Je prends un gâteau, mordant dedans tout en l’observant. Je souris un peu, l’air de rien tandis que je trouve un endroit où aller m’assoir. J’aime ce petit moment entre nous et cette sincérité dans ses yeux. Je me rends compte que ce sont les instants comme ça qui me manquait. Je la regarde du coin de l’œil, plutôt satisfait de sa réponse. J’aimais bien ce morceau, c’est aussi ma manière de reprendre un peu confiance aussi. Dire que j’ai un don, avoir l’oreille absolu c’est génial oui, mais quand vous en arrivez à détester la musique et tourner en rond, ça n’a plus rien d’un don… Et depuis quelques semaines je n’ai plus cette sensation de dégout, je ne me force plus à prendre ma guitare. Ça redevient instinctif et ça me plait je crois. Je me sens réellement différent, un peu plus apaisé aussi. Attrapant un autre gâteau, je me fige un peu en l’entendant me parler des prochains morceaux sur lesquels je travaille.   «  Hum oui… enfin j’ai réarrangé la musique que je t’ai faite écouter la dernière fois… » Lorsque nous étions que tous les deux sur la plage, juste elle et moi. « Sinon… hum un autre truc, mais j’ai rien de finis pour l’instant. » en réalité cette chanson, j’ai eut envie de l’écrire en revenant de mon exclusion. Tout est parti d’un détail… un journal que j’avais trouvé dans la chambre de Sawan lorsque je vivais chez elle. Malgré moi, j’avais finis par l’ouvrir et y lire beaucoup de choses que j’ignorais à son sujet. Je me suis détesté à la minute où je l’ai fait, mais je n’ai pas su me stopper… et ce que j’y ai découvert m’a inspiré cette nouvelle chanson. Ça parle des envies de suicide, de la folie aussi… rien de bien joyeux. Je n’ai pas vraiment envie de plomber l’ambiance avec ça, alors je reste évasif et ajoute « Tu voudrais venir, si on refait un concert ? On pourrait peut-être se faire un truc avec Kitae, si ça te dit. »comme on le faisait avant. 

Tu ne peut pas t'empêcher de suivre Il Kyang du regard. Tu ne le contrôle pas vraiment, en fin de compte. Tu l'observe s'asseoir, prendre un autre biscuit, alors que tu lui fais face, t'asseyant directement sur le plan de travail derrière toi. Tu souffles sur ton café pour tenter de ne pas te brûler les lèvres en buvant ta première gorgée. T'as l'impression stupide d'être dans une bulle ce matin, en revivant cette sensation qui te prenait au ventre quand vous étiez encore ensemble. « J'espère que je pourrais écouter ça alors. » tu soulignes ta phrase d'un sourire, teinté d'une certaine naïveté, que t'avais perdu si longtemps. Toi qui a si longtemps comblé tes playlist de ses chansons aimerait pouvoir continuer à le faire. Pourtant, tu as peur, encore maintenant, que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. Que tout se termine sans que tu ne puisses le voir venir. T'aurais envie de profiter pleinement de ces quelques instants passés ensemble depuis cette journée sur la plage. Mais tu gardes une certaine réserve, la peur de voir ton coeur se briser à nouveau. Pourtant, tu ne dis rien, préfère profiter de l'instant qui s'offre à toi, comme au bon vieux temps. La rancune est encore présente, mais t'as le sentiment qu'elle s'efface peu à peu. Et ça te fait du bien. Même si tu n'y aurais pas cru. La proposition d'Il Kyang te surprend, quelque part, mais tu l'apprécies, bien plus que tu ne le montres. « Ca fait longtemps que je l'ai pas vu. » souffles-tu, avec un brin de nostalgie. Pourtant, vous en avez passé du temps ensemble. Quoi de plus normal, il est le meilleur ami d'Il Kyang. Mais depuis qu'il a disparu de ta vie, tu t'es aussi éloignée de Kitae. Tu t'en veux quelque part, mais tu sais aussi que ça ne t'aurais pas aidé. Parce qu'il est trop proche d'Il Kyang et que ça t'aurait davantage encore fait souffrir. « Ca me déplairait pas. » finis-tu par répondre à sa proposition, lui offrant un nouveau sourire, dissimilé derrière ta tasse de café.

