Hoon ne répondit rien pendant de longues secondes. Il était sincèrement touché de l’attention de Jia Xin mais ça ne changeait en rien combien il s’en voulait de s’être comporté de manière aussi égoïste. Elle n’avait pas à être mêlée à chacune de ses sautes d’humeur. Il n’avait pas à l’appeler juste parce qu’il ne se sentait pas bien.
Quand elle pencha sa tête sur le côté pour croiser son regard, il l’observa silencieusement pendant de longues secondes. Il tenait toujours les billets dans sa main, si fort qu’il les écrasait.
« Ecoute, Jia, tu n’as pas à te sentir redevable et à vouloir rendre la pareille pour la nuit que j’ai passé avec toi ce jour-là. »
Sa voix brisa le silence qu’il avait délibérément installé pendant quelques secondes. Ce qu’il disait était sans aucun doute un peu brutal pour répondre aux bonnes intentions de l’étudiante. C’était comme s’il la rejetait et au fond c’était ce qu’il voulait faire. Intérieurement, et sans doute à cause de l’alcool qui coulait dans ses veines et faisait ressortir son côté égoïste plus que d’habitude, il se sentait agacé des bonnes intentions de Jia. Bien sûr, ça le touchait également, mais il était agacé de ne pas pouvoir faire tout ce qu’il voulait avec elle. De ne pas pouvoir montrer ses sentiments et de la voir attentionnée envers lui sans qu’elle ne retourne ses sentiments. Il redevenait un peu l’adolescent qu’il avait été, ce gamin frustré quand les choses ne se passaient pas vite et bien.
« Cette fois-là, j’étais avec toi avant que ça arrive, j’ai vu ce qui est arrivé, j’y étais donc déjà mêlé et je me sentais concerné. Là, c’est moi qui t’ai mêlé à ça. Juste parce que je ne me sentais pas bien, je t’ai appelé comme s’il était de ton devoir de me consoler. Ca n’est pas correct et c’est de ça dont je m’excuse. »
Il tendit de nouveau la liasse de billets vers elle.
« Maintenant, si tu n’acceptes pas cet argent et que tu refuses encore de partir, je ne vais pas te le proposer une nouvelle fois. Je vais me comporter comme le gamin égoïste que je suis et je vais t’utiliser pour me consoler. Est-ce que tu veux vraiment ça ? »
Et même s’il espérait qu’elle accepte, il ne lui en voudrait pas qu’elle refuse. Après tout, il le savait. Son amour n’était qu’à sens unique.

Pando

Jia Xin fut surprise des mots de Hoon. Elle lui était redevable, c’était certain, mais elle n’était pas là pour ça. Elle était venue parce qu’elle s’inquiétait pour lui et qu’elle n’aimait pas savoir qu’il allait mal. La jeune femme le fixa longuement, silencieuse. « Je ne suis pas là parce que je te suis redevable. » Répliqua-t-elle simplement, son regard s’ancrant au sien. S’il pensait réellement qu’elle était uniquement là parce qu’elle lui était redevable et qu’elle voulait juste lui rendre la pareille… Il se trompait lourdement. Jia Xin n’était pas du genre à venir comme ça, en plein milieu de la nuit, juste parce qu’elle était redevable. Et, mine de rien, ça vexait un peu la sino-coréenne qu’il le pense. Certes, elle ne voulait pas voir les sentiments qu’elle avait à son égard, ne se les avouait pas, mais tout de même, elle l’appréciait beaucoup et le considérait comme un ami. La sango l’écouta avant d’hausser les sourcils. « Tu t’excuses vraiment pour ça ? C’est ridicule. » Lâcha-t-elle finalement. Elle repoussa une nouvelle fois la main qu’Hoon lui tendait avec la liasse de billets. « Pourquoi je partirais ? » Demanda-t-elle en le regardant avant de détourner le regard. « Si je ne voulais pas être mêlée à ça, je ne serais pas venue. Si je n’étais pas inquiète pour toi, si je n’avais pas envie de te faire oublier tes tracas, je ne serais pas venue. » Dit-elle doucement, se mordillant la lèvre inférieure. Elle se dévoilait un peu trop et elle espérait juste qu'il oublie la plupart de ses mots avec l'alcool. Elle ne le regarda pas, sentant que ses joues illuminaient un peu trop son visage. « Maintenant que tu as fini ton blabla, on peut aller acheter de quoi soigner ta lèvre ? Tu n'auras qu'à payer avec tes billets. » Demanda-t-elle en le regardant un instant. Elle fit volte-face, ne lui laissant même pas l’occasion de dire quoi que ce soit et prit la direction d’une pharmacie. Qu’il le veuille ou non, elle soignerait sa blessure. Qu’importe où elle se trouvait. Que ce soit celle sur son visage ou celle de son cœur.

