Après de longues minutes de marche, nous arrivons devant le building où se trouve mon appartement. Je n’ai pas lâché sa main pendant tout le trajet, je n’avais pas envie qu’elle reste loin de moi, même lorsque l’on marche. Je la regarde presqu’à chaque pas que je fais et je continue de sourire quand elle me regarde aussi. L’air s’est fait de plus en plus frais mais je ne prends pas froid, sa main continue d’envoyer des vagues de chaleur en moi. Je me suis longtemps concentré sur ce que je ressentais pendant que nos pas nous emmenaient vers l’appartement. Je sais que ce que je fais n’est pas habituel, je ne rencontre pas souvent de filles que je ramène chez moi. Ella est tout simplement différente des autres, elle est la seule avec qui j’ai eu envie de ça, de l’emmener sur cette plage puis jusqu’à chez moi. Ma nervosité est toujours présente, je la sens picoter dans mon cœur qui bat plus vite. Je sais que ce n’est pas une réaction qu’un mec a normalement, un mec a confiance en lui dans ce genre de moment. Mais lorsque le cœur y met du sien, on est un peu moins sûr de nous.

-C’est ici.

Je déclare cela en montrant du doigt les appartements et je l’invite à se diriger vers la porte. J’ouvre celle-ci et la laisse entrer avant moi et je regarde derrière moi. Il n’y a plus personne dans les rues à une heure pareille et Ella et moi étions les derniers passants avant de disparaître à notre tour. Je la guide vers l’ascenseur que j’appelle pour nous emmener à notre étage. C’est un appartement où Kwang Jin et moi n’allons plus vraiment maintenant que l’agence a réuni le groupe dans un dortoir et pourtant, nous n’avons pas encore cherché à nous en débarrasser. Je rentre dans l’ascenseur avec elle et l’attire doucement contre moi pour l’enlacer alors que l’ascenseur nous monte à mon étage. Je blottis mon visage dans son cou pour respirer sa douce odeur et j’ai un sourire sur mon visage. Mes mains parcourent son dos et je souris en profitant de ce petit moment où seul le bruit du mécanisme remplit l’endroit avec nos respirations faibles mais j’entends très bien celle d’Ella puisqu’elle est très proche de moi. Je ferme longtemps les yeux en restant contre elle jusqu’à ce que l’ascenseur s’arrête pour nous laisser en sortir. C’était un court moment de plénitude mais ces moments sont ceux qui me permettent de m’apaiser le plus. Lorsque je l’emmène hors de l’ascenseur, je l’emmène directement devant mon appartement que je nous ouvre.

-Ce n’est pas du luxe mais j’espère que ça te plaira.

La nuit était calme. Il y avait très peu de monde et nous étions alors tranquille. Nous passions même inaperçus, à vrai dire. La noirceur de la nuit et des rues mélangées nous rendaient quasi transparents. Et cela me plaisait. Nous pouvons, ainsi, profiter de cette marche silencieuse et revigorante. Main dans la main, je souris doucement et le suis, curieuse de connaître son lieu de vie. J'avais, encore, du mal à croire que j'allais passer la soirée entière aux côtés et dans les bras du célèbre Park Kwang Min. Mais j'étais aussi émue et fière d'être celle qu'il avait choisi. Même si cette soirée ne doit se révéler qu'unique et sans lendemain, je compte bien en profiter jusqu'à la toute fin. Il m'indique, alors, que nous sommes arrivés et je regarde un peu tout autour de nous. C'est calme. Apaisant. Je le remercie lorsqu'il me laisse entrer devant lui et l'attends pour l'ascenseur. Il me rejoint et nous rentrons à l'intérieur dès lors qu'il est arrivé. Lorsque nous sommes, tous deux, à l'intérieur, il m'attira contre lui et je souris instantanément. Ce câlin était une volonté très bien pensée et je profite, tout autant que lui, de ce moment de tendresse et de complicité. Malheureusement, il ne dure pas assez longtemps et je dois subir notre séparation physique pour sortir de cet ascenseur. Nous allons jusqu'à sa porte et lorsqu'il l'ouvrit, je me permis de rentrer afin d'aller visiter.

- Je suis certaine que ce sera à mon goût !

Je ne fais pas entrer beaucoup de personnes dans l’appartement. Même personne à part mon jumeau mais c’est tout à fait normal. Je la laisse entrer et découvrir l’appartement. C’est assez simple au niveau de la décoration à part les photos et le bordel encore un peu présent à quelques endroits de l’appartement. Je rougis un peu en espérant qu’elle ne le remarque pas. J’avance dans l’appartement en regardant Ella avec attention. Je suis nerveux, je passe une main dans ma nuque et m’approche d’Ella pour passer ma main autour de sa taille.

