« Excuse moi de ne pas être une marathonienne. » Répliqua-t-elle, fronçant les sourcils. Elle aimait courir, et courait même tous les matins, mais pas à une vitesse élevée. Elle préférait son rythme, certes, lent mais qui lui convenait parfaitement pour faire de longues distances. Continuant de courir malgré tout, Jia Xin jeta un coup d’œil derrière eux. Il semblerait bien qu’ils avaient réussi à les semer. Elle attendit encore un peu, pour être certaine, avant d’en informer Chang Min. Elle ralentit, marchant à présent. Elle reprit son souffle et indiqua les arcades. Ils pourraient reprendre leur souffle, être en sécurité et peut-être… discuter. La sino-coréenne le suivit sans rien dire, entrant dans l’établissement. Elle s’assit enfin et leva les yeux vers Chang Min. « Oui, je vais prendre une bouteille d’eau. » Dit-elle en se levant de nouveau. Pas question de le laisser payer sa part et qu'il en profite pour prendre la fuite comme au lycée. Elle se joignit à lui pour commander et paya sa bouteille d’eau, retournant s’asseoir pour reprendre pleinement son souffle. Même si elle avait l’habitude de courir, ce n’était pas du tout dans ses circonstances. Jia Xin ouvrit la bouteille et but de longues gorgées. Ah, ça faisait du bien ! Elle posa son regard sur Chang Min. « Tu peux me dire pourquoi tu m’as lâché du jour au lendemain ? » Demanda-t-elle sans aucun détour. Elle fonçait tête baissée, cette fois-ci. Après tout, il l’avait beaucoup blessé, en l’abandonnant de la sorte.

Il leva les yeux au ciel en entendant les mots de Jia. Bien entendu qu’elle n’était pas une marathonienne, sinon, ils auraient déjà semé son ancien groupe d’amis. Il ne répondit pas à ce qu’elle venait de dire et accéléra légèrement la cadence pour mettre encore plus de distance entre eux et les garçons qui voulaient « leur peau ». Ils finirent par ne plus être suivit et en danger et la jeune femme informa Changmin avant de les amener dans une salle d’arcade. Ils seraient un peu en sécurité ici au moins. Peut-être pas pour toujours, mais au moins, ils auraient le temps de les faire partir plus loin. Le fils Nan proposa à Jiaxin quelque chose à boire. « Une bouteille d’eau okay. » Il n’allait pas vraiment aller lui en chercher une. C’était simplement une excuse pour se barrer, pour ne pas à avoir à lui parler de la raison pour laquelle il l’avait abandonné. Il n’avait pas envie de lui mentionner le fait qu’il se droguait et qu’il l’avait jeté de sa vie pour éviter qu’elle ne tombe avec lui. Elle était bien trop pure et gentille pour la laisser descendre en enfer avec lui. Il ne fut pas surpris de la voir se lever pour le suivre. Encore une fois, elle avait été intelligente. Ou alors, c’était parce qu’elle le connaissait encore énormément, même après tous ces mois de silence. Il soupira mais la laissa faire. Il commanda une bouteille d’eau pour elle et une de jus de fruit pour lui. Quand ce fut fait, ils retournèrent à leur table, s’assirent et burent de longues gorgées pour se désaltérer. Chang sentit son regard sur lui et il tourna la tête vers elle, prêt à lui demandait ce qu’elle voulait. Il n’eut pas eu le temps, Jiaxin lui posa la question qu’il redoutait tant. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres. « Pourquoi tu veux savoir ? Ça changera rien à ce qui s’est passé ! » A savoir qu’il l’avait abandonné mais également que sa meilleure amie était morte et qu’il avait plongé et replongé encore et encore dans la drogue. « Cherche pas à savoir et laisse tomber. » C’était le mieux pour elle.

