Jia Xin était choquée d’apprendre quel enfer avait vécu Chang Min. C’était donc pour ça qu’il s’était éloigné d’elle ? La jeune femme se pinça les lèvres. Elle n’aurait pas dû insister, ça devait être douloureux et difficile pour lui, en ce moment-même, de tout lui révéler. Elle s’en voulait, culpabilisait et s’excusa à deux reprises de l’avoir forcé à parler. La sino-coréenne se mordit discrètement la lèvre. Même s’il lui disait que ce n’était pas sa faute, ça ne changeait rien à ce qu’elle ressentait. Elle tenta de lui adresser un sourire mais ce n’était pas très convaincant. La sango n’arrivait pas trop à comprendre pourquoi il ne lui en avait pas parlé avant. Ils avaient été amis alors, pourquoi attendre si longtemps ? Elle aurait pu l’aider… La sino-coréenne secoua la tête, elle n’était pas d’accord avec ses mots. « Tu n’en sais rien, Chang Min. ça aurait peut-être pu changer quelque chose. » Répondit-elle en le regardant. Elle ne savait pas plus que lui, elle ne faisait que supposer. Peut-être que sa vie aurait été moins dure, ou peut-être pas. Elle restait, cependant, persuadée qu’il n’aurait jamais levé la main sur elle. Mais c’était trop tard, de toute façon, ils ne pouvaient pas revenir dans le passé et changer les choses. C’était ainsi et ils devaient faire avec. L’étudiante fut surprise de sa révélation, haussant les sourcils. Alors… Ce qu’ils lui avaient dit tout à l’heure était vrai ? Il l’avait protégé durant tout ce temps ? « C’est pour ça qu’ils ne m’ont jamais rien fait… » Murmura-t-elle, pour elle-même, regardant ailleurs avant de reposer son regard sur le jeune homme. « Merci. » Souffla-t-elle, lui souriant brièvement, avant de lui dire qu’il n’était vraiment pas un mauvais garçon, même s’il devait penser le contraire. Elle se leva, lui demandant s’il voulait rentrer. Ils n’allaient pas rester ici éternellement à parler du passé. Elle aurait pu lui demander ce qu’il avait au visage, d’où venaient les ecchymoses, mais il s’était déjà bien assez confié comme ça. Alors, elle n’ajouta rien, la question ne franchit pas ses lèvres. Elle resta silencieuse, le regardant simplement inscrire son numéro sur un bout de papier. La jeune femme récupéra le morceau de papier, le gratifiant d’un sourire. « Je n’hésiterai pas. » Répondit-elle, rangeant le papier dans son sac. « Je t’enverrai un message. » Dit-elle en quittant la salle d’arcade. « Rentre bien. » Ajouta-t-elle en s’éloignant de Chang Min, lui faisant un petit geste de la main.

« Effectivement, ça aurait peut-être changé quelque chose. Mais quoi ? J’aurais continué dans cet enfer et j’aurai fini par t’y amener avec moi. C’était la meilleure chose à faire et je le pense toujours maintenant. » Changmin ne lui avait pas parlé de son père et de ce qu’il lui faisait subir simplement parce qu’il avait eu pendant quelques temps des sentiments pour un homme. Il aimait les deux et ne voyait pas le souci que cela pouvait représenter. Cependant, pour son géniteur ça l’était et il avait vécu un enfer autant à cause des Majors et des événements qui leur étaient arrivés qu’à cause de son père. Heureusement, il avait réussi à faire quelque chose de bien dans sa vie. Il avait protégé Jiaxin au détriment d’autres personnes et même s’il s’en voulait de leur avoir fait du mal, du moment qu’elle, elle était saine et sauve, ça n’avait pas d’importance. Il hocha donc la tête quand elle lui demanda s’il était la raison du fait qu’ils ne l’avaient pas touché et il lui sourit maladroitement. « Me remercie pas… C’était la moindre des choses. » Il lui épargna néanmoins le fait qu’il avait du emmerder d’autres personnes pour qu’elle, elle soit laissée tranquille. Chang n’avait pas envie qu’elle se sente coupable de ses actions. Et si elle venait à l’apprendre, il trouverait bien une excuse ou un mensonge à dire. Il était devenu doué à ce jeu là, à cause de toutes les fois où il avait du mentir pour les coups de son père.
Ce fut ensuite le moment de se quitter et avant ça, Changmin attrapa une serviette et demanda un stylo pour y écrire son numéro de téléphone avant de le rendre à la jeune femme. Il lui sourit tendrement et fut presque heureux quand il vit Jia prendre la serviette. Il avait eu peur qu’elle l’envoie chier. Mais il n’y avait pas de raison que cela arrive. Ils sortirent tous les deux de la salle d’arcade et il lui adressa lui aussi un signe de la main. « Toi aussi Jia. Fais attention. » Attention à ne pas se blesser mais aussi à ne pas se retrouver à nouveau sur le chemin des Majors. Quant à lui, il se dirigea de l’autre côté sans but précis. Il n’avait clairement pas envie de rentrer chez lui, pas plus que d’aller au dortoir. Il se mit à flâner dans les rues de la capitale coréenne sans but. Il finirait bien par en trouver un.