Il fait enfin un premier pas, léger et silencieux. Bien trop lent. Ce n’est que pour faire compter machinalement les secondes à Mason avant qu’il ne lui revienne enfin. Il n’a besoin que d’un regard vers l’homme si grand et imposant, pour réaliser à quel point il commençait à devenir vulnérable en sa présence. Mason deviendra sien, il en avait la certitude. Chaque bataille était gagnée et bientôt, il triomphera de toute son âme que ses griffes arracheront sans la moindre merci. Cet homme, Nova allait le réduire à l’état de pantin entre ses doigts tremblants, la vengeance atteinte à travers lui. Et il continue de marcher, un pas, après l’autre. Il se demande ce que l’homme pense, il n’y a que certaines émotions qu’il peut lire dans ses yeux, pas tout malheureusement. Le plus jeune demeure curieux alors que tout deux se retrouvent au milieu de l’ascenseur, où Nova rompt la distance de son bras dont il entoure celui du plus âgé. Il se sent repoussé et ses lèvres n’ont pas le temps de s’entrouvrir en une plainte que déjà Mason l’attire de nouveau vers lui. Nova peine à dissimuler un sourire, grisé par le sentiment de rendre l’homme fou ; à ne plus savoir comment agir. Son menton se retrouve prisonnier de ses doigts calleux et Nova n’appose, cette fois, aucune résistance face au geste, se contentant de lever la tête et ancrer son regard dans le sien. Il écoute dans un silence profond. Chaque question est entendue et il n’y avait que le battement léger de ses cils qui confirmaient l’attention qu’il portait aux mots de Mason. Le silence s’impose toujours sans qu’il ne réponde, comme s’il comptait les secondes, jusqu’à trouver le temps idéal pour répondre. Le bruit de l’ascenseur résonne, les portes s’ouvrent mais Nova ne bouge pas. Sa langue humidifie délicatement ses lèvres, effleurant sans le réaliser le pouce de Mason contre sa lippe. Encore un peu, avant qu’il ne parle. Il simule la réflexion, la confusion. Mais tout était calculé. « Je sais que je ne vaux pas grand-chose, mais pas au point de baiser dans une ruelle au milieu de nulle part. » souffle-t-il finalement, une tristesse résonnante dans sa gorge tremblante. Beau rôle qu’il joue. La vérité est, qu’il n’y avait rien qu’il apprécie de plus que l’adrénaline de cette délicieuse violence dont l’avait entouré Mason. Avec un autre, Nova n’aurait pas hésité à chasser son plaisir dans cette même ruelle. Seulement, c’est Mason qu’il avait face à lui, c’est son cœur qu’il voulait toucher, au-delà des pulsions dévastatrices de son corps. « Je ne joue pas, je suis perdu. » Ses mains se posent sur les bras de Mason, s’y accrochant désespérément. « Tout ce qu’on fait là, j’en ai pas l’habitude. J’ai toujours été seul. » Pas d’amis ou de famille, aucun amant qui ne dure plus qu’une nuit. Les mensonges ont des traces de vérités, la seule différence c’est que Nova n’est pas perdu. Son cœur n’aime pas.

