« J’espère bien. Y a que toi qui peut me soigner. » Jonah était le seul qui pouvait le toucher, en dehors de ses clients. Il ne disait rien quand c’était lui parce que ce n’était que médical et qu’il n’avait pas d’arrière-pensée. Du moins, pas à la connaissance de Donghun. Ça ne changerait pas grand-chose au final parce qu’il devrait dire non à ses avances mais comme ça n’était pas prêt d’arriver, il était sauf. Enfin, pour le moment, il avait des blessures à faire soigner et le fait que le pâtissier l’avait fait ne semblait pas plaire à Jonah. « Je dois t’avouer que j’ai pas vraiment regardé. Il a fait ce qu’il a pu je pense. Et je note de ne jamais toucher à quelque chose que tu auras fait alors. Pas envie de mourir intoxiquer. » Le pyobeom non plus ne savait pas cuisiner. Pour tout dire, il n’avait jamais même essayé, parce qu’il n’en voyait pas l’utilité et surtout qu’il n’avait pas le temps. Il se nourrissait exclusivement de nouilles instantanées et de plats déjà préparés. Et avec cette hygiène de vie, il faisait la morale à Jonah sur la sienne. Tous les deux n’étaient pas les mieux placés pour parler de la façon dont l’autre vivait sa vie puisqu’ils n’avaient pas une très bonne hygiène de vie. « Je peux pas comprendre, parce que je vis pas la même chose que toi. Mais je peux essayer et honnêtement, je pense que tu focalises trop sur cette partie. Certes, ça fait partie de toi et de ton passé, mais faut que tu ailles de l’avant… » Facile à dire pour lui vu qu’il n’avait pas perdu la mémoire et malheureusement, parfois, il aimerait que ce soit le cas. Qu’il puisse oublier que sa famille adoptive était morte et qu’il n’avait pas l’obligation de se prostituer pour payer ses dettes. Il en aurait presque rêvé aussi que ça arrive. Sauf qu’il taisait ça pour ne pas s’attirer les foudres de Jonah. Parce que lui, vivait ça en temps réel et que ça devait être tout sauf drôle. « T’as intérêt à te reposer. » Il fit la moue. « Je t’offrirai à manger. » Comme ça ils mangeront tous les deux quelque chose et de bon.

Une petite tape sur son épaule à ces quelques mots qu’il t’adresse. Tu es le seul qui arrive à le soigner, à panser ces blessures visibles à chaque fois qu’il en a besoin. Et tu ne comptes pas l’abandonner. Ni lui, ni tes autres patients qui comptent sur toi. Tu restes concentré sur les plaies que tu dois soigner, les désinfecte avec précaution. Comme à chaque fois, tu tentes de faire preuve d’une certaine douceur, pour ne pas trop éveiller de douleur chez ton vis-à-vis. Il n’y a aucune arrière-pensée, simplement l’envie de bien faire les choses, sans que ce ne soit trop douloureux pour lui. Tu finis par relever la tête vers lui, lui offre un sourire à cette remarque qu’il fait. « Aucun risque, je crois que la cuisine est la pièce que j’utilise le moins ici. » Tu tentes de détendre un peu l’atmosphère, à ta façon. Mais tu restes tout autant concentré sur ta tâche, faisant la moue alors que tu termines de désinfecter ses blessures. « Je pense pas que des points de suture soient réellement utiles, mais je vais quand même te mettre des sutures adhésives. Je te les enlèverais d’ici quelques jours et on verra si je t’en pose d'autres ou pas. » Tes habitudes de futur médecin reprennent vite place, alors que tu expliques ce que tu fais, comme à chaque fois. Ca ne t’empêche pas d’écouter ce qu’il te dit, d’y réfléchir aussi. Un instant, tu pinces tes lèvres, sans réellement l’observer, mais plutôt à récupérer ce dont tu as besoin pour terminer de le soigner. Quelques secondes de silence, avant de relever ton regard vers lui. « Le problème, c’est que ça impacte beaucoup de mes décisions, et … C’est pas évident à mettre de côté. » Tu restes sincère, comme tu l’as toujours été. Plutôt que de te cacher derrière des excuses, tu préfères exprimer ce que tu penses réellement, même si ça ne changera pas grand chose, en fin de compte. Tu te reprends bien vite, laisse même un léger rire s’échapper d’entre tes lèvres à sa proposition. Tes yeux toujours relevés vers lui, tu préfères garder ce petit air amusé sur ton visage. « Ca, ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd ! Mais oui, je vais prendre du temps pour me reposer. » lui assures-tu une seconde fois. Ton corps le réclame, de toute façon. Et tu sais, que tu dois prendre un peu de temps pour toi, si tu ne veux pas finir par t’écrouler.

