— Il y avait quelque chose de profondément ironique à penser que Jaewon et Mingyu avaient le même âge. Voilà que Jaewon s’amusait, à le réaliser encore et encore, alors qu’il hochait la tête en réponse à la question de son camarade venait de lui poser.

« Oui, bien sûr. »

Il avait pris l’habitude de se promener dans la Digital City, au point où il avait à l’esprit une série de bars, de cafés et de restaurants presque interminable. En fait, il avait fait de son mieux pour se mêler aux autres, même s’il ne les appréciait pas particulièrement, et cette décision avait visiblement été sage, car il ne pouvait que se féliciter, quand il voyait son carnet d’adresse. Des gens qu’il fréquentait plus ou moins régulièrement, la plupart du temps par intérêt.

Et qu’en était-il de Mingyu ?

Évidemment, ce dernier éveillait également son intérêt. Il ne cherchait même plus à le cacher, alors qu’il l’emmenait en boîte de nuit, ignorant délibérément le petit groupe avec lequel ils étaient venus pour se trouver un endroit où il pourrait se poser au calme avec Mingyu.

« Moi non plus, mais j’avoue avoir pris cette habitude. »

Il aimait l’alcool, la cigarette et la fête, et ce depuis de longues années. Le stress lui demandait parfois beaucoup de sacrifices, mais il préférait se convaincre qu’il ne s’agissait là de rien de plus que d’une simple addiction. Tout le monde en avait au moins une, après tout. N’est-ce pas ? Quelques gorgées d’alcool, une chanson plus entraînante que celle qui passait à leur arrivée, et il laissait son regard glisser le long des courbes de quelque danseurs de leurs environs, avant qu’un sourire ne paraisse à ses lèvres à la question de Mingyu.

« Bien sûr. » Il prit une autre gorgée de son verre, se redressant à son tour pour danser, d’abord à une distance raisonnable, puis un peu plus proche. En l’espace de quelques minutes, il s’était rapproché considérablement de son colocataire, glissant les bras autour de sa taille. Qu’aillent au diable ceux qui pouvaient les juger : dans cette foule, ils n’étaient que deux danseurs anonymes, dont tout le monde se moquait, au milieu d’une cohorte trop ivre pour prêter attention à eux.

— Parfois, il m'est étrange de voir que Jaewon semble posséder tellement plus d'expérience que moi, sur cette ville, ou sur les choses de la vie, alors même qu'il n'est âgé que de quelques mois de plus que moi. D'autres, je me sens comme un enfant en sa présence, une sensation bougrement désagréable, quand j'aimerais que l'on me voit enfin comme un adulte, un homme. Mais au final, je dois bien avouer que sa présence, elle m'est plus qu'agréable, autant que son visage est plus que plaisant - et puis, j'ai envie qu'il me fasse découvrir ces choses qu'il semble connaître déjà si bien, quand je ne fais que commencer à les apprivoiser. Peut-être est-ce cela que le passage à l'âge adulte ? Je n'en sais rien, mais j'aimerais qu'il m’apprenne.

"Je vois...en fait, la plupart des mes amies préfèrent les fêtes chez quelqu'un. C'est un peu dommage...tu m'emmènerais, des fois ?"

Et si mon sourire se veut innocent, il demande encore une fois, montre moi, regarde-moi, guide-moi. Bien malgré moi, je donne un peu trop d'importance à Jaewon dans ce rôle de référent que je lui trace depuis mon arrivée ici. Peut-être est-ce ce côté charismatique qui me donne l'impression qu'il en sait toujours bien plus que moi ? Qu'importe. Je le suis toujours sans aucun mal, en parfaite confiance.

"C'est marrant, mais j'ai l'impression que t'es tellement plus vieux que moi, des fois..."

Un aveu un peu timide. J'aime le suivre, mais j'aime qu'il me suive, lui aussi. Il me suit, sur cette piste de danse où je l'entraîne rapidement. Ça me fait sourire, puis il s'approche de moi, et je crois que je suis un peu envoûté, par lui, par la situation, par l'alcool qui me monte déjà légèrement à la tête...c'est un tout, sûrement, mais mon regard a bien du mal à se détacher d'un visage trop parfaitement ciselé. Et puisque ses bras sont autour de ma taille, et puisque nous dansons, j'ose passer les miens autour de sa nuque, un peu timides, peut-être, mais présents. Silencieux, désormais, je me laisse guider par la musique, quoiqu'un peu troublé par cette soudaine proximité, mes hanches se baladant tranquillement de droite, à gauche. Drôle de sort, un mélange d'alcool et de caractère plus impressionnable que je n'aime l'admettre.

