Dire que tout a commencé avec une simple sortie en boîte de nuit. Une simple rencontre sur la piste de danse. Je n’aurais jamais imaginé finir cette soirée dans un lit avec une femme rencontrée le jour-même. Je pourrais passer pour un beau connard, un gars qui ne fait que draguer une fille pour se la faire le jour-même. Mais je ne m’en fais pas, je sais que rien de ces insultes ne sont vraies, pour une fois. Je sais que ce que je vis avec Ella ne s’arrêtera pas à un soir où l’on s’est aimé, ni à une nuit où l’on s’est uni. Ce que je ressens alors qu’elle s’offre à moi est tout simplement unique et je sais que je ne ressentirais plus jamais quelque chose comme ça. Ma main serre la sienne, comme j’ai besoin de sentir sa chaleur, ses lèvres contre les miennes et les câlins qu’elle m’offre pendant cette étreinte sensuelle qui nous lie.

Son corps me crie qu’elle m’aime, tout en elle me fait comprendre que ce que je ressens est réciproque. Dans ses soupires, je reconnais les miens et quand elle gémit mon prénom, je sais que dorénavant, il n’y a qu’elle que je veux entendre gémir comme ça. Nous ne sommes plus qu’elle et moi sous les draps qui suivent nos mouvements passionnés l’un pour l’autre. Ma main sur sa hanche, je goûte à ce que je n’ai jamais pu goûter avant ou en tout cas, ça n’avait rien de semblable. Cette nuit, je me suis approprié son corps en entrant en elle tout comme je suis devenu sien.

Je ressens un bien-être qui est incomparable, je me sens de mieux en mieux et j’embrasse Ella passionnément. Bientôt, nos corps atteindront ensemble l’orgasme le plus parfait, je sens que je ne tiendrais pas très longtemps comme ça. Je me rends compte que les sentiments que je ressens pour la jeune femme me rendent fou et je veux qu’elle le sache dans les caresses que je lui offre, les baisers que je dépose sur sa peau et sur ses lèvres. L’amour que je vais lui offrir cette nuit ne s’arrêtera jamais.

-Ella… Je t’aime.. !

C’est dans ce soupire que j’atteinds avec elle le Paradis.

Au jardin où une fleur réveille une envie, des draps froissés d'amour se souviendront longtemps des spasmes de plaisir dilatant nos deux corps unis sur un lit défait par une nuit de folie. Un couple dénudé. Vertige d'impatience, fantasme à éclore, plaisir partagé. Nus et mouillés de rosée, offrant notre trésor mutuel au jardin où une fleur réveille une envie. Nos mains redoublent d'ardeur dans ce paradis, cherchant encore et encore le moindre contact. La moindre caresse. Des spasmes de plaisir dilatent nos corps toujours unis. Même si ce n'est plus pour longtemps. L'ivresse insatiable rompt les tabous d'un cri. Alors se déverse l'orgasme que nous attendions tous deux. Le sang qui coule dans mes veines bouillonne dans ce brûlant décor sur un lit défait par une nuit de folie. Notre nuit de folie. Nos bouches mal apaisées en demandent encore. Je l'appelle. Lui dis que je l'aime. Des baisers suffiront -ils à calmer ce délit ? Je l'espère. Je l'embrasse, donc. Vigoureusement. Passionnément. Tendrement. Amoureusement. Rien ne peut s'éteindre. Ni au Sud. Ni au Nord. Les bras se pressent. Les corps supplient. Le Paradis nous a ouvert ses portes mais la soirée est loin d'être finie.

