Evidemment. Evidemment qu’elle le quitterait pour lui. Elle ferait tout pour lui. Ce soir elle se sentait forte, elle se sentait comme une femme capable de dévorer le monde. Son mari ne lui paraissait que comme un homme minuscule qu’elle pourrait broyer d’un geste de la main. Est-ce que tout serait aussi facile que ça ? Le sortir de sa vie, le tuer, pour retrouver sa liberté. Sa liberté de vivre, d’aimer Jed comme elle le voulait réellement. Elle n’en pouvait plus d’être mariée à cet homme et pas seulement pour les coups, mais parce qu’il n’était pas celui qu’elle voulait. Elle passait sa vie aux côtés d’un homme et gâchait se jeunesse alors que l’amour de sa vie ne voulait qu’elle, n’attendait qu’elle … Que faisaient-ils hein ?! A se détruire ainsi, à s’éviter ainsi. Non, c’était la plus stupide des idées, ce soir elle le comprenait. Elle n’avait pas peur, ni des conséquences, ni des actes atroces qui l’attendraient. Elle voulait vivre. Elle voulait être forte pour sa famille. Qu’importe l’argent, la pauvreté ou qu’elle puisse perdre ses parents. Que faisaient-ils pour elle si ce n’est la laisser aux mains de son bourreau ? Wen yi avait crié sa colère, sa rage, sa peine, sa douleur, et ses parents avaient fermés les yeux. La seule personne à réellement s’intéresser à elle c’était Jed. C’était lui qui l’avait attendu à la sortie des vestiaires pour savoir ce qu’elle avait, c’était lui qui s’inquiétait de ne pas la voir en cours, c’était lui qui voulait comprendre ce qu’elle cachait. C’était lui encore qui, elle en était certaine, ferait tout pour la sortir de là, au péril de leur vie. Elle le savait, dans le fond, ils s’aimaient d’un amour beaucoup trop sincère pour que l’enfer dans lequel ils vivaient ne soit la fin de leur histoire. Ils méritaient beaucoup plus. Vraiment, beaucoup plus. Elle se cramponne à lui, gémit dans leur baiser, le fait reculer jusqu’à buter le plan de travail. Elle ne veut pas quitter sa bouche, son corps, sa vie. Non elle veut rester ici, quel mal faisaient-ils à s’aimer ? Aucun ! Aucun bon sang … elle suffoque, se perds contre cet homme qu’elle aime tant … « Je le tuerais pour toi. » elle avait lâché ça à bout de souffle, entre deux baisers avant de reculer son visage juste de quoi croiser son regard. Elle pouvait bien être totalement défoncé par ce gâteau, elle le pensait, d’une sincérité désarmante. « Je le tuerais pour toi. » murmure-t-elle à nouveau avant de gémir en collant son front contre sa mâchoire. Je le tuerais pour toi mon amour … pour nous. Elle lui avait dit, non ? Elle l’avait dans la peau. Elle ne voulait plus avoir à vivre sans lui, bien que forcée, rester loin de lui un jour de plus lui paraissait insupportable. Elle inspire le souffle du garçon comme on aspire à rester envie et se presse contre lui. « Je te le promets … » parce qu’il était important, ce soir, de souligner la symbolique de leur parole. Elle lui promet d’être à lui un jour. D’être sienne. Totalement … Calmée bien que le cœur fou et le corps en feu, elle glisse sa main sur son torse et murmure « J’ai jamais, jamais cessé de t’aimer Jed … jamais … »

Ce n’était qu’une phrase, qu’une promesse et pourtant pour lui elle signifiait tellement. Elle était prête à tuer pour lui… cet homme. Celui qu’il ne connaissait pas et pourtant qu’il haïssait plus que de raison. Quand elle prononce ces mots, malgré son esprit embué Jed y croit. Se persuade qu’un jour tout ça pourrait être vrai. Dans son esprit fou, il pourrait imaginer cette éventualité, si jamais il ne pouvait la récupérer. Plein de fougue, il se saisit de son visage, un peu brusque « Je le ferais pour toi. » parce-que jamais il ne laisserait sa Wen se salir les mains. Jamais il ne voudrait qu’elle vive avec cette culpabilité qui la ronge. Jed s’en fout ! Il a déjà trainé dans des affaires sales, vu des hommes s’écrouler sous ses yeux. Même si il n’avait jamais été celui qui appuyait sur la