— Cette soirée devait bien se terminer. Jaewon avait beaucoup trop de choses en tête, lorsqu’il était imprégné par l’alcool. Des heures auraient pu passer sans qu’il ne les voie, sans qu’il n’y fasse attention, en vérité. Il était un étudiant comme les autres, qui prenait du plaisir à sortir et à s’égarer dans les rues de la Digital City, accompagné ou non. Aujourd’hui, cette compagnie était Mingyu, et il n’avait aucune intention de le laisser filer. Que son amie aille au diable s’il le fallait.

« Quand tu veux. » répondit-il en un sourire, alors qu’il continuait à jouer aux guides, prêtant à peine attention à ses autres amis alors qu’ils s’aventuraient dans cette boîte de nuit. Ils étaient tous si ennuyeux, quand ils avaient bu. Ennuyeux ? Non, ils étaient surtout moins intéressants que Mingyu, raison pour laquelle leur fausser compagnie n’avait pas posé beaucoup de souci à Jaewon, qui se contentait amplement de son colocataire pour seul interlocuteur. « J’ai l’air si vieux ? » Un rire lui échappa. « Comme quoi les apparences sont souvent trompeuses. »

Et ces apparences factices, Jaewon en jouait si bien qu’il était presque devenu un virtuose. Un sourire lui vint aux lèvres alors qu’il s’approchait de Mingyu, après que ce dernier lui avait proposé de danser. L’alcool lui était monté à la tête, mais cela n’y changeait rien. Sobre, il aurait tout aussi bien pu le faire. C’était juste plus facile, plus plaisant encore. Il laissa son corps approcher celui de son colocataire alors qu’il continuait à danser, souriant alors que ses bras se glissaient autour de son cou. Jusqu’où pouvait-il aller ? Il dansa un instant avec lui, au rythme de la musique, sans même se soucier de cette nouvelle proximité, avant d’attirer Mingyu plus près de lui encore, laissant son visage à quelques centimètres à peine du sien. Il ne fallut qu’une poignée de secondes pour que ses lèvres capturent celles de l’autre étudiant, alors qu’un petit sourire s’y dessinait. S’il venait à s’en plaindre, il n’aurait qu’à mettre cela sur le dos de l’alcool qui avait coulé. Jouer avec la vérité était si simple.

— Quand je veux. Oh, que cette idée me plaît. Presque dangereuse. Imaginer pouvoir emprunter à nouveau mon colocataire pour une soirée, histoire de découvrir les plaisirs de la vie nocturne du campus, m'attire sûrement plus que de raison. Jaewon est doté d'un certain magnétisme qui fait effet sur moi bien plus ce soir que d'ordinaire - l'alcool, le relâchement, un petit je ne sais quoi. Je mentirais si je disais qu'il ne me semble pas extraordinairement tentant, en cet instant. Une tentation timide, mais pourtant présente, qui bat du tambour au fond de ma pompe à sang.

"Super ! J'aime bien l'idée. Toi, qui me sers de guide. Je vole ton temps sans aucun regrets."

Un ricanement. Je me demande si je n'ai pas l'air un peu ridicule - au fond, je me demande un peu trop de quoi j'ai l'air. Ce qui m'ennuie : j'aimerais, pour une fois, me livrer à la simple insouciance. Alors je ris, une fois de plus. J'aime cette légèreté.

"Pas que tu aies l'air vieux, juste...plus expérimenté ? Tu me donnes l'impression d'avoir quinze ans, par moments. J'ai pas fait grand chose, à côté de toi."

Et peut-être que je brûle un peu de le rattraper, commencer à vivre la vie un peu plus fort. Une chaleur rendue plus diffuse, mais persistante, par la proximité qui règne entre nous. Danser avec lui me plaît - lui me plaît d'autant plus. Et si je vois qu'il se rapproche, je suis loin d'avoir envie de l'éloigner de moi, bien au contraire - c'est sans montrer quelconque signe d'opposition, et en lui offrant mon total consentement. Mieux encore, je laisse l'une de mes mains venir s'appuyer à sa nuque pour appuyer ce baiser qui, s'il est soudain, n'en est pas moins très agréable. Autant dire que d'un coup, il ne me donne plus l'impression de rajeunir de six ans - bien au contraire. Et j'ai sûrement l'air d'un parfait idiot, mais l'obscurité a le mérite de le masquer - dans tous les cas, je n'ai aucune envie d'être celui qui rompra le baiser en premier. La nature, peut-être, quand j'aurais besoin de respirer. Je laisse Jaewon en décider. Et moi, je me fais l'effet d'une boule d'hormones sur le point d'exploser, quand je tente d'appuyer un peu plus la proximité entre nous. Une main sur sa hanche : on mettra tout sur le compte de l'alcool. Il a bon dos, ce soir.