Mason comprenait. Les paroles de Nova résonnèrent dans son coeur comme un écho douloureux. Les ricochet lui éraflèrent ici et là le coeur. Il savait que leur relation n’avait plus rien de monétaire. Qu’elle ne l’avait jamais été. Pas même le premier soir. Et c’était tout autant de constatation qui lui faisait peur. Parce qu’il était certain que dès la première seconde où il avait croisé ce gosse, Nova avait prit une place importante dans sa vie. Comment pouvait il allier les deux à présent ? Sa vie maritale et cette vie qu’il désirait tant partager avec son amant ? Mason aurait été capable de continuer dans ce déni confortable mais son amant criait au supplice. Une douleur légitime. Un silence assassin. Mason ne voulait pas le faire souffrir et il ne pouvait continuer d’ignorer les cris d’agonies de son amant. Nova méritait mieux que lui … pourtant Mason refusait de croire qu’un autre homme puisse prendre sa place. Il voulait combler le gosse. Faire de sa vie la plus belle des expériences. Mais n’en faisait il pas le pire des enfers ? Il était en colère contre nova parce qu’il n’était pas prêt Mason. Pas prêt à faire face à ça … à eux. A ce qu’il ressentait … pourtant Nova avait raison. Il était temps. Temps qu’ils ouvrent les yeux. Qu’ils se montrent au moins … sincère. Le surnom qui lui avait échappé était bien là la preuve qu’il éprouvait pour nova plus qu’une simple affection. Qu'il n’était pas qu’un dom avec son amant. La porte de l’ascenseur se referme. Les baignants dans une bulle protectrice. Si seulement mason pouvait voir le jeu auquel s’adonne son amant. Si seulement Mason avait pu comprendre à quel point … Nova voulait le détruire. L’aurait il aimé tout autant ? Aurait il était capable de se détourner de lui ? Mason l’aimait et quand bien même il lui était incapable de l’avouer, cela ne changeait rien. C’était trop tard. Trop tard à présent pour le sortir de sa vie. Il n’était désormais … qu’un pantin qui se croyait encore maître de lui même. Quelle ridicule idée. Mason fixa cette langue qui s’était glissé contre son pouce. Un délice qui le rendait coupable. Il mordilla sa lèvre et se pencha vers son amant. Homme de paroles Mason n’avait jamais manqué de repartie mais face à ce garçon c’était sans voix qu’il se retrouvait. Il glisse sa main qui paraissait toujours aussi géante face à son amant dans le creux de sa nuque et l’attire à lui. Il l’embrasse comme pour sceller une promesse tacite. De celle qu’on était bien incapable de prononcer mais qu’on tenait plus que tout à réaliser. Il fit glisser sa langue en lui plus encore et le pressa contre lui. Rien de sexuel juste un besoin pressant de le sentir contre lui. Son amant. Son terrible amant. Son tout. Mason colla son front au sien après un baiser remplie de tendresse et de passion. Il rouvrit les portes de l’ascenseur et entraîna son amant jusqu’à leur chambre. Le silence qui les enveloppait n’était que le témoin d’une intense réflexion. Mason retira sa chemise qu’il fit tomber sur le lit. Il se servit un verre, perdu dans ses pensées avant de se tourner vers Nova. Était il prêt ? Il s’approcha de lui et l’entraîna jusqu’au fauteuil dans lequel il prit place. Uniquement pour avoir cette position où il se soumettait à son amant. Le glissant entre ses jambes il fixa nova et souffla « je ne te paierais plus » et était là la plus belle preuve de son attachement au garçon. Un étage folle qu’il franchissait. Je te paierais plus. Tu seras … mien. Uniquement mien. Voilà ce que trahissait ces mots dans cette belle déclaration que seul Nova pourrait comprendre.

Nova ne se pensait pas détenir autant d’ascendant sur l’homme, pas aussi rapidement. Mason lui avait semblé si inaccessible à leur première fois, il l’avait presque convaincu qu’il n’y aurait eu que cette unique nuit, mais de nombreuses autres s’en sont suivi. Les sentiments grandissants. Nova aimerait murmure que c’était le cas pour lui, mais il s’y refuse. Il a fermé son cœur à tous, à Mason plus que tout. Il allait le faire souffrir, c’est une certitude dans cette relation qu’ils entretiennent, alors mieux valait qu’il se préserve, il n’y avait pas besoin qu’ils soient deux à connaitre la torture de l’amour. Il continue de s’en rassurer. Il ne tombera pas amoureux. Qu’importe à quel point il aimait le reflet dans ses yeux dans