sa présence ne te dérange pas plus que ça. tu n’apprécies pas spécialement d’être importuner pendant que tu nettoies ta cuisine, mais bizarrement, le fait qu’il soit là ne t’embête pas vraiment. tu le laisses perdu dans ses pensées pendant que tu nettoies et lorsque tu finis, tu reviens vers lui avec de bonnes intentions. tu ne veux pas l’écouter parce que tu as une curiosité malsaine, simplement pour le soulager, parce qu’il a l’air d’en avoir gros sur le cœur et beaucoup à penser. pourtant, il s’évertue encore une fois à ne rien te dire, répétant juste qu’il veut un café. tu pousses un soupir en t’appuyant un peu plus sur le plan de travail avant de reporter ton regard sur lui. tu le détailles des pieds à la tête et tu n’arrives pas à te défaire de cette idée qu’il a le poids du monde sur les épaules et qu’il a du mal avec sa vie. il a l’air fatigué, à bout et prêt à s’effondrer. tu finis par poser tes yeux sur son sac, et tu crois voir un emblème des pyobeoms, la fraternité qui t’a hébergé pendant tes années à la fac et tes études. « t’es à la yonsei ? chez les pyo ? » que tu demandes en montrant son sac pour ne pas qu’il pense que t’es un vieux pervers ou un truc dans le genre. « j’ai été dans cette frat aussi pendant quelques années… » et tu souris légèrement nostalgique de cette période. mais pour rien au monde tu ne voudrais revenir derrière un bureau pour étudier quelque chose que tu n’aimes pas. t’es tellement plus heureux derrière les fourneaux.

Tu relèves le regard surpris vers lui. Ce n'est pas tous les jours que tu croises un ancien de ta fraternité. Tu cherches même dans tes souvenirs si vous ne vous êtes pas croisé par hasard. Qui sait, une année qui chevauche l'autre. Mais ce soir tu es trop fatigué pour réfléchir. C'est a peine si t'arrives réellement à ouvrir les yeux. T'es crevé mais pourtant l'idée de rentrer te révulse. Au moins ici, dans ce café t'es plutôt à l'abri des regards. Ça te dérangerais pas de déambuler dans la ville mais t'as trop pzur d'attirer l'attention et c'est tout ce dont tu n'as pas besoin pour l'instant. Ta rencontre avec Samran tourne en boucle dans ta tête. Tu te demandes ce que tu aurais pu dire d'autre. Différemment peut être ? Sam a toujours été le plus doué de vous deux avec les mots, c'est lui le parolier. Toi tu écris la musique, c'est ton langage à toi. Soudain tu réalises, ce n'est pas des mots que t'aurais du lui écrire mais une mélodie … tu ris un peu désabusé de la situation. Tu fais décidemment tout à l'envers. Tu reportes ton attention sur le garçon avant de souffler « t'y as été longtemps ? J'ai de moins en moins temps de rester à la fraternité à cause du taff … » tu hausses les épaules avant de masser ta nuque. Tout ton corps est endolori. Tu lèves ton regard vers le jeune homme et souffle « je suis … Yoonjae. » t'as hésité. Non pas qu’Alexander soit qu’un nom de scène – qui aurait pu te trahir – car depuis des années maintenant c'est devenu ton prénom mais ce soir t'as juste envie d'être Yoonjae. Ce gosse perdu qui pleure encore la mort de son jumeau. « Je pense que c'est la moindre des choses de me présenter vu comme j'abuse de ton temps et ta gentillesse » dis tu avec un petit sourire contrit et amusé malgré tout. Tu promets ainsi de ne pas rester trop longtemps et que t'as conscience d'être une exception à sa routine.