Il rit en entendant Jonah parler de la cuisine. « Bah parfait alors. Je vais pas mourir d’une intoxication alimentaire. » Il n’était lui-même pas doué pour faire à manger et donc critiquait parce qu’il ne faisait pas mieux. Si ce n’était pas Jonah qui le tuerait d’une intoxication, ce serait lui qui le ferait lui-même. Donghun ne savait pas cuisiner et n’apprendrait pas. Il y avait assez de restaurant qui faisaient à importer pour qu’il ne prenne pas la peine de passer derrière les fourneaux. Comme pour les médecins, il n’avait pas besoin d’apprendre la médecine pour qu’on le soigne. En plus il avait un médecin à disposition qui le soignait quand il en avait besoin. Le jeune homme écouta ses recommandations et hocha la tête à chacune d’elle. « Et je reviendrai entre temps pour d’autres sûrement. » Il rigolait mais seulement à moitié. Il ne savait pas par avance ce que ses clients voulaient et donc, il ne pouvait pas prévoir s’ils allaient lui faire mal ou pas. Il était à leur service et c’était tout. Mais pour le moment, Donghun essayait tant bien que mal de comprendre ce qui se passait avec Jonah et dans sa vie à cause de son accident. Il n’y arrivait pas parce qu’il n’avait pas vécu la même chose. Malgré tout, il essayait parce que le plus grand était son ami. « Je me doute oui que ce n’est pas facile et que ça impacte énormément de tes décisions. Mais malgré tout, la vie continue. Tu dois aller de l’avant et ne pas penser à ce qu’il y avait avant. » Donghun n’avait pas conscience que cela était compliqué encore plus quand il n’avait pas assez d’heures de repos et qu’il ne prenait pas le temps de se reposer correctement. « T’en fais pas, je compte pas me défiler. » Il sourit un peu plus au jeune homme avant de se rhabiller, grimaçant à cause de l’effort. « Tu veux quelque chose à manger. Je vais aller chercher quelques merdes dans la cuisine. J’ai mangé un gâteau mais j’ai la dalle putain. » Ce n’était pas le gâteau qu’il avait mangé dans la pâtisserie qui l’avait calé. Il avait vraiment faim. « Je pourrai prendre quelque chose à boire aussi non ? »

Tu ne peux t’empêcher de rire à la remarque de ton ami. Non, tu ne risques pas de l’empoisonner, fort heureusement. Même avec tes pauvres moyens, tu préfères encore payer à manger dans un restaurant plutôt que de te tenter à la cuisine. Cette activité là n’est clairement pas faite pour toi, et ne le sera certainement jamais. Tu préfères malgré tout te concentrer sur ta tâche, applique des pansements pour éviter que ses plaies s’infectent, et tapote son épaule de ta main une fois ton travail terminé. « Tu sais que tu viens me voir quand tu as besoin. » Et tu ne poseras aucune question, comme à chaque fois. Rester dans le mystère de cette personne qui le blesse a beau être difficile pour toi, tant en tant qu’ami qu’en tant que médecin, mais tu ne le forceras jamais à te dire quoi que ce soit. Pouvoir le soigner et t’assurer qu’il va bien est déjà en soit assez important pour toi. Même s’il semble savoir plus de choses à ton sujet que l’inverse, tu n’y penses pas. Tu sais que les mots qu’il peut avoir sont vrais, pour autant, tu t’accroches encore à beaucoup d’espoirs, c’est plus fort que toi. « La vie continue comme tu dis. Peut-être que j’arriverais à avoir un véritable déclic qui fera que j’arriverais à avancer, qui sait. » Tu lui offres un sourire, une manière de pouvoir le rassurer à ton sujet. Finalement, tu gardes en tête que tu arriveras à avancer, que t’as simplement besoin d’encore un peu de temps pour ça. Peut-être une rencontre, un soutien que tu n’as pas encore trouvé. Tu ne sais pas quand ça pourrait arriver, ni même comment, mais tu as envie d’y croire malgré tout. Rangeant tes affaires, tu observes du coin de l’oeil Dong Hun se relever. « Pourquoi pas. Prends ce que tu veux, je crois que j’ai bien besoin de manger moi aussi. » Tu ris légèrement à cette remarque. T’as encore passé trop de temps le nez plongé dans tes bouquins. « J’ai juste quelques fruits dans le ventre, je vais avoir besoin de plus de forces que ça aujourd’hui. »