Jia Xin était exténuée par cette course improvisée. Même si elle avait l’habitude de courir, elle ne le faisait jamais pour sauver sa peau. S’affalant sur la chaise, elle souffla un bon coup avant de lever les yeux vers Chang Min qui lui demandait ce qu’elle voulait boire. Lui répondant, la sino-coréenne se leva en même temps que lui. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il cherchait un moyen de se barrer vite fait. Alors, elle l’accompagna, payant sa bouteille d’eau. Elle retourna s’asseoir avec lui, retira le bouchon de sa bouteille et but de longues gorgées. Ça faisait du bien ! La sango se pinça les lèvres avant de regarder le garçon. Il finit par la regarder, ayant sûrement senti son regard insistant sur lui. La jeune femme n’hésita pas et lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis des années. Elle voulait une réponse mais bien évidemment, il ne lui en donna pas. « Non, c’est sûr, ça ne change rien. » Dit-elle en le regardant. Oui, ça ne changerait rien. Ça n’allait pas remonter le temps. Mais au moins, elle saurait et peut-être que sa blessure guérirait mieux. « Laisser tomber ? » Répéta-t-elle, amer. C’était ce que lui faisait mais pas elle. Elle voulut lui reprocher, lui dire qu’elle n’était pas comme lui mais Jia Xin se ravisa. Le fâcher n’était pas la bonne méthode. « Je n’ai pas envie de laisser tomber… » Dit-elle finalement, peinée. Il l’avait blessé à l’abandonner du jour au lendemain, sans aucune raison, sans aucune explication. Elle avait cherché ce qu’elle avait fait de mal mais n’avait pas trouvé. Pourtant, elle avait bien dû faire quelque chose. « J’avais fait quelque chose de mal ? Je t’avais fait du mal ? » Demanda-t-elle en le regardant tristement. Elle voulait tellement savoir mais elle le connaissait bien, aussi, et savait qu’elle n’aurait pas les réponses. Du moins, pas aujourd’hui.

Son plan pour prendre une nouvelle fois la fuite, sans la jeune femme cette fois, prit l’eau avant même qu’il ne puisse le mettre à exécution. En effet, Jiaxin avait lu en lui comme dans un livre ouvert, et même si dans un sens ça prouvait qu’elle le connaissait encore bien, ça emmerdait Changmin. Il n’avait pas envie de lui parler de tout ce qui s’était passé et des raisons pour lesquelles il s’était éloigné d’elle petit à petit jusqu’à l’abandonner complètement. Il aurait aimé qu’elle reste assise et que lui puisse partir sans même se retourner, comme il l’avait fait par le passé de nombreuses fois avec les personnes qui avaient une fois compté pour lui. Est-ce qu’il avait des remords et des regrets ? Evidemment, mais il n’était pas prêt à ce que Jia apprenne la vérité sur ce qui s’était passé, parce qu’il avait aussi honte de tout ça. Il avait continué à sombrer dans la drogue quand Miree avait été déclarée morte. Déjà qu’avant ça n’était pas la joie, mais après ça avait été pire. Chang avait abandonné tout ceux qui avait été un jour ses amis et était devenu le petit con qui se tenait devant Jiaxin. Il aurait aimé qu’elle laisse tomber puisqu’elle admettait elle-même que ça ne changerait rien qu’elle soit au courant ou non. Mais apparemment, elle ne le voulait pas. « Tu devrais pourtant Jia… Le mal est fait. » Il était fait et apprendre la vérité ne lui ferait que plus de mal. Il essayait de la protéger parce qu’il se disait qu’elle culpabiliserait sûrement de ne pas avoir vu les choses et de ne pas avoir pu l’aider à remonter la peine. Le souci était que Changmin ne voulait pas qu’on l’aide, que ce soit à l’époque, ou même maintenant. Il était trop fier pour ça et malheureusement, ça lui coûtait tous ses amis. Les questions de Jia lui fièrent reporter son attention sur elle et il la regarda horrifié. « Mais non ! Comment tu peux penser une telle chose ? C’est vraiment pas toi le problème… » Phrase digne d’une rupture, mais qui était vrai sur leur situation. « Tu comprendrais pas Jiaxin… Vraiment laisse tomber. » Il insistait pour qu’elle le fasse. Mais la connaissant ce n’était pas sûr qu’elle décide de baisser les bras.

Jia Xin ne savait absolument pas si leur conversation allait les mener à quelque chose. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il ne s’exprimait pas aussi facilement, pas en simplement lui posant la question. Ça serait trop simple. Après toutes ses années, après qu’il soit parti, pourquoi lui donnerait-il la réponse tant attendue ? La sino-coréenne ne se démontait pas pour autant, même s’il lui demandait de laisser tomber. Laisser tomber, ce n’était pas son genre. Même si elle lui en voulait, qu’elle était blessée, elle tenait toujours à lui. Alors elle ne pouvait définitivement pas laisser tomber. Il avait été son ami et, peut-être, pouvaient-ils renouer les liens à présent. Pourquoi laisserait-elle cette chance ? Cherchait-il encore à l’éloigner de lui ? ça ne changerait rien au passé, c’était certain, le mal était fait, comme il le disait. Mais le présent, le futur… ça pouvait le changer, non ? La sango lui posa finalement les questions qu’elle s’était posée, dans le passé. Elle se pinça les lèvres, le regardant avant de détourner le regard. « Pourtant, Chang Min, j’avais toutes les raisons de le croire, que c’était moi, le problème. Tu es parti du jour au lendemain... » Répondit-elle en posant de nouveau son regard sur lui. Elle fronça les sourcils. « C’est sûr que je ne peux pas comprendre, si tu ne m’expliques rien. Comment je suis censée comprendre quand je ne sais rien ? » Dit-elle. Comment le pouvait-elle s’il ne disait rien ? « Explique-moi, s’il te plaît… » Demanda-t-elle, le ton suppliant, le regard implorant. Qu’il lui explique, pourquoi il l’avait abandonné du jour au lendemain, pourquoi il tenait encore à la mettre à l’écart, à l’éloigner de lui. Pourquoi cherchait-il autant à la sortir de sa vie ?

