« Pourquoi t’es venu Il Kyang ? Va à la police. Je t’accompagne. » « Non ! » je reste en retrait, l’observe sans rien dire de plus. Je ne veux pas aller à la police. Je… je ne sais pas. Je suis perdu tout à coup. Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé. Je me suis juste endormi et… je n’ai plus rien. On m’a tout volé. Portefeuille, ordinateur, clé de voiture… et même ma guitare. Je n’ai plus rien du tout. Ça me fait froid dans le dos, mais je sais que c’est ma faute. Qui s’endort comme ça sur une table avec toutes ses affaires ? Me passant une main dans les cheveux, je me laisse retomber sur le canapé du studio. Kitae a l’air inquiet. « Pourquoi tu t’obstines ? » « Parce-que… je suis sûr que je le connais. » ouais j’en suis certain même. Parce qu’il y avait ce message, ce petit sachet qu’on m’avait glissé. Une façon de me dire trouve qui je suis. Et je pensais à plein de gens différents... c’était ça le problème. Des types qui connaissaient mes problèmes d’addictions, y’en avait des tas. Et je me détestais pour ça. Comme si une fois de plus mon passé devait encore me rattraper. Je n’en avais pas parlé à Kitae. Je ne voulais pas qu’il flippe pour la drogue. Ce n’est rien… qu’un pauvre sachet. Mais je réfléchissais, encore et encore pour trouver de qui il s’agissait. En faisant mine de rien, je préférais jouer, me concentrer sur la musique. Même si je n’avais plus la mienne… Kitae ne cessait de me dire que ça servait à rien, que je devrais rentrer. Mais je suis resté là, une bonne partie de la journée. Jusqu’à ce que je comprenne enfin qu’il s’agissait de Taemin. Ça ne pouvait être que lui ! Parce-que il était le seul à me faire autant de coup fourrer. « Je sais qui c’est. » je m’étais levé brusquement, soudainement rongé par la rage. « Je vais aller le voir. » « Attends je viens avec toi. » « Non. Je veux régler ça tout seul. » Enfin, il avait quand même fallut que Kitae m’accompagne à l’université pour que je rentre vu que je n’avais plus de clé de voiture. Il voulait insister, mais je préférais de loin aller voir Taemin seul. Alors je réglais le problème à ma façon… évidement j’avais eu raison. C’était lui le coupable. Il m’avait tout prit, et s’était même amusé à faire suer Ye Won toute la journée avec mon téléphone. Un connard ! Voilà ce qu’il était. J’avais encore faillit me battre avec lui. Mais il n’en valait pas la peine. C’était juste un petit con. Rien de plus ! Fou de colère, je quittais sa chambre, claquais la porte alors qu’il me provoquait encore. Il avait tout jeté. En parfait idiot qu’il était, il s’en était débarrassé dans les bennes à l’arrière des bâtiments. Agacé, je voulais aller tout récupérer. Mais je pensais aussi à Ye Won et au fait que je ne lui avais pas parlé de la journée. Perdu, contrarié et terriblement frustré, je frappais à sa porte de chambre. Attendant qu’elle ouvre avant de la voir apparaitre sous mes yeux. J’aurais beau essayé de lui parler normalement. J’étais juste en colère… pas contre elle évidement, mais Taemin me foutait en rogne. « Je suis désolé, j’ai eu un problème. » mon ton est sec. Je déglutis, détourne le regard « Je… t’expliquerais. Est-ce que tu veux bien venir m’aider s’il te plait ? » Et je pars déjà, sans rien lui dire de plus. Je ne veux pas l’angoisser, je cherche même une excuse à ce qui s’est passé. Mais rien ne me vient. Je voudrais juste aller récupérer mes affaires. En espérant qu’elles y soient encore. Lâchant un soupir agacé, je pars devant, déambule les marches rapidement des escaliers avant de sortir. Même l’air frais ne me fait rien. Je suis une boule de nerf. J’ai envie de tout casser sur mon chemin, mais je sais que je dois contrôler mes émotions. Ça fait aussi partit de cette foutu thérapie. Pourtant là maintenant, je n’y arrive pas. 

Pour une fois, Ye Won a terminé ses cours tôt. L’un de ses professeurs absent, elle en a profité pour aller se poser dans un café, trouver un peu d’inspiration pour des croquis qu’elle doit dessiner. Min Young ne lâche pas l’affaire, depuis son séjour chez lui, il l’inscrit à tous les concours qu’il trouve, essaie à sa manière de lui faire sortir la tête de l’eau. Du moins, c’est ce qu’il faisait jusqu’à maintenant. Il prend ses distances avec Ye Won, depuis qu’elle lui a parlé de ce week end à Busan, de ce qu’il s’est passé. Elle ne lui en veut pas, elle est bien consciente du fait qu’il a beaucoup fait pour elle, pendant tous ces mois. Pourtant, elle ne peut pas croire qu’il l’abandonne comme ça, alors qu’elle retrouve enfin un peu de bonheur dans sa vie. Alors, elle fait ce qu’elle peut, lui envoie une photo de ses croquis pour lui montrer qu’elle tient à lui, qu’elle tient ses promesses et avance un peu plus chaque jour. Mais encore une fois, elle n’aura aucune réponse de lui. En rentrant au dortoir, elle a encore le nez sur son téléphone, écrit un énième message à son meilleur ami. Il lui faut du temps, elle l’a compris, mais ça ne l’empêche pas de lui rappeler qu’elle tient à lui, et qu’elle a tout autant besoin de lui dans sa vie. Un soupire qu’elle laisse échapper d’entre ses lèvres, elle ne fait pas attention au vacarme dans le dortoir, et se dirige instinctivement dans sa chambre, range quelques courses qu’elle a fait pour avoir de quoi grignoter et boire à proximité. Même si tout semble aller mieux