Je pousse un soupir, regarde l’heure et grimace. Je n’ai pas beaucoup dormis cette nuit. J’ai travaillé, puis quand je suis rentré je me suis posé quelques instants avant d’aller sur mon pc et composé des idées. Je tiens un truc, j’en suis certain et obstiné comme je suis, je n’avais pas envie de laisser tomber. Je me recule lentement, étire mes membres endoloris et peste en voyant la lumière du jour se lever. Je ne suis pas matinal, un nouveau soupir décourageant alors que mon ventre crie subitement famine. Hum, je pourrais peut-être aller manger un morceau. Je me frotte le visage, ébouriffe mes cheveux et me décide à bouger sans grande motivation. Je n’ai pas envie d’aller en cours aujourd’hui, mon boulot m’éreinte mais j’ai déjà séché plusieurs fois cette semaine. Je jette un coup d’œil en direction de Young Min, il dort comme un bébé, je l’envie presque en passant le pas de ma porte. Je parcours les couloirs encore vide de la frat, comme à mon habitude je vais me jeter sur le premier paquet de bouffe que je trouve. Parce-que je n’ai pas envie de réfléchir et que j’ai vraiment faim. En chemin, j’inspecte mon téléphone attendant une réponse de Kitae sur la musique que je lui ai envoyé. Malgré moi, mes doigts dérapent facilement sur les réseaux sociaux et je suis déjà en train de regarder le profil de Ye Won. Qu’est-ce que je fous ? Je ne sais pas vraiment, j’espère y voir un truc qui pourrait m’intéresser ou même un message caché… Quoi ? Je tique entre mes dents, me maudissant de jouer à l’adolescent. Je fourre rapidement mon téléphone dans ma poche mais lorsque je relève les yeux, je suis surpris de voir une silhouette que je connais bien. Ye Won… encore endormis dans la salle commune. Je ne sais pas pourquoi elle ne dort jamais dans sa chambre. Au début, je faisais toujours demi-tour quand je la croisais ici, mais aujourd’hui… c’est un peu différent. Je souris amusé, en m’approchant doucement. Elle a le visage si paisible… je tends ma main vers elle, lentement et saisi le bout de sa couverture pour la tirer plus haut. Je relève les yeux, observe autour de nous, par crainte de voir quelqu’un débarquer. J’ai subitement peur qu’on me prenne pour un fou, mais c’est plus fort que moi, je reste planté là.

La nuit a été mouvementée, une fois de plus. T'avais juste dans l'idée d'aller boire un verre, et t'as encore fini par faire la fête une partie de la nuit. Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, t'es malgré tout rentrée plus tôt qu'à l'accoutumée. Un peu moins alcoolisée, aussi. Même si t'auras malgré tout besoin de ta dose de crimson pour tenir la journée, t'as été raisonnable hier soir. Tes amis doivent encore en être étonnés. Comme d'habitude, en rentrant, t'as simplement enfilé des fringues plus confortables, avant d'aller t'endormir sur le canapé de la salle commune. Depuis toute petite, tu n'as jamais réussi à dormir dans ton lit. T'as passé des années à dormir avec ton frère, ou dans l'un des fauteuils de votre maison quand il refusait. Et c'est resté, malgré les années. Même encore aujourd'hui, tu surprends certains pyobeoms qui te retrouvent tous les matin en train de dormir un peu n'importe ou à travers le dortoir. Et ce matin, il n'y a rien d'étonnant à te voir dans le canapé, ton téléphone tombé au sol, étalée de tout ton long. T'as toujours cette peluche en forme de chien que Yejun t'avais offert, sans laquelle il t'es impossible de dormir, dans tes bras. T'as le sommeil léger en ce matin qui se lève, sûrement parce que t'as fini par t'endormir réellement il y a peu, ayant passé la dernière partie de ta nuit à vagabonder sur les réseaux sociaux, à regarder avec une certaine nostalgie les photos qui traînent sur ton téléphone. Alors, bien malgré toi, tu sens la couverture bouger sur toi, et ça te fait te retourner, un léger grognement s'échappant d'entre tes lèvres. Ton visage qui retombe sur le côté, alors que tu ouvres difficilement un oeil, quelques secondes tout au plus. « Il Kyang… ? » souffles-tu finalement, avant de serrer un peu plus ta peluche dans tes bras, tentant de trouver une nouvelle position, un peu plus confortable.