Sourire qui s’afficha sur ses lèvres tandis qu’il écoutait Jonah lui assurer qu’il pouvait venir le voir dès qu’il le voulait pour se faire soigner. Donghun appréciait réellement le jeune homme parce qu’il était toujours là pour lui et ne lui posait jamais de questions. De toute façon, il savait qu’il n’obtiendrait aucune réponse et ça le médecin l’avait bien compris. Le blessé avait toujours été mystérieux, ne parlant jamais ou très rarement de lui, de son passé ou même de sa famille. Si bien que peu de personne était au courant qu’il avait eu un accident de voiture quelques années auparavant, qu’il avait perdu sa famille dans un crash d’avion de plaisance, que sa tante lui extorquait de l’argent et pour finir qu’il vendait son corps pour justement lui donner ce qu’elle voulait. Personne ne savait et c’était pour cette raison que c’était Jonah qu’il venait voir parce qu’il ne demandait pas d’explications et qu’il le soignait sans poser de questions, qu’importe à quel point ses blessures étaient graves. Donghun essayait donc de le remercier en le soutenant comme il pouvait même si c’était compliqué parce qu’il ne comprenait pas ce qui se passait dans la tête de son ami. Personne ne pouvait comprendre parce que personne n’avait expérimenté ce genre de choses, mais il essayait quand même, avec ses moyens. « J’espère que ce sera le cas pour toi… Autant si tu retrouves la mémoire que d’avancer sans tes souvenirs. » Il se gratta la nuque légèrement mal à l’aise avant de reprendre. « J’imagine que c’est pas facile, mais si t’as besoin d’en parler… Tu peux venir, je te donnerai une oreille attentive. » Donghun lui lança un sourire avant de se rhabiller pendant que Jonah rangeait ses affaires et qu’ils se mirent à parler de nourriture. L’un comme l’autre n’avait pas réellement mangé et il hocha la tête. « Okay je vais prendre quelque chose de gras, sucré ou salé qui nous tienne au corps quelques temps. Et puis de quoi boire. » Le jeune homme s’éclipsa quelques minutes, le temps de rassembler ce qu’ils allaient manger et boire avant de revenir dans la salle commune. « J’ai pris un peu de tout, j’espère que ça te conviendra. »

T’es toujours resté discret concernant ton amnésie. Bien entendu, la plupart de tes camarades savent que tu l’es devenu suite à ton accident, mais tu n’en parles pas vraiment. Tu caches tant bien que mal toutes les séquelles de cette chute, tout ce que cela engendre pour toi. Toutes ces questions que tu te poses sans arrêt, mais aussi, tous les efforts que tu dois faire pour paraître comme tout le monde. T’as eu besoin de nombreux mois, avant de pouvoir te remettre debout, reprendre une vie (presque) normale. Mais tu préfères généralement ne pas t’étaler là dessus, le sentiment parfois, que personne ne pourrait véritablement comprendre ce qu’il se passe en toi. Finalement, Dong Hun est l’un des seuls avec qui tu en parles, parfois. Pour autant, il y a tant de choses qu’il ne sait pas à ton sujet. Tous ces doutes, toutes ces peurs. Tu préfères les garder pour toi, tu te dis que c’est mieux comme ça. Un sourire que tu lui offres, suivi d’un hochement de tête. « J’apprécie le geste. » et t’es sincère dans ce que tu dis. Même si tu as encore bien du mal à en parler, tu sais que dans cette maison, tu auras au moins une oreille attentive. Une idée qui rassure, quelque part. Alors qu’il part chercher de quoi manger, tu en profites pour ranger tes livres, le petit bordel que tu as laissé sur la table de la salle commune. Tu fais un peu d’espace pour que vous puissiez manger tranquillement. Tu gardes ce même sourire lorsqu’il revient les bras chargés de nourriture et de boissons, en récupère pour les poser sur un coin de table. « J’en suis certain. » réponds-tu simplement, t’installant finalement sur l’une des chaises, gardant ton regard posé sur ton ami. « Sinon à part ça, tu racontes quoi toi ? » Encore une fois, tu ne poseras pas de questions sur ce qui lui est arrivé. Il t’en parlera uniquement s’il le désire. Mais dans cette question, tu lui montres aussi que tu t’intéresses à lui. Que toi aussi, tu peux être une oreille attentive s’il le souhaite, et pour n'importe quel sujet.