-Alors tu en penses quoi ?

Je lui souris et je caresse sa joue avant de me pencher pour l’embrasser doucement. Je suis tout de même heureux de l’avoir emmenée ici. Je la tourne vers moi et la blottis à nouveau dans mes bras. Je l’adore tellement… magnifique. Je me penche et l’embrasse doucement, du bout des lèvres, timidement. Je ne veux pas être trop entreprenant, mieux vaut qu’on ait lentement, à notre rythme. Je pose mon front contre le sien et passe ma main dans ses cheveux.

-Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Je te fais visiter ?

- Eh bien, j'en pense que c'est un appartement de garçons ! Dis-je en riant. Mais il me plaît. Beaucoup.

Je lui souris alors qu'il passe sa main autour de ma taille. Nos regards ne se quittent, alors, plus. Je plonge le mien dans le sien et me perds une nouvelle fois dans la profondeur de ses yeux. Il me transmet toute l'adoration qu'il ressent pour moi et cela me fait chaud au cœur. Je me sens aimée et respectée et c'est un sentiment plus que réconfortant. J'accepte ses démonstrations de tendresse et les lui rends, avec grand plaisir. J'aime être contre lui, sentir ses caresses et ses lèvres sur les miennes. Je ne pourrais pas rêver mieux comme fin de soirée.

- Je veux bien un verre d'eau, s'il te plaît. Tu me feras visiter, ensuite !

Je lui souris puis regarde, de nouveau, un peu, autour de moi. J'essayais de retenir la décoration, l'emplacement de chaque objet, de chaque chose. Comme si j'essayais de connaître cet endroit pour mieux m'y sentir. Il n'est que le deuxième garçon à m'avoir invité chez lui et cela me touche qu'il l'ait fait au bout, seulement, de notre première rencontre. J'ai déjà eu des aventures d'un soir, mais elles se passaient, sans cesse, à l'hôtel. Alors je me trouvais touchée d'être ici, ce soir. J'avais la sensation d'avoir une valeur à ses yeux. De compter.

Je suis un peu gêné par le fait qu’on reconnaisse bien le fait que ce soit un appartement de garçon mais je ne sais pas si elle aurait préféré un appartement plus ordonné. Je préfère la croire comme elle me dit que ça lui plaît beaucoup et lui souris un peu avant d’à nouveau me rapprocher d’elle. Ici, nous ne sommes que nous deux et il n’y a personne pour nous déranger, personne pour nous voir, pour nous déranger puisque nous ne pouvons pas vraiment être ensemble tranquillement à cause de nos métiers. Dans mon appartement, je peux l’enlacer sans surveiller si nous sommes vus et ça me met plus à l’aise, bien que nous ayons été très à l’aise dans l’eau il y a quelques instants.

-Je suis content qu’il te plaise !

J’aurais été plus qu’embêter si sur son visage, j’avais lu de la déception ou du mécontentement devant l’aspect propre, peut-être, mais tout de même un peu désordonné de l’endroit. Elle accepte un verre d’eau et je hoche la tête, venant déposer un baiser sur sa joue avant de m’éloigner pour me diriger vers la cuisine. Je prépare alors la boisson pour la jeune femme et la lui amène, me dépêchant un peu pour pouvoir être à nouveau près d’elle. Je n’ai pour ma part pas très soif, tout ce qui peut me rassasier est sa présence, son corps contre le mien.

-Viens avec moi, je vais te montrer les différentes pièces !

Je glisse ma main dans la sienne qui n’est pas prise par le verre et l’emmène dans les différents endroits qui constituent l’appartement : le salon, la cuisine, la salle de bains, les commodités. Je passe rapidement par la chambre de mon jumeau, la présentant sans ouvrir la porte puisque je préfère lui laisser son intimité puis je l’emmène à ma chambre. Elle est simple, pas beaucoup de photos, une guitare dans un coin, quelques affaires qui traînent mais rien de très sentimental. Je ne fais qu’ouvrir la porte, ne sachant pas si elle veut entrer ou si elle préfère que l’on reste dans le salon.

Je le remercie, en souriant, lorqu'il me tend mon verre d'eau et bois une gorgée avant qu'il ne m'emmène avec lui. La visite va donc commencer. Je continue de sourire, amusée par son comportement si pressé et si timide à la fois. Je découvre, donc, une à une, les pièces qu'il me présente et j'acquiesce à chaque fois. J'aime vraiment beaucoup ce que je vois. Je me sens bien, ici, à l'aise. Comme si je me trouvais chez moi. Et c'était une sensation apaisante. Je ne pouvais pas rêver mieux. Ou peut-être que si...