Je l’observe, sans rien dire, restant silencieux… j’espère bêtement qu’elle ne se réveillera pas. Je souris, en voyant cette peluche que je connais déjà. Ça ne me surprend pas qu’elle l’ait encore, elle y tient tellement. Je me mordille l’intérieur de la joue, lorsqu’elle vient prononcer mon nom. Est-ce qu’elle est encore assoupie ? Ou l’ais-je vraiment réveiller ? Je m’en veux un peu, je ne voulais pas troubler son sommeil. Ma main suspendu dans les airs, je m’étais surprit à vouloir caresser ses cheveux et comme prit sur le fait, je la laisse retomber lourdement. Je suis un peu bizarre depuis son anniversaire. Je peux le dire, nous avons passé une bonne journée, pas de nuages à l’horizon, pas de dispute, ni de reproches. C’était presque trop beau pour être vrai. Depuis, j’ai l’impression que les choses sont différentes… moi, je me sens différent. Je me surprends à souvent observer ses profils, la guetter au détour d’un couloir… et ces vieux souvenirs que j’avais enfouis, j’y repense de plus en plus souvent. Je n’en ai pas parlé à Kitae, il me trouverait surement idiot voir même indécent. Mais… j’ai ce petit truc qui me crie sans cesse que j’ai besoin de la voir. Je me sens plus léger quand elle est là. Je baisse les yeux en direction de son téléphone, elle vient de recevoir un message et j’avoue avoir une folle envie de regarder de qui il s’agit. Je le sais, elle a dut sortir hier soir… et parfois j’ai peur… peur de ne pas la trouver ici un matin allongé sur ce canapé. Peur, qu’elle ne se soit endormis dans les bras d’un autre… Et merde ! Pourquoi je pense à ça ? Je balaye mes pensées, fronce les sourcils, et me concentre juste sur l’heure. Je n’ai pas envie que quelqu’un arrive maintenant et gâche tout, alors un peu égoïste, je décide de presser son réveil « Hey beauté. Tu sais que t’as mit plein de bave sur l’oreiller ? » je me mets à rire bêtement, parce-que c’est faux. J’avais juste envie de la taquiner.

Tu sens au fond de toi que les choses commencent à changer, lentement mais sûrement. Cette journée avec Il Kyang a été bénéfique, quelque part. Même si ça ne t'a pas empêchée de sortir de plus belle, de boire une fois de plus. Mais c'est différent. Parce qu'il y a cette part de toi qui pense à Il Kyang, bien plus souvent qu'avant. Il y a ces mots qui résonnent dans ton esprit, ces gestes tendres dont il a su faire preuve. Et t'es perdue quelque part. Dans tes sentiments, dans ton quotidien perturbé par sa présence. T'as du mal à savoir comment agir correctement quand il se retrouve proche de toi. Tu n'es pas prête à pardonner, mais tu peux sentir, que ton coeur s'emballe de plus belle, que tes mains tremblent parfois quand tu te mets à observer ces souvenirs de vous. Et ça te fait peur. Pourtant, quand sa voix parvient à tes oreilles, il y a ce léger sourire qui se forme sur tes lèvres. Tu ne le contrôles pas, trop endormie pour ça. Pourtant, il est bien là. Et tu tournes de nouveau la tête, ouvrant tes yeux difficilement. « C'pas vrai... » que tu murmures de cette voix presque mielleuse d'une demoiselle en train de se réveiller. Il te faut quelques secondes de plus, avant de frotter tes yeux de tes mains, portant ton attention sur lui. « Il est quelle heure ? » finis-tu par demander, alors que tu peux déjà voir la lumière du jour s'emparer de la pièce. Tu te redresses enfin, offre un nouveau sourire, un peu plus timide à Il Kyang. Il y a une sensation étrange qui s'empare de toi, alors qu'il est le premier visage que tu vois aujourd'hui. Généralement, on te laisse tranquille, même si certains se sont déjà amusés à te réveiller de manière moins douce. Une main qui passe dans tes cheveux alors que tu continues de l'observer, sans penser à la journée qui t'attend, ni même à la nuit que tu viens de passer. Un esprit libre, ne serait-ce que quelques minutes au réveil.