gâchette. Il pourrait le faire pour elle. Et dans cette promesse folle, il l’embrasse plus passionnément. Plein de rage contre cet homme, contre celui qui le prive du plus beau des bonheurs. Il n’a qu’une idée en tête ! Retrouver sa famille. La sienne… Il ne veut que ça. Serait-ce possible un jour qu’il puisse renouer avec elle ? Pouvoir vivre comme il le voulait ? Il n’en sait rien. S’en fout en cet instant. Et ce sourire qui apparait sur ses lèvres. Euphorique, il se détourne, attrape son sandwich et en mord un morceau. Puis il lui prend la main, l’entraine avec lui dans les couloirs. Toujours aussi proche d’elle « Quand je l’aurais fait. Il n’y aura plus rien pour nous séparer. » Et il croit encore à ses mots. De cette lueur nouvelle qui brille dans ses yeux. De cette folie douce qui le rend un peu plus rêveur. « On formera à nouveau une famille. » parce qu’il n’attend que ça. Parce qu’il ne veut que ça… être un tout avec Wen et Ewen. Avec ses deux anges, ceux qui lui ont toujours tout donné. Il n’y a plus de haine, de rancœur. Plus rien… s’approchant d’elle « Wen… je veux le voir. Montre moi où tu vis. » et c’est un peu stupide comme idée. Mais il veut s’immiscer un peu plus dans sa vie. Il veut qu’elle lui montre, de cette idée malsaine qui nait dans son esprit. Jed, veut savoir, veut voir où elle vit avec cet homme. A quoi pourrait ressembler son quotidien quand elle n’est pas avec lui. Pendant toutes ces années… 

Il le ferait pour elle. Ils sont peut-être fous, enivré d’alcool et de drogue, mais dans le fond elle sait qu’il dit vrai. Elle sait qu’il est sincère. Peut-être qu’elle aurait dû faire ça depuis le début ? Lui dire la vérité, lui avouer cet ultimatum qu’on lui imposait ? Peut-être qu’elle aurait du tout confesser dès le départ et alors peut-être qu’ensemble ils auraient pu trouver une solution. Oui, à cet instant elle se dit que s’ils avaient pu tuer cet homme plus tôt, ils auraient leur famille réunis. Tout serait parfait, complet. Quelle idée chaotique et pourtant, ce soir, elle lui paraissait être la réponse à tout. Tuer cet homme pour se libérer de ces chaines qui pesaient à sa vie. En seraient-ils capable ? De toute évidence oui. Elle ne voulait plus avoir peur de lui. Jamais. Mais elle avait Jed, pas vrai ? Elle avait retrouvé l’amour de sa vie et qu’importe le jeu bancal auquel ils jouaient. Ils pourraient être capable du pire si c’était pour s’aimer. Je veux pouvoir tout faire pour t’aimer tu sais ! Il le sait, peut le voir dans son regard. Il l’embrasse et sa fougue elle la partage. Possédée par ce besoin de lui constant, elle ne peut plus vivre sans croiser son regard, sans le voir ne serait-ce qu’une journée. Elle a tellement besoin de lui que s’en est douloureux. Chaque seconde passée loin de lui est une torture, et pourtant … elle s’oblige à rester loin de lui. Croit encore qu’elle peut résister comme une droguée ferait mine de repousser chacune de ses prises … elle ne faisait que faire reculer l’échéance … et chaque fois qu’elle retrouvait ses bras c’était plus fort encore, plus intense. Elle s’apprête à l’embrasser à nouveau mais recule le visage, surprise de sa demande si soudaine, si dangereuse … Une Wen Yi sobre aurait refusé, mais la Wen Yi de ce soir se sentait bien incapable de lui refuser quoique ce soit … « Oh mon amour … » souffle-t-elle car elle comprenait la souffrance derrière ces mots, ce besoin pressant de la posséder entièrement : elle et ses secrets. Elle caresse sa bouche du bout de ses doigts et frémit. « Tout ce que tu voudras … » souffle-t-elle en venant coller son front au sien. Elle reste longuement ainsi contre lui avant d’attraper sa main et de l’attirer avec elle jusqu’à sa voiture. Luxueuse, de celle qu’ils n’auraient jamais pu s’offrir. Elle lui semblait loin l’époque où Wen Yi se déplaçait en roller quad. Elle prend place derrière le volant, s’y cramponne le temps qu’il la rejoigne et fixe la