On a cette obligation de prendre son temps, de ne pas précipiter les choses. Je dois oublier, faire comme si ce n’était plus possible mais aujourd’hui je n’y crois pas. Pourtant j’en connais un qui me dirait d’aller doucement, parce-que je suis responsable de tout ce qui s’est passé entre nous. Mais à quoi bon ? je n’ai jamais écouté les autres et encore moins ma raison. J’aurais dut le faire à certains moment mais pas maintenant. J’aime cette complicité entre nous, comme si finalement rien ne s’était passé. Et c’est aussi ça notre force je crois, pouvoir passer au-dessus et avancer. Peut-être je m’avance un peu à penser ça, mais j’ai l’impression qu’elle et moi on en a envie. On veut aller de l’avant, et pourquoi pas… ensembles ? Ouais ouais, je sais, je ne dois rien précipiter, ni même encore lui proposer un vrai rencard, mais putain… j’en meurs d’envie. Et j’aimerais laisser aller ma folie, juste pour voir… mais quelque part j’ai envie de changer aussi, de ne plus être aussi égoïste que j’étais… alors je laisse faire le temps, à ma manière. Cette proposition pour une soirée, ça me plait et puis c’est un moyen aussi de lui faire comprendre que je suis bien là, comme avant. Ces nuits après les concerts, on en a connus des tas, rien que tous les deux ou avec Kitae… finalement mon ami serait presque une excuse pour un rendez-vous. Elle ne refuse pas, pour mon plus grand plaisir alors que je sors mon téléphone. « Ok, je préviens Kitae. » et je ris, comme si elle ne pourrait plus faire marche arrière après ça. Cela dit, je suis déjà en train de lui envoyer un message pour le prévenir. Moi qui refusais la plupart de nos concerts ces derniers temps, je me précipite presque pour en faire un nouveau. Je laisse mon téléphone sur la table et glisse un peu plus dans ma chaise pour étirer mes jambes. D’un air décontracté je bois une gorgée de mon café « ça se passe comment tes cours ? » à vrai dire, je ne suis pas au courant de sa vie scolaire. En réalité, je ne connais pas grand-chose de son présent et je pense que malgré la banalité de ma question, je pourrais en savoir un peu plus. 

Il y a ton rire qui emplit la pièce lorsque tu vois Il Kyang prendre son téléphone pour envoyer un message à Kitae. Tu ne peux plus revenir en arrière, mais cette idée est loin de te gêner. Parce que dans le fond, ces moments-là restent de bons souvenirs. Toutes ces fois où t'as séché les cours pour aller les voir sur scène, ne serait-ce que quelques minutes. Toutes ces nuits que vous avez pu passer ensemble avec quelques verres et quelques chansons pour refaire le monde. Ca te rappelle une nouvelle fois à quel point des instants aussi insignifiants pouvaient te rendre heureuse. Et c'est ce dont t'as besoin, en ce moment. Ne pas oublier que la vie peut parfois avoir du bon, malgré cette obscurité dans laquelle tu te complais depuis trop longtemps. Et pendant qu'il envoie son message, t'en profites pour aller récupérer un gâteau, avant de retourner t'asseoir sur le plan de travail, profitant de ce petit-déjeuner improvisé en sa présence. Sa question te fait arquer un sourcil, sans réellement savoir quoi répondre en définitive. « Ca va, c'est un peu barbant. » oses-tu simplement répondre, tes épaules se haussant légèrement, d'un geste las. Tu bois une gorgée de ton café avant de reprendre. « Mon père me tuerait si j'obtiens pas mon année, mais c'est pas nouveau. » T'as cet air détaché quand tu parles de ton père. Tu ne lui as jamais pardonné la vie qu'il vous a fait mener avec ton frère, ni même la disparition de celui-ci. Et même si tu as assez de courage pour faire des conneries qui peuvent l'énerver au plus haut point, tu continues malgré tout de t'en sortir dans tes études. Parce que même si tu détestes la voie qu'il t'a choisie, tu sais qu'elle t'aideras à avoir un vrai boulot à la fin. « Et toi, ça se passe comment ? » finis-tu par demander à ton tour. T'as été surprise de le voir dans les couloirs de la Yonsei au départ, et tu te demandes encore ce qui l'a poussé à reprendre ses études. Ca paraissait impensable quelques temps en arrière, mais t'as su t'y faire, sans en connaître les raisons.