Mon cœur s’attendrit en entendant sa voix encore endormie. Elle est si jolie, même au réveil je la trouve belle. Et je me mets à repenser à ces doux moments où elle s’éveillait à mes côtés. C’est tellement loin maintenant. Alors je vois cet instant comme privilégié, il n’est qu’à nous et j’espère bien en profiter. Je jette un coup d’œil à l’heure « Presque sept heure déjà. », je lui adresse un sourire bienveillant, en me redressant lentement. Je me demande quel genre de nuit elle a passé. Elle n’a pas l’air d’être dans le coltard, encore moins d’avoir la gueule de bois. Se pourrait-il qu’elle ait été plus sage ? Qui sait, elle a peut-être même finis par simplement étudier… je tique à ma propre réflexion, ayant du mal à croire à cette possibilité. Mais loin de lui faire un reproche j’ajoute « T’as bien dormis ? ». J’ai envie de cette légèreté entre nous, comme si de rien n’était. Je pense qu’on en est capable, d’échanger des banalités, d’être comme des… presque amis. Pourtant cette idée me déplairait presque. Sans pouvoir me maitriser, je me mets à bailler subitement, m’approchant d’elle avant de lui faire un petit signe pour qu’elle se pousse. Je me laisse retomber à ses côtés, la tête en arrière avant de soupirer « Je suis épuisé. » et je pense que ça se voit. J’aurais pu prendre une de ces pilules, mais depuis mon exclusion je n’en prends plus. Parce-que je veux prouver aux autres qu’ils ont tort, que cette merde ce n’est pas de la drogue et que je ne suis pas ce toxico qu’ils croient. Me passant une main sur le visage, je frotte énergiquement pour me réveiller un peu plus. La mine encore fatiguée, je la regarde en laissant un sourire se dessiner sur mes lèvres « Il m’a manqué lui. » je tends la main pour attraper sa peluche, tandis qu’une atmosphère familière m’enrobe légèrement. Il est un peu plus abîmé que dans mes souvenirs et malgré qu’il encore doux, il me fait songer aux nuits de solitudes qu’elle a du passé… loin de son frère et de mon silence.

 

T’as pas le courage de te dépêcher plus que nécessaire en entendant l’heure qu’il est. Pourtant, tu devrais alors que ton premier cours débute à huit heures trente. Il faudrait déjà que tu trouves le courage de te réveiller réellement, même si tu sens que ce sera moins compliqué que d’autres jours. Ca ne t’empêchera pas d’avoir besoin de ton café avant de partir, et d’un autre en arrivant à l’université. Des habitudes qui ont la vie dure. Un léger soupire s’empare de toi alors que tu fais déjà de la place à Il Kyang pour qu’il s’installe à côté de toi. Tes jambes repliées en tailleur, ton regard reste posé sur lui, cette sensation étrange d’être réveillée par sa présence. « Bien dormi, et toi ? » Tu remarques malgré tout, qu’il n’a pas l’air d’avoir eu une nuit très reposante, tes sourcils se froncent à cette idée. « Faudrait que tu dormes un peu plus. » oses-tu lui répondre, alors que t’as certainement eu une nuit plus courte que lui. Seulement, pour une fois, tu n’as pas tant bu que ça, tu ne t’es pas tant enivrée, droguée. C’est certainement pour ça que t’as l’air un peu plus fraîche qu’à l’accoutumée. Tes lèvres s’étirent à le voir récupérer ta peluche, tu n’as jamais réussi à t’en défaire, toujours avec toi, quoi qu’il arrive. C’est l’une des dernières choses qu’il te reste de ton frère, alors ça a une certaine importance à ton coeur, en fin de compte. « Il a pas changé » lances-tu dans un léger rire, secouant légèrement la tête. Tu finis par te retourner, tes pieds touchant enfin le sol. Ton attention brièvement portée sur Il Kyang, tu penses stupidement que cette journée commence bien, contrairement à d’habitude. « Tu veux un café ? Je vais aller m’en préparer un. » Tu lui proposes comme si c’était normal, en fin de compte. Et même toi, ça te surprend, seulement, t’essaies de ne pas le montrer. Sans réellement attendre de réponse, tu te lèves, lui faisant un signe de la main pour qu’il te suive jusqu’à la cuisine.