dans sa vie, elle fait en sorte d’avoir une boîte de chocolat dans sa chambre, et parfois, quand elle sent que ces mauvaises pensées reviennent à elle, elle suit les conseils de Ye Eun, et se réconforte avec un morceau de chocolat et un peu de musique. Se laissant retomber sur son lit, elle sort ses livres qu’elle jette sur son bureau, récupère son téléphone, et relit ces messages qu’elle a reçu d’Il Kyang aujourd’hui. Ils sont étranges, ils ne ressemblent en rien à ce qu’il peut lui envoyer d’habitude. Elle soupire encore, ne trouve pas nécessaire de lui renvoyer un message alors qu’elle sent, que quelque chose cloche. Retirant enfin ses chaussures, enfilant une tenue plus confortable, elle hausse un sourcil en entendant frapper à sa porte, encore plus surprise lorsqu’elle voit Il Kyang, et ce regard qu’il a. A-t-elle fait quelque chose de mal ? Rien ne lui vient, et son attitude ne la rassure pas. « Euh… oui. D’accord… » ose-t-elle murmurer en guise de réponse, alors qu’il part déjà, prend le chemin de l’extérieur. Elle n’est pas sûre de comprendre exactement ce qu’il se passe, pourtant, elle se met bien rapidement à le suivre, sans oser poser de questions. Arrivés dehors, elle voit bien qu’il se contient, qu’il a réellement l’air contrarié. Alors, avant d’aller plus loin, elle marche plus rapidement pour le rattraper, attrape son poignet pour le forcer à s’arrêter et lui faire face. « Il Kyang… qu’est-ce qu’il se passe ? » Son regard se veut inquiet, alors qu’elle pose sa main libre sur sa joue, penche légèrement sa tête sur le côté. Elle tente de déceler une réponse, mais elle est incapable de savoir ce qu’il se passe exactement, et au fond d’elle, cette idée lui fait déjà peur. « Ilki… est-ce que tout va bien ? » Pour le moment, elle préfère ne rien dire concernant ces messages qu’elle a reçu, même s’il faudra qu’elle en parle à un moment donné. Pour le moment, elle préfère ne pas y penser, et se concentre sur lui. Elle sent qu’il est tendu, à bout de nerfs, et ne supporte pas de le voir ainsi. Mais tant qu’elle ne saura pas ce qu’il se passe, il lui sera bien difficile de pouvoir l’aider, finalement.

Je ne devrais pas être aussi réceptif à ce qu’il me fait vivre. Ça dure depuis des mois maintenant. Juste des remarques, des petites piques ou des coups bas. Ça n’est rien ! Qu’un gros gamin. Mais j’ai beau savoir tout ça, je suis dégouté. Ereinté par ses bêtises de gosse. Je n’ai pas peur de Taemin ! Je devrais peut-être. Mais les types comme lui ne m’impressionne pas. Je m’en fous je crois. Tout ce que je veux c’est qu’il me foute la paix. A moi et à mes proches. Dire que j’avais été ami avec lui… je serre encore les poings, rumine dans ma tête et me refait cette scène qui m’arrache un énième soupir. Je suis frustré, j’aurais dut lui en coller une. Juste pour me soulager je le sais. Même si c’était idiot il l’aurait mérité. Pour ça et pour tout le reste. Je ne fais plus attention à rien, plongé dans mes pensées, agacées, j’avance machinalement. J’en oublierais presque que j’avais déranger Ye Won pour qu’elle m’aide. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Je devrais la laisser en dehors de tout ça. Et c’est pire lorsqu’elle me force à la regarder. Je grimace, déjà désolé d’être un pauvre con. Je n’ai pensé qu’à moi encore une fois. J’aurais dut la laisser loin de tout ça. Je détourne les yeux, je suis partagé entre le fait de lui dire que ce n’est rien, et tout lui expliquer. Au final, c’est ma faute, c’est moi qui l’aie emmené ici. Je suis idiot ! « Juste un truc de gamin. » et ce n’est pas suffisant comme réponse. Elle est inquiète et je reste braqué. J’inspire doucement, tente de calmer mes nerfs mais j’ai vraiment envie de tout balancer. Je suis fatigué de ses conneries. Et j’ai tellement peur de ne rien retrouver. Est-ce qu’il sait combien coute un ordinateur, des clés de bagnoles électroniques ? Si je veux un appartement, je ne peux pas dépenser plus que ce que je ne dépense déjà en un mois. L’argent ne tombe pas du ciel, mais j’avais compris que lui en avait quand il voulait. Il claquement de doigt, une vente de drogue ça rapporte. Et je suis écœuré de moi. D’avoir fait confiance à ce type, de l’avoir même trouver génial. Je suis un crétin ! « C’est Taemin. Yun Taemin. Le mec chez les pyos… » Si elle avait à peine entendu parler de lui ça m’allait. Je ne voulais pas qu’elle l’approche. « Je me suis endormi. » comme ça m’arrive souvent en moment. Et je suis épuisé. « Il m’a volé toutes mes affaires. » et sur ces mots je me détache d’elle. Repasse devant et continue mon chemin. Ce n’est pas que je la fuis mais cette histoire me tracasse soudainement. « Il a tout balancé dans les bennes. » c’est pour cette raison que je vais plus vite. J’avance jusqu’à l’arrière des bâtiments. Et pousse un soupir en voyant plusieurs containers. « Je suis désolé… de te mêler à ça. » elle ne doit pas y comprendre grand-chose je le sais bien. Je déglutis, passe une main dans mes cheveux nerveusement. « J’espère qu’il a rien cassé. » et je file déjà sur le premier. Soulève le grand couvercle. L’odeur est horrible évidemment, il n’y a pas que des encombrants ici. Et je suis soudainement peiné, de devoir lui faire vivre ça. Lui jetant un regard « Il a juste un peu la rage contre moi. » ça ne suffira pas à expliquer toute