J’arque un sourcil, intrigué sur ses mots. Son père… je ne l’ai jamais vraiment aimé. Je le connais pas, juste de qu’elle m’a toujours raconté de lui, mais je n’étais pas le genre de mec idéal pour sa fille adorée. C’est certain je n’avais pas grand-chose à lui offrir si ce n’est une liberté… Je sais qu’il n’apprécierait surement pas de me savoir là, dans la même université qu’elle. Finalement, ça serait presque risible, mais l’envie me passe rapidement en voyant cet air détaché sur son visage. Elle n’a surement pas le choix d’être ici, un peu comme moi, et peut-être essai-elle de se convaincre que c’est une bonne chose, tout comme je le fais aussi. « Tu réussiras. T’es une battante après tout. » Elle ne baisse jamais les bras, et même si la vie est parfois difficile avec elle, elle encaisse… un peu trop cela dit. C’est du moins ce que je me dis en la voyant, si différente. Ce moment avec elle, me ferait presque oublier à quel point elle a changé. Au final, ces blessures ont fini par la rattraper… mais je n’ai pas envie de lui en parler, je suis même prêt à croire que désormais les choses vont changer. Parce-que je suis là ? Un peu et je sais à quel point c’est égocentrique… Je finis par me relever pour aller m’assoir à ses côtés sur le plan de travail. Je préfère cette proximité qui m’est presque plus interdite désormais. Posant le paquet entre nous deux, j’attrape un gâteau « Oh moi… je passe de justesse on va dire. » et je lâche un petit rire, sincère parce-que je n’ai pas envie de trouver ça triste. En réalité, je n’ai pas le choix d’être là, je n’ai jamais demandé à faire des études. « Tu sais, c’est pour devenir quelqu’un… mes parents m’ont quand même laissé le choix du cursus. » je souris amusé, ironisant la situation. Ce n’est pas si horrible que ça, au fond, j’aurais pu finir défoncé sous un pont. « Je sais pas trop ce que je pourrais être… donné des cours ? Tu me vois faire ça ? » je laisse un petit moment de réflexion avant de me mettre à rire subitement. Oui, c’est drôle, je ne suis pas de ce genre là. « Tu m’imagines ? J’ai déjà du mal à me gérer. » et je ris un peu plus, me moquant de moi-même et des conneries que j’ai faite ou ferais surement. Je ne prends pas ce sujet au sérieux, pas avec elle, parce-que j’en ai surement marre de toujours broyer du noir. Je préfère en sourire, et tout me parait plus facile quand elle est là. Comme si à ses côtés, j’étais capable de voir les choses plus positivement. C’est du moins ce que j’ai remarqué depuis quelques temps…

T'aimes pas parler de tes cours, ça te rappelle à chaque fois que tout ce que tu fais dans ta vie t'es imposé. Que toutes tes journées sont remplies de tâches à suivre à la lettre, sans aucune liberté de tes parents. Qu'il n'y a que la nuit que tu peut être celle que t'as envie d'être. Cette jeune femme qui profite de sa vie sans rien demander à personne. Mais t'es une demoiselle brisée par les épreuves qu'elle a enduré, et c'est uniquement ça qui ressort de ces nuits d'ivresse. Et t'essaies de ne pas trop y penser, alors qu'Il Kyang vient finalement s'installer à tes côtés. Tu préfères te concentrer sur ses gestes, ses mots. T'as encore du mal à t'habituer au fait qu'il soit revenu dans ta vie, mais t'y reprends goût, sans t'en rendre compte. « Tu deviendras quelqu'un, avec ou sans l'université. » oses-tu avouer, ayant toujours cru en son talent, même après tout ça. Un léger sourire vient se glisser sur tes lèvres avant que tu ne baisses la tête, te mettant à rire. T'aurais du mal à l'imaginer enseigner, sans que ce soit négatif pour autant. « J'te souhaite surtout d'avoir de meilleurs élèves que moi pour y arriver. » Tu te souviens de cette fois ou il a tenté de t'apprendre un morceau à la guitare, alors qu'une heure après, tu étais déjà incapable de te souvenir des accords. Des instants qui étaient doux, qui t'ont manqué pendant si longtemps. Tu te sentirais presque gênée de revivre une partie de tout ça, alors que tu tentes de cacher ces émotions derrière ce café que tu continues de boire. « N'empêche que j'aimerais bien te voir à l'oeuvre. » plaisantes-tu à ses côtés. Un gâteau de plus pour te cacher, alors que ton regard se pose furtivement sur l'horloge de la cuisine. Le temps semble passer si vite ce matin, pourtant, tu préfères t'accorder quelques minutes de plus en sa compagnie, sans pour autant l'exclamer à voix haute.