C’est un joli quotidien qui m’aurait manqué, même si nous n’avons jamais été le genre de couple à programmer des choses. Je me sens apaisé, privilégié d’être à ses côtés, tandis que le monde se réveille quelque part ailleurs. Je lâche un nouveau soupir « J’ai travaillé toute la nuit. », sans grande conviction mais je n’ai pas le choix. J’hausse les épaules, bloqué dans cette routine qui m’empêche de m’épanouir alors que son sourire réchauffe un peu plus mes pensées. Je finis par accepter son offre, j’ai besoin d’un café, un bien serré qui me servira à tenir toute la journée. Je me lève à mon tour, la suivant dans cette cuisine commune que nous partageons. J’aime bien ici, même si parfois j’aime aussi ma solitude. Me frayant un chemin jusqu’à elle, je profite qu’elle soit de dos pour venir m’approcher d’elle et passer mes bras par-dessus. J’ouvre le placard, comme si de rien n’était, alors que je sais pertinemment que j’aurais pu la contourner. Mais à quoi bon ? J’avais envie de m’amuser un peu, mon torse presque collé à son dos, je passe mon visage à côté du sien d’un air faussement innocent « Pardon, je voulais récupérer les tasses. » je lui offre un sourire plein de malice, ne cherchant même pas à me cacher. Est-ce que j’ose flirter avec elle ? Un peu oui, je l’avoue. Je ne sais pas si j’en ai vraiment le droit, mais depuis cette journée tous les deux, je me dis pourquoi pas. J’en ai envie en tout cas, et je ne pense pas que cela puisse la braquer ou même l’énerver. J’attrape ce qu’il me faut, sans y prêter attention avant de me décaler sur le côté et les poser sur le plan de travail. « J’ai avancé sur une chanson. Si tu veux à l’occasion je pourrais te la faire écouter. » j’avais envie de partager ça avec elle. Comme on le faisait avant, je parlais de mes musiques, de ce que j’aimais faire et à quoi je consacrais mon temps. Un sourire au coin des lèvres, je la toise lentement avant d’ajouter « Je suis pas mal inspiré en ce moment… » et c’est un peu grâce à elle. Je ne sais pas pourquoi, depuis quelques semaines, je prends le temps de m’installer derrière mon ordi à gribouiller des trucs, tenter des compos… j’ai presque renoué le contact avec ma guitare, elle que j’avais si souvent abandonné. Elle ne s’en rend peut-être pas compte, mais écrire deux chansons en l’espace de quelques semaines, c’est un vrai exploit pour moi. Ça faisait un moment que ça ne m’était pas arrivé.  

C'est étrange, quelque part, de te réveiller à ses côtés. Ce n'est pas arrivé depuis si longtemps. Pourtant, ça a le don de réchauffer un peu ton coeur, cette sensation de commencer cette journée du bon pied. Ton sourire se veut naturel, sans même le contrôler. Tu n'as pas envie de le faire de toute façon. « C'est l'inspiration qui t'as empêché de dormir je suppose. » Il y a ce rire qui ponctue ta phrase, alors que tu pars déjà en direction de la cuisine, l'invitant à te suivre. Il ne te faut pas beaucoup de temps pour commencer à préparer le café. Toujours de la même manière, comme un rituel qui n'a pas changé au fil du temps. Tes gestes sont mécaniques, ton regard qui vagabonde autour de toi. Un frisson te parcoure alors que tu sens Il Kyang dans ton dos, son visage bien proche du tiens. « C'est rien, » que tu murmures dans un nouveau sourire, ton coeur prêt à exploser. T'as du mal à te faire à l'idée, de pouvoir être aussi proche de lui. Pourtant, cette journée sur la plage te reste encore en mémoire. Ces instants qu'il t'a offert, les efforts qu'il a fait pour toi. Tu ne peux pas le laisser de côté malgré les souffrances du passé. T'essaies à ta manière de te concentrer là dessus, et ça te suffit, en fin de compte. « Tu veux pas m'en chanter un morceau pendant que je prépare le café ? » A ton tour, tu fais preuve d'une certaine malice. Tu n'as pas vraiment envie de réfléchir au moindre de tes faits et gestes, profite simplement de l'instant. T'as l'impression de retourner quelques années en arrière, revivre ces instants où vous étiez heureux. Et dans le fond, ça te fait du bien. « C'est une bonne chose. » finis-tu par lui répondre, alors que tu as un peu de mal à le quitter du regard. Pourtant, t'essaies de te concentrer pour finir de préparer vos boissons, tu finis par servir le premier café, le lui tend dans un geste qui parait tendre.