l’histoire. J’ai peur qu’elle s’imagine des choses. N’importe quelle histoire qui m’aurait attiré des ennuis. « Je n’ai rien fait Ye Won… à part lui dire que je ne voulais plus trainer avec lui. » les épaules affaissées, le regard las, j’ai conscience que c’est un peu flou pour elle. Mais je n’ai pas vraiment envie de parler de Yuna aussi. Alors pendant que je commence à fouiller, je lui lâche « C’est un type avec qui je trainais quand… ça n’allait pas… » Elle doit surement se douter de l’influence qu’il avait. Pas le genre à passer une soirée autour d’un repas. La regardant, je grimace, pas fier d’avoir passé des nuits entière saoule à ses côtés et parfois drogué. Taemin était un expert pour nous fournir en tout genre. Je n’avais jamais craqué sur les plus dures… « Du coup, je crois qu’il a pas apprécier que je lui dise ce que je pensais de lui. » ça à l’air stupide comme ça. Et si ridicule ! Est-ce que je dois lui dire pour Yuna ? Que je me suis peut-être un peu trop mêlé des histoires des autres. Que j’ai finis par m’attacher à elle… je ne sais pas vraiment. Je crois que j’ai un peu peur de parler d’une autre fille dans ma vie. Avec ce qui s’est passé, j’ai du mal à croire qu’elle pourrait juste me dire qu’elle s’en fiche. Et je m’en veux de craindre sa réaction. Grimaçant le visage caché, j’aperçois dans la benne un truc qui ressemblerait à mon sac. Alors je grimpe dedans, conscient que c’est surement la pire chose à faire. Mais c’est beaucoup trop profond pour que je l’attrape de là où je suis. Dégageant les débris et déchets, je récupère mon sac à moitié vide. « Quel connard. » y’avait mes livres de cours dedans, des carnets à moi aussi. Mais il n’y a que quelques pauvres affaires à l’intérieur. Je devine donc qu’il va aussi falloir que je retrouve ce qu’il y avait dedans. Et ça m’agace, tellement que je balance mon sac par-dessus en râlant plus fort. 

Elle se sent un peu perdue, à cet instant précis. Incapable de comprendre ce qu’il se passe, ce qui a pu le mettre dans un tel état. Un instant, elle a le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal, peut-être sans s’en rendre compte. Mais se ravise quelques secondes plus tard, alors qu’elle entend ce prénom. Taemin. Elle a entendu parler de lui, ne pourrait pas le nier. En même temps, il est loin d’être une personne discrète au dortoir, mais elle ne s’attendait certainement pas à ce qu’il en arrive là. A voler les affaires d’un autre, et les jeter. Comme un simple passe-temps lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire. Elle se doute, qu’il y a une raison derrière tout ça, mais elle ne veut pas le brusquer, pas alors qu’il est aussi distant, braqué face à elle. Elle aura bien le temps de lui poser plus de questions plus tard, lorsqu'il sera plus apte pour ça. Pour autant, elle reste sémunie face à son attitude, continue simplement de le suivre. Elle l’écoute, tente de comprendre ce qu’il s’est exactement passé. Elle ne met pas bien longtemps à faire le rapprochement entre le vol de ses affaires, et les messages qu’elle a reçu ces dernières heures. Pour autant, elle préfère ne pas en parler, elle se doute que ce n’est pas le moment pour ça. Arrivés aux bennes, elle s’arrête un instant pour l’observer, lui accorde un geste tendre. Une manière pour elle de lui faire comprendre qu’elle est là pour lui, qu’importe ce qu’il s’est passé. « C’est pas grave… » qu’elle murmure simplement, finissant par se rapprocher de lui pour attraper sa main, et la caresser doucement. « Je t’ai dit que je serais là… » ajoute-t-elle dans un souffle, même si elle se doute du fait que ce ne sera pas suffisant, pas à cet instant précis. Désemparée, elle s’éloigne un peu, le laisse ouvrir la première benne. Malgré l’odeur nauséabonde qui s’en dégage déjà, qui pourrait la déconcentrer, elle attrape au vol le sac qu’il jette, le regarde un instant avant de le poser au sol. A croire qu’il sera difficile de tout récupérer, mais elle ne peut pas le laisser tout faire tout seul. Alors sans hésiter, elle se rapproche de la seconde benne, l’ouvre d’un seul coup. L’odeur qui s’en dégage lui provoque un haut-le-coeur. Elle déglutit, tire sur la manche de son pull pour se protéger le nez, et ose enfin regarder à l’intérieur. Rapidement, elle remarque des livres, et des clés, loin de sa portée. Pendant un instant, elle reste plantée là, soupire, avant de se hisser à son tour dans la benne pour récupérer ce qu’elle voit. « Je crois que j’ai tes clés, et … des livres à toi. » Se redressant vers lui, elle lui montre ce qu’elle vient de trouver, avant de les laisser tomber sur le sol, non loin de son sac. Observant autour d’elle, elle commence à fouiller à travers les sacs, voir si elle peut voir autre chose. « Qu’est-ce que tu avais avec toi ? » finit-elle par demander, pour ne pas chercher en vain. Le temps d’un instant, elle ne pense pas à cette histoire, se concentre uniquement sur ce qu’elle doit faire, ce qu’elle peut faire pour l’aider. Et tant pis s’il faut qu’elle mette à la poubelle ses fringues en sortant de là, elle ne peut décemment pas laisser Il Kyang chercher tout seul. A deux, ils pourront aller plus vite. Et plus vite ils auront fini ici, plus vite elle pourra l’aider à se calmer, à se détendre un tant soit peu. Ce qui, dans le fond, reste le plus important pour elle.

