Elle n’avait rien d’un ange gardien … bien au contraire … elle était salis et ne mériterait jamais d’avoir des ailes. Le paradis n’avait pas été clément avec elle et l’enfer elle y avait gouté que trop de fois. Elle se refusait d’y retourner. Lyvan n’était pas certaine qu’une place l’attende quelques parts après la mort … cette idée parfois l’effrayait et lui collait des nausées. Elle ne s’était pourtant jamais posé la question avant … avant l’accident comme dit son père. Mais ce n’était pas un accident, parce qu’un accident et quelque chose de soudain, d’imprévu, qui fait des dégâts. Pas quelques choses qui se répète. Encore. Et encore. Et encore. Elle se crispe au baiser pourtant doux d’In Ho et après quelques secondes se recule pour se colle au mur laissant un espace entre eux. Elle lève vers lui un regard craintif et désolé. Elle culpabilisait de le fuir, autant que de l’avoir laissé autant approcher lui faisant peut-être espérer, croire, qu’il pourrait y avoir plus entre eux. C’était la première fois qu’elle se blottissait contre quelqu’un depuis ses viols (en dehors de sa sœur) et ça n’avait rien de facile. C’était pourtant naturel avec lui, mais le baiser avait été de trop et l’avait effrayé. Elle s’en voulait de lui donner l’impression d’avoir été trop loin, de croire qu’il lui avait fait du mal alors qu’il n’y était pour rien. Elle voyait bien qu’il était un garçon attachant et doux, juste blessé … peut-être que c’était elle qui avait besoin d’aide finalement ? elle détourne son regard inquiet et triste en serrant contre elle ses bras. Elle n’avait pas une attitude de replie, mais elle reste discrète en marquant une certaine distance. Elle ne voulait pas lui faire de la peine, ni même le faire partir en agissant ainsi, mais elle avait l’impression qu’on lui volait son souffle et elle gérait la situation comme elle pouvait … elle déglutit et mime de ses lèvres « désolée … » sans trop savoir pourquoi elle s’excusait réellement.

In Ho se sentait soudainement sale. Pourtant, il n'avait rien fait. Du moins, de son point de vue. Mais la divergence d'esprit se manifestait irréfutablement au vu de la réaction de Lyvan. Il avait l'impression qu'il venait de la brûler, que ses lèvres n'étaient qu'acide à éviter. Il la regarde, se recroqueviller dans son coin. Ce qui le rendait fou n'était pas qu'elle s'était éloigné, retraçant une ligne de sécurité qu'il ne pensait pas obligatoire, qu'il ne pensait pas vouloir franchir. Non, c'était ce regard craintif et désolé. Comme si il allait réagir méchamment, violemment. Elle ne regardait plus, il n'existait plus. Ses yeux devinrent vitreux alors qu'elle s'excusait. Il s'assit dans le lit, se frottant la nuque sans la regarder. « Ce n'est rien ». Il était blessé pour une raison dont il ne connaissait pas, dont il ne voulait peut-être pas savoir en réalité. Son mal de tête sembla se décupler soudainement alors qu'il était parti. Il grimaça, fermant les yeux avant de se lever du lit et le quitter, endroit ou il était encore bien il y a quelques secondes. Il ouvre la fenêtre et apprécie la brise fraîche qu'il ressent, fermant les yeux. Devait-il faire un pas vers elle ? C'était toujours lui qui le faisait. Même si elle avait pris la première initiative de leur rencontre. In Ho était perdu, il ne savait comment réellement agir avec elle. Une fois elle soufflait chaud, l'autre fois c'était froid. Une situation compliqué dont In Ho ne savait réellement faire face. Il avait l'habitude de fuir, pas de se battre. Pourtant, Lyvan lui donnait envie de se battre.

Lyvan était craintive du monde extérieur, et en dehors de Sori qui était la seule qu’elle avait laissé approcher, In Ho était l’unique être humain de cette terre qui avait pu la toucher, l’approcher et lui parler aussi facilement. Elle n’était pas certaine de comprendre pourquoi, ni même de savoir pour quelle raison avec lui c’était différent. Car ça l’avait été depuis le début, dès leur rencontre où à la différence des autres garçons il l’avait défendu. Il prenait le temps de lui parler, de comprendre ce qu’elle voulait lui dire, il s’était même mis à parler plus lentement, articulant parfois un peu plus sans réellement sans rendre compte afin de permettre à Lyvan de suivre ses paroles. A la fraternité il s’arrangeait toujours pour trainer dans le coin, jamais loin. Au repas partagé tous ensemble il pointait enfin le bout de son nez pour s’asseoir à côté d’elle sans un mot. Elle avait remarqué ses efforts sans être certain que ça en soit vraiment, c’était si naturel entre eux … comme le fait de l’avoir guidé jusqu’ici … dans ce lit … avec elle … sans arrière-pensée, avec la simple envie de ne pas affronter leur insomnie seuls … C’était tout ce qu’ils voyaient, même à l’instant où In Ho s’est mis à embrasser son front, avec une pointe de tendresse et un temps un peu plus marqué que la normale … Ce n’était pas son geste qui l’avait braqué ou paniqué, c’était les souvenirs qui revenaient sans qu’elle ne s’y attende. Cette sensation d’être à la fois prisonnière de son corps et de se laisser faire bêtement. Elle se détestait encore tellement d’avoir laissé cet homme abuser d’elle. Dans tous les sens du terme. Et la torture psychologique qu’il lui avait infligée la terrorisait plus encore. Sori le savait bien à devoir gérer toutes les nuits des crises d’angoisses qui la tétanisait et qui l’empêchait de bouger. Elle fixe le dos d’In Ho avec cette culpabilité à l’en faire vomir. Elle ravale ses larmes et après s’être fait violence se redresse doucement. Elle aimerait pouvoir lui dire quelques choses, elle l’appelle mais aucun son ne sort de sa gorge, la rendant plus pathétique encore. Elle se redresse alors et s’avance vers lui en triturant ses doigts nerveusement. Elle aimerait pouvoir le toucher, le tourner vers elle, le rassurer en le serrant dans ses bras … mais elle est incapable de le toucher et de lui montrer quoique ce soit qu’elle garde secret derrière sa carapace. Alors elle se glisse fébrilement à ses côtés et après un effort qu’elle sait nécessaire vient glisser ses petits doigts entre ceux du garçon, appuyé sur le rebord de la fenêtre et s’accroche à lui tentant de calmer les tremblements de sa main. Et elle espérait, dieu qu’elle espérait, qu’il comprenne la valeur de ce geste et de son attitude craintive mais volontaire …