le regard de son amant, ou son odeur l’enivrait. La porte de l’ascenseur se ferme et avec elle, ils s’éloignent de la réalité et de l’extérieur. Mason avait toujours été bien plus sincères entre les draps blancs et dans l’intimité. Nova n’avait, de toute manière, aucune envie de le pousser à des déclarations publiques ou à ce qu’il s’affiche fièrement à ses côtés. Lui-même n’en ressentait aucun besoin. Après tout, sa vengeance n’était pas envers le monde, ni même Mason, lui n’était qu’un pion sur un échiquier aux rebords éraflés et aux pièces cassées. Il lape le bout du pouce de l’homme, ses yeux félins, prédateurs, dévorant son visage en s’y ancrant. Si seulement il savait à point il n’était hanté que par la pensée de l’asservir et le rend sien, détruire ce bonheur hypocrite que sa sœur vivait à ses côtés. Ils partageaient le même sang, alors pourquoi avait-il fallu qu’elle soit la seule à toucher au bonheur ? Il ne reprenait que ce qui aurait dû lui revenir. Et Nova ne ressent aucune once de culpabilité, pas même face à cet homme à moitié innocent. Le baiser le laisse sans souffle et son torse se relève bruyamment sous ses battements effrénés. Les portes s’ouvrent et il marche d’abord à reculons, contemplant l’homme qui se déleste de sa chemise, le corps sublime et offert à son regard avide d’envie. Le sourire n’est pas loin sur ses lèvres et le suit doucement jusqu’à canapé, le jaugeant dans cette seule position où il arrivait à le dépasser et ne pas être celui qui lève la tête pour happer son regard. Ses longs doigts couvrent ceux de Mason, les couvrent dans une tendre caresse avant de lui dérober son verre pour en prendre une amère gorgée. Son genou se relève légèrement et vient siéger entre les cuisses de l’homme dans un geste charmeur mais qui ne demandait pas plus. Nova happe avec plus de douceur les lèvres de l’ainé, mêlant leurs souffles et le goût d’alcool alors que sa main libre s’aventure dans les courts cheveux de l’homme, satisfait des mots qu’il lui murmure. « hm, tu pourras toujours m’offrir des cadeaux. » la voix taquine alors que ses dents jouent tendrement avec sa lippe. Il n’avait jamais accepté l’argent mais Mason n’avait cessé d’insister jusque-là. Sa première victoire.

Les larges paumes contre son corps, nova s’abandonne délicatement dans l’étreinte, il perd de sa hauteur quand l’homme lui fait rejoindre ses genoux et il n’offre aucune résistance. Ses yeux se perdent dans les siens, à peine entrouverts sous les caresses frémissantes. C’est une vulnérabilité commune qu’ils se partagent, l’un envers l’autre, qu’importe à quel point il le reniait. Nova sourit de l’ironie, finalement, sa sœur et lui n’étaient pas aussi différents qu’il le pensait, certains goûts étaient partagés. Ses relations ont toutes été aussi nombreuses que désastreuses, pourtant, face à cet homme, les battements de son cœur semblent les plus effrénés. Il égare ce sentiment dans un recoin de son esprit, désireux de se centrer sur le triomphe qui ravage sa fierté. Première grande victoire qui sera l’aube de plusieurs autres, parce que nova ne comptait pas s’arrêter à cette unique capitulation. Il rendra mason malléable entre ses doigts, fou de son corps, ivre de son nom entre ses lèvres. Alors il continue, de s’offrir à cette étreinte et à ces baisers qui signe une trêve entre eux. Ses traits restent impassibles, dissimulant les peurs qu’il avait ressenti de s’être avancé bien trop tôt. Bien trop loin. Peut-être avait-il sous-estimé son ascendant, heureusement. Ses mains se glissent jusqu’au visage de mason qu’elles encadrent, le bout de ses doigts s’enfonçant avec tendresse dans ses joues. Il le contemple entre chaque baiser, observe ses réactions et s’enivre de son souffle, plus que n’importe quel alcool. « ton visage me rend fou. » soupire-t-il entre le sourire et le rire, mots sincères pour une fois, la faiblesse certaine envers les traits divins et immaculés de l’homme. « je crois…que, tout de toi, me rend fou. » qu’il continue, plus bas, les syllabes à présent plus manipulatrice alors qu’elles raclent sa langue et qu’il vient laper la mâchoire de l’homme. Ses mains quittent son visage et se refugient autour de sa nuque avant que son visage ne se noie dans le creux de son cou et dans son parfum particulier. Il profite de cet instant de paix. Enfin.