route avant de se tourner vers lui. « Tu es sûr ? » évidemment qu’il l’était. Elle mordille sa lèvre, l’adrénaline lui montait à la tête et elle se sentait pousser des ailes, dangereuses mais puissantes. Dans sa petite robe soulignant ses courbes, Wen Yi était belle derrière ce volant, désirable aussi. Elle conduit rapidement et prouve bien que rien ne peut l’arrêter. Elle ne met pas longtemps à rejoindre son appartement. Elle se gare devant son immeuble dans une rue déserte, légèrement éclairé. Elle se penche sur son volant et lève les yeux vers la fenêtre de son salon. « 5^ème étage. Appartement 502. » souffle-t-elle. Elle pointe du doigt la fenêtre où aucune lumière ne filtrait et lui souffle « Je vis ici. Avec lui. » elle se redresse doucement et observe le visage de Jed, elle veut voir sa réaction voire les émotions qui se déchainent en lui. Cette maison, ce foyer qui n’est pas le leur et pourtant … c’était là où vivait l’amour de sa vie. 

Il n’aurait pas dut faire cette demande, mais l’idée l’obsédée. Où pouvait-elle avoir vécu durant toutes ces années ? Lui qui avait si souvent cru qu’elle était loin. Peut-être allait-il être surprit. Malheureux aussi, mais il s’en fichait. Son esprit n’était pas sobre. Encore moins réaliste de tout ce qui se passait. Alors il s’en foutait. Déterminé même, il la suivait sans rien dire. Il se sentait nerveux, bien qu’il fût incapable de s’en rendre compte. Mais son geste, cette main qu’il se passait sur le visage était un signe de sa détresse. En réalité, l’américain était fou de rage. Sans savoir pourquoi. Il n’aurait pas dût évoquer le sujet. Mais ils s’approchaient, plus son cœur battait. Il avait chaud même, plein de fureur contre cet homme. Le chemin n’était pas si long… encore plus lorsqu’il remarqua le quartier. Le sien presque, à seulement quelques pas de là. Alors la vie était aussi cruelle que ça ? N’être qu’à quelque mètre d’elle, durant toutes ces années ? Ironie certaine sur son visage, il a ce sourire au coin des lèvres. Celui désabusé, alors qu’il jette un regard à Wen. Il lui en voudrait presque, si il n’était pas éperdument amoureux d’elle. Il reste même quelques secondes à la regarder. Cette folle envie de lui demander si elle se fichait de lui. Mais plus que la haine qu’il avait pu ressentir, c’est surtout cet homme qui le rend fou. A l’imaginer subitement ici, dans cette même voiture peut-être bien. Et cet étage qu’elle lui montrait. Une fenêtre sans vie… si proche de lui. C’est là… il n’arrêtait pas de se le répéter. Inconscient de ce qu’il ressentait vraiment. Mais il resta enfoncé dans son siège, sa mâchoire crispée alors qu’il regardait devant lui. Rage certaine contre un homme qui lui avait tout volé. Il avait les mains serrées, s’empêchant surement de mal réagir. Il ne voulait pas crier, à quoi bon de toute façon ? Ni elle ni lui ne pouvaient y changer quelque chose. Sentiment d’incompréhension, avant que le désespoir ne  frôle sa bouche… laissant échapper un soupir plus lourd que lui. « C’est ici que tu vis… » Comme si il tentait de le comprendre. De se convaincre qu’il n’aurait jamais pu savoir… « Wen… » Il avait ce regard, embué presque alors qu’il levait les yeux vers elle. Mais il s’interrompait… elle n’avait pas besoin qu’il lui dise. Ils vivaient qu’à quelques minutes l’un de l’autre. Elle le savait déjà… pourquoi ne lui avait-elle pas dit quand elle était venue chez lui ? Il serra les dents, à s’en faire grincer. Colère, brute sans filtre. Il n’était pas énervé contre elle. Mais contre le monde entier ! Si bien qu’il se tourna brusquement, pour ouvrir la porte et sortir en trombe. Prêt à monter à cet étage, prêt à voir et affronter ce quotidien. « C’est là que tu vis ?? Avec ce connard ?! » la rage le consumait. La drogue l’empêchait d’y voir clair aussi. Il était fou, tellement aliéné par cette colère subite. Il criait fort, hurlait trop alors qu’il avançait vers l’immeuble.