Donghun sourit quand Jonah lui dit apprécier le geste. C’était normal pour lui de lui offrir une épaule ainsi qu’une oreille pour qu’il puisse avoir du soutien. Il ne pourrait sûrement pas faire grand-chose pour lui et potentiellement ne pas l’aider comme il le voudrait, mais il pensait que s’il était là pour lui, ce serait au moins du soutien en plus pour lui. Le jeune homme aurait aimé que quelqu’un soit là pour lui aussi après son accident de voiture et la perte de ses parents. Alors, il faisait tout être là pour son ami. Et il l’était également en allant dévaliser la cuisine des pyos, ramenant tout ce qu’il pouvait dans ses bras pour qu’ils puissent se restaurer un peu. Il essaya de ne pas prendre de choses avec des noms inscrits dessus afin d’éviter les foudres de certains de ses camarades panthères. Quand il revint dans la salle commune, Jonah avait rangé un peu ses cours et il vint l’aider à porter ce qu’il avait ramené. Donghun le remercia de la tête en déposant le surplus sur la table. Il lui sourit, prenant place en face du plus grand, hochant la tête quand il lui répondit qu’il était certain que ça lui plairait. Il posa son regard sur lui et haussa les épaules à sa question. A dire vrai, il n’y avait pas grand-chose de nouveau dans sa vie ou même d’intéressant. Il pourrait parler de ses problèmes, mais même si Jonah était quelqu’un à qui il faisait confiance, assez pour le laisser le toucher sans avoir de haut-le-cœur, il n’était pas prêt à lui parler de sa tante et de l’odieux marché qu’elle lui avait fait passer. « Pas grand-chose. Mes cours me prennent pas mal de temps et je n’ai pas vraiment de temps à moi… » Donghun ne mentionna pas le fait qu’il vendait son corps et que la plupart de ses nuits se résumaient à ça : se vendre, vomir à cause de leur toucher et finir par être payé pour ça. Il avait l’impression que qu’importe le montant qu’il ramenait à sa tante, se n’était jamais assez. « J’aimerai bien avoir une soirée, ou même une journée de repos complet à rien faire. Mais c’est un peu compliqué. »

Tu gardes ce sourire sur tes lèvres, lorsque Dong Hun revient dans la salle commune. Machinalement, tu l’aides à tout poser sur la table, avant de t’installer. Malgré ces quelques questions que tu peux avoir en tête, tu préfères ne pas le brusquer, et comme à chaque fois, tu le laisseras parler de ce qu’il veut. T’as ces habitudes de médecin qui reviennent malgré toi, mais face à ton ami, tu fais de ton mieux pour les laisser de côté. Ton ventre finissant par gargouiller sans que tu ne puisses le contrôler, tu finis par attraper un paquet de gâteaux, et en mange rapidement un. En même temps, tu gardes cette oreille attentive, au cas ou, pour une fois, ton vis-à-vis veuille se confier sur quoi que ce soit. « Je crois qu’on est tous dans la même galère. » Tu ponctues ta phrase d’un léger rire, une façon de garder l’atmosphère détendue, autant que possible. Pour autant, tu ne peux t’empêcher de relever la tête vers lui à sa remarque, ce léger sourire restant ancré sur tes lèvres. Tu sais, que tu passes tout ton temps le nez dans tes livres, ou à l’hôpital. Que tu es le premier à avoir besoin d’une soirée au calme, certainement pour te ressourcer un peu, prendre le temps de te reposer. Mais tu ne prends jamais le temps pour ça. Sûrement parce que tu sais que ce sera un temps que tu passeras seul, à ruminer une fois de plus tout ce qui se passe dans ta vie. Malgré tout, il y a cette idée qui germe déjà dans ton esprit, ton regard qui se fait un peu plus amusé, peut-être. « Et si on essayait de se caler ça, tous les deux ? On en a tous les deux besoin, alors autant essayer de se prévoir ça ensemble ? » Peut-être que ça vous motivera, à prendre le temps pour ça. Du moins, une part de toi l’espère certainement.