Tout est flou et en même temps clair, tout est rapide mais d’une tendresse incroyable, tout est bruyant tout en restant silencieux. Il n’y a que nous dans cette pièce, dans cet appartement vide. Il n’y a aucun bruit si ce ne sont nos voix soupirant des déclarations d’amour et le son érotique de nos corps qui se rencontrent. Nos peaux se frôlent, se décollent avant de s’embrasser à nouveau dans un mouvement répété, inlassablement. Tout est unique, le goût de ses lèvres contre les miennes, mon prénom qui s’échappe d’une voix qui me fait un effet que je ne connaissais pas. Je l’étreins, je me presse contre elle, j’embrasse et embrase son corps en lui transmettant le feu qui brûle le mien. Jamais nous ne pourrons oublier la brûlure provoquée par l’union de nos corps et je sais, lorsque nous nous perdons dans un orgasme enivrant, qu’à partir de maintenant, aucune femme ne saura m’offrir ce qu’une nuit avec Ella m’a offert. Elle m’offre ses lèvres et ma main monte dans sa chevelure alors que j’approfondis cet échange entre nos lèvres pour tatouer son goût sur les miennes. Lorsque je m’éloigne, j’ouvre les yeux et croise son regard bleu brillant suite à ce que nous venons de vivre. Je prends sa main dans la mienne sans éloigner nos corps l’un de l’autre et viens blottir mon visage dans son cou alors que je me repose un peu contre la nudité parfaite de son corps.

Toi et moi, une réaction chimique. Rêvons un peu. Imaginons une histoire d’amour digne des contes de fées : passion dès la première rencontre, mariage, enfants et vie heureuse ensemble jusqu’à la mort. Malgré les tribulations du couple moderne, ce rêve ne reste-t-il pas un idéal pour beaucoup ? Et pour cause ! Il représente exactement ce que la vie attend : se reproduire et durer. Bien sûr, nous avons notre libre arbitre et la possibilité de changer le film à tout moment. Mais la cascade d’hormones à l’œuvre dans notre organisme fera tout pour que nous suivions ce scénario. Et cela me rassure. Pourquoi ?

Dès la première rencontre, à notre insu, nos corps ont échangé de multiples informations. Cela grâce aux fameuses phéromones, ces composés volatils hérités de notre passé reptilien, et qui en disent long sur nous. C’est donc à son cerveau le plus archaïque qu’elles ont transmis mon empreinte olfactive, personnelle et unique… Et nous parlerons, peut-être, un jour de nos « atomes crochus » !

Puis le coup de foudre survient. Son regard ! Son sourire ! Quelque chose fait tilt, réveillant une impression de plaisir enfouie au plus profond de ma mémoire affective. Je frissonne, je rougis, mon cœur s’accélère. Je le trouve presque brillant, il me découvrera, sûrement, piquante. Normal : une décharge d’adrénaline a activé mes fonctions cérébrales, me mettant au mieux de ma forme. Et si la faim nous quitte, si l’euphorie nous gagne, c’est l’effet de la phényléthylamine, on la trouve aussi dans le chocolat. Sensation de plaisir à nulle autre pareille : énergie des grands jours, sentiment d’allégresse, exultation, exaltation !

Mais l’effet ne dure pas. Vite, une autre dose ! J'ai déjà envie de lui parler, de lui téléphoner, de le revoir alors que nous sommes toujours dans les bras l'un de l'autre. Que m'a-t-il fait au juste ? Je passe une main dans ses cheveux et lui caresse l'arrière de la tête, le laissant souffler et se reposer contre moi. J'en profite, également, pour reprendre mes esprits et me remettre de cet instant qui restera gravé au plus profond de ma chair.

Une vie est combinée de mille et une premières fois qui nous construisent et qui nous permettent de ne jamais nous lasser de la vie. Ce sont des premières fois toutes différentes mais toutes inoubliables. Ça va des petits détails à des événements majeurs dans une vie et c’est ce qui la rend belle. Je ne peux évidemment pas les compter, il y a eu les premières fois attendrissantes : le premier tour à vélo, le premier « grand » voyage, le premier rêve, le premier échec. Ces premières fois m’ont formées, ce sont celles qui ont construit ma personnalité qui n’a cessé d’augmenter par la suite. Il y a eu la première passion, la musique, la première danse qui fut suivie par mille autres. Le premier baiser qu’on offre sans se rendre compte qu’on ne pourra jamais oublier la sensation étrange de découvrir les lèvres d’une femme. La première fois, précoce ou pas, catastrophique ou magique, cette première fois dont on se souvient souvent comme le plus grand moment de stress de toute une vie. Quoique ? Je me souviens de ma première performance, autre moment de stress mais on ne regrette jamais.