Elle l’observe, lui son amant, son amour, se décomposer devant cet appartement. Si proche et si lointain à la fois. Inatteignable, comme le serait une princesse dans une tour d’ivoire. Et pourtant elle était à portée de main. C’était là que tout devenait cruelle. Elle avait disparu, sans jamais l’être réellement. Elle qui avait été baignée toute la soirée dans une certaine euphorie douce et apaisante, elle ressentait sans filtre la violence de ses émotions. Sa colère, sa peine, sa rage … elle pouvait la lire sur son visage, dans son regard qui ne pouvait se poser et qui papillonnait, sa mâchoire tant serrée qu’elle pouvait entendre grincer ses dents. Mon dieu … Je suis tellement désolée de tout ce que je te fais subir … pensa-t-elle le cœur ravagé devant l’état de l’homme qu’elle aime. Elle peine à retenir sa tristesse en croisant son regard. Le laisse sortir fougueux de la voiture. Se glisse contre le volant pour le voir contourner la voiture et traverser la route, sa silhouette se détachant dans les lumières de la rue. Il est beau, malgré sa rage évidente, sa colère et sa tristesse qui déchire un cœur. Il est subjuguant, les pensées peu claires et troublées, elle l’observe, le voit marcher vers cette immeuble. Elle était peut-être là sa porte de sortie ? Brûlons cette maison et allons reconstruire notre foyer ailleurs. La jeune femme était épuisée de s’être battue aussi fort depuis toutes ces années pour protéger leur fils et Jed. Aujourd’hui elle voudrait abandonner, mais comment le pouvait-elle réellement alors qu’elle avait tout sacrifié jusqu’ici ? Son fils méritait mieux … Alors Wen se relèverait encore une fois et ferait ce qu’il faut faire. Détachant sa ceinture rapidement pour sortir de la voiture, laissant la portière ouverte, elle ne fait pas fit des klaxons qui font rages sur son passage. Elle attrape son poignet, sait que ça ne suffira pas. Ni sa belle robe, ni son visage de poupée. Elle tire mais il a plus de force, plus de rage, alors la jeune femme le contourne, lui fait face, fait barrage de son corps pour l’empêcher d’aller se brûler. Reste avec moi ! elle mord sa lèvre et l’attire à elle en tentant de le bloquer pour qu’il n’avance plus. « Jed ! Jed regarde-moi ! Mon amour … mon amour regarde-moi ! » supplie-t-elle en prise avec la fureur de son amant. « Evenn mon amour … » gémit-elle en se jetant contre son torse. « Je t’aime ! Je t’aime ! Regarde-moi … je t’aime putain, je t’aime tellement … je suis désolée … je suis tellement désolée de te faire tant de mal … Oh mon amour … pardonne moi … » dit-elle sans réaliser que des larmes acides baignaient ses joues. Elle souffrait de sa souffrance à lui, comment pouvait-elle supporter la vue de sa colère, de ces yeux embués de larmes … Venir ici était la pire des idées … c’était certains … maintenant qu’elle le voyait dans cet état elle comprenait sa nouvelle (énième) erreur.