Le printemps l’a vue naître et elle a hérité de son nom comme une évidence : Haru est née fille unique. Sa maman est une professeur de maternelle et son papa est un homme d’affaire japonais comme les autres, c’est à dire peu présent dans la vie familiale. La petite fille a grandi chérie par l’amour de sa mère plutôt que celui de son père, s’épanouissant dans un environnement qui avait cherché à l’accueillir depuis plusieurs années déjà ; le trésor de cette petite famille, il n’y avait aucun doutes là dessus. Haru avait beau être une enfant bizarre, avec ses cheveux constamment décoiffés, la morve au nez et les genoux écorchés comme un garçon sans parler de son obsession pour retenir tous les noms des dinosaures, sa famille était fière d’elle car elle a depuis toujours prouvé de son intelligence et de sa créativité. On lui a décelé un Q.I légèrement plus élevé que la moyenne.

à cause de la multitude de tâches de rousseurs sur son visage, de son physique et de son comportement atypique, à cause de la façon dont les adultes la traitaient, Haru a été une enfant rejetée par ses camarades de classe. Ce n’est qu’à force d’acharnement qu’elle arrêta de se battre avec les garçons qui l’embêtaient et qu’elle arrêta de tirer sur les couettes des autres petites filles pour leur offrir des bonbons à la place et leur raconter des histoires fascinantes. Haru a réussi à prouver sa valeur. Les autres enfants ont fini par l’apprécier, surtout parce qu’elle était super douée au loup garou et que l’avoir dans son équipe était synonyme de gagner.

Son épanouissement en tant qu’enfant s'arrêta brutalement suite à une terrible attaque dans son école : un homme armé qui enleva la vie à plusieurs de ses camarades de classe. La peur ressentie ce jour là mélangée à la tristesse d’avoir perdu ses précieux amis la traumatise inévitablement et Haru resta silencieuse pendant toute l'année suivant ce tragique incident, emprisonnée dans ses pensées, incapable d’en sortir. Tout était beaucoup trop difficile à gérer pour elle et elle trouva du réconfort dans ses histoires candides où elle imaginait ce jour se terminer de façon moins morbide : une histoire où elle aurait pu sauver ses amis, où elle n’aurait pas été tétanisée par la peur. Le syndrome du survivant lui fut diagnostiqué et Haru a grandi en portant cette souffrance dans son coeur. Les années défilèrent devant ses yeux et son intérêt pour la réalité se dissipa de plus en plus.


Ce n’est qu’au lycée qu’Haru se sociabilisa à nouveau en retournant à l’école, faisant face à ses peurs et se liant d’amitié avec de mauvaises fréquentations qui lui permirent pourtant de se raccrocher petit à petit à la réalité. Elle a commencé à fumer, à devenir volage, découvrant un monde bien différent de celui dans lequel elle s’était emprisonnée toutes ces années : et puis elle a dû réaliser qu’elle n’était plus une enfant, qu’il était temps qu’elle pense à son avenir comme les autres. à 19 ans, Haru a décidé de quitter le Japon pour rejoindre la Corée du Sud. Elle étudia la langue et se prépara pendant presque deux ans pour passer les concours afin de rejoindre Yonsei et y suivre des cours d’arts. Elle aspire à devenir une artiste, ne se voyant pas gagner sa vie autrement que de cette façon et désirant s'exprimer grâce à son talent et laisser une trace d'elle avant de quitter ce monde.