Un jour je saurais peut-être la vérité. D’où je viens, qui je suis vraiment… mais je suis effrayé. Parce-que j’ai conscience quelque part que ces choses pourraient bouleverser ma vie. Si je n’étais pas moi, si j’étais différent. Jusqu’à me demander si je n’avais pas un autre prénom. Je soupire, lassé de ces questions qui tournoient dans ma tête. C’en est trop pour aujourd’hui, trop pour un seul homme. Et je n’avais jamais eu la prétention de dire que je pouvais tout supporter. Je suis si faible aujourd’hui… je n’ai plus aucun repère si ce n’est elle. Ye Won… mon cœur bat si vite lorsqu’elle est à mes côtés. Paradoxalement, il se calme aussi, avec toute la douceur dont elle a su faire preuve. Il n’y avait qu’elle ce soir que je réclamais, et je suis heureux de ne pas avoir fait demi-tour. Ma tête était trop chargée d’images, de confusions qui ne rimaient à rien. Désormais, je me sens plus apaisé, je n’irais pas dire que je suis serein. Je peux mettre les choses de côté, si elle m’aide à le faire. Alors j’ose lui demander, cette étreinte qui me consolera. C’est presque interdit, comme si je n’étais pas certain d’y avoir le droit. Mais son regard inquiet rencontre le mien, et d’un geste tendre elle finit par se laisser aller. Elle m’attire à elle, je n’ai plus envie de lutter. Je me laisse faire, pour retrouver la chaleur de son corps contre le mien. Je suis conscient cette fois, ça m’impacte un peu plus. Je passe mes bras autour d’elle, la pressant davantage contre mon torse. Je me prends à humer son odeur au creux de son cou. Ce parfum si rassurant… je ferme les yeux, pour en profiter plus, pour oublier tout le reste. Plus rien ne compte désormais, il n’y a qu’elle… nous. Je n’ai pas besoin de lutter, je peux me laisser aller. Elle ne me jugera plus… pas ce soir en tout cas. Et subitement je ne pense plus à rien. Ni à notre passé, ni à nos disputes. Le mal qu’on s’est fait… il disparait, pour laisser place à cet instant précieux. Je n’avais besoin que de ça finalement… j’aimerais la remercier, mais je n’ai plus la force de parler. Je laisse mes gestes le faire pour moi. Ma main remonte jusqu’à ses cheveux, je la laisse s’y perdre comme pour retrouver une vieille habitude. J’ouvre de nouveau les yeux, me recule juste un peu pour trouver les siens. J’ai le souffle coupé, je ne me souviens plus à quand remonte la dernière fois où nous avons été aussi proche. Physiquement, mais mentalement aussi. J’ai l’impression qu’il n’y a plus de barrière entre nous. Cette lueur dans mes yeux, c’est celle d’un homme blessé, mais aussi attiré. C’est mon cœur qui me crie cette envie. Celle de la retrouver, celle de ne plus rien gâcher. Alors j’ose baisser mon regard sur ses lèvres. Ma main encore dans ses cheveux, je ne m’interdis plus rien. Jusqu’à venir approcher mon visage du sien… lentement, pour briser ces derniers centimètres qui nous séparent encore. Je dépose mes lèvres sur les siennes, le cœur battant, je n’ai plus envie de me battre. Je dépose toutes les armes, je laisse tomber pour cette fois. Je lui donne un baiser tendre, délicat pour me souvenir d’elles. De leurs goûts, de leurs douceurs contre les miennes. Et je me rends compte à quel point elle m’avait manqué.