— Ce que l’alcool était une bonne excuse, quand l’envie prenait le dessus sur le reste. L’alcool, à qui l’on prêtait les actes les moins honorables qu’on pouvait accomplir, simplement parce que c’était plus facile, parce que beaucoup pensaient qu’il était une raison valable pour expliquer tout ce qui pouvait se passer. Avec un aussi bon ami au bras, difficile de ne pas se laisser tenter par une personne comme Mingyu. Il était charmant. Jaewon n’avait pu que le remarquer, à partir du jour même de leur rencontre, quand bien même les choses étaient bien différentes, désormais. Ils étaient aujourd’hui colocataires, plus proches que jamais, et Jaewon comptait bien tirer profit de cette proximité évidente. Aujourd’hui, il voulait faire un pas de plus vers lui, tester ses limites.

« Alors tout mon temps t’appartient. »

Des propos charmeurs, évidemment. Ce n’était pas lui qui allait refuser sa présente à un colocataire aussi charmant. Encore moins aujourd’hui, alors qu’il se laissait tenter par le rapprochement qui se profilait entre eux. Et il ne put s’empêcher de rire de bon cœur aux propos de Mingyu Plus expérimenté…

« Il y a un début à tout. »

Et à ses yeux, la maturité n’avait rien à voir avec ça. Ses frères et sœurs étaient des imbéciles, à côté de lui. Des idiots qui ne pouvaient agir correctement, face au monde qui les entourait. Il ne les apprécierait probablement jamais. Mais Mingyu ? Oh, Mingyu était si différent. Tellement plus… Intéressant ? Il s’était laisser tenter par cette danse, par ce baiser. Un baiser qu’il avait évidemment fait durer, quand il avait remarqué que Mingyu y répondait. Il était hors de question d’abandonner maintenant.

Sans se détacher des lèvres de Mingyu, Jaewon laissa ses mains se poser sur sa taille, profitant un peu plus encore de leur proximité, alors qu’il résistait à peine à l’envie de glisser les doigts sous le tissu qui couvrait le corps de son colocataire. N’étaient-ils pas jeunes ? N’étaient-ils pas libres ? Libres et ivres de faire ce qu’ils voulaient, quand ils le voulaient. Jaewon aimait croire que c’était ce à quoi la jeunesse devait être perdue. Des expériences nouvelles, toujours plus nombreuses. Parce que le temps était compté à chaque être de ce monde, et qu’il ne voulait pas partir avec des regrets.

« Tu n’as pas envie qu’on aille trouver un coin plus calme ? »

Ils pouvaient toujours s’arranger, après tout. Ce n’est pas comme s’ils allaient manquer à quelqu’un.

— Son temps m'appartient. Et moi, je me trouve enivré par lui autant que par les quelques verres que j'ai bu. Je voudrais qu'il me montre, qu'il m'apprenne. En savoir autant que lui sur une vie que j'ai l'impression, d'un coup, de commencer seulement à découvrir. J'aime me laisser guider, plus que je ne l'admets, ce soir n'y fait pas exception. Et Jaewon...a tout du genre de personnes qui ont, bien vite, une certaine emprise sur moi. D'autant plus lorsqu'il se trouve aussi près, et que je sens bien que cette soirée aura une fin bien différente de ce que j'avais imaginé à l'origine. Est-ce qu'il est facile de voir que je suis totalement charmé ? Probablement. Et au fond, ça ne me dérange pas. Je lui souris.

"Peut-être que tu devrais m'aider...me montrer."

Me montrer, oui. Comme lorsqu'il m'embrasse. Voilà ici un très bon début, si on veut savoir ce que j'en pense. Lui doit bien le savoir, puisque j'y réponds au final sans hésiter : il n'y a pas de doute sur le fait que je le veuille, autant que je veux le prolonger, ou que j'en voudrais plus. Je laisse mes mains se tenir plus fermement à ses hanches - et tant pis pour le monde qui nous entoure, tout ça est bien trop agréable pour que je me soucie des pensées des autres, une fois n'est pas coutume. Alors je me laisse faire. Je réciproque. Je le laisse dire, aussi, et je hoche la tête sans attendre.

