une main qu’il passait dans ses cheuveux, comme à chaque fois qu’il terminait sa journée travail. c’était éprouvant, souvent chiant, mais il n’avait pas d’autre choix. s’il voulait payer ses factures, avoir un toit au dessus de la tête, il devait être là. à faire un boulot qui l’enchantait guère. se relevant difficilement de sa chaise, ses pensées restaient toujours les mêmes. arriverait-il un jour à faire mieux que ça ? trouverait-il le courage de faire autre chose, de se donner les moyens de reprendre véritablement sa vie en mains ? il en doutait toujours, même après tout ce temps. c’était ancré en lui, des questions qui tournaient en boucle, et dont il avait souvent besoin de se détacher. alors, comme une habitude qui commençait à s’ancrer en lui, do young s’était rendu au kurss, une fois de plus. là bas, il savait qu’il allait retrouver bo bae, qu’il allait pouvoir prendre un verre et discuter. de tout et de rien, mais pas de lui. ça lui suffisait, c’était ce qui l’aidait, à trouver un moment de répit. il avait fait le tour du paté de maison plusieurs fois, avant de trouver une place non loin du bar pour se garer. c’était toujours comme ça, avoir le moins possible à marcher, pour éviter de trop se fatiguer. c’était usant, à la longue, et pour ça, il avait du mal à s’y faire. un soupire alors qu’il ouvrait la porte, s’installant aussi rapidement que possible au bar. do young faisait toujours ce qu’il pouvait pour qu’on le remarque le moins possible. et s’il était possible pour lui qu’on ne le voit pas, il serait le premier à en profiter. mais la vie continuait, et il ne pouvait décemment pas rester enfermé chez lui. c’était ça, qui le poussait hors de sa zone de confort, qui le poussait encore et encore à rester dehors, quand le temps le lui permettait. il avait commandé une bière, lui qui avant son accident ne buvait pas une seule goutte d’alcool, se le permettait désormais. puis, son regard s’était perdu derrière le bar. inconsciemment, il la cherchait déjà, espérait finalement qu’elle apparaisse devant lui. bo bae était la seule avec qui il avait osé reprendre contact, pourtant, il lui cachait encore bien des choses. être auprès d’elle, c’était aussi difficile que réconfortant. ce poids qui restait encore sur ses épaules, mais la sensation de retrouver peu à peu sa place dans le monde. et même s’il ne voulait pas encore se l’avouer, il en avait besoin, constamment. c’était sûrement la raison pour laquelle il passait de plus en plus de temps dans cet établissement.

((ootd ))La jeune femme ne sortait jamais de son bar, rarement, une fois par semaine et encore … Non pas qu’elle ressentait une quelconque phobie à aller dehors, mais bae bossait dans ce bar, et vivait à l’étage du dessus. Rien ne pourrait la pousser à sortir si ce n’est quelques courses, elle avait tout à portée de main ici. Elle n’avait que peu d’amis avec qui sortir voir un film ou aller au restaurant. Le plus souvent elle se faisait livrer et ne sortait faire quelques courses que de temps en temps, quand ce n’était pas In Ho qui se chargeait de lui ramener ce qui lui manquait. Elle n’était pas des plus introvertie, mais n’avait juste pas de réelle occasion pour quitter son cocon. Parfois elle s’allongeait sur le toit de son immeuble, dans le petit coin qu’elle avait aménagé et respirait l’air frais de la film (bien qu’il fut des plus chauds ces derniers jours). Pourtant aujourd’hui la jeune femme avait fait une exception. Elle avait eu envie de changement, et quand on veut changer dans l’immédiat la seule chose qui lui ait venu à l’esprit de devenir blonde. Elle n’avait prévenu personne, à vrai dire cela avait été fait très rapidement. Elle s’amusait même des réactions des habitués. Elle avait passé des heures dans ce salon, avait dépensé une petite fortune, mais le résultat en valait la peine. Elle se sentait différente, plus confiante sûrement. Pleine d’assurance. Elle riait plus fort et se montrait joyeuse. Elle rayonnait Bae aujourd’hui malgré les lettres de relances et les mauvaises nouvelles qui l’attendaient sous le comptoir de son bar à la fermeture. Elle le savait, c’était peut-être pour ça qu’elle s’était réveillée avec l’envie de changer. Changer de vie, de peau. Mais elle aimait ce qu’elle avait et savait dans le fond qu’elle trouverait une solution, il fallait juste qu’elle se montre … ingénue. Remontant de la réserve elle dépose une caisse derrière le comptoir avant d’apercevoir Do Young. Un sourire amusé ourle alors ses lèvres, impatiente enfant malicieuse, elle le contourne pour qu’il ne la voit pas avant qu’elle