Ce furent les bras chargés de nourriture qu’il rejoignit son ami dans la salle commune de la fraternité. Jonah l’aida en prenant la plupart des choses et ils s’installèrent tous les deux pour manger les conneries que Donghun avait ramené de la cuisine. La conversation s’engagea alors sur leurs journées et les deux jeunes hommes étaient sur la même longueur d’onde. Ils n’avaient pas une minute à eux entre leurs cours et leurs vies respectives. La différence était que Jonah contrairement à Donghun ne vendait pas son corps et n’essayait pas de rembourser une dette qu’il savait bien trop importante. Il se doutait, sans avoir de réelles preuves, que sa tante l’exploitait un peu et qu’il continuait juste pour assouvir sa soif d’argent. Il ne disait, cependant rien, de peur devoir plus d’argent encore qu’il ne devait maintenant. « Je crois ouais. » renchérit-il aux mots de Jonah avant de se plaindre sur le fait qu’il aimerait avoir une journée ou une journée de repos. Quelque chose dont il rêvait secrètement depuis des années mais qu’il ne s’était jamais octroyé. Pourquoi ? Simplement parce qu’il n’avait jamais réellement eu l’occasion. Quand il n’était pas à la fac, il bossait. Et quand il ne travaillait pas, il était à la fac ou révisait ses cours. Un cercle vicieux dans lequel il s’était lancé sans jamais pouvoir en sortir malheureusement. Il écouta son ami et l’idée qu’il lui lança lui donna envie. Seulement, est-ce qu’il irait jusqu’au bout ? Il ne savait pas. « Ouais on peut faire ça, sans souci. Ça peut se faire. » Il était enthousiaste à l’idée mais ne savait pas si ça pourrait se faire réellement. Il ne voulait pas paraitre trop excité à l’ébauche de ce potentiel temps de repos, s’il n’arrivait jamais. « Tu voudrais faire quoi ? Aller où ? Quitter Séoul et voyager un peu ou rester dans la capitale ? » C’était quelque chose à prévoir parce que s’il voulait quitter la capitale coréenne, ça prendrait peut-être plus qu’un seul jour.

Au fond de toi, tu sais que tu charges tes journées le plus possible. En révisant tes cours, en faisant des heures supplémentaires à l’hôpital. Ca ne te laisse que peu de temps pour penser, finalement. Pour ressasser toutes ces choses qui se bousculent en toi, toutes ces questions qui ne trouvent pas de réponse. T’as beau t’accorder quelques minutes par jour pour griffonner tes moments passés dans ton carnet, cela reste un moment ou tu te concentres uniquement sur le présent, et non sur le passé. Ca t’aide à tenir aussi, à croire que si ta mémoire devait à nouveau te faire défaut, cette fois tu aurais quelque chose à quoi te raccrocher. Tu ne prends aucun temps pour toi, pour te ressourcer, ce besoin constant d’être en mouvement, à faire quelque chose de constructif pour ne pas avoir à penser. Et ce, même si ton corps commence clairement à s’épuiser. Alors, prendre du temps pour te reposer, avec une autre personne, semble finalement la meilleure des solutions pour éviter ces instants ou tu craqueras une fois de plus. Ou tu repenseras à toutes ces interrogations qui restent ancrées en toi. « Je crois que si j’arrive à m’accorder ne serait-ce qu’une soirée, ce sera un véritable miracle. » Tu en ris, mais au fond de toi, t’as peur de ne pas être capable de le faire, même accompagné. Alors peut-être qu’en le prévoyant, un peu en avance, tu arriveras à te sentir prêt pour ça. A relâcher la pression, ne serait-ce que quelques heures. « Je sais pas trop … On m’a parlé d’aller au spa mais je t’avoue que je sais pas trop à quoi m’attendre. Sinon, aller voir un film au cinéma, ou juste rester au dortoir. Se faire livrer à manger et ne rien faire de particulier. » Des idées en vrac, que tu ne mets jamais en pratique. « Tu voudrais faire quoi toi, si tu avais ne serait-ce qu’une soirée pour toi ? » Parce que si vous deviez organiser ça à deux, autant trouver quelque chose qui conviendrait à chacun d’entre vous.