Le temps semble suspendu, là dans cette chambre. Ces pensées qui s'envolent, simplement pour te concentrer sur lui. Il Kyang. Il a été ton plus grand bonheur, l'un de tes plus grands malheurs, et pourtant, à cet instant, plus rien n'a d'importance. Peut-être avais-tu besoin, toi aussi, d'oublier tout ça. Toute la tourmente dans laquelle tu te trouves, depuis de longues semaines déjà. Certainement que le retrouver réchauffe ton coeur, bien plus encore lorsque tu le sens te serrer contre lui. Une vague de chaleur qui te prend au corps, qui apaise les souffrances qui sont restées là trop longtemps. Un soupire, de bien-être, que tu n'arrives pas à contrôler, alors que tu niches ta tête dans son cou. Les souvenirs d'un temps où l'amour était le plus fort, où tout était plus simple, plus léger. Et t'as besoin de ça, à cet instant. De n'être quand dans cette bulle, avec lui. Tu trouves finalement tout le réconfort qu'il te fallait dans cette étreinte, et tu te laisses porter. Sans penser aux conséquences. Sans penser au passé, ni au futur. Juste à cet instant, au bonheur certain de l'avoir si près de toi. Ton regard fini par se perdre dans le sien, quand il se redresse face à toi. Et ce baiser qu'il t'offres fait palpiter ton coeur, comme au premier jour. Et c'est comme si plus rien n'avait d'importance, finalement. Comme si tout ce qui se trouvait autour de toi n'existait plus. Tout ce que ton coeur réclamait depuis tant d'années, et qu'il retrouve dans un simple geste. Et tu comprends finalement, que si tu t'acharnes à le détester autant, c'est pour combler ce manque en toi. De sa présence, de la douceur qu'il savait si bien t'apporter. T'as cette impression de revivre ce tout premier baiser, cette toute première fois où, par un simple hasard, il avait su trouver le moment opportun pour t'embrasser. Un contact qui ne dure que quelques secondes, mais qui te comble, même lorsqu'il se détache de toi. Ton front qui se colle au sien, alors que dans un souffle, tu murmures son prénom. Ta main valide qui caresse sa joue, lorsque ton regard se pose à nouveau sur lui. Mais tu es trop faible pour lutter ce soir. Tu n'as plus envie de penser, de réfléchir à ce qui compose ce 'vous'. Alors, à ton tour, tu viens déposer tes lèvres contre les siennes. Plus que jamais, tu avais besoin de ce contact. De retrouver cette part de toi, perdue en cours de route.

Un simple contact… une envie, quelque chose qui me hante depuis des semaines. Brimé, j’ai voulu l’oublier, la laisser de côté en me disant que jamais ça ne serait possible. J’y ai cru un temps, avant que tout ne s’effondre lors de cette soirée. Juste un rien, qui avait bouleversé de nouveau ma vie. Trois ans sans elle, une éternité à mes yeux… je me serais tout interdit, si elle me l’avait dit, si elle m’avait repoussé. Mais à ma plus grande surprise, elle répond à mon baiser avec autant de tendresse et d’envie que la mienne. On en est arrivé là, à ce stade où on a peut-être plus envie de faire semblant. En tout cas moi je ne veux plus. C’est juste l’instant présent qui compte, sa silhouette, son odeur. Et sa bouche… elle m’avait tellement manqué. Je renoue avec des sensations que j’avais oubliées. Mais plus que tout ce sont ces fourmillements au creux de mon ventre qui me déstabilise. C’est comme replongé dans un vieux souvenir, s’en être privé depuis trop longtemps. Si longtemps que tout me semble décuplé. Chamboulé, je n’ose plus parler. Nos deux fronts collés, j’ai peur de tout briser. La façon dont elle murmure mon nom me donne des frissons. Je reste suspendu à ses lèvres, quelques secondes qui s’éternisent où je ne sais plus quoi penser. Dois-je oser, laisser faire… finalement elle met fin à mes interrogations en venant combler de nouveau ce manque que je ressentais. Sa bouche retrouve la mienne, d’une facilité déconcertante. Je lui rends, cette fois je n’ai plus rien en tête. Je ne veux plus penser à rien, ce nouveau baiser m’électrise, me donne un peu plus de courage pour laisser ma main glisser jusqu’au creux de ses reins. Dans un geste sûr, je ne la brusque pas, la rapproche simplement de moi. J’ai ce besoin pressant de la savoir là, juste à mes côtés, me touchant. Je ne supporte plus ces distances entre nous. Ça me bouffe, autant que ça m’épuise. Aventureux, je trouve le bout de son pull et laisse mes doigts franchir la barrière du tissu pour s’immiscer dessous. Je me détache, un court instant pour croiser son regard. Cherchant presque son approbation. Mais déjà je viens l’embrasser à nouveau, avide de retrouver sa bouche. Je ne suis pas pressant. Je laisse les