la journée a été rude et longue pour la demoiselle. elle a enchaîné ses heures de cours le matin avec un service au restaurant de ses parents le midi pour les dépanner avant de retourner à la fac pour deux heures. ça l’a complètement épuisée et elle ne sent plus ses jambes, quand elle pose enfin le pied dans le dortoir des pyos. hojin se débarrasse de ses chaussures et de sa veste pour se rendre directement dans la salle commune. elle a la flemme de trainer son corps dans sa chambre qui n’est pourtant pas très loin. elle se pose dans le canapé, pour une fois peu soucieuse des autres, et se laisse tomber dans les bras de morphée pour quelques minutes. elle rêve de vacances, loin de séoul, loin de tout, juste elle seule, les pieds en éventails avec un cocktail dans la main. elle ne sait pas où elle est, ni même avec qui elle est mais elle est bien. elle sourit même, ce qui a pour effet de la faire sourire dans son sommeil. elle ne sait pas que quelqu’un l’observe, encore moins qu’on la dessine et elle reste ainsi quelques minutes, peut-être même quelques heures, sur ce canapé à se reposer.

Le jeune homme avait besoin de décompresser, se poser et dessiner. Il avait envie de trouver quelque chose à faire, ici, dans ce dortoir. Carnet en main, trousse rempli de divers crayons, critérium et gommes de l'autre, il marchait dans le dortoir, à la recherche de l'inspiration, de cette petite chose qui changerait le tout. Mais ce qu'il ne s'était pas attendue, c'était que l'objet qu'il cherchait, serait en réalité une femme. Il avait d'abord été surpris de voir quelqu'un allongé, endormi dans le canapé plutôt qu'un lit. Mais il avait été aussi très surpris par la beauté de la jeune femme alors qu'il la recouvrait de sa veste pour qu'elle n'ait pas froid. Il était resté interdit devant ce visage endormi. Et il savait, qu'il voulait la dessiner, qu'il la dessinerait sûrement sans s'en rendre compte pendant plusieurs jours. Alors il s'était installé, de l'autre côté, écouteurs dans les oreilles, carnet ouvert. Sa mine épousait parfaitement la feuille alors que le corps de la jeune femme prenait vie. Puis il passa beaucoup de temps sur son visage, à l'observer, à essayer de refaire chaque petit détail. Wei était dans sa petite bulle, bien trop concentré pour la voir bouger.

elle émerge lentement du sommeil réparateur dans lequel elle avait plongé. certes, elle n’avait pas dormi longtemps, mais assez pour se sentir reposée. hojin ouvre doucement les yeux pour s’habituer à la luminosité et ne remarque pas de suite le garçon qui est en train de la dessiner. elle s’étire comme un chat, laissant s’échapper un petit soupir de bien être proche d’un gémissement avant de tourner la tête vers l’inconnu qui dresse son portrait sur des feuilles de papiers. aussitôt, elle enclenche un mécanisme de défense, baisse son t-shirt qui s’était relevé et elle se recroqueville sur elle-même. elle ne sait pas ce qu’il fait, ni même ce qu’il lui veut et ça lui fait peur. « tu fais quoi ? » balbutie-t-elle alors que la peur se lit clairement sur son visage. elle donne l’impression d’être un animal sauvage qui a besoin d’être domestiqué. sauf que sa peur des hommes est normale. après tout, jinsun l’a totalement détruite, lui a fait perdre toute sa confiance en elle et l’a rendu peureuse. c’est pour cette raison qu’elle a peur de lui parce qu’elle ne le connait pas, ne connait pas ses intentions et pire encore, ne sait pas ce dont il est capable.

