Jia Xin venait de terminer sa journée à la librairie. Comme à son habitude, elle avait passé plus de temps à lire qu’à répondre aux questions des clients. Un jour, elle allait vraiment se faire remonter les bretelles… Mais, pour l’instant, tout allait parfaitement bien. La jeune femme salua les autres employés, par politesse, et quitta l’établissement. Elle replaça son sac sur son épaule, écartant ses cheveux pour éviter qu’ils ne se fassent tirer. Elle inspira l’air frais de la fin de soirée et esquissa un sourire, contente de rentrer au dortoir et retrouver la chaleur de son lit. Oh, elle n’avait qu’une hâte : rentrer, se faufiler sous sa couette et lire, encore, un bon livre. Enchantée par son programme, Jia Xin marchait d’un bon pas. Elle emprunta quelques ruelles peu fréquentées le soir avant de tomber nez à nez avec un groupe qu’elle ne connaissait que trop bien. La sango grimaça à leur vue mais pas question de faire demi-tour. Ils ne lui avaient jamais fait peur et ce n’était pas maintenant que ça allait commencer. Relevant la tête, sa main serrant la lanière de son sac, elle s’avança d’un pas décidé pour passer à côté d’eux. Peut-être qu’ils ne la reconnaîtraient pas. Après tout, ça faisait plusieurs années maintenant qu’elle ne les avait jamais croisés. « Oh mais, les gars, ce n’est pas Jia Xin ? » S’éleva une voix. Jia Xin s’arrêta devant eux, ils lui barraient la route. « Poussez-vous. » Demanda l’étudiante, les regardant tour à tour. Ils ricanèrent, pas du tout intimidés par la sango. « Qu’est-ce que tu crois ? Qu’on va réellement se pousser ? Chang Min n’est plus là pour te protéger, petite conne. » Cracha l’un. Le cœur de Jia Xin eut un pincement au cœur. Qu’il ne mentionne pas Chang Min.

Chang sort de chez lui, le visage une nouvelle fois tuméfié par les mains de son père. Il y était allé pour récupérer des affaires pour la semaine dans le dortoir des students, il était ressorti avec ses affaires et une pluie de coups en bonus. Il en avait clairement marre de tout ça mais ne pouvait pas faire autrement. Il pourrait se rebeller, faire en sorte d’aller porter plainte, mais personne ne le croirait parce qu’il était du genre à se battre dans la rue. Ça serait prit pour une bagarre de rue et personne ne prêterait attention à lui. Alors, il se dépêche d’avancer dans la rue pour éviter l’attention qu’on lui portait et les regards qu’on posait sur lui. il n’aimait pas ça et voulait simplement se foutre en boule dans son lit et dormir pour oublier tout ce qui s’était passé. Seulement, c’était sans compter des éclats de voix qui lui firent tourner la tête dans leurs directions. Il reconnaissait les voix. Il y avait celle de ses anciens amis, ceux qu’il avait abandonné après avoir compris qu’ils ne lui apporteraient rien et celle d’une amie qu’il avait abandonné pour éviter qu’elle ne se retrouve dans les merdes qui semblaient le suivre. Changmin pousse un soupir avant de s’engager dans la ruelle. « Laissez la passer. » lance-t-il alors qu’il laisse tomber au sol son sac contenant ses affaires. Il se préparait à une bagarre si jamais ça dégénérait. « Je pense pas qu’elle ait très envie de passer du temps avec vous. » Le chef de son ancienne bande d’amis pose sur Chang un regard mauvais et moqueur. « Oh mais c’est ce bon vieux Changmin. Comment tu vas mon beau ? » Il s’approche de lui, passant sa main sur son visage, appuyant bien fort sur sa plaie à la lèvre. Le jeune homme ne bronche pas, ne lui faisant pas le plaisir de lui montrer qu’il avait mal. « Tu essaies encore de la sauver ? Mais cette fois-ci, on ne t’écoutera pas… Tu ne fais plus parti de la bande. » C’est vrai qu’avant, il laissait Jiaxin tranquille parce qu’il était dans leur bande et qu’il faisait presque tout ce qu’ils voulaient. Mais maintenant que ce n’était plus le cas, il allait devoir trouver une solution tout seul pour l’aider et la sortir de ce mauvais pas. Quitte, à se battre.