Je suis épuisé par tout ça. Taemin, ces longs-mois aussi… tout devait être derrière moi. Une fois avec Ye Won, je pensais que tout serait plus facile. Plus positif aussi. Mais il faut que cet idiot s’y mette me pourrisse la vie.  Juste pour me rappeler qu’on ne lui tourne pas le dos. Quel crétin ! Je m’en fous de lui. Tout ce que je veux c’est qu’il me lâche. Tout comme j’aimerais qu’il foute la paix à Yuna. A cause de lui… elle avait fini à l’hôpital. Encore une épreuve que j’avais dût affronter. Et je suis fatigué de tout ça. Je cumule trop. Parfois j’ai l’impression de ne plus rien avoir pour me réfugier. Avant j’avais l’alcool, la drogue… mais ce n’était pas une solution. Et je ne peux pas décemment toujours venir vers Ye Won. Elle n’a pas les épaules pour ça. Je ne veux pas lui infliger autant de contrariété. Je suis dépassé par les évènements. Comme à chaque fois. Je râle encore, dégage des débris et tente de me concentrer sur ce que je vois. Ye Won finit par trouver des affaires à moi. Je relève les yeux, soulagé un peu. Mais ça ne suffit pas. Il y a tout le reste. « Euh… dans mon sac y’avait des livres de cours, un roman, et deux carnets. Ceux de mes chansons… » Et sur cette révélation, j’ai le cœur qui se serre. Parce-que l’un d’eux était rempli. L’autre je travaillais dessus depuis des semaines déjà. Si tout était parti en fumée à cause de lui je… je ne sais pas ce que je ferais. Fronçant les sourcils, et me pinçant l’arête du nez je réfléchis encore à ce que j’avais « J’avais mon ordinateur aussi. » il était un peu vieux, mais c’était un ultra portable, il m’avait couté la peau des fesses. Pour le simple étudiant que j’étais. Et ça aussi ça me mine tout à coup. Mais le pire restait « Ma guitare… » Et sur ces mots, je baisse les yeux, embêté. Presque triste. Je ne vois aucune trace d’elle autour de moi. Et j’ai peur… peur qu’il l’est balancé, qu’il l’ait maltraité. C’est idiot, mais j’y tiens. Plus que n’importe quel objet. Je l’ai depuis que je suis ado. C’était la première chose que je m’étais acheté avec mon argent de poche quand j’étais gamin. Mes parents avaient été presque fier, que je sache patienter, économiser pour me faire plaisir. Je me souviens même que ma mère voulait me l’offrir. Mais j’avais insisté pour que ça soit moi. Ils ne s’imaginaient surement pas à l’époque que je finirais autant passionné. Je lâche un soupir, contrarié avant de continuer à fouiller. J’arrive à mettre la main sur un nouveau livre, et mon roman. Mais je m’en fous un peu pour être honnête. Jetant le tout par-dessus, je lâche un nouveau râle. Me redresse dépité. « Peut-être qu’il a menti ? » ouais il pourrait avoir fait ça. Juste pour s’imaginer me voir fouiller dans les poubelles. Je ne sais plus vraiment. Abandonnant ce container, je sors de celui-ci, sent déjà l’odeur sur moi et suis dégouté d’en arriver là. Puis je décide d’aller à un autre, l’ouvre et grimpe de nouveau dedans. Il ne me faut pas beaucoup de temps avant de trouver mes carnets. Je suis presque soulagé avant d’apercevoir qu’ils sont trempés. De café ou je ne sais quoi d’autre. Toutes les pages sont imbibées, noyées et l’encre étalées. « Je le crois pas… » Il a osé ? Il savait que ça me ferait chier. Que c’était précieux pour moi. Je serre les dents, parcours les feuilles, sans grand espoir. Puis agacé, je les balance « Va te faire foutre Taemin ! » et me voilà encore à rager. Je n’arrive pas à me contenir. Je suis contrarié, tellement si elle savait. Comment a-t-il pu me faire ça ? Je m’agace, donne un coup de pieds dans un vieux truc qui traine là. Mais mes yeux aperçoivent mon ordinateur. Lueur d’espoir, avant de voir lui aussi qu’il est défoncé. L’écran tient à peine au clavier. Il est cassé… Le tenant dans mes mains, je me redresse, relève les yeux vers Ye Won désemparé. « Et je suis censé faire quoi maintenant ? » je baisse à nouveau les yeux. Sens la colère me monter au nez. Je ne peux pas. Je ne peux pas rester là et juste me dire c’est pas grave. Non impossible ! Alors je passe par-dessus pose ce qui me reste de mon ordinateur au sol près de mes autres affaires retrouvées. « Putain, j’ai des mois de boulots à l’intérieur. Des projets que j’ai pas terminés. Je vais faire quoi hein ? » Il y avait aussi des souvenirs, des choses que j’avais gardé. Des vidéos de nos anciens concerts. Bref n’importe quoi. Et même si j’étais capable de les récupérer, ça me couterait une fortune. De le réparer, ou de m’en racheter un. « Retiens-moi, parce-que je te jure que je vais le tuer. » la pauvre ne doit rien comprendre à cette rage soudaine. Pourquoi m’en vouloir autant juste pour une simple amitié brisée. Mais ce type est tordu. Il n’a aucune limite. 

