Et c’était parti pour un petit peu de soju. Peut-être que de l’alcool l’aiderait un peu à se détendre. Il avait l’air un peu stressé ce soir. Il n’était pas toujours le mec le plus détendu du monde, mais il n’était pas autant … je sais pas crispé quand on se voyait. Mais ça ne changeait pas ma joie d’être à ce rendez-vous avec lui. Même dans sa façon de parler, ce soir j’avais l’impression de voir une toute autre facette de Sawyer, et il faut avouer que je trouvais ça assez mignon. Lui qui semblait toujours avec un certain répondant face à moi.
Je lui avait souris content qu’on partage le même avis. Après tout il avait accepter que ce soit un date, alors heureusement s’il était aussi content que moi d’être ici. Une fois notre commande passée et le serveur reparti, j’avais reposer mes yeux sur Sawyer qui semblait bien nerveux. Peut-être que ce n’était pas une bonne idée de proposer ce date au final et que ça le mettais trop mal à l’aise.

« C’est rien »

Il n’avait pas à s’excuser. Après tout, c’est vrai qu’on avait jamais eu d’énorme discussion lui et moi. Quelques unes parfois, mais majoritairement ce n’était pas de ça qu’était constitué notre relation. J’avais décalé un peu ma chaise pour me rapprocher de lui, attraper l’une de ses mains pour la caresser un peu.

« ça te gêne pas j’espère »

Après tout nous étions en publique, il n’était peut-être pas assez à l’aise pour être ouvert à ce sujet devant des inconnus. Surtout qu’ici c’était encore assez mal vu. Je lui laissais le choix de retirer sa main. Moi je m’en fichais qu’on me sache gay.

« Reste toi même, on est pas obligé a’voir de grande discussion t’inquiète pas. Je veux juste profiter de prendre un bon repas avec toi »

Rien de plus. Puis je voulais surtout qu’il se détende un peu. Il n’y avait pas de raison à être stressé.

Je n’étais pas aussi mal à l’aise habituellement, même si je l’étais quand même. J’avais bien trop de choses à penser, à commencer par l’inquiétude que j’éprouvais à être de sortie avec Namsun, à devoir considérer cette sortie comme un rendez-vous, plutôt qu’une simple sortie hors du dortoir… C’est que cela impliquait tant de choses et que je n’étais pas encore certain d’être capable de mettre des mots sur ce que j’éprouvais à cet instant précis. C’était si compliqué… Un petit sourire m’était venu aux lèvres malgré tout, au bout d’un moment, alors que j’essayais de me détendre et de penser à autre chose.

« Non. » Un rire avait fui entre mes lèvres alors que je secouais la tête. « Non, ça me gêne pas. C’est juste… » Malgré moi, j’avais récupéré ma main pour la poser à côté de mes couverts, un sourire léger aux lèvres. « Je suis pas tout à fait à l’aise avec ça. Qu’on nous voie… »

La vérité, c’est que si je n’avais rien éprouvé à l’égard de Namsun, me retrouver ne public avec lui n’aurait pas changé grand-chose. Cela devait lui sembler bien naturel, à lui qui avait été élevé par deux mères, mais mois… Moi j’avais un peu peur du regard des autres. J’avais peur de ma propre sœur, à qui je n’en avais pas encore parlé. Il fallait que je me décide un de ces jours.

« Mais ça va faire un peu mort si personne ne parle, non ? »

Parce que je n’avais pas envie de lui parler des cas que j’avais à l’hôpital. Je n’avais pas envie de lui parler de mes cours, parce qu’il ne comprendrait sûrement rien… J’avais l’habitude de croiser des gens qui ne s’intéressaient pas à tout ça, et malgré moi j’avais peur que Namsun soit de ces gens… Et s’il ne s’intéressait à moi que pour ce que je pouvais lui donner physiquement ? Et s’il ne s’intéressait pas à moi tout court, en vérité ? Mon anxiété choisissait toujours le pire moment pour ressortir.

« C’est vraiment joli… » avais-je fini par lancer.

Encore une façon de meubler…

Je comprenais. Après tout il était difficile d’oser montré son homosexualité dans un pays comme le notre. C’était encore quelque chose de très mal vu. Moi, j’avais appris à ne plus faire attention aux regards des autres, parce que je n’avais pas envie de me cacher. Mais si ça mettait Sawyer mal à l’aise je n’allais pas insister. Je restais néanmoins plus proche de lui qu’au départ, pas vraiment envie de re bouger ma chaise.