n’ait décidé de se montrer à lui. Il été vrai que la jeune femme attendait sa réaction à lui tout particulièrement. Elle ne sait pas comment il pourrait réagir, s’il aimerait ou non … elle trouvait que c’était un changement assez radical. Elle avait abandonné son brun depuis bien longtemps et son châtain lui éclairait le visage mais blonde … cela avait de quoi le surprendre. L’avis du garçon importait, car il faisait partie de son cercle d’amis proche. A vrai dire il était même un membre de sa famille à ce stade-là. Bae n’avait que peu de connaissance ou de personne en qui elle avait confiance comme elle pouvait avoir confiance en Do Young. C’était important pour elle. Il était important pour elle. Elle glisse alors ses doigts délicats sur ses yeux avec un petit sourire. Ce qui la trahirait au-delà de cette proximité qu’elle s’autorise en venant se coller à son dos, c’était ce parfum. Son parfum. Celui qu’elle portait depuis des années maintenant comme un souvenir délicat et rassurant. « Devine qui c’est ? » plaisante-t-elle du rire dans la voix. Elle se détache rapidement et se poste à ses côtés un sourire nerveux aux lèvres, impatiente de pouvoir détailler la réaction de son visage. Troublée et nerveuse la jeune femme laisse échapper un petit rire en soufflant «  Salut… »

son regard s’était rapidement perdu autour de lui, un regard qui fuyait les autres, qui ne cherchait qu’une personne en particulier. une pointe de méfiance envers les autres, ses trait tirés par la fatigue, il n’avait pas remarqué bo bae passer derrière lui. quelque part, il était encore perdu dans ses pensées absurdes. quelques questions continuaient de secouer son esprit, sans qu’il n’arrive à s’en détacher totalement. mais il était comme ça do young, il avait besoin d’un moment pour se recentrer. pour faire le vide en lui. mais c’était encore si compliqué. à encore cacher cette part de lui perdue, il n’arrivait pas à trouver sa place. pour autant, c’était encore trop dur pour lui de faire face à cette vérité. d’avouer au monde qu’il était détruit autant physiquement que mentalement. alors il préférait garder cette façade, autant qu’il le pouvait. qu’importe, que cela devienne de plus en plus compliqué à cacher. il restait peu entouré, sa vie n’était qu’une continuité de journées qui se ressemblaient, et au final, il n’y avait que là dedans qu’il trouvait un minimum de réconfort. et finalement, venir dans ce bar, retrouver bo bae, c’était rassurant. il s’y raccrochait comme une bouée de sauvetage. un moment ou il pouvait - autant qu’il y arrivait - se laisser aller. pourtant, il savait, qu’un jour, cette vérité allait finir par exploser. qu’il allait devoir se montrer tel qu’il était au reste du monde. il appréhendait, y pensait bien trop souvent. mais il l’oubliait tout aussi facilement, lorsque bo bae était là. il y avait toujours ces gestes, qui pouvaient le trahir. il y avait cette pudeur qui le bloquait souvent, cette façon de ne pas dire les choses. mais c’était plus fort que lui, c’était devenu naturel. il pouvait sentir ces mains se poser sur ses yeux, ce corps se coller contre le sien. mais il reconnaissait bo bae de la plus simple des façons. par ce parfum qui parvenait à ses narines, qu’il serait capable de différencier parmi mille autres odeurs. « bo bae. » avait-il soufflé entre ses lèvres, sans qu’elle ne puisse l’entendre. tournant sa tête vers elle, il avait marqué un temps, un instant. le regard impassible, il détaillait son visage, son allure. du bout des doigts, il avait attrapé une mèche de ses cheveux, l’avait fait glisser contre la pulpe de sa peau, avant de laisser retomber son bras, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. « ça te va bien. » avait-il lancé, l’air de rien. mais do young n’était pas doué pour les compliments. il n’en avait jamais vraiment reçu, et ne savait pas comment les offrir. pourtant à la voir si changée, il la trouvait belle. une assurance différente qui se dégageait d’elle. peut-être pouvait-elle le comprendre à travers ces quelques mots, mais il n’aurait su comment l’exprimer. au lieu de ça, il gardait simplement son regard posé sur elle, ses lippes légèrement étirées. pouvait-elle lire sur son visage ce qu’il pensait de ce changement soudain ? il n’était pas sûr, n’avait pas réellement envie d’y penser. « tu bois un verre avec moi ? » demandait-il finalement, peu sûr de lui. mais il avait toujours cette forme de peur en lui, celle de laisser tomber ses barrières. de voir d’autres vérités lui faire face. et comme une éternelle habitude, do young se cachait, éternellement.

