard. Ma responsabilité tu pointais du doigt et je ne cherchais à me défendre. Si initialement je n’avais eu pour dessein de t’offrir une telle tentation, par la suite, je ne pouvais que plaider coupable d’avoir eu de telles pensées. J’avais attendu, j’avais espéré, peut-être l’avais-je véritablement cherché même. Alors face à ta défense, ta timide et adorable défense, je ne parvenais qu’à rire sans m’offusquer un seul instant. Sur le moment, ne me venait même l’idée d’appuyer sur la façon dont tu t’étais décrite. Une enfant.. Tu en étais une. Mais tu parais à toute représailles d’un doigt posé sur mes lèvres encore étirées par ce rire que je tâchais tant bien que mal de contenir. Si je ne le pensais, je le ressentais: je t’aimais déjà beaucoup trop. Unique, surprenante, adorable, puérile, timide... Comment ne pouvais-je succomber à tes charmes? Sans oublier le plus touchant, le plus déstabilisant et effrayant de tous: ton désir de communiquer.
A peine avais-je réussi à calmer le rire qui me secouait que tu revenais sur un sujet précédemment mis de côté. Si je ne l’avais esquiver volontairement puisque certain qu’en t’assurant de mon expressivité dans les temps à venir, le sujet serait clos, je ne m’attendais néanmoins pas à te voir rebondir sur cette partie de mon discours: ma difficulté à comprendre pourquoi tu voulais en savoir plus sur moi. Tout comme je ne comprenais pour quelle raison tu désirais revenir sur ce détail. Enfin, plus sincèrement: je ne désirais le comprendre. Aussi étrange que cela puisse être, il m’apparaissait bien plus aisé d’imaginer que tu ne t'intéressais à moi. Mon passé, ma famille, mes amis, mes passions, que tout ceci te soit inconnu et qu’il ne t’intéresse était bien plus confortable que l‘inverse. Pourtant de ce détail, de cette phrase que j’avais jugé sans conséquence et sans intérêt, à la croisée de nos regards, je comprenais comme elle te peinait. Elle te pesait. Alors tu cherchais explications afin que son poids s’avère plus léger à porter, que son image soit plus simple à dépeindre. Mais pouvais-tu envisager que cet intérêt que tu me portais, aussi touchant était-il, s’avérait néanmoins effrayant pour moi? Quelle douce ironie était-ce là qu’un streamer rassemblant plusieurs dizaines de milliers de gens soit apeuré à l’idée de recevoir de l’attention… J’en recevais constamment, tous les jours, parfois de gens qui ne me connaissaient pas, parfois de gens qui me connaissaient un peu trop bien sans que ce soit réciproque. Pourtant, dès lors que tu étais cette personne intéressée, tout devenait tout de suite plus compliqué. Etait-ce la peur de te décevoir? Ou celle de te voir fuir? A toi je désirais m’offrir sincèrement, sans secrets ou mensonges, tout autant que je désirais que tu aies cette même image d’homme parfait que certains peuvent avoir de ma personne. Mais si je regardais la réalité en face: pouvais-je véritablement te décevoir? Durant des mois tu n’avais vu chez moi qu’un pervers, un obsédé un peu trop collant, un peu trop présent dans ta vie, un type qui se mêlait de la celle-ci et de tes fiançailles quand il vivait marié à son ordinateur. Pouvait-on faire pire? Dans ton estime, je devais déjà avoir touché des tréfonds dont tu ignorais même l’existence, ce n’était comme si je pouvais creuser plus profondément encore… Je devais donc m’y résigner et l’admettre, cette peur, elle n’avait pour origine celle de te décevoir ou te voir fuir, mais celle que je ne m’éprenne de toi que plus encore.
De ton regard planté dans le mien, cherchant après une réponse qui ne prenait forme par les mots, ta supposition me blessait. « Tu n’en a rien eu à faire lorsque je t’ai dit que moi non plus, je ne te partagerais plus rien ? » Avais-je l’air si indifférent à cette éventualité? Pourquoi. Pourquoi était la question qui avait vu jour dans mon esprit. Quand bien même j’avais sauté à la gorge de ta menace suivante en affirmant déjà savoir lire dans tes pupilles, l’incompréhension m’avait gagné. La peur également. Je ne voulais que tu t’enferme, que tu te mure dans un silence duquel je ne parviendrais à te sortir. Pourquoi voudrais-tu le faire d’ailleurs? Cela n’avait de sens! Dans cette relation nouvelle que nous entretenions, tu devrais t’ouvrir à moi, me parler, te confier… Tout comme je devais le faire. T’étais-tu senti ainsi lorsque convaincue que je ne parlerais davantage? A ton instar, inconsciemment, mon regard s’était baissé puisque incapable de soutenir un instant de plus le tien. Néanmoins, il ne savait où s’ancrer, face à lui se trouvait ta poitrine, à sa gauche mon écran bien qu’éteint mais tu ne devais savoir, alors à sa droite? Sur les lumières encore agitées de ma tour qui risquaient de s’éteindre d’un instant à l’autre je jetais alors mon dévolu pour les prochaines secondes. Juste pour accueillir cette réflexion d’un vague sourire. Une esquisse qui déformait mes lèvres tristement.
Exprimer ce qui nous passe par la tête. Apprendre à se défaire de la honte avec cette personne. Raconter ses journées. Partager sa joie, sa peine, ses peurs. Tout cela, j’étais pourtant prêt à les entendre. Je voulais t’entendre me les conter, un à un, sans peur d’être jugée ou moquée. Un instant et mon regard revenait à hauteur du tien où il se voyait assailli sans préavis. Les lèvres entrouvertes, il ne fallait bien longtemps pour comprendre la raison d’un tel regard: tu cherchais des réponses. Si je ne te les apportais de moi-même, alors tu irait les chercher qu’importait les moyens. Je devais l’admettre: tu étais doté d’une détermination sans faille. Elle était telle que je me trouvais intimidé en une fraction de seconde, battant des cils quelques instant, en quête de mots, de phrases. Une réponse je me devais de t’apporter sans savoir par quel bout commencer l’aventure exactement. J’avais seulement besoin d’un peu de temps pour réfléchir, mettre au clair mes pensées tout en me concentrant pour, qu’une fois encore, je ne vienne à te blesser malencontreusement. Il n’y avait moyen que je me fasse spontané quand, dès lors que je décidais de l’être, les discussions tournaient mal et les méprises naissaient. Quoi que… Y avait-il réelle méprise? J’avais seulement refuser d’admettre ce qui était pourtant évident: ton désir d’en savoir plus. Il n’était feint, il n’était imaginaire tout comme il n’était intéressé. A mon instar, tu voulais seulement en savoir plus sur la personne à qui tu tenais, innocemment… tendrement… Pouvais-je en avoir peur? Mes lèvres se pinçaient une seconde, tout juste pour me convaincre de commencer par des excuses que j’entendais pourtant en écho dans mes oreilles. Pourquoi t’excusais-tu? Pourquoi te traitais-tu d’idiote? « Non.. » Un souffle sans doute trop bas pour que tu puisse le percevoir et tu poursuivais en expliquant que nous ne devrions en être là. Y avait-il des checkpoints en matière de relation de couple? Des niveaux à passer à l’instar d’un Mario Bros? Sans doute… Sans doute était-ce le cas. Sourcils froncés, je tâchais de faire une liste des niveaux existants afin de situer notre progression exacte. Si nous le pouvions? En décembre tu avais déjà dormi dans ma chambre. En février nous nous étions embrassés et tenu la main… N’avions nous brûlé des étapes? Alors ces checkpoints dont tu faisais notion, étaient-ils si importants en fin de compte? Si la case bébé trouvait place bien après la case mariage qui, elle-même, se situait bien après des checkpoints de type revenus fixes; tous les autres, avaient-ils une importance en terme d’ordre?
Perdu dans mes pensées initialement destinées à te comprendre un peu mieux, je me surpris alors à sentir tes bras autour de ma taille. Un bond dans la poitrine et je refermais bien vite les miens autour de tes épaules afin de répondre à cette étreinte spontanée que tu m’offrais. Joue reposant contre le sommet de ton crâne, pour une fois, je me fichais pas mal que tu entendes les battements agités de mon coeur. Plus que mes yeux, certainement, mon coeur s’avérait un excellent point d’ancrage en terme de sincérité. Celui-ci que tu agitais, secouais, retournais, serrais au gré de tes mots et de tes gestes, toi qui était devenu maître incontestée de ce félin supposé indomptable. Comme à l’instant présent où, iris plantés dans les miens, tu émis quelques mots soufflés qui lui offrait une vigueur dont je me serais bien volontier passé en ta présence. Mes envies? A quel genre d’envie faisais-tu allusion d’une voix si mielleuse? Quittant la hauteur des épaules, mes mains glissaient inconsciemment, naturellement, vers tes reins où elles élisaient nouveau refuge. Doigts entremêlés les uns dans les autres, j’attendais après une explication plus concrète de tes propos que je n’osais interprété. Mon organisme encore bien jeune se trouvait parcouru par un flux d’hormone empêchant toute interprétation objective possible alors je comptais sur ta personne pour m’éclairer, sur tes gestes à en croire le mouvement ressenti à hauteur de ma taille. Ces doigts, où comptais-tu les déposer? Que comptais-tu faire? Je ne pouvais me permettre d’être surpris alors que je nécessitait un contrôle absolu de ma personne en ta présence. Il était trop tôt pour tout cela, alors qu’elles étaient ces envies que tu évoquais? Naissant de la pulpe de tes doigts au contact de mon épiderme, une multitude de frissons errant au gré de ton touché. Un instant, mes paupières s’abaissaient. De tes caresses je me délectais en toute simplicité. S’exprimer par les gestes… Il me semblait si aisé à faire et recevoir pourtant, je ne comprenais le sens de cette simple caresse que tu m’offrais. Quel désir exprimait-elle exactement? Seulement lors, je prenais conscience que, jamais, je n’avais essayé d’interpréter ton comportement à mon égard. Si de ma main tu te saisissais, qu’avec mon sweat tu jouais, que voulais-tu me faire parvenir? Quelle différence y avait-il entre un baiser sur la joue, le cou ou les lèvres? Quand te jouais-tu de moi et quand exprimais-tu un réel désir? Tous ces gestes et bien plus encore j’aurais à décrypter au fil du temps. Le défi ne m’effrayait, tout au contraire, j’étais bien plus attiré encore. Bien qu’impatient, je n’étais inconscient du temps et de la difficulté que demandait la maîtrise d’un tel langage; cependant je jugeais avoir suffisamment de patience pour parvenir à décoder un à un chacun de tes gestes dans un panelle de nuance le plus complet possible.
A commencer par ce souffle à l’encontre de mes lèvres auquel tu finissais par agrémenter un tendre et bien trop bref baiser. Ne pas me laisser emporter par le flot nuageux qui sévissait dans mon esprit... Me concentrer pour apprendre. Echange rompu, mes paupières s’empressaient de s’ouvrir dans l’espoir de lire sur tes traits. Que devais-je y voir? De la douceur? De la tendresse? M’aimais-tu? Conclusion hâtive que je ne parvenais néanmoins à concevoir, pas déjà, pas aussi vite… Tu n’avais fait que me montrer un exemple alors? Je ne savais. Dès que tes doigts se remirent en marche contre ma peau, c’était le néant le plus total. L’incapacité à me concentrer. L’apprentissage s’avérait déjà fort long et fastidieux si en moins d’une minute je préférais déjà m’en délecter plutôt qu’analyser. Néanmoins, déjà, tu m’offrais quelques clefs de compréhension lorsque tu entamais un nouvel exemple. S’exprimer par les gestes, formuler ses désirs avec une requête. A l’approche de tes lèvres, je m’interrogeais sur ma capacité à comparer ces différents baisers au vu de ma faible résistance dès que tu étais le sujet. Ce n’était cependant tes lèvres que je manquais d’embrasser mais bien un pachimari qui m’effrayait plus qu’un screamer de jeu vidéo. Sursaut incontrôlable et regard redressé en direction du tien brillant de malice. Tu l’avais prévu. Un instant, je détournais mon attention sur le côté, soupirant de ta fourberie avant d’en revenir vers toi, hochant la tête brièvement bien que quelque peu désabusé. « Tu peux la garder. » A voir comme tu aimais la tenir entre tes doigts, ta demande n’avait grand chose d’étonnant que le moment choisi pour la formuler. C’était pourtant un bel exemple, spontané, malicieux, clair et limpide… Tu ne pouvais trouver mieux pour illustrer une requête digne de ce nom. Tu étais une enfant après tout…
Constat de ta candeur, j’attendais après le retour de ton attention vers moi pour envisager de récupérer mon dû lâchement volé sous mon nez. Car je ne comptais te laisser filer aussi facilement et, visiblement, tu devais l’avoir compris puisque tu nouais tes bras autour de mon cou. Répondant à l’étreinte une nouvelle fois, c’était sur ta taille que mes mains trouvaient domicile à présent. Sans doute, semblions-nous prêt à danser d’un instant à l’autre ainsi? Devrions-nous retenter? Seulement nous deux, dans ma chambre, sans la moindre musique pour nous accompagner et sans le moindre alcool pour désinhiber nos corps? Bien que de nous deux, c’était assurément le mien qui en avait le plus besoin dès que ce sujet était évoqué! A ton baiser, que je considérais comme un pardon pour le précédent bafoué, je répondais avant d’entrouvrir les lèvres afin d’émettre la même proposition que celle que j’avais tant regretter cet hiver mais tu me devancer. S’exprimer, demander et le dernier inattendu: ordonner. Pouvais-je t’ordonner de faire quelque chose? Si un instant je m’en étonnais, le suivant toute interrogation, toute confusion, tout absolument tout s’envolait dès lors que tes lèvres se déposaient sur les miennes. Bien malgré moi je ne pouvais que constater comme cet échange était différent du précédent. Bien moins tendre, bien plus intense, une certaine passion s’en dégageait bien qu’encore timide et hésitante. Peu à peu, sans que je n’en prenne conscience, mes doigts s’aventuraient de ta taille à tes hanches qu’ils finissaient par saisir délicatement mais fermement. Qu’à moi, un peu plus, tu puisse te rapprocher en toute stabilité. Si d’aventures j’avais eu droit de me permettre, à la cambrure de ton dos aussi subtilement que brutalement éloquente, ma main gauche aurait assurément trouvé emprise sur la chair de ta fesse droite. Je n’étais si friand de cette chair que beaucoup se plaisait à contempler au passage d’une jolie fille, mais je devais admettre savoir apprécier l’ascendant et la proximité des corps qu’une telle poigne permettait. Je ne me le permettais cependant. Bien trop conscient de combien un tel geste pouvait s’avérer aussi brutal que précipité pour toi, alors tes hanches couvertes par ce short s’avéraient être une parfaite alternative à mon désir grandissant. Ce dernier que tu te plaisait à enflammer en continuant dans tes démonstrations sans répit. Un souffle contre mes lèvres, un nouveau baiser que tu rompais trop rapidement et la flamme se répandait pour devenir incendie ardent. Chaque parcelle de ma peau subissait l’effet de cette fièvre croissante, rendant cendre jusqu’à ma conscience même. Cette dernière que j’avais désiré conserver afin que le contrôle ne m’échappe... Mais c’était trop tard. Un chaud soupir m’échappait avant que je ne fonde à tes lèvres plus furtivement qu’un reptile, plus rapidement qu’un guépard. Deux mots formulés et me voilà présentement être le plus passionné des hommes sur cette Terre. Le faible écart entre toi et ce bureau après ton approche n’existait désormais plus. Poussée contre celui-ci avec douceur malgré l’abrupte envie d’envoyer paître tout ce qui se trouvait dessus pour