- Tu as une guitare !! dis-je, en souriant de plus belle.

Je rentre, alors, dans sa chambre et pose mon verre d'eau sur le premier meuble que je croise. Je vais jusqu'à sa guitare que je regarde, avec des étoiles dans les yeux. Je me retourne, ensuite, pour lui faire face de nouveau. Se douterait-il de ce que je souhaite ? Acceptera-t-il ? Je m'assois sur son lit et l'invite à me rejoindre.

- Tu accepterais de me jouer quelque chose ?

À peine lui ai-je fait découvrir ma chambre qu’elle remarque directement la guitare y étant rangée. Je la regarde alors qu’elle entre dans la pièce, posant son verre d’eau pour s’approcher de l’instrument. Je souris doucement, n’imaginant pas que le fait que j’en possède une puisse avoir un tel effet sur elle. Elle se retourne vers moi avec des étoiles dans les yeux et un sourire aux lèvres. Je m’approche à mon tour alors qu’elle s’installe sur mon lit et elle me demande de lui jouer quelque chose. Je ne sais pas si je m’y attendais mais je ne suis pas non plus surpris vu sa réaction devant l’instrument. Je vais donc chercher celui-ci avant de rejoindre la jeune femme sur le lit et me placer en face d’elle pour me préparer à jouer. Je regarde Ella et lui souris légèrement.

-Sois indulgente, c’est une chanson que j’ai écrit moi-même.

Je vérifie d’abord que l’instrument est bien accordé puis me concentre pour me rappeler de ma composition. Ce n’est pas le genre de chanson que je ferais écouter à mon frère ou à quiconque d’autre. C’est trop sentimental, trop plein d’amour et de sentiment mais ça correspond parfaitement à ce que je ressens en ce moment, comme si lorsque j’en avais été inspiré, c’était précisément pour cette nuit. Je me concentre, je suis peut-être un peu maladroit parce que c’est la première fois que je fais écouter une de mes compositions et parce que l’alcool perturbe certains de mes sens. Ma voix reste juste, c’est un avantage à s’être entraîné sans relâche à chanter encore et encore. Je regarde la jeune femme en face de moi en chantant les paroles écrites de ma main, accompagné par la guitare comme elle me l’a demandé.


Je finis sur quelques accords et cesse de jouer, laissant le silence emplir à nouveau la pièce alors que de mon côté, j’ancre mon regard dans celui de la jeune femme en attendant d’avoir son avis sur ma chanson (Listen here).

Je souris en le voyant venir sur le lit, à son tour. J'ai tellement hâte de l'entendre. Il me dit d'être indulgente mais je suis persuadée que je serais conquise. Je le regarde jouer de sa guitare. Puis, j'entends sa voix et mon cœur s'arrête le temps d'une micro seconde. Sa voix. Elle est si sublime. J'écoute ses mots. Ses phrases. Sa chanson. Et cet instant me coupe de la réalité. Comme s'il me faisait voyager dans une bulle inter-dimensionnelle. Je continue de le regarder et l'émotion monte en moi. Sa chanson est juste magnifique et il l'est d'autant plus. La douceur de sa voix me réchauffe le cœur et ce dernier bat de plus en plus fort. J'ai comme l'impression que ses mots étaient destinés à cette soirée. Entre nous. Pour moi. Je me fais un film, c'est vrai, mais j'aime cette idée. J'aime l'idée d'être celle à qui, il offre cette chanson et son amour. Je profite donc de cet instant jusqu'à la toute dernière seconde. Lorsqu'il eut fini, je lui souris et me penche jusqu'à lui pour l'embrasser. Tendrement. Même un peu trop. On pourrait presque croire que je lui ai offert ce baiser amoureusement. Je me redresse pour me remettre droite et le regarde, droit dans les yeux.

- C'était sublime Kwang Min... Tu m'as bouleversé... Je suis encore plus amoureuse de ta voix. dis-je, avant de caresser l'une de ses mains, tout doucement. Merci...

Lorsque je joue les derniers accords de ma chanson, mon regard s’ancre dans celui d’Ella que je semble avoir captivé de par ma voix. Quand je me tais, elle se penche sur moi pour m’embrasser et ma main posée sur les cordes de l’instrument vient se poser sur la douceur de sa joue. Je suis tout de même surpris par la douceur du baiser et les sentiments que je crois ressentir contre ses lèvres. Est-ce de l’amour ? Non, il n’y a rien d’aussi fort entre elle et moi, il s’agit probablement de l’effet qu’à cette chanson sur elle. Elle se redresse et me regarde droit dans les yeux. Elle avoue être encore plus amoureuse de ma voix et je souris doucement avant de déposer la guitare plus loin et revenir près d’elle, plus près d’elle. Ma main prend la sienne et je lui souris en caressant le dos de sa main de mon pouce.