Jia Xin ne s’attendait pas à tomber sur d’anciens camarades. Elle ne les avait jamais appréciés et ne les avait jamais craints, contrairement à bien d’autres. Alors, sans se poser de réelles questions, la sango leur demanda de se pousser. Bien évidemment, ils lui rirent au nez. Ils n’allaient pas se pousser. Ils n’allaient pas la laisser tranquille. Pas cette fois-ci. Chang Min n’était pas là pour la protéger. A ses mots, son cœur se serra et l’étudiante fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas tout. Pourquoi lui parlaient-ils de Chang Min et de la protéger ? C’est vrai qu’ils ne l’avaient jamais emmerdée et la sino-coréenne ne s’était jamais demandé pourquoi. Alors, c’était ça ? Elle était intouchable grâce à son ancien ami ? Mais maintenant qu’il n’était plus là, qu’il ne faisait plus partie de la bande, ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient. Jia Xin se pinça les lèvres. Elle savait de quoi ils étaient capables et pour la première fois devant eux, elle fit un pas en arrière. Elle était prête à courir en sens inverse, à sortir son téléphone pour appeler son cousin. Mais Chang Min apparut dans son champ de vision. L’étudiante posa son regard sur lui. Le voir était bien pire. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Elle regrettait leur amitié passée. Mais c’était trop tard, maintenant. Il l’avait abandonnée. La jeune femme resta silencieuse, regardant la bande et Chang Min, tour à tour. Elle fronça les sourcils en voyant le visage tuméfié du garçon. Bien évidemment, une pointe d’inquiétude montra le bout de son nez. Jia Xin fit un pas en avant. « Laissez-le. » Déclara-t-elle d’une voix forte. « Vous n’avez vraiment que ça à foutre ? Vous ne valez vraiment rien. » Cracha-t-elle, les défiant du regard. Elle les cherchait pour qu’ils détournent leur attention de Chang Min. ça sembla fonctionner, du moins, pour une partie de la bande. Le leader était toujours préoccupé par le jeune homme.

La vie lui jouait des tours, il n’y avait que cette explication possible. D’abord Yeosang réapparaissait dans sa vie et maintenant Jiaxin et ses anciens camarades, ceux qu’ils considéraient comme ses amis. Il se disait que c’était le destin qui avait décidé de lui faire coucou pour lui rappeler ses erreurs passées. Cependant, avec Jia, la seule erreur qu’il avait commise avait été de la forcer à s’éloigner de lui pour lui éviter de tomber dans les mêmes travers que lui. La jeune femme était bien trop pure pour que cela lui arrive. Alors, Changmin avait fait ce qu’il pensait être le mieux pour elle et encore une fois, il le ferait s’il devait recommencer. Il le referait encore et encore si ça devait la protéger de lui et des merdes qui lui étaient arrivées dans la vie. Et c’est ce qu’il fit quand il vit ses anciens potes essayaient de l’emmerder une nouvelle fois. Il se mit entre eux, essayant de les repousser comme il pouvait. Seulement, ils avaient raison. Il ne faisait plus parti de la bande et donc n’avait plus rien à dire. Néanmoins, il ne laisserait pas la jeune femme dans cette merde. Il l’aiderait comme il pourrait. Chang ne s’attendait pas à ce que Jiaxin s’interpose entre lui et eux et il soupira doucement et légèrement. Elle rendait les choses plus compliquées qu’elles ne l’étaient déjà. « Je m’en occupe. Va t’en Jia. » Il n’était pas tendre avec elle et c’était normal, il voulait qu’elle s’en aille et le laisse gérer seul. « Le voilà qui essaie encore de sauver sa petite amie. Comme c’est romantique. » Changmin le regarda en riant. Jamais il n’avait été attiré par Jiaxin autrement qu’amicalement. Elle n’était pas sa petite amie et ne le sera jamais. Il n’aimait pas les femmes et ne les aimerait jamais, du moins pas de cette façon. « Tu veux quoi pour nous foutre la paix ? » Chang défiait totalement le leader et ancien ami. « Tu veux te battre ? Pour arriver à faire croire que t’es légitime dans ton rôle de leader ? » Et le premier coup parti sans qu’il ne s’y attende. Une grimace déforma son visage alors qu’il grogna de douleur. « Va t’en Jiaxin. » répéta-t-il encore une fois, pour qu’elle s’en aille avant de prendre un coup elle aussi.