A présent contre le bureau, je quittais tes chairs pour m’en aller goûter d’autre plus accessibles et décente que celles dont je me privais. Si ce furent ta joue droite et ta mâchoire les premières à se voir gratifier de délicats baisers, bien vite, elles étaient suivies par ta clavicule redessinée au millimètre près par mes chairs gourmandes. Ma main gauche j’élevais à hauteur de ton épaule, glissant tant l’auriculaire que l’annulaire sous un pan de ton vêtement pour l’en écarter de ma future destination: ton épaule. A leur passage, la bretelle de ton sous-vêtement ne pouvait résister, s’éloignant elle aussi de sa place initiale sans jamais quitter ton épaule pour autant. Sa ligne je retraçais avec tendresse, avec un amour infini et considération puisqu’à peine mes lèvres s’éloignant, tes vêtements retrouvaient leurs places initiales. Conscient de mon excès d’assurance, je préférais me cacher sous ton oreille, humant ton parfum qui, à défaut d’apaiser mes hormones en ébullition, parvenait néanmoins à apaiser les pensées folles qui m’animait. Pupilles couvertes par la toison de mes paupières, progressivement, de sa raideur mes muscles se délestaient un à un; quand bien même à aucun moment encore la protubérance trouvant place contre ta cuisse ne savait s’amenuir. « Excuse-moi.. » Un murmure qui ne trouvait suite dans les secondes suivantes. Une excuse qui soulevaient bien nombres de sujets en réalité, alors par lequel devrais-je commencer? Probablement.. celui t’ayant le plus blessé? Seulement alors je rouvrais les yeux afin de les orienter en direction de cette chevelure que, jamais, je ne prenais le temps de contempler. Contre mon nez, une mèche se plaisait à glisser, douce et soyeuse texture qui me chatouillait inévitablement. Un sourire apparaissait sur mes lèvres dès alors, et de ton épaule se délogeait ma main pour enrouler la mèche précautionneusement autour de mon index.. « Je pensais pas que… toi aussi tu pourrais vouloir entendre tout ça… Ce qui se passe dans ma tête, mes journées, ce qui me rend heureux ou triste, anxieux... Ce n’est pas que c’est compliqué à comprendre… Et ce n’est pas étrange ou déplacer non plus… Seulement… difficile à envisager. » Au fil de mes propos je me plaisais à rouler et dérouler cette même mèche le long de mon doigt, comme un nouveau point d’ancrage pour mon attention afin qu’elle ne soit happée par une autre intempestive. Un instant, je faisais halte dans mes propos, éloignant ma main de ta chevelure pour la déposer au creux de ton dos. « Ce truc… Ton « embrasse-moi » … C’était vraiment sexy » avouais-je timidement après quelques secondes d’hésitation. Déjà le corps brûlant par toute cette scène précédente, mes joues trouvaient néanmoins façon de parvenir à se réchauffer davantage et mon visage préférait se cacher un peu plus contre ta peau de peur que tu ne le surprenne dans cet état. A croire que ma timidité était plus grave que mon désir…
A cette pensée, je me sentais honteux. Bien plus encore que je ne pouvais l’être déjà car incapable de rappeler à l’ordre un membre qui n’en faisait qu’à sa tête. Alors, conscient de ce seul fait, je préférais orienter tes pensées vers tout autre chose, vers une discussion que tu avais, à ton tour, décidé d’éviter. « Tu sais. J’ai pas l’habitude de recevoir de l’attention... » Faible aveu m’amenant à te serrer un peu plus contre moi que tu ne l’étais déjà par peur soudaine que tu ne veuilles partir. Ou était-ce pour trouver le courage nécessaire de formuler ces trois mots pourtant si simples? « J’ai peur. » soufflais-je tout bas, penaud et à la voix tremblante sans raison aucune. Ma main droite quittait enfin ta hanche pour rejoindre la première au creux de ton dos, cherchant après un réconfort que seule une étreinte de ta part saurait offrir. « J’ai pas envie… Je veux pas que ça recommence. J-j’ai peur que… q-que si je te parle, si.. si je laisse tes gestes… Enfin… rien que quand tu joue avec mon sweat mon coeur s’emballe. » C’était si injuste à mes yeux. Une si petite chose ne devrait tant m’atteindre, un si petit geste devrait être anodin mais il ne l’était. Il ne parvenait à l’être! Ce geste, il réchauffait mon coeur, l’agitait, le secouait et le retournait sans pitié. Peut-être ne le remarquais-tu, mais chacun de tes gestes à mon égard, aussi candides, aussi provocants pouvaient-t-ils être, faisaient naître une aventure folle dans ma cage thoracique. Parfois, mes pensées s’y mêlaient elles aussi, et devenaient un noeud indéfaisable. « Je veux pas redevenir un jouet... » Je l’avais dit… Le terme était-il trop fort? C’était pourtant ainsi que l’image se dessinait dans mon esprit malgré les années passées depuis ce jour. Haneul, un simple jouet fidèle au poste, dévoué, serviable et aveugle dont on pouvait se défaire en lui claquant la porte au nez pour retourner à ses occupations. Or, je ne désirais redevenir aveugle. Je craignais cette condition plus que tout au monde. Oh peut-être n’irais-tu t’amuser avec d’autres comme elle avait bien pu le faire - je ne t’imaginais ainsi de toute façon… - mais il existait tant de façon d’utiliser un garçon comme moi dans une relation comme la notre. La seule limite se trouvait être ton imagination et ma dignité, bien que celle-ci pouvait parfois être discutable en sachant de quoi je pouvais être capable sans l’aide de personne. Alors oui, je l’avouais, j’avais peur. Tout ceci me faisait peur. Tout ce que tu faisais m’effrayait. Tout ce que tu disais amenait son lot de frayeur avec lui. J’étais le plus âgé? Le plus expérimenté? Foutaises. Je n’étais qu’un enfant, dans le meilleur des cas un jeune adolescent, dont l’estomac se nouait à la seule idée de souffrir éventuellement.
« T-tu sais... » Mes poumons je gonflais avant d’enfouir une fois de plus mon nez contre ton cou, paupières fermées pour me convaincre que je ne te disais tout ça en réalité. Malgré ma confiance apparente au quotidien, je n’étais qu’un lâche. « Je pense pas m’en sortir aussi bien que la dernière fois si.. si toi aussi tu fais ça, » Parce que je tenais à toi déjà bien trop pour mon propre bien. Parce que la seule idée d’être séparé de toi me faisait mal, alors qu’adviendrait-il si tu décidais de jouer à ton tour? Je ne voulais l’envisager. Je ne voulais l’imaginer. Notre relation, ces moments en ta présence, j’aimerais tellement qu’ils n’apportent cette peur macérante mais seulement de la joie, un bonheur pur et dur. Pourtant je savais, qu’importaient les promesses, qu’importaient les mots de réconforts, à ton instar, le temps seul parviendrait à panser les plaies et donner confiance en ces espoirs naissants.
(c) DΛNDELION
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Mer 29 Jan - 22:11 Citer EditerSupprimer
Peu à peu, j’osais à nouveau. Peu à peu, je redevenais moi-même, fière et espiègle. Bien que débutante, je me laissais portée par la flamme de ma personnalité. Par le biais de ces quelques baisers, je te témoignais de mon désir. De ma dépendance au tien dans laquelle tu m’avais emprisonné ce jour de février, mais ce détail, tu l’ignorais ? Ou le savais-tu pertinemment ? L’avais-tu fait exprès ? M’avais-tu attrapé dans ton filet ce jour-là ? Qu’importait. Car si tu jouais, tu jouais dangereusement. Peut-être ne le soupçonnais-tu. Peut-être me sous-estimais-tu, et peut-être n’en étais-je plus aussi certaine que j’aurais pu l’être un temps, mais si je m’accrochais à toi, je tacherais de te rendre toi aussi piégé, dépendant. Oui, par ces baisers j’avais pour desseins de te séduire aussi. De te charmer. Puisque nous en étions là, peut-être, sans doute l’avais-tu déjà été précédemment indépendamment de ma volonté. Involontairement, je t’aurais charmé peut-être dès un temps où il ne t’était permis ne serait-ce que d’espérer. Fut-ce ma beauté ? Fut-ce ma nudité ? Fut-ce le défi, celui de séduire la renarde, reine de glace inaccessible ? Par quel chant de sirènes fus-tu envouté en premier ? Et ensuite, qu’est-ce qui avait changé ? Et à présent, y était-ce au moins pour quelques facettes de ma personnalité ? Peut-être ton attrait ne demeurait encore que très superficiel. Peut-être fut-ce toutes ces fois où ma vulnérabilité je ne t’ai que trop exposé que ton orgueil masculin s’est entiché de la demoiselle sur qui veiller. À présent, j’avais pour ouvrage de te garder tout en respectant mon authenticité. À mes filets, je devais te prendre afin que nulle autre sirène ne parvienne à te dérober loin de mes bras. Ce défi qui me paraissait si ardu, presque insurmontable…
Ainsi pendant que je me jouais un peu de toi, de tes désirs, peut-être de ton coeur, à seul dessein qu’il batte aussi fort que le mien – que tu t’attaches à moi autant que j’avais le sentiment de l’être de ta personne – je gardais tant bien que mal le contrôle, de mon esprit et de mes sens. Ceux-ci au service de mes pensées, je tachais de percevoir, de ressentir le moindre petit signe de ta part. Ce que tu ressentais. Si sur la voie de la voie rechercher je m’engageais bel et bien. Je nous engageais. Alors, ces mains – ces paumes larges et chaudes – couvant précédemment le haut de mes bras, je ne pouvais ignorer leur cheminent. Celui-ci sous forme d’une douce descente, parcourant ces parcelles de mon corps où mon épiderme réagissait à la sensation de tes doigts, quand bien même tu n’appuyais pas. Un cheminement élisant mes reins comme point de chute, une étreinte qui me fit naturellement tendre le dos un peu plus droit. À moins que ce ne soit légèrement cambrée à hauteur de ta main. Mes sens aux aguets, mes yeux eux t’observaient. Ils ne manquèrent le signe de tes paupières s’abaissant sur les tiens. Pouvais-je me permettre d’y voir un gage de confort ? Peut-être même de plaisir ? J’ignorais tant du plaisir masculin, et tout ce que j’avais cru maitriser pour titiller le sujet s’était avéré vain. Faux, tout aussi faux que le reste de notre relation, que ces prétendues sentiments. Mais en cet instant, il n’avait place dans mon esprit. Bientôt, il ne devrait plus l’avoir du tout, et le plus tôt serait le mieux. Toute mon attention, toutes mes intentions te revenaient, toi que j’accrochais à un premier baiser, si léger. Et au retour de tes iris dans le monde de la lumière, je crus y déceler… De la curiosité peut-être ? Étais-je au moins parvenue à capter et attiser celle-ci ? Un premier pas pour te capturer.
Un second par le biais d’une facétie, te rappelant ainsi que je restais maitresse néanmoins. Te cacher un peu de cette addiction à ta personne qui semblait momentanément m’emplir avec plus d’ardeur que je ne l’avais jamais ressenti. Je savais que pour te plaire, et surtout ne pas trop vite de lasser, je ne devais me faire femme toute conquise. Quand je t’attirais à moi, tu pouvais néanmoins buter contre des barrières, à l’instar d’une créature en peluche immiscée entre nous deux. Peut-être fut-ce aussi une façon d’alléger la tension qui m’habitait. Celle provoquée par le stress de faire un faux pas, d’être ridicule, ou de paraître trop.. Trop quoi ? Je ne savais pas. Derrière mon assurance, je n’étais si sûre de cet instinct qui me dictait mots et gestes en ce moment face à toi. Le son de tes rires et moqueries si récurrentes, je les appréhendais tellement alors que je tachais de prendre sur moi pour me montrer un minimum… sensuelle ? Alors, si un cet instant face à ma duperie, ils résonnaient, je pourrais les entendre sans être piquée, déçue ou vexée. Mais tu ne le fis. Fut-ce toi qui fus déçu ? Il semblerait. Égoïstement cette idée me plaisait, ne serait-ce qu’un peu. Bien que j’aurais aimé aussi, voir ne serait-ce qu’un léger sourire sur tes lèvres se dessiner. Celui qui trahirait que mon souhait d’emporter quelque chose t’appartement te touchait. Car cette peluche, elle ne devait mon dévolu qu’au seul fait d’être tienne. Mascotte de ton jeu préféré me semblait-il, c’était un petit bout de toi que je ramènerais et garderais dans ma chambre avec moi. Mais peut-être était-ce là une façon de pensée féminine – enfantine ? – qu’un homme ne percevait pas. Néanmoins, si légère désillusion tu avais ressenti, je me devais de la panser. Plus important que cette peluche qui changerait prochainement de domicile, j’étais avec toi, momentanément face à moi. Toi que je t’étreignais de mes bras autour de ton cou. Toi dont les mains glissèrent à nouveau, se séparant afin de dessiner ma taille. À ce touché, je me contractais légèrement. Soupçonnais-tu l’appréhension d’une femme lorsque les mains de son homme la parcourait ? Celle qu’il y découvre une imperfection cachée. Ce sont sous les mains d’un petit ami que le corps se révèle jamais assez parfait. Alors, je me devais d’agir. De poursuivre mon entreprise sans vaciller, sans hésiter afin que tes sens non plus ne s’attarde trop sur ce touché. Envahir ton esprit afin d’assouvir à la fois mon désir, et aussi tester le tien. Parce que le désir d’appartenir allait de paire avec celui de posséder.