Ye Won a beau avoir choisi d’intégrer une fraternité à son arrivée à la Yonsei, ce n’est finalement pas l’endroit ou elle a passé le plus de temps. Certes, elle s’y est fait des amis, a pu rencontrer de nouvelles personnes, des gens qui sont devenus proches d’elle, qui ont été un réel soutien lorsqu’Il Kyang a disparu. Pour autant, elle ne s’est jamais réellement intéressée aux histoires des autres. A tout ce qui peut bien se passer dans le dortoir. Elle semble même surprise d’apprendre qu’il ai pu être ami avec Taemin, pourtant elle ne dit rien, préfère se concentrer sur ce qu’ils sont venus faire ici. Elle ne pose pas de questions, le connait assez pour savoir que ce n’est pas le moment pour ça. Elle aura bien du temps pour lui demander plus tard. Si elle est là, c’est uniquement pour l’aider, et elle reste fixée sur cette idée. Elle garde un oeil attentif sur ce qui l’entoure maintenant qu’elle sait ce qu’elle doit chercher, fouille à travers les différents débris et sacs poubelles, et fini par trouver un autre livre de cours, qu’elle jette à côté du reste de ses affaires. Par moment, elle lance en sa direction des coups d’oeil furtifs, s’inquiétant davantage encore à chaque minute qui passe. Ye Won a beau être encore fragile, penser qu’elle n’est pas totalement à la hauteur pour lui, elle se refuse l’idée de le laisser seul, quoi qu’il puisse lui arriver. Maintenant qu’ils se sont retrouvés, elle sait, que ce sera pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Alors même s’il faut passer des heures à fouiller ces bennes pour retrouver ses affaires, elle le fera, sans même avoir à y réfléchir. Et même si elle n’a pas les épaules assez larges pour tout encaisser, elle sait qu’elle trouvera la force de le faire, pour lui. Parce que désormais, ils sont réunis, il lui apporte cette lumière dont elle a tant besoin. Alors s’il faut en passer par là, ce n’est rien comparé à tout ce qu’ils ont déjà vécu. Ses lèvres qu’elle pince, elle se retourne d’un seul coup vers lui à l’entendre jurer comme il le fait. Et elle se doute, que le calmer après ça ne sera pas une chose facile. Mais elle a envie de croire qu’elle y arrivera. Qu’elle peut être présente pour lui, capable de l’aider même lorsqu’il est autant énervé contre le monde. Rapidement, elle sort de la benne, se rapproche de lui. Dans son regard, on peut voir à quel point elle se sent désemparée, malgré tout, mais elle reste là. Elle ne l’abandonnera pas pour ça. Posant ses mains sur ses hanches, elle ancre ses yeux dans les siens, tente de se montrer rassurante, comme elle peut. « Hé, mon coeur… On va trouver une solution, d’accord ? » Sa voix se fait douce, contrastant avec la situation dans laquelle ils se retrouvent. « On va retrouver toutes tes affaires, les nettoyer et … on avisera pour le reste. » Une moue sur son visage, elle garde contenance, reste calme pour eux deux, même si elle n’est pas sûre que cela puisse fonctionner. « Je sais que c’est rageant, mais je suis là, et on trouvera comment réparer ça, c’est promis. » Elle préfère éviter de dire son nom, de parler de ce qu’il s’est passé. Au contraire, elle caresse simplement ses côtes, lui adresse un léger sourire réconfortant. Si elle est capable de le faire sourire d’une remarque lorsqu’il se sent triste, à cet instant, elle préfère lui apporter un peu de douceur, même si ça n’enlèvera pas la colère qu’il ressent à cet instant. Toujours avec ce même calme, elle dépose un léger baiser à la commissure de ses lèvres, avant de se redresser, d’attraper sa main. « Viens, on va chercher le reste de tes affaires. Qu’est-ce qu’il te manque ? » A ces mots, elle se dirige vers la dernière benne, l’ouvre d’un geste rapide, observant déjà à l’intérieur. Il ne reste plus grand chose à trouver, mais certainement le principal, sa guitare. Et elle appréhende déjà l’état dans lequel ils pourraient la retrouver. Parce qu’elle sait, à quel point il y tient. Et dans le fond, elle sait que ça lui ferait du mal aussi, de voir que cet idiot puisse en arriver là. Mais elle préfère garder ses émotions pour elle, alors qu’il reste le principal concerné.

Comment fait-elle pour rester aussi calme ? Je n’y arrive pas. Je ne peux pas alors que je vois tous ces mois de boulots pour rien. Je ne lui en veux pas de rester la plus sereine des deux. Bien au contraire, j’ai besoin de ça. A la minute où elle me touche, je sais que je devrais m’apaiser. Que je ne devrais pas me laisser porter par mes émotions. C’est plus fort que moi. J’ai la rage contre lui et ses conneries. Ça dure depuis des mois maintenant. N’en a-t-il pas marre ? Peut-être suis-je un bon sujet cela dit. Je réagis trop. Je devrais l’ignorer je crois. Si je faisais ça il se lasserait. Mais j’ai mis les deux pieds dans le plat quand j’ai finis par m’intéresser à lui et Yuna. Quelle merde ! J’avais déjà bien assez de mes propres problèmes. Je n’avais pas besoin de ceux des autres. Et je sais que Ye Won me le dira. Mais je ne sais pas… j’ai trouvé un certain refuge après tout ce qui est arrivé. Quand j’ai rencontré Yuna Ye Won n’était pas là. Elle était partie aux USA, si loin de moi. J’avais besoin de quelqu’un, d’une nouvelle personne dans ma vie qui ne connaissait rien d moi. Ça m’avait fait du bien… mais Yuna n’avait pas la vie d’une fille facile. Sans histoires… au contraire. C’était même pire que ça et Taemin y jouait un rôle important. Au final, j’ai finis par trop m’impliquer. Ye Won a raison, on va trouver une solution. Comparé à ce que nous avons vécu ce n’est rien. Que des choses matérielles. Des objets sans importance. Et je le sais bon sang. Mais c’est juste son acharnement. Cette injustice d’un pauvre gamin contrarié. Je fais la moue, lui jette un regard presque désolé. Je ne veux pas lui faire vivre des histoires inutiles. On a déjà bien assez des nôtres. Je lâche un soupir, fais une petite moue. J’y crois à ses mots. Ils me réconfortent. Bien que je sois encore contrarié. C’est pire quand je lance un regard à mes affaires étalées sur le sol. Je grimace « Il manque que ma guitare je crois. » et c’est ce qui me désole le plus. Il ne reste qu’une benne, vers laquelle je me penche à côté d’elle. Il y a encore tout un bazar là-dedans. Posant ma main sur son bras, je lui indique que j’y vais. Elle n’a pas besoin de grimper à nouveau dans ce truc. Passant par-dessus, je retombe sur les débris. Pleins de sacs par ci par là. Un livre qui finalement il me manquait. Je lui tends, sans trop d’intérêt à cet objet. Mais enfin je trouve ce que je cherche. Le manche de ma guitare juste là. Je me précipite vers elle, défait tous les sacs avant de l’attraper. Et ce que je vois me fend le cœur. Elle est cassée… complètement cassée. Le manche ne tient qu’aux cordes, le corps est brisé… « Oh. » lâchais-je sans pouvoir retenir cette déception. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit dans cet état. Je reste quelques secondes à l’observer, mon cœur se serrant, alors que ma mâchoire se crispe. Je suis contrarié… tellement. Et brusquement énervé aussi. Je l’avais depuis des années. J’ai écrit toutes mes chansons sur cette guitare. Elle est chargée de souvenirs. Serrant le manche entre mes mains, je me redresse, m’approche de Ye Won et lui tend machinalement. « Bon, bah voilà… y’a plus rien à en tirer. » et je suis distant tout à coup. Je me cache derrière un pauvre sourire. Parce-que ça me rend triste. J’ai de la peine de voir cet objet dans cet état. Tout comme je suis frustré qu’il est pu aller jusque-là. Détournant le regard, je sors de la benne. Lui jette un rapide coup d’œil. Je suis partagé entre colère et déception. Trop de choses me passent en tête. Alors je tente de me calmer, moi-même, en ramassant le reste de mes affaires. Les fourrant dans mon sac, je range, doucement… repense à lui, à ses mots, ses coups bas. Et la simple vu de ma guitare cassée, me fou soudainement en rogne. A peine ais-je finis de remplir le sac, que je fous un énorme coup de pied dedans en criant. Je n’arrive pas à croire qu’il ait pu faire ça. Par simple vengeance ? Jalousie ? Oh je le sais. Taemin est jaloux de moi mais putain. Qu’est-ce qu’il croit ? Je suis juste là pour l’aider, la protéger de lui. C’est un idiot ! Un pauvre taré. « Il va me le payer ! » et je n’ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. Je pensais en avoir finis avec les histoires de vengeances. Comme celles que j’avais faites avec Sawan. Ce jeu malsain m’avait perdu. Mais il est évident que je ne peux pas faire comme si de rien n’était. S’il pense que j’ai peur de lui. Je râle encore, rage dans mon coin. L’insulte de tous les noms. J’ai besoin de passer ma frustration. Mais je suis soudainement peiné que Ye Won assiste à cette scène déplorable. Putain ! Je ne pense qu’à moi encore une fois. M’accroupissant, j’attrape ma tête avec mes mains, serre davantage les dents. « Je suis désolé… putain, tu ne devrais pas voir ça. » elle va me prendre pour un fou. Je ne voulais plus des colères, des disputes. Des crises… mais finalement je l’entrainais dans mes histoires. Et je suis frustré tout à coup. Je ne veux pas de ça pour elle. J’ai même peur que Taemin décide de s’en prendre à elle. Déjà que Hwan l’avait fait… putain. Pourquoi est-ce que je lui attire toujours des ennuis ? 

A sa manière, elle essaie d’être présente. Ye Won a bien compris qu’elle n’est pas à l’origine de cette colère, et c’est ce qui l’aide à garder ce calme, à tenter de lui donner un peu de cette douceur contrastante pour l’apaiser un tant soit peu. Ca ne sera certainement pas le plus efficace, mais ce sera peut-être un bon début. Du moins, elle s’en convainc, alors qu’elle n’ose imaginer ce qu’il ressent exactement à cet instant précis. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle ne se rappelle pas l’avoir vu aussi énervé, du moins pour quelque chose qui ne les concernait pas eux directement. Et elle déteste le voir comme ça. Ne supporte pas l’idée qu’il puisse être autant envahi par la haine. Pourtant, elle comprend, quelque part, sa réaction, ne lui en tiendra pas rigueur, au contraire. Prête à grimper dans cette dernière benne, elle se ravise alors qu’elle sent sa main sur son bras, et reste immobile. Elle récupère ce livre qu’il lui tend, le pose avec le reste de ses affaires, tout en gardant un oeil sur lui. Et en voyant finalement l’état de sa guitare, elle déglutit, peinée de voir jusqu’ou Taemin a pu aller pour lui faire du mal. Elle serait prête à s’énerver elle aussi, mais sait que ce n’est pas la solution, au contraire. Fermant les yeux un instant, elle secoue sa tête, incrédule. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit, et pourtant, l’instrument est irrécupérable. Elle serre les dents, finit pas le récupérer, sans savoir quoi dire. Elle ne compte plus le nombre de fois ou elle l’a vu jouer, composer avec, et finalement, à cette simple idée, elle a le coeur qui se serre. Et elle reste plantée là, sans savoir quoi faire. Si ça lui fait de la peine, elle n’ose pas imaginer ce que c’est pour lui. Les mots lui manquent, à cet instant. Ce n’est qu’en entendant le coup de pied qu’il donne dans son sac qu’elle sursaute, se retourne vers lui. Et peut-être que finalement, c’est ce dont il a besoin, laisser échapper cette colère qui gronde en lui. Alors elle le laisse faire, reste silencieuse. Pourtant, ça lui fait mal de le voir comme ça, bien plus qu’elle ne le montre. Elle ne supporte pas l’idée qu’il puisse avoir encore tant de choses à gérer, alors qu’ils ont tant vécu ces derniers mois. Elle aimerait pouvoir remonter le temps et empêcher ça, même si elle sait que c’est impossible. Elle aimerait être capable de lui retirer sa colère, de ses mots, de ses gestes, mais elle reste simplement là, jusqu’à ce qu’il finisse par s’accroupir. C’est à ce moment là, qu’elle pose cette guitare au sol, s’avance rapidement vers lui. S’accroupissant à son tour face à lui, elle attrape ses mains dans un geste tendre, l’attire contre elle. Ses yeux finissent par s’embuer, sous cette frustration de ne rien pouvoir faire pour le calmer ne serait-ce qu’un peu. Elle renifle, cache ces émotions qui la gagnent, et le serre contre elle dans une étreinte rassurante. Un moyen de lui montrer qu’elle est là pour lui, qu’importe ce qu’il faudrait endurer. « T’as pas à t’excuser… Je suis là pour toi… » qu’elle répète dans un souffle. Qu’elle lui promet silencieusement. De longues secondes, elle reste simplement là, à tenter de le calmer, comme elle le peut. Essaie de lui montrer que, qu’importe ce qu’il arrivera désormais, elle sera présente pour lui. Pour le soutenir, l’épauler. Pour continuer de l’aimer, à chaque instant, prendre soin de lui. C’est tout ce qui compte pour elle. Au bout d’un long moment, elle finit par se relever, attrapant sa main pour qu’il fasse de même. Ancrant son regard dans le sien, elle l’observe, de ce regard rempli de cet amour qu’elle lui porte. Elle ressent sa colère, mais n’en tient pas compte, caressant lentement sa joue. « Tu me fais confiance ? Viens avec moi… » qu’elle murmure, avant de récupérer ses affaires, gardant toujours sa main accrochée à la sienne. Et si les mots lui manquent, peut-être que par de simples gestes, elle pourrait l’aider à se calmer un minimum. Et c’est tout ce qu’elle garde à l’esprit, alors qu’elle le guide jusqu’au dortoir, l’entraînant à sa chambre, sans un mot de plus.