La jeune femme scrute la moindre de ses réactions, le cœur battant à tout rompre. Il met un temps avant de réagir, glisse une mèche entre ses doigts, sans jamais cesser de la détailler. Elle est quelque peu déstabilisée devant son mutisme et son geste. Do Young n’est pas un garçon à l’aise avec les mots, elle l’avait très vite compris, ne s’en offusquait pas. Il n’était pas avare de compliments, disons juste qu’il ne semblait pas certains de savoir comment les dire. Elle pouvait comprendre, entre ses silences et ses paroles, ce qu’il cherchait à lui faire comprendre. Tout du moins, elle espérait ne pas se tromper. Alors ses quelques mots soufflés, lui suffisait amplement. Parce qu’elle savait qu’il aimait, qu’il ne serait pas forcé à dire des choses qu’il ne pensait pas. C’était bien maigre comme remarque, surtout au vu de l’impatience de la jeune femme, et de son envie de le voir adorer ce blond comme elle l’adorait, mais elle ne pouvait lui en demander trop. Elle appréciait déjà la façon qu’il avait de sourire et de la fixer, comme s’il ne réalisait pas à quel point elle pouvait être jolie ainsi. Elle aimait l’idée tout du moins et se complaisait à s’imaginer qu’il puisse la trouver à son goût. Ni voyait là aucune idée folle, mais elle aimait lui plaire, parce qu’il était son plus proche amie et qu’elle puisait dans leur relation sa force et sa capacité à s’accepter. Elle se hissa sur le tabouret à ses côtés et acquiesça avec un sourire doux. « Evidemment ! C’est pour moi. » dit-elle alors qu’elle se penchait par-dessus le bar pour attraper deux bouteilles. Celles qu’il voudrait boire, avant de leur prendre deux grands verres. « J’ai testé de nouveaux cocktails cette après-midi, faudra que tu puisses me donner ton avis ! » souffle-t-elle en suçotant le sucre qui collait à son pouce. Elle croise les cuisses et échanges quelques paroles avec son barman qui salua alors Do Young comme l’habitué et même membre VIP qu’il était. L’ambiance était joyeuse ce soir, des hommes fêtaient un anniversaire et se montraient presque trop bruyant. Mais Bo Bae appréciait ces éclats de voix et ces rires, lui rappelant alors que son chez elle était toujours aussi accueillant. Le Kurss était un bar et un refuge. Une maison qu’il serait toujours possible d’avoir. Elle posa son regard sur le visage fatigué de Do Young et esquissa un petit sourire doux, qui remplissait leur bulle d’intimité maladroite d’affection et de tendresse. Elle porta sa main délicate à la joue du garçon et caressa sa pommette. Des gestes qui lui étaient propres et si habituels. Surtout avec lui. Elle était tactile, douce, sans jamais craindre un geste déplacé. L’agitation lui parut alors presque trop déroutante, gênante. Elle se laissa tomba de son tabouret avec agilité et lui saisit la main. « Montons. » dit-elle simplement. Elle l’attire à travers la foule et ne retire sa main que pour pouvoir monter les escaliers en gardant son équilibre pour ne pas faire tomber les bouteilles qu’elle portait. Les autres attendaient dans son réfrigérateur au frais. Elle poussa la porte de son appartement, elle voulait un endroit tranquille loin de l’agitation du bas. « On sera mieux ici ! » souffle-t-elle alors qu’ils pénétraient dans la quiétude de son appartement.