Alors, je te poussais au péché, t’incitais à fondre sur moi comme je brûlais que tu le fasses, derrière un masque en surface parfaitement serein. Tu en avais envie aussi, n’est-ce pas ? Si tes mains étaient encore descendues un peu plus tôt, je pouvais l’interpréter comme du désir, n’est-ce pas ? Aussi délicat fut-il, il n’avait besoin de se doter d’ardeur pour me faire plaisir. J’avais juste besoin de signes, même infimes, qui me prouvaient que Toi, tu me voulais. Bien sûr, je ne souhaitais que ton attraction ne se résume au charnel, mais j’en avais besoin aussi. J’étais cruelle et incertaine. À vouloir attiser un désir que je ne saurais combler. Je ne valais pas mieux que… je l’effaçais. Tu l’effaçais. Rapace qui s’exécutait fiévreusement à mon ordre soufflé sur la porte de tes lèvres. Ces dernières que tu scellais sans plus attendre sur les miennes. Cette victoire j’avais remporté. Enfin, j’obtenais réponse escomptée aux signaux envoyé à l’homme qui me plaisait. Mais de cette sensation, je me délectais pas tant que de celles que tu procurais à mes sens. Je fondais à tes lèvres. Je paniquais à ton ardeur. Délicieuse adrénaline qui ne me ferait plus fuir. Ce n’était comme si tu me laissais d’issue non plus. Loin de m’en affoler, au fond j’aimais. Je sentis le bas de mon dos rencontré le rebord de ton bureau, limite du recul que le renforcement de ta proximité avait engendré. À moins que tu ne l’eus fait exprès. C’était une possibilité à envisager d’autant plus par cette jambe que tu immisçais entre les miennes. Si tu ne m’embrassais, assurément aurais-je dégluti à ce rapprochement qui provoquait une étincelle à la naissance de mon intimité. Celle-ci dont tu reprochais jusqu’à y presser légèrement mais nettement ta jambe. En avais-tu conscience ? Est-ce que cela signifiait quelque chose pour toi ? Était-ce maitrisé ou bien un excès de naturel dans une attitude que bien trop rodée ? J’aurais pu mettre les freins. Une part de mon esprit le réclama, mais l’autre l’emportait. L’autre peu à peu renversée par l’attrait du péché. Grisée par cette sensation que tu me procurais. Aussi inquiétante qu’intrigante : affolante. Si seulement, je n’avais été crispée au point d’être incapable de te répondre…
Parce que j’ignorais les gestes, parce que mon esprit s’encombrait de bien trop de question pour laisser l’instinct parlé, je demeurais relativement figée. Mes mains hésitaient quant à savoir où se poser. Descendre sur tes bras ? Au contraire, remonter afin de glisser mes doigts dans tes cheveux ? Dans le doute, dans l’inconnu, j’optais finalement, maladroitement pour les deux. Ma main droite glissa sur ta nuque du bout de mes doigts jusqu’à ce que ceux ci atteignent ta chevelure dans laquelle ils s’immiscèrent un peu plus franchement, bien que délicatement. À son inverse, ma gauche quitta ton cou et caressa presque timidement le contour ton épaule jusqu’à se poser sur ton bras, sans te repousser. Bien au contraire. Je te laissais faire. Sans doute un peu trop. Sans doute aimerais-tu plus de répondant, plus de signes de ma part, mais je ne pouvais t’accorder que les réponses instinctives de mon corps aux effets que tu le procurais. À l’instar de mon abdomen se contractant, si tu le ressentais. Mes cuisses qui se resserraient sur ta jambe intrusive, captive. À l’instar de ma tête basculant légèrement sur le côté tandis que la peau de mon visage tu couvrais de quelqu’attentions accordées de tes lèvres. À chacun d’entre eux, un infime et grisant courant électrique tu me causais. Mon échine se dressait tout autant que mon dos se tortillait, tantôt tendu, tantôt complètement délassé, au gré de la ribambelle de baiser dont tu me gratifiais ? M’infligeais ? C’état un bien délicieux supplice. Le frisson de mon épiderme exposé après qui tu en aies repoussé les vêtements qui le couvrait. Je déglutissais, d’aise et de stress. Lorsqu’entre deux doigts tu pinças la bretelle de mon sous-vêtement, mon coeur s’arrêta. Brièvement avant d’être relancé d’autant plus ardemment. Devrais-je t’arrêter ? Jusqu’où comptais-tu aller dans cette déferlante de caresses offertes par tes lèvres ? À partir d’où souhaitais-je que tu t’arrêtes ? Car indéniablement, je ne voulais que tu cesses. Pas tout de suite, pas encore. Je découvrais le plaisir frissonnant d’un baiser déposé sur l’épaule. Je m’en pinçais les lèvres. Non pas tant par contenu d’un désir devenu trop brûlant, mais par émotion. Cet ultime baiser que tu semblais vouloir m’accorder, j’avais l’impression d’en ressentir toute la tendresse et la sensualité à la fois. Je découvrais à quel point j’avais été privé de tout cela.
En proie à de troublantes émotions, je remarquais à peine la chaleur de mes vêtements revenue sur mes épaules. Sans doute parce qu’elle ne valait celle de ton souffle. Ce fut d’ailleurs celui-ci qui provoqua l’ouverture de mes paupières précédemment closes afin de mieux me laisser emporter par l’exaltation que tu m’offrais. À la sensation de son retour au creux de mon cou, tu m’arrachais un énième frisson. Je sursautais aussi légèrement, les yeux grands ouverts, à te sentir engouffrer ton visage ainsi, mais plus encore à t’entendre murmurer ces mots d’excuse. Pourquoi ? Jugeais-tu t’être emporté plus que je ne t’en autorisais ? Parce que je n’avais su répondre à tes attentions ? Pourtant, j’étais indéniablement celle qui avait provoqué ton ardeur. Si précédemment j’avais été surprise, présentement, je n’avais la légitimité de t’accuser d’excès. Ou fut-ce de tes pensées dont tu t’excusais ? Tu aimais ce corps, je le comprenais, mais un doute persistait : parce qu’il était le mien ou simplement celui d’une femme ? Le coeur soudainement en suspend, la raison de cette excuse, je l’attendais autant que je l’appréhendais. Lorsque ta main la quitta mon épaule se sentit plus dénudée que nul instant auparavant. Préambule d’une chute dans le vide : toi aussi. À ces seuls mots, mon corps se meurtrit. Ce n’était cette fois, pas la comparaison à une autre qui me blessait mais bien l’évocation et la révélation de la persistance d’une autre. Quelqu’un que tu n’avais oublié. Quelqu’un qui éprouvait la même curiosité sincère à ton égard que la mienne. Quelqu’un que tu avais aimé, et peut-être aimais-tu encore… Qui étais-je pour te jeter la pierre, moi qui quelques semaines auparavant était encore fiancée ? Nous avions tous les deux un passé… Et c’était bien le plus difficile à accepter. Qu’elles ne furent que des passades ou de profondes histoires sentimentales, la pensée de chacune d’entre elles, aussi factice fut-elle, m’affectait. Parce que je n’y étais habituée. Je n’étais la première, et tu ne me souhaitais comme la dernière. Sans doute était-ce normal, sans doute était-ce plus sain et réaliste, mais il me faudrait du temps pour me faire à cette idée. Tout comme il semblait t’en valoir pour m’accepter sérieusement, pour accepter de m’accorder cette place visiblement jusqu’alors fermement réservée à un amour passé. Si un jour, tu parvenais à l’envisager, ce qui n’était encore le cas, tu l’avouais.
Deux mots. Deux mots et le cortège qui les accompagnaient avait suffi pour faire retomber la fièvre. Si désormais, un frisson me saisissait, il n’était plus que conséquence de la forte et radicale chute de ma température corporelle. Pas même la présence de ton visage enfouie dans ma chevelure, ton souffle sur mon cou ne suffisait à rallumer un brasier brusquement éteint. Au contraire, je te suppliais intérieurement de quitter ce refuge dont je n’avais ni la force ni la vigueur de te déloger. Tu me torturais. À présent, tu étais celui qui faisait preuve de cruauté. Peut-être l’avais-je mérité, mais je doutais que celle que je t’eus précédemment infligée soit aussi douloureuse et insoutenable. Mes yeux se fermèrent pour surmonter. Encaisser sans autoriser une larme à se déverser. Probablement ne soupçonnais-tu pas à quel point j’aimais, ou tes baisers, ou tes caresses soufflées, rien que la sensation de la chaleur se dégageant de ta personne sur cette partie de mon corps que tu avais choisi pour trouver ce qui ressemblait un refuge apaisant et confortable pour toi. Il ne l’était pour moi. Tu exaltais mes sens en prononçant des mots qui me blessaient. J’étais prisonnière. Je ne voulais de cette place secondaire que tu m’accordais, mais je ne voulais pas partir non plus. J’étais une princesse qui n’avait toujours connu que le trône de la reine, alors ne représenter que ça pour toi… Tu en avais le droit. Qu’une autre eut déjà détenu et peut-être détienne encore la place de souveraine à tes yeux, au fond, ce n’était en rien surprenant. Que jamais je ne l’égalerais, je devrais apprendre à faire avec… À moins de me battre avec hargne pour enfin l’effacer. Cette reine du passé, devrais-je la détrôner ? Et tandis que je ravivais cette flamme d’orgueil dans mes pensées, soudainement, tu soufflais sur le brasier. Si tout d’abord, tu le fis vaciller, ce fut ensuite que pour mieux l’amplifier. C’était vraiment sexy. Je sursautais. Mon coeur s’emballait. La chaleur enflammait mes joues tandis qu’un sourire fière mais intimidée se dessinait sur mes lèvres. Et ce feu, tu l’agrémentais à nouveau de frissons. Mes muscles se contractèrent légèrement dans l’attente, celle de savoir ce qui suivrait après avoir senti ton visage se rapprochait, le point de ton nez m’effleurer. Allais-tu m’embrasser ? Mon corps réclamait après de nouvelles attentions de tes lèvres. J’en oubliais déjà ma blessante déception. Tu avais un terrible pouvoir sur moi.
Mon corps à nouveau réceptif et alerte à tous tes signaux, autant qu’impatient à la perspective que tu lui témoignes ton engouement pour lui derechef, je ne manquais de remarquer cette pression persistante à hauteur de nos jambes. Si mes cuisses avaient desserrées leur emprise avec la brutale désillusion, la tienne n’avait quitté son logis. Et elle ne semblait être seule à causer un contact… Mais sur cette sensation je n’eus guère le temps de m’attarder que tes mots m’en détournaient, me surprenaient. D’une part, je m’étonnais de leur soudaineté, comme sorti de nulle part. Puis, je les supposais comme une suite de tes dire précédents. Peut-être ceux que tu n’avais osé prononcé. Ceux que tu avais essayé d’évincer et museler en détournant le sujet par ces mots qui m’avaient tant ravi. Mais alors, étaient-ils vrais ou seulement diversion à une discussion que tu relançais pourtant de toi-même. Devais-je y voir une volonté de sincérité de ta part ? Et je t’écoutais. Car d’autre part, en effet, c’était par leur contenu que j’avais été décontenancée. Un aveu, un aveu douloureux car je ressentie une vague de peine pour toi. Pourquoi me disais-tu cela ? Pourquoi ressentais-tu cela ? Une telle détresse, une telle solitude tel que le fond en écho de ces mots résonnait à mes oreilles, ne correspondait à l’image que tu dégageais. Et je le réalisais : je ne te connaissais. Maintes fois je t’avais jugé, sans te connaitre. Sans rien savoir de qui tu étais vraiment, et désormais, j’aspirais à le découvrir : qui est Woo Haneul ? Un jeune homme éclatant de beauté, agaçant d’assurance et désespérant d’immaturité, mais aussi un jeune homme effrayé. À cet aveu, je ne m’attendais. Je ne le soupçonnais. De quoi pouvais-tu avoir ainsi peur ? Pourquoi me le confesser présentement ? Bien que dans l’ignorance encore de toutes réponses, bien que perdue dans un brouillard opaque, je sentis mon instinct me pousser à te rassurer. Sans savoir comment je le pourrais. Alors, mes mains qui s’étaient précédemment déposées sur tes bras lorsque ton visage était venu se cacher dans ma chevelure, entreprirent de les remonter. Dans mon intention de t’enlacer, te serrer dans mes bras une fois les miens à hauteur de tes épaules, tu me devanças. Ce furent les tiens les premiers à entourer ma taille. J’hésitais. Incertaine quant aux gestes adéquats. Quant à savoir ce dont la suite de tes propos serait faite. Finalement, mes mains se posèrent tout d’abord timidement derrière tes épaules. J’écoutais tes mots balbutiants. Ceux-ci ravivant la plaie creusée quelques instants auparavant. Mais là encore, je ne pouvais t’en vouloir. J’avais encore ce fiancé dans le coeur, un peu, alors qui serais-je pour te reprocher un amour inoubliable. Et dont j’ignorais tout. Pourquoi avais-tu peur ? T’interdisais-tu que sa place puisse être un jour prise par une autre ? Pour cette raison que tu te montrais toujours si insouciant ? Qu’avec les filles tu ne faisais que flirter ? Prendre du bon temps brièvement ? Si tu tenais encore tant à elle, pourquoi l’avais-tu perdu ? Et si… Une histoire tragique se cacherait-elle derrière ce coeur sans attache et libre comme l’air ? Tout s’expliquerait. Mais alors, voudrais-je toujours la combattre ? N’existait-il de pire rivale qu’un fantôme ? Je ne savais plus. Mon coeur en berne affaiblissait mes muscles qui en conséquence réclamaient à laisser retomber mes bras dans le vide. Mais ce même coeur refusait de d’ôter son soutien. Alors, il luttait, contre lui-même. Il battait pour apporter la vigueur dont je nécessitais pour entamer d’entretenir et resserrer encore un peu plus cette étreinte. Jusqu’à ce que je tombe des nues…
Ce fut bien inconsciemment et malgré moi que mes bras tombèrent finalement et soudainement dans le vide alors qu’à mes oreilles résonnaient le mot jouet. Je n’étais certaine de comprendre mais il semblerait que toutes mes hypothèses s’effondraient. À l’exception d’une seule qui persistait : tu avais aimé. Tu avais aimé une fille qui vraisemblablement t’avait manipulé, brisé. Cette fois, je ne me trompais ? J’avais du mal à le concevoir. Ce scénario renversait les rôles que je t’avais attribué par préjugé, durant des mois, depuis notre rencontre, jusqu’à aujourd’hui encore. Je ne te lavais pour autant de tout soupçon. Au contraire, probablement, n’avais-tu fait que rendre ce qui t’avait été infligé. Le cercle infernal de la vengeance humaine dans le vain espoir d’apaiser sa peine. Cette fille qui me hantait dès l’instant où tes aveux tu avais entamé, à présent, je la détestais. Parce qu’en plus de t’avoir fait souffrir, elle sévissait encore sur ton coeur. Parce que j’ignorais le temps depuis lequel vous vous étiez séparés, mais que son souvenir persistait encore. Je la jalousais. Elle n’était qu’une garce ayant piétiné ton amour, mais c’était toujours à elle qu’il revenait. Ou du moins avec son nom qu’il rimait encore dans ton esprit. Au plus profond, elle t’avait marqué. Alors, elle avait fait de toi, un temps, tout ce que je détestais. Si les circonstances ne nous y avaient aidé, j’aurais pu ne jamais découvrir ce visage qu’à présent je te connaissais, encore qu’en surface mais qui peu à peu se dévoilait. Celui qui me plaisait. Celui pour lequel j’étais tombée, bien plus que pour ta beauté. Cette personnalité de l’homme que je voulais consoler, car la peur et la détresse ne te sciait. Tu étais un homme qui souriait, toujours, même bêtement, même agaçant. Il me plaisait cet idiot qui rayonnait.