J’arque un sourcil, amusé et espiègle alors que je l’observe préparer le café. Ses gestes sont simples, d’une banalité sans faille et pourtant, j’ai l’impression d’assister à un spectacle que je ne connais pas. Depuis combien de temps ça ne nous ait pas arrivé ? En réalité même avant nous n’avions pas souvent ce genre de moments. Je n’avais pas vraiment de domicile fixe à l’époque, je bougeais tout le temps, toujours à vadrouiller. Des hôtels ont en a connu, des petits déj’ à la va vite dans une boulangerie ou un distributeur. Mais cette image de nous deux me plait, comme si le calme était enfin revenu après toutes ces tempêtes. Je souris, attrape la tasse qu’elle me tend et hume la fumée. « Hum, j’ai pas encore tout fini mais ça sonne comme ça… » et je me mets à lui chantonner les premières paroles du couplet. Je n’ai pas de guitare, mais je trouve le rythme avec facilité. Les notes sont un peu plus haute sur cette chanson, je n’ai pas encore prit la peine de la réajuster pour Kitae qui a une voix plus grave que la mienne. Mais je suis certain qu’il l’aimera… parce-que ça fait bien trop longtemps que nous jouons encore et encore les mêmes musiques. C’est plus doux que certaines, plus sincère aussi… et je crois qu’une fois de plus mon expérience personnelle m’a inspirée. J’ai plus de facilité à parler des choses qui me concernent et qui me touchent, comme une certaine maturité que j’aurais su m’accaparer. Je ne chante pas tout, juste un petit couplet et un refrain pour lui donner l’air de la musique. Quand je termine, je souris amusé « T’en penses quoi ? ». Je ne sais pas si elle va aimer, mais son avis compte, surement parce-que cette chanson parle un peu d’elle aussi… J’ai toujours fait ça, parler des autres, les observer, tenter de retranscrire un moment de vie dans une chanson. « Elle est un peu haute pour Kitae, il va me détester. » Je ris et souffle sur mon café encore chaud, et tente d’en boire une gorgée. Déposant ma tasse sur la table, je décide d’ouvrir les placards à la recherche d’un quelconque paquet de gâteaux. Je ne tarde pas en trouver un et pique un biscuit avant de le tendre à Ye Won. « T’en veux ? »

Il y a une part de simplicité qui se dégage de toi. L'impression que toute la négativité s'est envolée. Pourtant, il y a toujours cette part de rancune, mais tu n'as plus envie de te lever avec cette idée en tête. Tu n'as plus envie de te battre autant. Tu vois qu'il a changé, tu vois les efforts qu'il fait. Alors ça t'aide à passer le cap. Offrir quelques sourires, quelques gestes. T'aurais aimé vivre ce genre de scène avec lui bien avant. T'aurais aimé vivre ce genre d'instant plus souvent. Alors oui, d'autres pourraient trouver ça bizarre, mais tu n'y penses pas à ce moment-là. Tu te laisses aller, comme si le positif faisait à nouveau partie de ta vie. Tu marques une pause, pour l'écouter chanter. T'as toujours aimé sa voix, la façon qu'il avait de s'ouvrir au monde par la musique. Et t'apprécies pouvoir l'entendre de nouveau, alors que t'as passé des années à tenter de l'oublier. Parce que votre relation est en train de changer, maintenant que vous avez pris le temps de discuter. Il y a ce sourire qui ne te quitte pas, alors que ton regard reste inlassablement posé sur lui. « J'aime beaucoup. » lances-tu, la voix faible. Tu sens qu'il y met plus de choses personnelles, t'as l'impression que ça te touche bien plus qu'avant, sans savoir réellement pourquoi. Mais il te détâche de tout ça rapidement, alors que tu reprends la préparation de ton café. Tu ajoutes une cuillère de sucre une fois que celui-ci est prêt, et te retourne face à Il Kyang. « Pourquoi pas, » tu prends un biscuit, prenant ton temps avant de commencer à boire ton café encore brûlant. « Tu bosses sur d'autres chansons sinon ? » demandes-tu, l'air presque rêveuse. T'étais sa plus grande fan, prête à le suivre n'importe ou pour le voir sur scène. C'était ton échappatoir, quelque part. T'as arrêté de compter toutes ces fois où t'as sêché les cours pour aller le voir. Ni même ces soirées à simplement l'écouter chanter. Ces moments précieux que tu gardes tout au fond de toi.