«Je comprend  t’en fait pas»

Je ne voulais pas que mes actes lui mettent un stress supplémentaire. Il avait déjà l’air un peu tendu et mon but était qu’on passe une bonne soirée tout les deux.

« ça veut pas dire qu’on va pas parler »

C’est vrai qu’on ne passait pas spécialement de temps à discuter. Nos moments ensemble se résumaient bien plus à des activité physique. Mais j’avais envie de profiter de cet occasion pour en apprendre un peu plus sur lui. Mais il avait essayer de meubler avant moi. J’avais jeté un oeil autour de moi pour regarder le lieu ou on se trouvait.

« Oui c’est joli. Sawyer tu sais t’as pas besoin de trop réfléchir. Parle moi de ce que tu veux »

Je n’étais pas bien compliqué on pouvait me parler de tout et rien. Puis je voulais vraiment qu’il me parle un peu plus de lui, me rapprocher un peu plus de sa personne.

« T’as vraiment pas l’habitude de ce genre de sortie mmh ? Et si tu me racontais ce que t’as fait de ta journée? »

Après tout c’était un bon début, je voulais juste qu’il se sente à l’aise.

Je m’en voulais de ne peut-être pas être capable de donner à Namsun ce qu’il souhaitait. J’étais encore mal à l’aise à l’idée d’être en public, sous le regard des autres, même si certaines personnes n’éprouvaient aucune honte à cette idée. Je n’étais pas honteux, pas vraiment en tout cas… J’avais juste peur des réactions que certaines personnes pouvaient avoir et que je n’étais pas toujours à même de comprendre, ce qui rendait la chose un peu compliquée pour moi. Mais heureusement, Namsun avait l’air bien moins ennuyé que moi, ce qui était rassurant, dans un sens… Rassurant, mais également inquiétant dans bien d’autres.

Le pire, c’est que j’avais le sentiment de n’avoir aucune conversation. De quoi parler ? De la pluie et du beau temps ? Il ne s’intéressait certainement pas à ce qu’il se passait à l’université, à l’hôpital...

« Justement je… Je ne sais pas… »

Il se foutait sûrement aussi de ce qui avait pu être découvert en médecine au cours des derniers mois, alors quoi ? Je me sentais profondément stupide… Humainement stupide.

« Non, vraiment pas… »

Souvent, ça allait vite… Mais parfois, c’était un vrai calvaire. Un petit sourire aux lèvres, j’avais relevé les yeux vers Namsun avant de reprendre la parole.

« On a eu une opération compliquée aujourd’hui… Un accident de voiture… »

J’avais froncé les sourcils pour reposer les yeux sur Namsun, secouant un peu la tête.

« J’ai pas envie de parler de ça non plus… C’est un peu déprimant… Toi, tu as fait quoi ? »

En fait, c’était ça le plus étrange. Il pouvait ne rien me dire, j’aurais été heureux avec lui… Même s’il ne parlait pas, même si on ne parlait pas…

Je ne l’avais jamais vu comme ça, aussi peu dans son élément. En vrai je trouvais ça assez adorable, même s’il devait vraiment pas être à l’aise pour perdre ses moyens comme ça. J’espérais qu’il pourrait se détendre au fil de la soirée. Je faisais d’ailleurs de mon mieux pour que ce soit le cas.
Je ne savais pas trop comment plus la rassurer. En général j’étais plutôt tactile, mais j’avais bien compris qu’il n’était pas à l’aise pour ce genre de contact en publique.

« C’est pas grave, je suis content de passer la soirée avec toi, j’ai pas besoin de grand chose de plus »

Je voulais simplement qu’il reste naturel, étions si ne pas trop parler c’était son naturel eh bien j’allais totalement l’accepter. J’essayais de lui donner des pistes pour qu’on puisse discuter. Il avait d’ailleurs même commencer à parler de son travail, préférant rapidement changer de sujet. C’était compréhensible, c’était pas super joyeux. Personnellement ça ne me dérangeait pas qu’il en parle, s’il en avait envie.