Il n’était pas du genre à parler de ses problèmes ou à étaler ses sentiments. Il l’avait fait une seule et unique fois et avait été foutu dans la friendzone par l’homme qu’il aimait. Ce n’était donc pas envisageable qu’il explique à Jia ce qui s’était passé à l’époque. Pas nécessaire non plus, parce que ça ne changerait rien au fait qu’il avait été un ami merdique pour la jeune femme. Elle lui en voudrait toujours et ils n’avanceraient pas forcément. Pourtant, elle s’acharnait à essayer de savoir et ça l’emmerdait. Changmin savait que d’une minute à l’autre il serait obligé de se justifier et de lui révéler une partie de ce qui s’était passé. Cependant, il n’en avait aucune envie et il ne pensait pas que la jeune femme voulait l’entendre également. Il grimaça quand elle reprit la parole et leva les yeux au ciel. « Tu n’es pas le problème et tu ne l’as jamais été. C’était et c’est encore moi qui suis en tort. » Il était désolé qu’elle se soit sentit comme un souci pour lui, mais ce n’était vraiment pas le cas. Chang avait juste été un connard du début à la fin. Il soupira et se massa les tempes quand Jiaxin continua. Pourquoi ne lâchait-elle pas l’affaire ? Ce n’était pas comme s’il allait redevenir amis, et encore moins se reparler régulièrement. Néanmoins, elle continua d’insister, prétextant qu’elle ne pouvait pas comprendre s’il ne lui disait pas et qu’elle n’était au courant de rien. Dans un sens, elle n’avait pas tort. S’il voulait qu’elle saisisse la raison pour laquelle Changmin l’avait abandonné lâchement, il fallait qu’il explique. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres quand elle le supplia. « Okay ! Okay. Me regarde pas comme ça… On dirait que tu vas pleurer. Je sais pas gérer les gens qui pleurent. » Ça l’emmerdait plus qu’autre chose à dire vrai. Chang se massa encore une fois les tempes avant de commencer. « Tu te souviens de Miree ? » Jia ne pouvait pas l’avoir oublié. Si Lyvan était sa jumelle biologique, Miree était celle de son cœur et il avait passé plus de temps avec la jeune femme qu’avec sa propre famille. L’annonce de sa mort avait fait un court-circuit dans son cerveau. C’était une des raisons pour laquelle il avait laissé tombé Jia.

Jia Xin était entêtée. Elle savait qu’elle n’aurait pas non plus forcément une autre occasion de lui poser la question alors c’était pour ça qu’elle ne lâchait pas l’affaire, et parce qu’elle tenait, malgré tout, à Chang Min. même s’il l’avait blessé en partant du jour au lendemain, sans explications, qu’elle lui en avait voulu de lui faire autant de mal, elle ne pouvait pas oublier les bons et précieux moments. C’était son ami, qu’importe ce qu’il disait. La sino-coréenne n’avait pas fait une croix sur lui parce qu’il était parti. Ils avaient l’occasion de renouer et elle espérait que le garçon allait, enfin, se confier à elle. Lui expliquant qu’elle pensait être le problème, la sango fut tout de même soulagé d’apprendre que ce n’était pas le cas. Mais, qu’est-ce qui c’était donc passé, alors ? Elle n’en avait strictement aucune idée, parce que Chang Min n’en avait jamais rien dit. Jamais. Lui disant qu’elle ne pouvait pas savoir s’il ne lui expliquait pas, qu’elle ne savait rien, Jia Xin espérait qu’il se dévoilerait, qu’il lui dirait enfin ce qu’il taisait depuis des années. Elle le regarda, l’implorant du regard, lèvres pincées. Il finit par craquer. La jeune femme esquissa un bref sourire, satisfaite d’avoir réussi. Elle allait obtenir des réponses, réponses qu’elle cherchait depuis des années, depuis qu’il l’avait abandonné. Jia Xin fronça les sourcils quand il parla de Miree. Bien évidemment qu’elle se souvenait d’elle. « Oui, je me souviens d’elle. » Dit-elle en penchant légèrement la tête sur le côté, le regardant toujours. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Demanda-t-elle doucement, l'incitant à continuer.