"Oui, c'est...ça me semble une excellente idée."

Je frémis un peu, alors que mon imagination s'emballe quand à la suite des événements. Quelque chose que j'aimerai connaître plus - j'ai beau parler, je ne suis, au fond, pas si expérimenté. Et je voudrai qu'il me montre, ça aussi.

"On devrait...on devrait peut-être rentrer."

Parce que le dortoir n'est pas si loin, et qu'autant que je sache, il n'y a que nous deux - pour l'instant, du moins. Mais là, tout de suite, je n'ai absolument pas hâte d'y accueillir de nouveaux arrivants.

— Un léger rire avait fui les lèvres de l’étudiant aux propos de Mingyu. Lui montrer ? « On peut s’arrange pour ça… » Après tout, il n’avait pas prévu de passer la soirée à s’ennuyer. Un sourire était venu étirer les lèvres de Jaewon alors qu’il reposait les yeux sur son camarade et colocataire, sans se détacher de lui, pour venir l’embrasser un instant plus tard, sans trop insister malgré tout. Il avait une idée très claire derrière la tête, encore plus à partir du moment où ses lèvres étaient venues se poser contre celles de Mingyu pour s’y attarder un moment.

« Bonne idée. » Et qu’importe si ses camarades étaient encore là, quelque part. Ils étaient d’un ennui mortel, à côté de l’idée de retrouver Mingyu dans le confort de leur chambre, à l’abri des regards. Jaewon s’était éloigné pour adresser un clin d’œil à Mingyu avant de prendre la direction de la sortie. Terminés les regards potentiels des autres clients du bar. Terminées les craintes qui auraient pu venir à l’un ou à l’autre. De toute façon, il avait bu, et bien trop pour s’en soucier totalement.

Une fois à l’extérieur du club, Jaewon avait attrapé la main de Mingyu pour le traîner avec lui jusqu’au dortoir des Cheonglyongs, dont il poussa la porte après l’avoir rapidement déverrouillée. Il en fit de même pour la chambre où ils logeaient, poussant Mingyu jusqu’au lit le plus proche, habituellement inoccupé, alors qu’il retrouvait ses lèvres. Cette envie lui avait effleuré l’esprit bien trop souvent au cours des dernières semaines pour qu’il s’empêche d’y céder aujourd’hui. Aujourd’hui, Mingyu lui appartiendrait, ne serait-ce que pour une nuit. D’ailleurs, ses doigts étaient déjà venus se glisser sous le haut de son colocataire pour effleurer sa peau. Les complexes n’étaient pas vraiment une chose qui lui traversait l’esprit.

— "Tu penses à quel type...d'arrangements ?"

Je ris, doucement. Si cela inclut d'autres moments comme celui que nous partageons, je suis tout à fait partant. Parce qu'il m'est bien trop facile de me perdre dans ces baisers, et d'ignorer tout à fait le monde qui nous entoure, comme sous nous étions les deux seuls êtres présents - et cette idée me plaît, me plaît tellement que j'aimerai la voir devenir réalité. Quitter les lieux pour un endroit où nous ne retrouverons seulement à deux, où nous pourrons bien faire tout ce qui nous passe par ma tête - ma tête à moi, elle est pleine d'idées loin d'être sages. J'oublie ceux avec qui nous étions, ou cet ami que j'étais rejoindre. J'oublie un peu tout, obnubilé par Jaewon, sa présence, la chaleur qu'il dégage et qui envahit mon corps tout entier. J'en veux plus : après tout, ne suis-je pas perpétuellement insatisfait ?

"Je savais qu'elle te plairait."

Et, dans un sourire plein de sous-entendus, je le suis sans plus attendre vers la sortie. En réalité, j'aurai même pu le suivre n'importe où, en cet instant précis, ne pensant plus à grand chose en dehors du désir qui me gagne, doucement, celui que l'on entend généralement, comme celui de passer un moment avec lui que j'imagine privilégié, naïvement peut-être.