La lumière est facile à aimer. Chacun mérite quelqu'un qui aime son côté sombre aussi.

Pando

Les mots de Jia Xin font du bien à Hoon mais il a du mal à vraiment les croire. Têtu comme il est, il reste quasiment persuadé qu’elle est là pour lui rendre la faveur de cette soirée qu’il a passé avec elle.
Pourtant, elle n’a pas l’air de vouloir céder et plus elle insiste pour rester, plus il est tenté d’accepter. Il est pourtant certain que c’est égoïste. Même si elle lui dit qu’elle est là pour lui, parce qu’elle se fait du souci pour lui, il ne peut pas s’empêcher de se trouver égoïste.
Sans doute parce qu’il sait quelque chose qu’elle ignore. Il sait qu’il profite d’elle en prétendant être un simple ami alors qu’il l’aime beaucoup plus que ça. Il sait qu’il fait semblant pour ne pas perdre son lien avec elle et encore en profiter. Parce que s’il lui dit, alors elle ne voudra plus traîner avec lui.
Malgré tout, il finit par céder. Parce que ça l’arrange, parce que c’est confortable d’avoir quelqu’un qui prend soin de lui et encore plus si c’est Jia Xin. « D’accord » répond-il simplement en suivant l’étudiante, déjà partie en direction de la pharmacie la plus proche. Il range ses billets vulgairement dans sa poche. « Merci » Parce qu’il a l’impression qu’il dit être reconnaissant. Après tout, elle est là pour lui. Et il ne l’aurait jamais imaginé.

Pando

Jia Xin se dévoilait un peu trop au garçon mais, après tout, il avait un petit coup dans le nez alors, il oublierait ? Puis, elle ne pouvait pas le laisser lui dire qu’elle n’était là que parce qu’elle lui était redevable. Elle voulait juste rétablir la vérité, celle qui disait qu’elle tenait à lui et s’inquiétait pour lui. Qu’il n’y pense même pas et soit persuadé qu’elle n’était là que pour se racheter, ça la foutait un peu en rogne tout de même. C’est d’ailleurs pour ça que la sango fit volte-face, ne lui laissa absolument pas le temps de répliquer quoi que ce soit et qu’elle se dirigeait vers la pharmacie. Qu’il ose encore lui dire le contraire et elle ne donnait pas cher de sa peau. Jia Xin s’arrêta net et se tourna vers lui, ancrant son regard au sien. « Pourquoi tu me remercies ? » Demanda-t-elle. « Si c’est parce que je suis là à m’occuper de toi, il n’y a pas besoin. C’est ce que font les amis. » Renchérit-elle avant de tourner les talons une nouvelle fois et de reprendre la direction, d’un pas pressé, vers la pharmacie. Elle rentra à l’intérieur et parcourut rapidement les rayons. Elle trouva le nécessaire et alla tout déposer devant la pharmacienne. Jia Xin lança un regard à Hoon. Elle ne comptait pas sortir sa carte pour payer. Lui qui voulait tant lui donner son argent pour le trajet, il n’avait qu’à l’utiliser pour ça, et pour lui-même, en plus. Les achats effectués, la sino-coréenne sortit accompagné du sango. « Tu veux peut-être qu’on se pose au parc le temps de soigner ta lèvre ? » Demanda-t-elle.

La lumière est facile à aimer. Chacun mérite quelqu'un qui aime son côté sombre aussi.