Parmi toutes ces premières fois dont on se souvient, toutes ces premières fois qu’on tente de ne jamais oublier, il y en a une que je ne connaissais pas encore. Une dont tout le monde parle, une qui est à la fois la première et en même temps la dernière. Et alors que, venant d’atteindre un orgasme parfait au creux des reins d’Ella, j’ouvre les yeux, cette première fois me frappe de plein fouet et je peux directement la nommer. Le coup de foudre. C’est dans son regard que je le trouve et je sens que mon cœur cesse de battre pendant quelques secondes.

Je me blottis contre celle qui vient de me faire chavirer de façon inexplicable. Sa main dans mes cheveux et je soupire doucement alors que son odeur est exquise. Je ne veux pas m’éloigner d’elle, je peux sentir son cœur battre, son souffle contre mon oreille et je ne me suis jamais senti aussi bien dans les bras d’une femme.

-Ella…

Je me redresse et joins nos lèvres avec douceur alors que ma main vient caresser sa joue. J’ai un sourire sur mes lèvres, un sourire rare mais sincère et un regard amoureux que j’ancre dans le sien pendant de longues secondes.

Une brûlure intense, une merveilleuse douleur… Le "bonheur à l’état pur" qu'est le coup de foudre peut frapper n’importe qui, n’importe quand, et souvent ceux qui s’y attendent le moins. Son principal danger : faire croire encore plus fort en l’illusion de l’accord parfait. Suis-je menacée ? Le coup de foudre est un amour d’emblée entier qui remet en cause l’existence même des êtres qu’il frappe. Comme envoûtés, ils ne suivent plus les étapes normales du processus d’intimisation et de la connaissance de l’autre, propres à la naissance classique d’une relation. L’effet de surprise court-circuite la réflexion et sidère la pensée. C’est comme un choc physique. Un coup sur la tête qui change les couleurs, les formes. Je ne contrôle plus rien, je suis propulsée sur orbite sans cesser de tourner.

En un instant, les amoureux se sentent seuls au monde, sans repères. Une brûlure intense, une merveilleuse douleur, les consume. C’est un mélange d’aspects fascinants et effrayants, une mise en magie du destin, un brusque condensé des rapports de la vie et de la mort. Cet élan fusionnel repose sur un ensemble de désirs satisfaits simultanément : complicité, humour, sensualité, sexualité. D’où une "complétude" absolue. Ne dit-on pas que le premier amour ouvre le coeur et que le dernier et véritable amour le complète. C'est officiel. Je suis complétée.

- Je suis certaine que tu te souviendras longtemps de cette soirée ! Dis-je, avant de rire, doucement.

Se blottir dans le cou de la femme avec qui on vient de passer un moment inoubliable est certainement la plus douce et réconfortante des sensations que l’on puisse connaître. Son odeur enivrante mélangée à cette chaleur qu’elle dégage et son souffle apaisant ne peut que compléter un homme, encore plus si cet homme est amoureux. Nous ne pouvons pas nier que nous avons tous les deux bien trop bu, que ce que nous ressentons n’est peut-être que passager, que ça ne durera qu’une nuit et rien de plus mais comme elle le dit, il n’y a aucun doute sur le fait que je m’en souviendrais très longtemps.

Je me redresse un peu pour faire face à son visage et ancrer mes yeux foncés dans les siens si claires, si envoûtant. Un regard comme le sien me fait perdre la tête et je caresse ses cheveux avec une tendresse que je n’ai jamais eue envers une femme avant elle. Je ne suis pas comme ça pourtant quand je bois beaucoup d’alcool, je suis plus impulsif, encore moins calme que d’habitude. Tout le contraire de maintenant et je ne me reconnais pas mais je suis heureux sans expliquer pourquoi.