Le jeune homme était tellement perdu et concentré dans son dessin qu'il sursauta en l'entendant faisant voler son crayon qui tomba aux pieds de la jeune femme, son carnet de feuille tombant sur le sol. Pourtant, la personne la plus effrayée ici n'était pas lui. Mais elle. La surprise se lit sur son visage alors qu'il lève les mains en signe de paix. « N'aie pas peur..je suis désolé, c'est vrai que vu ainsi... » Il jura en chinois avant de sourire, se voulant rassurant. « Je suis désolé vraiment ». Il la regarde avant de baisser pour attraper son carnet et lui tendre, dévoilant son dessin en cours. Habituellement, il ne le montrait pas, il détestait montrer quelque chose de ne pas fini. Mais il était prêt à tout pour la rassurer. « Je t'ai vu et j'ai juste eu de l'inspiration, je ne voulais pas te faire peur. Bien que ça soit logique. » Il se mord la lèvre, voulant à tout prix la rassurer. Raison pour laquelle il n'osait pas reprendre son crayon qui était à ses pieds. « Je suis nouveau, je m'appelle Wei. Et toi ? »

elle sursaute quand le crayon tombe à ses pieds. elle n’ose même pas regarder par terre de peur de lâcher cet inconnu des yeux. elle était effrayée à l’idée qu’il puisse lui faire quelque chose, qu’elle préférait l’avoir sous les yeux plutôt que de ramasser ce qu’il avait fait tomber. hojin continue de l’observer et lorsqu’il lève les mains, elle se recroqueville encore un peu plus sur elle-même si c’était possible. elle a peur qu’il ne veuille la frapper mais il la regarde simplement sans vouloir lui faire de mal. pourtant, elle n’arrive pas à se détendre et même quand il s’excuse, elle ne se détend pas. ses muscles sont tous tendus et elle recule encore un peu dans le canapé, s’enfonçant un peu plus dans les coussins quand il tend le carnet vers elle. hojin laisse son regard descendre sur le papier qui lui tend et elle ne peut s’empêcher de penser qu’il est doué. « c’est beau. » murmure-t-elle, pas parce qu’elle est le modèle, mais bien parce qu’il sait bien dessiner. il reprend alors la parole et elle remonte ses yeux vers lui. « je m’appelle hojin. » répond-elle d’une toute petite voix, encore effrayée par lui, mais un peu moins tendue. « ça t’arrive souvent de dessiner des filles comme ça, sans leur autorisation ? ça fait un peu pervers tu sais. » première grande phrase qu’elle lui sort pour savoir ce qu’il a en tête, mais également pour détendre un peu l’atmosphère surtout pour elle.

Ça serait mentir de dire que Wei n'était pas surpris de cette réaction craintive. Elle sursautait à chacun de ses mouvements. Elle ressemblait à un petit chaton apeuré, prêt à déguerpir aux moindres mouvements brusques. Ou à une petite qui était prête à pleurer devant un parent dur. C'était étrange et ça ne faisait que décupler son instinct protecteur.
Wei était sûrement maladroit à l'heure actuelle mais un sourire ne peut que s'afficher en entendant le compliment alors qu'il secouait la tête regardant son dessin. « Mon modèle est beau. Mon dessin n'est pas fini et il est juste... » Il soupira, se frottant l'arrière de la nuque. Il avait l'impression d'être dans une mauvaise phase, rien ne lui convenait. Il tiqua de nouveau à sa petite voix effrayée avant de faire les gros yeux à sa phrase. Puis il éclata de rire, retombant en arrière à sa place. « Un pervers ? C'est vrai que vu ainsi ! Mais un pervers ne te couvrirait pas pour que tu aies froid ! Enfin je crois ? » Dit il, un sourire aux lèvres, amusé de la situation. « Souvent ? Non pas forcément. Ça m'arrive souvent de dessiner partout. Dans le train, bus, de dessiner des inconnus oui..mais je dessine un peu de tout. » Il pencha la tête sur le côté alors qu'il se rappelait tous les moments ou il dessinait. Il ne s'en rendait jamais réellement compte, sa main bougeait toute seule, prête à encrer chaque moment. « Je ne le continuerais pas si tu es mal à l'aise. Et je ne recommencerais pas non plus. Je suis vraiment désolé. »