-Je t’offre cette chanson, Ella. Elle n’appartient qu’à toi maintenant.

Je me penche à mon tour et mes lèvres viennent rencontrer les siennes comme une drogue dont on ne se lasse pas. Nous sommes tous les deux installés sur mon lit et je me rends compte que je ne m’attendais pas à ce que cette soirée de congé prenne un tel tournant mais ça ne me dérange absolument pas. Je me rapproche un peu d’Ella, doucement, je ne veux pas du tout être brusque et je veux être certain qu’elle est d’accord avec chacun de mes gestes. Posant ma main sur sa taille que mes doigts se font un plaisir de découvrir malgré les tissus qui la couvrent, je fais tendrement basculer la jeune femme dans le lit pour me retrouver au-dessus d’elle sans cesser de joindre nos lèvres. Comme les paroles de cette chanson offert plus tôt le disent, j’ai envie de l’enlacer chaleureusement, de l’étreindre pour sentir son cœur battre contre le mien, peu importe si ce n’est que pour une nuit, faisons de cette nuit l’une des plus belles de nos vies.

Il me dit que cette chanson m'appartient, désormais. Qu'il me l'offre. Et cela me touche tellement. Il ne s'en doute pas, à coup sûr. J'aurais aimé lui en parler. Lui confier le bonheur qu'il vient de me donner et la façon dont mon cœur bat. Mais il fut plus rapide. Il se penche vers moi et s'en suit une longue étreinte. Je sens sa main se poser sur ma hanche et très vite, je me retrouve allongée. Sous lui. Je le regarde un quart de secondes avant de fermer les yeux. Je profite, alors, des baisers qu'il m'offre et prolonge, même, très tendrement. Je passe mes mains sur sa nuque et l'oblige, ainsi, à s'allonger, presque entièrement, sur moi. Je me sens bien. Au chaud. En sécurité. Et je ne souhaite, pour rien au monde, quitter cet homme et ce lit.

Il y a des relations qui doivent être entretenues pour pouvoir commencer et pour pouvoir durer le plus longtemps possible. Car nous tombons amoureux de l’apport de l’autre personne et non d’elle-même. C’est-à-dire que si nous manquons d’attention et qu’elle nous en offre, nous allons automatiquement aimer cela et devenir dépendants. Il en est de même pour la liberté si nous avons connu l’interdiction par le passé. Et il y a des relations qui ne s’expliquent pas. Je crois qu’elles sont appelées couramment « coup de foudre« , vous y croyez vous ? Pensez-vous que l’on puisse tomber fou/folle d’amour pour un être parfaitement inconnu suite à un seul regard ? Ça paraît complètement dingue…mais ça fait rêver…

Pour ma part, j’ai du mal à croire à toutes ces conneries mais j’écoute attentivement les autres en parler… C’est vrai que c’est beau et que ça donne envie mais entre nous, ils ne sont pas un peu naïfs tous ces gens ? On ne peut pas bâtir une relation à partir d’un simple regard… Si ? Comment pouvons-nous être sûr de rencontrer notre moitié ? Je leur demandais à toutes ces personnes « mais comment tu as su ? »… « comment tu as pu tomber amoureux d’un simple corps ? ». J’avais beau essayer de tourner ça dans tous les sens dans ma tête, je ne comprenais absolument pas. Et puis… je l’ai vu. J’ai su.

Ce qu’on avait oublié de me dire c’est que je ne pouvais pas saisir tout le sens de leur relation tant que je ne l’avais pas vécu. On essaye tous de se mettre à la place de la « victime » en question, on acquiesce sur ses dire mais on ne peut pas savoir ce qu’il veut dire exactement. C’est inexplicable et c’est pour ça que c’est si dur à comprendre. Un coup de foudre. Vous seul pouvez savoir. C’est comme…de la magie. On se laisse emporter sauf que là, il n’y a pas de « truc »… Pas de coulisses… Pas de répétition. Ne cherchez pas à comprendre. Laissez faire…Peut-être qu’un jour, toutes ces « conneries » deviendront vos raisons de vivre. Pour moi, ça a marché…

Kwang Min. Tu as su me faire léviter. Un seul tour de deux secondes avec comme simples accessoires tes yeux et ton sourire. Laisse-moi être l’assistante de tous tes autres tours, fais de moi ta victime. Je saurai rendre tout ça d’autant plus magnifique aux yeux des spectateurs.