do young n’avait jamais été doué avec les mots. il ne savait ni accepter, ni donner de compliments. peut-être en avait-il cruellement manqué lorsqu’il était enfant. ses parents n’étaient pas des gens horribles de la haute société, mais ils avaient rapidement appris à leurs enfants comment vivre dans un tel monde. ils étaient assez fermés d’esprit pour penser qu’un homme ne pouvait pas devenir danseur. ils l’étaient assez pour imposer à leurs enfants de poursuivre le même chemin qu’eux, et devenir médecins. ils donnaient un peu d’amour, mais étaient loins d’être le genre de parents à exprimer à quel point ils pouvaient être fiers, quand cela était nécéssaire. une certaine pudeur finalement, que do young avait fini par avoir. mais avec bo bae, ses expressions le trahissaient sûrement. il occultait le monde autour, tous ces gens en train de rire. parce qu’il savait, qu’il ne pourrait plus jamais être l’un d’entre eux. sourire figé sur ses lèvres, il ne se concentrait que sur elle, l’admirait d’une certaine façon. il la voyait changée, toujours aussi belle. mais avec quelque chose de différent, qu’il aurait été incapable de décrire. « quand tu voudras. » avait-il simplement répondu, détachant finalement son regard d’elle. certainement avait-il peur de paraître insistant, et trouvait plus confortable de se focaliser sur le verre qui lui faisait face. pour autant, il n’avait pas eu à le faire trop longtemps, alors qu’il sentait la main de la jeune femme attraper la sienne. il s’était laissé faire, embarquer jusqu’aux escaliers pour accéder à son appartement. une autre habitude qu’ils commençaient à prendre, alors qu’il continuait de venir si régulièrement. mais c’était aussi un moyen pour eux, de pouvoir se retrouver au calme, être plus aptes à discuter, de tout et de rien. même s’il savait que dans leurs discussions, il lui cachait encore tant de choses. peut-être qu’au fond de lui, il espérait un jour être capable de lui dire, tout ce qu’il avait sur le coeur. il était resté silencieux, jusqu’à arriver chez elle. avait un tant soit peu galéré à monter les escaliers. mais encore une fois, il saurait trouver une excuse, une jambe douloureuse alors qu’elle n’était plus. grimaçant légèrement, il avait repris contenance en s’installant sur le canapé. il commençait à prendre ses aises ici, à force de venir. mais il n’était pas encore totalement à l’aise, alors qu’il savait ce qu’il lui cachait. « ça a été aujourd’hui ? » avait-il fini par demander. une façon d’entamer la conversation, sans savoir ou elle allait les mener. c’était toujours comme ça, mais do young savait, que de longues heures en sa compagnie l’attendait. et ça lui suffisait, en fin de compte. il n’avait besoin que de ça, pour permettre à ses pensées d’arrêter de s’entrechoquer. une autre soirée auprès d’une amie, d’une personne à qui il tenait. l’une des seules en qui il faisait confiance, et avec qui il sentait cette réciprocité. mais en serait-il toujours de même, le jour ou il lui avouerait ses travers ? il n’en était pas sûr. tentait de se concentrer sur ce nouveau moment que la vie lui offrait. parce que finalement, il n’avait plus que ça à quoi se raccrocher.