choses se faire, ma main caresse sa peau à l’abri des regards. Délicatement, la pulpe de mes doigts retrouve leurs chemins. Je suis tendre, j’ai conscience qu’elle a eu un accident il y a peu de temps. Certaines parties de son corps doivent être encore souffrir des stigmates. Alors je refuse de lui faire mal… j’en ai assez d’être celui qui la fait souffrir. Je veux prendre soin d’elle. Je ne sais pas ce que je fais, ni vers quoi je vais. J’obéis à ce que me dicte mon cœur. J’ai cette chaleur au creux du ventre, ce besoin presque vital de ne plus m’éloigner d’elle. Et je meurs d’envie de la retrouver, de laisser ces sentiments m’oppresser, me bouffer. Je m’en fous ! Ça n’a plus d’importance. Je me suis trop forcé à oublier, à faire comme si tout était normal. Mais la vérité c’est que cette fille me rend fou. J’en suis accro, un peu plus encore que je renoue avec ces sensations. Je de mon autre main, je retire la couverture sur mes épaules et retrouve le creux de son cou. Reprenant mon souffle je laisse échapper « Ye Won je… » Bordel, j’aimerais lui dire à quel point je tiens à elle. Que je n’ai plus envie de jouer. Que si on va plus loin, c’est parce-que je ne peux plus vivre sans elle. Ce n’est pas un jeu… je lui promets, pour moi, sans oser lui avouer. Parce-que j’ai peur d’en dire trop. Qu’elle ne réfléchisse à ce qu’elle fait… alors je préfère couper court à ses pensées, et l’attire à moi pour un nouveau baiser. Plus fougueux cette fois, parce-que j’en crève d’envie.

A croire que tu n’arrives plus à penser correctement, perdue dans ce contact qui réchauffe ton coeur. Comme si tu retrouvais une part de toi, perdue il y a trois ans maintenant. Etait-ce réellement ça, que tu attendais ? Retrouver la chaleur de ses baisers, de sa peau contre la tienne ? Certainement, même si tu n’as jamais voulu te l’avouer. Mais peut-être que ce soir, tout peut changer à nouveau. Qu’il est temps de tout laisser de côté, profiter de cet instant, de ce contact qui t’a tant manqué. Les sentiments refont surface, inattendus, incontrôlables. Tes yeux clos, ton esprit qui se libère. Peut-être que c’était ça qu’il te fallait, pour réellement comprendre que tu l’aimes toujours, comme au premier jour. Peut-être qu’il était temps de te laisser aller, alors que tu n’osais pas, quelques semaines plus tôt, sur cette plage à l’abri des regards. Ton corps qui se presse contre le sien, pour redécouvrir la sensation que cela procure. Ta main qui glisse dans ses cheveux, ce baiser dans lequel tu te laisses complètement aller. Jusqu’à ce qu’il se détache, ton regard comme suppliant, l’envie certaine de sentir encore et encore, ses lèvres contre les tiennes. Ce besoin comblé quelques secondes plus tard, sans un mot de plus. Seul le bruit des feuilles dehors, virevoltant au rythme du vent, pour rappeler que tout ça est bien réel. Tu peux sentir ce frisson te parcourir lorsque ses doigts glissent sur ta peau, alors qu’un soupire de bien-être vient s’écraser contre ses lèvres. Comme envoutée, tu oublies tout, laisse ton corps parler à ta place. Et tout ce qu’il veut, c’est sentir cette proximité qui reprend place entre vous. Celle que t’avais tenté d’oublier, que t’avais laissé dans un coin de ta tête, l’idée indéfectible que tu ne pourrais jamais la retrouver. Pourtant, elle est bien là, provoque ces palpitations à ton coeur. Laisse cette chaleur nouvelle te bercer. Et sa façon de prononcer ton nom électrise un peu plus ton corps, le rend plus dépendant encore, à ce que vous partagez à cet instant. « Non… » souffles-tu, avant de retrouver le chemin jusqu’à ses lippes rosées. T’aurais trop peur de ces mots qui changeraient la donne. Ceux qui briseraient ce moment. Ta main libre continue son chemin jusqu’à sa joue, descendant dans son cou. T’oublies jusqu’aux douleurs de tes côtes, de ton bras, et finis par l’entraîner avec toi, alors que tu t’allonges finalement dans ce lit. Qu’importe ce qu’il arrivera demain, le plus important est là, alors que tu n’es plus capable de réfléchir, que tu n’en as plus envie. T’arrêtes enfin de laisser ces questions dicter tes gestes, en oublie tout ce qui te maintenait sur tes gardes. Plus rien ne compte plus que ce que vous êtes finalement en train de vivre. Ton coeur l’a trop souvent réclamé pour revenir en arrière. Et à ton tour, tu finis par glisser ta main sous son pull, pouvant enfin redécouvrir la douceur de sa peau, lentement, mais sûrement. Et finalement, la seule pensée qui te vient enfin, paraît si insensée qu’elle s’échappe en un instant. Comment as-tu réussi, finalement, à vivre sans lui tout ce temps ?