-Et je suis sûr que tu n’oublieras jamais cette nuit…

J’approche mes lèvres des siennes, nos souffles s’entremêlent. Ils sont toujours un peu trop rapides suite à notre intense début de soirée, ou fin ? Je ne sais pas trop mais une chose est sûre, je n’ai pas encore envie de m’éloigner d’elle.

- Tu peux en être certain !

Je lui souris. Lorsque son regard croise le mien, l'emprise du temps s'éteint. Je lis soudainement dans ses yeux, à quel point il semble être amoureux. Et son envie de me le prouver, sans même avoir à m'en parler, est unique. Alors c'est à travers ce simple geste, qu'il m'exprime toute sa tendresse. Pour me fait comprendre à quel point, nous ne faisons dorénavant plus qu'un. Magique enchantement. Qui se produit subitement. Je me sens aussitôt chavirer, dans un tourbillon de pensées, par l'émotion intense qui se dégage de ce si beau voyage. Le bonheur qu'il nous a apporté, signe de l'amour que l'on s'est donné. Un fabuleux plaisir que nous avons partagé. Et en cet instant, nos lèvres se sont touchées. Ce qui me fit sourire davantage.

- Je suis désolée de couper ce doux moment mais... commençais-je, en murmurant. J'aurais besoin d'aller aux toilettes !

Je me pince la lèvre, quelque peu gênée mais aussi avec l'envie de rire. J'espère qu'il ne me trouvera pas trop étrange mais j'ai vraiment, mais alors vraiment, envie d'aller faire pipi...

Je voudrais que cette nuit ne prenne jamais fin mais je sais au vu des rayons du soleil qui passent au travers de la fenêtre que nous ne pouvons pas arrêter le temps. Je ne veux pas qu’elle parte, si elle part, comment pouvons-nous savoir si nous nous reverrons ? Peut-être n’était-ce que pour une nuit et nos esprits sont toujours embrumés par la quantité non-négligeable d’alcool que nous avons ingurgité la veille. Même si je voudrais que ça continue pour ne pas avoir à m’éloigner d’elle, elle commence une phrase qui me déplaît mais qui finit de façon assez surprenante. Je hausse un sourcil avant de rire légèrement et je m’éloigne un peu d’elle pour la laisser se redresser. Je la regarde longuement et aimerais la retenir, juste pour ne pas briser ce moment qui nous a uni cette nuit, juste pour pouvoir sentir sa chaleur contre la mienne. Pourtant je la laisse partir parce que je préfère ça plutôt qu’elle se soulage dans mon lit. La pensée m’arrache un sourire gêné et je lui indique :

-C’est la porte tout au fond du couloir…

Je lui souris, je ne peux faire que ça quand je croise son regard et me rassure en me disant qu’elle n’est pas sur le point de partir pour peut-être ne jamais revenir. Il y a cette tension entre nous… Est-ce parce que nous avons passé la nuit à nous aimer en n’étant que de parfaits inconnus l’un pour l’autre ou est-ce parce que nous ressentons quelqu’un chose qui dépasse une relation se terminant au petit matin…

Je le remercie vivement avant de me dépêcher de sortir du lit. Je cours presque jusqu'aux toilettes qu'il vient de m'indiquer. Ce n'est pas très glamour mais vu l'heure, cela m'importe peu. Je suis bien trop dans la lune, au-dessus des nuages, pour penser à ce qui est glamour et à ce qui ne l'est pas. Après tout, c'est humain d'aller se soulager. Certes, j'aurais pu attendre un peu mais ce n'est pas ma faute si j'ai envie de faire pipi aussitôt après.

Lorsque je fus enfin soulagée, je reviens jusqu'à lui et lui souris. Je me penche jusqu'à ses lèvres pour déposer un tendre baiser dessus. Je le remercie de son invitation et de cette soirée inoubliable. Je lui avoue même qu'il y a de grandes chances pour que l'on se retrouve et récupère, ensuite, mes affaires pour m'habiller. Il est temps que je retrouve mon lit car si je ne rentre pas, je risque d'en entendre parler demain durant toute ma journée de cours. Et je pense qu'il peut le comprendre.