C’était toujours aussi simple. Se retrouver, s’isoler, discuter : pendant des heures, rire, se plaindre. Tout était naturel entre eux, comme une évidence. Il était rare de trouver des âmes qui savaient si bien se comprendre. Ils n’avaient pas besoin de grands choses pour savourer la présence de l’autre. Ils pouvaient simplement apprécier l’idée de rester silencieux et de trainer sur leur téléphone, tout comme ils pouvaient refaire le monde à 3h du matin en fumant quelques bédos. Bo Bae devait bien avouer que tout était plus simple avec Do Young. Elle cessait de réfléchir, se contentait d’être elle, et ça faisait du bien. Elle le laisse s’installer sur son canapé alors qu’elle sort les bouteilles de son frigo et deux verres pour qu’ils puissent gouter plus tard à ses essaies. Elle n’aura pas relevé le temps qu’il a mis à monter l’escalier, ni ses quelques grimaces qu’elle a pu noter sur son visage. Elle sait que l’accident a laissé des séquelles mais ne se doute pas à quel point. Etait-elle une mauvaise amie de ne pas l’avoir remarqué ? De ne pas avoir vu le mal qui habitait son ami ? Il était difficile de savoir quelle réaction aura la jeune femme en apprenant pour sa jambe mais ce qui est certain c’est qu’elle se plongera dans une culpabilité sincère, parce qu’elle aurait voulu pouvoir le ménager, lui offrir des espaces dans lequel il pouvait évoluer sereinement … Mais peut-être était-ce tout ce que redoutait le garçon. Peut-être voulait-il qu’elle le traite simplement, sans faire de sa jambe en moins ce qui la définissait. Etre traité normalement, c’était peut-être là tout ce qu’il désirait et tout ce qu’elle lui offrait. Alors sans demander la permission la jeune femme jette un coussin sur ses cuisses pour venir poser sa tête dessus. Elle est toujours beaucoup trop à l’aise avec lui mais ne se sent jamais de trop. Elle laisse échapper un soupire d’aise alors qu’elle s’allonge sur son canapé en posant délicatement sa tête sur le coussin. « J’te fais pas mal ? » souffle-t-elle en s’inquiétant malgré tout de son bien-être. Elle roule un bédo comme elle en avait l’habitude et ses doigts habiles façonnent rapidement ce cône. Elle l’allume tranquillement avant de recracher la fumée. Elle ne fumait pas beaucoup ces derniers temps, elle voulait ralentir la dose. Parce qu’elle savait qu’elle se calmait les nerfs avec ça mais que ça finirait par la bousiller. « La journée hein … » souffle-t-elle avec un sourire fatigué. « Je suis contente d’avoir fait mes cheveux et qu’ils te plaisent. C’était la bonne chose de ma journée. » elle marque une pause, aimerait pouvoir lui confier ses craintes et ses envies … mais elle ne voulait pas l’accabler alors qu’il semblait si fatigué déjà. Elle attendrait peut-être plus tard dans la soirée, un temps où ils seraient plus détendus. Elle lui tend le cône et souffle « Et toi mon chéri ? » des surnoms affectueux pour ses proches. Des surnoms pour montrer son attachement. Rare était les personnes qui pouvaient se vanter d’en avoir un. Mais de toute évidence Do Young était en tête de liste avec In Ho. « T’as l’air d’avoir passé une mauvaise journée … » admet-elle avec une petite moue inquiète.

bien que façonné d’un caractère calme et posé, do young était bien plus renfermé depuis son accident. les séquelles de ce dernier étaient telles qu’il n’arrivait pas à s’en remettre, même plusieurs années après. Il se devait d’avancer, d’être capable de vivre avec. mais tout ce qu’il faisait, c’était cacher cette tarre qu’on lui avait imposé. un pantalon trop long, retombant sur ses chaussures, accessoire qu’il n’enlevait jamais. et la seule prothèse qu’il avait choisi reprenait parfaitement les lignes de sa jambe, pour que personne ne puisse se douter qu’il l’avait perdue. même dans des gestes simples du quotidien, il le cachait. comme lorsqu’il fallait s’asseoir sur un canapé. il s’installait toujours à la gauche de celui-ci, pour que personne ne s’installe du côté ou sa prothèse était. des détails insignifiants, mais qui mis bout à bout, montraient cette détresse. celle de vouloir être le même qu’avant. retrouver qui il était. mais il ne faisait que se cacher derrière cette façade, et ça le détruisait peu à peu, en fin de compte. il avait récupéré ce coussin, l’avait mieux positionné sur ses cuisses avant que bo bae ne s’installe. il avait secoué la tête de la négative, dans un léger sourire, en guise de réponse. il tentait de se détendre, un tant soit peu, balançant sa tête en arrière, son regard se portant vers le plafond. naturellement, sa main venait jouer avec ses cheveux, caressait sa tête du bout des doigts. bo bae était sa bouffée d’oxygène, quelque part. il avait beau mentir sur son état, elle répondait toujours présente, continuait de le voir tel qu’il était - ou du moins, tel qu’il voulait bien se montrer. ça lui suffisait, cette fausse image, ces faux-semblants d’un homme qui était resté le même. mais