Je n’aurais pas dût me laisser aller. Je ne devrais pas céder à cette colère. Mais il m’a mis en rogne. Taemin fait tout pour m’agacer. Me pousser à bout. Je ne sais pas ce qu’il cherche vraiment. Peut-être peut-il que j’abandonne. Que je ne le laisse faire ? Il est cinglé. Jamais je ne le laisserais s’en prendre à quelqu’un et encore moins Yuna. Je ne suis pas fou, je ne veux juste pas la laisser tomber. Je l’ai trop fait auparavant. J’ai fait des mauvais choix, je me suis entêté sur des choses. Mais cette fois c’est différent ! Je veux être là pour elle. C’est tout. Et je me fous des coups bas. Si il veut m’énerver, et bien soit. C’est fait ! J’espère qu’il est heureux et qu’il jubile d’avoir tout détruit. Je crois que ma guitare c’est l’apothéose. La chose qui me rend le plus fou. Et j’ai l’impression que cette colère ne partira plus jamais. Je me sens bouillir de l’intérieur, à bout de souffle. Ce geste que j’ai eu, ce n’est rien face à ce que je ressens vraiment. Et je ne sais pas ce qui me retient de faire demi-tour, et d’aller le voir. A moins qu’il n’est pris la fuite en bon lâche qu’il est. Cette idée, me ronge, alors que Ye Won s’accroupi à ma hauteur. Et je suis tellement désolée de lui imposer ça… ces histoires ne la regarde pas. C’est moi qui ai choisi d’être proches d’eux. De me mêler à cette relation toxique qu’ils avaient. Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? Je ne veux pas qu’elle en paye le prix. Relevant mon visage vers elle, je m’en veux. Mais je n’arrive pas à passer au-dessus. Pourtant, elle est si douce… si prévenante avec moi. Et je prends conscience que je le sais. Bien sûr… je sais qu’elle est là. Désormais, je ne suis plus tout seul à devoir gérer ces problèmes. Mais ça me fait mal de l’impliquer… Pardonne-moi Ye Won. On avait pas besoin de ça. Je tente de me calmer, mais rien n’y fait. Je suis une boule de nerf, j’ai envie de tout éclater. Encore plus quand je repense à mon instrument. Bousillé, plus aucun espoir de pouvoir la réparer. C’est foutu ! Et c’est des années de ma vie qui viennent de partir en miette. Des années de passion, de souvenirs… comment a-t-il pu me faire ça ? Je grimace en y repensant, mais attrape la main de Ye Won quand elle me la tend. Bien sûr que je lui fais confiance. Et je la remercie déjà silencieusement de garder son calme. D’être à l’antipode de ce que je suis en ce moment. Je ne sais pas comment elle fait pour me supporter. Je suis tellement décevant parfois… ça m’arrache un soupir. Avant de garder sa main dans la mienne et la suivre jusqu’au dortoir. Je suis un peu partagé… surtout lorsqu’on passe non loin des chambres des garçons. Et si j’allais le voir ? Il le mérite. S’il veut qu’on se batte alors je m’en fous. Je suis prêt à le faire. Mes addictions m’avaient révélé ce côté de moi. Je n’aimais pas ça, mais tant pis. Même sobre, je n’ai pas peur de lui. Et ça tourne un peu dans ma tête, j’hésite… un instant, mais cette main celle qui me tient… est-ce que je peux vraiment la décevoir encore ? J’ai le cœur lourd tout à coup. Les idées noires, les épaules affaissées. Je ne sais pas, je suis paumé. Je suis tellement triste aussi avec tout ce qui arrive. C’est bête et j’ai l’impression que c’est une victoire pour lui. Me laissant entrainer dans la chambre, je passe la porte, soupir à nouveau avant de finalement lâcher. « Ça me fait chier de te mêler à ça Ye Won. » je balance ça sans réfléchir. Parce-que je le pense. Et parce-que je me sens si contrarié. « C’est pas la première fois qu’il s’en prend à moi. Mais toi… j’ai pas envie de te mêler à ça. T’as déjà donné avec... Hwan. » Prononcer ce prénom m’arrache une grimace dégoutée. Je hais ce type ! Mais Sawan s’entête à me faire croire que c’est un mec bien. Mais elle n’a pas vu son arme elle. Elle n’a pas vu la fureur dans ses yeux. Je suis fatigué ! M’approchant du lit, je me laisse retomber « Taemin fait partie d’un gang… ça me fait flipper pour toi. » pas pour moi. Je m’en fous. Je crois que finalement mon passé m’a conduit à devoir côtoyer ces gens-là. Mais Ye Won… je ne veux pas qu’il lui arrive un truc par ma faute. Je sais qu’il s’est amusé avec elle aujourd’hui. Et je le revois fièrement avec son sourire lubrique. Il m’énerve, tellement que je me lève d’un bond « Je vais aller lui parler. » et je me précipite déjà vers la porte pour aller le voir. Je vais lui dire ce que je pense. S’il veut s’amuser avec moi ok ! Je suis joueur. Je m’en fiche. Je ne réfléchis pas.