« J’ai eu beaucoup de cours théorique aujourd’hui, surtout l’histoire de l’art. C’est super intéressant mais c’était vraiment long. Je préfère la pratique artistique, même si c’est important de connaître les techniques et l’histoire sur le sujet »

Mais rien ne valait la pratique à mes yeux, c’est mieux pour pratiquer l’art que j’avais choisi ce cursus. Mais j’aimais tout de même connaître tout ça, c’est juste qu’une journée avec que des théorie c’était long.

« D’ailleurs on nous à demandé de reproduire une oeuvre de notre choix, mais genre à notre façon. J’ai bien envie de refaire un tableau connu mais en bodypainting »

Un exercice que je n’avais pas totalement essayé. Ou alors prendre une oeuvre et la peindre dans le style d’un autre peintre, ce serait intéressant aussi. Je devrais faire ça, mais peindre sur le corps de quelqu’un. De toute façon on avait un peu de temps pour faire ce projet. D’ailleurs pendant que je parlais on nous avait amener notre repas ainsi que le soju que j’avais commandé.

« Ou je pourrais reproduire une oeuvre avec de la nourriture, mais celle-ci on va plutôt la manger, bon appêtit ! »

Ça sentais si bon, j’avais vraiment super faim.

Je n’aimais pas me dire que j’étais coincé dans une situation à laquelle je n’étais pas habitué. Un rendez-vous dans un restaurant, manger en compagnie de Namsun, sans avoir une intention derrière, c’était… C’était assez particulier, je devais l’avouer. Mais je n’étais pas non plus perdu en pleine mer, si ? J’avais ce sentiment, quand je l’écoutais parler, quand je regardais autour de nous… Je me sentais un peu ridicule à penser tout ça, mais je ne pouvais hélas pas contrôler mon esprit qui parfois s’emballait quand je lui laissais un peu trop de liberté.

« Je suis content aussi. »

C’était la vérité. Qu’importe combien j’étais anxieux ou stressé (j’ignorais où se trouvait la limite, en vérité), j’étais heureux d’être là, avec lui, de pouvoir manger avec lui et discuter… Oui, c’était compliqué. Faire la conversation était compliqué. Heureusement, Namsun avait l’air plus bavard que moi, ce qui m’arrangeait beaucoup. J’aimais bien l’entendre parler : sa voix avait quelque chose de rassurant à mes oreilles, d’apaisant, et s’il m’arrivait de lui demander de se taire, aujourd’hui j’étais plutôt content du contraire.

« Et tu as des idées précises ? »

Il avait l’air inspiré, en tout cas. Cela m’avait arraché un sourire alors que je reposais les yeux sur la nourriture qu’un serveur était en train de poser sur la table. Je lui adressai un bref merci avant de reposer les yeux sur mon assiette.

« J’aime bien t’écouter parler… »

C’était maladroit, oui. J’en avais conscience, et à vrai dire je m’en voulais un peu… Mais c’était la vérité, alors pourquoi aurais-je dû lui cacher ? J’aurais eu tellement de choses à lui dire, qu’il n’aurait peut-être pas comprises… Que je ne voulais pas comprendre moi-même, en vérité.

C’était tellement différent de tout les moments que nous avions déjà passer ensemble. J’aimais bien enfaite, c’était différent, mais dans le bon sens du terme. C’était un peu comme passer une nouvelle étape dans notre relation. Même si je n’étais pas très clair sur ce qu’il y avait entre nous.

« Je sais pas trop encore, j’ai plein de tableau que j’aimerais bien faire: Je les ferais peut-être tous au fil du temps qui sait. Mais il va bien falloir que je choisisse par lequel commencer et donc celui que j’utiliserais pour mon cours. Il faudra que je trouve un model aussi »

Mais l’arrivée de notre plat avait un peu interrompu la conversation. J’avais souhaité un bon appétit avant d’entamer la première bouchée, c’était vraiment bon.

« Je sais pas si tu voudrais être mon model ? Mais ça demanderais une surface plus grande que juste ton bras, donc je comprendrais si tu refuse »

Et je prenais une autre bouchée. C’était une proposition comme ça. A vrai dire j’adorerais pouvoir faire ce projet sur lui, avec lui mais je ne voulais aucunement le forcé. Parce que j’aurais besoin de peindre sur tout son dos ou son torse. Et même si on avait fait des choses bien plus intimes que de la peinture, il n’avait peut être pas envie de se trouver à moitié nu et couvert de couleur.