Bien évidemment, Jia Xin n’avait pas son mot à dire. Tout comme Chang Min. il ne faisait plus partie de la bande et il n’avait donc plus le droit de demander qu’on la laisse tranquille. C’était donc grâce à lui qu’ils ne l’avaient jamais emmerdé. Jia Xin regarda son ancien ami et se pinça les lèvres. Encore une fois, il lui demandait de partir. Mais, cette fois-ci, la sino-coréenne resta plantée là. Elle ne comptait pas partir ni l’abandonner là. Il était dans cette merde à cause d’elle et elle comptait bien ne pas l’y laisser. La sino-coréenne soupira bruyamment tout en roulant des yeux à la remarque du débile qui servait de chef à leur bande. La sango fit un pas en avant mais s’arrêta bien vite, interrompue par le reste de la bande qui lui barrait le passage. Elle regardait de loin, ne pouvant absolument rien faire alors que le premier coup partit. « Chang Min ! » S’écria-t-elle, tentant de passer mais on la repoussa. « Mais bougez de là ! » Cria-t-elle en leur lançant un regard noir. « Non, je ne partirais pas ! » Répondit-elle. Mais être aussi impuissante et ne pouvoir que regarder ne lui plaisait vraiment pas… Jia Xin voulait agir mais elle n’était clairement pas pour la violence. Les mots ne les toucheraient pas et ne les feraient pas se pousser. La jeune femme souffla longuement avant d’inspirer. Son cousin lui avait appris quelques techniques pour se défendre et la meilleure selon lui, c’était de viser les parties. Alors, elle laissa glisser son sac par terre et releva la tête, défiant les abrutis du regard. Elle s’avança vers eux, bien déterminée. Elle ne leur faisait absolument pas peur mais peut-être auraient-ils dû se méfier… Jia Xin n’hésita pas et envoya son genou dans les parties intimes d’un ancien ami de Chang Min.

Cela tournait exactement comme Changmin l’aurait pensé. Ils ne savaient qu’utiliser leurs poings et les menaces et c’était en train d’arriver. Le poing partit avant même que le jeune homme puisse faire quelque chose et la douleur qu’il ressentit le fit grimacer de douleur. Mais par rapport à ce qu’il prenait d’habitude, la douleur était moindre. Après tout, il ne frappait pas aussi fort que son père. Ça ne pouvait pas lui faire si mal que ça. Il demanda quand même à Jiaxin de partir et de les laisser seuls. C’était ce pourquoi il avait foutu son grain de sel dans leurs histoires. Parce que depuis leurs années lycée, Chang se mettait entre sa bande de pote et la jeune femme. Pourquoi ? Sûrement parce qu’il ne voulait pas qu’on lui fasse du mal et que dans un sens, il avait « sauvé » une personne de ses anciens potes. Il savait qu’il aurait du faire pareil avec Yeosang mais c’était trop tard maintenant. Il priait juste pour qu’il n’apprenne jamais qu’il avait préféré secourir Jia et pas lui. « Va t’en Jia. Te mêle pas de ça. » Un peu culotté de la part de Changmin de lui dire ça alors qu’il était le premier à avoir décidé de lui venir en aide. Il soupira en entendant la jeune et tourna le regard vers elle alors qu’elle commença à se défendre. Elle n’était plus la petite fille qu’il avait connu au lycée. Il se dégagea donc de l’emprise de ses anciens amis et s’approcha de Jia pour la débarrasser de celui qui se jetait sur elle. « Depuis quand t’es aussi sauvage ? » demanda-t-il pour essayer de détendre l’atmosphère malgré la gravité de la situation. Ils étaient en sous nombre et malgré tout ce qu’il pouvait dire et faire, Chang était plus doué pour prendre les coups que pour en donner. « Et maintenant ? On court ou on les affronte ? »