Il y a ce bien-être que tu n'avais plus ressenti depuis trop longtemps. Ce bonheur certain de n'être qu'à lui, une fois de plus. Chaque seconde à plier sous ses caresses n'est qu'une dose pure d'adrénaline, que tu redemandes encore et encore. Comme si tu n'en avais jamais eu assez, comme si c'était ça, dont t'avais finalement besoin, pour aller mieux. Et c'est ce que tu ressens au fond de toi, lorsqu'il se détache, lorsqu'il caresse lentement ta chevelure. Un simple geste, qui t'entraînes rapidement vers les bras de Morphée, alors que tu te sens vidée de toute énergie, mais pourtant remplie d'une quiétude certaine. Tes yeux clos, alors que tu peux encore sentir sa peau contre la tienne, t'as arrêté de lutter. Contre toi-même, contre tes sentiments. Quelques heures hors du monde, qui te rattraperont bien vite...

Une nuit, ou les rêves se font doux, heureux. Ou la plénitude a pris place, changeant ce quotidien habituellement si sombre. T'aurais aimé que cela dure, toujours. Mais au réveil ce matin là, il n'y a plus que les doutes qui reviennent en pleine face. La vérité qui te frappe en plein cœur, et les souvenirs malheureux qui reprennent place en toi. Cette dernière soirée, cet accident. Comme si, finalement, il n'y aura jamais de réelle période heureuse pour toi. Seulement un instant, une soirée à la volée. Tes yeux s'ouvrent sur cette vision de lui, si belle quelques heures en arrière, devenue brouillard au réveil. Il y a une certaine panique qui te prends, ce coeur qui tambourine dans ton esprit, alors que ces images de vous réapparaissent devant toi. Vos corps mêlés, ces retrouvailles intimes qui ont laissé s'échapper toutes les réserves que tu pouvais bien avoir. Mais à l'orée du jour, elles sont à nouveau là. Les soufrances du passé qui resurgissent sans crier gare, provoquent un haut le coeur. Alors, dans le silence le plus complet, tu te lèves, enfile aussi rapidement que possible des vêtements qui traînent ci et là. Ton sac qui glisse sur ton épaule, un geste brusque qui t'arraches une grimace sous la douleur que cela provoque en toi. Séquelles toujours présentes de cette soirée en plein cauchemar. Et tu fuis. Tu deviens lâche, face à ce qu'il vient de se passer. Même ce léger sourire qu'il aborde dans son sommeil devient une torture supplémentaire. Quelque chose que tu dois fuir, alors que ces papillons dans le ventre sont de nouveau là, plus intenses encore. Te rappellent à quel point t'as succombé à cet amour dont tu voulais te défaire. Alors, après un dernier regard en sa direction, tu pars. Loin de ce souvenir de vous. Loin de ce bonheur que vous pourriez vivre. Loin des appréhensions qui te gagnent, en repensant à ce passé qui reste encore ancré en toi. Qui fait vibrer ton coeur de ces mauvaises ondes, et te laissent dans un tourbillon de désarroi.