la vérité allait faire mal, il le savait, alors il préférait la garder pour lui. « t’es belle comme ça. » qu’il répondit, posant son regard sur elle. ses traits étaient tirés par la fatigue, par le poids qui pesait encore sur ses épaules. mais il était présent, attentif. récupérant ce joint entre ses doigts, il en avait tiré une première taff, laissant la fumée s’échapper rapidement d’entre ses lèvres. « longue. » avait-il commencé. do young avait du se débrouiller tout seul, pour trouver un emploi qu’il pourrait supporter malgré son handicap. passer de longues heures debout était bien trop douloureux, alors il avait fait avec ce qu’il avait trouvé. mais ce n’était pas lui. ce n’était ni sa passion, ni en rapport avec celle-ci. son rêve s’était envolé trop loin, et il en subissait encore les conséquences, les subirait jusqu’à la fin. « c’est juste que … j’aurais préféré faire autre chose. » avait-il ajouté. quelque chose de plus stimulant que de répondre au téléphone, accueillir des gens qui venaient passer des vacances dans la capitale. « les journées sont souvent éprouvantes quand on fait quelque chose qu’on aime pas. » finissait-il d’avouer. une vérité qu’il acceptait, comparé à d’autres. mais il n’avait pas d’autre choix, s’il voulait payer ses factures, rembourser ses frais d’hôpital. il ne comptait plus les heures supplémentaires pour y parvenir plus rapidement, mais sa condition le fatiguait bien plus rapidement que d’autres. « peut-être qu’un jour j’arriverais à faire autre chose. » mais ses espoirs étaient minces. comment pourrait-il changer, s’il n’était pas capable d’avouer ce qu’il était réellement devenu ? là était encore toute la complexité de ce quotidien qu’il redoutait encore et encore.

T’es belle comme ça. Elle relève les yeux vers lui et rougi légèrement. Ses mots avaient toujours un impact sur elle. Surtout ce genre de paroles … Elle pince ses lèvres et son sourire veut tout dire. Craquant et troublé. Son cœur manque un battement et elle détourne le regard pour s’éviter de ressembler à une enfant timide. Pourtant, au vu de ce compliment qu’elle n’attendait pas, c’est ainsi qu’elle se sentait. Elle le laisse tirer une latte et admire les volutes de fumée qui s’échappe d’entre ses lèvres. C’était presque artistique de les voir ainsi, en contre bas. Elle admirait aussi sa mâchoire, la façon qu’il avait de serrer les dents à s’en creuser les joues. Oui la journée avait été longue pour lui. Maintenant il pouvait se détendre. Il aurait pu aller chez lui, mais c’était ici qu’il était venu. N’était-ce pas un appel au secours ? Une façon pour lui de demander à Bo Bae de s’occuper de lui. Elle prendrait soin de son ami, se mettait même en tête qu’elle lui ferait à manger pour ce soir, il était tard, avait-il seulement déjà dîner ? Elle n’en savait rien, mais savait qu’il avait de toute façon tout le temps faim. Elle adorait cuisiner et elle savait aussi qu’il appréciait sa cuisine, alors … elle s’était décidée. Elle le ferait simplement au bon moment. Pour l’instant elle voulait profiter de sa chaleur, de sa proximité. Si Bo bae devait être honnête, elle avait longtemps eu des sentiments pour Do Young sans jamais avoir osé se déclarer, puis les événements de la vie ont fait qu’ils se sont éloignés. A son retour elle était soulagée de voir qu’elle avait retrouvé son ami. C’était le plus important pour elle. Puis ils avaient vieilli, ce n’était plus réellement le moment d’avoir des sentiments qui n’aboutiraient à rien. Elle voulait d’abord se construire et le ferait avec lui à ses côtés mais pas de la façon qu’elle avait espéré plus jeune. Bo bae savait qu’elle n’était pas guérie de son agression et s’ouvrir un homme n’était pas dans ses projets. Elle n’en serait de toute façon pas capable. Alors ce soir elle se contenterait d’apprécier l’instant avec son meilleur ami, comme ils le faisaient souvent … Elle lui pique le cône qu’il tenait entre ses lèvres et vient en tirer une taffe en le rallumant. Elle inspire jusqu’à s’en piquer les poumons et soupire d’aise en recrachant la fumée. Elle laisserait l’herbe faire son effet et apprécier ce sentiment de plénitude. « Et de quoi as-tu envie ? Même si c’est impossible. Qu’est-ce que tu voudrais faire ? » parce qu’il gardait tout pour lui, elle le voyait, le devinait, elle aimerait qu’il puisse s’ouvrir un peu plus … et Bae la voyait, cette tristesse qui l’accablait, qu’il portait comme un fardeau et ça lui faisait de la peine. Elle voudrait pouvoir le sortir de ces tourments, mais elle sentait qu’il y avait encore des choses qu’il ne disait pas, elle se montrerait alors patiente avec lui … elle lève son minois vers lui en soufflant la fumée vers lui pour tenter de le dérider un peu avant de lui remettre le cône entre les lèvres. Elle caresse sa joue au passage comme pour l’encourager à parler et mordille sa lèvre curieuse d’entendre ce qu’il serait capable de lui dire.