Pando

Pendant un moment, Hoon se demande pourquoi elle est autant préoccupée par lui. Il émet silencieusement l’espoir que peut-être il serait plus qu’un ami pour elle, mais elle le ramène rapidement à la réalité. C’est ce que font les amis. Ce n’est pas faux, c’est vrai que ça se fait entre amis proches. Pas forcément entre amoureux.
Il se mord la lèvre. Un léger sourire ironique apparaît sur son visage et il se traite lui-même d’imbécile pour y avoir cru, ne serait-ce que quelques secondes. « C’est vrai. Les amis. » relève t-il à voix haute, d’une voix un peu amère. Mais il ne dit rien de plus. À quoi bon ?
Ils rentrent dans la pharmacie et Hoon la laisse prendre ce qu’elle veut. Il se fiche de pas soigner sa plaie pour l’instant, mais le lendemain, il sera bien content qu’elle l’ait fait. Si sa mère le voit avec une blessure au visage, elle va porter plainte contre Lucas et le renvoyer aux Etats-Unis si elle le peut.
Il tend lui même sa liasse de billets, avant de se rendre compte que le montant est bien plus pas que ce qu’il tend. Alors il fait le reprend vers lui, fait le tri, et ne donne au pharmacien que ce qui est nécessaire, avant de sortir avec Jia Xin. « Mh... oui, pourquoi pas. » Ca lui est égal, en réalité, mais il estime avoir été assez grognon pour la soirée. Il l’a faite venir jusqu’ici, c’est de sa faute à lui, alors ce ne serait pas correct de toujours lui répondre non en plus.

Pando

Jia Xin venait de se qualifier comme une amie alors qu’elle savait très bien qu’au fond d’elle, elle éprouvait un peu plus que de l’amitié pour Hoon. Mais l’avouer ? Non. Elle préférait mettre ça tout au fond de son cœur, le garder cacher et tenter d’oublier. Après tout… ça ne serait pas réciproque. Du moins, ça, c’était ce qu’elle croyait. Elle ne voyait pas les signes qu’Hoon lui montrait. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le garçon s’intéressait à elle. Et Jia Xin était aveugle. Elle n’avait jamais su voir ce genre de signes. Elle n’était jamais sortie avec un garçon et n’avait, non plus, jamais éprouvé ce genre de sentiments. Elle continuait de se voiler la face en se disant qu’elle avait juste une très grande affection pour le sango. Rien de plus. Et pourtant, c’était bien plus… Jia Xin continua son chemin et rentra dans la pharmacie. Ils en sortirent presque aussitôt, quelques achats en plus. La sino-coréenne lui proposa le parc mais sa réponse n’était pas vraiment convaincue. Elle le regarda puis soupira. « Si tu n’as pas envie, tu n’as qu’à le dire, tu sais ? » Dit-elle avant de tourner la tête et de prendre la direction du parc. Ça l’embêtait qu’il soit si grognon. Où était le Hoon jovial et bavard ? Pas ici pour le moment… Ils arrivèrent à l’entrée du par cet la jeune femme pénétra à l’intérieur de l’enceinte. Elle trouva un banc et s’installa dessus, invitant le garçon à faire de même. Elle sortit un coton et du désinfectant du sac. Première étape pour soigner sa lèvre…

La lumière est facile à aimer. Chacun mérite quelqu'un qui aime son côté sombre aussi.

Pando

Hoon ne répond pas de suite. Il ne sait pas vraiment ce dont il a envie, tout est flou dans son esprit pour l’instant. Sa lèvre lui fait mal, son coeur aussi, et il ressent en même temps la colère vis-à-vis de ce qu’il a vécu quelques heures avant et la joie d’être en compagnie de Jia Xin. Tous ce sentiments contradictoires qui se mélangent en lui le rendent confus et l’alcool n’aide en rien.
« Non, non, ça ne me dérange pas » dit-il finalement, parce que c’est ce qui lui semble vrai. Il ne voit pas pourquoi aller au parc le dérangerait, pourquoi il ne voudrait pas. Alors il la suit sans un mot, s’assied à côté d’elle quand elle trouve un banc et se contente de la regarder fixement - sans même s’apercevoir qu’il la regarde aussi intensément - sans dire un seul mot. La vision du visage de l’étudiante lui permet sans aucun doute de mettre en silencieux les dizaines de pensées qui le parasitaient jusqu’alors.