Et parce que je voulais le voir briller à nouveau, en commençant par le consoler s’il le fallait, mes bras se frayèrent un chemin sous les tiens afin de t’atteindre à nouveau. De pouvoir s’enrouler cette fois autour de ton torse à mon tour. Cependant, mes mains s’arrêtèrent en chemin avant que mes doigts ne parviennent à se rejoindre dans ton dos. Cet énième aveu, je ne sus comment l’interpréter. Était-il touchant car gage que tu serais prêt à envisager de m’accorder une place presque semblable à celle qui fut ta reine ? Etait-il blessant car tu me comparais à elle. Non, tu me supposais capable d’être aussi vile qu’elle. Alors, forcément j’en fus vexée. J’aurais bien eu envie de te repousser si tes bras ne m’avaient pas sembler si fermement verrouillés autour de moi. Une force de ton étreinte qui m’amenait à réflexion. Si tu ne m’avais confiance, jamais tu n’aurais pu confesser tous ces maux. À cette pensée, mon coeur se radoucissait. Je n’avais à m’emporter. Tout au contraire, n’était-ce pas maintenant que commençait vraiment mon devoir te rassurer ? Car dans une relation de couple, l’homme n’était pas le seul à avoir des devoirs envers la femme. Si tu étais là pour me protéger, j’étais là pour te panser. De quoi nous rappeler certains personnages d’un jeu que tu affectionnais. Sur mes lèvres, un tendre sourire se dessinait. Renonçant à leur étreinte, mes bras se reculèrent jusqu’à poser mes mains sur tes biceps où elles exercèrent une légère pression. Je savais cette force insuffisante pour t’obliger à reculer, mais je ne voulais te donner le sentiment de te repoussais. Non ce que je voulais : « Regarde-moi, s’il le plait, » te dis-je avec douceur. Je voulais voir ton visage, tout comme toi tu puisses te plonger dans mes yeux afin de t’aider à croire en ma sincérité.
Dès lors que tu m’offris un peu de recul et de liberté de mouvement, je te délestais de mon attention un instant. Juste le temps de jeter un regard par-dessus mon épaule sur ton bureau afin de m’assurer d’un monceau de surface vide sur laquelle m’asseoir en me misant d’un léger et preste bond. Mon intention eut été de gagner quelques centimètres afin de me hisser un peu plus à ta hauteur. Afin de te dominer, non pas pour asseoir mon ascendant mais appuyer mon souhait de te rassurer. Force était de constater mon entreprise vaine puisqu’inexorablement, je me retrouvais toujours à devoir lever le nez pour que ton visage entre dans mon champ de vision. Aussitôt assise, je te témoignais néanmoins de mon intention te garder auprès de moi, par le biais de cette jambe, à nouveau captive des miennes, par derrière laquelle, de la droite enroulée, je t’attirais tandis que mes mains glissaient sur tes avants bras cette fois. « Tu crois que je suis fille à jouer ? » demandais-je en te regardant droit dans les yeux. Si mon expression se faisait sereine, ma voix n’avait pu empêcher une petite note aiguë sur la fin de trahir comme cette pensée m’affectait. Mais ce n’était de culpabilité dont je voulais t’accabler. Ta peur, je souhaitais la dissiper. « Je veux dire, oui, jouer comme avec la peluche ou pour te taquiner, mais… » À ces mots, mon regard s’était détourné brièvement en direction du fameux pachimari avant de te revenir prestement, afin que surtout, tu n’y vois la moindre tentative de me défiler. Je voulais vraiment que sur ces mots, tu sondes mon âme pour comprendre à quel point, je ne disais que vérité. Quitte à me mettre à nue plus que je ne le reconnaissais habituellement : « Aussi méchante, hautaine, méprisante et j’en passe que j’ai pu être par le passé, dans mon enfance et mon adolescence, jamais, je ne me suis jouée d’un coeur, je n’ai piétiné des sentiments… » J’étais loin d’être un ange comme tu m’avais précédemment qualifiée. Et en apprenant à vivre ici, parfois j’avais regardé le passé avec honte et culpabilité. Je n’étais plus si fière d’avoir été une princesse pourrie gâtée au-dessus de tout et tout le monde. Cependant, j’avais cette conscience pour moi. Parce que l’amour, je l’avais toujours respecté. Parce que j’en avais rêvé. « Et parce que je connais la douleur de la trahison, la désillusion d’une rupture, je… » Je n’avais pas eu l’âme noire au point d’abattre mon courroux sur des innocents, pas de cette façon en tout cas. Mais surtout, à ces mots, j’eus conscience de la situation dans laquelle tu te trouvais. Des doutes qui peut-être te hantaient. « Je ne suis pas avec toi pour tourner la page au plus vite. Je ne me sers pas de toi pour me venger ou me consoler ou que sais-je ! » m’empressais-je t’assurer sans qu’un instant mes yeux n’eurent cillé. Pas même alors que mes mains avaient quittés tes bras pour venir chercher les tiennes. « Au contraire, je ne sais même si j’ai le droit.» Ce fut qu’à cet instant que mon regard flancha. Mon visage retomba non pas pour te masquer mes traits mais par réflexe inconscient sous le poids de ma culpabilité. « Tout est allé si vite, nous nous sommes laissés emportés par les évènements, par… les sentiments, je crois ? » Une hésitation et avant d’émettre le choix de ses mots, ma tête j’avais redressé. Cette fois c’était ton regard que je voulais consulter afin de savoir si je ne me trompais. Si ce terme, toi aussi, tu l’approuvais. Tu l’emploierais à ce que nous concernait. Par tes aveux, je pouvais croire désormais que c’était sincèrement plus que mon seul corps qui t’intéressait. « Cependant, je ne souhaite en rien faire machine arrière. Je… » De mes pouces, je caressais le dos de tes mains sur lesquelles mon regard était redescendu. N’étions arrivé à un embranchement ? Si nous décidions de continuer à avancer, nous ne ferons que nous exposer à de plus dangereuses blessures, si l’un décevait l’autre. Si l’un trahissait l’autre. Parce que l’aveu de ta peur en avait fait renaître une autre chez moi. « Si… Si je parviens à effacer ta peur alors, est-ce que… » Je déglutis. Je savais que cette question, c’était aussi dans les yeux que je devais te la poser, alors ma force je rassemblais avant que mes iris ne s’emparent des tiens encore une fois. « Est-ce que tu pourrais te satisfaire d’une seule femme ? » La gorge nouée j’avais néanmoins réussi à la prononcer sans balbutier. Un effort, que je ne réussis parfaitement à réitérer : « Si tu as confiance en moi, tu pourras rester avec moi sans que… tu n’aies le besoin et l’envie de t’éparpiller ? » Car, puisque tu avais peur du revers des sentiments, ne risquais-tu pas t’enfuir dès lors que tu te sentirais dépassé par ces derniers ? Mais moi, si je t’ouvrais mon coeur pour te rassurer, si je laissais s’envoler allègrement chaque fois que le tien battait pour l’une de mes intentions, je risquais de m’attacher. Trop m’attacher. D’un attachement qui ne pourrait me supporter l’infidélité. Si nos sentiments nous conduisaient sur un chemin si passionné, moi non plus, je n’étais pas certaine de m’en relever, encore une fois.
Ce comportement frivole que tu semblais avoir adopté depuis qu’une femme t’avait blessé, pourrais-tu l’enrayer désormais ? Je comprenais que peut-être, au fond, tu n’étais pas tant un dragueur instable. Que peut-être tu n’avais cherché qu’à oublier et te protéger, mais pourrais-tu te défaire de ce mode de vie ? J’étais prête à beaucoup te donner, au seul prix de ta fidélité. « Si oui… » Ma voix se fit encore un peu plus hésitante, perdant vraiment de toute son assurance et sérénité dont elle se parait encore au début de ma prise de parole. J’en déglutis d’ailleurs avant de pouvoir en prononcer davantage. Ma main gauche libéra ta droite pour aller se déposer sur ta hanche, afin d’essayer d’appuyer, peut-être aiguiller ce que je n’étais guère adroite à évoquer : « Est-ce que… Est-ce que je peux… dois ? … peux, faire quelque chose pour t’aider ? » Je déglutis derechef, faisant référence à cette bosse déformant ton pantalon contre ma jambe depuis toute l’heure. Celle que je n’avais relevé mais bien remarqué. Celle que mes yeux préféraient éviter, n’ayant pas lâché les tiens, rochers couleur chocolat auxquels me raccrocher afin de ne pas être emportée par la houle de l’embarras. Mais avant que tu ne répondes, quelque soit ta réponse, quoiqu’elle implique comme gestes ensuite de ma part, je tenais spontanément à ajouter ceci, après être venue récupérer ta main et entrelacer nos dix doigts chacun. « Je suis vraiment heureuse que tu sois mon petit ami, » t’affirmais-je avec une légèreté retrouvée dans le coeur grâce à ce seul aveu. Sur mes lèvres, un irrépressible sourire s’étirait. J’irais pourquoi mais je sentais mon visage recouvrir de son éclat radieux. Sans doute parce que la surprise passée, je me rendais compte à quel point, tu venais de t’ouvrir à moi. Et à quel point, je tenais à toi. Mais en cela, j’étais ton opposé. Il semblerait que ma peur des conséquences ne parvenait à l’emporter sur la félicité de mon coeur amouraché. Et puis, je l’avais dit, tu étais bien mon petit ami. Je voulais te garder parce que tu m’apportais tant de choses que j’ignorais avant toi. Parce que ton coeur qui s’ouvrait à moi n’avait de prix. J’étais prête à passer un premier cap, charnel, s’il le fallait, ce soir, avec toi, pour toi. À présent, nous avions dévoiler tous les deux de notre vulnérabilité. Nous nous étions attachés. Et cette position où tu dominais ne me dérangeait, au contraire même, je l’aimais. De mes yeux relevés en direction de tes traits, je te regardais. Je t’admirais. Toi que la nature avait doté d’une si rare beauté. « Même si…. Je devrais peut-être m’inquiéter que tu sois presque plus beau que moi. » Un instant, je feins une moue boudeuse avant que mes traits ne se radoucissent. Que mes paupières ne s’abaissent sur mes iris et que de mon visage relevé vers le tien, tu comprennes ce silencieux appel à m’embrasser. Quand bien même, je m’attendais plus à une facétie de ta part plus qu’à sentir mon souhait exaucé…
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
Peu à peu, j’osais à nouveau. Peu à peu, je redevenais moi-même, fière et espiègle. Bien que débutante, je me laissais portée par la flamme de ma personnalité. Par le biais de ces quelques baisers, je te témoignais de mon désir. De ma dépendance au tien dans laquelle tu m’avais emprisonné ce jour de février, mais ce détail, tu l’ignorais ? Ou le savais-tu pertinemment ? L’avais-tu fait exprès ? M’avais-tu attrapé dans ton filet ce jour-là ? Qu’importait. Car si tu jouais, tu jouais dangereusement. Peut-être ne le soupçonnais-tu. Peut-être me sous-estimais-tu, et peut-être n’en étais-je plus aussi certaine que j’aurais pu l’être un temps, mais si je m’accrochais à toi, je tacherais de te rendre toi aussi piégé, dépendant. Oui, par ces baisers j’avais pour desseins de te séduire aussi. De te charmer. Puisque nous en étions là, peut-être, sans doute l’avais-tu déjà été précédemment indépendamment de ma volonté. Involontairement, je t’aurais charmé peut-être dès un temps où il ne t’était permis ne serait-ce que d’espérer. Fut-ce ma beauté ? Fut-ce ma nudité ? Fut-ce le défi, celui de séduire la renarde, reine de glace inaccessible ? Par quel chant de sirènes fus-tu envouté en premier ? Et ensuite, qu’est-ce qui avait changé ? Et à présent, y était-ce au moins pour quelques facettes de ma personnalité ? Peut-être ton attrait ne demeurait encore que très superficiel. Peut-être fut-ce toutes ces fois où ma vulnérabilité je ne t’ai que trop exposé que ton orgueil masculin s’est entiché de la demoiselle sur qui veiller. À présent, j’avais pour ouvrage de te garder tout en respectant mon authenticité. À mes filets, je devais te prendre afin que nulle autre sirène ne parvienne à te dérober loin de mes bras. Ce défi qui me paraissait si ardu, presque insurmontable…
Ainsi pendant que je me jouais un peu de toi, de tes désirs, peut-être de ton coeur, à seul dessein qu’il batte aussi fort que le mien – que tu t’attaches à moi autant que j’avais le sentiment de l’être de ta personne – je gardais tant bien que mal le contrôle, de mon esprit et de mes sens. Ceux-ci au service de mes pensées, je tachais de percevoir, de ressentir le moindre petit signe de ta part. Ce que tu ressentais. Si sur la voie de la voie rechercher je m’engageais bel et bien. Je nous engageais. Alors, ces mains – ces paumes larges et chaudes – couvant précédemment le haut de mes bras, je ne pouvais ignorer leur cheminent. Celui-ci sous forme d’une douce descente, parcourant ces parcelles de mon corps où mon épiderme réagissait à la sensation de tes doigts, quand bien même tu n’appuyais pas. Un cheminement élisant mes reins comme point de chute, une étreinte qui me fit naturellement tendre le dos un peu plus droit. À moins que ce ne soit légèrement cambrée à hauteur de ta main. Mes sens aux aguets, mes yeux eux t’observaient. Ils ne manquèrent le signe de tes paupières s’abaissant sur les tiens. Pouvais-je me permettre d’y voir un gage de confort ? Peut-être même de plaisir ? J’ignorais tant du plaisir masculin, et tout ce que j’avais cru maitriser pour titiller le sujet s’était avéré vain. Faux, tout aussi faux que le reste de notre relation, que ces prétendues sentiments. Mais en cet instant, il n’avait place dans mon esprit. Bientôt, il ne devrait plus l’avoir du tout, et le plus tôt serait le mieux. Toute mon attention, toutes mes intentions te revenaient, toi que j’accrochais à un premier baiser, si léger. Et au retour de tes iris dans le monde de la lumière, je crus y déceler… De la curiosité peut-être ? Étais-je au moins parvenue à capter et attiser celle-ci ? Un premier pas pour te capturer.
Un second par le biais d’une facétie, te rappelant ainsi que je restais maitresse néanmoins. Te cacher un peu de cette addiction à ta personne qui semblait momentanément m’emplir avec plus d’ardeur que je ne l’avais jamais ressenti. Je savais que pour te plaire, et surtout ne pas trop vite de lasser, je ne devais me faire femme toute conquise. Quand je t’attirais à moi, tu pouvais néanmoins buter contre des barrières, à l’instar d’une créature en peluche immiscée entre nous deux. Peut-être fut-ce aussi une façon d’alléger la tension qui m’habitait. Celle provoquée par le stress de faire un faux pas, d’être ridicule, ou de paraître trop.. Trop quoi ? Je ne savais pas. Derrière mon assurance, je n’étais si sûre de cet instinct qui me dictait mots et gestes en ce moment face à toi. Le son de tes rires et moqueries si récurrentes, je les appréhendais tellement alors que je tachais de prendre sur moi pour me montrer un minimum… sensuelle ? Alors, si un cet instant face à ma duperie, ils résonnaient, je pourrais les entendre sans être piquée, déçue ou vexée. Mais tu ne le fis. Fut-ce toi qui fus déçu ? Il semblerait. Égoïstement cette idée me plaisait, ne serait-ce qu’un peu. Bien que j’aurais aimé aussi, voir ne serait-ce qu’un léger sourire sur tes lèvres se dessiner. Celui qui trahirait que mon souhait d’emporter quelque chose t’appartement te touchait. Car cette peluche, elle ne devait mon dévolu qu’au seul fait d’être tienne. Mascotte de ton jeu préféré me semblait-il, c’était un petit bout de toi que je ramènerais et garderais dans ma chambre avec moi. Mais peut-être était-ce là une façon de pensée féminine – enfantine ? – qu’un homme ne percevait pas. Néanmoins, si légère désillusion tu avais ressenti, je me devais de la panser. Plus important que cette peluche qui changerait prochainement de domicile, j’étais avec toi, momentanément face à moi. Toi que je t’étreignais de mes bras autour de ton cou. Toi dont les mains glissèrent à nouveau, se séparant afin de dessiner ma taille. À ce touché, je me contractais légèrement. Soupçonnais-tu l’appréhension d’une femme lorsque les mains de son homme la parcourait ? Celle qu’il y découvre une imperfection cachée. Ce sont sous les mains d’un petit ami que le corps se révèle jamais assez parfait. Alors, je me devais d’agir. De poursuivre mon entreprise sans vaciller, sans hésiter afin que tes sens non plus ne s’attarde trop sur ce touché. Envahir ton esprit afin d’assouvir à la fois mon désir, et aussi tester le tien. Parce que le désir d’appartenir allait de paire avec celui de posséder.