Le chemin jusqu'au dortoir n'aura réussi qu'à me rendre un peu plus impatient. Alors, je n'ai vraiment aucune envie d'attendre, lorsqu'il me pousse sur l'un des lits qui peuplent la pièce - et qu'importe, s'il n'appartient à aucun de nous. Je suis un peu ailleurs, trop pour m'en soucier, encore plus sous l'influence de l'alcool, et le contact de ses doigts contre ma peau. Les miens viennent, par ailleurs, s'accrocher à sa nuque, tandis que mon autre main se glisse le long de son ventre, sous un t-shirt que je trouve bien superflu. Sans y réfléchir : pour une fois, je ne pense plus, plus vraiment, et cela me fait un bien fou. Puis je l'embrasse encore - je n'en ai jamais assez -, laisse mes lèvres glisser le long de son cou, de sa clavicule. Si tout cela n'existe que pour une nuit, je sais qu'elle sera belle.

— « Tout dépend de toi. » avait-il répondu en un rire amusé, alors qu'il s'amusait encore et encore à l'embrasser. C'était incroyable, ce que gagner la confiance des autres était facile. Jaewon ne pouvait s'empêcher de chercher à attirer l'attention de son colocataire, et ce depuis quelques temps déjà. Réussir à la séduire ce soir, c'était comme cocher sur une longue liste d'une des choses qu'il avait à faire depuis longtemps. Il en était profondément satisfait. D'ailleurs il n'avait pas tardé à reprendre la parole à la réponse de son camarade. Évidemment qu'elle lui plaisait. Cela lui plaisait toujours un peu trop, en vérité.

Il n'avait plus perdu de temps avant d'emmener Mingyu jusqu'à leur chambre, retrouvant leur dortoir qui se trouvait bien trop loin à ses yeux, compte tenu des envies qu'il nourrissait depuis quelques minutes alors, et il n'avait pas non plus attendu avant de retrouver les lèvres de son colocataire. Rapidement, ses lèvres s'étaient détachées de celles de Mingyu pour rejoindre sa gorge, s'y appuyant quelques fois alors que ses mains, elles, devenaient exploratrices d'un terrain encore inconnu. Lentement, elles soulevaient le tissu, rencontraient la peau que celui-ci dissimulait, et se permettaient de la découvrir un peu plus encore, avant de se défaire complètement du morceau d'étoffe qui les gênait. Qu'importe où celui-ci finissait, les questions étaient superflues, elles aussi.

« Tu as déjà fait ce genre de chose ? » avait-il demandé, les yeux rivés sur le visage de son ami. Il était difficile de le savoir, en vérité. Très difficile... Mais Jaewon n'avait pas envie de faire des choses qu'il aurait pu regretter, pas même au prix de l'attirance. Faire fuir Mingyu n'était pas son objectif et quitte à faire les choses, autant qu'elles le soient pour les deux.

—  "J'ai ma petite idée en tête, alors..." Je ris, bien trop enjoué par la situation, rendu confiant par l'ivresse tant que le boost d'adrénaline que semble m'offrir Jaewon, et tout le désir que je peux avoir pour lui. Un désir bien trop présent pour que je puisse l'ignorer - il est déjà difficile de me détacher de lui ne serait-ce que quelques instants, le temps de regagner le dortoir, et notre chambre.

Ici, j'oublie tout à fait la conscience pour plonger dans une nouvelle sorte d'ivresse que m'offre l'envie. Je ne pense plus à rien, si ce n'est ses lèvres sur ma peau, quand mes mains s'amusent à dévaler son corps, se glisser sous son haut, qui me semble d'autant plus inutile quand il me retire le mien. Et je me laisse faire, totalement charmé par l'idée de le laisser prendre le contrôle, s'occuper de moi - j'aime l'attention, celle-ci est tout bonnement divine, m'arrache quelques soupirs, tandis que je me sens de plus en plus impatient quant à ce qui m'attend.

"De quoi ? Coucher avec quelqu'un ? Ou coucher avec quelqu'un, juste comme ça ?" Je ris un peu. Je sais que j'ai l'air jeune, peut-être un peu pur - une image qui me déplaît -, mais j'ai tout de même quelques expériences, quoique rares. "Oui aux deux questions. Quelques fois, oui." Pas beaucoup. La jeunesse excusera mon manque d'expérience. D'expérience, mais pas d'enthousiasme, je pense tandis que je capture à nouveau ses lèvres pour un instant, le temps de laisser les miennes se glisser dans son cou, sur sa clavicule, et puis un peu partout, dans la faim irréfléchie que donne l'envie.