Je suis touché par ses mots. Ye Won est le genre de personne qui a toujours cru en moi. Je n’ai jamais eu la prétention de me croire talentueux, de m’imaginer vendre des disques et partir en tournée. C’était mon rêve oui, mais de là à ce qu’il devienne réalité il y avait tout un chemin à faire. Mais elle… jamais elle n’a douté. Même quand je n’étais pas sur de moi, elle prenait le temps de me rassurer, de me dire qu’il fallait que j’avance, que j’y crois. Au fond j’ai finis par le faire, par l’écouter. Mais avec les années, j’ai oublié. J’ai délaissé cette passion et ce pour quoi je suis fait. Je ne suis pas stupide, à part la musique je n’ai aucun talent. Je ne suis pas bon dessinateur, je suis nul en mode et je ne parle pas des maths. En clair, il était évident que je choisisse ce cursus et je crois que mes parents le savaient aussi. Ils n’étaient pas déçus, du moins je le crois quand je leur ai annoncé mon choix… ils se sont contentés de hocher la tête et me dire de prendre un petit boulot à côté… et vite. A part ça… ils ne me demandent jamais comment se passe mes études, ni même si cela me plait. Ce qui compte, c’est que je leur donne une petite enveloppe à la fin du mois pour les aider. Je suis lassé de tout ça, alors je préfère en rire et me souvenir. Ye Won n’était pas douée pour la musique, mais malgré ça j’aimais ces moments. Je n’ai jamais cherché mon alter égo, quelqu’un qui me ressemble sur tous les points. Des filles qui jouent, qui chantent, j’en connais des tas… mais c’est elle que mon cœur avait choisi. Et je me foutais pas mal de nos différences, puisqu’elles faisaient notre force… du moins à l’époque. Je continue à boire mon café, souriant derrière ma tasse à ses remarques. « Si j’ai un élève, tu pourras être mon assistante charmante. Au moins on viendra à mes cours. » et je ris un peu plus, j’imaginant très mal donner des cours. Il me faudrait un argument de choix pour les convaincre et Ye Won me parait être un bon. Je dépose ma tasse sur le meuble, jette un coup d’œil à l’heure et m’aperçoit que les étudiants normaux seraient déjà en train de se préparer. Je n’en ai pas envie, mais je n’ai pas envie de l’entrainer dans mes mauvais vices. Alors je me lève subitement, lui tend la main pour l’aider à descendre et lui propose « ça te tente qu’on aille en cours ensembles ? » j’ai un sourire espiègle au coin des lèvres, parce-que cette question m’amuse. Elle parait si naturelle alors qu’elle ne le devrait pas. « On se prépare vite fait et je t’attends ? » je lui ferais presque mes yeux doux pour qu’elle accepte. 

Durant ce court instant, t’oublies tout ce par quoi vous êtes passés. Tu retrouves au fond de toi une certaine douceur que tu pensais avoir perdue. Ca colore un peu ta journée, ça teinte de gris ce quotidien que tu penses si noir. Et tu te laisses aller à quelques minutes supplémentaires en sa présence, sans penser à son absence, à ces mots que tu n’aurais pas voulu entendre. T’aimes le voir se projeter dans un avenir différent de ce qui l’attendait, avant. Tu te souviens avec joie de tous ces moments ou t’étais présente pour l’encourager. Ces instants ou tout allait bien, finalement. T’as ce rire qui te prend à sa remarque, léger, peu sûre de toi. « Je suis pas sûre d’être d’une grande aide. » finis-tu par répondre. Tu sais, que tu peux plaire à la gente masculine, pourtant, t’es loin d’être autant sûre de toi. Après les épreuves que t’as du endurer, tu sais qu’il n’y a pas que le physique qui compte. Et même si ta plastique peut faire rêver, tu te doutes bien que ton caractère ne saurait plaire à tout le monde. Tu chasses cette idée d’un geste de la tête, discret, avant de reporter ton attention sur Il Kyang. En fin de compte, t’apprécies de nouveau le voir sourire, le voir être présent. C’est étrange lorsqu’on pense à tout ce qui s’est passé. Mais tu préfères le laisser de côté pour ce matin. Peut-être que la colère reviendra à un moment ou à un autre, mais au fond de toi, elle n’a pas envie d’être présente aujourd’hui, et tu comptes bien en profiter pour une fois. Tu finis par attraper sa main pour descendre du plan de travail, le remerciant d’un sourire. « On peut oui. » souffles-tu, d’une voix à peine audible. Une attention qui te touche, au final. « J’vais essayer de me dépêcher. » que t’ajoutes, avant de mettre vos tasses dans l’évier, et partir déjà en direction de ta chambre. « On se retrouve dans l’entrée ? »