Alors, je te poussais au péché, t’incitais à fondre sur moi comme je brûlais que tu le fasses, derrière un masque en surface parfaitement serein. Tu en avais envie aussi, n’est-ce pas ? Si tes mains étaient encore descendues un peu plus tôt, je pouvais l’interpréter comme du désir, n’est-ce pas ? Aussi délicat fut-il, il n’avait besoin de se doter d’ardeur pour me faire plaisir. J’avais juste besoin de signes, même infimes, qui me prouvaient que Toi, tu me voulais. Bien sûr, je ne souhaitais que ton attraction ne se résume au charnel, mais j’en avais besoin aussi. J’étais cruelle et incertaine. À vouloir attiser un désir que je ne saurais combler. Je ne valais pas mieux que… je l’effaçais. Tu l’effaçais. Rapace qui s’exécutait fiévreusement à mon ordre soufflé sur la porte de tes lèvres. Ces dernières que tu scellais sans plus attendre sur les miennes. Cette victoire j’avais remporté. Enfin, j’obtenais réponse escomptée aux signaux envoyé à l’homme qui me plaisait. Mais de cette sensation, je me délectais pas tant que de celles que tu procurais à mes sens. Je fondais à tes lèvres. Je paniquais à ton ardeur. Délicieuse adrénaline qui ne me ferait plus fuir. Ce n’était comme si tu me laissais d’issue non plus. Loin de m’en affoler, au fond j’aimais. Je sentis le bas de mon dos rencontré le rebord de ton bureau, limite du recul que le renforcement de ta proximité avait engendré. À moins que tu ne l’eus fait exprès. C’était une possibilité à envisager d’autant plus par cette jambe que tu immisçais entre les miennes. Si tu ne m’embrassais, assurément aurais-je dégluti à ce rapprochement qui provoquait une étincelle à la naissance de mon intimité. Celle-ci dont tu reprochais jusqu’à y presser légèrement mais nettement ta jambe. En avais-tu conscience ? Est-ce que cela signifiait quelque chose pour toi ? Était-ce maitrisé ou bien un excès de naturel dans une attitude que bien trop rodée ? J’aurais pu mettre les freins. Une part de mon esprit le réclama, mais l’autre l’emportait. L’autre peu à peu renversée par l’attrait du péché. Grisée par cette sensation que tu me procurais. Aussi inquiétante qu’intrigante : affolante. Si seulement, je n’avais été crispée au point d’être incapable de te répondre…
Parce que j’ignorais les gestes, parce que mon esprit s’encombrait de bien trop de question pour laisser l’instinct parlé, je demeurais relativement figée. Mes mains hésitaient quant à savoir où se poser. Descendre sur tes bras ? Au contraire, remonter afin de glisser mes doigts dans tes cheveux ? Dans le doute, dans l’inconnu, j’optais finalement, maladroitement pour les deux. Ma main droite glissa sur ta nuque du bout de mes doigts jusqu’à ce que ceux ci atteignent ta chevelure dans laquelle ils s’immiscèrent un peu plus franchement, bien que délicatement. À son inverse, ma gauche quitta ton cou et caressa presque timidement le contour ton épaule jusqu’à se poser sur ton bras, sans te repousser. Bien au contraire. Je te laissais faire. Sans doute un peu trop. Sans doute aimerais-tu plus de répondant, plus de signes de ma part, mais je ne pouvais t’accorder que les réponses instinctives de mon corps aux effets que tu le procurais. À l’instar de mon abdomen se contractant, si tu le ressentais. Mes cuisses qui se resserraient sur ta jambe intrusive, captive. À l’instar de ma tête basculant légèrement sur le côté tandis que la peau de mon visage tu couvrais de quelqu’attentions accordées de tes lèvres. À chacun d’entre eux, un infime et grisant courant électrique tu me causais. Mon échine se dressait tout autant que mon dos se tortillait, tantôt tendu, tantôt complètement délassé, au gré de la ribambelle de baiser dont tu me gratifiais ? M’infligeais ? C’état un bien délicieux supplice. Le frisson de mon épiderme exposé après qui tu en aies repoussé les vêtements qui le couvrait. Je déglutissais, d’aise et de stress. Lorsqu’entre deux doigts tu pinças la bretelle de mon sous-vêtement, mon coeur s’arrêta. Brièvement avant d’être relancé d’autant plus ardemment. Devrais-je t’arrêter ? Jusqu’où comptais-tu aller dans cette déferlante de caresses offertes par tes lèvres ? À partir d’où souhaitais-je que tu t’arrêtes ? Car indéniablement, je ne voulais que tu cesses. Pas tout de suite, pas encore. Je découvrais le plaisir frissonnant d’un baiser déposé sur l’épaule. Je m’en pinçais les lèvres. Non pas tant par contenu d’un désir devenu trop brûlant, mais par émotion. Cet ultime baiser que tu semblais vouloir m’accorder, j’avais l’impression d’en ressentir toute la tendresse et la sensualité à la fois. Je découvrais à quel point j’avais été privé de tout cela.
En proie à de troublantes émotions, je remarquais à peine la chaleur de mes vêtements revenue sur mes épaules. Sans doute parce qu’elle ne valait celle de ton souffle. Ce fut d’ailleurs celui-ci qui provoqua l’ouverture de mes paupières précédemment closes afin de mieux me laisser emporter par l’exaltation que tu m’offrais. À la sensation de son retour au creux de mon cou, tu m’arrachais un énième frisson. Je sursautais aussi légèrement, les yeux grands ouverts, à te sentir engouffrer ton visage ainsi, mais plus encore à t’entendre murmurer ces mots d’excuse. Pourquoi ? Jugeais-tu t’être emporté plus que je ne t’en autorisais ? Parce que je n’avais su répondre à tes attentions ? Pourtant, j’étais indéniablement celle qui avait provoqué ton ardeur. Si précédemment j’avais été surprise, présentement, je n’avais la légitimité de t’accuser d’excès. Ou fut-ce de tes pensées dont tu t’excusais ? Tu aimais ce corps, je le comprenais, mais un doute persistait : parce qu’il était le mien ou simplement celui d’une femme ? Le coeur soudainement en suspend, la raison de cette excuse, je l’attendais autant que je l’appréhendais. Lorsque ta main la quitta mon épaule se sentit plus dénudée que nul instant auparavant. Préambule d’une chute dans le vide : toi aussi. À ces seuls mots, mon corps se meurtrit. Ce n’était cette fois, pas la comparaison à une autre qui me blessait mais bien l’évocation et la révélation de la persistance d’une autre. Quelqu’un que tu n’avais oublié. Quelqu’un qui éprouvait la même curiosité sincère à ton égard que la mienne. Quelqu’un que tu avais aimé, et peut-être aimais-tu encore… Qui étais-je pour te jeter la pierre, moi qui quelques semaines auparavant était encore fiancée ? Nous avions tous les deux un passé… Et c’était bien le plus difficile à accepter. Qu’elles ne furent que des passades ou de profondes histoires sentimentales, la pensée de chacune d’entre elles, aussi factice fut-elle, m’affectait. Parce que je n’y étais habituée. Je n’étais la première, et tu ne me souhaitais comme la dernière. Sans doute était-ce normal, sans doute était-ce plus sain et réaliste, mais il me faudrait du temps pour me faire à cette idée. Tout comme il semblait t’en valoir pour m’accepter sérieusement, pour accepter de m’accorder cette place visiblement jusqu’alors fermement réservée à un amour passé. Si un jour, tu parvenais à l’envisager, ce qui n’était encore le cas, tu l’avouais.
Deux mots. Deux mots et le cortège qui les accompagnaient avait suffi pour faire retomber la fièvre. Si désormais, un frisson me saisissait, il n’était plus que conséquence de la forte et radicale chute de ma température corporelle. Pas même la présence de ton visage enfouie dans ma chevelure, ton souffle sur mon cou ne suffisait à rallumer un brasier brusquement éteint. Au contraire, je te suppliais intérieurement de quitter ce refuge dont je n’avais ni la force ni la vigueur de te déloger. Tu me torturais. À présent, tu étais celui qui faisait preuve de cruauté. Peut-être l’avais-je mérité, mais je doutais que celle que je t’eus précédemment infligée soit aussi douloureuse et insoutenable. Mes yeux se fermèrent pour surmonter. Encaisser sans autoriser une larme à se déverser. Probablement ne soupçonnais-tu pas à quel point j’aimais, ou tes baisers, ou tes caresses soufflées, rien que la sensation de la chaleur se dégageant de ta personne sur cette partie de mon corps que tu avais choisi pour trouver ce qui ressemblait un refuge apaisant et confortable pour toi. Il ne l’était pour moi. Tu exaltais mes sens en prononçant des mots qui me blessaient. J’étais prisonnière. Je ne voulais de cette place secondaire que tu m’accordais, mais je ne voulais pas partir non plus. J’étais une princesse qui n’avait toujours connu que le trône de la reine, alors ne représenter que ça pour toi… Tu en avais le droit. Qu’une autre eut déjà détenu et peut-être détienne encore la place de souveraine à tes yeux, au fond, ce n’était en rien surprenant. Que jamais je ne l’égalerais, je devrais apprendre à faire avec… À moins de me battre avec hargne pour enfin l’effacer. Cette reine du passé, devrais-je la détrôner ? Et tandis que je ravivais cette flamme d’orgueil dans mes pensées, soudainement, tu soufflais sur le brasier. Si tout d’abord, tu le fis vaciller, ce fut ensuite que pour mieux l’amplifier. C’était vraiment sexy. Je sursautais. Mon coeur s’emballait. La chaleur enflammait mes joues tandis qu’un sourire fière mais intimidée se dessinait sur mes lèvres. Et ce feu, tu l’agrémentais à nouveau de frissons. Mes muscles se contractèrent légèrement dans l’attente, celle de savoir ce qui suivrait après avoir senti ton visage se rapprochait, le point de ton nez m’effleurer. Allais-tu m’embrasser ? Mon corps réclamait après de nouvelles attentions de tes lèvres. J’en oubliais déjà ma blessante déception. Tu avais un terrible pouvoir sur moi.
Mon corps à nouveau réceptif et alerte à tous tes signaux, autant qu’impatient à la perspective que tu lui témoignes ton engouement pour lui derechef, je ne manquais de remarquer cette pression persistante à hauteur de nos jambes. Si mes cuisses avaient desserrées leur emprise avec la brutale désillusion, la tienne n’avait quitté son logis. Et elle ne semblait être seule à causer un contact… Mais sur cette sensation je n’eus guère le temps de m’attarder que tes mots m’en détournaient, me surprenaient. D’une part, je m’étonnais de leur soudaineté, comme sorti de nulle part. Puis, je les supposais comme une suite de tes dire précédents. Peut-être ceux que tu n’avais osé prononcé. Ceux que tu avais essayé d’évincer et museler en détournant le sujet par ces mots qui m’avaient tant ravi. Mais alors, étaient-ils vrais ou seulement diversion à une discussion que tu relançais pourtant de toi-même. Devais-je y voir une volonté de sincérité de ta part ? Et je t’écoutais. Car d’autre part, en effet, c’était par leur contenu que j’avais été décontenancée. Un aveu, un aveu douloureux car je ressentie une vague de peine pour toi. Pourquoi me disais-tu cela ? Pourquoi ressentais-tu cela ? Une telle détresse, une telle solitude tel que le fond en écho de ces mots résonnait à mes oreilles, ne correspondait à l’image que tu dégageais. Et je le réalisais : je ne te connaissais. Maintes fois je t’avais jugé, sans te connaitre. Sans rien savoir de qui tu étais vraiment, et désormais, j’aspirais à le découvrir : qui est Woo Haneul ? Un jeune homme éclatant de beauté, agaçant d’assurance et désespérant d’immaturité, mais aussi un jeune homme effrayé. À cet aveu, je ne m’attendais. Je ne le soupçonnais. De quoi pouvais-tu avoir ainsi peur ? Pourquoi me le confesser présentement ? Bien que dans l’ignorance encore de toutes réponses, bien que perdue dans un brouillard opaque, je sentis mon instinct me pousser à te rassurer. Sans savoir comment je le pourrais. Alors, mes mains qui s’étaient précédemment déposées sur tes bras lorsque ton visage était venu se cacher dans ma chevelure, entreprirent de les remonter. Dans mon intention de t’enlacer, te serrer dans mes bras une fois les miens à hauteur de tes épaules, tu me devanças. Ce furent les tiens les premiers à entourer ma taille. J’hésitais. Incertaine quant aux gestes adéquats. Quant à savoir ce dont la suite de tes propos serait faite. Finalement, mes mains se posèrent tout d’abord timidement derrière tes épaules. J’écoutais tes mots balbutiants. Ceux-ci ravivant la plaie creusée quelques instants auparavant. Mais là encore, je ne pouvais t’en vouloir. J’avais encore ce fiancé dans le coeur, un peu, alors qui serais-je pour te reprocher un amour inoubliable. Et dont j’ignorais tout. Pourquoi avais-tu peur ? T’interdisais-tu que sa place puisse être un jour prise par une autre ? Pour cette raison que tu te montrais toujours si insouciant ? Qu’avec les filles tu ne faisais que flirter ? Prendre du bon temps brièvement ? Si tu tenais encore tant à elle, pourquoi l’avais-tu perdu ? Et si… Une histoire tragique se cacherait-elle derrière ce coeur sans attache et libre comme l’air ? Tout s’expliquerait. Mais alors, voudrais-je toujours la combattre ? N’existait-il de pire rivale qu’un fantôme ? Je ne savais plus. Mon coeur en berne affaiblissait mes muscles qui en conséquence réclamaient à laisser retomber mes bras dans le vide. Mais ce même coeur refusait de d’ôter son soutien. Alors, il luttait, contre lui-même. Il battait pour apporter la vigueur dont je nécessitais pour entamer d’entretenir et resserrer encore un peu plus cette étreinte. Jusqu’à ce que je tombe des nues…
Ce fut bien inconsciemment et malgré moi que mes bras tombèrent finalement et soudainement dans le vide alors qu’à mes oreilles résonnaient le mot jouet. Je n’étais certaine de comprendre mais il semblerait que toutes mes hypothèses s’effondraient. À l’exception d’une seule qui persistait : tu avais aimé. Tu avais aimé une fille qui vraisemblablement t’avait manipulé, brisé. Cette fois, je ne me trompais ? J’avais du mal à le concevoir. Ce scénario renversait les rôles que je t’avais attribué par préjugé, durant des mois, depuis notre rencontre, jusqu’à aujourd’hui encore. Je ne te lavais pour autant de tout soupçon. Au contraire, probablement, n’avais-tu fait que rendre ce qui t’avait été infligé. Le cercle infernal de la vengeance humaine dans le vain espoir d’apaiser sa peine. Cette fille qui me hantait dès l’instant où tes aveux tu avais entamé, à présent, je la détestais. Parce qu’en plus de t’avoir fait souffrir, elle sévissait encore sur ton coeur. Parce que j’ignorais le temps depuis lequel vous vous étiez séparés, mais que son souvenir persistait encore. Je la jalousais. Elle n’était qu’une garce ayant piétiné ton amour, mais c’était toujours à elle qu’il revenait. Ou du moins avec son nom qu’il rimait encore dans ton esprit. Au plus profond, elle t’avait marqué. Alors, elle avait fait de toi, un temps, tout ce que je détestais. Si les circonstances ne nous y avaient aidé, j’aurais pu ne jamais découvrir ce visage qu’à présent je te connaissais, encore qu’en surface mais qui peu à peu se dévoilait. Celui qui me plaisait. Celui pour lequel j’étais tombée, bien plus que pour ta beauté. Cette personnalité de l’homme que je voulais consoler, car la peur et la détresse ne te sciait. Tu étais un homme qui souriait, toujours, même bêtement, même agaçant. Il me plaisait cet idiot qui rayonnait.