Les deux amis étaient aussi têtus l’un que l’autre et si Changmin ne voulait pas parler de ce qui s’était passé à l’époque du lycée, Jiaxin ne voulait pas lâcher l’affaire et souhaitait savoir. Le jeune homme n’avait pas spécialement envie de revivre ce qu’il avait cacher pendant des années. Seulement, il se doutait que la jeune femme avait besoin de réponses. Réponses qu’il finit par lui donner. Enfin, pas totalement. Il céda. Il allait lui révéler ce qui s’était passé, même s’il n’en ressentait pas vraiment le besoin ni l’envie. Chang ne le faisait que pour la jeune femme. Il lui demanda si elle se souvenait de Miree. Ça n’avait pas réellement commencé à ce moment-là, mais, ça avait accélérer le processus. « Miree était ma meilleure amie. On est né le même jour de la même année à pratiquement la même heure. Nos mères sont devenues amies dans leur chambre à la maternité et ont gardé contact après leurs sorties. On est donc devenu proche comme ça. » Jusque-là, c’était la partie soft. La partie où il n’y avait pas encore de drama. Il revoyait son visage ainsi que ses mimiques à chaque fois qu’il pensait à elle ou se défonçait de trop. Parfois même, il avait des hallucinations et lui parlait. Mais, elle ne lui répondait jamais. « On a donc grandi ensemble et fin du collège, début du lycée, on s’est créé une bande d’amis… Ceux qui nous ont poursuivi aujourd’hui. On s’entendait bien et on a souvent harcelé des gens à l’école… » Il n’était pas fier de cette partie parce qu’il avait été un petit con. « J’en suis pas vraiment fier… Le souci, c’est qu’on était jeunes et cons et on est tombé dans divers travers. » Il n’arrivait pas à l’énoncer clairement parce que Jia serait la première à l’apprendre, autre que sa famille et ses anciens amis. « J’ai commencé à me droguer et plus je m’enfonçais et plus de devenais méchant. Je pouvais pas t’imposer ça, alors je suis parti. » Il grimaça avant de reporter son regard sur elle. « Puis Miree est morte et c’est devenu un enfer… Et j’ai appris récemment qu’elle n’était pas vraiment morte… Mais elle est pas restée longtemps en Corée… Enfin voilà. » Changmin avait essayé d’être rapide sur la fin pour ne pas se montrer trop émotionnel mais il n’avait clairement pas tout dit. Il lui manquait les épisodes avec son père qui le battait, mais ça, c’était un détail qu’elle n’avait pas besoin de savoir. Du moins, pas maintenant.

Jia Xin n’avait aucune idée de ce qui avait mené Chang Min à s’éloigner d’elle, à l’abandonner du jour au lendemain. Elle avait retourné dans sa tête, un nombre incalculable de fois, tous les moments où elle aurait pu dire quelque chose de mal. Elle avait longtemps pensé être la cause de son éloignement, qu’elle avait fait ou dit quelque chose qui l’avait blessé, au point de l’abandonner. Mais le garçon lui révéla que ce n’était pas ça. La sino-coréenne était soulagée mais pas complètement non plus. Si ce n’était pas ça, qu’est-ce que c’était ? Lui était-il arrivé quelque chose ? La sango, même si elle était contente qu’il lui révèle enfin les raisons de son éloignement, était inquiète. Etrangement, elle n’était plus certaine de vouloir entendre les explications de Chang Min. Surtout quand il commença à parler de Miree. Si le début ne montrait rien d’inquiétant, la suite allait l’être. Jia Xin l’écoutait attentivement, hochant doucement de la tête. Quand il mentionna le fait qu’il avait harcelé des gens à l’école, la jeune femme se pinça les lèvres. Elle le savait, et savait que ce n’était pas le vrai lui. Comme il le disait, il était jeune et con à cette époque, on faisait souvent que suivre. « À quoi ? » Demanda-t-elle, clignant des yeux, surprise par cette révélation. Chang Min s’était drogué ? Jia Xin avait du mal à le croire mais elle ne commenta pas, ne jugea pas. Tout le monde faisait des erreurs. « Je suis désolée, Chang Min… » Souffla-t-elle en baissant les yeux. Elle n’aurait pas dû insister. « Je n’aurais pas dû insister, excuse-moi… » Ajouta-t-elle en se mordant la lèvre. Ça devait faire remonter de mauvais souvenirs. « Tu aurais pu m’en parler, tu sais, à cette époque. » Dit-elle en le regardant, petit sourire aux lèvres. « Peut-être que… peut-être que ton enfer aurait été un peu moins horrible… » Souffla-t-elle en se pinçant les lèvres, baissant de nouveau les yeux. Jia Xin passa brièvement sa main dans ses cheveux, s’en voulant et culpabilisant de l’avoir fait parler. Elle ne savait pas de quoi parler, finalement. Elle était curieuse par rapport à Miree et sa non-mort mais la sino-coréenne ne voulait pas et ne pouvait pas poser la question. C’était indélicat et déjà qu’il s’était confié, elle ne pouvait pas lui en demander trop. « Merci d’avoir été là aujourd’hui. » Le remercia-t-elle en le regardant, lui adressant un sourire. « Tu n’es pas un mauvais garçon, Chang Min. » Ajouta-t-elle avant de se lever. « Tu veux peut-être rentrer ? » Demanda-t-elle en rangeant sa bouteille d’eau dans son sac. Elle n’allait pas le retenir plus longtemps.