« Ah oui, pourtant j’ai pas l’impression de dire beaucoup de chose très intéressante, ma voix est si agréable à écouter ? »

J’avais ajouter un petit clin d’oeil en continuant de manger. C’était peut-être pas grand chose vu de l’extérieur, mais avec le temps que j’avais pu passer avec Sawyer, il ne le disait pas dans le vent. Il disait pas souvent ce qu’il pouvait penser ou ressentir, mais quand il le faisait il était plutôt sincère. Alors même si ça n’avait pas énormément de sens, ça me faisait plaisir qu’il dise ça.

Je n’aurais jamais pensé, avant aujourd’hui, me retrouver à partager un repas à l’extérieur avec Namsun. Pas, en tout cas, sous le couvert d’un mot comme rendez-vous. Car c’était un peu ça, non ? Un rendez-vous galant… J’avais beaucoup de difficulté à établir des relations avec les autres, encore plus lorsqu’il était question de sentiments que j’éprouvais à l’égard d’une autre personne, en l’occurrence un autre homme. Nous n’étions pas toujours proches, et nous étions souvent en désaccord, sur de nombreux sujets… Et pourtant je ne pouvais mentir et prétendre encore que je ne ressentais rien à l’égard de Namsun, et que l’idée de l’éloigner définitivement de moi ne me donnait pas la même sensation qu’un poignard en plein cœur (même si, pour référence, je ne m’étais jamais poignardé le cœur, je ne pouvais que l’imaginer).

« Un modèle ? C’est-à-dire ? »

J’essayais, oui. Encore et toujours, j’essayais de comprendre où il voulait en venir, ce qu’il signifiait… J’essayais de comprendre ce qui était important à ses yeux, où il voulait mettre l’importance dans ses explications… Parfois, je ne savais pas quelle information il essayait de mettre en avant, et je frappais juste à côté au moment de répondre. C’était un peu bête, mais je ne savais pas toujours faire la différence, et lire les autres avait toujours été un exercice très compliqué à mes yeux, même quand je faisais de gros efforts pour ne pas galérer de trop.

« Ah… Pourquoi pas ? Enfin, quand tu dis une plus grande surface… »

Avait-il besoin que je sois nu ? Je comprenais peut-être les choses de travers, mais je n’avais pas le courage de formuler ma question à voix haute. Pas en public, alors que des dizaines de paires d’oreilles pouvaient nous saisir et nous épier… Non, je n’avais pas envie que tout ça s’ébruite aussi facilement. Dans tous les cas, j’étais extrêmement curieux de découvrir ce qu’allait pouvoir faire Namsun, avec cette surface. Il était talentueux, et j’avais pu le constater à plusieurs reprises déjà, mais je ne pouvais pas non plus trop insister pour voir ses créations, pas vrai ? En plus, malgré moi, l’idée qu’il puisse demander à quelqu’un d’autre de poser pour lui, lui servir de modèle… Cela me dérangeait beaucoup plus que je ne voulais l’avouer. Comme si une part de moi s’était approprié sa personne, d’une manière ou d’une autre, et refusait de lâcher prise, qu’importe ce qui pouvait arriver à l’avenir.

« Ce n’est même pas ça… J’ai jamais été très bavard, mais j’aime bien passer du temps avec toi. »

Et je n’avais pas de réelle explication quant à cette envie de l’écouter parler, même pour ne rien dire d’intéressant. Il aurait pu parler de la pluie et du beau temps que j’aurais pu l’écouter… Dire qu’à une période, ces discours me hérissaient le poil et me donnaient envie de l’envoyer valser dans un mur. C’était presque risible, quand j’y pensais.

« En fait… »

Mais avais-je vraiment envie de me lancer dans de telles paroles alors que nous étions là ? Sûrement pas. Pourtant, je n’avais pas vraiment réfléchi plus longtemps avant de rouvrir la bouche.