Et parce que je voulais le voir briller à nouveau, en commençant par le consoler s’il le fallait, mes bras se frayèrent un chemin sous les tiens afin de t’atteindre à nouveau. De pouvoir s’enrouler cette fois autour de ton torse à mon tour. Cependant, mes mains s’arrêtèrent en chemin avant que mes doigts ne parviennent à se rejoindre dans ton dos. Cet énième aveu, je ne sus comment l’interpréter. Était-il touchant car gage que tu serais prêt à envisager de m’accorder une place presque semblable à celle qui fut ta reine ? Etait-il blessant car tu me comparais à elle. Non, tu me supposais capable d’être aussi vile qu’elle. Alors, forcément j’en fus vexée. J’aurais bien eu envie de te repousser si tes bras ne m’avaient pas sembler si fermement verrouillés autour de moi. Une force de ton étreinte qui m’amenait à réflexion. Si tu ne m’avais confiance, jamais tu n’aurais pu confesser tous ces maux. À cette pensée, mon coeur se radoucissait. Je n’avais à m’emporter. Tout au contraire, n’était-ce pas maintenant que commençait vraiment mon devoir te rassurer ? Car dans une relation de couple, l’homme n’était pas le seul à avoir des devoirs envers la femme. Si tu étais là pour me protéger, j’étais là pour te panser. De quoi nous rappeler certains personnages d’un jeu que tu affectionnais. Sur mes lèvres, un tendre sourire se dessinait. Renonçant à leur étreinte, mes bras se reculèrent jusqu’à poser mes mains sur tes biceps où elles exercèrent une légère pression. Je savais cette force insuffisante pour t’obliger à reculer, mais je ne voulais te donner le sentiment de te repoussais. Non ce que je voulais : « Regarde-moi, s’il le plait, » te dis-je avec douceur. Je voulais voir ton visage, tout comme toi tu puisses te plonger dans mes yeux afin de t’aider à croire en ma sincérité.
Dès lors que tu m’offris un peu de recul et de liberté de mouvement, je te délestais de mon attention un instant. Juste le temps de jeter un regard par-dessus mon épaule sur ton bureau afin de m’assurer d’un monceau de surface vide sur laquelle m’asseoir en me misant d’un léger et preste bond. Mon intention eut été de gagner quelques centimètres afin de me hisser un peu plus à ta hauteur. Afin de te dominer, non pas pour asseoir mon ascendant mais appuyer mon souhait de te rassurer. Force était de constater mon entreprise vaine puisqu’inexorablement, je me retrouvais toujours à devoir lever le nez pour que ton visage entre dans mon champ de vision. Aussitôt assise, je te témoignais néanmoins de mon intention te garder auprès de moi, par le biais de cette jambe, à nouveau captive des miennes, par derrière laquelle, de la droite enroulée, je t’attirais tandis que mes mains glissaient sur tes avants bras cette fois. « Tu crois que je suis fille à jouer ? » demandais-je en te regardant droit dans les yeux. Si mon expression se faisait sereine, ma voix n’avait pu empêcher une petite note aiguë sur la fin de trahir comme cette pensée m’affectait. Mais ce n’était de culpabilité dont je voulais t’accabler. Ta peur, je souhaitais la dissiper. « Je veux dire, oui, jouer comme avec la peluche ou pour te taquiner, mais… » À ces mots, mon regard s’était détourné brièvement en direction du fameux pachimari avant de te revenir prestement, afin que surtout, tu n’y vois la moindre tentative de me défiler. Je voulais vraiment que sur ces mots, tu sondes mon âme pour comprendre à quel point, je ne disais que vérité. Quitte à me mettre à nue plus que je ne le reconnaissais habituellement : « Aussi méchante, hautaine, méprisante et j’en passe que j’ai pu être par le passé, dans mon enfance et mon adolescence, jamais, je ne me suis jouée d’un coeur, je n’ai piétiné des sentiments… » J’étais loin d’être un ange comme tu m’avais précédemment qualifiée. Et en apprenant à vivre ici, parfois j’avais regardé le passé avec honte et culpabilité. Je n’étais plus si fière d’avoir été une princesse pourrie gâtée au-dessus de tout et tout le monde. Cependant, j’avais cette conscience pour moi. Parce que l’amour, je l’avais toujours respecté. Parce que j’en avais rêvé. « Et parce que je connais la douleur de la trahison, la désillusion d’une rupture, je… » Je n’avais pas eu l’âme noire au point d’abattre mon courroux sur des innocents, pas de cette façon en tout cas. Mais surtout, à ces mots, j’eus conscience de la situation dans laquelle tu te trouvais. Des doutes qui peut-être te hantaient. « Je ne suis pas avec toi pour tourner la page au plus vite. Je ne me sers pas de toi pour me venger ou me consoler ou que sais-je ! » m’empressais-je t’assurer sans qu’un instant mes yeux n’eurent cillé. Pas même alors que mes mains avaient quittés tes bras pour venir chercher les tiennes. « Au contraire, je ne sais même si j’ai le droit.» Ce fut qu’à cet instant que mon regard flancha. Mon visage retomba non pas pour te masquer mes traits mais par réflexe inconscient sous le poids de ma culpabilité. « Tout est allé si vite, nous nous sommes laissés emportés par les évènements, par… les sentiments, je crois ? » Une hésitation et avant d’émettre le choix de ses mots, ma tête j’avais redressé. Cette fois c’était ton regard que je voulais consulter afin de savoir si je ne me trompais. Si ce terme, toi aussi, tu l’approuvais. Tu l’emploierais à ce que nous concernait. Par tes aveux, je pouvais croire désormais que c’était sincèrement plus que mon seul corps qui t’intéressait. « Cependant, je ne souhaite en rien faire machine arrière. Je… » De mes pouces, je caressais le dos de tes mains sur lesquelles mon regard était redescendu. N’étions arrivé à un embranchement ? Si nous décidions de continuer à avancer, nous ne ferons que nous exposer à de plus dangereuses blessures, si l’un décevait l’autre. Si l’un trahissait l’autre. Parce que l’aveu de ta peur en avait fait renaître une autre chez moi. « Si… Si je parviens à effacer ta peur alors, est-ce que… » Je déglutis. Je savais que cette question, c’était aussi dans les yeux que je devais te la poser, alors ma force je rassemblais avant que mes iris ne s’emparent des tiens encore une fois. « Est-ce que tu pourrais te satisfaire d’une seule femme ? » La gorge nouée j’avais néanmoins réussi à la prononcer sans balbutier. Un effort, que je ne réussis parfaitement à réitérer : « Si tu as confiance en moi, tu pourras rester avec moi sans que… tu n’aies le besoin et l’envie de t’éparpiller ? » Car, puisque tu avais peur du revers des sentiments, ne risquais-tu pas t’enfuir dès lors que tu te sentirais dépassé par ces derniers ? Mais moi, si je t’ouvrais mon coeur pour te rassurer, si je laissais s’envoler allègrement chaque fois que le tien battait pour l’une de mes intentions, je risquais de m’attacher. Trop m’attacher. D’un attachement qui ne pourrait me supporter l’infidélité. Si nos sentiments nous conduisaient sur un chemin si passionné, moi non plus, je n’étais pas certaine de m’en relever, encore une fois.
Ce comportement frivole que tu semblais avoir adopté depuis qu’une femme t’avait blessé, pourrais-tu l’enrayer désormais ? Je comprenais que peut-être, au fond, tu n’étais pas tant un dragueur instable. Que peut-être tu n’avais cherché qu’à oublier et te protéger, mais pourrais-tu te défaire de ce mode de vie ? J’étais prête à beaucoup te donner, au seul prix de ta fidélité. « Si oui… » Ma voix se fit encore un peu plus hésitante, perdant vraiment de toute son assurance et sérénité dont elle se parait encore au début de ma prise de parole. J’en déglutis d’ailleurs avant de pouvoir en prononcer davantage. Ma main gauche libéra ta droite pour aller se déposer sur ta hanche, afin d’essayer d’appuyer, peut-être aiguiller ce que je n’étais guère adroite à évoquer : « Est-ce que… Est-ce que je peux… dois ? … peux, faire quelque chose pour t’aider ? » Je déglutis derechef, faisant référence à cette bosse déformant ton pantalon contre ma jambe depuis toute l’heure. Celle que je n’avais relevé mais bien remarqué. Celle que mes yeux préféraient éviter, n’ayant pas lâché les tiens, rochers couleur chocolat auxquels me raccrocher afin de ne pas être emportée par la houle de l’embarras. Mais avant que tu ne répondes, quelque soit ta réponse, quoiqu’elle implique comme gestes ensuite de ma part, je tenais spontanément à ajouter ceci, après être venue récupérer ta main et entrelacer nos dix doigts chacun. « Je suis vraiment heureuse que tu sois mon petit ami, » t’affirmais-je avec une légèreté retrouvée dans le coeur grâce à ce seul aveu. Sur mes lèvres, un irrépressible sourire s’étirait. J’irais pourquoi mais je sentais mon visage recouvrir de son éclat radieux. Sans doute parce que la surprise passée, je me rendais compte à quel point, tu venais de t’ouvrir à moi. Et à quel point, je tenais à toi. Mais en cela, j’étais ton opposé. Il semblerait que ma peur des conséquences ne parvenait à l’emporter sur la félicité de mon coeur amouraché. Et puis, je l’avais dit, tu étais bien mon petit ami. Je voulais te garder parce que tu m’apportais tant de choses que j’ignorais avant toi. Parce que ton coeur qui s’ouvrait à moi n’avait de prix. J’étais prête à passer un premier cap, charnel, s’il le fallait, ce soir, avec toi, pour toi. À présent, nous avions dévoiler tous les deux de notre vulnérabilité. Nous nous étions attachés. Et cette position où tu dominais ne me dérangeait, au contraire même, je l’aimais. De mes yeux relevés en direction de tes traits, je te regardais. Je t’admirais. Toi que la nature avait doté d’une si rare beauté. « Même si…. Je devrais peut-être m’inquiéter que tu sois presque plus beau que moi. » Un instant, je feins une moue boudeuse avant que mes traits ne se radoucissent. Que mes paupières ne s’abaissent sur mes iris et que de mon visage relevé vers le tien, tu comprennes ce silencieux appel à m’embrasser. Quand bien même, je m’attendais plus à une facétie de ta part plus qu’à sentir mon souhait exaucé…
(c) DΛNDELION
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Re: Tonight ☽ #HARAღ | Dim 2 Fév - 20:27 Citer EditerSupprimer
Tonight ☽
I know that I can't sleep tonight
I know that I can't sleep tonight
Perfect HaRa
«I’m dreaming
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
With a fluttering heart
I’m looking at you
With a pounding heart, without knowing
Like today
A white star came down into my heart
It’s floating and shining in your eyes »
Parfois, la scène se rejouait devant mes yeux. Le froid mordant d’Harbin. Les rues bien connues que je foulais. La porte en bois massif longée de deux longs carreaux épais en guise d’entrée. Cet homme brun plus âgé qui devait être étudiant. Et elle. Ses yeux clairs qui, jamais, n’avaient su briller d’amour à mon égard. Sa chevelure dorée attachée lascivement… Et enfin moi. Moi le garçon stupide et aveugle. Celui à qui on fermait la porte au nez froidement. L’idiot qui avait cru pendant deux longues années en un amour artificiel. Superficiel. Cette image c’était les semaines suivantes notre rupture qu’elles avaient le plus sévit, comme un étrange rêve duquel je m’étais réveillé tout d’un coup sans savoir où je me trouvais. Et des questions je m’en étais posé; un nombre incalculable, au contenu parfois totalement stupide. Puis... les mois s’enchaînaient et peu à peu, tout avait fini par disparaître. Alors je les pensais effacés à tous jamais ces souvenirs, disparus pour ne jamais revenir, un contrôle z naturel qui avait annulé l’écriture de ce chapitre dans ma vie. J’aurais tant aimé... Blotti à hauteur de ton cou, protégé par ta chevelure ambrée et la courbe de ta mâchoire je prenais enfin conscience que jamais je n’avais oublié. Un instant et tout se rejouait une nouvelle fois en accéléré après tant de temps. Depuis le premier jour jusqu’au dernier, tous ses sourires, tous ses gestes, ces foutaises sans sincérité. Alors non... Non! Je ne voulais pas reculer. Je ne voulais pas croiser ton regard. Je ne voulais pas te lâcher! Je refusais... Après t’avoir dit tout ça… Quel regard allais-tu me jeter? Quels mots allais-tu formuler? Seulement une quinzaine de jours et voilà déjà que je tremblais à l’idée de m’être attaché, seul, comme un abruti une fois de plus. J’avais tellement peur. Je n’étais, ni plus ni moins, qu’un enfant pleurnichard accroché à sa peluche après avoir cru qu’un monstre se trouvait sous son lit. Malgré le doux timbre de voix dont tu faisais preuve, malgré tes doigts sur mes bras et ces étreintes auxquelles tu avais répondu; je ne parvenais à apaiser le déluge. Telle une avalanche j’étais enseveli brutalement par toutes ces craintes et n’avait aucun moyen d’en ressortir vivant. Plongé dans la pénombre, mon coeur chancelait. Oublié depuis si longtemps, persuadé d’être condamné à dépérir encore des années il ne s’attendait à entendre un écho se profiler au loin. La flamme de l’espoir se ravivait et, bien que faible, bien que fébrile et même incertain de ce qui arriverait s’il y répondait: il me faisait signe. Le signe de reculer. Rien qu’un pas. Un tout petit pas en arrière... Que ferais-tu si je ferais ce pas? Je n’étais obligé de te lâcher après tout… Quel regard me jetterais-tu? Depuis tout ce temps je m’étais bercé de réponses par moi-même mais cette fois était différente pas vrai? Cette fois, ces questions, tu y apporterait une réponse n’est-ce pas? Je n’avais à les fabriquer ou les trouver de moi-même, un pas, rien qu’un et je les aurais. Elles étaient si proche et pourtant j’eus le sentiment de crouler au moment où je soulevais mon pied du sol pour le déposer plus loin. Mon étreinte se défaisait malhabilement sans que jamais, à aucun instant, je ne veuille rompre le contact physique. Posées sur ta taille, mes mains ne se décollaient dès lors plus. Mon regard lui… Il n’osait s’élever vers le tien. Encore un petit instant. Une petite seconde durant laquelle je rassemblais le peu de courage qu’il m’était donné d’avoir en cet instant. Un battement puis deux et enfin, mes iris se mouvaient en direction de ton visage. Et tu le détournais. Tu regardais ailleurs sans m’apporter réponses. Un instant le baromètre de la peur s’affolait, le suivant c’était l’incompréhension qui régnait. Mais que faisais-tu?