Tenue - Je n’aurais jamais pensé aller en cours avec Ye Won. Je souris à cette pensée, lui faisant un petit signe de la tête pour aller à ma chambre. Sur le chemin, j’avoue avoir du mal à me rendre compte de ce qui se passe. J’ai presque envie d’envoyé un message à Kitae, encore un, mais cette fois pour lui dire qu’un truc bizarre est en train d’arriver. Moi… ici, avec Ye Won. Il me dirait que je suis fou, que je devrais arrêter d’y croire… mais putain, s’il me voyait avec elle aujourd’hui, il n’en croirait pas ses yeux. A se dire qu’il est possible de passer outre le mal qu’on fait aux gens. Bizarrement, ça ne me rend pas triste, au contraire ça m’encourage. Moi qui avais toujours été d’un naturel optimiste avant tout ça… j’ai l’impression de me retrouver. D’y croire aussi. Et pas seulement pour elle, mais aussi… peut-être eux. Mes parents je veux dire. Si je suis capable de lui montrer que j’ai changé à elle, pourquoi pas eux ? J’ai soudain, cette folle envie d’y penser, de me dire que c’est possible. Et je crois qu’au fond c’est un peu grâce à elle. Ye Won, me redonne le sourire, l’envie de faire des choses, de… revivre. Et ça… bordel, ça me fait du bien. C’est avec un sourire non caché que je reviens dans ma chambre, je ne suis plus fatigué, je suis même presque impatient d’aller en cours, seulement parce-que je sais qu’elle sera là. Et comme un adolescent allant à son premier rendez-vous, je me sens un peu nerveux. Au point de rester bloquer devant mon armoire. Oui, moi et la mode ça fait plutôt deux. Je n’ai pas beaucoup de fringues, je m’habille avec ce qui me plait sans me demander si je serais à la hauteur. Mais pas cette fois. A croire qu’un simple trajet sur un campus pourrait influencer toute ma vie. Vraiment ? Je fais la grimace, farfouille dans ce que j’ai et hésite pas mal. Mais je n’ai pas envie non plus d’être trop lent. Alors finalement j’opte pour un truc simple, quelque chose qui me ressemble trop. Je pousse un soupir, sur ça Kitae est plus bien plus apte à faire des choix.  Je finis par aller me doucher et me préparer. Je suis d’un naturel toujours en retard, mais cette fois je n’ai arrêté de regarder mon téléphone. Assez pour finalement être prêt à temps. Cela dit, je ne prends pas le temps de regarder mes cours de la journée. En vérité… je m’en fous un peu. J’attrape juste mon sac, le fourre sur mon dos et me précipite déjà à l’entrée. 

ootd// Il y a une part de toi qui appréhende, finalement. Ce n'est pas commun d'aller en cours avec lui. Tout autant que ce petit déjeuner. C'est difficile de ne pas y penser, de ne pas laisser ces quelques minutes passées avec lui emplir ton esprit. Alors, tu tentes du mieux possible de te concentrer sur autre chose, à commencer par ta tenue.Et devant ton armoire, tu doutes. Ca t'arrive rarement, toi qui sait toujours ce que tu peux assortir avec tel ou tel vêtement. Mais là, t'es figée, pendant de longues minutes, sans savoir ce que tu pourrais porter. Tu te décides finalement à aller prendre ta douche, y réfléchissant pendant ce temps. Tu tentes de faire vite malgré tout, t'essaies d'être à l'heure, même si ça n'a jamais été ton fort. Il y a cette pointe de stress qui reste bloquée en toi, même quand tu retrournes dans ta chambre. Tu marques un temps supplémentaire avant de te décider sur un pantalon à pinces noir, et un pull couleur corail. Tu ne sais pas pourquoi, tu te mets dans de tels états. Après tout, tu vas simplement à l'université. Mais voilà, Il Kyang t'accompagne, et finalement, ça fait toute la différence. D'aussi loin que tu t'en souviennes, ça n'est jamais arrivé avant. Alors toi, la demoiselle toujours propre sur elle, paniquerait presque à cette idée. Un brin de maquillage, léger, tes cheveux que tu brosses rapidement, tu fais en sorte d'être à l'heure, alors que ton regard se pose inlassablement sur ta montre. Tu fais ton sac rapidement, garde quelques livres dans tes bras, toi qui choisi toujours des sacs trop petits pour aller à tes cours, et te voilà enfin quittant ta chambre. Ton coeur tambourine dans ta poitrine alors que tu n'oses pas réellement le regarder, pas encore. Il est déjà là, dans l'entrée, et tu pinces tes lèvres de nervosité. "Je t'ai pas trop fait attendre j'espère." soufles-tu, un léger sourire, gêné, se glissant sur tes lèvres.