elle se sent rougir quand l’inconnu la complimente sur sa beauté. c’est elle le modèle, c’est donc d’elle qu’il parle. hojin n’a plus l’habitude de recevoir ce genre de commentaire. au début de sa relation avec jinsun, elle en avait parfois, mais plus les mois et les années ont passés, et moins elle en a eu. ça l’a surprend donc toujours qu’on la trouve belle, parce qu’elle, elle pense que ce n’est pas le cas. elle n’est pas moche, ni belle, elle se trouve banale, vraiment tout ce qu’il y a de plus banal. du coup, la jeune femme préfère changer de sujet et parle pour la première fois avec une phrase plus longue que deux trois mots. wei est surpris par ses mots et se met ensuite à rire. hojin se surprend à aimer le son de son rire et elle laisse un léger sourire s’afficher sur ses lèvres tandis que son regard ne le quitte pas, continuant de le fixer. elle est, cependant, bien moins tendue qu’au début, même si elle reste méfiante à son égard. « tu marques un point… un pervers aurait abusé de mon corps. » l’ainée des kang est contente qu’il ne l’est pas fait parce qu’elle n’aurait pas su se défendre vu qu’elle était endormie. elle finit par l’écouter répondre à sa question et son sourire se fait un peu plus visible sur son visage avant qu’elle ne secoue vigoureusement la tête. « non, t’arrêtes pas… » hojin sent ses joues rougir encore un peu alors qu’elle reprend la parole. « ça me dérange pas… j’étais juste surprise. » elle s’assied correctement, restant tout de même méfiante envers lui, mais pas fermée à la discussion. « j’imagine que t’es en art ? ou alors c’est que par passion et plaisir ? »

Un sourire étirait les lèvres de Wei alors qu'il la voyait rougir. Elle semblait se détendre un peu plus. Mais il voyait bien qu'un mur était entre eux. Sûrement par pur protection de sa part, il ne savait pas pourquoi elle faisait ça. Mais il ne disait rien, lui laissant son espace personnel. Un rire s'était échappé de ses lèvres à sa phrase et il avait secoué la tête. « Exactement ! Et tu ne l'aurais jamais vu ! Moi tu peux me décrire parfaitement à la police, je serais foutu ! » Il lui fait un clin d’œil alors qu'il jette un regard à son dessin non fini, mais voulant rajouter un nouveau portrait d'elle en train de sourire ainsi, détendue. Elle était vraiment belle et c'était une torture de se retenir pour lui. Une véritable torture.
Elle le surprit en ne voulant pas qu'il s'arrête. Habituellement, soit il se prenait un non catégorique, soit elle cherchait autre chose. Mais avec Hojin, il voyait bien que c'était différent. Il baissa la tête légèrement amusé de ses pensées farfelues avant de lui sourire et de commencer à la dessiner. « Je te remercie, c'est une véritable torture de se retenir de dessiner ce qu'on veut ! Je t'assure ! ». Dis ainsi, ça pouvait être bizarre. Mais quand il se bloquait de dessiner quelque chose, ça en devenait limite une obsession. Hojin aurait été sa nouvelle obsession. « C'est de la passion et du plaisir mais c'est bien ma filière ! Même si il y a eu pas mal de réticence. ». Il grimaça en repensant à son père qui voulait un travail plus...honorable. Mais c'était sa vie à lui. Et à personne d'autre. « Et toi ? Tu es en quoi ? » Il était resté concentré sur son dessin avant de relever les yeux vers elle pour examiner chacun de ses traits, peut-être trop intensément pour une personne qui n'a pas l'habitude. « Tu es vraiment belle Hojin ».