Malgré la fuite de ton regard momentanée, tu ne partais. Tout au contraire, tu.. t’installais? Assise au milieu de tout ce matériel informatique coûteux, m’apparaissait alors la vague impression que tu souhaitais purement et simplement être mieux lotie pour poursuivre cette conversation. Avais-je tort? De ta taille à tes cuisses, mes mains n’osaient revenir à leur place initiale. Cette distance créée me gênait sans que je ne sois capable de la rompre. Une statue. J’étais devenu un instant une statue. Incapable de réfléchir, incapable de me mouvoir, tu m’y força pourtant. D’un geste de ta jambe droite à destination de la mienne détenue prisonnière, tu m’attirais à toi. Maladroitement mes pieds se mouvaient pour ne pas tomber et je te revenais de plus belle sans pour autant avoir la possibilité de me blottir contre toi. Mes iris se déposaient sur ces mains effleurant mon sweat en guise de point d’ancrage. De douces caresses qui, pourtant, n’arrivaient à m’apaiser. Ma seule crainte effacée était celle que tu t’enfuirais une fois que j’aurais reculé, tu ne l’avais fait. Tout au contraire, mais à présent? Qu’allait-il se passer? Qu’allais-tu me dire? Inlassablement, mon regard suivait le mouvement de tes doigts, de chacun de tes gestes, avec une précision sans faille avant de s’élever spontanément en direction de tes pupilles dès lors que ta voix me parvenait. A ta question, la réponse instinctive était négative. Evidemment que non. C’était bien parce que j’étais certain de cela que j’avais entraperçu la possibilité de t’offrir une chance. Je me suis faiblement laissé séduire par la possibilité que tu serais différente et jusqu’à présent tu l’avais toujours été. A maintes reprises, tu me l’avais prouvé; tu n’étais comme elle. Tu en étais loin. Seul ton désir de m’embêter avec ce pachimari comme tu en faisais la mention en était une preuve à lui seul, un jeu innocent, enfantin mais pourtant loin d’être anodin. J’observais la peluche avec une tendresse infinie un instant, me souvenant de cette demande surprise de ta part mais également du sourire qui l’avait accompagné. Tu te plaisais à me jouer des tours tout autant que je pouvais l’apprécier. L’un comme l’autre, c’était un passe-temps dont nous ne pouvions nous passer.. pas vrai? A cette interrogation muette, mon attention te revenait de nouveau tandis que tu poursuivais. Tandis que tu m’apprenais comme tu avais pu être dans le passé. Un comportement que je n’arrivais à t’imaginer. Oh tu avais su être piquante avec moi, parfois froide, parfois blessante; je ne pouvais que le reconnaître. Mais n’était-ce parce que tu me détestais? Je peinais, sincèrement, à envisager qu’un jour tu puisse avoir été ainsi avec tout le monde. Quand bien même ce type offert en amuse-gueule aux crocodiles ne devait être de cet avis…
Lèvres closes, je gardais silence face à ton récit que je savais cependant apprécier; probablement plus que tu ne pouvais même l’imaginer. J’étais homme à aimer communiquer avec ma copine, de ceux qui se plaisaient à passer une soirée telle que celle-ci. Quand bien même des sujets plus légers et joyeux n’auraient été superflus pour cette nuit ensemble… Et je regrettais d’ailleurs que la discussion ait pu prendre une telle tournure. De nous deux, n’étais-tu celle qui avait souffert la dernière? Celle qui, encore actuellement, souffrait d’une rupture? Je n’avais le droit d’évoquer mes peurs ainsi, les tiennes j’aurais dûes rassurer au préalable. J’étais égoïste. Etait-ce la raison l’ayant poussé à me jeter? Un instant de doute et un sursaut me pris. Avais-je déjà envisager que tu m’eus considéré comme pansement après ta rupture? Je mentirais si je répondais que non. Évidemment, aussi vite après avoir rompu et déjà avec un autre homme… Ou c’était cela ou tu rebondissais extrêmement bien après ta rupture. Sans doute puisque tu en étais l’initiatrice tout ceci était plus simple pour toi? Je ne savais, néanmoins, t’entendre le réfuter revêtait un aspect quelque peu apaisant. Que des angoisses inavouées soient pansées instinctivement par l’autre, c’était là un sentiment si doux que je découvrais grâce à toi. Mes lèvres dessinait l’ébauche d’un sourire à cette pensée avant qu’il ne soit gommé par ton aveu. Si tu avais le droit? Pourquoi n’aurais-tu le droit d’être avec moi? Etait-ce moi ou n’importe quel autre susciterait cette même pensée? .. N’importe quel autre aurait-il pu créer une telle situation de façon si abrupte? Toi-même ne manquait de le préciser, tout s’était enchaîné bien trop vite, les événements, les sentiments, avant que notre esprit comprenne même… Les sentiments? A cette idée mon regard s’éveillait, comme tiré de son coma peiné pour celui de la surprise. Tu… Tu avais des sentiments pour moi? Aussi tôt? Aussi… aussi vite? Pourquoi? Et je le voyais, ce regard sondant mes pupilles. Que cherchais-tu? La trace d’une réponse? Je.. Je ne savais. Je ne savais tout en étant incapable de faire l’ignorant plus longtemps. Si je te parlais ainsi, si je m’ouvrais tant à toi, si je te désirais tant et si j’avais tant peur… N’était-ce parce que déjà trop épris? Si avec l’une la séparation fut brutale, avec toi c’était le début qui l’était. Nous n’avions commencer à sortir ensemble officiellement que quelques minutes auparavant et déjà tu parlais de sentiments?! C’était… C’était normal? Anormal? Possiblement normal… Si tu ne m’aimais, tu ne sortirais avec moi… Les deux étaient liés. Idiot. J’étais idiot. Comment pouvais-je avoir un aussi bon QI aux examens lorsque je me surprenais d’apprendre que ma petite-amie m’aimait? Cependant… ne devais-je répondre? Si un premier pas tu effectuais, ne devais-je faire le deuxième? Comme une danse, une valse, que nous effectuons au gré de la conversation… que tu poursuivais. Tu n’attendais de réponses.
Si je n’attendais de preuve de ton amour envers moi, si je me contentais de peu; de ton côté tu ne semblais même t’attendre à entendre ces mots passer mes lèvres. Devais-je m’en contenter? N’avais-tu besoin de les entendre? Alors que tu m’avouais ton désir de continuer malgré la précipitation dont nous avions fait preuve, dans mon esprit tournait et se retournait l’idée de t’avouer mes sentiments. L’idée… L’idée m’effrayait. L’idée me donnait envie de fuir. Loin. Très loin. Busan n’était même assez loin. San Francisco. Los Angeles. Non, la Lune! Mais si j’y migrais, n’allais-tu m'apercevoir toutes les nuits? Alors non. Quelque chose comme... pluton. Pluton se trouvant à presque six milliards de kilomètres, c’était bien assez loin pour me réfugier quelques années en ermite après un tel aveu. Peut-être trop loin d’ailleurs… Te pousser dans ta chambre était suffisant. Bien suffisant oui. Quoi que… M’envelopper dans ma couette pendant cinq minutes était tout aussi efficace en réalité. Dans ma tête commençait alors un récital de ces trois mêmes mots: je t’aime. Plusieurs intonations différentes pour juger de la meilleure, mais également le simple fait de l’entendre après ne l’avoir formulé depuis si longtemps m’aidait à m’y habitué. C’était étrange. Si tout nouveau mot nous apprenions ou qu’un ancien nous réutilisions, cette impression n’était; alors qu’avec ces mots “je t’aime”, tout devenait bizarre. Pas encore prêt à formuler l’idée à haute voix, tu coupait court à mon entraînement d’une question que j’entendais d’une oreille seulement. Une seule femme? Nos regards entremêlés se détachaient brusquement tandis que je ne savais exactement ce que tu venais de dire. M’aidant involontairement, tu répétas celle-ci d’une tout autre façon. Et j’en étais… estomaqué. Pensais-tu que j’allais voir ailleurs?! Ou, envisageais-tu une éventualité seulement mais qui, déjà, était quelque peu insultante? J’étais un connard… Me pensais-tu toujours ainsi? Au moins une partie de toi, me voyait-elle encore de cette façon? Tu savais pourtant combien j’étais idiot. Ne pouvais-tu te dire que, si une autre je voyais, alors vos noms je finirais par confondre? Vos propos je mélangerais comme un bleu? Mais aussi tous les moments partagés? Je ne savais gérer deux femmes à la fois quand bien même j’en aurais le désir, tout comme je ne savais mentir; alors comment pouvais-tu penser ainsi? Et pourquoi commençais-tu ta phrase suivante par “si”? Ce n’était “si”! Pourtant soudainement, j’acceptais l’utilisation de ce “si” dans ta phrase. La suite de celle-ci… se dessinait dans mon esprit. Bien trop vite. Bien trop violemment. Je n’étais prêt à ça. C’était trop tôt. Ton ex l’avait peut-être fait mais moi je ne le pouvais. Pas comme ça, pas aussi vite, pas… pas venant de toi! C’était à l’homme de le faire, la femme, elle, devait seulement dire… Mais de quoi parlais-tu? Et quoi pensais-je. M’aider? Tel un canidé, ma tête s’inclinait faiblement sur le côté, perdu. Aurais-je eu le moyen d’élever mes oreilles à leur instar que je ne m’en serais privé.. Je ne savais de quoi tu parlais. Le fil de tes pensées s’emmêlait dans mon esprit et je ne parvenais à le lisser pour en trouver le cheminement. Pas même ta main déposée sur ma hanche ne guidait la liste des possibilités.Probablement car je peinais à t’imaginer faire une telle proposition? Etait-ce une aide importante dont tu faisais l’évocation? Seule et unique idée naissant dans mon esprit, tu changea pourtant soudainement de sujet, à croire que tu appréciais passer du coq à l’âne sans prévention aucune. Et pourtant, une fois encore, il toucha sa cible.
Tu étais heureuse que je sois ton petit-ami… Tu étais… Ces mots, ils se répétaient comme un disque rayé dans mon esprit. Encore et encore. Inlassablement. Ton sourire s’imprimait sur mes rétines, se diffusait jusqu’à ma mémoire à laquelle il se greffait. Tu étais heureuse. Avec moi. Tu… Mon esprit venait-il tout juste de court-circuité? Je ne savais même si je respirais encore. Je devais avoir stoppé toute fonction momentanément. Rêvais-je? Je devais m’être endormi sur le bureau pendant que je réfléchissais à ce programme pour les cours. Mais pourquoi un tel rêve? D’ordinaire, si de ta personne je rêvais, tout était toujours plus… Plus sensuel. Plus sexuel. Alors pourquoi tout était si romantique cette fois? Et pourquoi Jethro et Mingyun étaient là eux aussi? Je ne rêvais pas… Tu venais, en quelques instants, de m’avouer tes sentiments et ton bonheur de m’avoir à tes côtés. Tu m’aimais. Tu étais heureuse avec moi. « wǒ ài ni » soufflais-je inconsciemment. Brusquement. Puis ce fut la soudaine prise de conscience. Et mes yeux s’écarquillaient et, plus que me cacher sous la couette, je décidais de te faire taire d’un baiser. L’esprit en panique, je ne prenais même la peine de fermer les yeux. Quant à ta liberté… Si tu souhaitais la retrouver, tu devra trouver autre stratégie que reculer ou me pousser, car il était hors de question que je te laisse parler après une telle bourde de ma part. Accolé à tes lèvres, je réfléchissais alors à un plan pour fuir. Je devais fuir. M’enfuir vite. M’enfuir loin. Dans un endroit où je serais seul… Un endroit où tu ne viendrais. Plan trouvé. Seulement alors, je rompais l’échange, mains tapotant mes oreilles. « Je vais prendre une douche! » lançais-je avec une précipitation dans la voix avant de chantonner un la-la incessant pour n’entendre toute réplique de ta part. Si je prenais des affaires? Je devais fuir! Tant pis pour les affaires! Vers la porte je me dirigeais sans prendre le temps de me retourner malgré un Jethro soudainement bien agité, au point d’aboyer à ma suite. « Je reviens vite! Fais comme chez toi! Les croquettes sont dans le placard pour Jethro! » Une dernière phrase que je finissais à peine avant de refermer la porte derrière moi dans un claquement pressé. Qu’est-ce que j’avais fait?