Jia Xin était bien décidée à ne pas partir. Il l’avait abandonné mais la sino-coréenne n’était pas comme lui. Même si elle lui en voulait, elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser se faire taper dessus par sa faute. La sino-coréenne le regarda avant de lever les yeux vers leurs anciens camarades. Il lui demandait de ne pas se mêler de tout ça mais, n’était-elle pas la première concernée ? N’était-ce pas lui qui s’était mêlé de ses affaires ? La jeune femme soupira et ne répondit rien, faisant face. Elle laissa tomber son sac, se préparant mentalement à frapper quelqu’un. Elle n’était pas pour la violence mais depuis sa presque agression, la jeune femme avait appris à se défendre aux côtés de son cousin. Bien évidemment, quand il avait appris l’histoire, il avait voulu aller casser la gueule à celui qui l’avait un peu trop approché… Mais Jia Xin avait réussi à le convaincre de plutôt lui apprendre comment se défendre. Ce qu’il avait finalement fait. Et la voilà qui testait maintenant… Elle ne savait pas s’il allait être fier d’elle ou la disputer parce qu’elle avait encore failli se faire agresser. La sango se mêla donc aux affaires de Chang Min et n’hésita pas : elle envoya son genou dans les parties du garçon face à elle qui ne s’était absolument pas méfié de la jeune femme. Après tout, elle était petite, pas très épaisse et loin d’être effrayante… En tout cas, ce fut assez efficace pour qu’il se tienne les parties et tombe à genou devant elle. Satisfaite, elle perdit vite son petit sourire quand on faillit l’attraper. Heureusement, Chang Min fut plus rapide et l’éloigna. La sango ne répondit rien à sa question, le visage plutôt sombre en se souvenant pourquoi elle avait appris tout ça. Elle regarda le groupe. « On court ! » Répondit-elle en faisant demi-tour, récupérant son sac et agrippant le poignet de Chang Min pour qu’il la suive et ne reste pas là pour servir de punching-ball et lui permettre de filer en toute sécurité.

Réussi : ils les sèment rapidement.
Echec : ils sont encore derrière eux.

Ce qu’elle pouvait être têtue ! Jiaxin avait toujours été comme ça de ce qu’il se souvenait du lycée mais là encore plus que lorsqu’ils étaient lycéens, elle fit la tête de mule et ne voulut pas partir quand Changmin lui demanda pour la protéger. A nouveau, il essayait de la défendre pour qu’elle ne soit pas attaquée par ces connards qui avaient été un jour ses amis. Chang ne savait pas comment il avait pu être amis avec des gars comme ça. Il n’était pas comme ça de base. On l’avait façonné de sorte qu’il le devienne. On disait merci à son paternel pour l’avoir forgé de la sorte. Il souhaitait donc que son ancienne amie soit saine et sauve, plus qu’il ne le désirait pour lui-même. Chang avait l’habitude de prendre des coups, d’être au cœur d’une bagarre, ce qui n’était pas le cas de Jia. Il ne voulait pas qu’elle se fasse mal. Cependant, quand il la vit frapper l’un d’eux dans ses parties intimes, un sourire s’afficha sur ses lèvres. Même si elle ne faisait pas le poids face à eux, elle pourrait quand même leur faire un peu de mal. Il se précipita à ses côtés pour la protéger encore une fois et lui demanda ce qu’ils faisaient. Deux options s’offraient à eux, soit ils les affrontaient, soit ils fuyaient. Changmin espérait que Jiaxin choisisse la deuxième comme ça, elle partirait avant lui et il les ralentirait un peu. Ça lui permettrait de prendre ses jambes à son cou et d’aller se cacher quelque part. Néanmoins, la jeune femme vit clair dans son jeu et elle attrapa sa main au moment où elle fit demi-tour pour s’enfuir. L’étudiant laissa échapper un petit rire tandis qu’ils se mirent à courir tous les deux, dans l’espoir de les semer. Cependant, ils ne courraient pas assez vite et Chang n’avait pas besoin de se retourner pour se rendre compte qu’ils étaient encore derrière eux. Il grogna essayant d’accélérer le rythme. « Tu peux aller plus vite ? » demanda-t-il à la jeune femme, alors qu’il lança un regard derrière lui.

Réussi : ils tournent dans une rue et arrivent à les semer.
Raté : ils se font rattraper.