Ils étaient fous d’y croire à leur histoire. Mais Jed s’en fichait. Son sourire ne le quittait pas alors qu’il suivait sa poupée. Ici ou jusqu’au bout du monde. Il était convaincu que rien ne pourrait les séparer. Douce illusion surement dans laquelle il se baignait lui et son esprit embué. A la cuisine, il la laisse prendre les initiatives, lâche un petit rire presque gêné de retrouver ce quotidien. Ont-ils le droit de jouer à ça ? Faire semblant qu’ils sont chez eux, dans leur petit nid tranquille ? Lui il aime l’idée. « Tout ce que tu veux. » il la laisserait faire n’importe quoi pour lui. Même si il ne s’agit que d’un sandwich. Il l’observe de loin d’abord, mais l’envie d’être auprès d’elle est toujours trop forte. Si bien qu’il finit par s’approcher d’elle, passer ses bras autour de sa taille. En posant sa tête sur son épaule, il regarde ses gestes, comme si rien n’avait changé. Et ça le prends presque aux tripes. Lui qui était resté seul durant toutes ces années. Le voilà qu’il se perd à rêvasser. A la revoir dans leur cuisine. S’afférer à préparer des sandwichs pour eux quand l’envie leur prenait. Ils étaient bien tous les deux. Dans leur appartement… il n’avait pas su y rester seul. Et aujourd’hui celui qu’il avait, il ne le devait qu’à Miso. Trouble dans son esprit, il grimace, préfère se concentrer du moins autant qu’il peut sur elle. « Tu n’as rien oublié. » parce qu’il le voit. Il y a chacun des ingrédients qu’il aime. Ah qu’elle le surprendra toujours. Quand le sandwich est terminé, il ouvre en grand la bouche pour qu’elle lui donne un morceau. Il rigole, la bouche pleine et le regard malicieux. Lui prenant des mains, il en fait autant avec elle. Partageant ce doux moment presque irréel. « T’étais où pendant tout ce temps ? » il prend la mine triste. Sans pour autant être sérieux. « J’avais pas manger d’aussi bon sandwich depuis ton départ. » et il rit encore. Trouve ses mots amusants. Pourtant ça cacherait une vérité douloureuse. Mais Jed n’y pense plus. Il est trop accro.

Ce qu’elle aimait le plus dans cette façon qu’il avait de revivre le passé c’était cette sensation que tout irait bien. Il n’avait qu’à l’enlacer et poser son menton sur son épaule pour que la jeune femme ait envie de dévorer le monde. Elle s’adosse contre lui, se laisse aller dans son étreinte avec un petit sourire troublé. Elle lui donne un bout de viande du bout des doigts et rit. Non, il était certain qu’elle n’avait rien oublié, elle se souvenait de tout de lui, pouvait-elle lui avouer ? Elle craignait de découvrir que Jed avait changé, qu’il était devenu différent, qu’il n’aimait plus les mêmes choses, qu’il ne l’aimait plus. Mais elle redécouvrait son homme, cet ado qu’elle avait laissé, ce gosse qu’elle avait aimé si fort, qui l’avait rendu faible d’amour. Elle aurait pu lutter contre toutes les contraintes pour lui mais la mort semblait bien trop difficile à évincer. Elle rit un peu plus de le voir croquer dans ce sandwich de la sorte. Elle se tourne vers lui et embrasse sa bouche avec un amusement complice. Elle lui laisse prendre le sandwich et vient croquer dedans avec un petit soupire d’aise. C’était beaucoup trop délicieux. Elle n’était pas douée pour la cuisine, elle faisait toujours cramer les choses, mais empiler les condiments et la viande entre deux tranches de pains avec de la sauce semblait être un don chez elle. Elle faisait toujours les meilleurs sandwichs. Parfois elle se prenait même à rêver d’en vendre dans un petit restaurant sur le bord de la route 66. Jed serait jamais loin, il n’était jamais loin. Elle croque une bouchée avec un regard complice et lui essuie ce peu de mayonnaise à la commissure de ses lèvres de son pouce avant de venir le suçoter. Où elle était ? En enfer. Mais la question du garçon n’attendait aucune réponse alors elle se contenta de sourire, un brin triste. Ton départ. La jeune femme eut mal au cœur, mais elle ne réalisa pas vraiment pourquoi. Enfin … Elle le savait, mais elle ne voulait pas le voir. Elle repoussa sa main qui contenait le sandwich alors que Jed s’apprêtait à mordre dedans et l’attira à elle le visage soudain sérieux, bien qu’il était évident que le space cake qu’elle avait avalé sans le savoir la rendait stone « Tu sais que je t’ai dans la peau Jed putain ? » c’était presque un besoin vital pour elle qu’il le comprenne. Qu’il le sache. Elle ne pouvait pas vivre sans lui. « Je t’aime tellement que ça fait mal. » était-ce étrange ? Certainement, mais il comprendrait lui, plus que n’importe qui. Puis réalisant à quel point elle était bizarre elle pouffe de rire et lui vole un baiser avant de souffler « Je vais me faire un sandwich. » passant par toutes les émotions en un quart de secondes.