ce qui voudrait faire ? danser. il n’y avait toujours eu que ça. depuis l’enfance jusqu’à aujourd’hui, son seul rêve ne s’était fait que de ça. ses espoirs, ses envies. tout tournait autour de cet art qui le rendait plus fort, qui l’aidait au quotidien. autant avec les autres qu’avec lui-même. mais do young avait passé bien assez de temps à se remettre sur pieds, à être capable de marcher. désormais, ce rêve s’était envolé. trop loin pour lui. il devait définitivement faire une croix dessus et n’arrivait pas à s’y résoudre. bien sûr, il avait repris le sport, à un moindre niveau. trois fois par semaine, il se rendait à la salle, se contentait d’exercices simples pour ses jambes, et travaillait son torse. mais c’était différent. il n’y avait aucun moyen de montrer ses émotions avec des poids à soulever. finalement, do young n’avait encore rien trouvé à la hauteur de cette passion, et ça le bouffait. il n’avait fallut qu’un chauffeur ivre pour réduire à néant la seule chose qu’il savait faire correctement. et si les médecins avaient été optimistes quant au fait qu’il puisse remarcher avec une prothèse, ils restaient bien plus sur la réserve lorsqu’il s’agissait de la danse. bien sûr, il y avait de nombreux exemples de sportifs qui avaient réussi, malgré des membres en moins. mais do young n’était pas prêt, et les docteurs le savaient. il avait lâché un soupire, mordillé sa lèvre à cette question. la réponse semblait si évidente et si douloureuse à la fois. « tout c’que j’voulais, c’était danser. » avait-il peiné à murmurer, passant une main sur son visage. et maintenant ? il avait le sentiment qu’il n’avait plus rien à quoi se raccrocher. à part peut-être elle, et quelques autres amis qu’il avait réussi à recontacter. bo bae restait la plus importante de tous, mais il ne pouvait décemment pas lui demander autant. pas après l’avoir laissée seule pendant tant de temps. il réfrénait ses sentiments, se contentait d’être là. mais il n’était qu’une ombre. sûrement de passage. l’abandonnerait-il si elle venait à découvrir à quel point il était brisé ? il se disait que oui, même s’il espérait le contraire. et cette peur restait inlassablement présente, dans son coeur et son esprit. « je sais pas si j’arriverais à trouver quelque chose qui me motive autant. » parce que la danse était son moteur, son tout. parce qu’avec ça, il se sentait complet, en accord avec lui-même. il savait, que le chemin allait être encore long. doutait du fait de pouvoir trouver une autre passion, à l’égal de la danse, et l’importance que ça avait pour lui. mais il se devait d’essayer. pourtant, là encore, le courage lui manquait terriblement. il lui était encore trop compliqué de se projeter dans un futur si incertain. alors quelque part, il aimait à se dire que ça finirait par lui tomber dessus. un jour, au hasard d’une rue. il y avait peu d’espoir là-dedans, mais c’était la seule manière qu’il avait trouvé de se dire qu’un jour, ça pourrait arriver. « mais bon, qui peut savoir de quoi demain sera fait ? » à ces mots, il tirait une nouvelle taff sur ce joint, espérait sentir rapidement cette herbe faire effet. qu’il puisse enfin se détendre, et oublier un tant soit peu toutes ces pensées qui se bousculaient encore.