Pando

Jia Xin ne savait pas vraiment comment réagir, finalement. Il n’était pas dans son assiette, elle le comprenait bien mais ses réponses l’agaçaient. A l’entendre, il n’avait envie de rien. Souhaitait-il réellement qu’elle soit là, avec lui ? La sino-coréenne soupira en entrant dans le parc. Elle trouva un banc et s’y installa, invitant le garçon à faire de même. Elle ne pourrait pas le soigner s’il restait debout en plein milieu du chemin. La sango ouvrit le sac et sortit une compresse et du désinfectant. Première étape pour soigner sa blessure à la lèvre… Jia Xin releva la tête et s’arrêta en voyant qu’il la regardait intensément. Elle déglutit, se râcla la gorge et baissa les yeux. Elle était extrêmement gênée, le rouge devait lui monter aux joues et elle ne pouvait rien faire pour masquer ça. Jia Xin était obligée de le regarder pour soigner sa plaie. Elle redressa la tête et son regard fixa la lèvre blessée de Hoon. Elle se concentra dessus. « Ça risque de piquer… » Prévint-elle en approchant sa main de la bouche de l’étudiant. « Tu peux pencher un peu la tête vers l’avant s’il te plaît ? » Demanda-t-elle, attendant qu’il s’exécute. Elle déposa délicatement la compresse, nettoyant aussi doucement qu’elle le pouvait. « Je suis désolée si je te fais mal… » Dit-elle en continuant, lui jetant un rapide coup d’œil.

La lumière est facile à aimer. Chacun mérite quelqu'un qui aime son côté sombre aussi.

Pando

Le regard fixé sur le visage de l’étudiante, le temps semble suspendu. En contraste total du bar où il se saoulait avec le bruit pour oublier ses pensées, le parc est complètement silencieux. À part le bruit du vent dans les arbres, celui de sa respiration lente et celle un peu saccadée par l’embarras de Jia Xin, il n’y a aucun bruit. Ses pensées, elles aussi, se sont tues, enivré par la proximité de celle qu’il aime. Il sent les battements de son coeur rapides et se mord la lèvre silencieusement pour ne pas laisser ses envies prendre le dessus. À la place, il exécute ce que lui demande Jia Xin sans jamais arrêter de la regarder. «  Ce n’est pas grave » Il est chatouilleux en temps normal mais la douleur qu’il ressent à la lèvre n’égalera jamais celle de son coeur qui se brise quand il pense à Lucas ; et pour l’instant, tout ce à quoi il pense, c’est Jia Xin, son visage, ses yeux si proches, ses lèvres. «  Je dois puer l’alcool, je suis désolé » dit-il pour détourner ses pensées.

Pando

Jia Xin avait du mal à se concentrer à cause de la proximité du visage de Hoon. Il était trop proche du sien mais elle n’avait pas d’autres choix si elle voulait soigner correctement sa lèvre. S’appliquant et tentant d’être le plus douce possible, la sango s’excusa par avance, le prévenant aussi que ça risquait de piquer. Elle avait du mal à respirer, le souffle saccadé. Son cœur battait la chamade et la sino-coréenne faisait son maximum pour se concentrer sur les lèvres du garçon. Mais finalement, ça ne l’aidait pas spécialement. Au contraire. Elle se mordit la lèvre inférieure, le rouge aux joues tandis qu’elle bataillait avec ses pensées. Elle releva les yeux un instant. « Ce n’est pas grave… » Souffla-t-elle simplement avant de baisser rapidement les yeux, terminant de soigner la lèvre blessée du sango. L’étudiante se recula enfin, retrouvant un souffle normal. En revanche, son cœur continuait de battre anormalement vite. « Et sinon, pourquoi tu étais dans ce bar ? » Questionna-t-elle doucement, curieuse. Elle ne posait jamais les questions, en temps normal. Hoon le savait parfaitement. Mais depuis quelques temps, elle s’intéressait au garçon assis à côté d’elle. Alors forcément, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir savoir et de lui poser des questions. « Tu as fait ça comment ? » Ajouta-t-elle en le regardant enfin, les lèvres pincées. Il n’avait peut-être pas envie d’en parler mais elle était venue pour lui, pour l’écouter, le soutenir et soigner son cœur meurtri.

La lumière est facile à aimer. Chacun mérite quelqu'un qui aime son côté sombre aussi.

Pando