Le guidant jusqu’à sa chambre, elle réfléchit déjà à ce qu’elle pourrait faire pour l’apaiser un tant soit peu. Même si elle sait que ce ne sera pas une chose facile. Mais elle se l’est promis, elle sera là pour lui, à n’importe quel instant. Ils sont deux désormais, et même si ça lui tord le coeur de le voir comme ça, elle fera ce qu’il faut pour l’aider, à sa manière. Posant ses affaires dans un coin de la pièce, elle pose son regard sur lui, s’approche pour caresser sa joue, ses lèvres pincées. « N’y pense pas… » qu’elle souffle, bien que ce soit plus facile à dire qu’à faire, elle le sait. « Il ne m’arrivera rien… » qu’elle continue, sûre d’elle. Elle ne laissera plus rien arriver, autant que possible. Surprise, de le voir se lever d’un coup, partir en direction de la porte, elle ne réfléchit pas, lui emboite le pas pour le rattraper, toujours avec cette même douceur, mais aussi assez de fermeté pour l’empêcher de faire quelque chose de stupide. « Il Kyang ! » elle l’interpelle d’une voix inquiète, refusant l’idée de le voir s’emporter de la sorte. Elle n’ose pas imaginer tout ce qui peut se passer en lui à cet instant, mais elle ne peut décemment pas le laisser faire. Retomber dans une spirale qui ne terminera jamais. Ses mains agrippant son poignet, elle plonge ses yeux dans les siens, un instant. « Ne fais pas ça, s’il te plait… Ne rend pas les choses pires qu’elle ne le sont déjà pour toi… » souffle-t-elle, avec ce même calme dont elle fait preuve depuis le début. Sa tête penchée sur le côté, ce regard suppliant de ne pas céder, pas maintenant. Une peur certaine de ce qu’il pourrait faire, ce qui pourrait arriver s’il y va. Elle desserre lentement sa poigne, l’attire à nouveau au milieu de la pièce. « Laisse moi t’aider… » une supplique, suivie d’une autre caresse qu’elle lui offre. Elle persévère dans ce besoin de le soulager de ce poids qu’il peut avoir sur ses épaules à cet instant, tente de lui transmettre un peu de ce calme dont elle continue de faire preuve. Ca n’atténuera en rien ce qu’il s’est passé, mais peut-être arrivera-t-elle à le réconforter, finalement. « Je veux pas que tu te fasses du mal… » ajoute-t-elle, l’entraînant avec elle vers la salle de bains. Au passage, elle récupère discrètement son téléphone, garde sa main dans la sienne. Toujours aussi douce, autant dans ses gestes que dans sa voix, elle garde son regard figé sur lui. « Laisse moi faire… » Fermant la porte de la salle de bains à clé derrière eux, elle pose son téléphone sur le rebord du lavabo, pour se concentrer uniquement sur lui. De ses yeux, elle lui demande simplement de lui faire confiance, de la laisser l’aider, comme elle se doit de le faire, maintenant qu’ils sont ensemble. Sans jamais briser leur contact, elle ouvre le robinet de la douche, laisse déjà la chaleur de l’eau embuer la pièce. Elle devient silencieuse, attentive à ses gestes. Délicate, elle commence par lui retirer son haut, puis le reste de ses vêtements. Elle prend son temps, lui adresse quelques légers sourires, qui se veulent réconfortants. Le guidant jusqu’à la cabine de douche, elle retire à son tour ce qu’elle porte, prend quelques secondes pour lancer une musique calme, et le rejoint, sans un mot. Une façon de se débarrasser de cette odeur qui les imprègne, mais aussi, un moyen de le soulager un peu. De faire décontracter ses muscles, faire vagabonder son esprit ailleurs. Elle se glisse dans son dos, l’eau commençant à s'écraser sur leurs peaux. Lentement, elle glisse une main dans ses cheveux, déposant un baiser chaste sur sa nuque. Il n’y a que cette mélodie pour les bercer désormais, espérant au fond d’elle qu’au moins, l’une de ses attentions aura un impact plus positif. Une étreinte qu’elle lui offre, laissant son souffle s’écraser contre son dos, elle reste ainsi un long moment. Le temps que la pièce se réchauffe, que son coeur arrête de battre aussi fort dans sa poitrine, de cette peur qu’elle a, de le voir se blesser davantage encore. Il lui faut plusieurs minutes, avant de se décider à récupérer un peu de gel douche dans le creux de sa main, pour le faire mousser contre lui. Ses mains s’attardent sur ses épaules, sa nuque qu’elle masse lentement. Elle sent ses muscles encore crispés, cette tension qui s’émane de lui, mais elle ne désespère pas, au contraire. Elle s’évertue à lui donner ce dont - elle l’espère - il pourrait avoir besoin à cet instant. Concentrée sur ses gestes, elle reste silencieuse, fait glisser ses mains dans le bas de son dos pour continuer de le masser. Bien que parfois, ses gestes ressemblent davantage à de simples caresses.