Jusqu’à maintenant, Changmin n’avait jamais parlé de tout ce qui s’était passé au collège et lycée avec les Majors. Jusqu’à maintenant, il n’avait pas eu ni l’envie ni la force de le dire. Ce n’était pas réellement parce qu’il était fermé et ne souhaitait pas mentionner ses problèmes, même si c’était aussi le cas, mais c’était surtout parce que c’était bien trop dur pour lui. Pendant des années, il avait cru Miree morte et du jour au lendemain, elle était réapparu dans leurs vies, leur apprenant qu’elle n’était pas vraiment morte mais que son père l’avait fait passé ainsi parce qu’il n’avait pas apprécié qu’elle tombe enceinte. Chang avait été plus affecté qu’il ne l’aurait bien avoué. Miree avait été sa meilleure amie, son âme sœur. Il s’était même considéré plus proche d’elle que de sa propre jumelle Lyvan. C’était dire à quel point elle avait compté pour lui. Mais même si elle avait compté, c’était également à cause d’elle qu’il était tombé dans tous ses travers. La drogue, les bagarres et les humiliations avaient fait parties de son quotidien pendant des mois à cause des Majors, Majors que Miree avait créé. Elle était le centre de son groupe et à sa « mort » ils s’étaient tous éloignés les uns des autres. Changmin n’avait plus aucun contact avec eux, mais ils avaient encore une légère influence sur lui, Jia devant lui en était la preuve. Si ça n’avait pas été elle qui était emmerdée par eux, il n’aurait peut-être pas bougé le petit doigt pour venir l’aider. Il expliqua tout à Jiaxin, n’omettant qu’un seul et unique détail, le fait que son père le battait depuis des années. S’il était prêt à admettre qu’il était un junkie qui avait fait des allées et venues en centre de désintoxication, il n’était pas prêt à dire qu’il était un enfant battu. La jeune femme sembla choquée et s’excusa par deux fois. « Ce n’est pas ta faute Jia. Puis je te devais des explications quand même. » Malgré tout, Chang aurait du lui dire bien plus tôt pour qu’elle n’évite de penser qu’elle avait été le problème de son éloignement. Elle reprit la parole et il secoua la tête. A l’époque, il n’avait pas été prêt à lui dire et même si là, il l’avait fait simplement parce qu’elle lui avait demandé à plusieurs reprises, ça n’avait pas été facile de lui avouer. « C’est gentil… Mais ça n’aurait pas changé grand-chose. Ce n’est pas contre toi… Juste l’accumulation a fait que je n’étais plus une personne fréquentable. Je t’aurais blessé autrement… peut-être même physiquement. » Ça lui était déjà arrivé, alors il n’aurait pas été étonné que ça s’était reproduit avec quelqu’un qu’il appréciait. « Sache juste que s’ils t’ont laissé tranquille, c’est parce que je leur avais demandé et que faisais en sorte qu’il continue de le faire. » Il lui sourit doucement quand elle reprit la parole. Elle le pensait réellement, sinon elle ne l’aurait pas dit. Il la laissa se lever et il hocha la tête. « Merci c’est gentil. » A son tour il se leva avant de héler un serveur pour avoir un morceau de papier et un stylo. Il y inscrivit son numéro de téléphone. « Si jamais tu as besoin de quelque chose… N’hésite pas. »