« En fait, je crois que je t’aime bien… »

Des mots qui n’étaient certes pas sortis aussi fort que j’aurais pu le faire en d’autres circonstances, mais que je n’avais pas pu m’empêcher de prononcer, conscient malgré tout de notre entourage qui aurait pu mal le prendre… Mais qui étaient ces gens, que pouvaient-ils savoir ? Ils n’écoutaient sûrement pas ce que nous disions, au bout du compte… Et j’avais simplement besoin de m’exprimer, pour une fois.

J’avais hoché la tête à sa question.

« Oui, une toile humaine si tu préfères »

J’avais même demander si ça le tenterai. Mais ce n’était pas pareil que de coucher ensemble et la dernière fois il m’avait laisser peindre uniquement son bras. Je ne savais pas trop s’il accepterait de me laisser plus. J’avais un peu d’espoir, parce qu’il ne semblait pas avoir trouvé si désagréable cette petite séance de peinture.

« Ton dos ou ton torse ça me conviendrait »

C’était les surface les plus grandes sur un corps. J’aurais la place de faire un tableau. C’était plus simple qu’un bras ou une jambe. Tout le corps serait fun aussi, mais je ne voulais pas trop lui en demander. Il fallait y aller par étape, même si j’avais déjà fait plus que le voir entièrement nu.

« Moi aussi j’aime passer du temps avec toi »

C’était totalement vrai. Même si au départ notre relation n’était que sexuelle, au fil du temps j’avais appris à apprécier sa présence. Au point que cette même présence puisse me manque parfois. Mais ce n’est pas un sujet que nous abordions ensemble, du moins pas jusqu’à maintenant. Mais ce soir c’était censé être différent. Après tout nous avions tout les deux accepter d’appeler cette sortie un date, ça voulait dire beaucoup de chose. Je n’avais pas repris la paroles ensuite, lui laissant un peu de temps, le temps de dire ce qui semblait lui trotter dans la tête. Ses mots avaient eu un effet sur moi, un bon dans ma poitrine alors que j’affichais un énorme sourire. Sawyer n’avait jamais été quelqu’un qui exprimait ses émotions plus que ça, chose que je respectais totalement. D’ailleurs j’essayais moi-même de ne pas être trop envahissant envers lui, du moins émotionnellement parlant. Alors l’entendre dire ça, je me disais que ça avait du lui demander beaucoup d’effort.

« Je ressens la même chose, je suis content qu’on se fasse cette sortie tout les deux »

Un petit silence, est-ce que je devais continuer à en parler, ou peut-être qu’il préférait qu’on tourne le sujet, du moins en public, autour d’autre chose.

« Je crois qu’on avait besoin, d’un contexte qui nous permet de savoir, où on vas tout les deux. »

Je ne savais même pas si ce que je racontais avait du sens. Peut-être que je m’avançais trop sur sa simple phrase.

« Mais si tu préfère qu’on en parle quand on sera en privé, on peut parler d’autre chose »

Je continuais de manger mon plat, avant de tendre un morceau dans sa direction.

« Tu veux goûter? »

Je n’avais aucune gêne avec ce geste, mais peut-être que lui, ça allait le gêner.

« Ah. Oui, pourquoi pas. Si ça te fait envie. »

Dans le fond, je me moquais bien de servir de toile, tant qu'il s'organisait pour ne pas empiéter sur mon temps de travail. J'avais hoché la tête en un petit sourire.

« Comme tu veux. »

Puis, les choses étaient soudainement devenues plus gênantes. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée. Mes lèvres s'étaient pincées alors que je les humectais et j'avais reposé les yeux sur Namsun sans savoir quoi ajouter. Un sourire, sans doute ? Je lui en avais adressé un avant de reposer les yeux sur l'endroit qui nous entourait, cherchant un peu d'aide, un signe, un mode d'emploi, peut-être ? Il n'y avait pas de mode d'emploi, hélas. Je m'étais éclairci la gorge en l'entendant reprendre.

« Pardon. »

La nervosité me rendait ridicule.

« Ça changerait quoi ? »

En privé ou là, ça ne changeait rien à mes yeux.

« Je veux dire, c'est la même chose... »

J'avais secoué la tête, continuant à manger ma nourriture.

« Non merci. »

Ce n'était pas contre lui, mais je ne comprenais pas trop pourquoi... Je pouvais parfaitement me servir si j'en avais envie et qu'on avait établi qu'on partageait, non ?