Contre la porte je m’appuyais - peut-être même l’entendais-tu au vu de comme je m’étais laissé tomber dessus -, mains dans les cheveux et le regret au coeur agité. J’étais idiot. Et cette bouche… Elle causait beaucoup trop de problème! Que devrais-je faire de retour dans la chambre? Faire comme si de rien n’était? Et si tu revenais dessus? Tu reviendras sur ces mots… Contre la porte je me laissais glisser mollement. Une plainte échappait à mes lèvres, preuve de mon agacement envers ma propre personne. Si je le pouvais, je me mettrais des gifles, je me coudrais la bouche pour qu’elle ne pose plus jamais de tels soucis! Mais à défaut d’avoir l’opportunité de le faire, je préférais défouler ma frustration sur le plancher grâce à quelques coups de talons rapides. J’étais le rapide de nous deux… Celui qui t’avais proposé d’essayer, celui qui t’avais demandé de nous mettre ensemble et celui qui prononçait ces premiers mots d’amour. C’était moi! Avec le temps je finirais par être le premier à penser au mariage et aux enfants. Est-ce que ce n’était ainsi que je finissais par souffrir? Je n’attendais de signes, mais s’ils n’existaient alors… Mais tu m’aimais! Tu me l’avais dit. Littéralement vautré contre le sol, tu ne pouvais imaginer combien je me maudissais à cet instant. Et puis, venait la soudaine crainte. Et si de ma fuite j’entrainais la tienne? Bien que toujours à même le sol, vers la porte je me tournais pour l’ouvrir. Pendu en partie à la poignée, c’était à travers l'entrebâillement que je passais un visage penaud aux joues rougies par l’embarras. « Tu vas pas partir en mon absence, pas vrai? » Ma main finissait par rejoindre mon visage, te menaçant avec tout le sérieux et la crédibilité que je pouvais encore avoir en une telle situation. « Si t’hésite pour répondre, je t’enferme à clef jusqu’à mon retour! … Ah mais t’es capable de passer par les fenêtres... » Mémoire de notre première sortie ensemble, souvenir de la crainte que tu ne t’enfuie et la porte je refermais en soupirant une fois éloigné. Comme prévu, si tu désirais fuir je n’avais aucune solution pour t’en empêcher… Pourquoi avais-je formuler ces mots? Les bras sur les cuisses, le regard dans le vague, sans doute étais-je pitoyable de tant réagir pour quelques mots.. Mais je les regrettais tant…
Malgré la fuite de ton regard momentanée, tu ne partais. Tout au contraire, tu.. t’installais? Assise au milieu de tout ce matériel informatique coûteux, m’apparaissait alors la vague impression que tu souhaitais purement et simplement être mieux lotie pour poursuivre cette conversation. Avais-je tort? De ta taille à tes cuisses, mes mains n’osaient revenir à leur place initiale. Cette distance créée me gênait sans que je ne sois capable de la rompre. Une statue. J’étais devenu un instant une statue. Incapable de réfléchir, incapable de me mouvoir, tu m’y força pourtant. D’un geste de ta jambe droite à destination de la mienne détenue prisonnière, tu m’attirais à toi. Maladroitement mes pieds se mouvaient pour ne pas tomber et je te revenais de plus belle sans pour autant avoir la possibilité de me blottir contre toi. Mes iris se déposaient sur ces mains effleurant mon sweat en guise de point d’ancrage. De douces caresses qui, pourtant, n’arrivaient à m’apaiser. Ma seule crainte effacée était celle que tu t’enfuirais une fois que j’aurais reculé, tu ne l’avais fait. Tout au contraire, mais à présent? Qu’allait-il se passer? Qu’allais-tu me dire? Inlassablement, mon regard suivait le mouvement de tes doigts, de chacun de tes gestes, avec une précision sans faille avant de s’élever spontanément en direction de tes pupilles dès lors que ta voix me parvenait. A ta question, la réponse instinctive était négative. Evidemment que non. C’était bien parce que j’étais certain de cela que j’avais entraperçu la possibilité de t’offrir une chance. Je me suis faiblement laissé séduire par la possibilité que tu serais différente et jusqu’à présent tu l’avais toujours été. A maintes reprises, tu me l’avais prouvé; tu n’étais comme elle. Tu en étais loin. Seul ton désir de m’embêter avec ce pachimari comme tu en faisais la mention en était une preuve à lui seul, un jeu innocent, enfantin mais pourtant loin d’être anodin. J’observais la peluche avec une tendresse infinie un instant, me souvenant de cette demande surprise de ta part mais également du sourire qui l’avait accompagné. Tu te plaisais à me jouer des tours tout autant que je pouvais l’apprécier. L’un comme l’autre, c’était un passe-temps dont nous ne pouvions nous passer.. pas vrai? A cette interrogation muette, mon attention te revenait de nouveau tandis que tu poursuivais. Tandis que tu m’apprenais comme tu avais pu être dans le passé. Un comportement que je n’arrivais à t’imaginer. Oh tu avais su être piquante avec moi, parfois froide, parfois blessante; je ne pouvais que le reconnaître. Mais n’était-ce parce que tu me détestais? Je peinais, sincèrement, à envisager qu’un jour tu puisse avoir été ainsi avec tout le monde. Quand bien même ce type offert en amuse-gueule aux crocodiles ne devait être de cet avis…
Lèvres closes, je gardais silence face à ton récit que je savais cependant apprécier; probablement plus que tu ne pouvais même l’imaginer. J’étais homme à aimer communiquer avec ma copine, de ceux qui se plaisaient à passer une soirée telle que celle-ci. Quand bien même des sujets plus légers et joyeux n’auraient été superflus pour cette nuit ensemble… Et je regrettais d’ailleurs que la discussion ait pu prendre une telle tournure. De nous deux, n’étais-tu celle qui avait souffert la dernière? Celle qui, encore actuellement, souffrait d’une rupture? Je n’avais le droit d’évoquer mes peurs ainsi, les tiennes j’aurais dûes rassurer au préalable. J’étais égoïste. Etait-ce la raison l’ayant poussé à me jeter? Un instant de doute et un sursaut me pris. Avais-je déjà envisager que tu m’eus considéré comme pansement après ta rupture? Je mentirais si je répondais que non. Évidemment, aussi vite après avoir rompu et déjà avec un autre homme… Ou c’était cela ou tu rebondissais extrêmement bien après ta rupture. Sans doute puisque tu en étais l’initiatrice tout ceci était plus simple pour toi? Je ne savais, néanmoins, t’entendre le réfuter revêtait un aspect quelque peu apaisant. Que des angoisses inavouées soient pansées instinctivement par l’autre, c’était là un sentiment si doux que je découvrais grâce à toi. Mes lèvres dessinait l’ébauche d’un sourire à cette pensée avant qu’il ne soit gommé par ton aveu. Si tu avais le droit? Pourquoi n’aurais-tu le droit d’être avec moi? Etait-ce moi ou n’importe quel autre susciterait cette même pensée? .. N’importe quel autre aurait-il pu créer une telle situation de façon si abrupte? Toi-même ne manquait de le préciser, tout s’était enchaîné bien trop vite, les événements, les sentiments, avant que notre esprit comprenne même… Les sentiments? A cette idée mon regard s’éveillait, comme tiré de son coma peiné pour celui de la surprise. Tu… Tu avais des sentiments pour moi? Aussi tôt? Aussi… aussi vite? Pourquoi? Et je le voyais, ce regard sondant mes pupilles. Que cherchais-tu? La trace d’une réponse? Je.. Je ne savais. Je ne savais tout en étant incapable de faire l’ignorant plus longtemps. Si je te parlais ainsi, si je m’ouvrais tant à toi, si je te désirais tant et si j’avais tant peur… N’était-ce parce que déjà trop épris? Si avec l’une la séparation fut brutale, avec toi c’était le début qui l’était. Nous n’avions commencer à sortir ensemble officiellement que quelques minutes auparavant et déjà tu parlais de sentiments?! C’était… C’était normal? Anormal? Possiblement normal… Si tu ne m’aimais, tu ne sortirais avec moi… Les deux étaient liés. Idiot. J’étais idiot. Comment pouvais-je avoir un aussi bon QI aux examens lorsque je me surprenais d’apprendre que ma petite-amie m’aimait? Cependant… ne devais-je répondre? Si un premier pas tu effectuais, ne devais-je faire le deuxième? Comme une danse, une valse, que nous effectuons au gré de la conversation… que tu poursuivais. Tu n’attendais de réponses.
Si je n’attendais de preuve de ton amour envers moi, si je me contentais de peu; de ton côté tu ne semblais même t’attendre à entendre ces mots passer mes lèvres. Devais-je m’en contenter? N’avais-tu besoin de les entendre? Alors que tu m’avouais ton désir de continuer malgré la précipitation dont nous avions fait preuve, dans mon esprit tournait et se retournait l’idée de t’avouer mes sentiments. L’idée… L’idée m’effrayait. L’idée me donnait envie de fuir. Loin. Très loin. Busan n’était même assez loin. San Francisco. Los Angeles. Non, la Lune! Mais si j’y migrais, n’allais-tu m'apercevoir toutes les nuits? Alors non. Quelque chose comme... pluton. Pluton se trouvant à presque six milliards de kilomètres, c’était bien assez loin pour me réfugier quelques années en ermite après un tel aveu. Peut-être trop loin d’ailleurs… Te pousser dans ta chambre était suffisant. Bien suffisant oui. Quoi que… M’envelopper dans ma couette pendant cinq minutes était tout aussi efficace en réalité. Dans ma tête commençait alors un récital de ces trois mêmes mots: je t’aime. Plusieurs intonations différentes pour juger de la meilleure, mais également le simple fait de l’entendre après ne l’avoir formulé depuis si longtemps m’aidait à m’y habitué. C’était étrange. Si tout nouveau mot nous apprenions ou qu’un ancien nous réutilisions, cette impression n’était; alors qu’avec ces mots “je t’aime”, tout devenait bizarre. Pas encore prêt à formuler l’idée à haute voix, tu coupait court à mon entraînement d’une question que j’entendais d’une oreille seulement. Une seule femme? Nos regards entremêlés se détachaient brusquement tandis que je ne savais exactement ce que tu venais de dire. M’aidant involontairement, tu répétas celle-ci d’une tout autre façon. Et j’en étais… estomaqué. Pensais-tu que j’allais voir ailleurs?! Ou, envisageais-tu une éventualité seulement mais qui, déjà, était quelque peu insultante? J’étais un connard… Me pensais-tu toujours ainsi? Au moins une partie de toi, me voyait-elle encore de cette façon? Tu savais pourtant combien j’étais idiot. Ne pouvais-tu te dire que, si une autre je voyais, alors vos noms je finirais par confondre? Vos propos je mélangerais comme un bleu? Mais aussi tous les moments partagés? Je ne savais gérer deux femmes à la fois quand bien même j’en aurais le désir, tout comme je ne savais mentir; alors comment pouvais-tu penser ainsi? Et pourquoi commençais-tu ta phrase suivante par “si”? Ce n’était “si”! Pourtant soudainement, j’acceptais l’utilisation de ce “si” dans ta phrase. La suite de celle-ci… se dessinait dans mon esprit. Bien trop vite. Bien trop violemment. Je n’étais prêt à ça. C’était trop tôt. Ton ex l’avait peut-être fait mais moi je ne le pouvais. Pas comme ça, pas aussi vite, pas… pas venant de toi! C’était à l’homme de le faire, la femme, elle, devait seulement dire… Mais de quoi parlais-tu? Et quoi pensais-je. M’aider? Tel un canidé, ma tête s’inclinait faiblement sur le côté, perdu. Aurais-je eu le moyen d’élever mes oreilles à leur instar que je ne m’en serais privé.. Je ne savais de quoi tu parlais. Le fil de tes pensées s’emmêlait dans mon esprit et je ne parvenais à le lisser pour en trouver le cheminement. Pas même ta main déposée sur ma hanche ne guidait la liste des possibilités.
Tu étais heureuse que je sois ton petit-ami… Tu étais… Ces mots, ils se répétaient comme un disque rayé dans mon esprit. Encore et encore. Inlassablement. Ton sourire s’imprimait sur mes rétines, se diffusait jusqu’à ma mémoire à laquelle il se greffait. Tu étais heureuse. Avec moi. Tu… Mon esprit venait-il tout juste de court-circuité? Je ne savais même si je respirais encore. Je devais avoir stoppé toute fonction momentanément. Rêvais-je? Je devais m’être endormi sur le bureau pendant que je réfléchissais à ce programme pour les cours. Mais pourquoi un tel rêve? D’ordinaire, si de ta personne je rêvais, tout était toujours plus… Plus sensuel. Plus sexuel. Alors pourquoi tout était si romantique cette fois? Et pourquoi Jethro et Mingyun étaient là eux aussi? Je ne rêvais pas… Tu venais, en quelques instants, de m’avouer tes sentiments et ton bonheur de m’avoir à tes côtés. Tu m’aimais. Tu étais heureuse avec moi. « wǒ ài ni » soufflais-je inconsciemment. Brusquement. Puis ce fut la soudaine prise de conscience. Et mes yeux s’écarquillaient et, plus que me cacher sous la couette, je décidais de te faire taire d’un baiser. L’esprit en panique, je ne prenais même la peine de fermer les yeux. Quant à ta liberté… Si tu souhaitais la retrouver, tu devra trouver autre stratégie que reculer ou me pousser, car il était hors de question que je te laisse parler après une telle bourde de ma part. Accolé à tes lèvres, je réfléchissais alors à un plan pour fuir. Je devais fuir. M’enfuir vite. M’enfuir loin. Dans un endroit où je serais seul… Un endroit où tu ne viendrais. Plan trouvé. Seulement alors, je rompais l’échange, mains tapotant mes oreilles. « Je vais prendre une douche! » lançais-je avec une précipitation dans la voix avant de chantonner un la-la incessant pour n’entendre toute réplique de ta part. Si je prenais des affaires? Je devais fuir! Tant pis pour les affaires! Vers la porte je me dirigeais sans prendre le temps de me retourner malgré un Jethro soudainement bien agité, au point d’aboyer à ma suite. « Je reviens vite! Fais comme chez toi! Les croquettes sont dans le placard pour Jethro! » Une dernière phrase que je finissais à peine avant de refermer la porte derrière moi dans un claquement pressé. Qu’est-ce que j’avais fait?
Contre la porte je m’appuyais - peut-être même l’entendais-tu au vu de comme je m’étais laissé tomber dessus -, mains dans les cheveux et le regret au coeur agité. J’étais idiot. Et cette bouche… Elle causait beaucoup trop de problème! Que devrais-je faire de retour dans la chambre? Faire comme si de rien n’était? Et si tu revenais dessus? Tu reviendras sur ces mots… Contre la porte je me laissais glisser mollement. Une plainte échappait à mes lèvres, preuve de mon agacement envers ma propre personne. Si je le pouvais, je me mettrais des gifles, je me coudrais la bouche pour qu’elle ne pose plus jamais de tels soucis! Mais à défaut d’avoir l’opportunité de le faire, je préférais défouler ma frustration sur le plancher grâce à quelques coups de talons rapides. J’étais le rapide de nous deux… Celui qui t’avais proposé d’essayer, celui qui t’avais demandé de nous mettre ensemble et celui qui prononçait ces premiers mots d’amour. C’était moi! Avec le temps je finirais par être le premier à penser au mariage et aux enfants. Est-ce que ce n’était ainsi que je finissais par souffrir? Je n’attendais de signes, mais s’ils n’existaient alors… Mais tu m’aimais! Tu me l’avais dit. Littéralement vautré contre le sol, tu ne pouvais imaginer combien je me maudissais à cet instant. Et puis, venait la soudaine crainte. Et si de ma fuite j’entrainais la tienne? Bien que toujours à même le sol, vers la porte je me tournais pour l’ouvrir. Pendu en partie à la poignée, c’était à travers l'entrebâillement que je passais un visage penaud aux joues rougies par l’embarras. « Tu vas pas partir en mon absence, pas vrai? » Ma main finissait par rejoindre mon visage, te menaçant avec tout le sérieux et la crédibilité que je pouvais encore avoir en une telle situation. « Si t’hésite pour répondre, je t’enferme à clef jusqu’à mon retour! … Ah mais t’es capable de passer par les fenêtres... » Mémoire de notre première sortie ensemble, souvenir de la crainte que tu ne t’enfuie et la porte je refermais en soupirant une fois éloigné. Comme prévu, si tu désirais fuir je n’avais aucune solution pour t’en empêcher… Pourquoi avais-je formuler ces mots? Les bras sur les cuisses, le regard dans le vague, sans doute étais-je pitoyable de tant réagir pour quelques mots.. Mais je les regrettais tant…
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