La lumière du jour me réveille doucement. Le corps endoloris, j’ai du mal à bouger, encore si épuisé par la veille. La journée avait été si difficile… si intense aussi. J’ai du mal à émerger, laissant échapper un petit gémissement de fatigue, alors que j’entrouvre un œil. Presque gêné, je repense à la nuit d’hier, tandis qu’un sourire s’accroche sur mes lèvres. D’un geste discret, je cherche sa silhouette à mes côtés. Mais ma main ne rencontre que les draps froissés et le tissu froid. Surprit, j’ouvre enfin les yeux, une place vide me fait face, alors que je distingue le reste de sa chambre. Je fronce les sourcils, d’abord intrigué avant de marmonner « Ye Won ? » je la cherche du regard, la luminosité m’aveuglerait presque et je peine à me redresser. Je suis épuisé, j’ai l’impression qu’il est encore tôt, mais je n’ai pas la moindre idée de l’heure qu’il est. Je cligne des yeux plusieurs fois. L’endroit me parait silencieux, peut-être un peu trop d’ailleurs. Serait-elle dans la salle de bain ? Je serre la mâchoire, me glisse au bord du lit et tends les bras pour récupérer mes affaires. Moi qui ne suis pas matinal, le réveil est un peu dur. Je m’attendais à autre chose je crois. Peut-être à partager un moment complice avec elle. Je pensais me réveiller en la voyant, mais j’ai une soudaine mauvaise impression. Enfilant mon pull, je me lève doucement et cherche des yeux quelque chose qui ne se trouve pas là. Malgré moi, je me convaincs que je verrais son visage devant la glace, à se maquiller peut-être pour jouer à ces couples qui sont parfaits au matin. L’idée me ferait sourire, si je n’y trouvais pas une pièce vide. Je lâche un soupir. Une angoisse vient subitement me prendre à la gorge. Je déglutis, me passe une main dans les cheveux et essaye de me reprendre. Mais plus rien ne me calme. J’ai soudainement, ces souvenirs qui me frappent. Nous deux, cet échange entre nous… et le visage de mon frère. Le mien, ce reflet que je regarde et qui lui ressemble tant. J’ai oublié quelques heures ces problèmes, mais ils me rattrapent et je ne suis plus aussi serein que je l’étais en me réveillant. Est-ce qu’elle est sortie ? Je n’en sais rien. Inquiet, je récupère mon téléphone tombé de ma poche. J’y vois sur l’écran, une dizaine d’appels de Kitae. Le pauvre, je l’ai laissé en plan sans rien lui expliquer. Il était tellement inquiet quand il m’a vu hier. J’aurais dut lui expliquer, mais je n’avais plus la force. Lui qui pensait que j’avais recommencé à me droguer… je ne lui en veux pas. Ma réaction était si brutale, j’avais l’air d’être dans un mauvais trip et j’y ai même cru. J’inspire profondément, déverrouille l’écran et lui envoie un message bref « ça va. Je t’explique plus tard. Désolé. » Je sais qu’il doit me haïr, à toujours faire comme bon me semble, sans se soucier de ce qu’il ressent. Je m’en veux, mais j’ai déjà tant de choses à l’esprit. Je relève les yeux, sans savoir quoi faire. Je regarde ses affaires autour de moi… je n’avais pas fait attention à sa chambre hier soir. Mais la seule chose qui me fait mal, c’est de ne pas la voir ici avec moi. Le cœur meurtrit, je décide de quitter la pièce avec le vain espoir de la voir peut-être à la salle commune. Je m’y rends, très vite déçu par le fait de n’y voir personne. Et soudain, tout me rattrape… notre passé, ces mots de trop. Ce qu’on a pu se dire, à s’en détester… Je me sens perdu à nouveau, mes yeux fixés sur mon téléphone. J’ai envie de l’appeler, de lui demander où elle se trouve. Mais ma tête me crie de laisser tomber. Qu’elle ne veut surement pas… alors c’est ça, pas vrai ? Le fait de se sentir complètement délaissé.