Il était beau quand il dansait, il transpirait la joie de vivre. Il était merveilleux. Bae pouvait encore, en fermant les yeux, le voir bouger en rythme sur la musique. Pratiquant tout type de danse, elle ne pouvait détacher ses yeux de lui, de cette assurance qu’il dégageait. De cette prestance qu’il avait … il était beau oui, mais en vie. Il vivait pour sa passion et sa passion vivait en lui. Il aurait pu devenir le meilleur danseur de ce monde et parfois elle espérait trouver de quoi remonter le temps, le sauver, sauver son corps de ces blessures qui aujourd’hui l’handicapait. Elle aurait tout donné pour lui. Son bar, leur amitié, oui elle aurait pu sacrifier ce qu’elle avait de plus cher si elle savait que cela suffirait pour le faire remonter sur les planches. Mais elle aurait beau tout perdre, jamais rien ne pourrait guérir Do Young. Ni son corps, ni son esprit. Elle espérait juste que sa patience et sa tendresse, finissent un jour par le soulager un temps soit peur. Qu’il se sente un peu plus … en vie ? Car elle le voyait à son regard. Il n’était pas juste fatigué. Il était éteint. Sans cette flamme qui le poussait à rire, sourire. Alors bien sûr il riait encore parfois, esquissait quelques sourires en coin pour montrer qu’il était content, mais heureux … ça non, il ne l’était plus, et la jeune femme aurait pu s’échiner elle n’était pas celle qui saurait lui trouver son bonheur. Tout du moins c’est ce qu’elle croyait, mais cela ne l’empêchait pas d’essayer. Elle tentait toujours de lui apporter un peu de plénitude, avec sa présence, sa folie, ses boissons, ses instants volés comme ce soir. Elle savait qu’elle pourrait au moins lui vider l’esprit rien qu’un temps … elle le fixe, lui et son regard brisé, lui et ses rêves brisés. Lui et son sourire disparu. Relève la tête Do Young, et voit comme la vie t’attend. Mais qu’attendait-il de la vie ? Plus grand-chose. Elle se redresse, se rapproche de lui, se blottit contre son torse qu’elle caresse doucement. Une étreinte qui se veut douce et délicate, un tant soit peu sereine. Il n’était pas épanoui dans son métier, mais changer serait risqué, il n’avait plus rien en dehors de ses horaires folles de boulot. Que l’attendait-il quand il rentrait chez lui ? Pas grand-chose. Elle pose son menton sur son épaule et souffle tout bas « Tu sais ce qu’on devrait faire … ? Une journée dans un spa, pour se détendre … tu adorais ça avant … ca fait bien trop longtemps qu’on n’en a pas fait. » dit-elle pleine de bonne volonté, sans se douter de l’atrocité qu’il cachait, de ce qu’elle le forcerait à faire : mentir pour éviter une situation embarrassante. Mais avant qu’il n’ait pu répondre elle lui attrape le visage pour qu’il le regarde et souffle « Tu es le garçon le plus courageux que je connaisse. Tu es bourré de ressources chéri … il te manque juste cette bonne occasion, et tu verras … demain tu seras heureux. » parce qu’elle voulait qu’il soit heureux … elle passe une main dans ses cheveux et murmures « Tu veux que je te fasse le plat de pâtes que tu préfères ? J’ai pleiiiin de sauces délicieuses qui n’attendent que d’être mangées. » souffle-t-elle avec un sourire doux, un sourire encourageant. Puis peut-être que cuisiner leur changera les idées. Elle lui parlera alors de son envie de reprendre ses études, de ce qui la gêne, mais … dans tous les cas, ce soir elle voulait prendre soin de lui. Elle était prête à lui proposer un massage, un thé, qu’importe tant qu’il pourrait s’oublier un peu. Elle attrape le joint entre ses lèvres et aspire une bouffée avant de lui souffler à moitié dans le visage pour le taquiner.