heureusement qu’il ne faisait que la dessiner. hojin n’aurait certainement pas aimé se réveiller avec un inconnu sur elle en train d’abuser de son corps. ce n’était pas tellement le genre de chose qu’elle aimerait. cependant, être réveillée avec quelqu’un qui vous fixe, ce n’était pas non plus le meilleur des réveils. sauf qu’avec wei, ça allait. il s’était même excusé et avait continué de lui faire des compliments. compliments qui l’avaient fait rougir d’ailleurs. « je t’aurai castré bien avant d’être allée voir la police. » ajoute-t-elle sûre d’elle. elle ne l’aurait pas laissé s’échapper comme ça. malgré les apparences, elle n’était pas si frêle que ça. elle savait se défendre, bien qu’elle ne l’ait jamais utilisé contre jinsun et qu’elle l’avait complètement laissé faire ce qu’il voulait d’elle et de son corps. elle le regrettait maintenant. un peu trop d’ailleurs. c’est pour cette raison qu’elle se montrait si hésitante avec wei. cependant, elle accepte de le laisser la dessiner parce qu’il ne lui faisait pas de mal et elle sourit un peu plus franchement en entendant ses paroles. « je te crois sur parole sur ça. je sais absolument pas dessiner. je suis restée au stade du bonhomme avec une tête ronde et des barres pour le corps. » et même sa petite sœur yijin se moquait de ses dessins parce qu’elle n’avait aucun talent pour cet art. peut-être un jour, mais elle n’avait pas la patience de dessiner. elle préférait laisser les autres le faire. hojin continue la conversation et elle apprend que c’est autant une passion que la filière de wei. elle hoche la tête quand il ajoute qu’il y avait eu des réticences quant aux études qu’il voulait faire. elle comprenait mieux que quiconque. la société coréenne et par extension asiatique était encore trop basée sur le fait qu’un enfant se devait d’être médecin, avocat ou ingénieur. et elle, elle entrait dans le moule à cause de ses études, mais en sortait à cause du trop plein de tatouage qui couvraient son corps. « je fais des études de droit international. avant que tu demandes, c’est une passion aussi. mes parents ne m’ont forcé à rien du tout. » elle sourit en disant ces mots. ses parents avaient toujours voulu que leurs enfants fassent ce dont ils avaient envie et elle le faisait. elle était même réellement heureuse avec ses études. wei relève alors les yeux et la fixe avec un peu trop d’insistance et ça commence légèrement à la mettre mal à l’aise. elle rougit encore plus à son compliment. « tu es bien plus beau wei… » ça lui faisait du bien d’entendre ces mots parce que jinsun ne lui avait pratiquement jamais dit et qu’elle avait besoin de les entendre.

Un rire soudain et rempli de joie s'échappa des lèvres du Meng quand il entendit sa réponse. Surprenante et intéressante. « Désolé, je vais éviter, j'ai pour but dans la vie d'être papa ! Et famille nombreuse ! Donc on va éviter ! » Le sourire aux lèvres, il était vrai que Wei voulait des enfants. Beaucoup même. Si il ne voulait pas devenir artiste, c'était certain qu'il aurait cherché à être au contact des enfants. Même si actuellement, il cherchait aussi à illustrer des histoires pour enfant. Et son travail en tant que bénévole avec les enfants n'étaient que la preuve de son amour pour les bambins. Wei sera papa. Mais il ne savait pas quand ni avec qui. Et surtout, de combien.  
« Oh vraiment. Tu en es encore à ce stade ? Je vais devenir curieux tu sais ? » Et comme pour accentuer ses paroles, il se cala sur le sol par terre et déchira une feuille blanche avant de la tendre à Hojin ainsi qu'un crayon. « montre moi tes talents en dessin ! Je suis sûr qu'on peut le transformer en œuvre d'art ! » Il rit doucement.

Ce moment était apaisant, surtout pour lui qui pouvait dessiner. Et le sourire de Hojin lui plaisait énormément. La façon dont les traits de son visage changeait, ses petites ridules d'expression qui apparaissait. Décidément, son visage était très intéressant pour lui. « Droit international, ce n'est pas rien dis donc » souffla-t-il admiratif. « Qu'est-ce qui t'as plu dedans ? Je veux dire, ce n'est pas un choix banal. Il est même plutôt pointilleux » Il était sincère et très curieux dans sa réponse. Ses études de ce choix étaient souvent loin d'être une passion. « Oh non, je ne le suis aucunement ! Mais je te remercie du compliment. » Son sourire s'étira de nouveau avant qu'il ne se concentre de nouveau sur son croquis. Il l'éloigna quelque peu, pour l'observer avant de sourire, satisfait. « Tiens, je te laisse admirer ! Voir si tu me mets un coup de poing ou me félicite » plaisante-t-il doucement, faisant glisser le cahier. Il avait bien compris qu'il ne devait pas s'approcher d'elle, par peur ou pudeur, il n'en savait rien. Mais il respectait.